Juil 312009
 

Festival d’Avignon 2009 – compte rendu : Acte 2

Casimir et Caroline, Ödön von Horvath

Casimir et Caroline, Ödön von Horvath, Johan Simons  & Paul Koek« Dans toutes mes pièces, je n’ai rien embelli, rien enlaidi. J’ai tenté d’affronter sans égards la bêtise et le mensonge ; cette brutalité représente peut-être l’aspect le plus noble de la tâche d’un homme de lettres qui se plaît à croire parfois qu’il écrit pour que les gens se reconnaissent eux-mêmes. » – Ödön von Horvath

Casimir et Caroline s’aiment. Casimir vient de perdre son emploi de chauffeur. Caroline aspire à s’élever dans l’échelle sociale. Elle aspire aussi à s’amuser. Ça tombe bien, c’est la fête de la bière. Ça tombe mal, Casimir n’a pas le coeur à s’amuser. Il vient de perdre son emploi et se doute que Caroline risque de l’en aimer moins. Caroline et Casimir, sur fond de crise sociale et de fête foraine, s’éloignent l’un de l’autre, comme inéluctablement, font tragiquement naufrage. Cela se passe à Munich dans les années 30, après la crise de 29, avant l’avènement du nazisme. Ça se passe aujourd’hui et partout.

Johan Simons, le metteur en scène, et Paul Koek, le musicien, sont l’un et l’autre des adeptes du théâtre musical. Et la musique, omniprésente d’un bout à l’autre du spectacle, envoûtante et déchirante, est là en effet partout, une pulsation rock et lancinante comme un fil tendu au long duquel se précipite le drame.

Seule horizontalité dans un spectacle par ailleurs tout en verticalité, où le décor de fête foraine est figuré par l’empilement des tubulures et plateformes d’un immense échafaudage de quatre étages, gigantisme où l’errance désespérée des personnages n’en apparaît que plus dérisoire, dédale où semble déjà s’inscrire leurs successives défaites.

Tout était réuni pour un grand spectacle. Ne manquait que les comédiens. Ils sont sublimes. Wim Opbrouck en particulier plante un formidable Casimir, aussi touchant que pathétique. La grâce terrible et redoutable du clown triste.

Alors tant pis si le public en Avignon fut ce soir-là – une bien douce nuit d’été dans le Palais des Papes – à peu près aussi snob que celui de la Comédie Française parvient à être béat, il ne s’agit là-bas comme ici que de la part bêlante d’un public qui pour son reste consentit de bon coeur à se laisser ravir.

En épigraphe, Ödön von Horvath inscrivit : « Et l’amour jamais ne s’arrête ». Il n’y a plus rien à ajouter.

Source : Casimir et Caroline, Ödön von Horvath