Mar 252010
 

Ségolène dans le murEn politique, les coups les plus rudes sont parfois portés par vos soutiens les plus fervents. C’est qu’ils sont les mieux placés pour connaître vos petits travers ou vos grandes faiblesses. C’est qu’ils sont tellement convaincus de votre destin qu’ils en deviennent imprudents à force d’ignorer les obstacles. C’est que l’inconscient est cette chose en vous qui lorsqu’on le laisse émerger fait des ravages. Parce qu’il est des vérités qu’il est préférable de taire.

Allain Jules soutient Ségolène Royal de toute son âme. Comme beaucoup de bloggeurs ségolistes, il a endossé la douce charge de propager la bonne parole de la Dame du Poitou. Ainsi, au lendemain des élections régionales, il s’agit de démontrer à tous que Ségolène est la grande et la seule gagnante du scrutin. Il a donc choisi de reprendre sur son blog l’argumentation en quatre points qui a été concocté par la garde royaliste et qu’on retrouve désormais un peu partout sur la ségosphère – mais avec plus ou moins de subtilités.

Au début du billet d’Allain, tout roule. Une introduction qui reprend l’antienne de l’acharnement de tous contre Elle, vaste complot politico-médiatique ourdi pour l’éliminer, où tout ce qui n’est pas ségoliste est à la solde de Sarkozy, depuis les médias jusqu’aux instituts de sondages, en passant bien entendu par Solférino – ce repaire ignoble et puant qui abrite tant de bassesses et de bêtises. Mais Ségolène ne se laisse pas abattre. Elle est debout. Mieux, elle est en apesanteur, gracieuse et intouchable. Merveilleuse.

Voilà pour l’introduction. Vient ensuite l’argumentation. En quatre points, donc. Ça ne se passe encore pas trop mal, l’argumentation est bien faible mais on n’en a pas de rechange. Surtout, l’exercice est cadré et calibré, difficile d’aller à la faute. Alors forcément, au moment de la conclusion, on a pris confiance, on a envie d’une petite touche personnelle, on se lâche un peu, c’est humain…

Et là, patatra ! En deux phrase, voilà tout le bel édifice qui s’écroule et, malgré tant de bonne volonté, on a mis soi-même la Dame dans le mur :

« Mitterrand a été candidat 3 fois, avant de devenir président. Pourquoi pas Ségolène Royal ? »

Sachant l’urgence qu’il y a à en finir avec l’ère sarkoziste, c’est en effet une sacrée bonne question.

Source : Ségolène 2017