Oct 072008
 

En ces temps de crise financière où nous découvrons l’importance des activités souterraines des banques, où beaucoup en viennent à se demander si leur argent est bien en sécurité sur leurs comptes bancaires, il est sans doute utile d’informer tout un chacun que l’argent n’existe pas, ni à la banque ni ailleurs.

L’essentiel de la masse monétaire est créé par les banques elles-même sur la base des promesses de remboursement des emprunts qu’elle a elle-même accordés. Dit autrement, lorsque vous empruntez 10 000 euros à la banque pour acheter une voiture, la banque obtient de votre part la promesse que vous allez rembourser dans le futur ces 10 000 euros (plus les intérêts), considère donc qu’elle possède ces 10 000 euros… et vous les prête… puis empoche les intérêts de vos remboursements… de même qu’elle empoche les 10 000 euros que le vendeur de votre voiture a reçu de vous et qu’il épargne à la banque (la même ou une autre, peu importe)… lesquels 10 000 euros épargnés autorisent à la banque une capacité accrue à accorder des crédits, donc à créer plus d’argent encore.

Ainsi l’argent est en réalité une dette. On imagine alors aisément ce qui se passe dans le cas où beaucoup d’emprunteurs viennent simultanément à ne plus pouvoir rembourser leurs emprunts. Puis lorsque les épargnants, ayant perdu confiance en leurs banques, se précipitent pour réclamer le remboursement des sommes épargnées… et dont en réalité les banques ne disposent pas.

Vous trouvez cela compliqué ? L’indispensable Café-Croissant a dégoté un petit film qui vous explique tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’argent sans jamais oser le demander. Un 52 minutes très pédagogique qui vaut vraiment la peine – même si je dois dire que je suis plus que légèrement gêné par la théorie conspirationniste qui fait plus qu’affleurer vers la fin du film et que je vous invite à considérer avec une méfiance redoublée (*).

Quatre questions essentielles viennent clore la première partie de cet intéressant documentaire – du moins donc dans sa première partie -, qui se poursuit sur des débuts de solutions plus discutables mais non moins intéressantes, notamment en ce qu’elles invitent à redonner à la puissance publique le soin de créer et gérer elle-même la masse monétaire afin de sortir du cercle infernal de la dette, et en particulier d’asseoir cette création monétaire sur la valeur des investissements publics (du type grand travaux) plutôt donc que sur une dette détenue par des intérêts privés.

Il me semble utile de retranscrire ces 4 questions, auxquelles nous aurions à répondre s’il nous prenait enfin de vouloir changer un système monétaire, économique et financier dont nous savons désormais qu’il nous conduit à la catastrophe :

Question 1- Pourquoi est-ce que les gouvernements choisissent d’emprunter de l’argent aux banques privées, avec intérêts, quand ils pourraient créer tout l’argent qu’il leur faut, sans intérêts ?

Question 2- Pourquoi créer de l’argent à partir du processus de dette ? Pourquoi pas créer de l’argent qui circule en permanence et qui ne doit pas sans cesse être réemprunté pour exister ?

Question 3- Comment un système monétaire fondé sur l’accélération perpétuelle de la croissance peut-il servir à construire une économie durable ?

Question 4- Pourquoi notre système actuel dépend-il entièrement d’une croissance perpétuelle ? Que faut-il changer pour créer une économie durable ?



(*) afin donc de garder les yeux grand-ouverts sur le message au moins aussi nauséabond que subliminal qu’on devine en arrière-plan, je vous engage à consulter sur rue89 un article où est expliquée l’origine de cette décidément sale petite odeur

Pour terminer sur une note sans doute plus terre-à-terre, Antoine évoque très pertinemment le célèbre dilemme du prisonnier (célèbre pour qui a quelques notions de théorie des jeux) pour en quelques mots conter la mouise dans laquelle chaque épargnant que nous sommes (du moins pour ceux qui ont encore la chance d’en être) va se retrouver à devoir se débattre si cette crise glisse jusqu’à son terme : Laisser ou ne pas laisser son argent à la banque, telle serait donc la question…

Mais la bonne nouvelle est qu’un autre monde est possible !

EDIT : Actuellement, le site Vimeo sur lequel est hébergée la vidéo ne répond plus. Vous pouvez en ce cas visionner le film de Paul Grignon, l’Argent Dette, en plusieurs parties :

Partie 1
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
Partie 7

Où l’on parle de : L’argent et les banques pour les nuls


Quand Vincent Peillon invite à voter pour Benoit Hamon