Sep 062010
 

autoportrait dans l'obscurité profonde et noir des ténèbres et du néantLe soleil se couche lentement. Brise légère qui dissipe l’ardente chaleur d’un jour d’été. Un peu seulement. Brise légère, et tombe le jour et grandissent les ombres. Crépuscule. Rougeoiement du soleil et lune rousse. Astre affutée, lame sanglante qui troue et déchire les profondeurs obscures du ciel. Douce agonie du soleil assassiné. Alors s’éteint le jour et tout à coup, comme estourbies par une soudaine humilité devant le grand spectacle d’un univers qui se dévoile en se débarrassant de sa lumière, tout à coup toutes les cigales du monde se taisent. Elles stridulaient, musique folle qui écrase et envahit, elles ne stridulent plus et le silence jaillit et soulage. Et repose.

Et repose les esprits tandis que progresse lentement la nuit. Patiente avancée des ténèbres, quand tout devient plus épais, plus profond. Plus grand. La lune est d’or maintenant, métal royal trempé à l’encre nocturne. Les ombres du monde sont immobiles. Ombres soumises. Ombres qui se fondent dans l’ombre gigantesque de la nuit. Qui les avalent. Qui règnent sur le monde comme règne là-haut la lune solitaire. Et s’éveillent alors les étoiles. Une à une. Etoiles qui s’allument, solitaires et mélancoliques. Une à une. Elles sont des dizaines, bientôt des millions. Des milliards d’étoiles et chacune là-haut à son immuable et vertigineuse place.

Firmament est un mot que je n’aime pas. Voûte céleste est pire encore. Quelle voûte ? Infiniment immense et infiniment profond est le ciel noir de la nuit. Voici donc l’empyrée, ce lieu qui abritent les feux éternels et où se perd le regard des hommes et des fous. Nuit universelle. Merveille sans fond. Regards émerveillés des hommes. Mon regard immense et sans fond qui parcourt l’univers tout entier et sa vierge obscurité. Je regarde et j’existe, empli de tout ce qui existe et qui flotte dans l’impalpable néant de la nuit. Regard émerveillé et fou de l’enfant que j’étais et qui pour la première fois avait deviné que, tournant là son regard, rien ne saurait plus l’arrêter, que c’était cela l’infini et qui l’aspirait. Et qui m’aspirait. Et qui m’aspire encore. Car c’est le jour qui nous aveugle de sa lumière, lumière faussement miraculeuse et qui dissimule bien plus qu’elle ne feint de montrer. Car c’est le jour qui nous aveugle et le noir est la couleur de toute chose. La vérité se sont les ténèbres que viennent trouer les soleils de l’univers.

La vérité se sont les ténèbres.

Source : L’empyrée