Nov 212012
 

Dans mon précédent billet très finement titré « Même un gros con de droite peut avoir une conscience et la liberté d’en user », j’ai malencontreusement omis un point pourtant crucial : La loi exige que le mariage de deux personnes qui souhaitent se marier soit célébré. Pas que le maire célèbre le mariage.

Du coup, comme j’ai déjà bossé aujourd’hui, et que je ne suis pas juriste, je vais faire ce billet à partir des tweets de Maître Eolas sur le sujet. C’est très éclairant :

En invoquant la liberté de conscience des maires, François Hollande ne viole pas la légalité, il rappelle une banalité. Un maire n’est jamais tenu de célébrer un mariage en personne. Il peut déléguer à ses adjoints. Et si ses adjoints sont aussi cons que lui, le maire peut donner délégation à un conseiller municipal ou à un fonctionnaire communal – qui lui, en tant que fonctionnaire, ne peut invoquer la liberté de conscience. 

La loi est respectée tant que le mariage est célébré, quelle que soit la personne qui le célèbre. Et les cons auront usé de leur liberté de conscience de con, comme c’est leur droit. On notera ici qu’un maire n’a pas de compte à rendre sur les mariages qu’il célèbre et ceux qu’il délègue. On notera aussi que beaucoup de maires ne célèbrent pas les mariages eux-mêmes. En particulier, les maires de Paris, Lyon et Marseille ne célèbrent jamais de mariage et délèguent à leurs adjoints – sauf quand ce sont des personnalités qui se marient.

En revanche, un maire qui refuserait toute célébration d’une union homosexuelle dans sa mairie serait passible d’une peine de 3 ans prison. Mais en cas de blocage,  d’impossibilité de célébrer le mariage dans une mairie, un juge administratif se fera un plaisir de condamner la commune à célébrer le mariage sous astreinte. Même si dans un tel cas de figure, on pourrait suggérer aux futurs conjoints de ne pas passer ce moment important devant un connard.

Et pour ceux qui s’inquiètent qu’un juge puisse à son tour refuser de poursuivre une mairie qui refuserait de célébrer certains mariages, c’est impossible, le déni de justice étant une faute et un délit.

Enfin, la loi qui garantit la liberté de conscience s’applique à tous, sans discrimination. Donc même aux cons – ce qui n’est pas tant pis puisqu’on est toujours le con de quelqu’un.

Voilà. Il reste amusant, ou désespérant au choix, que tant de gentils gauchistes si prompts d’ordinaire à parler de résistance, voire même de révolution pour les plus audacieux – mais rassurez-vous braves gens, ils ne font qu’en parler – , se mettent soudain à placer la loi au-dessus de la conscience. On ne les connaissait pas si légalistes. Pas si moutonnants.  

Il faut combattre les cons, mais pas en les privant d’une liberté que nous serions les premiers à revendiquer – liberté de conscience qui figure d’ailleurs dans la loi de 1905 et définie comme étant le droit – pour tout individu – de choisir les valeurs, les principes, les idées qui gouverneront sa vie.

 

EDIT : Ci-dessous dans les commentaires, Maître Eolas apporte quelques rectifications…