Juin 082011
 

couteau ombre menaceIl a cessé de pleuvoir. Elle passe devant moi sur le pavé glissant. Je la suis. J’ignore pourquoi. Je la suis, son joli cul comme un aimant. Petit matin humide. Je suis fatigué. Ses talons font de petits trous dans le silence. Je la suis. Je n’ai pas l’intention de lui faire du mal. Elle est passé devant moi sans un regard. Elle et son joli petit cul parfumé.

Dans ma poche, ma main caresse le manche du couteau. Elle marche plus vite. Petits trous dans mon crâne. Elle prend à gauche, accélère encore le pas. Je la suis. Elle a senti ma présence. Je sens sa peur qui envahit la ruelle. Je n’ai pas l’intention de lui faire du mal. Le couteau, c’est seulement pour l’empêcher de crier. Un coup d’oeil par-dessus son épaule. Bientôt, elle voudra se mettre à courir. Elle ne sait pas qu’il est déjà trop tard.

Lame froide sur sa gorge blanche. Tais-toi ! Son corps plaqué contre le mur. Ses yeux paniqués, suppliants. Je lui souris. Je n’ai pas l’intention de te faire du mal. Son sang qui palpite. Ma main sous son cul. Comment tu t’appelles ? Julie. Tu habites dans cette rue, Julie ? Elle hoche la tête. Un passant. Tais-toi, Julie. L’homme regarde le sol et passe son chemin. Allons chez toi. Elle me conduit. Vous n’allez pas me faire de mal, n’est-ce pas ? Je ne vais pas te faire de mal. Elle ne me croit pas. Dans les escaliers, ses jambes se transforment en coton. Je la soutiens. En ouvrant la porte de son appartement, elle laisse tomber ses clefs. Je les ramasse. Merci. Elle allume la lumière dans l’entrée, pose son sac sur la table, machinalement. Vous voulez boire quelque chose ? Déshabille-toi.

Elle est nue devant moi. Elle tremble. Elle ne peut s’empêcher de regarder le couteau dans ma main. Elle a des petits seins fermes, charmants. Je saisis l’un deux et le soupèse. Elle tressaille. Vous êtes marié ? Elle a vu mon alliance. Comment s’appelle votre femme ? Je prends son sexe dans ma main. Vous avez des enfants ? Comment s’appellent-ils ? Je l’allonge sur le lit. Je déboutonne mon pantalon. Je la pénètre. Elle sert les dents pour ne pas crier. Une larme enfle et coule sur sa joue. Je t’ai fait mal ? Elle secoue la tête. Elle est gentille. Julie elle s’appelle.

Quand j’ai fini, elle pose sa main sur ma tête et amène mon visage contre son cou. Elle murmure à mon oreille des mots que je ne comprends pas. Sa voix est douce et m’apaise. La pointe du couteau effleure son flanc avec nonchalance. Cela restera entre nous, vous savez. J’ai envie de la croire. Je n’avais pas l’intention de te faire du mal, tu sais. Vous ne m’avez fait aucun mal. Rien ne lui importe autant que de vivre. C’est tout naturel. Vous auriez une cigarette ? Je lui donne une cigarette. Au moment de l’allumer, elle lui échappe. Je la récupère pour elle, l’allume et la place entre ses lèvres.N’aie pas peur. Je caresse sa joue. Elle parvient à sourire. Elle me dégoûte un peu maintenant.

Elle fume cigarette sur cigarette et me raconte sa vie. Quand je la regarde, elle baisse les yeux. Elle évite de regarder le couteau aussi. Et ne cesse de parler. Et de parler encore. Je suis fatigué. Tant d’efforts pour survivre. Je lui dis que je dois m’en aller bientôt, que ma femme m’attend, que je dois conduire le petit dernier à l’école. Elle se souvient de son prénom. Elle me demande si j’ai une photo de lui. Je suis lassé de l’entendre. Je m’en vais maintenant.

Le jour s’est levé. La rumeur de la ville parvient jusque dans la ruelle, déserte encore. Ma main relâche son emprise autour du manche du couteau. Je me souviens comme elle sentait bon. Je me souviens de sa peau très blanche et de son sexe chaud. Peut-être m’a-t-elle aimé un peu. Un instant, cette pensée me rend heureux. Je rentre chez moi. De nouveau il pleut.

Sous la douche, je pleure comme on vomit.
Je frotte mon corps longuement, mais ça ne s’en va pas. 
Pourquoi me sentir tellement coupable ?
Pourquoi le plaindre, le plaindre lui qui m’a fait ça ?
Je ne sais pas. Je ne comprends pas. J’ai honte. 
Je frotte et ça ne s’en va pas.
Et la terreur non plus.