L’enfant est malade. Richard tient la main fiévreuse de l’enfant. Sur son front brûlant, il a appliqué un linge humide. L’enfant tousse faiblement, une petite toux un peu ridicule, comme surfaite. Il est épuisé, à bout de forces. Le soir tombe. Cela fait maintenant trois jours et deux nuits que cela dure. Richard regarde l’enfant, ses joues sont creusées, il a maigri déjà. De ses yeux à peine entrouverts filtre un regard inexpressif et las. Il respire difficilement et chaque inspiration semble lui coûter un effort presque insurmontable.
« Tu as mal ? », demande Richard. Non, fait doucement l’enfant de la tête.
« Je dois y aller maintenant. Tu sais ? »
L’enfant sait. Il ferme les yeux.
Richard glisse délicatement la main de l’enfant sous la couette, retourne le linge humide sur son front, puis se penche jusqu’à son oreille : « Ça va aller. On se voit dans douze jours. Je t’aime fort, tu sais. » Il passe sa main sur son visage, dépose un baiser sur sa joue et s’en va. Et l’enfant garde les yeux clos.
Quand il arrive dans la cuisine, elle regarde sa montre en hochant la tête. Son visage est fermé, ses sentiments calfeutrés. Elle le raccompagne jusqu’à la porte : « Si besoin, je t’appelle. »
Le médecin a dit que c’était la grippe. Rien de grave. Rien qui justifierait qu’il ne puisse attendre deux semaines avant d’avoir des nouvelles de l’enfant, puisqu’il n’en a pas obtenu la garde. Un week-end sur deux, seulement. Et la moitié des vacances scolaires. Sauf contre-temps.
L’enfant l’avait appelé le vendredi soir et avait récité d’une voix faible : « Je suis malade. Le médecin est venu ce matin et il a dit que je ne devais pas sortir. Alors je ne peux pas venir chez toi. Mais Maman dit que tu peux venir me visiter à la maison, si tu veux. »
Une fine couche de neige durcie recouvre le trottoir. Il fait un froid polaire. Richard resserre son manteau et se hâte vers la station de métro. Il a un peu de fièvre.
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Source : Le visiteur |