Le choix

 Le choix  dedalus en auteur  Taggué avec : ,
Fév 022011
 

tempête dans un verre d'eau Il a émergé au milieu d’un océan sans fond ni rivages. Il ne savait pas nager. Il a manqué aussitôt de sombrer. Alors il  a poussé un cri.

Il s’est mis à gigoter pour se maintenir à la surface. Il a bu la tasse, plusieurs fois. Il a toussé, craché, a manqué de sombrer encore. Et puis il a appris. Il a fait quelques brasses et puis, comprenant qu’il n’avait nulle part où aller, il s’est mis à pleurer et ses larmes étaient salées. Le niveau de l’océan est resté le même, indifférent devant l’insignifiance du choix auquel il se trouvait confronté.

Se laisser porter par des eaux calmes, remuer de temps à autre bras et jambes, mollement, un peu quand même, suffisamment pour ne pas couler, pas encore, pas tout de suite. Gigoter, à peine, et s’ennuyer longuement en attendant au milieu d’une mer d’huile une fin à laquelle il finirait par se résigner.

Ou bien au contraire, s’agiter, se débattre, faire des pirouettes et créer des remous, de petites tempêtes autour de lui. Faire des vagues et grimper sur leurs crêtes chargées d’écumes blanches, grimper tout en haut, voir un peu plus loin, un instant seulement, et puis s’enfoncer dans leurs creux profonds et noirs. Sombrer encore, émerger à nouveau. Tousser, et puis cracher encore. Et encore. Continuer, s’agiter, se débattre, ne jamais se soumettre, ne jamais cesser de créer plus de tumultes, entretenir la tempête, grimper toujours plus haut. Tomber toujours plus bas. Vivre.