Oct 242011
 

Sur le concept du visage de Dieu - Romeo CastellucciÇa me revient régulièrement, cette envie de bouffer du curé

Actuellement, au Théâtre de la Ville, à Paris, se donne le dernier spectacle du metteur en scène Roméo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu, qui se déroule devant une reproduction géante du Christ d’Antonello de Messine, sur lequel des jeunes gamins viendront jeter des grenades et un viel homme sénile ses propres excréments, le drame de la condition humaine et de sa dégénérescence étant ainsi jeté à la face de Dieu autant qu’à celle des spectateurs.

Depuis la première, mardi dernier, chaque séance a été perturbée par les protestations outrées de quelques poignées de fous de Dieu cherchant à empêcher les représentation, militants débiles de l’Action Française et autres nervis d’extrême-droite, intégristes catholiques qui n’ont rien à envier à leurs homologues musulmans ou juifs, censeurs de tout poil.

Je ne veux pas perdre mon temps à épiloguer sur le ridicule de ce fanatisme religieux et me contente donc de relayer le communiquer publié par Emmanuel Demarcy-Mota, directeur du Théâtre de la Ville.

COMMUNIQUE DE PRESSE
À propos des perturbations au Théâtre de la Ville-Paris

Les premières représentations du spectacle de Romeo Castellucci « Sur le concept du visage du fils de Dieu » au Théâtre de la Ville, ont été gravement perturbées par des groupes organisés au nom de la religion chrétienne. Leur demande d’interdiction du spectacle par voie de justice ayant été déboutée par une décision du Tribunal de Grande Instance en date du 18 octobre 2011.

Nous considérons qu’il ne s’agit pas de la simple perturbation d’un spectacle, mais d’actes violents visant à interdire l’accès du public au Théâtre de la Ville en s’en prenant aux personnes et aux biens :

Jeudi 20 octobre
– tentative violente d’intrusion par des militants organisés, avec usage de gaz lacrymogènes.
– Enchaînement des portes de la salle dans le but d’en empêcher l’accès.
– Utilisation de boules puantes
– Distribution de tracts dénonçant le prétendu caractère « christianophobe » du spectacle, reposant sur des allégations entièrement mensongères. 
– Envahissement de la scène du théâtre par 9 activistes interrompant la représentation.

Devant les nombreuses menaces collectives ou personnelles que nous avons reçues depuis plusieurs semaines, faisant suite à l’odieuse campagne menée par Civitas, j’ai demandé à la Mairie de Paris de prendre des mesures susceptibles de garantir la sécurité du public, du personnel et des artistes tout en nous permettant d’assurer le maintien des représentations.

La présence des forces de police a permis de neutraliser les militants les plus violents. Lors de l’envahissement de la scène, devant l’impossibilité d’obtenir un départ dans le calme et sans violence et afin de prévenir un affrontement entre les manifestants et le public, j’ai demandé l’intervention de forces de l’ordre. Après l’évacuation des perturbateurs, la représentation a pu reprendre et se poursuivre jusqu’à son terme.

Vendredi 21 octobre
– Jet d’huile de vidange et d’œufs sur le public lors de l’entrée pour la représentation
– Distribution de tracts

Dans l’attente de l’intervention de la police pour déloger les agresseurs qui étaient juchés sur une corniche située au-dessus des portes d’entrée et interdisant l’accès au hall du théâtre, nous avons aménagé l’entrée du public par une issue de secours. Mais cela a pris énormément de temps et entraîné un retard de plus d’une heure de la représentation qui s’est finalement déroulée sans troubles.

Samedi 22 octobre
Démarrage de la représentation avec 30′ de retard. 
Nouvel envahissement de la scène du théâtre par un groupuscule interrompant la représentation.
Evacuation dans le calme. Reprise du spectacle.

Avant d’arriver en France, le spectacle a été présenté en Allemagne, en Belgique, en Norvège, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Russie, aux Pays-Bas, en Grèce, en Suisse, en Italie et en Pologne. Il n’a pas suscité la moindre réaction analogue à celles que nous déplorons aujourd’hui.

Ces agissements à caractère fascisant sont absolument inadmissibles.

Mes collaborateurs et moi-même, en plein accord avec Romeo Castellucci et son équipe, ainsi que l’ensemble du personnel du théâtre, ne céderons sous aucun prétexte à ces menaces et à cette intimidation. Nous entendons défendre la liberté d’expression, les droits du théâtre, et la mission qui est la nôtre face à cette terreur. Nous entendons exercer pleinement nos droits et réclamer aux fauteurs de trouble réparation des dommages et préjudices importants qu’ils nous occasionnent.

Je tiens également à saluer l’attitude du public lors des deux premières représentations. Face à l’agression verbale, puis physique dont ils étaient l’objet, ils ont réagi avec calme et ont observé avec patience les mesures de contrôle que nous avons été contraints de mettre en place.

Les représentations du spectacle se poursuivront jusqu’au 30 octobre au Théâtre de la Ville. Je souhaite que le public continue à venir découvrir le travail d’un grand artiste que nous sommes fiers de soutenir et d’accompagner.

Emmanuel Demarcy-Mota
Directeur du Théâtre de la Ville

 Notons que le spectacle de Roméo Castellucci sera également en représentation au Centquatre du 2 au 6 novembre, un quartier parisien où tous ces fils et filles de bonnes familles, culs bénis mais têtes creuses, seront sans doute moins à leur aise…