Mar 182007
 

manipulation des massesDimanche, l’IFOP livre sa dernière production : Sarkozy continue de chuter. On regarde de plus près et on constate qu’en un mois, le candidat de l’UMP a en effet perdu une intention de vote sur quatre. On écoute la radio, on regarde la télé… Non, rien. Au contraire, lundi matin, nous voilà inondé par un autre sondage, de TNS-SOFRES celui-là, et qui semble démentir le premier. Et cette fois tout le monde en parle. Sauf qu’il a été réalisé deux jours avant. On s’interroge : Sommes-nous bien informé ? Nous manipulerait-on ?

Sarkozy dévisse lentement

Reprenons donc dans l’ordre de la chronologie sondagière – la chronolgie médiatique étant des plus suspectes. Un sondage de la SOFRES, réalisé les 14 et 15 mars dernier, donne Sarkozy à 31% (contre 27% une semaine plus tôt), Royal à 24% (contre 25,5%) et Bayrou à 22% (contre 23%). Au second tour, Sarkozy l’emporterait contre Royal avec 54% (contre 52% la semaine précedente). Voilà donc ce que présente la presse ce lundi matin, insistant sur le fait que le candidat de l’UMP creuserait l’écart.

Restons dans un premier temps sur ce sondage et regardons les choses de plus près :

évolutions sondages TNS-SOFRES

Il est en réalité aisé de constater que TNS-SOFRES a toujours placé très haut Nicolas Sarkozy dansles intentions de vote (au-dessus de 30%) et qu’en la matière le sondage de la semaine dernière faisait plutôt figure d’exception (un accident due à la marge d’erreur ?) et ne peut en aucun cas servir de référence. Au contraire, même chez cet institut très favorable à Nicolas Sarkozy, on pourrait éventuellement observer un léger tassement : mesurées à 35% en janvier, puis à 33% en février, les intentions de votes sont mesurées en mars à 31% (et 27% la semaine dernière) : au minimum, on peut évaluer que, selon cet institut, Nicola Sarkozy perd deux points par mois.

Mais il y a pire nouvelle concernant le très prochainement ex-ministre de l’intérieur. Le sondage IFOP, réalisé les 16 et 17 mars, ne lui accorde plus que 26% des intentions de vote, contre 28% la semaine précédente, et 33,5% un mois plus tôt ! Soit une chute de 7,5 points en un mois, ce qui correspond bel et bien à une perte de près d’une intention de vote sur quatre pour le candidat de l’UMP ! L’IFOP observe d’ailleurs que « Nicolas Sarkozy enregistre son plus mauvais score depuis le début de l’année« .

A ce jour, compte tenu des marges d’erreurs, il est en réalité tout à fait impossible de dire lequel de Sarkozy, Royal et Bayrou serait absent d’un second tour. Les intentions de vote en faveur de Nicolas Sarkozy sont mesurées par l’IFOP dans un intervalle situé entre 22 et 30%, celles en faveur de Ségolène Royal dans un intervalle situé entre 20 et 28%, et celles de Bayrou entre 18,5 et 26,5% :

évolutions sondages IFOP

Les évolutions observées illustrent combien l’indétermination est grande entre ces trois candidats. Pis, si les tendances actuelles se poursuivaient, Nicolas Sarkozy pourrait bien être le grand battu du premier tour.

Une analyse identique pourrait être faite concernant le second tour, l’IFOP donnant Sarkozy l’emportant sur Royal avec seulement 51,5% des intentions de vote. C’est dire, compte tenu là encore de marges d’erreur avoisinant les 4%, combien les résultats des sondages concernant cet éventuel tour sont insignifiant. D’autant plus, ne cessons pas de le répéter, qu’un sondage portant sur un second tour alors même que le premier tour ne s’est pas encore déroulé, et qui plus est dans une situation on ne peut plus incertaine concernant ce premier tour, n’ont absolument aucune signification.

Mais deux autres faits méritent d’être commentés à l’analyse des résultats du sondage de l’IFOP :

Le Pen en embuscade…

Depuis la mi-février Jean-Marie Lepen aurait gagné 4 points d’intentions de vote, le haut de sa fourchette se situant aujourd’hui selon l’IFOP à 18%, soit seulement quatre points en-dessous du bas de la fourchette de Nicolas Sarkozy…

Il serait cette fois encore irresponsable de ne pas mentionner, encore plus d’écarter l’hypothèse d’une éventuelle présence du candidat frontiste au second tour. Hypothèse improbable et néanmoins crédible pour peu qu’on veuille bien prendre les résultats des sondages en considérant les marges d’erreurs, tels par exemple qu’ils sont présentés et mis à jour en temps réel sur le site des menteurs.

Ségolène Royal pénalisée par les machistes ?

Enfin, le fait remarquable de ce sondage réside dans la grande disparité des intentions de vote exprimées en faveur de Ségolène Royal entre les hommes et les femmes.

Si moins de 20% des hommes expriment l’intention de voter pour la candidate de gauche, ce sont près de 30% des femmes qui expriment cette même intention. Pour ce qui concerne Sarkozy et Bayrou, les intentions de vote se répartissent de manière équilibrée entre hommes et femmes (25 et 26% pour Sarkozy, 21 et 24% pour Bayrou). Une telle disparité ne se retrouve en réalité que pour ce qui concerne Le Pen – pour lequel à l’inverse ce sont 20% des hommes qui expriment l’intention de voter, contre seulement 8% des femmes.

Le résultat des élections présidentielles sera-t-il le fruit d’un machisme latent des français ? C’est probablement une des questions essentielles que soulèvent les résultats de ce sondage. On peut là encore grandement s’étonner que les médias traditionnels puissent s’autoriser à passer sous silence cette information pourtant, sinon tout à fait cruciale, pour le moins marquante.

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