Avr 112007
 

… pour une victoire à gauche au second tour !

On le sait, mais on évite de le dire. On le sait, mais on n’ose y croire. On le sait, mais l’ensemble des médias s’efforcent à grands coups de sondages de laisser penser le contraire. On le sait : AU SOIR DU PREMIER TOUR, C’EST UNE NOUVELLE CAMPAGNE QUI COMMENCE. On le sait : LE SECOND TOUR SE GAGNE SUR LA DYNAMIQUE CREEE LORS DU PREMIER TOUR.

On voudrait casser à l’avance toute dynamique à gauche qu’on ne s’y prendrait pas autrement. En distillant jour après jour l’idée que la présence de François Bayrou au second tour n’est pas impossible, en laissant entendre, jour après jour, que seul Bayrou serait à même de l’emporter face à Nicolas Sarkozy, en brandissant, sondage après sondage, l’épouvantail d’une défaite annoncée de Ségolène Royal face à ce même Nicolas Sarkozy, on sème le doute dans l’esprit des électeurs et on fait pression sur eux afin qu’ils soient nombreux à renoncer par anticipation, le plus nombreux possible à glisser dès le premier tour un bulletin Bayrou dans l’urne ce bulletin plutôt qu’un autre !

A l’occasion de cette élection, on a insidieusement réinventé le concept de vote utile, une sorte de vote utile à trois bandes – bien dangereux en vérité – et on a perverti le mode de scrutin majoritaire à deux tours en le renversant cul par-dessus tête. Plutôt que de choisir au premier tour les deux candidats qui s’affronteront au second, tout se passe en effet comme si l’on jouait d’abord le second – par sondages interposés, lesquels persistent à prétendre qu’ils ne sont en rien prédictifs – afin d’éliminer au premier tour les perdants annoncés du second. C’est Madame Irma qui s’en va voter en regardant dans sa boule de cristal !

C’est pis que cela : on assiste à une formidable manipulation de l’opinion. La commission des sondages à beau avoir – très timidement – rappelé que les sondages portant sur un second tour réalisés avant que le premier n’aie livré ses résultats n’ont aucune signification, les instituts de sondages ne cessent de produire des sondages de second tour et les médias de les commenter. Et l’on va jusqu’à même tester des hypothèses de second tour qui en regard des intentions de vote mesurées pour le premier tour n’ont pas lieu d’être. En résumé : ON TESTE DES HYPOTHESES IMPROBABLES AVEC DES OUTILS ABSURDES !

Et ce n’est pas une manipulation innocente. La preuve en est dans la constatation suivante, laquelle est irréfutable : un sondage est un instrument de mesures statistiques qui possède, comme tout autre instrument de mesure, une marge d’erreur irréductible, un biais qui est intrinsèque à la mesure et qu’on ne peut gommer – pour un sondage, on s’accorde pour dire que celle-ci est peu ou prou de 4%, en sus ou en moins ; et pourtant, l’hypothèse d’un second tour Sarkozy-Royal a été testé près d’une centaine de fois depuis janvier, donnant chaque fois Sarkozy vainqueur avec entre 51 et 54% des suffrages, CE QUI EST STATISTIQUEMENT IMPROBABLE, C’EST-A-DIRE DANS LES FAITS IMPOSSIBLE ! IL EST IMPOSSIBLE QUE PAS UNE FOIS SEGOLENE ROYAL NE SOIT APPARUE COMME VAINQUEUR DE CE DUEL. On voudrait dissimuler cette éventualité qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Tout est organisé afin que cette opinion dont on prétend mesurer les intentions en vienne à penser qu’une victoire de Ségolène Royal sur Nicolas Sarkozy lors d’un second tour ne serait pas une éventualité crédible. L’objectif est clair, et il n’est pas tant de favoriser l’accès au second tour de François Bayrou, ce qui reste tout à fait improbable, que de casser par avance cette dynamique en faveur de Ségolène Royal qui, si elle s’enclenchait, conduirait en réalité à la victoire de celle-ci sur Nicolas Sarkozy. On cherche à disperser les voix de la gauche, semer le doute et obtenir qu’un certain nombre de ces voix se retrouve ailleurs, c’est-à-dire sur François Bayrou, dans le but de tasser autant faire se peut le score de Ségolène Royal. On tente en particulier d’éviter le probable coup d’arrêt à la stratégie de Nicolas Sarkozy que serait un premier tour plaçant Ségolène Royal devant le candidat de l’UMP.

La cerise sur le gâteau de cette tentative de dilution des voix serait qu’on soit parvenu tant et si bien à tasser le score de la candidate socialiste qu’on permette en définitive à Jean-Marie Le Pen de rééditer son « exploit » du 21 avril 2002. C’est que Nicolas Sarkozy a retenu sa leçon : le candidat de la droite n’est jamais autant assurer d’emporter le morceau, pardon l’élection, que s’il se retrouve opposé à l’extrême-droite.

Mais voilà, il vient d’y avoir un petit accroc dans la belle mécanique médiatico-sondagière, une sorte de lapsus qui pourrait bien faire grain de sable et qui a été commis par Le Monde, lui-même, sous la plume de Jean-Baptiste de Monvalon, lequel dans un article intitulé Mme Royal menacée au premier tour, M. Sarkozy au second, paru dans l’édition de ce 12 avril, souhaitait visiblement enfoncer le clou en pronostiquant la défaite de Mme Royal dès le premier tour. Mais voilà, donc, ce qu’il laisse échapper :

« Les responsables d’instituts de sondage s’accordent en effet à relativiser fortement la signification des sondages de second tour, qui donnent tous M. Sarkozy vainqueur d’un duel avec Mme Royal. « La qualification de Ségolène Royal provoquerait un choc positif majeur pour la gauche et ouvrirait un contexte nouveau« , note M. Giacometti.

« Une fois passé le premier tour commencera une seconde campagne« , souligne aussi Stéphane Rozès (CSA). Selon lui, le premier tour se joue sur « la compétence, la capacité à résoudre les problèmes » – domaine qu’aurait privilégié M. Sarkozy -, alors que le second accorde plus de place à « la dimension d’incarnation et de rassemblement« , à laquelle serait davantage identifiée Mme Royal. En suivant cette analyse, on pourrait en conclure que la candidate socialiste aurait paradoxalement plus de chances de l’emporter au second tour que de se qualifier à l’issue du premier.

Tout est dit et tout est maintenant bien clair : gardons-nous du défaitisme qu’on tente d’instiller, gardons-nous de nous disperser en des stratégies mortifères, gardons-nous des égarements auxquels on voudrait nous voir céder, et concentrons-nous sur l’essentiel : la victoire de Ségolène Royal… et le moyen d’y parvenir : CREER DES LE PREMIER TOUR LA DYNAMIQUE DE CETTE VICTOIRE.

Car – et nous l’avons peut-être un peu oublié à force de craindre le pire – il ne s’agit pas QUE de battre Nicolas Sarkozy, il s’agit également d’offrir à la France et aux français des raisons d’espérer. Or voter Bayrou pour éviter Sarkozy revient à choisir de se précipiter dans le vide pour échapper aux flammes. On veut nous faire croire que toutes les issues sont condamnées : rassemblons-nous pour enfoncer la porte !

CAR CE SERAIT LE PIRE DES RENONCEMENT QUE DE SACRIFIER L’ESPERANCE AU NOM DE LA CRAINTE LEGITIME QUE LE PIRE NE SURVIENNE !

Et si cet appel à l’heur de vous plaire, faites-le donc circuler…

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