Juin 052007
 

Gesticulations médiatiques, cadeaux aux plus riches, inefficacité économique et creusement de la dette

Sarkozy au boulotPassons sur les gesticulations médiatiques, ce n’est pas une surprise, ça fait cinq ans que ça dure. Il est partout où on peut le voir, soit parce qu’il y a des people (au Fouquet’s, par exemple), soit parce qu’il y a des caméras, souvent parce qu’il y a les deux. Il brasse de l’air, c’est sa manière de soigner sa popularité, on le sait. Nous verrons combien de temps cela résistera aux faits. Il en a a posé quelques-uns déjà qui permettent de mesurer l’ampleur de ce qui attend les français :

La déduction fiscale des intérêts sur les emprunts immobiliers : Voilà très clairement un cadeau fait aux propriétaires dont on peut pour le moins affirmer qu’ils sont en général et par essence plus riches que les locataires. On peut d’ailleurs se demander pourquoi un cadeau fiscal équivalent n’est pas offert à ses derniers, dans un simple souçi d’équité. Du point de vue du portefeuille, payer un loyer revient à rembourser des intérêts sans même avoir acquis un capital : il serait donc juste de permettre la déduction fiscale de l’ensemble des loyers versés pour son habitation principale.

On nous répondra qu’il s’agit de faciliter l’accession à la propriété. Pourquoi dans ce cas faire ce cadeau à ceux qui sont déjà propriétaires, qui ont acquis leur logement l’année dernière par exemple, ou il y a déjà cinq ans ? J’en suis, j’ai fait le calcul : par cette mesure, c’est 2000 euros que je vais pouvoir défiscaliser pour l’année 2007. Mais pis, cette mesure est connue, elle s’appliquait déjà avant 1997 et elle n’a aucun impact sur l’accession à la propriété, l’avantage fiscal étant aussitôt absorbé par une augmentation équivalente du coût de l’immobilier.

Voici donc une mesure à la fois injuste et inefficace, qui favorise les foyers les plus aisés et qui coûtera 5 milliards d’euros par an.

La défiscalisation et l’éxonération des charges sur les heures supplémentaires : Passons sur le caractère anticonstitutionnel de la mesure, qui ne pourra franchir le barrage du conseil constitutionnel que si ce dernier retient le motif d’intérêt général. Reste là encore que seront privilégiés par cette mesure ceux qui ont déjà un travail sur ceux qui n’en ont pas, et encore seulement auxquels le patron sera en mesure d’accorder ces heures supplémentaires… et de les payer. Par ailleurs, on sait déjà qu’il est plus que certain que l’effet d’aubaine jouera à plein pour les entreprises, lesquelles par exemple pourront préférer embaucher un salarié sur la base d’un temps partiel de 30 heures assorties de 5 heures supplémentaires défiscalisées, plutôt que sur un temps plein de 35 heures, avec pour effet une précarisation accrue du salarié auquel on pourra en tant que besoin supprimer ces heures supplémentaires. Ou encore, pour les cadres, on préfèrera substituer le paiement d’heures supplémentaires à des augmentations de salaires de manière à s’exonérer des charges correspondantes – ce qui ne pourra que contribuer à creuser un peu plus les déficits des comptes sociaux. Quant aux chômeurs, l’offre de travail n’en sera encore que moindre…

Une autre mesure injuste, économiquement inefficace, cadeau supplémentaire fait aux entreprises et qui elle aussi coûtera 5 milliards d’euros par an.

La suppression de 95% des droits de succession : Et voilà une supercherie supplémentaire qui masque en réalité une mesure profondément injuste. En effet, l’abattement principal, aujourd’hui fixé à 76.000 euros, est cumulable avec celui dédié aux enfants, à concurrence de 50.000 euros par enfant. Dans un pays où la succession moyenne est de 100.000 euros, ce dispositif exclut d’ores et déjà près de 90% des transmissions entre époux et 80% en ligne directe de toute imposition. La mesure s’adresse exclusivement et exonèrera donc la quasi-totalité des 15% des Français les plus fortunés du paiement de cet impôt.Sachant que 10 % des ménages détiennent déjà 50% du patrimoine, une telle mesure conduira à l’explosion des inégalités. Et ce encore pour un gain économique évidemment tout à fait nul.

Et voici donc une troisième mesure sous forme de cadeau aux plus riches, profondément injuste et économiquement inefficace… qui coûtera 5 milliards d’euros par an.

Au total, et au-delà donc des gesticulations médiatiques et des belles paroles, ce premier mois de présidence sarkoziste se solde par trois mesures injustes, favorisant les plus riches, et inefficaces du point de vue de l’économie du pays ; et ce pour un coût total sur la mandature du petit président de 75 milliards d’euros ! Bah c’est la dette qui va être contente…

A titre de comparaison, il est important de noter également ces quelques chiffres :

– budget annuel de l’enseignement supérieur : 10 milliards d’euros

– budget annuel de la justice : 6 milliards d’euros

– coût moyen de construction de 10 000 logements sociaux : 1 milliard d’euros

On comprend bien où vont les priorités du petit père des people. Sûr que beaucoup de propriétaires immobiliers, de cadres et de détentaires de gros patrimoines confirmeront leur choix lors des prochaines élections législatives. Pour les autres, il est encore temps de s’apercevoir de la supercherie s’ils ont voté Sarkozy le 6 mai, ou de confirmer leur choix pour les autres. Rappelons utilement que sur 45 millions d’électeurs, 26 millions n’ont pas voté pour Nicolas Sarkozy. Tout dépend seulement de la mobilisation de chacun : car au-delà de tout sondage et de tout pronostic, c’est chacun de nous, un par un, un vote après un autre, qui fera le résultat des élections législatives.

Sarkozy au boulot

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