Nov 082011
 

As you like it - William Shakespeare - Cendre Chassanne - Cie Barbès 35Il y a beaucoup de Shakespeare dans ce Shakespeare-là, qui est une comédie. 

Il y a l’exil et donc le déracinement.
Il y a la rencontre entre deux mondes, celui raffiné et artificiel de la cour, et celui plus brut du peuple.
Il y a la forêt et ses mystères, cette ombre à la fois inquiétante et propice à la luxure, quand s’effacent les obstacles de la morale et tombent les barrières sociales.
Il y a l’érotisme, fil tendu entre les personnages.
Il y a la question existentielle. Et l’amour qui est un début de réponse. A moins que ce ne soit le sexe, tout bêtement.

Et puis il y a la multiplication des intrigues, le foisonnement des péripéties, la luxuriance de la langue et les excès du dénouement, cette apothéose toute shakespearienne. Car à la fin, l’usurpateur sera déchu, le bon Duc sera rétabli dans ses droits, le méchant frère se sera amendé, la réconciliation sera générale et chacun épousera sa chacune – quatre mariages d’un coup, quand même !

Et la Cie Barbès s’enfonce dans tout ça comme dans du beurre, avec une délectation et une fraîcheur qui fait plaisir à voir. C’est mis en scène avec tenue et jouer sans retenue. Ça part dans tous les sens, mais l’essentiel est là : les comédiens s’amusent, et l’on s’amuse avec eux.

Un petit regret cependant. Le texte, charcuté parfois à tort et à travers, ne permet plus de suivre les intrigues multiples qui en ont perdu de leur substance et que l’on est souvent réduit à deviner. S’il fallait couper, il aurait été préférable d’y aller plus franchement plutôt que de tenter de tout garder en se contentant de ciseler ici et là. A trop chercher à faire de la dentelle ne finit que par rester des trous. Dit autrement, il aurait été préférable de perdre en longueur plutôt qu’en épaisseur – épaisseur des intrigues, épaisseur des personnages aussi.

Le spectacle n’en demeure pas moins plus que divertissant. Délicieusement enlevé.