dedalus

Juin 122009
 

Et Dieu créa la femmeSuite à une discussion entre les Left-Blogs, lancée via la proposition de Eric Mainville d’un Parti Socialiste qui deviendrait un Parti de la Sociale Ecologie, je me suis aperçu que si de 15 à 20% des français sont éventuellement prêts à mettre un bulletin écolo dans l’urne, beaucoup ignorent en réalité de quoi il s’agit quand on parle d’écologie politique.

C’est que les écologistes en général, et les Verts en particulier, se complaisent à ne mettre en avant que leurs atouts les plus séduisants. Ce serait cette femme tellement jolie, tellement sexy, qu’elle se contenterait de dire « Regardez-moi, dévorez-moi des yeux et vous saurez ce qu’est une femme ». Nous savons par expérience qu’une femme est un peu plus que cela, que c’est à définir à la fois un peu plus subtil et un peu plus complexe … Nous le savons, n’est-ce pas ?… Et bien il en est de même pour l’écologie politique.

L’écologie politique n’est pas un mouvement associatif qui lutte pour la paix et contre la faim dans le monde. L’écologie politique, ce n’est pas davantage la protection des plantes vertes, des petites fleurs qui sentent bon et des animaux en voies de disparition, ni même la lutte acharnée contre toutes les pollutions environnementales. L’écologie politique est avant tout un projet… politique !

Faute d’avoir fait l’effort de comprendre de quoi parlent les écologistes, préférant en rester à leur caricature médiatique : une poignée d’illuminés qui adoptent des bébés phoques en fumant de l’herbe et annoncent des catastrophes en arborant des chemises à fleurs, le Parti Socialiste a été incapable de renouveler sa pensée politique pour l’adapter aux enjeux modernes.

J’ai quitté les Verts parce que les « environnementalistes » dont ceux-là, les défenseurs d’ours blancs en tongues sont la caricature, constituent tout de même un gros quart de ce parti, qui ne comprennent pas que l’écologie est l’essence même de la gauche, un autre gros quart étant composé d’anciens militants trotskistes, ou assimilés façon couteau entre les dents, qui ont trouvé chez les Verts un terrain de jeu à la mesure de leurs talents – qu’on a toujours tort de sous-estimés -, des « gauchistes » qui en réalité se contrefichent de l’écologie. Du coup, malgré la petite moitié restante, composée de militants sincères et qui savent de quoi il retourne quand ils parlent d’écologie, ce parti – où le bordel qui règne ferait passer le PS pour un village de schtroumpfs – m’est apparu incapable de grandir, d’irriguer la gauche, et d’assumer ce rôle d’avant-garde d’une gauche qui s’en trouverait enfin modernisée. Et le miracle Cohn-Bendit n’y changera rien, je peux vous le garantir.

Convaincu depuis longtemps que l’écologie politique est le prisme au travers duquel le socialisme pourra et devra se transcender, je suis aujourd’hui plus que jamais convaincu que c’est au Parti Socialiste que se fera ou ne se fera pas la mutation écologiste de la gauche, et si possible de toute la gauche.

Alors qu’est-ce que l’écologie politique ?

Pour bien comprendre de quoi on parle, il suffit de s’interroger sur ce qu' »environnement » signifie. La terre, la mer et l’air sont mon environnement. Les espèces animales également. Mais la société l’est tout autant, qui interagit avec moi. L’écologie politique c’est la conscience que toute décision politique doit s’intéresser à son impact sur son environnement, naturel ou social. Impact direct ou indirect. Impact de court, moyen ou long terme.

On comprend alors que l’écologie politique est ce qui s’oppose le plus frontalement au libéralisme, pour lequel toute décision est exclusivement tournée vers le profit immédiat et sa maximisation, au mépris des dégâts sur l’environnement, y compris donc sur le tissu social. Le credo libéral est qu’une main invisible s’occupera d’équilibrer les choses: il n’est qu’à observer l’état du monde pour comprendre que les choses ne s’équilibrent pas, que les pollutions augmentent, que les injustices sociales grandissent, que la terre s’essouffle et s’épuise, pendant que de plus en plus nombreux sont les hommes à ployer durement sous les coups qu’une main invisible assène avec constance…

Combien coûte à la société un chômeur ? Combien coûte à la société un enfant déscolarisé ? Combien coûte à la société un malade mal soigné ? Etc…

L’écologie politique, c’est alors, par exemple, une fiscalité pour les entreprises qui les contraigne à internaliser le coût de ce qui constituent pour elles des externalités, de ce qui ne constituent pas des coûts qu’elles ont à supporter mais que la société toute entière devra finalement payer, et au prix le plus fort. Dit autrement, c’est faire supporter à l’entreprise l’ensemble des dits coûts de telle manière qu’elle prenne des décisions pour elle-même qui soient optimales pour la société toute entière.

Ainsi, par exemple, le principe pollueur-payeur n’est pas – ou ne devrait pas être – un permis de polluer. Il est de faire en sorte que polluer devienne plus cher que de ne pas polluer. Il est de fournir une incitation sonnante et trébuchante à ne pas polluer – parce que l’entreprise aurait à supporter le coût de ses pollutions.

Ainsi, plutôt que de vouloir interdire administrativement les licenciements, la gauche devrait s’intéresser à faire qu’il devienne suffisamment cher de licencier que l’entreprise soit contrainte d’envisager si d’autres solutions ne lui seraient pas plus profitables, c’est-à-dire moins coûteuses – parce que l’entreprise aurait à supporter le coût social de ses licenciements.

Etc…

Se saisir de cette grille de lecture pour le Parti Socialiste serait, pour le coup, procéder à une véritable refondation idéologique… qui donnerait naissance à un projet moderne et ambitieux, profondément de gauche… et qui en effet justifierait un changement de nom comme un symbole positif de l’ampleur de la mutation. Parti de la Sociale Ecologie, ou Parti Ecolo-Socialiste, semblent convenir – même si, puisque vous avez tout bien suivi, il y aurait là une certaine redondance.

Mais puisqu’il s’agit de comprendre concrètement et de donner symboliquement à entendre qu’un autre socialisme est possible

Juin 102009
 

nouveau Parti SocialisteEn novembre dernier, alors que la bataille du congrès socialiste faisait rage, j’avais écrit cela sur ce blog :

« Une certitude que nous pouvons avoir est que si le prochain premier secrétaire du Parti Socialiste est Ségolène Royal ou Martine Aubry, la guerre des socialistes se poursuivra. Dans un cas comme dans l’autre, les perdants chercheront à obtenir leur revanche sur les gagnants en les faisant trébucher et ces derniers imputeront leurs difficultés et
éventuellement leurs échecs aux divisions dont les premiers seront tenus pour responsables. Dans un cas comme dans l’autre, il nous faut en être bien conscient, nous n’en aurons pas fini avec la division. Tout au plus, cette guerre qui était ouverte ces derniers mois se transformera en une guerre de positions, une guerre de tranchées et menée largement dans l’ombre, par les uns comme par les autres.

En finir avec une querelle interminable, née de la guerre de succession post-mitterrandienne, c’est tout l’intérêt du saut générationnel en faveur duquel je plaide depuis plusieurs semaines sur ce blog – et en réalité depuis le lendemain des élections présidentielles et législatives de 2007. J’avais estimé pour ma part que la plus grande chance de parvenir à ce changement de génération résidait en Vincent Peillon. Malheureusement, celui-ci n’a pas souhaité assumer toutes ses responsabilités, cédant à la volonté intransigeante d’une Ségolène Royal incapable de s’effacer – de même qu’après avoir été tentée, Martine Aubry n’a pas non plus consenti à s’effacer derrière Benoit Hamon. »

Je continue de penser que les défaites du PS de 2002, 2007 et 2009 s’expliquent toutes par l’effet conjugué des divisions et d’un positionnement politique trop timidement à gauche.

Je continue de penser qu’il aurait mieux valu que ce ne soit pas Martine qui obtienne les rennes du PS – pas plus que Ségolène. Le fait est aujourd’hui que c’est elle et que les français se fichent que ce soit elle ou une autre : ils veulent du boulot, de l’unité et de la gauche.

Tenez, je vais même vous dire : les français se contrefichent de la rénovation structurelle du Parti Socialiste et des états d’âme de ses militants : du boulot, de l’unité et de la gauche.

Bien sûr, pour faire du bon boulot il faut une meilleure organisation ; pour s’irriguer de gauche il faut s’ouvrir à la société civile ; pour être uni il faut embarquer tout le monde. Mais les français se moquent bien du comment, il veulent entendre parler de résultats. Il est donc inutile, et en réalité destructeur, que chacun y aille de son petit couplet sur la rénovation du PS, il faut se taire et faire.

C’est Martine Aubry qui est à la tête du PS ?
Alors il faut faire avec Martine Aubry et non contre elle. Que ça plaise ou non !

Car ce dont les socialistes ont besoin, c’est avant tout d’un projet alternatif, ambitieux, crédibles et mobilisateurs, ainsi que la capacité de le donner à entendre aux français. Alors, la seule question qui se pose réellement, la seule qui intéresse véritablement les français, est la suivante : Le Parti Socialiste va-t-il ou non revisiter de fond en comble son offre politique en ancrant son projet à gauche ou bien va-t-il une nouvelle fois se contenter d’un replâtrage de son modèle social-démocrate ?

A ce titre, l’intervention de Vincent Peillon, via un entretien accordé hier au journal Le Monde, est très éclairante quant à ce qui se joue autour de cette question centrale et qui coupe le Parti Socialiste en deux parties probablement pas si égale qu’on voudrait nous le laisser entendre. Le Parti Socialiste et Martine Aubry ont et auront à faire face à de très fortes résistances dans sa volonté de ré-ancrer solidement le projet socialiste dans la gauche, résistances de la part de tous ceux qui se refusent à prendre le risque de se couper de l’électorat centriste, tous ceux qui n’ont pas retenu la double leçon de 2002 (avec un Jospin dont le projet n’était pas socialiste) et de 2007 (avec Royal qui chassait en terre de droite) : ce n’est que par la gauche que la gauche reviendra au pouvoir, parce que c’est d’une immense attente à gauche que désespère l’électorat, là que ce créera un véritable espoir de changement et donc une dynamique électorale.

Ce matin, petits et grands, tous les commentateurs de la vie politique française s’en donnent à coeur joie pour crier à la tartufferie d’un Parti Socialiste qui serait mort, qui serait autiste, qui aurait choisi de ne pas changer une équipe qui perd… Mais pour qui roulent-ils ? Qu’ont-ils à vendre ? Ceux-là ont-ils un profond désir de gauche ?

Qui a relevé qu’hier soir, lors du Conseil National du Parti Socialiste, Martine Aubry a prononcé un discours, que je trouve pour ma part chargé de bonnes questions… et de réponses qui invitent à l’espoir ? Oui, combien d’entre ses tant pertinents commentateurs ont même pris la peine de le lire ? Ou se sont contenter de lire le titre, Six mois pour changer de cap, pour en tirer les conclusions qu’ils leur plaisaient de faire ?

Je vous invite à cette lecture, et me contente ici de n’en retenir que quelques extraits clés :

[…]Nous avons le devoir de regarder en face la signification des résultats du scrutin de dimanche. Nous devons le faire avec lucidité et sang froid. Rien ne servirait de minimiser l’ampleur de notre défaite en se référant à d’autres périodes plus douloureuses de notre histoire. Rien ne servirait d’en relativiser l’importance. […] Non, rien ne servirait de chercher ailleurs qu’en nous-mêmes. […] Oui, nous avons un devoir d’analyser les vraies raisons de l’échec – mais je crois que nous les connaissons, nous les devinions, nous les vivions – et de réagir immédiatement pour entraîner un sursaut collectif.

Crise de la construction européenne, tout d’abord. […] Crise de la sociale démocratie, ensuite. […] Crise de notre Parti, enfin.
[…]

Notre prochain rendez-vous, c’est celui des régionales. Je le dis simplement, si certains ont l’intention de se replier sur leur terrain, en espérant ainsi se démarquer de notre Parti, ils se trompent. Certes, tel ou tel pourra sauver son siège au regard de ce qu’il a apporté à la population, mais soyons en sûrs, à moyen terme, tout cela ne sera que vain, si notre Parti n’est pas à la hauteur des enjeux.

Aussi, c’est à une profonde refondation de notre parti que j’appelle, refondation des idées, refondation à gauche, mais aussi profonde refondation de nos pratiques, de nos démarches personnelles et collectives. Ce sont trois refondations qui doivent répondre aux trois crises que je viens de rappeler.

Oui, je vous le dis, chers camarades, nous ne sortirons pas de cette situation par quelques replâtrages, par je ne sais quel recentrage ou réorientation ou par quelques artifices de communication. La ligne politique a été définie par les militants lors de notre Congrès, elle doit être suivie.

[…]
Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, je vous le dis très solennellement, c’est d’un véritable sursaut de nature à refonder profondément notre Parti. C’est un état d’esprit. C’est une conviction profonde. Je vous ferai ce soir quelques propositions, nous en débattrons dans les jours qui viennent.

[…]

1- La refondation de nos idées

[…]
On n’élabore pas, on n’écrit plus un projet dans le huit-clos d’un parti, en circuit fermé. Bâtir un projet de société, c’est mettre en débat les questions qui se posent à nous. C’est le faire bien sûr avec notre cœur, avec la mémoire de nos luttes sociales, féministes, écologistes et avec la sincérité de nos valeurs de socialistes, à l’écoute de ce que nous disent les français. Pour notre parti, il y a urgence et obligation à entendre ce qui vient de toutes parts, non pas depuis hier, mais depuis trop longtemps. Les Français veulent être écoutés, et ils considèrent que les grands partis ne les écoutent plus. Les Français attendent du Parti socialiste un projet crédible, inscrit dans les valeurs de la gauche et adapté aux temps nouveaux. Ils sont lucides sur la panne que connait la France, mais ils ne nous font pas encore confiance pour conduire l’alternance.

[…]
C’est pourquoi nous écrirons ce projet de société en donnant à chaque étape la parole aux Français. Nous en débattrons, étape après étape, avec vous et avec eux et avec les intellectuels, les hommes et les femmes engagées dans la société qui nous ont rejoints notamment dans le Laboratoire des idées. J’en suis convaincue, c’est par un dialogue fécond entre les Français qui disent leurs difficultés et leurs attentes, les experts qui sont là pour les analyser et tracer chacun dans leur domaine les chemins du possible, et les politiques que nous réussirons.

Nous nous sommes déjà mis au travail en ce sens depuis plusieurs mois. Avec la création et la mise en route du Laboratoire des idées. Un premier travail a été fait également auprès des français pour mettre en exergue non pas leurs attentes à court terme, mais leurs aspirations les plus fondamentales à partir desquels nous devons je le crois déterminer les modes d’entrée, innovants, dans notre projet. Nous en débattrons le 7 juillet avec l’ensemble des membres du Bureau et du Secrétariat National.

Mais surtout, après ce cadre de juillet, je veux que nous engagions une démarche hors-les-murs de Solférino, innovante, enthousiaste et féconde. Nous irons, dans chaque fédération, avec les militants, et je le souhaite, ceux des autres partis de gauche, à la rencontre des Français. Nous devons nous démultiplier.

[…]
A chacune de ces étapes, notre projet s’enrichira des propositions des Français, s’approfondira par le dialogue avec des citoyens volontaires. Il se nourrira de l’expérience vécue et réussie des « innovateurs du quotidien », qui transforment notre société là où ils sont, dans des associations et des entreprises, des hôpitaux ou des écoles.

[…]
Ainsi, sur tout le territoire, nous nous déploierons, démultipliant cette démarche, irrigant le pays et le Parti.

[…]

2- La refondation de la gauche

[…]
Aujourd’hui, faces aux grandes questions auxquelles nous avons à répondre, il faut une nouvelle démarche de rassemblement à gauche. Rassemblement des Partis politiques de gauche, mais aussi rassemblement de ceux qui, portant des valeurs démocrates et d’humanisme, je le sais, aspirent à nous retrouver. Car je vous le dis, il n’y aura pas de victoire à gauche sans une gauche solidaire et unie.

[…]
L’écologie, sans la gauche, restera une belle idée sans réalité.

L’écologie et le social iront de pair dans une gauche unie ou ne seront pas.

La gauche sera unie ou ne sera pas, qui peut aujourd’hui en douter ?

C’est la raison pour laquelle, je veux dès demain – j’ai déjà pris des contacts hier et aujourd’hui -, engager des discussions avec tous ceux qui à gauche, sans exclusive, veulent porter un autre modèle de société pour la France, battre Sarkozy en 2012 et gouverner ensemble ensuite. Je vous en demande le mandat ce soir.

Et je le dis clairement, il ne s’agit pas de retomber à nouveau dans les accords d’appareils que nous concoctons habituellement à la veille des élections. Nous devons bâtir une Maison commune fondée sur :

– un projet commun ;

– et une stratégie de candidatures la plus efficace possible pour porter ces idées au pouvoir, partout où nous le pouvons.

Je le dis dès maintenant aux partis de gauche : nous voulons rentrer dans cette démarche sans préalable, sans a priori et sans volonté hégémonique. La réussite nécessite que chacun trouve sa place, que nous soyons capables d’être ouverts aux idées des autres et que nous fassions ce travail avec les Français.

C’est dans cette démarche d’ouverture aux Français de nos Partis pour préparer le projet, et de rassemblement à gauche, que doit être portée la réflexion sur les primaires pour le choix de notre candidat à à l’élection présidentielle de 2012. Ce sujet ne peut être traité à la légère comme un gadget pour masquer nos insuffisances. Il doit être réfléchi et pensé dans une démarche politique et collective.

[…]

3- La refondation de notre Parti

[…]
Ne nous racontons pas d’histoires. Nous donnons l’impression et c’est parfois une réalité, de ne plus être heureux de vivre et travailler ensemble. De nous situer en concurrence et non en complémentarité. L’unité, ce n’est pas penser tous pareil ; c’est avoir le courage de porter à l’interne les débats nécessaires puis de défendre collectivement nos positions.

[…]
Je souhaite ce soir et dans les jours qui viennent que le mode de gouvernance que nous allons mettre en place nous assure une solidarité totale et une réaction immédiate en cas de non respect de nos règles communes.

[…]
Je vous appelle ce soir à des changements profonds de nos comportements mais aussi de nos règles internes.

[…]
Maintenant que l’ensemble des sensibilités est représenté au Secrétariat National, le Bureau National doit redevenir l’instance du débat politique où nous forgeons notre réflexion et nos décisions communes. J’y veillerai absolument.

[…]
Face à l’ampleur de la tâche qui est devant nous, il nous faut à la fois serrer les coudes, amplifier le mouvement de refondation et être à la hauteur des attentes sur le projet. C’est la raison pour laquelle il nous faut changer notre mode de gouvernance. Un Parti est un lieu de débat. Ces débats doivent avoir lieu en son sein et les positions prises défendues par tous.

[…]
Dans le contexte actuel, il est hautement souhaitable que tous les talents politiques soient présents dans nos instances de gouvernance. J’ai rencontré beaucoup de camarades ces dernières heures. Je continuerai dans les jours qui viennent pour annoncer le plus tôt possible ce nouveau dispositif.

Mes camarades, il s’agit d’une nouvelle étape. Non pas d’un rassemblement factice ou d’une unité de façade. Il s’agit pour chacun de prendre la responsabilité de mettre sa force politique, son imagination, ses propositions au service de tous.

Nous devons enfin […] faire émerger la génération qui demain nous remplacera en veillant au respect des objectifs fondamentaux de diversité, de parité, d’égalité des chances pour faire un Parti qui ressemble à ceux qu’il veut représenter.

[…]

Avant de conclure, je vous propose d’inscrire notre feuille de route dans un calendrier que je vous soumets ce soir à grands traits :

– annonce de la nouvelle gouvernance dans les prochains jours,

– dans les jours qui viennent, engagement des discussions avec l’ensemble de la gauche,

– fin août, la Rochelle sera le premier élément du lancement de notre projet. Nous avons une université d’été conçue ouvert sur la société et les autres partis de gauche,

– dès le lendemain, lancement du tour de France du projet,

– avant la fin de l’année, les Assises, les Forums, Etats Généraux et les Conventions déjà envisagées sur la culture, l’éducation, la sécurité seront réunis et se tiendra la grande convention sur le nouveau modèle de développement social, économique et écologique.

Nous avons six mois pour changer de cap.

[…]

On pleurniche sur nos manquements, on se flagelle en se répétant combien nous sommes nuls, on assiste impuissant au triomphe d’une droite qui se marre des cadeaux qu’on lui fait… ou bien on relève un peu la tête et on se met au boulot, ensemble ?

Où l’on parle de : En finir avec les divisions


Peillon ne veut pas trop de gauche

Juin 092009
 

Vincent PeillonDans un entretien au Monde, publié dans l’édition datée de mercredi, Vincent Peillon, député européen et dirigeant de l’Espoir à gauche, le principal courant au sein du PS (29 % des voix au congrès de Reims), dit attendre de Martine Aubry « des signes forts qui marquent la volonté d’ouvrir ensemble une page nouvelle de l’histoire de la gauche« .

Bien !

Ce qu’il traduit sur la question de l’orientation politique par définir « une orientation politique qui corresponde aux attentes des Français et qui s’affirme nettement, en positif« .

Bien !

Il note à ce propos que « les listes socialistes ont perdu moins de voix au bénéfice du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon et du Parti communiste qu’au profit des listes écologistes« .

Aïe !!!

Ainsi donc le Parti Socialiste choisirait aux lendemains de son échec aux européennes d’ignorer l’appel à un ancrage plus profond dans la gauche. Comme il l’avait ignoré après 2002. Et encore après 2007.

Pourtant, Vincent Peillon ne peut ignorer qu’un sondage « sortie des urnes » indique que 37% des personnes interrogées considèrent que le Parti Socialiste n’est pas assez à gauche, chiffre qui monte à 52% parmi ses propres électeurs (détails ici). En novembre 2008, un autre sondage donnait les mêmes résultats. Et l’année d’avant. Et l’année d’avant…

Vincent Peillon ignore-t-il réellement la profondeur du mésamour entre le Parti Socialiste et les classes ouvrière et moyennes ?

69 % d’abstention chez chez les ouvriers et 66 % chez les employés, ces chiffres ne l’interpellent-ils pas ?

Et ignore-t-il également à ce point ce que l’écologie politique implique de rupture avec le libéralisme ?

Au fond du trou, on creuse encore…

Où l’on parle de : Peillon ne veut pas trop de gauche


Un mal pour un bien ?

Juin 082009
 

la fessée déculottéeAu commencement est une lecture des résultats assez simple : l’UMP est le premier parti de France, la droite pèse moins de 40% des voix, le Modem moins de 10% et l’hégémonie du PS sur la gauche a pris fin, au profit d’un rééquilibrage avec les Verts.

Si l’on veut affiner un peu, il est possible d’ajouter que la gauche radicale est à son niveau habituel d’une dizaine de % et que l’extrême droite pointe tout juste au-dessus des 5%.

Abstention de contestation… et piège à cons

On ne peut cependant s’affranchir, en premier lieu, de constater le niveau record de l’abstention (60%), ce qui devient une très mauvaise habitude lors des élections européennes – le score était assez similaire en 2004 et pas si éloigné en 1999…

Sur ce sujet, on a coutume d’épargner le bon peuple en pointant du doigt l’incapacité des hommes politiques à intéresser les citoyens à la chose politique. Je crois qu’on n’a pas raison. Certes, le personnel politique n’est pas toujours enthousiasmant, certes les médias ont pour fâcheuse tendance à considérer qu’il est plus vendeur d’insister sur la forme et les petites phrases assassines, plutôt que sur le fond. Mais les citoyens ne sont pas des enfants et ils sont pleinement responsables de leurs manquements . Ils sont nombreux à choisir la facilité, à se gargariser d’un « tous des incapables, tous des pourris, élections pièges à cons »… Ils ont tort – et au final ce sont eux d’ailleurs qui en paient les frais.

Il reste que cette abstention est en soi une contestation. C’est l’Europe qui est perçue comme trop peu démocratique – et le contournement du peuple français sur la question du Traité Constitutionnel a ici pesé lourd. C’est la manifestation d’un rejet du sarkozysme et d’une droite dure spécialisée dans la casse sociale, enfermée dans un dogme libéral agonisant. C’est le désespoir d’une gauche divisée, jusqu’au Parti Socialiste lui-même, incapable d’offrir une offre politique alternative. C’est la sanction d’un Modem sans autre projet que la contestation populiste de l’establishment et la stratégie personnelle de son président. Et c’est même la lassitude des électeurs d’un vote extrême trop évidemment stérile.

L’abstention est tout cela à la fois. Au résultat, de cette volonté de renvoyer tout ce monde dos à dos, de ce refus de choisir, il reste que les urnes ont choisi pour le peuple abstentionniste et ont donné la victoire… à Sarkozy. Le piège s’est refermé et nous voici collectivement les pauvres cons d’un petit président qui se marre et qui nous en remercie.

Mais aucun piège ne se referme définitivement, bien au contraire

Victoire de l’UMP et défaite cinglante de la droite

Mais le rire sarkozyste est jaune. Car si l’UMP obtient 28% des suffrages qui se sont malgré tout exprimés, plaçant cette formation très largement en tête de ce scrutin, c’est une victoire en trompe-l’oeil. Le parti du président a si bien siphonné la droite qu’il se retrouve parfaitement isolé, sans recours, un peu merdeux pour tout dire.

Dans la meilleure hypothèse, on pourra vouloir lui agréger le score de Libertas et mesuer une droite dépouillée à 33%, flanqué d’un Front National exsangue à 6,5%. Mais c’est pis que cela. : Il n’a échappé à personne que l’ensemble des listes qui se sont présentées lors de ce scrutin se sont unanimement positionnées, exceptées donc celle de l’UMP, en opposition frontale à Nicolas Sarkozy et à sa politique. Lequel Nicolas sarkozy, deux après son élection, se retrouve à ne pouvoir compté sur le soutien que d’un tout petit 28% des suffrages exprimés… c’est-à-dire 11% du corps électoral.

Autre manière de regarder le résultat de l’UMP, soi-disant fort de ses 28% : en Angleterre comme en Italie, la droite obtient 36% des suffrages ; en Espagne, elle flirte avec les 45% ; et en Allemagne, le parti de la Chancelière, Angela Merckel, manque de peu la barre des 50%…

Sarkozy a finalement bien travaillé, parvenant en deux ans à mettre la droite à son plus bas niveau jamais atteint. Ce n’est en aucun cas une victoire pour la gauche française, mais ça ouvre des perspectives.

La baudruche dégonflée du Modem

Des perspectives d’autant plus intéressante que le Modem se retrouve aujourd’hui à 8,5%, quatrième force politique en France, très loin derrière les listes du Parti Socialiste et d’Europe Ecologie, qui pèse chacun près de deux fois plus lourd. Le constat est simple, un parti qui a pour ambition de se positionner sur l’électorat de centre gauche ne peut y parvenir avec un leader de droite.

Depuis hier soir jusqu’à ce matin, l’ensemble des personnalités du Modem qui se sont exprimées font porter le chapeau de la défaite au seul François Bayrou. Mais voilà, jusqu’à preuve du contraire, le Modem c’est François Bayrou et son obsession présidentielle : ils ne voudront ou ne pourront faire sans lui – et c’est regrettable car il y a très certainement un espace politique à occuper au centre gauche, un espace politique qui néanmoins ne saurait s’incarner en un homme de droite, libéral, autoritaire et dévoré par son ambition.

Les électeurs du Modem se sont détournés de François Bayrou, le Modem saura-t-il se détourner de son président pour se mettre en phase avec son électorat ? On peut en douter et le constat demeure d’un Modem isolé et à bout de force, sans autre perspective que le désastreux cavalier solitaire d’un homme qui ne saurait cesser de croire en son destin – car il ne faut pas s’y tromper, pour François Bayrou, après 2012, il y aura encore 2017…

La fin de l’hégémonie du Parti Socialiste sur la gauche

Si le Modem s’effondre de ne s’incarner qu’en un seul, le Parti Socialiste subit une autre sorte de revers, tout aussi cinglant, et qui est la rançon méritée de ses divisions internes. Pas plus qu’en 2007 Ségolène Royal n’avait été en mesure d’unir le Parti Socialiste derrière sa candidature, Martine Aubry n’a été de le faire à l’occasion de ce scrutin européen. Et de même qu’en 2007, il s’agissait d’une responsabilité collective que se devait d’assumer la candidate, il s’agit aujourd’hui encore d’une défaite collective dont Martine Aubry a la charge de tirer toutes les conséquences.

Il ne s’agit pas de donner dans le lynchage et de faire tomber dans les têtes, ainsi qu’en appellent ici ou quelques rares enragés revanchards. Il s’agit bien au contraire d’en appeler à la responsabilité de chacun et de faire en sorte que le Parti Socialiste dans son ensemble se refuse à jouer la belle. C’est à cette condition unique que le Parti Socialiste deviendra audible, et utile à la gauche en portant haut et fort un projet alternatif ambitieux.

Il est plus que temps que le Parti Socialiste se réinvente. Plus que temps que le Parti Socialiste occupe toute sa place à gauche, ancré au coeur même de la gauche…. et en finisse avec une sociale-démocratie trop timide et à bout de souffle partout en Europe. Plus que temps que la gauche s’ouvre à l’écologie politique, c’est-à-dire prenne le temps de comprendre de quoi il s’agit.

L’écologie politique, deuxième pilier de la gauche

Pour les Verts français, c’est la fin de la clarification : c’est en s’ancrant résolument dans la gauche qu’Europe Ecologie est parvenu à devenir cette seconde jambe dont la gauche à tant besoin – et il est important de noter à ce titre que le score désastreux de Modem est aussi l’échec cuisant de Corinne Lepage et de la tentation aberrante de promouvoir une écologie qui ne serait ni de droite ni de gauche, une écologie qui ne serait pas politique.

Les Verts sont aujourd’hui face à leur responsabilité. Et celle-ci est double. D’abord, responsabilité d’assumer enfin d’être une composante à part entière de la gauche, ce qui signifie d’accepter le Parti Socialiste comme son premier partenaire plutôt que de contribuer à une division qui n’a jamais fait le jeu que de la droite. Ensuite, responsabilité d’explication d’un projet assumé dans toutes ses dimensions et dans toute sa complexité – même si parler d’un amour partagé pour les petites fleurs, et qu’on peut mieux voir du ciel quand il n’est pas pollué, est électoralement plus porteur.

Pour l’écologie politique, urgence sociale et urgence écologique ne se distinguent pas, sont un seul et même cri qui s’oppose à un libéralisme économique structurellement incapable d’intégrer à la prise de décision, aussi bien micro que macro-économique, les coûts des externalités et les coûts de long terme, c’est-à-dire spécifiquement les coûts qui affectent directement ou indirectement l’humain : le social est un environnement, comme l’environnement est social. L’écologie est de gauche ou bien n’est pas !

De la même manière, il faut admettre que si les socialistes doivent réviser très profondément leur credo d’une croissance économiquement et socialement porteuse, les écologistes ne sont pas mieux inspirés lorsqu’ils parlent de décroissance. La réalité est que la croissance du PIB – ou sa décroissance – est un très mauvais instrument de mesure en ce qu’il ne nous dit rien de l’humain et de ses conditions de vie. C’est à cela, entre autres petites choses, qu’il nous faut désormais apprendre à travailler ensemble.

Aujourd’hui, socialistes et écologistes pèsent 33%, ce qui en fait potentiellement la première force politique française, pour peu qu’ils apprennent à se parler, qu’ils admettent avoir pour ambition commune l’invention de la gauche du XXIème siècle et de son projet.

Oui, il est plus que temps de réaliser qu’il ne saurait y avoir de socialisme moderne hors l’écologie politique ni d’écologie politique hors le socialisme. Plus que temps qu’émerge une gauche qui aurait enfin intégré dans sa pensée politique que l’urgence écologique et l’urgence sociale sont les deux faces de la même pièce ; que cette pièce a pour nom économie de marché régulée – parce que le libéralisme n’aura jamais d’autre vision que celle du profit à court terme ; qu’il s’agit donc pour la puissance publique – l’Etat mais pas seulement – d’internaliser dans les transactions marchandes et les investissements publics et privés le coût des externalités de moyen et long terme que sont les dégradations du tissu social et les dégâts causés à l’environnement ; que l’ambition d’une gauche moderne sera de rééquilibrer le marché – qui n’est qu’un instrument à façonner – au profit d’une meilleure prise en compte du bien-être des hommes dans leur environnement, c’est-à-dire de chaque homme et femme sur l’ensemble d’une planète qui est notre unique capital.

Alors, je veux me joindre à cet unique slogan : Au boulot, bordel !

Où l’on parle de : Un mal pour un bien ?


Socialiste et européen

Mai 262009
 

Abstention, par SaTArrêt sur les Mots a lancé une chaîne qui me botte, à laquelle donc je vais répondre sans attendre d’y être invité – sinon je pourrais attendre longtemps, ce blog étant désormais connu pour son état végétatif.

[EDIT : afin de n’avoir pas trop l’air de taper l’incruste dans la chaîne, j’avais eu l’audace – je crois que ça ne se fait pas du tout – de réclamer à Nicolas 1er de bien vouloir me taguer. Ce qu’il a fait aussitôt et je peux désormais, après l’en avoir remercié, poursuivre le coeur léger la rédaction de ce billet.]

Ladite chaîne s’intitule donc Votez et faîtes voter pour votre Europe !… à laquelle il s’agit de répondre via trois petites questions : C’est quoi l’Europe pour toi ? Que peux-tu écrire à tes lecteurs pour les encourager à aller voter dimanche 7 juin ? Quelle liste représente les idées que tu veux voir défendre au Parlement européen ?

C’est quoi l’Europe pour moi ?

L’Europe, selon moi, c’est d’abord pour un homme de gauche une évidence, le sens naturel de l’histoire. C’est le chemin d’une abolition des frontières et de l’élargissement des communautés humaines. C’est l’Histoire en marche. L’Europe c’est la mise en place d’une organisation politique plus large que les vieilles petites nations européennes, un espace plus grand pour vivre mieux ensemble plus nombreux, et plus riches de nos différences.

Et si l’Europe est l’Histoire en marche, elle est aussi l’Histoire qui retrouve sa mémoire, toute sa mémoire. Car si quelques siècles de chrétienté ont tissé des fils le long d’un axe qui va de l’Espagne à la Pologne, en passant par le Nord, le berceau de notre civilisation prend sa place autour de la Méditerranée, et plus précisément sur ses rives orientales, cette partie de la Méditerranée où se sont épanouis les empires grec et romain, byzantin et ottoman, depuis Rome jusqu’à Jérusalem, en passant par Istanbul qui fut, un millénaire durant, Constantinople (appelée aussi la Nouvelle Rome).

Bon, ça c’était pour me faire un petit plaisir, parce que n’en déplaise à l’UMP qui n’est jamais à un populisme ni une contradiction près, ce n’est certainement pas le sujet de ces élections, ni de la prochaine décennie. J’en profite pour rappeler que le monde musulman est à peu près aussi divers que la chrétienté, au point qu’il y a autant de ressemblance entre un sunnite ottoman (dont les origines sont à rechercher dans les plaines de l’Asie centrale) et un chiite arabe,, qu’entre un orthodoxe grec et un catholique polonais (même plombier).

Mais l’Europe, c’est aussi, aujourd’hui, la dimension minimale qu’il faut avoir pour peser un peu sur la marche du monde et ses nécessaires régulations – politiques, économiques et sociales. Je suis de ceux qui pensent que depuis une bonne quinzaine d’années, la construction européenne a emprunté de biens mauvaises directions, de Maastricht au traité de Barcelone. Mais on a toujours tort d’être en retard d’un combat et se complaire dans le ressassement de ce qu’il aurait fallu faire, plutôt que de se contraindre à construire à partir d’une réalité qui nous est aujourd’hui imposée. Ainsi en est-il du débat entre ouiouistes et nonistes, inutile et contre-productif ; il s’agit de prendre l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui pour la transformer, et d’abord l’arracher aux mains des apprentis sorciers de la dérégulation économique.

Bref, pour moi, l’Europe est un chemin à tracer.

Que puis-je écrire à mes lecteurs pour les encourager à aller voter dimanche 7 juin ?

Un mot : DEMOCRATIE !

L’Europe est trop peu démocratique, c’est un fait. Un autre est qu’elle n’est tournée que trop peu vers les hommes et les femmes qui la peuplent. S’abstenir n’aura jamais d’autre effet que de renforcer cette situation, pour le plus grand plaisir des puissants qui n’apprécient rien tant que les peuples ne se mêlent pas de leurs petites affaires, affaires qui consistent essentiellement à s’engraisser sur leur dos. A jouer les autruches, vous risquez tout simplement d’être les dindons de la farce européenne.

Avec un peu de talent, un dessin vaut bien mieux que de longs discours. Aussi je vous renvoie à l’illustration de ce billet – et en profite au passage pour saluer mon ami SaT. Vous noterez qu’il est rappelé que cette élection ne comporte qu’un seul tour : c’est le 7 juin; et seulement le 7 juin !…

Quelle liste représente les idées que je veux voir défendre au Parlement européen ?

Je vote à gauche et ne voterai jamais que pour des gens qui ont l’ambition de construire. Ça simplifie grandement la question en réduisant l’éventail des possibles de 28 listes (je vote dans la région Ile-de-France) à seulement 3 : la liste du Parti Socialiste, celle du Front de Gauche (le Parti de Gauche de Mélenchon et le PCF) et celle d’Europe Ecologie (les Verts et José Bové ).

Selon moi, si on se préoccupe de voter à gauche et d’avoir une ambition pour l’Europe, seules ces trois listes sont envisageables. Il est à ce propos heureux de constater que la poupée médiatique Besancenot semble en passe de se dégonfler.

Notons également, et en passant – parce que c’est important – que c’est la somme des scores de ces trois listes qu’il s’agira au soir du 7 juin de comparer au score de l’UMP afin d’avoir un aperçu des états respectifs de la gauche et de la droite sur la scène politique française.

Quant au Modem, il suffit de remarquer qu’une fois de plus celui-ci n’a rien à proposer que son éternelle et vaine posture centriste – et si Bayrou est au centre, c’est à mi-chemin entre Le Pen et Besancenot, au centre des candidats autoproclamés « anti-système ». L’Europe ? Vous avez récemment entendu Bayrou parler d’Europe ?

Pour ce qui me concerne, je vais sans surprise voter pour la liste socialiste. Pour trois raisons :

1- Les candidats des listes socialistes s’inscrivent dans un projet résolument européen, commun aux 33 partis membres (socialistes, sociaux-démocrates, travaillistes et progressistes) du Parti Socialiste Européen. Un projet tourné vers les citoyens et pour une autre Europe. Un projet à la fois réaliste et ambitieux, tourné vers le XXIème siècle et qui met en avant 71 propositions concrètes et immédiatement applicables, qui constitue une vraie réponse à la crise économique actuelle.

2- Sans parler de l’aberrante cohabitation sur les listes d’Europe Ecologie de Daniel Cohn-Bendit et de José Bové, il n’est plus question pour moi de voter pour des partis qui, pour des raisons tactiques, se refusent à considérer le Parti Socialiste comme un partenaire au sein de la gauche ; une attitude qui revient à rejeter une bonne grosse moitié de la gauche, condamnant de facto celle-ci à demeurer éternellement dans l’opposition. Avec le PS, la gauche pèse autour de 45% et ce n’est déjà pas assez… mais sans, elle ne dépasse pas les 20 ou 25% !!! Or, n’en déplaise au PCF et aux Verts, et maintenant au Parti de Gauche de Mélenchon (qui était un cadre du PS il y a encore six mois), c’est bien du peuple de gauche que le Parti Socialiste obtient sa base électorale.

3- La situation politique française actuelle est largement exceptionnelle, au point que toute occasion de lutter contre le sarkozysme est à saisir avec un sentiment d’urgence. Or, tout le monde l’aura compris, Sarkozy tirera médiatiquement argument des situations respectives de l’UMP et du PS pour renforcer ses positions. Si l’écart entre ses deux partis s’avère important, au profit du premier, non seulement Sarkozy s’en prétendra légitimé pour aggraver la casse sociale, mais il se retrouvera également de facto en bonne position pour remettre ça en 2012. Je me refuse à prendre le risque, en contribuant à l’éparpillement des voix à gauche, de lui faire ce cadeau politique.

C’est une chaîne, il me faut donc y convier les prochains participants. Sont nommés : Rimbus, comme d’hab’ ; Juan, parce que je suis curieux de sa réponse ; Hypos, pour voir ; Laure, pour changer ; et puis Ronald… parce qu’il le vaut bien.

[EDIT : Et puis aussi Eric bloggeur citoyen, parce qu’il commente plus vite qu’un octet lancé dans le cyberespace… et Le coucou de Claviers, parce que j’aime bien sa plume.]

Abstention, piège à cons
© La République des Fourmis par SaT – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Où l’on parle de : Socialiste et européen


Ségolène

Mai 182009
 

Ségolène sur la croixInvitée du «Grand Rendez-Vous» d’Europe-1/Le Parisien/Aujourd’hui en France, Martine Aubry a déclaré que Ségolène Royal « aura la place qu’elle souhaite avoir dans le Parti socialiste ».

La question est de savoir si Ségolène Royal souhaite avoir une place dans le Parti Socialiste. A en croire Vincent Peillon, premier lieutenant de cette dernière, ceci ne semble pas évident : « Si elle veut un statut, elle aura un statut. Ça lui a été proposé dix fois, j’ai participé moi-même aux discussions avec Martine Aubry et elle ».

Dix fois ?!…

Martine Aubry s’est d’ailleurs félicitée de la présence de Ségolène Royal à ses côtés fin mai, lors du meeting du PS qui se tiendra a Rézé dans le cadre de la campagne des élections européennes. «Personne n’aurait compris qu’elle ne soit pas là», a commenté la première secrétaire du Parti Socialiste, alors que la présidente de la région Poitou-Charentes avait menacé de ne pas venir.

Je crois que Martine Aubry a tort. On aurait très bien compris pourquoi elle n’aurait pas été là… Trop bien compris en réalité, et c’est d’ailleurs bien ce qui explique que finalement elle ira. C’est qu’à l’image d’un François Bayrou, Ségolène Royal, le regard obsessionnellement fixé sur 2012, se contrefiche de ces élections européennes comme de sa première petite culottedéfaite aux présidentielles… elle s’en contrefiche. A la limite, le Parti Socialiste se retrouverait derrière l’UMP, elle ne manquerait pas de s’en réjouir, tant cela représenterait pour elle un pas supplémentaire vers la possibilité d’une nouvelle défaite candidature.

De là à penser que Ségolène Royal se contrefiche du fait qu’une telle éventualité serait aussi l’occasion pour l’UMP de crier victoire, pour Sarkozy de tirer une nouvelle légitimité à poursuivre une politique qui fait tant de mal à une majorité de français – et ils ne savent pas encore qu’ils n’ont pas fini de payer pour toutes les erreurs qui, par pure idéologie, sont commises actuellement. Bon, le penser… mais le dire serait sans doute par trop verser dans la caricature.



Cela étant dit, je prends date ici que le passage de Ségolène Royal au meeting socialiste de Rézé se fera au mieux en mode service minimum, afin de donner toute la matière aux journaux du lendemain de titrer sur une unité de façade. Elle évitera par exemple bien soigneusement de se prêter au petit jeu de la photo symbole façon main dans la main. Et une petite phrase bien placée sera en outre l’occasion pour les journalistes d’un travail prémâché : Ségolène : solidaire… mais du bout des lèvres, auront-ils écrit à l’avance. Gageons même que Ségolène arrivera en retard et/ou partira en avance : Un petit tour et puis s’en va, le titre est tout trouvé.

Où l’on parle de : Ségolène


Nouveau Front Populaire

Avr 282009
 

Tous unis pour un Nouveau Front PopulaireSignalée par Slovar, cette excellente initiative du Club Gauche Avenir mérite d’être relayée :

Communiqué du Club Gauche Avenir

Le club Gauche Avenir appelle les femmes et les hommes de gauche à participer aux manifestations du 1er Mai organisées dans toute la France. Cette année, pour la première fois depuis 62 ans, le 1er Mai sera unitaire. Ce fait exceptionnel témoigne de l’urgence sociale et du refus du monde du travail de payer les errances d’un système qui s’est développé contre lui, au profit du capital financier ! La participation doit être forte, pour imposer des décisions immédiates en faveur du pouvoir d’achat, de l’emploi, de l’interdiction des licenciements boursiers, de l’abrogation du bouclier fiscal …

Gauche Avenir estime qu’à côté de la mobilisation sociale impulsée par les syndicats, il faut préparer l’unité politique et appelle à un Nouveau Front Populaire. Même si le paysage, les enjeux, les pratiques politiques ont changé depuis les années 30, la dynamique du Front Populaire peut redevenir d’actualité, en proposant tout à la fois un débouché politique au mouvement social, un projet de société à nos concitoyens et une perspective de victoire à la gauche en 2012.

La dynamique du Front populaire avait aussi permis de dépasser les simples alliances entre les partis, en associant des organisations syndicales, des clubs, des associations. Aujourd’hui comme hier, devant les hésitations des appareils politiques, seule une large implication citoyenne fera naître une véritable alternative face à la crise et aux souffrances qu’elle engendre.

Le club « Gauche Avenir » a édité un autocollant : « tous ensemble dans un nouveau Front Populaire », qui sera diffusé et proposé aux manifestants du 1er Mai.

Club Gauche Avenir

Lundi, 27 Avril 2009

Et puis, si vous souhaitez en sus adresser un petit message personnel à Michèle Alliot-Marie, la ministre de l’Intérieur de la Sarkofrance qui souhaite « interdire le port de cagoule et de tout autre moyen de masquer le visage lors de manifestations ou attroupements« , vous pouvez rejoindre les rangs des manifestants, vendredi 1er mai prochain, muni d’un masque médical qui ne saurait vous empêcher de gueuler à l’urgence sociale comme des porcins enfiévrés.


fièvre porcine unitaire

Une réalisation de CC.

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Le Manifeste du PSE

Avr 272009
 

Via son Manifeste, le Parti Socialiste Européen s’engage auprès des citoyens européens dans une démarche unitaire de ses 33 partis membres – socialistes, sociaux-démocrates, travaillistes et progressistes – avec pour objectif de créer une société plus juste et plus protectrice, prête à relever les défis qui sont devant nous, en disant : « Pour une autre Europe : les citoyens d’abord ! ».

En savoir plus pour voter informé, le 7 juin : Téléchargez le Manifeste

Ou bien lire une présentation du Manifeste du PSE : Demandez le programme

Où l’on parle de : Le Manifeste du Parti Socialiste Européen


Tripatouillage démocratique

Avr 152009
 

charcutage électoralIl y a beaucoup à dire à propos du découpage électoral, mais la première chose qu’on omet trop souvent de dire est que c’est d’abord un problème mathématique avant d’être une question politique. Le problème du découpage électoral est un problème d’optimisation combinatoire sous contraintes.

Je ne vais pas faire long sur ce point – vous refuseriez de me suivre. Simplement dire qu’il s’agit simplement :

– dans un premier temps de répartir les 577 sièges de députés entre les départements français de manière optimale, c’est-à-dire afin que partout, autant que faire se peut, un député représente le même nombre d’habitants ;

– dans un second temps, de découper chaque département français en plusieurs circonscriptions – autant qu’il dispose de députés – de sorte que chaque circonscription couvre une population équivalente aux autres.

Pour cette dernière opération, il s’agit de fixer des contraintes supplémentaires d’homogénéité, c’est-à-dire qu’on cherchera à minimiser la concavité des circonscriptions – dans les schémas ci-dessous, on préférera la situation A à la situation B :

découpage électoral et convexité

Une fois qu’on entre en sus quelques éventuelles contraintes géographiques – ne pas franchir tel fleuve ou telle montagne, ne pas couper tel village en deux… -, le mathématicien fera tourner ses outils, et l’on obtiendra un découpage optimal, garanti sans charcutage.

Mais ce n’est pas le chemin choisi en Sarkofrance et toutes les suspicions en deviennent légitimes. On assiste déjà à un début de polémique entre l’opposition socialiste et le Alain Marleix, le secrétaire d’Etat aux collectivités territoriales, chargé du découpage électoral. Les premiers ayant fait remarqué que sur les 33 circonscriptions supprimées dans le projet gouvernemental, 23 sont actuellement détenues par la gauche et 10 par la droite, le second a rétorqué qu’en réalité les chiffres sont respectivement 18 et 15.

Je vous l’annonce ici, c’est le décompte de Alain Marleix qui est faux. Car voici comme il procède :

découpage électoral

Sur ce département, Mr Morlaix a décidé de supprimer la circonscription C. Tout naturellement, le voici donc qui décompte une circonscription UMP de supprimée. Certes, mais il faut donc bien maintenant répartir les électeurs correspondants dans les trois autres circonscriptions… Il ne suffit alors au charcutier Morlaix que de bien répartir les bureaux de vote pour obtenir la situation suivante :

découpage électoral et convexité

Où donc l’on constate qu’en supprimant une circonscription acquise à l’UMP, on se retrouve avec un département qui avait deux député PS et deux députés UMP et qui risque fort la prochaine fois d’avoir trois députés UMP contre aucun pour les socialistes. Et c’est donc bien en réalité deux circonscriptions socialistes qui ont été supprimées, tandis que l’UMP en gagnerait une.

Inutile d’en dire davantage pour comprendre à quoi nous sommes en train d’assister et qui consiste à rendre toute alternance de plus en plus difficile, le pouvoir étant de fait confisqué par Nicolas Sarkozy et sa horde de députés UMP – et ce dans une République où nous savons déjà que le Sénat ne saurait échappé à la droite tant le mode de scrutin lui est favorable, au mépris là encore de toute règle démocratique.

Pour ceux qui voudraient aller un peu plus loin, les articles sur Wikipedia sont relativement bien fichu – celui-ci et celui-là. Le mieux étant de se procurer le bouquin de Michel Balinski, Le suffrage Universel Inachevé.

Où l’on parle de : Tripatouillage démocratique


Sarkozy sans opposant

Avr 142009
 

qui s'opposera à Nicolas SarkozyLorsque l’institut de sondages Opinionway, pour le compte du Figaro et de LCI, demande à un échantillon de 1002 français, interrogé en ligne, « Au cours du mois dernier, laquelle des 13 personnalités suivantes fut le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy ? », 45% d’entre eux répondent « Aucune de ces personnalités ».

Il est amusant de constater que dans l’interprétation de ce sondage, les intérêts bien compris du Figaro et des ségolénistes semblent se rejoindre, qui simultanément choisissent de mettre l’accent sur le fait que Ségolène Royal apparaîtrait comme le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy. C’est que de ce même échantillon et sur cette même question, Opinioway obtient que 14% désignent Ségolène Royal, 13% Olivier Besancenot et 9% Martine Aubry.

Avant de revenir vers nos 45%, seul résultat éventuellement significatif, faisons quelques remarques sur ce sondage :

Soulignons d’abord qu’il s’agit là d’Opinionway, nouveau venu parmi les instituts de sondages – depuis les dernières présidentielles – et dont on sait combien il est politiquement sujet à caution – lire ici et – et mes camarades ségolénistes le savent pourtant bien. Bref, inutile de revenir sur le fait que, contrairement à tout institut à peu près sérieux, Opinionway réalise ses enquêtes via Internet, ni même d’insister qu’il travaille quasi exclusivement avec le Figaro et LCI.

Remarquons ensuite comment la question est posée, c’est-à-dire à quel temps : « Au cours du mois dernier, laquelle des 13 personnalités suivantes fut le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy ? » Non seulement, il s’agit du passé et d’un passé proche – en l’occurrence le mois dernier – mais c’est un passé simple – « fut » – plutôt qu’un passé composé – « a été ». Or non seulement le passé simple a une dimension narrative que n’a pas le passé composé – on l’utilise pour raconter une histoire -, mais il exprime un fait qui a eu lieu dans un temps défini, sans aucune considération des conséquences qu’il peut avoir dans le présent, quand à l’inverse le passé composé est utilisé pour exprimer un fait qui a eu lieu dans une période de temps généralement récente et dont on considère les conséquences dans le présent. Ce n’est en rien innocent et ça limite considérablement la portée de la question… et le moins qu’on puisse faire est de s’interdire de conclure au fait que telle ou tel est le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy, mais qu’il ou elle le fut.

Mais c’est pis que cela. Dans sa note de présentation, Opinionway – puisque malheureusement la loi l’exige – prend soin de rappeler que « les résultats de ce sondage doivent être lus en tenant compte des marges d’incertitude : 2 à 3 points au plus pour un échantillon de 1000 répondants. » Un rappel qui néanmoins ne dit pas toute la vérité. D’une part on ne sait pas combien parmi les 1006 personnes interrogées ont répondu, mais surtout la marge d’erreur devient d’autant plus importante qu’on se rapproche des petites valeurs. Ainsi, si nos 45% qui ne savent désigner un meilleur opposant à Sarkozy parmi les treize noms proposés sont effectivement affectés d’une incertitude de 2 ou 3 points (et en réalité probablement plus 3 que 2 !), cette incertitude est beaucoup plus importante dès lors qu’on se trouve autour des 10 ou 15% de réponses identiques – et autour de 5% (Villepin, Bayrou, Hamon et les autres), les chiffres ne sont même plus significatifs…

S’il fallait donc vraiment donner une conclusion « nomminative » à ce sondage, on ne pourrait dire mieux que seuls, Ségolène Royal, Olivier Besancenot et Martine Aubry apparaissent aux français comme avoir été des opposants à Nicolas Sarkozy au cours du mois de Mars 2009. Chacun étant cité comme le meilleur par environ un français sur dix. Ce qui est très peu.

Mais le réel enseignement de ce sondage – s’il était possible de lui accorder le moindre crédit – serait que dans une situation de profonde impopularité du président de la République auprès des français, ces derniers pour près de la moitié d’entre eux ne lui voient cependant aucun véritable opposant sur la scène politique nationale. Et là, vraiment, il n’y a du coup pas lieu de se réjouir.

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Hadopi… mais pas adoptée !

Avr 092009
 

Hadopi rejetée - la victoire des piratesCe jeudi devait avoir leu le vote définitif de la loi Création et Internet (ou loi Hadopi contre le téléchargement illégal). Un vote qui devait être une simple formalité puisque le texte avait déjà été adopté en première lecture par le Sénat et l’Assemblée Nationale.

Mais voilà, les choses ne se sont pas passées comme prévues – c’est-à-dire en procédure d’urgence pour simple formalité d’enregistrement des injonctions gouvernementales et présidentielles. Trop de parlementaires de l’UMP ont boudé l’hémicycle. Trop de parlementaires du centre (l’autre droite) ont procédé à un revirement de vote. Trop de parlementaires de l’opposition de gauche se sont mobilisés. Et au final, le projet de loi a été rejeté… et c’est le camp des pirates qui l’emporte.

C’est un énorme camouflet pour le gouvernement et pour sa ministre de la Culture Christine Albanel, c’est-à-dire, on le sait bien, pour Nicolas Sarkozy lui-même – qui ne manquera pas d’entre dans une colère noire, maudissant la terre entière et en particulier son propre camp dont il pourfendra l’incompétence (lui-même ne pouvant jamais être en cause). C’est que désormais, il faudra repartir de zéro : pondre un nouveau texte, le présenter à l’Assemblée, puis au Sénat, avant qu’une loi rétrograde (et inapplicable) puisse être enfin votée. Vu l’encombrement parlementaire actuel, autant dire qu’il est assez improbable qu’une telle loi puisse à court terme être promulguée.

Quoique. Il faut tout de même garder à l’esprit que notre tout petit président et son gouvernement fantoche ne se sont encore jamais illustré pour leur profond respect de la démocratie parlementaire. Afin de remédier à l’ire présidentielle, quelque conseiller pourrait trouver le moyen pour, d’un tour de passe-passe, corriger ce qui ne saurait être qu’une anomalie due à l’inconséquence des parlementaires, et dont les très puissants amis de la Sarkofrance pourraient bien s’offusquer.

Mais réjouissons-nous tout de même de lire déjà ici et là un enthousiasme à la mesure de la surprise que constitue ce rejet :

« C’est énorme ! »

« C’est hallucinant ! »

« Un texte rejeté comme cela, c’est incroyable ! »

« Un séisme ! »

« C’est rejeté, comme le PACS ou les OGM ! C’est arrivé deux fois dans la 5eme république ! »

« Sarkozy va piquer une crise de dingue, une colère noire, au groupe UMP, au Gouvernement. »

« Les députés socialistes, verts et communistes ont réussi un coup magistral pour montrer lors des débats la dangerosité de ce texte. La démocratie en sort grandie ! »

« Il faut espérer que le gouvernement n’aura pas l’indécence de représenter le texte en procédure normale, mais plutôt de suivre les recommandations des auteurs de la lettre ouverte pour réfléchir aux modèles économiques pour la Création et tenir compte de la liberté, des libertés ! »

« Après avoir beaucoup travaillé sur la DADVSI, aujourd’hui on est fier de notre travail et celui de la Quadrature et des députés qui ont dit non. »



Edit : Et déjà – mais je vous l’annonçais – Roger Karoutchi, le très zélé secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, annonce que le texte (le même !) sera représenté par le gouvernement « à la rentrée des vacances parlementaires de Pâques« …

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Demandez le programme

Avr 092009
 

Pour une Europe SocialeLe dimanche 7 juin 2009, les citoyens européens des 27 pays membres de l’Union européenne sont appelés à voter pour désigner les 785 députés qui siégeront pour cinq ans au Parlement de l’Europe, situé à Strasbourg.

En France, ce sont 72 de ces 785 députés qui sont à désigner dans les 8 grandes circonscriptions : Nord-Ouest, Est, Ouest, Ile de France, Massif central-Centre, Sud-Est, Sud-Ouest et Outre-mer. Le scrutin est un scrutin proportionnel à un seul tour, où seules les listes ayant obtenu au moins 5% des voix peuvent prétendre à avoir des élus.

En France, cependant, on semble n’avoir toujours pas bien réalisé l’importance de cette élection, alors même que beaucoup du quotidien des européens, et donc des français, se décide au niveau européen, et notamment par un parlement qui obtient progressivement de plus en plus de pouvoirs. Or, et la crise actuelle en donne une illustration cruelle, nous avons plus que jamais besoin d’une autre Europe, autre que celle qui, traité après traité, se limite à ériger le libre-échangisme comme seul horizon économique. Nous avons besoin d’une Europe d’harmonisation fiscale et sociale afin que l’Europe se donne enfin les moyens d’agir politiquement pour les citoyens européens. Mais il n’y aura d’autre Europe que via un changement de majorité au parlement européen. Pour réorienter l’Europe, il faut d’abord envoyer au Parlement de Strasbourg une majorité de députés de gauche.

Nicolas s’étonne qu’à moins de deux mois maintenant de l’élection, on ne connaisse rien des programmes. Il a partiellement raison. La campagne n’a en effet pas commencé, du moins en France, et c’est regrettable tant les enjeux sont essentiels, cruciaux ! Et la droite – celle de l’UMP comme celle du Modem – ira cette fois encore au scrutin sans programme, sans même ouvrir de perspectives. Quant à l’extrême-gauche, elle se cantonnera à donner dans la récupération des protestations nationales, tant elle n’a rien à proposer, tant d’ailleurs elle n’a jamais cru en l’Europe.

Pourtant, le fait que les 33 partis membres (socialistes, sociaux-démocrates, travaillistes et progressistes) du Parti Socialiste Européen se soient mis d’accord sur une plateforme programmatique commune – le Manifesto – constitue un événement majeur, propre à nourrir quelques espoirs et à provoquer une certaine dynamique.

Cela s’appelle “Citoyens d’abord: un nouveau sens pour l’Europe” et ce sont 71 propositions détaillées et cohérentes, articulées entre elles par six grandes ambitions :

I- Relancer l’économie et éviter le retour des crises financières ;

II- Faire progresser la justice dans la nouvelle Europe sociale ;

III- Mettre l’Europe en tête de la lutte contre le changement climatique ;

IV- Parvenir à l’égalité des sexes en Europe ;

V- Donner à l’Europe une politique d’immigration pour le progrès ;

VI- Faire de l’Europe un partenaire fort pour la paix, la sécurité et le développement.

Par ailleurs, le 12 mars dernier, les socialistes français ont adopté – à la quasi-unanimité par le Bureau national et le Conseil national – un texte d’orientation « Donner une nouvelle direction à l’Europe« , visant à enrichir le manifeste européen. Un texte organisé comme suit :

I- Nouveau monde, nouvelle Europe ;

II- Le bilan accablant de la droite ;

III- Le Manifeste des socialistes en faveur d’un autre modèle de développement ;

IV- Avec le vote socialiste, les européens peuvent changer l’Europe.

et qui évoque, en sus des propositions du Manifesto :

– L’augmentation du budget de l’Union […] pour donner leur pleine efficacité aux politiques de solidarité et de préparation de l’avenir ;

– La reconnaissance pour l’UE du droit de lever des emprunts pour financer ses investissements lourds à long terme ;

– L’harmonisation des fiscalités, à commencer par celles des entreprises pour lutter contre le dumping fiscal et le dumping social, condition nécessaire à l’arrêt des délocalisations abusives à l’intérieur de l’Union Européenne ;

– La définition d’une politique de juste échange, par une politique commerciale européenne ajustée pour permettre à la fois à nos industries les plus exposées de préserver leurs emplois en se modernisant, aux pays les moins avancés de continuer à se développer, et aux normes internationales du travail et de l’environnement de s’appliquer dans les processus de production ;

– La coordination des politiques économiques […] et la refonte encore insuffisante du pacte de stabilité ;

– Une Europe forte avec une vraie défense européenne et non cette subordination au commandement intégré de l’OTAN que Nicolas Sarkozy impose à la France.

Et ainsi, les socialistes français disposent-ils aujourd’hui de deux textes fondamentaux, et programmatiques, pour entamer la campagne des élections européennes. Ne manque plus qu’à rendre tout cela visible et audible. Et en particulier à surmonter l’habituelle frilosité médiatique vis à vis des campagnes électorales européennes – mais c’est sans doute parce que, fondamentalement, l’Europe est et demeure une idée de gauche. Et en réalité, d’une manière ou d’une autre, tout autre vote que le vote socialiste est un vote contre l’Europe – cette Europe démocratique et sociale qui est en définitive la seule Europe des citoyens.

Où l’on parle de : Demandez le programme


Pour un bouclier fiscal… progressif

Avr 032009
 

vive les impôtsLe problème que pose le bouclier fiscal est dans cet argument maintes fois ressassé : « Il n’est pas normal que l’Etat puisse me prendre plus de 50% de ce que je gagne »…. et le français de regarder ses propres revenus et de se dire qu’en effet, ce ne serait pas du tout normal – on le comprend, sauf que cela ne risque généralement pas de lui arriver, il n’est pas assez riche pour avoir la chance de payer autant d’impôts.

Il y aurait cependant un moyen de contourner cet argument aussi populiste que fallacieux, qui prenant la droite à son propre jeu, proposerait un bouclier fiscal qui ne serait pas réservé qu’aux très riches.

C’est qu’on pourrait en effet se demander s’il est normal que l’Etat prenne 2 500 euros à quelqu’un dont le revenu annuel n’est que de 25 000 euros. Ou s’il est normal qu’on prenne 10 000 euros à cet autre qui gagne 50 000 euros annuellement…

Une telle réflexion permettrait de proposer un bouclier fiscal progressif, c’est-à-dire selon un barème tel que celui décrit par la courbe ci-dessous, donnée à seul à titre d’exemple de ce que progressivité veut dire :

Ainsi, si mon revenu annuel est de 18 000 euros (1 500 € par mois), l’Etat ne peut me prendre plus de 10% de mes impôts. S’il est de 25 000 (un peu plus de 2 000 € par mois), mon bouclier fiscal est de 14% – je ne peux payer plus de 3 500 euros d’impôts. A 50 000 euros de revenu par an (plus de 4 000 par mois), mon plafond d’imposition est de 14 000, soit 28% – ou dit autrement, il me reste au minimum 36 000 euros (soit 3 000 € par mois pour vivre).

En revanche, si on regarde les très hauts revenus : à 100 000 euros annuel, mon bouclier fiscal est de 54% et il me reste au minimum 54 000 euros ; à 150 000 euros (1 millions de francs) c’est 73%, etc… et jusqu’à progressive disparition de tout bouclier fiscal.

Ceci à titre d’exemple – et il ne suffit que d’ajuster la courbe pour obtenir la progressivité souhaitée, l’essentiel étant que cette progressivité existe. On peut être plus « gauchiste » que moi (si si !) et accentuer la pente afin que seuls les bas revenus profitent dans les faits d’un véritable bouclier fiscal, ou alors très libéral en adoucissant la progression afin que les très hauts revenus en gardent toujours un bon paquet dans les fouilles ; on peut même choisir une asymptote à 75%, plutôt qu’à 100% comme je l’ai fait ici…

Il est important de prendre conscience qu’une des propriétés de la progressivité est que non seulement il n’y a pas d’effet de seuil – au contraire de ce qu’on entend dire souvent -, mais qu’en sus on peut toujours continuer à gagner plus : l’Etat ne prend jamais tout – il ne fait que prendre une part plus important de ce qui dépasse… et qui continue donc de dépasser. Les adeptes du toujours plus seront donc toujours positivement incités à gagner plus… pour gagner plus.

Il faut d’ailleurs bien noter que ce n’est qu’un bouclier, une sorte d’assurance de ne pas dépasser un certain plafond d’imposition. De manière générale, il ne devrait jamais être atteint, pour peu que le système fiscal dans son ensemble soit bien calibré – et notamment donc en terme de progressivité, ce qui réclame une réforme fiscale qui déporte une bonne partie de l’imposition des ménages vers un impôt sur le revenu lui aussi réformé. Bref y a du boulot, mais il y a également des possibilités.

Se souvenir aussi qu’il y a encore un quart de siècle, Georges Marchais promettait : « Au-dessus d’un million, je prends tout. »… et il parlait en francs !

Où l’on parle de : Pour un bouclier fiscal… progressif


Quand le grand Obama ignore le petit Sarkozy