Avr 142009
 

qui s'opposera à Nicolas SarkozyLorsque l’institut de sondages Opinionway, pour le compte du Figaro et de LCI, demande à un échantillon de 1002 français, interrogé en ligne, « Au cours du mois dernier, laquelle des 13 personnalités suivantes fut le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy ? », 45% d’entre eux répondent « Aucune de ces personnalités ».

Il est amusant de constater que dans l’interprétation de ce sondage, les intérêts bien compris du Figaro et des ségolénistes semblent se rejoindre, qui simultanément choisissent de mettre l’accent sur le fait que Ségolène Royal apparaîtrait comme le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy. C’est que de ce même échantillon et sur cette même question, Opinioway obtient que 14% désignent Ségolène Royal, 13% Olivier Besancenot et 9% Martine Aubry.

Avant de revenir vers nos 45%, seul résultat éventuellement significatif, faisons quelques remarques sur ce sondage :

Soulignons d’abord qu’il s’agit là d’Opinionway, nouveau venu parmi les instituts de sondages – depuis les dernières présidentielles – et dont on sait combien il est politiquement sujet à caution – lire ici et – et mes camarades ségolénistes le savent pourtant bien. Bref, inutile de revenir sur le fait que, contrairement à tout institut à peu près sérieux, Opinionway réalise ses enquêtes via Internet, ni même d’insister qu’il travaille quasi exclusivement avec le Figaro et LCI.

Remarquons ensuite comment la question est posée, c’est-à-dire à quel temps : « Au cours du mois dernier, laquelle des 13 personnalités suivantes fut le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy ? » Non seulement, il s’agit du passé et d’un passé proche – en l’occurrence le mois dernier – mais c’est un passé simple – « fut » – plutôt qu’un passé composé – « a été ». Or non seulement le passé simple a une dimension narrative que n’a pas le passé composé – on l’utilise pour raconter une histoire -, mais il exprime un fait qui a eu lieu dans un temps défini, sans aucune considération des conséquences qu’il peut avoir dans le présent, quand à l’inverse le passé composé est utilisé pour exprimer un fait qui a eu lieu dans une période de temps généralement récente et dont on considère les conséquences dans le présent. Ce n’est en rien innocent et ça limite considérablement la portée de la question… et le moins qu’on puisse faire est de s’interdire de conclure au fait que telle ou tel est le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy, mais qu’il ou elle le fut.

Mais c’est pis que cela. Dans sa note de présentation, Opinionway – puisque malheureusement la loi l’exige – prend soin de rappeler que « les résultats de ce sondage doivent être lus en tenant compte des marges d’incertitude : 2 à 3 points au plus pour un échantillon de 1000 répondants. » Un rappel qui néanmoins ne dit pas toute la vérité. D’une part on ne sait pas combien parmi les 1006 personnes interrogées ont répondu, mais surtout la marge d’erreur devient d’autant plus importante qu’on se rapproche des petites valeurs. Ainsi, si nos 45% qui ne savent désigner un meilleur opposant à Sarkozy parmi les treize noms proposés sont effectivement affectés d’une incertitude de 2 ou 3 points (et en réalité probablement plus 3 que 2 !), cette incertitude est beaucoup plus importante dès lors qu’on se trouve autour des 10 ou 15% de réponses identiques – et autour de 5% (Villepin, Bayrou, Hamon et les autres), les chiffres ne sont même plus significatifs…

S’il fallait donc vraiment donner une conclusion « nomminative » à ce sondage, on ne pourrait dire mieux que seuls, Ségolène Royal, Olivier Besancenot et Martine Aubry apparaissent aux français comme avoir été des opposants à Nicolas Sarkozy au cours du mois de Mars 2009. Chacun étant cité comme le meilleur par environ un français sur dix. Ce qui est très peu.

Mais le réel enseignement de ce sondage – s’il était possible de lui accorder le moindre crédit – serait que dans une situation de profonde impopularité du président de la République auprès des français, ces derniers pour près de la moitié d’entre eux ne lui voient cependant aucun véritable opposant sur la scène politique nationale. Et là, vraiment, il n’y a du coup pas lieu de se réjouir.

Où l’on parle de : Sarkozy sans opposant


Hadopi… mais pas adoptée !