Nov 082011
 

Tartuffe, Molière, Eric Lacascade, Théâtre des Gémeaux, Sceaux, 2011Le grand avantage qu’il y a à aller voir un Molière, c’est qu’on ne peut jamais être tout à fait déçu. Il reste toujours Molière, ses mots qui claquent comme autant de coups de fouet sur le cul des aristocrates de tout poil et à travers les siècles.

Et Tartuffe, cet aristocrate de la morale religieuse, ce bigot sournois et cupide, mérite bien ses quelques rougeurs au derrière, aujourd’hui encore.

Molière est, aujourd’hui encore, un auteur des plus modernes. Shakespeare aussi, mais dans un autre registre. Modernité intemporelle des artistes de génie.

Aussi ne suffit-il que d’un joli décor, de passables comédiens et d’un metteur en scène qui maîtrise son sujet pour que le spectateur passe un bon moment et s’en retourne content. Quelques jours plus tard, il se souviendra qu’il a vu Tartuffe, et aura oublié tout le reste.

Ou peut-être, malgré tout, cette scène qui sort du lot où Dorine tient tête à un Orgon qui veut à toute force offrir sa fille en mariage à son cher Tartuffe. Celle-ci est particulièrement réussie.

Et aussi cette table ronde, percée au centre, originale, où Orgon dissimulé découvre la tartufferie.

Cela fait peu de chose.

Mais à mettre en scène sans péril on fait du théâtre sans gloire. On évite le désastre sans pouvoir toucher au sublime. Et chacun de s’en retourner content. Ce n’est sans doute pas si mal, et c’est tout ce que semble souvent pouvoir offrir aujourd’hui une certaine scène théâtrale française, cette absence de coffre et de souffle. Du théâtre sans passion, sans génie. Juste du théâtre.

Et ce n’est déjà pas si mal.