dedalus

Juil 032008
 

Ingrid Betancourt, libre : « Je veux d’abord rendre grâce à Dieu et aux soldats de Colombie »

En ce moment de joie intense, il serait assez insupportable à beaucoup d’entre nous qui avons si longtemps espéré d’en arriver à ce dénouement heureux que Nicolas Sarkozy tente de tirer un profit politique personnel de cette libération par une de ces manoeuvres de récupération émotionnelle dont il a le secret. Il n’y a aucune incongruité à évoquer dès maintenant ce sujet tant on sait le personnage coutumier de ce genre d’indécence, tant on peut nourrir de méfiance quant à sa capacité à l’humilité respectueuse, à ne pas tirer éhontément la couverture à lui.

Ingrid BetancourtCe mercredi 2 juillet, le ministre de la défense colombien a annoncé la libération d’Ingrid Bétancourt. Enfin !

Une opération menée par les forces armés colombiennes a permis la libération, mercredi 2 juillet, de l’ancienne candidate à l’élection présidentielle Ingrid Betancourt ainsi que de trois citoyens américains et onze militaires colombiens qui étaient séquestrés par les FARC. Juan Manuel Santos, ministre colombien de la défense, a annoncé la nouvelle depuis Bogota, en précisant que la libération est intervenue près de San Jose del Guaviare, dans le sud-est du pays.

« Je veux d’abord rendre grâce à dieu et aux soldats de Colombie« , a déclaré l’ex-otage dans une première déclaration à la radio Caracol. Ingrid Betancourt, âgée aujourd’hui de 46 ans, ex-candidate écologiste à la présidence de la Colombie, était otage des Farcs depuis plus de six ans.

La libération d’Ingrid Betancourt a été rendue possible par une négociation des services de renseignements colombiens avec des groupes dissidents des Farc, déclare l’ex-mari de la Franco-colombienne, Fabrice Delloye. « Le gouvernement colombien a tenté de trouver des solutions, une solution était bâtie sur le fait que des groupes se distinguaient du secrétariat général et cherchaient une solution pour quitter la guérilla sans être emprisonnés des années.« 

En annonçant la libération des otages, le ministre de la défense a en effet fait le récit d’une opération de renseignement et d’infiltration de très haut niveau. Il a notamment affirmé que les otages se trouvaient détenus en trois lieux différents et qu’afin de permettre leur libération, il a été nécessaire pour les forces armées colombiennes d’infiltrer le secrétariat, l’instance de direction collective de plus haut niveau des Farc. C’est dans ce contexte qu’il a été décidé par les responsables du mouvement de guerilla de rassembler les otages afin de les placer sous le contrôle unique d’Alfonso Cano qui a pris la tête de Farc après le récent décès de Manuel Marulanda, dit « Tirofijo ».

Selon le ministre, cette opération a été réalisée avec l’appui logistique d’une « organisation fictive » disposant d’un hélicoptère qui était en réalité un appareil de l’armée colombienne. Les forces armées colombiennes avaient également infiltré, toujours selon le ministre, le front numéro 1 des Farc, dirigé par Gerardo Antonio Aguilar, dit « Cesar », qui detenait une partie des otages. Ce responsable a été arrêté alors qu’il acheminait, à l’aide de l’hélicoptère de l’armée, des otages vers le point choisi pour rassembler les trois groupes et les remettre à Alfonso Cano.

A la demande du président Uribe, un travail de renseignement d’une ampleur jusque là inconnue, incluant le paiement d’informations et la protection des témoins, a été développé au cours de la dernière année par les forces armées et la DAS – département administratif de sécurité – avec l’aide de consultants israéliens, pour la plupart officiers en retraite de l’armée d’Israël.

Une très forte mobilisation médiatique en faveur de la libération d’Ingrid Betancourt, détenue depuis février 2002, existait en Europe. Mais l’espoir de la voir libre avait été plusieurs fois déçu. D’abord en 2003, lorsque Dominique de Villepin, alors premier ministre, avait monté une mission de négociation et dépêché un avion. Puis en mars 2008, lorsque la diplomatie française et le président vénézuélien, Hugo Chavez , avaient participé à l’envoi d’hélicoptères dans la zone où l’otage a finalement été libéré. La dernière preuve que l’otage était encore en vie, une vidéo où elle apparaissait immobile, avait été diffusée en novembre 2007.

Les conditions de cette libération démontrent de manière limpide que Nicolas Sarkozy n’est absolument pas impliqué dans l’opération qui l’a rendue possible, et c’est heureux tant cela devrait nous épargner toute fanfaronnerie de la part de celui-ci. En effet, en ce moment de joie intense, il serait assez insupportable à beaucoup d’entre nous qui avons si longtemps espéré d’en arriver à ce dénouement heureux que le petit président français tente de tirer un profit politique personnel de cette libération par une de ces manoeuvres de récupération émotionnelle dont il a le secret. Il n’y a aucune incongruité à évoquer dès maintenant ce sujet tant on sait le personnage coutumier de ce genre d’indécence, tant on peut nourrir de méfiance quant à sa capacité à l’humilité respectueuse, à ne pas tirer éhontément la couverture à lui. Qu’il nous laisse donc en paix savourer notre joie qui est entière !

Bienvenue parmi nous, Madame Bétancourt. Nous vous appelions Ingrid.

Source : Ingrid Bétancourt libérée par le président Uribe

Billet précédent : Sarkozy : la preuve par la langue de bois

Juil 012008
 

Question : Pour réaliser l’objectif annuel de 25 000 reconductions aux frontières de personnes sans-papiers, à combien d’arrestations est-il nécessaire de procéder ?

Si la question semble à ce point embarrassante pour un Nicolas Sarkozy qui pour une fois peine à s’engouffrer dans la langue de bois, c’est que la réponse n’est pas de ces vérités bonnes à dire, tant elle est choquante. Il faut procéder à 2 millions de contrôles d’identité et d’arrestations pour que la police parvienne à tenir cet objectif annuel de 25 000 expulsions d’étrangers que Nicolas Sarkozy leur a arbitrairement fixé.

– Mais que fait la police ?

– Elle passe tout son temps à contrôler les papiers.

– Mais moi je n’ai jamais été arrêté ?

– C’est que vous n’avez pas la tête d’un étranger…



Cela se passait ce lundi soir, 30 juin, sur France 3.

Je crois utile de rendre hommage à l’excellente prestation de Audrey Pulvar qui a fait là honneur à sa profession de journaliste, par la précision de ses questions et par la ténacité dont elle a fait preuve quant à son droit de suite. Par les temps qui court, le fait est suffisamment rare pour mériter d’être souligné.

Source : Sarkozy : la preuve par la langue de bois

Billet précédent : Embruns et le vide de la pensée

Juil 012008
 

EmbrunsCe matin, le vénérable Embruns, blogueur populaire et sans talent, donne dans le contre-pied imbécile.

Cette nuit, une vidéo off de Nicolas Sarkozy, filmé à son insu avant sa prestation sur France 3, a été mise en ligne sur Rue89. Embruns, qui est un blogueur malin, a tout de suite compris que le buzz allait être conséquent. Comment se distinguer ?, s’est dit l’animal. La dénonciation outrée, s’est-il répondu aussitôt, fier de sa trouvaille. Et voici alors ce qu’il s’est empressé d’écrire sous le titre « Le Vide de l’Information » :

Cet article de Rue89, “Les images de Sarkozy en ‘off’ avant son interview sur France 3”, signé Augustin Scalbert, me désole. J’ai un peu honte pour la rédaction de Rue89 de laisser passer ce truc un peu dégueulasse, acquis dans des circonstances douteuses et qui n’apporte aucune information. Quand l’engagement politique, l’urgence de l’instant et la course au “scoop” obscurcissent à ce point les devoirs professionnels du métier de journaliste… Et, je ne parle même pas de droits qui appartiennent à France Télévisions, nous sommes sur Internet, nous nous en foutons un peu…

Par ailleurs, il serait souhaitable qu’il y ait des sanctions sévères au sein de la rédaction de France 3. Il est tout à fait déloyal et irrespectueux que ce genre de séquences sortent dans la nature, quelque soit l’invité. Ce n’est pas parce que Nicolas Sarkozy est président de la République qu’il devrait “bénéficier” d’un statut d’exemption de tout cadre éthique et juridique.

P.S. Sans surprise, LePost, “le mix charognard de l’info” dirigé par Benoït Raphaël, n’est pas en reste et embarque dans le train. (Pas de lien, vous savez la très piètre estime que j’ai pour ce site).

Bon, pour ma part, j’ai un peu honte pour Embruns. Au début, j’ai même pensé qu’il participait encore à un de ces concours stupides entre blogueurs, du style « chouette chouette, on dirait que c’est à celui qui fera le billet le plus ringard et réac’ à la fois« . Le gars Embruns a fait très fort, me suis-je dit, sûr aussi qu’on ne pouvait guère faire plus ringard et sûr donc qu’il allait gagner le panier garni. Pourtant non, tout cela était écrit le plus sérieusement du monde, avec des vrais morceaux de saine colère dedans. Comme quoi ce n’est pas toujours en faisant l’original qu’on évite la ringardise.

Car à la lecture de ce triste billet, on a envie de demander à Embruns qu’est-ce que pour lui est de l’info ? Ne serait en réalité de l’info que ce qui est permis d’en être une ? Ce qui n’est pas Off ?

Mais voyons, Embruns, le Off, ça n’existe pas ! Le Off, ce n’est rien d’autre qu’une invention politico-journalistique pour justifier leurs éventuelles connivences et leurs petits secrets microcosmiques. Le Off, c’est la négation même du travail journalistique !

Le Off, ça n’existe pas et relève en vérité de la vie publique tout ce qui ne relève pas de la vie privée. Embruns pense-t-il réellement que cette video attente à la vie privée du petit père des people ? Non ?… Alors voilà, c’est tout simple : cette vidéo relève du champ de l’info ! Elle peut intéresser ou non, mais elle donne de l’info… et parler à ce propos de « sanctions sévères au sein de la rédaction de France 3 » est, en terme d’attitude réactionnaire, tout simplement hallucinant… et imbécile, donc.

On pourra également noter que ce qui fait l’intérêt d’un Off est le décalage qu’il peut y avoir entre l’image publique que cherche à renvoyer un homme public et sa réalité. On pourra alors se dire que le travail du journaliste est précisément de nous montrer la réalité, et pas simplement de relayer et diffuser l’image souhaitée par l’autre. On notera enfin que c’est, chez Sarkozy en particulier, l’immensité de ce décalage On-Off qui l’expose lui plus qu’un autre à la diffusion de son côté Off. Il en est le seul et unique responsable, parce qu’il est responsable d’avoir tant à dissimuler de sa réalité… et donc de son mensonge.


Sarkozy en off sur le plateau de France 3
envoyé par rue89

Post Scriptum : Embruns, mon ami, on écrit « quel que soit » – mais dans le domaine de la faute d’orthographe ringarde, je suis moi-même grand spécialiste…

Source : Embruns et le vide de la pensée

Billet précédent : Ségolène moi toute seule Je

Juin 302008
 

Le Tout sauf Ségo, la (mauvaise) réponse au Ségolène Sinon Rien… et petite revue des contributions pour le Congrès du PS.

Où l’on découvre que quoi qu’en disent Ségolène Royal, les médias et la droite, les socialistes ont quelques idées.

le poing et la roseQuand je lis que dans la contribution « Une vision pour espérer, une volonté pour transformer » est évoqué l’individualisation des parcours scolaires, l’instauration d’un bouclier logement, des mesures concernant les sécurités et le vivre ensemble, une stratégie de relocalisation économique, le développement du micro-crédit, la mise en place d’une CSG patronale, entre autres…

Quand je lis que dans la contribution « Besoin de Gauche » le développement durable apparaît comme principe de base de l’action politique et économique et sont proposés sept conventions nationales pour la période 2009-2010 comme chemin pour l’émergence d’un projet alternatif ambitieux, cohérent et crédible…

Quand je lis dans la contribution « Utopia » la volonté qu’émerge une gauche d’avant-garde fondée sur une identité écologiste, altermondialiste et antiproductiviste et sont évoqués les ruptures avec la rentabilité du capital comme unique objectif, avec la religion de la croissance, avec le culte de la consommation, avec la valeur aliénante du travail…

Quand je lis dans la contribution « Urgence Sociale » les dix questions fondatrices que soumet Pierre Larrouturou aux rédacteurs de motions et qui sont autant de propositions de innovantes et ambitieuses…

Quand je lis que dans la contribution « Reconstruire à gauche » sont évoquées le conditionnement des exonérations sociales aux accords salariaux, la modulation du taux d’imposition sur les sociétés, la revalorisation de la fonction enseignante, entre autres…

Quand je lis que dans sa contribution, Marylise Lebranchu aborde les thèmes de la question alimentaire, des solidarités territoriales, des conditions de travail et de la responsabilité des employeurs, du développement durable de l’industrie, de la démocratisation de l’enseignement supérieur, de l’impôt européen sur le capital…

Quand je lis que dans la contribution « Réinventer la Gauche » on parle du relèvement de l’impôt sur les bénéfices, d’imposition des revenus financiers, de VIème République parlementaire, de planification écologique…

Quand je lis que dans la contribution « D’abord, Redistribuer les richesses » on parle très concrètement de fiscalité redistributive et de construction de l’unité de la gauche…

Quand je lis que dans la contribution « Changer ! » est proposé un retour à une intervention publique vertueuse et l’instauration d’un salaire minimum universel…

Quand je lis toutes ces contributions et que je m’aperçois que les idées foisonnent dans chacune d’elle et souvent se rejoignent, je me dis qu’il faut faire preuve d’une prétention assez exceptionnelle pour choisir ce moment précis pour titrer un livre « Si la Gauche veut des idées » et laisser penser que sans son auteur la gauche serait démunie, incapable de proposer une alternative crédible, faisant en cela le jeu de la droite qui ne perd pas une occasion de rabâcher ce qui de toute évidence est une contre-vérité, pour ne pas dire un mensonge éhonté.

Surtout que lorsque je lis la contribution « Combattre et proposer » de cette même Ségolène Royal (vous aviez deviné que c’était elle dont il s’agissait), je n’y trouve rien qui ne se trouve aussi dans les autres contributions, sinon la cérémonie républicaine – proposition qui si même elle n’était pas aussi imbécile qu’impraticable ne pourrait suffire à prétendre faire de son auteur le messie de la Gauche. Cette façon de tirer en permanence la couverture à soi, cette manie d’avoir toujours l’air de dire « Moi Ségo toute seule Je…« , invitant implicitement ses soutiens à bêler à l’unisson l’idolâtre rengaine du Ségo Sinon Rien, explique probablement pour une bonne part la tentation épidermique du Tout Sauf Ségo.

Et je m’empresse de préciser que pour ce qui me concerne le TSS est une autre imbécillité. Etant fortement concentré sur les possibilité de victoire de la Gauche en 2012 et sa capacité alors de réellement transformer la société, étant par ailleurs de plus en plus convaincu que le positionnement politique et la stratégie de conquête de Ségolène Royal sont inévitablement perdants, et parce qu’en outre je continue de penser que ses piètres qualités oratoires sont pour elle un handicap majeur, j’en suis pour ma part à un très simple PE : Pas Elle !

La bonne nouvelle est que, hormis la contribution de Manuel Valls qui me semble d’une pauvreté assez sidérante, l’ensemble des contributions que j’ai pu lire (je crois qu’il manque encore Benoit Hamon et Bertrand Delanoë à l’appel, peut-être François Hollande ?…) permet de nourrir de réels espoirs quant à la tenue d’un vrai débat de fond. La cerise sur le gâteau étant qu’il y a dans tout ça de la bonne vraie gauche avec des vrais morceaux dedans.

La surprise : sur le fond des propositions, et si l’on écarte la question de la présidentialisation du Parti Socialiste, les motions Aubry, Royal et… Fabius sont étrangement similaires.

Source : Ségolène moi toute seule Je

Juin 262008
 

« Ségolène m’a fâcher ! »

Ségolène RoyalSégolène Royal publiera début juillet un livre de dialogue dont le titre est  » Si la Gauche veut des idées « . Cet ouvrage de dialogue avec le sociologue Alain Touraine, à qui revient le titre de l’ouvrage, sera « publié le 8 juillet », a indiqué Mme Royal lors d’une rencontre avec la presse écrite régionale. En attendant (pour ceux qui attendraient), Le Monde en publie dès aujourd’hui les bonnes feuilles.

On y lira notamment ceci, à propos de ce qu’elle appelle « la France métissée » : « Je propose, pour renforcer le sentiment d’appartenance à la nation, de créer une cérémonie républicaine pour tous les jeunes, quelle que soit leur origine, pour le passage à la majorité à 18 ans, l’âge du droit de vote.« 

Bah voyons ! Et puis lors de cette cérémonie, une partie de la matinée serait consacrée à lire la lettre de Guy Moquet ; à midi les jeunes se mettraient en rang pour chanter la Marseillaise ; dans l’après-midi, chacun d’entre eux ferait un compte-rendu à propos de la mémoire de cet enfant juif qu’on leur a attribué en primaire ; et le soir chacun repartirait avec un drapeau français tatoué sur la fesse gauche.

Sûr que la Gauche veut des idées – elle n’en est pas totalement dépourvue d’ailleurs – mais peut-être pas de vôtres, Madame Royal. Pas de ces idées « coup de com’  » qui ne règleront jamais le moindre des problèmes que connaissent les français dans leur vie quotidienne… et qui déjà, vous vous en souvenez peut-être, vous nous ont fait perdre une élection présidentielle ; et ce pour le plus grand profit d’un Sarkozy qui est et restera toujours bien plus fort que vous dans le domaine des idées à la con !

J’ai l’air fâché ? Mais non… Je suis tout simplement dans une colère noire. C’est que, voyez-vous, tout ce vide, à la fin, ça me gonfle !

C’est que, surtout, et si on prend la peine de réfléchir deux minutes – avant par exemple de faire une confiance aveugle à ses intuitions -, en France, lorsque l’on atteint sa majorité, on obtient une carte d’électeur, signe d’appartenance à la communauté nationale… pourvu qu’on soit français. Pourvu qu’on soit français ?!

Mais oui, bon sang, il ne suffisait que d’y penser : pour marquer la citoyenneté, l’appartenance à la cité, à la communauté nationale, on pourrait commencer par accorder le droit de vote à tous ceux dont on réclame un comportement citoyen, accorder le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales. Ça aurait été un poil plus ambitieux, non ? Un poil moins symbolique, aussi. Et d’ailleurs, si l’on veut la faire cérémonie citoyenne, rite de passage à l’âge adulte de la citoyenneté, il ne devrait y avoir rien de plus enthousiasmant que d’aller pour la première fois exercer son droit de vote, son devoir civique, comme on dit…

Parce que voilà, tout de même, organiser une cérémonie républicaine pour tous les jeunes français… ce serait de facto en exclure leurs potes qui ne le seraient pas, français, et avec lesquels pourtant ils ont grandi – voire avec lesquels a grandi en eux le sentiment commun d’être refoulés, abandonnés en marge de la communauté nationale, justement…

Alors, dites-nous, Madame Royal, puisque le sujet de l’appartenance nationale vous tient tant à coeur, ce projet d’une France métissée réconciliée, ne pensez-vous pas qu’il passe d’abord par un droit de vote élargi, un droit de vote qui n’exclurait pas, qui ne créerait pas des citoyens de seconde zone ? Ne pensez-vous pas que l’exercice du droit de vote serait en réalité la plus belle des cérémonie républicaine pour la jeunesse de France – qui n’est pas tout à fait exclusivement une jeunesse française -, ne pensez-vous pas ?

Source : Ségolène m’a fâcher !

Juin 252008
 

Démocratie participative façon Corse

Astérix en CorseSur le site à la gloire de Ségolène Royal, notre chef Désirs d’Avenir, Ségolène Royal « invite à une grande réunion de présentation de la contribution que nous soumettrons très prochainement aux militants du Parti socialiste. […] Notre contribution, notamment alimentée par les 2 500 textes que vous avez envoyés sur le site « Congrès utile et serein »…« .

Or, dès l’annonce de l’initiative « participative » pour un congrès « utile et serein », j’écrivais que ce qui ne l’est pas [posé] et qui aurait dû l’être est : à quoi ça va servir ? – et on se doute en réalité que la vraie question est « à qui ? ». Car est-il possible d’envisager qu’à l’issue de la méthode participative proposée à tous les militants par Madame Royal, il se dégage en réponse des positions largement contraire aux positions de Ségolène ? Et qu’adviendrait-il alors de la rédaction de la motion Royale ? On peut même élargir : puisque le machin s’adresse à l’ensemble des militants, comment est assurée la transparence du bidule ? Qui gère la modération ? Quels en sont les critères ? Le dépouillement des réponses sera-t-il également participatif ? Qui décidera de ce qui est à retenir et ce qui est à rejeter ? Bref, le bidule, en réalité, il appartient à qui ? Ou encore, et en corolaire : le machin participatif n’inclut-il pas nécessairement la transparence et la mutualisation de l’accès au bidule ?

Force est de constater qu’aucune réponse n’a été par la suite apportée afin de garantir la transparence du processus, condition impérative de la démocratie. Aussi bien j’écrivais à la suite du précédent extrait que en l’absence d’une telle transparence – et donc de la réponse à ces questions de fonctionnement qui sont tout sauf accessoires -un militant qui ne se sentirait pas franchement politiquement proche de Ségolène Royal ne peut véritablement espérer que ses réponses éventuelles soient prise en compte, puisque ce qui va en ressortir est annoncé « motion Ségo ». Ce qu’il sait en revanche, c’est qu’en participant il sera compté dans ces « X milliers de participants au débat interne suscité par Ségolène Royal » qui seront inévitablement annoncés à l’issu de l’opération pour preuve de l’engouement des militants et sympathisants vis à vis de ladite démarche participative. Et voilà donc notre ami pas si bisounours piégé entre dire, être compté mais sans pouvoir espérer qu’on tienne compte de ses réponses et ne pas répondre et laisser dire la vérité des vrais bisounours.

Cela reste cruellement vrai et la seule nouveauté est que ce que j’avais annoncé comme inévitable s’est bel et bien produit… et qu’à présent l’on sait donc que X=2,5 – ce qui en sus n’est pas beaucoup, sans doute que nombre de militants ont finalement préféré n’être pas compté dans les « participants » que de participer avec le risque de ne compter pour rien dans le texte final.

Car tout de même, quant on lit les « synthèses » des contributions – voir par exemple la synthèse de la question 2 -, le doute n’est plus permis : tout cela, le « participatif », n’était qu’un habillage, une vaste opération de communication et d’enfumage… et la contribution de Ségolène Royal sera la contribution de Ségolène Royal et de ses conseillers politiques soumises à l’appréciation des militants – ce qui en soit ne me pose aucun problème, pour peu que cela soit assumé plutôt qu’enfumé.

Bref, la démocratie participative à la sauce Royal, ça fait furieusement penser à Astérix en Corse :

démocratie participative Corse

Source : Pour Ségolène Royal, l’essentiel est de participer

Juin 232008
 

Sarkozy et les eaux profondes de l’impopularité

sarkozy impopularitéDepuis quelques semaines, les différents médias qui commandent des sondages de popularité aux instituts font des efforts surhumains pour tenter de déceler du mieux dans la cote de popularité du petit père des people. Peine perdue, car la vérité des chiffres est implacable : Nicolas Sarkozy stagne lourdement dans les profondeurs de l’impopularité et du mécontentement des français.

Très concrètement, voici ce que donnent les chiffres pour les quatre derniers mois (moyennes mensuelles des neuf sondages de popularité le concernant) :

Côté « j’aime Sarkozy »

Côté « j’aime pas Sarkozy »

mars :

37,6%

59,0%

avril :

37,2%

59,2%

mai :

36,6%

59,1%

juin :

37,5%

58,9%

Autrement dit, le petit président navigue autour de la marge d’erreur mais toujours dans les profondeurs abyssales d’une impopularité record. Ce qui s’illustre avec une grande évidence dans le graphique ci-dessous qui retrace l’évolution de la popularité moyenne du petit père des people sur les neuf études mensuelles réalisées par six instituts de sondages différents (voir liste et détails en fin de billet).

graphique évolution popularité Sarkozy
cliquer sur le graphique pour l’afficher en grand

Faisons simple : en un an, de juillet 2007 à juin 2008, le petit père des people est passé, en moyenne, de 66% d’opinions positives à 38%, et de 30% d’opinions négatives à 59%…

Dit autrement, en une année de présidence bling bling, le petit président a perdu 28 points d’opinions positives et gagné 29 point d’opinions négatives…

Dit encore autrement, quant au lendemain de son élection, Nicolas Sarkozy possédait un solde positif de 36 points entre opinions positives et opinions négatives, son solde est désormais négatif à -21 points, soit une perte totale de 57 points !

Par souci d’être tout à fait complet, mentionnons toutefois les résultats des deux derniers sondages publiés :

  • IFOP pour JDD : 37% de satisfaits contre 62% de mécontents ;

  • Viavoice pour Libération : 38% de satisfaits contre 59% de mécontents.

Bref, dégringolade à suivre, série toujours en cours…

Mais comment est composé cette moyenne ?

SOFRES pour le Figaro : Faites-vous confiance tout à fait ou plutôt, plutôt pas ou pas du tout, à Nicolas SARKOZY pour résoudre les problèmes qui se posent en France actuellement ?

IFOP pour Paris-Match : Approuvez-vous, tout à fait, plutôt, plutôt pas ou pas du tout, l’action de Nicolas Sarkozy comme président de la République ?

IFOP pour le JDD : Etes-vous satisfait (très ou plutôt) ou mécontent (plutôt ou très) de Nicolas Sarkozy comme président de la République ?

LH2 pour (Libération) NouvelObs : Concernant Nicolas Sarkozy en tant que président de la République, dites-moi si vous en avez une opinion trés positive, assez positive, assez négative ou très négative.

Viavoice pour Libération : Concernant Nicolas Sarkozy en tant que président de la République, dites-moi si vous en avez une opinion trés positive, assez positive, assez négative ou très négative.

CSA pour iTélé et Le Parisien : Faites-vous confiance ou pas confiance au président de la République, Nicolas SARKOZY, pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays ?

BVA pour Orange : Quelle opinion, très ou plutôt bonne, plutôt ou très mauvaise, avez-vous de Nicolas Sarkozy en tant que Président de la République ?

CSA pour Valeurs Actuelles : Estimez vous que l’action du Président de la République, Nicolas Sarkozy, va plutôt dans le bon sens ou plutôt dans le mauvais sens ?

IPSOS pour Le Point : Portez-vous sur l’action du Président de la République, Nicolas Sarkozy, un jugement plutôt favorable ou plutôt défavorable ?

Source : Sarkozy et les eaux profondes de l’impopularité

Juin 172008
 

Comédie tragi-comique inachevée en trois actes

François Mitterrand et Jean-Michel Aphatie : théâtre

Acte 1- Querelle avec arrière goût de chiottes

  • Scène 1 Le blogueur François Mitterrand 2007 (FM2007) évoque sur son blog d’outre-tombe une histoire dont quinze ans plus tôt l’acteur principal aurait été Laurent Fabius, avec Jean-Michel Aphatie dans le rôle du témoin privilégié, et qui aurait eu pour cadre les toilettes du Conseil Régional de Haute-Normandie ;
  • Scène 2 Jean-Michel Aphatie (JMA000) déclare sur son propre blog non moins obscur qu’il ne se souvient de rien ;
  • Scène 3 – Le choeur des blogueurs plus ou moins influents s’empare de l’affaire et enquête ;
  • Scène 4 – FM2007 et JMA000 se livrent, par blog interposé, au petit jeu du c’est toi qui l’a dit c’est toi qui y est, jusqu’à écoeurement du choeur ;
  • Scène 5 – L’Esprit retourne au silence des limbes et JMA joue vainement à en avoir (de l’esprit).

Acte 2 – Querelle autour d’une poubelle

  • Scène 1 FM2007 annonce son prochain retour parmi les vivants ;
  • Scène 2 Le coryphée (FM2008) ouvre un blog apocryphe et se plaint des atermoiements de l’original ;
  • Scène 3 FM2007 publie le livre François Mitterrand 2008 – Il revient ;
  • Scène 4 FM2007 et JMA000 se livrent, par blog interposé, au petit jeu du c’est toi qui l’a dit c’est toi qui y est, avec la participation active de Guy Birenbaum et Paul Amar aux côtés de l’Esprit ;
  • Scène 5 JMA000 se sent seul. Devant les caméras de sa télévision (le Grand Journal de Canal +), ulcéré par l’anonymat de l’auteur, il propulse le livre de FM2007 dans une poubelle et démontre par ce geste imbécile qu’il n’en a toujours pas (de l’esprit) ;
  • Scène 6 FM2007 souhaite obtenir réparation de qu’il estime être un affront à l’intelligence (il n’a pas tort) et déclare être disposé à troquer son anonymat contre un face à face avec JMA devant les mêmes caméras de télévision et accompagnés des comparses Guy Birenbaum et Paul Amar ;

Acte 3 – Le dénouement

  • Scène 1 Le coryphée parait à son tour écoeuré (lui aussi voudrait bien exister un peu, sans doute) – et quant au choeur, il s’en fout.
  • Scène 2 et suivantes – (restent encore à écrire…)

Bonus Track

L’intégrale de la scène première de l’acte trois et final est disponible sur le blog apocryphe. Elle se termine par ses mots :


En vérité, je vous le dis, Jean-Michel Aphatie n’a d’importance que pour lui-même. Il a placé un livre dans une poubelle, la belle affaire ! Il lui faut bien se donner le sentiment d’exister, de n’avoir rien perdu de ses vingt ans rebelles. Les livres, d’autres qui sont en charge de la destinée d’un pays les détestent parce qu’ils en ont peur et les méprisent parce qu’ils y devinent une puissance qui les dépassent et à laquelle ils n’ont pas accès. Ceux-là ne se contentent pas de destructions symboliques, ceux-là sont réellement dangereux. Et ceux-là ont placé à leur tête le pire d’entre eux.

S’en prendre à Jean-Michel Aphatie revient à chasser la mouche quand c’est le coche qu’il faut abattre.

… Bouffonnerie, farce ou comédie de boulevard ?

On parle de : François Mitterrand et Jean-Michel Aphatie – le grand théâtre médiatique


Juin 162008
 

Quand Sarkozy passe, la France trépasse

sarkozy chat noirOn ne compte plus les déboires de la France depuis l’élection de son petit président. Cela se confirme jour après jour, semaine après semaine, mois après mois : Nicolas Sarkozy est un chat noir.

Dernier épisode en date :

La branléedéculottéefesséeraclée… le 4 à 1 administré par l’équipe des Pays-Bas à l’équipe de France de football lors de l’euro 2008 ;

est-ce une consolation ? Berlusconi étant revenu au pouvoir chez nos amis transalpins, l’équipe d’Italie en a subi autant ;

ce qui laisse tous les espoirs pour le match France-Italie : chat noir contre chat noir, on peut sans crainte parier sur un match nul et une qualification de la Roumanie…

Rappel des épisodes précédents :

  • Le temps pourri – printemps et été 2007 ;

  • La crise boursière ;

  • Le bilan catastrophique des français aux Championnats du Monde d’athlétisme ;

  • La croissance en berne ;

  • La débâcle de nos joueurs et joueuses de tennis à l’US Open ;

  • La baguette de pain qui augmente de 5% ;

  • La défaite historique de l’équipe de France contre l’Argentine en ouverture de la Coupe du Monde de rugby ;

    notons pourtant que l’entraîneur – et futur secrétaire d’état aux sports du petit président – avait pris soin de lire aux joueurs français la lettre de Guy Mocquet

    mais peut-être aurait-il fallu en sus qu’ils terminent leur préparation physique en faisant « retraite » sur un yacht afin pour chacun de « se retrouver face à lui-même », « prendre la mesure de la gravité des charges » et « habiter la fonction »…
  • La défaite de l’équipe de France de football au Parc des Princes devant l’Ecosse ;

  • L’élimination de l’équipe de France de basket devant la Russie, en quart de finale des championnats d’Europe… et la perspective des Jeux Olympiques qui s’éloigne très sérieusement ;

  • La défaite éliminatoire de l’équipe de France de rugby contre l’équipe d’Angleterre, son ennemi intime dans le monde de l’ovalie – défaite ô combien humiliante… suivie d’une nouvelle déculottée (10-34, pour 1 essai marqué contre 5 concédés) administrée par l’équipe d’Argentine, qui éjecte sans gloire la France du podium d’une coupe du monde qu’elle organisait ;

  • L’inflation au plus haut – c’est-à-dire le pouvoir d’achat au plus bas ;

  • (Laure Manaudou qui, nue, nage comme une pierre – j’ai pas les photos)

  • La déroute de l’Olympique Lyonnais en ligue des champions ;

  • Le temps pourri – printemps 2008 – été à suivre… ;

    mais refusons énergiquement de nous abaisser à faire le lien avec la sortie du disque de Carla Bruni…
  • Le litre d’essence à bientôt 2 euros ;

  • Le PSG… Non, rien à signaler de ce côté ;

  • La branléedéculottéefesséeraclée… le 4 à 1 administré par l’équipe des Pays-Bas à l’équipe de France de football lors de l’euro 2008 ;

    est-ce une consolation ? Berlusconi étant revenu au pouvoir chez nos amis transalpins, l’équipe d’Italie en a subi autant ;

    ce qui laisse tous les espoirs pour le match France-Italie : chat noir contre chat noir, on peut sans crainte parier sur un match nul et une qualification de la Roumanie…
  • … et Rachida Dati est toujours ministre.

(série en cours…)

En réalité, à peu près tout ce qu’il touche se transforme en catastrophe et on comprend mieux soudain la réticence de certains français à se laisser aller à une proximité tactile avec leur président.

On parle de : Un chat noir en France

Juin 132008
 

sarkozy vacances milliardaires

« On n’a pas tous un ami qui nous prête un yacht« . Le slogan prévoyait de s’afficher dans les gares et dans le métro parisien, mais il a été censuré reporté…

« Il s’agit simplement d’un report » explique le PDG de Métrobus, Gérard Unger. Officiellement, ce type d’affiche serait « malvenu ». C’est, d’après 20 Minutes, ce qu’a
expliqué la SNCF à l’agence de pub La Chose à l’origine de la campagne Lastminute.com.

Le PDG de Métrobus ne veut pas parler d’autocensure. « Un service public ne peut pas mettre en cause une personnalité existante, surtout qu’il s’agit d’une personnalité politique. (…) On est obligé de respecter la vie privée des gens. Nous sommes soumis à des règles plus strictes qu’une entreprise privée.« . Il y a une « jurisprudence » souligne-t-il encore : « Il y a huit ans, on avait refusé une affiche de l’Express titrant « Tibéri doit partir » parce que c’était trop politique » rapelle Gérard Unger.

On se souvient surtout des précédants récents concernant le président. En février dernier, Métrobus avait déjà refusé une affiche de Courrier International titrant « Vu de Madrid : Sarkozy ce grand malade« . La cause avancée : une remise en cause de la personne du président. En septembre 2006, Télérama voulait utiliser le message ironique d’un lecteur indiquant que « Nicolas Sarkozy [a invité] trois fois Michel Drucker dans son émission« . Là encore, ce fut niet.

Chez les publicitaires, on justifie cette impertinence par « l’omniprésence médiatique » du président. « Nicolas Sarkozy (…) imprègne notre conscient et notre inconscient collectif. Il n’y a rien de surprenant à ce qu’il nous inspire« , explique à 20 Minutes Alain Roussel de l’agence La Chose.

Pour preuve de la bonne volonté de sa société, Gérard Unger rappelle néanmoins les deux autres propositions de l’agence qui ont été retenues :
« Offrez-vous des vacance bling-bling » et « Ceux qui se lèvent tôt seront les premiers à la plage. »

sarkozy vacances milliardaires
© PLACIDE – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Source : Censurée dans le métro / Affichée chez dedalus

Juin 112008
 

Quand Royal désire Ségolène (et réciproquement)

cliquer pour afficher en grand
Royal jusqu'à l'overdoseLe nouveau site de Désirs d’Avenir, l’association de Ségolène Royal, vient d’ouvrir… et ça pour sûr, ces gens-là n’ont pas de problème avec le culte du chef !

Rien que sur la page d’accueil, je compte pas moins de dix fois le nom de Ségolène Royal, neuf photos de la dame et quinze videos rendant hommage à ses interventions ici ou là. Ségolène Royal est ainsi plus de trente fois présente sur la page d’accueil du site de Ségolène Royal, ça donne légèrement le ton.

Par comparaison, le mot socialiste apparait… une fois, plus le poing et la rose tout là haut dans le bleu des nuages – qui soit-dit en passant fait très UMP, en tout cas considérablement plus que le rose, qui est totalement et dramatiquement absent de la page. Comment mieux dire que dans les désirs d’avenir de Ségolène Royal il y a assez peu de désir de socialisme et beaucoup de désir d’elle-même ?…

Source : Désirs d’Avenir : un nouveau site

Juin 102008
 

A propos de création de richesses, d’impôts et de redistribution…

 

questionsSi les mots ont leur importance, parce qu’il s’agit de leur donner un sens, la confrontation des mots ne saurait tenir lieu de confrontation des idées. Socialisme, social-libéralisme, social-démocratie ou social-écologie, il s’agit d’abord de se distinguer sur le fond d’une orientation politique. La gauche se préoccupe de justice sociale, c’est-à-dire du cycle création / redistribution des richesses. Soit. A la veille d’un très important congrès du Parti Socialiste, pour l’heure assez mal engagé, il serait alors intéressant, sinon indispensable, de connaître la position de chacun sur certaines questions très concrètes – pour s’occuper seulement ensuite de l’habillage sémantique.

Voici donc les questions que je pose à qui voudra bien y répondre, à chacun d’entre vous et plus spécifiquement à Benoit Hamon et Vincent Peillon, à Ségolène Royal et Bertrand Delanoë, à Martine Aubry et Manuel Valls, à Julien Dray et Pierre Moscovici, à François Hollande et Laurent Fabius, chacun d’entre ces dix là étant potentiellement le prochain premier secrétaire du Parti Socialiste et/ou le futur candidat des socialistes à l’élection présidentielle – et je le sais bien qu’il n’y a que deux femmes, et même aucune parmi la jeune garde, mais ce n’est pas à moi qu’il faut s’en prendre…

1- Impôt sur le Revenu : Faut-il revoir la redistributivité de l’impôt sur le revenu et dans quel sens ?

2- Allocations Familiales : Faut-il continuer d’exonérer les allocations familiales de l’impôt sur le revenu ? Doivent-elles à l’avenir être accordées et nivelées sous conditions de ressources ?

3- Stock-options : Considérant que les stock-options sont une composante du revenu de ceux qui en bénéficient, doivent-elles continuer à être exonérées de cotisations sociales sur la plus-value d’acquisition ? (pour plus d’explications, lire ici)

4- Droits de succession : Un héritage étant un revenu pour son bénéficiaire, faut-il rétablir l’impôt sur les successions ? Faut-il prévoir un plafond d’exonération et à quel niveau ?

5- TVA : La TVA étant l’impôt le moins redistributif, faut-il aller vers une réduction des taux de la TVA ?

6- Charges Sociales : Faut-il changer l’assiette des charges sociales depuis la masse salariale vers la valeur ajoutée – en prenant soin de revenir sur l’ensemble des exonérations ?

7- ISF : Faut-il revoir l’Impôt sur la Fortune et dans quel sens ?

8- Taxe sur les transactions financières : Êtes vous favorable à ce que la France plaide pour l’instauration en Europe d’une taxe type Tobbin sur les transactions financières spéculatives ?

9- Le temps de travail : Pensez-vous que la réduction du temps de travail est un processus historique qui va dans le sens du progrès social ?

10- La croissance du PIB : Compte-tenu de la raréfaction de la ressource, pensez-vous que les socialistes doivent continuer de considérer la croissance du PIB comme un objectif économique source de progrès social ?

Les dix auxquels je m’adresse plus spécifiquement ne répondront peut-pêtre pas, et sans doute pas ici, mais vous ? Il serait très intéressant de savoir enfin ce qui nous sépare sur le fond de ces questions… de sortir une bonne fois de ce positionnement pro-untel ou pro-unetelle que quant à moi je présume largement artificiel, pour ne pas dire instinctif.

Ne soyez donc pas timides

Source : 10 questions pour 10 champions socialistes