Avr 032012
 

du cul, du cuir, des bottes et des bas résillesC’est au détour de ma lecture du dernier billet de Sasa que j’ai découvert le dernier sujet qui enflamme depuis ce matin la blogosphère. En fait, c’est un peu toujours le même sujet – mais c’est un sujet que j’affectionne.

A l’origine, il y eut donc un tweet : « Ce qu’il y a de bien avec le retour des beaux jours, c’est que désormais, c’est dans la rue qu’on croise des jolies courbes. » J’aurais pu l’écrire. D’ailleurs je l’ai écrit. Plusieurs fois. Je l’écris chaque année, au retour des beaux jours. Je ne suis sans doute pas un garçon très original. Je suis un garçon.

S’en suivit immédiatement un autre tweet : « Mouais, vous êtes capables de bons mots meilleurs que celui-ci qui fleure un poil le sexisme… » La guerre était déclarée. On parla de « troll féministe » et de « police de la pensée ». Il paraît. Je ne sais pas. Je n’ai pas assisté à l’affaire. Peu importe, ce n’est pas la polémique ni les noms d’oiseaux qui furent ou non échangés qui m’intéressent.

Car après les tweets, vinrent les billets de blog. C’est devenu un classique. J’ai donc lu celui de Sasa, et puis celui de valerie. Toutes les deux s’attardent sur un même point d’argumentation que l’on peut énoncer de la manière suivante : Est sexiste ce qui relève d’un traitement différencié entre les hommes et les femmes, ce qui discrimine entre les deux.

Soit. C’est une définition du sexisme sur laquelle on peut s’accorder. Mais alors du coup, le sexisme, est-ce mal ? Est-ce forcément mal, le sexisme ? Voilà la question qui m’intéresse.

Car après tout, la nature elle-même est sexiste. La nature discrimine entre les hommes et les femmes. Physiquement d’abord. Physiologiquement ensuite. Sexuellement enfin. La nature discrimine, la nature est sexiste. Et je suis tenté de dire que ce n’est pas tant pis.

Mieux, l’hétérosexualité est un sexisme. L’homosexualité aussi, d’ailleurs. Et je veux en profiter ici pour pointer du doigts toutes ces femmes qui n’ont a priori aucun appétit sexuel pour moi parce qu’elles préfèrent aimer d’autres femmes. Elle me discrimine. Sexisme.

Moi-même, il faut bien dire, je ne parle pas tout à fait de la même manière à mon boulanger ou à ma boulangère. Pas seulement parce que l’une des deux est une femme, mais aussi pour cela, parce que ma boulangère est une femme. D’ailleurs je ne l’appelle pas mon boulanger. Sexisme ?

Je ne parle pas tout à fait de la même manière à l’un ou à l’autre et cela sans que ma conversation ne comporte la moindre évocation d’une hypothétique rencontre sexuelle, pas la moindre pression, pas même un soupçon de séduction. C’est seulement que je reconnais qui elle est, quelle est son individualité, qui est aussi d’être femme. Et, à peine donc suis-je entré dans la boulangerie que j’ose un « Bonjour Madame ». Sexisme !

Non. Je n’ai pas été tout à fait sincère, je le confesse. Je suis en réalité toujours dans la séduction. Quasi systématiquement. Même avec les hommes. Simplement, pas de la même manière. Je ne souris pas de la même manière aux hommes et aux femmes. Sexisme encore.

Et quand la boulangère est une jeune femme, il peut même m’arriver d’aller jusqu’à un « Bonjour, Mademoiselle ». Je sais, ce comportement est infâme. Et moi-même je suis un homme. Pardon.

Mais quelle valeur aurait donc mon sourire, dites-moi, s’il me fallait à chacun présenter le même ? Un sourire poli, convenu, impersonnel, aseptisé, est-il encore un sourire ?

Oui, je confesse réserver un traitement différencié à chaque individu que je rencontre. Et les femmes et les hommes ne sont pas pareils. Et chaque femme est aussi une femme. Et les hommes, de manière générale, sont des êtres sexués. Les femmes aussi. C’est même cela qui est rigolo.

Alors oui, je veux bien l’entendre, être une femme n’est pas toujours rigolo. Être une femme est parfois socialement compliqué. Sans doute. Parce que l’on ne répond pas aux critères de beauté en vigueur. Parce qu’il faut se jucher sur des talons  et raccourcir la jupe afin de créer la bonne courbe au bon endroit. Parce que parfois cela ne suffit pas, ou plus. Parce que les soutiens-gorge. Parce que la ménopause. Parce que l’on n’est pas toujours diponible pour un sourire de plus, qu’un inconnu de plus vous adresse.

Accessoirement, ce n’est pas toujours facile non plus d’être un homme, y compris socialement. Ce n’est d’ailleurs plus généralement pas toujours facile d’être soi. Mais là aussi, qu’est-ce qu’on s’emmerderait sinon. Si être était facile.

Soit, donc. Je suis sexiste. Tu es sexiste. Nous sommes sexistes. La question ne serait-elle pas alors de savoir à partir de quel moment le sexisme devient-il mauvais, plutôt que de connoter négativement tout sexisme ainsi défini ?

Un juste combat – et le féminisme en est un – ne se discrédite-t-il pas à l’instant même où il se radicalise au point d’en perdre tout sens de la nuance, toute subtilité ?

Voyez là photo qui illustre ce billet, ne vient-elle pas grossièrement discréditer toute ma petite argumentation ?

(…)

Et du coup, finalement, après un bref rebond – mais la subtilité de l’astuce aura sans aucun doute échappé aux blondes -, la petite argumentation en question n’en ressort-elle pas au contraire renforcée ?