Mar 132012
 

Sarkozy père et fils - Louis et Nicolas - par SaTDans son numéro d’aujourd’hui, le Wall Street Journal s’en prend violemment à Nicolas Sarkozy et son positionnement anti-immigration, titrant son article  d’un cinglant Nicolas Le Pen.

Un article qui survient après les récentes sorties du candidat-sortant sur la baisse de moitié de l’immigration en cas de réélection ou encore son annonce dimanche à Villepinte concernant la menace d’une sortie de l’espace Schengen si une réforme n’était pas adoptée sous douze mois pour mieux contrôler les flux migratoires.

Précision importante, le Wall Street Journal est non seulement un quotidien parmi les plus sérieux du monde, mais il ne peut guère être taxé d’une quelconque tentation gauchiste. Bien au contraire, sa ligne éditoriale s’est depuis tout temps fixée très profondément à droite et ce sans ambiguïté aucune. C’est pourtant bien ce journal qui qualifie de « pensée hideuse » les incessantes incursions de Nicolas Sarkozy sur les terres idéologiques de l’extrême-droite, usant à profusion des procédés populistes que sont les amalgames et les outrances.

« C’est une position odieuse, non seulement parce qu’elle s’appuie sur des sentiments détestables mais aussi parce que c’est un exemple parfait d’ignorance économique », c’est ainsi donc que le très sérieux Wall Street Journal qualifie les dernières propositions de Nicolas Sarkozy en matière d’immigration, le taxant à la fois de « cynisme » et d’« hypocrisie ».

Mais il n’y a pas que le Wall Street Journal, le Time – pas franchement un journal gauchiste non plus ! – s’interrogeait la semaine dernière sur la stratégie de Nicolas Sarkozy : « La croissance économique de la France ralentit, le chômage augmente, la Grèce menace toujours de faire faillite, et l’euro, déstabilisé par la crise mais un peu plus rassurant ces derniers temps, n’est toujours pas sorti de sa crise existentielle. Malgré cette liste de graves problèmes qui inquiètent les électeurs français à l’approche de la présidentielle, le Président en campagne Nicolas Sarkozy a déclaré cette semaine que le premier sujet de préoccupation des Français, c’est la viande halal. Ah bon ? Si tout cela donne l’impression que Sarkozy imite Marine Le Pen, c’est parce que c’est le cas […], une volonté cynique et désespérée de recruter de nouveaux électeurs. »

Mais tout de même, revenons à cette déclaration de Nicolas Sarkozy à Villepinte :

Il n’est pas question que nous acceptions de subir les insuffisances de contrôle aux frontières extérieures de l’Europe. Si je devais constater que, dans les douze mois qui viennent, il n’y avait aucun progrès sérieux dans cette direction, alors la France suspendrait sa participation aux accords de Schengen jusqu’à ce que les négociations aient abouti.

Outre que cette menace d’une suspension de la participation de la France des accords de Schengen n’est absolument pas crédible, une proposition jugée à la fois irréaliste et inquiétante, il est particulièrement indigne de laisser entendre que le nombre d’étrangers présents sur le territoire français en situation irrégulière serait principalement lié à une insuffisance du contrôle aux frontières extérieures de l’Europe – particulièrement la frontière gréco-turque, puisque c’est celle qui est nommément et systématiquement montrée du doigt par Nicolas Sarkozy et sa fine équipe de rabatteurs.

L’immense majorité – autour de 80% ! – des étrangers présents sur le territoire français en situation irrégulière sont entrés en France de manière parfaitement régulière et ne se sont retrouvés dans l’irrégularité qu’ensuite, à la faveur de l’expiration d’un visa ou du renouvellement d’une carte de séjour. En aucun cas un meilleur contrôle à la frontière greco-turque ne saurait apporter une solution à la question des étrangers en situation irrégulière.

Il ne s’agit pour Nicolas, à force d’amalgames et d’outrances, de mensonges également, de faire mine de montrer des muscles qu’il n’a pas, se faire aussi grosse que Marine… sur un sujet qui n’a d’autre importance que de détourner les Français des vrais débats qui sont ceux de l’économie et du social, du logement et de la sécurité, de l’éducation et de la santé, du chômage et du pouvoir d’achat, par exemple.

Autant de sujets qui concernent le quotidien des Français et sur lesquels ses échecs sont patents – mais il a également échoué sur le terrain de la maîtrise des flux migratoires.

Nicolas Le Pen donc ! Et ce n’est pas qu’un raccourci, encore moins une simple caricature. Ce cynisme politique, cette dérive de la stigmatisation à outrance, est lourd de conséquences en ce qu’il gangrène le débat et libère les pulsions xénophobes les plus dangereuses. Et j’en veux pour exemple qu’il n’a pas fallu longtemps pour que le président de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFFII), fraichement nommé par Nicolas Sarkozy, le pauvre petit Arnaud Klarsfeld, se sente autorisé à proposer « pour contrer l’immigration illégale», « la construction d’un mur de 130 kilomètres entre la Grèce et la Turquie », « un mur fait de fils barbelés », « avec des patrouilles qui patrouillent sans cesse ». Et des miradors ?

Nicolas Sarkozy est un homme dangereux. Non pas parce qu’il ferait ce qu’il a dit – il en serait bien incapable, heureusement -, mais parce qu’à force de dire n’importe quoi, et de préférence en s’adressant à nos plus bas instincts, il libère ces bas-instincts contre lesquels toute civilisation – justement ! – est censée agir comme un garde-fou, rendant alors possible le pire. Nicolas Sarkozy est un barbare politique.

 

Crédit – Illustration par SaT