Mar 242011
 

les gros cons du Front NationalAinsi, il ne faudrait pas dire que les électeurs du Front National sont des gros cons.

Ce serait politiquement contre-productif.
Ce serait ne pas comprendre la souffrance sociale qui les habitent.
Ce serait faire preuve de mépris.

Pourtant, le minimum qu’on puisse dire du Front National, c’est que c’est un parti xénophobe, dont le racisme est le principal fond de commerce. Et que ses électeurs le savent.

Oui, ils le savent, ces gros cons, pour qui et pour quoi ils votent. Et ce n’est pas contre le pseudo système UMPS, mais bien contre les étrangers qui sont chez nous en France,  nous enlèvent le pain de la bouche, et viennent jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes.

On n’est plus chez nous, en France. Il a raison Guéant, c’est ce qu’ils pensent ces gros cons qui fantasment sur les racines chrétiennes de la France, comme si la France était née avec le Christ, n’avait pas une Histoire avant cela et ne pouvait en avoir une après. Comme si la France devait se figer éternellement dans la chrétienté quitte à en crever.

L’étranger ? Mais c’est aussi pour eux, ces gros cons, c’est aussi ce Français avec sa gueule d’arabe ou cette Française en boubou. Parce que ce n’est pas ainsi qu’on s’habille chez nous, pas ce faciès qui nous ressemble. Et c’est aussi le musulman, parce qu’en France on fait ses bondieuseries dans les églises et pas ailleurs, n’est-ce pas ? On ne montre pas son cul pour se tourner vers la Mecque. Ou sinon c’est qu’on n’est pas vraiment Français. Une usurpation, voilà tout.

Chez nous ? Mais, Messieurs les gros cons, la France n’appartient à personne. La France, ce n’est pas un morceau de Terre que l’on possède et dont certains seulement seraient les propriétaires. La France, voyez-vous, n’est rien d’autre que ce que ses habitants en font. C’est une Nation, c’est une idée. On n’est pas propriétaire d’une idée, encore moins d’un concept. Il faudrait être un gros con pour se l’imaginer.

Du mépris ? Non. Un violent désaccord, un combat contre une idéologie puante et dangereuse et contre ceux qui s’en font les petits soldats, contre ceux qui s’en font un recours, contre tous ceux qui votent avec la haine au cœur et le ressentiment.

Le mépris, mais ce serait au contraire d’imaginer qu’ils ne sauraient pas ce qu’ils font, pour qui et pour quoi ils votent, croire que le bulletin Front National qu’ils glissent dans l’urne ne seraient que l’expression d’une souffrance sociale et pas du tout d’une haine de l’Autre, de l’étranger, du « pas comme nous » qui serait à l’origine de tous leurs maux et sur lequel il serait légitime de vouloir se défouler.

Je ne les méprise pas. Au contraire, j’affirme que c’est en toute intelligence qu’ils choisissent le Front National et que c’est précisément cela qui fait que ce sont des gros cons.

Et je n’oublie pas non plus que parmi les millions de  Français qui connaissent la souffrance sociale, 80% – au bas-mot –  ne votent pas Front National.
Comme quoi, ce n’est pas inéluctable. Et les gros cons, même parmi les laisser-pour-compte du libéralisme, sont en réalité très largement minoritaires.

Comme je n’oublie pas d’avantage que parmi les gros cons d’électeurs du Front National, un grand nombre n’ont pas même la très mauvaise excuse de la souffrance sociale. Il ne s’agit pas que d’ouvriers ou d’employés des classes moyennes, de nombreux cadres aussi et un paquet de petits patrons et de commerçants qui ne tirent pas tous le diable par la queue, bien au contraire. Et beaucoup de petits et grands bourgeois aussi, parmi tous ces gros cons.

Alors bien entendu, dire que ce sont des gros cons n’apporte aucune solution. Et bien sûr qu’il est nécessaire d’entendre la souffrance sociale – et pas seulement celle des gros cons – et de lui apporter enfin des réponses politiques crédibles et efficaces. Et c’est en particulier le rôle de la Gauche que de faire taire les fantasmes xénophobes et sécuritaires en proposant un projet porteur d’espoir où la redistribution, la justice sociale et les solidarités seraient un peu plus que des mots.

Et bien sûr aussi qu’il est nécessaire de décortiquer le projet politique du Front National pour mettre en évidence sa vacuité, ses incohérences et ses aberrations, mettre en évidence que ce n’est rien d’autres qu’un attrape-couillons.

Mais cela n’interdit pas de dire qu’il faut être un gros con pour voter Front National. Car c’est une réalité et car à se l’interdire on contribue à la banalisation de l’intolérable, on contribue à l’idée que ce vote de haine serait acceptable. Et alors on en devient responsable.

Or voter Front National est inacceptable en ce que c’est contraire à l’idée que nous, républicains, nous faisons de la France. Alors il faut le dire et le répéter : le vote Front National est un vote anti-France. C’est en cela, précisément, que c’est un vote de gros con.

 

Alors que je termine ce billet, je constate que Vogelsong  sur Piratage(s) en dit autant et probablement mieux : je vous recommande d’aller le lire.
Et puisque j’en suis aux recommandations, Le Coucou  parle d’amour et, en sus de l’émotion, c’est tout simplement beau.