Mai 242011
 

Francois Hollande, l'homme à abattreC’est dit, aujourd’hui l’on glosera sur le TSH. Ha, vraiment, sont incorrigibles ces socialistes ! La division, toujours la division. Les querelles d’egos. Les petites phrases. Les éléphants, les barons et tout ça.

Pourtant, pas plus qu’hier il n’y eut un Tout Sauf Royal, il n’y a un Tout Sauf Hollande aujourd’hui.

Il y a eu, peut-être, deux ou trois petites phrases. On rapporte que Fabius aurait dit : « Hollande président, on croît rêver ». Ça fait une, quoi d’autre ? J’écoute la radio, je cherche sur Internet, je ne trouve pas. On rappelle que c’est Arnaud Montebourg qui avait affublé l’ancien premier secrétaire du surnom de Flamby. C’était il y a longtemps.

Il y a Martine Aubry qui, dit-on, déteste François Hollande. Soit. Ce sont des choses qui arrivent. On ne fait pas de politique pour s’aimer, mais pour défendre des idées et accéder au pouvoir pour être à même de les défendre. Après trente années passés dans le même parti, jalonnées par des affrontements, il serait surprenant que des rancoeurs persistantes ne se soient pas installées entre quelques-uns.

Il y a Martine Aubry qui avance doucement mais sûrement vers la candidature. Il y a ses amis qui l’y poussent avec insistance. Le contraire aurait été surprenant. Le contraire aurait été décevant. Elle est tout de même la première secrétaire du Parti Socialiste. Elle n’a pas vocation à s’effacer devant tous les autres. Ella avait conclu un pacte avec DSK, et c’était alors politiquement nécessaire. DSK hors-jeu, pourquoi devrait-elle s’effacer maintenant devant François Hollande ? Cela reviendrait à enterrer le processus des primaires, du moins le vider de son sens. Ce serait déposséder le peuple de gauche de la faculté de choisir son candidat pour la remettre entre les mains de l’appareil du Parti Socialiste. Ce serait une connerie.

Il y a donc Martine Aubry et François Hollande qui s’affronteront lors d’une primaire. Ça s’appelle une élection et ça n’est pas grave. Il y aura d’autres petites phrases, les journalistes en feront leurs choux gras et ça n’est pas grave. Nous ne sommes pas obligés de tomber dans ce piège médiatique, quand la moindre petite vacherie est mise en avant et vient savamment occulter le fond des débats. A la fin, l’un ou l’autre l’emportera et les deux partageront la même estrade, main dans la main, pour un grand meeting de rassemblement en vue du lancement de la campagne des présidentielles. Le candidat sera alors fort – espérons-le – d’un million ou plus d’électeurs ayant participé à la primaire. Fort aussi de l’unité de son parti, en ordre de bataille derrière sa candidature. Les petites vacheries de la veille seront alors déjà oubliées.

Il y a aussi que Martine Aubry n’est pas seule à compter des soutiens à l’intérieur du Parti Socialiste, nombre de barons socialistes se rangent déjà derrière la candidature de François Hollande. Quelques-uns mêmes – des rêveurs sans doute – soutiennent Ségolène Royal. Il se trouve seulement que Martine Aubry est la première secrétaire, quoi de plus normal alors que nombre des dirigeants actuels du Parti Socialiste se rangent derrière celle avec laquelle ils travaillent depuis trois ans ?

Il y a enfin, et surtout, que parler de Tout Sauf Hollande n’a pas de sens. Tout ? Vous voulez dire même Arnaud Montebourg ? Même Manuel Valls ? Même Ségolène Royal ?! Vous rigolez ! Je suis prêt moi à parier une nuit avec une soubrette qu’au contraire la majorité sinon l’intégralité des soutiens actuels de Martine Aubry se rangeraient derrière François Hollande plutôt que derrière Valls ou Royal. Imaginez un second tour de la primaire qui verrait François Hollande face à – laissons-les fantasmer un peu – Ségolène Royal, à votre avis, pour qui appellerait à voter Laurent Fabius ?

Tout Sauf Hollande ? Voyons, ce n’est rien d’autre qu’une construction médiatique dépourvue de sens, irréelle. Il ne s’agit seulement que de dire que Martine Aubry sera candidate à une élection primaire où son principal adversaire sera François Hollande. Réalité sans doute trop peu croustillante aux yeux des journalistes. Ils savent bien qu’un schéma « le gentil contre les méchants » est incomparablement plus vendeur. Et ce n’est pas tant qu’il leur plait de donner le rôle du gentil à François Hollande, mais il est convenu que le Parti Socialiste est parfait dans le rôle de « les méchants ».

Tout Sauf Hollande ? Nous ne sommes peut-être pas obligés de les suivre dans leurs conneries.