Juil 032014
 

sarkolimeroLes gens de droite sont-ils des cons ? Si la question se pose, c’est que les choses sont en réalité plutôt simples à comprendre et qu’ils ne comprennent visiblement pas. Expliquons-leur.

Le retour de Nicolas Sarkozy et sa candidature à l’élection présidentielle de 2017 serait la meilleure des nouvelles pour la gauche en général, et pour François Hollande en particulier. Certes, pas pour l’état du débat politique en France. Pour cette république qu’on voudrait irréprochable, le retour sur le devant de la scène politique d’un ancien président de la république, à ce point lesté d’affaires judiciaires qu’un Berlusconi en rougirait de honte, serait une très triste nouvelle. Mais politiquement, du point de vue de François Hollande, Nicolas Sarkozy serait sa meilleure chance de réélection tant le rejet de l’homme demeure fort dans la population, tant un Juppé, et même un Fillon, rassemblerait davantage.

Il est assez simple de comprendre que l’intérêt politique de François Hollande serait en conséquence, non d’instrumentaliser politiquement la justice pour accabler Nicolas Sarkozy d’ennuis judiciaires, mais bien au contraire d’étouffer autant que faire se peut toutes ces affaires, ne freiner en rien le retour de Nicolas Sarkozy dans l’arène politique par le bruit assourdissant des casseroles dans son sillage.

Un plan réellement machiavélique serait dans un premier temps de le laisser tranquillement revenir et s’installer en tant que leader incontestable de la droite, puis – et seulement alors, dans la dernière ligne droite, disons dix-huit mois avant les élections, ou peut-être douze, une fois qu’il serait officiellement candidat – de faire sortir l’une après l’autre toutes les affaires, de taper bien fort sur une casserole puis sur l’autre, de Karachi à Bettencourt, de Kadhafi à Bygmalion, de Tapie aux sondages de l’Elysée, du trafic d’influence à la corruption…

Aujourd’hui, c’est évidemment beaucoup trop tôt. Un tel calendrier est bien trop favorable à Juppé pour être favorable à Hollande. Au minimum, si le pouvoir politique avait effectivement la main sur le judiciaire, et avait l’intention de s’en servir pour tuer politiquement Nicolas Sarkozy, on aurait évité une garde à vue et une mise en examen en plein été, qui plus est au beau milieu d’une coupe du monde de football et à l’avant-veille d’un quart de final de l’équipe de France, on aurait attendu la rentrée, Sarkozy aurait déclaré son intention de prendre la tête de l’UMP et là, au meilleur moment, crochet du gauche et garde à vue, direct du droit et mise en examen, à la petite cuillère on l’aurait ramassé le Sarkozy, éparpillé façon puzzle, cadavre politique.

Mais voilà, il suffit d’avoir deux neurones et de prendre le temps de les connecter pour comprendre que si Nicolas Sarkozy était empêché d’être candidat à la prochaine présidentielle, celui qui après l’intéressé en aurait le plus à perdre, c’est François Hollande et c’est la gauche. Ou, dit autrement, il n’y a aucune instrumentalisation politique de la justice et si Nicolas Sarkozy est mis en examen pour les faits graves de trafic d’influence et de corruption active, c’est tout simplement parce que la justice a fait son travail, est en train de le faire, parce que l’instruction du dossier apporte des éléments suffisamment lourds pour qu’à ce stade du processus judiciaire cette mise en examen soit fondée – ce qui ne présume en rien de la culpabilité ou de l’innocence de Nicolas Sarkozy, ce n’est qu’à la fin du processus que la justice aura à trancher.

Nicolas Sarkozy se rend sur TF1 la jouer calimero victime d’un monde politique vraiment trop injuste, vraiment trop méchant, et vous, sérieusement, vous marchez ?

Faut-il vraiment vous rappeler qui est Nicolas Sarkozy ? Un type dont désormais tous les plus proches ont affaire avec la justice, Balkany, Guéant, Woerth, Guaino, Copé, Bettencourt, Hortefeux, Dassault… et même son propre avocat… et lui-même donc. Faut-il vraiment vous rappeler qui est Paul Bismuth ?

Tout cela ne serait qu’un vaste complot ?  En plus d’être incohérent (répétons-le, la gauche n’y a pas intérêt, bien au contraire, Sarkozy est sa meilleure chance), ça ne vous semble pas un peu facile comme explication ? Un peu court ? Une manière de ne pas avoir à répondre aux questions qui se posent ? Une manière de fuir ses responsabilités, de ne rien assumer, jamais et contrairement à ce qu’il se plait tant à répéter ?

Voyez l’affaire Bygmalion, tout le monde a avoué, lui Sarkozy était le chef, le candidat à la présidentielle qui a bénéficié d’un gigantesque système de fausse facturation – une vingtaine de millions d’euros, tout de même ! Croyez-vous qu’il assumerait, ainsi qu’il se plait à dire que doivent le faire les responsables – quand il ne s’agit pas de lui -, croyez-vous qu’au minimum il dirait qu’il ne savait pas mais qu’il en assume la responsabilité parce qu’il était le chef, et qu’un chef compétent doit savoir ce genre de choses, surtout quand elles sont aussi énormes ? Non. Il nie en bloc, clame contre toute évidence qu’il n’y a pas eu de sous facturation de sa campagne, que les responsabilités éventuelles sont à aller chercher à l’UMP et à Bygmalion, que lui n’y est pour rien, ne savait rien, n’a bénéficié de rien, n’est rien d’autre qu’un pur et innocent petit calimero victime de l’injustice du monde. 

Nicolas Sarkozy, racaille ou pas, ce n’est pas à moi de le dire, mais en tout cas tout plutôt qu’un chef capable d’assumer ses responsabilités. Ce sale gosse, par exemple, qui passe son temps, la main sur le coeur, à jouer du c’est pas moi c’est l’autre. Son principal talent, accordons-lui au moins cela.