Mai 182011
 

Nicolas Sarkozy, qui fait semblant de réclamer respect, mesure et dignité dans l’affaire DSK, a pris soin de faire savoir en pseudo-off qu’il estimait que le Parti Socialiste avait perdu la bataille de la morale en vue de 2012. Une petite revue du champ de bataille s’impose.

A peine élu, après avoir promis une « Présidence modeste » et avoir aussitôt passé sa première nuit de président élu dans un palace des Champs-Elysées, le Fouquet’s (la suite coûte entre 1.500 et 2.600 euros la nuit), le tout nouveau Président de la République s’est envolé à bord d’un jet privé (propriété de l’homme d’affaires Vincent Bolloré ) pour finir à bord du Paloma, un luxueux yacht de 60 mètres (200 000 euros la semaine et appartenant au même Vincent Bolloré ) naviguant dans les eaux cristallines de la Méditerranée, entre l’île de Malte et la Sicile.

Dans la foulée, le Président du pouvoir d’achat se faisait attribuer une augmentation de 206% (fois trois !) de son salaire et devenait par la même occasion un des trois chefs d’état les mieux payés du monde occidental. La mesure ne pouvant prendre effet qu’au 1er janvier 2008, Nicolas Sarkozy fit en sorte que son ancien salaire de Ministre de l’intérieur continue de lui être versé durant les huit premiers mois de sa présidence, où il cumula donc deux salaires – dont l’un pour un job qu’il ne faisait plus.

A l’été 2007, au cours d’un discours à Dakar, Nicolas Sarkozy déclara : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ». Passons…

En décembre 2007, il fut le premier à féliciter Vladimir Poutine pour la victoire de son parti, Russie Unie, lors d’élections législatives placées sous le double signe de la répression et et d’une fraude massive – ainsi que même le très prudent département d’Etat américain l’avait alors souligné. Nicolas Sarkozy avait alors justifié que son silence sur la question des droits de l’homme et de la démocratie était nécessaire pour monnayer l’aide potentielle de M. Poutine dans les crises internationales comme celles du Darfour et de l’Iran.

Et en ce même mois de décembre, le petit Président Français accueillait le colonel Kadhafi pour une visite officielle de cinq jours à Paris, et ce déclarait même « très heureux de le recevoir ». Des Airbus, un réacteur nucléaire et d’autres menus équipements militaires furent à cette occasion vendu au dictateur sanguinaire, dont on sait depuis l’usage qu’il sut en faire.

En février de l’année suivante, Nicolas Sarkozy avait prôné un renforcement de l’instruction « civique et morale à l’école ». « Dans le monde d’aujourd’hui comme dans celui d’hier, l’affirmation des valeurs morales, l’énonciation de règles de comportements applicables à tous sont une absolue nécessité », avait-il déclaré. « Cette instruction civique et morale prévoit notamment l’apprentissage des règles de politesse », avait-il pris soin d’ajouter avant de passer aux travaux pratiques dès le lendemain, au salon de l’agriculture : « Casse-toi, casse-toi pauvre con ! »

En octobre 2009, Nicolas Sarkozy fit tout son possible pour offrir à son fils Jean, qui à vingt-trois ans éprouvait toutes les peines du monde à boucler sa licence en droit, qui déjà cumulait le poste de chef du groupe UMP des Hauts-de-Seine avec celui d’élu au Conseil général du même département, la présidence de l’EPAD (Etablissement Public d’Aménagement de la Défense), soit en charge de la gestion du plus gros quartier d’affaires européen et responsable d’un chiffre d’affaire s’élevant au milliard d’euros.

En février 2010, nous apprenions la fabrication d’Air Beauf One, le nouvel avion présidentiel budgété à 185 millions d’euros, les seuls aménagements intérieurs étant évalués à 28,5 millions d’euros – l’avion serait doté entre autres d’un four à pizza et d’une baignoire… Un dispositif rarissime et très coûteux, habituellement réservé à quelques émirs.

Et puis il y eut la ministre Alliot-Marie qui proposa au dictateur Ben Ali les compétences sécuritaires de la France à son retour de vacances dans une Tunisie occupée à faire la révolution, empruntant à l’occasion un Jet privé qui passait par là, appartenant à un milliardaire opprimé…

Et puis il y a toujours le Karachigate, une justice empêchée et le mépris de Nicolas Sarkozy envers les familles des victimes.

Et puis il y eut Christian Blanc qui consomma 12.000 euros de cigares aux frais de l’Etat pendant qu’il était ministre.
Et puis cet autre ministre, Alain Joyandet, et son jet à 116.000 euros payé par les contribuables.
Et puis Brice Hortefeux condamné pour injure raciale, et maintenu à son poste par Nicolas Sarkozy.
Et puis Eric Woerth empêtré dans des conflits d’intérêts dans l’affaire Bettencourt. Souvenons nous : « Nicolas Sarkozy recevait aussi son enveloppe »…

Et puis le débat sur l’Identité Nationale était-il moral ?
Et puis la stigmatisation des populations Roms était-elle morale ?

Et puis…

Et puis, plus généralement, inconséquence politique, échec économique, casse sociale, rupture du pacte républicain, atteinte à l’égalité des chances, politique de la peur, stratégie de la division, lois liberticides, pratiques autocratiques du pouvoir, favoritisme, copinage, népotisme, manipulations médiatiques, ingérences judiciaires, collusion avec le monde des affaires et les forces de l’argent… ne sont pas les meilleurs indicateurs d’une victoire morale de Sarkozy et du sarkozysme.

Nicolas Sarkozy ? Un petit bonhomme façonné par ses complexes, assoiffé de pouvoir comme on est assoiffé de revanche, disposé à commettre toutes les félonies et à proférer tous les mensonges, à porter les plus mauvais coups et dans toutes les directions, pour se hisser au sommet et s’y maintenir, et qui se fout aussi bien du sort des Français – auxquels il ment sans vergogne – que de celui de la France – qu’il maltraite avec application -, soucieux uniquement de sa propre importance, de ses propres intérêts comme ceux de ses amis les puissants dont il voudrait croire et faire croire qu’il ne serait pas seulement le triste pantin. Un petit bonhomme dépourvu de toute morale !

La Morale ? Science du bien et du mal. Ensemble des règles concernant les actions permises et défendues dans une société, considérées comme valables de façon absolue, qu’elles soient ou non confirmées par le droit…

La bataille de la morale, je ne sais pas s’il y a un gagnant ou un perdant, mais je sais qui n’est pas même qualifié pour la compétition. Je crois même pouvoir penser que les Français ne s’y tromperont plus :

graphique évolution popularité Sarkozy