Sep 162011
 

primaires socialiste : le débat, acte 1Je vous le dis de suite, je’ignore toujours pour qui je m’en irai voter le 9 octobre, mais peut-être qu’à la lecture de ce petit compte-rendu un peu désordonné vous saurez pour qui je ne voterai pas :

– de toute évidence, Montebourg et Hollande sont les meilleurs orateurs, et ça c’est très important pour faire un bon candidat, un candidat en mesure d’affronter Nicolas Sarkozy qu’il s’agit de ne surtout pas sous-estimer ;

– Montebourg a toujours ce petit côté précieux qui selon moi ne passe pas, mais son discours a pris du coffre et « ses » idées apportent en effet un souffle tout à fait vivifiant, où l’ambition à gauche s’ajoute au volontarisme politique. Mais l’homme manque encore sans doute un peu de bouteille ;

– Aubry également a eu, par moments, des accents volontaristes tout à fait convaincants. Il rest qu’elle manque encore trop souvent de clarté dans nombre de ses réponses ou interventions. Ça part régulièrement un peu dans tous les sens, trop de digressions, probablement parce qu’elle veut trop en dire d’un coup. Un excès d’application qui vient pallier un manque de confiance ;

– Hollande apparaît comme avoir la meilleure maîtrise des dossiers, celui qui est le mieux préparé à la fonction présidentielle comme à la campagne. Il a une stratégie politique et les moyens de la mettre en oeuvre, mais le danger pour lui est de s’enfermer dans la position du pragmatique raisonnablement réformiste : l’ambition et le rêve sont nécessaires à la gauche, et même impératifs. Je ne doute pas que sorti du « piège » de la primaire, il parvienne aussi à se lâcher sur ce terrain-là ;

– Royal, par comparaison avec les trois précédents – et même avec les deux autres -, est apparue usée. Elle a beau répéter qu’elle a changé, qu’elle a mûri, elle ressert exactement le même discours qu’en 2007, même slogans, même références systématiques à sa région, même forme bégayante d’un discours que les Français ont déjà entendu – et dont ils n’avaient alors déjà pas voulu… Du coup elle est apparu datée, débordée de toute part, ici par Valls, là par Montebourg, ici par Hollande, là par Aubry . Elle n’a plus d’espace politique et ce fut particulièrement criant à propos des banques « qui doivent obéir plutôt que commander« … Oui, certes, mais la charge de Montebourg était sur ce même sujet autrement plus convaincante et radicale. Et puis en être cinq ans après toujours à devoir lire un maigre discours de 1 minute, elle ne pouvait plus mal débuter l’exercice. D’entrée, on comprit que pour elle la messe était dite ;

– Aubry a quant à elle réussi un très joli coup en cherchant à plusieurs reprises la confrontation directe avec Hollande. Non seulement elle a pu ainsi, éventuellement, gagner quelques points sur cet adversaire direct, mais du même coup le débat a tourné au duel, reléguant ostensiblement sur la touche une Royal définitivement distancée, réduite à jouer les seconds rôles ;

– Hollande a sans contestation été le meilleur dans la minute de présentation comme durant l’entretien avec les journalistes, mais nettement moins bon qu’à son ordinaire lors du débat avec les autres candidats, sans doute parce qu’il était celui qui pouvait y perdre le plus. Au final, toutefois, il s’en est plutôt  bien sorti, faisant Président pendant que les autres ne parvenaient encore qu’à faire candidats…

Trois petits vainqueurs donc, sur des créneaux différents : Montebourg, Aubry et Hollande ;

Une grande perdante : Royal ;

Et surtout, un exercice de démocratie très réussi pour la gauche, quand depuis des mois la droite et le microcosme médiatique nous promettaient une primaire qui forcément allait tourner au pugilat. C’est de bon augure, notamment dans l’optique d’un succès de participation au scrutin.

D’ailleurs près de cinq millions de téléspectateurs y ont assisté, avec une courbe d’audience stable d’un bout à l’autre d’une émission qui dura près de trois heures. Malgré ce que peuvent en dire les lieutenants de la sarkozie, on dirait bien que les Français sont tout de même un peu intéressés par l’idée de choisir le candidat qui mettra un coup de pied au cul à Sarkozy.

Ce qui ne suffira pas, car il faudra également être en mesure de sortir la France et les Français du trou au fond duquel le tout petit président nous a tous enlisés. Une fois aux commandes, il faudra à la gauche donner « un coup d’épaule à l’Histoire », pour reprendre la meilleure formule, très mitterrandienne, prononcée au cours de cette soirée.

Prononcée par qui ?
Voyons si vous avez été attentifs