Nov 142008
 

Contrainte en clôture : « Ils restaient immobiles, tenant leur cabas à la main, et ils se taisaient. »

– dernière phrase du roman de Vassili Grossman,
« Vie et destin »


Les enfants hurlaient, courraient en tous sens, renversaient les rayons sur leur passage. Un tourbillon. Les aliments jonchaient le sol dans des allées désertes. Ils étaient rassemblés au rayon jouets, maintenant, où ils démolissaient tout, consciencieusement, arrachant bras et jambes des poupées, massacrant sous leurs pieds les consoles électroniques, éventrant les boîtes de jeux de sociétés, mettant en charpie tous les jouets qu’on aurait voulu leur faire choisir, et faire acheter à leurs parents. Trop chers de continuer à faire les enfants, jouer en toute insouciance. La crise avait frappé et faisait mal. Leurs parents pleuraient le soir, sans fin, depuis trop longtemps. Il leur fallait agir. Ils agissaient. Sous les regards atterrés de leurs parents, qui les avaient conduits jusqu’au grand magasin pour poursuivre encore un peu le grand jeu de la consommation. Et les enfants détruisaient leurs propres rêves. Et les parents les laissaient faire, ne comprenant pas. Ils restaient immobiles, tenant leur cabas à la main, et ils se taisaient.


 

A propos de l’exercice :

L’idée de me livrer à ce petit jeu littéraire me vient d’avoir reçu une invitation à participer à «L’AMOUR d’écrire en DIRECT», soirées animées par Marc-Michel GEORGES sous le parrainage des Ecrivains Associés du Théâtre : Joutes littéraires, soirée ludique et décalée ! 4 auteurs invités à écrire en 7 mn à quatre reprises, des intermèdes, un petit film d’humeur, un jury de personnalités de théâtre et de cinéma. Prix du jury, prix du public, puis jet de confetti, langues de belle-mères. (en savoir plus)

Pour tout vous dire, une telle expérience, pour me séduire beaucoup, ne m’en terrorise pas moins. Non pas tant d’écrire durant sept minutes dans mon coin que d’avoir ensuite à lire le résultat devant un public d’une paire de centaines de personnes – à ce qu’on m’en a dit. La traîtresse qui se dit mon amie et qui a balancée mon nom – et mes coordonnées – a certes elle-même participé à une de ces soirées dont on dit qu’elles emportent un franc succès, mais elle est une comédienne exceptionnelle en sus d’être une auteur talentueuse, et le public, elle, elle adore !

Donc voir déjà ici, dans l’ombre, ce que cela peut donner. Il s’agira chaque fois d’écrire un texte en 7 minutes à partir d’une contrainte, choisie en piochant au petit bonheur dans un livre de ma bibliothèque, une phrase comme point de départ ou d’arrivée, ou bien quelques mots qui devront apparaître… 7 minutes d’écriture… aucune retouche permise.

Vos commentaires sont évidemment les bienvenus.

 

 


Source : Exercice d’écriture en 7 minutes – #2