Mai 092007
 

Une « présidence modeste », disait-il

sarkozy vacances milliardaireNicolas Sarkozy l’avait annoncé, il aurait besoin au lendemain de son élection de faire « retraite » quelques jours afin de « se retrouver face à lui-même », « prendre la mesure de la gravité des charges » et « d’habiter la fonction ». Il avait d’ailleurs, suite à ces déclarations, laisser la presse gloser sur une retraite en forme d’ascèse monastique.

En fait de monastère, c’est à Malte que la trace du futur Président de la République a été retrouvée. Alors que la presse le cherchait sur l’Ile de Beauté, Nicolas Sarkozy, après avoir passé sa première nuit de président élu dans un palace des Champs-Elysées, le Fouquet’s (la suite coûte entre 1.500 et 2.600 euros la nuit), accompagné de son épouse Cécilia, de son fils Louis et de quelques proches, est arrivé lundi à bord d’un jet privé (propriété de l’homme d’affaires Vincent Bolloré ) à La Vallette, la capitale du plus petit Etat de l’Union européenne. Depuis, il se trouve à bord u Paloma, un luxueux yacht de 60 mètres (200 000 euros la semaine et appartenant au même Vincent Bolloré ) qui navigue dans les eaux cristallines de la Méditerranée, entre l’île de Malte et la Sicile. Un séjour qui pourrait durer 72 heures en tout, mais l’Ile de Beauté, où l’on avait d’abord cru pouvoir le trouver, pourrait bien figurer au programme de Nicolas Sarkozy dans les jours à venir. Des chambres ont été réservées dans deux hôtels de Porto-Vecchio, non loin de la propriété isolée de son ami l’acteur Christian Clavier.

Bref, après un dîner au Fouquet’s en compagnie de quelques « people », dont son ami Johnny Halliday, un rapide passage sur la scène de la Concorde où Dominique de la Nouvelle Star voisinait avec Steevy du Loft et Jean-Marie Bigart avec Mireille Mathieu, puis une nuit au Fouquet’s Barrière suivi donc d’une virée en yacht au large de Malte, les premières heures d’après élection de Nicolas Sarkozy se placent ostensiblement sous le sceau du mauvais goût façon nouveau riche et du mépris d’électeurs auxquels il n’a cessé de vanter les valeurs du travail et du mérite. Sarkozy, en fait, se comporte comme un parvenu de la jet set plutôt que comme un chef d’Etat. Disons qu’il a un peu de mal à habiter la fonction. Des habits trop grand pour lui, sans doute…

On pourra par ailleurs se demander s’il est normal qu’un futur président de la République fasse sponsoriser ses loisirs par des personnages fortunés qui ont tout à gagner des bonnes grâces du pouvoir, des milliardaires qui lui prêtent leur Falcon privé et l’accueillent à bord de leur yacht de 60 mètres. Rappelons en effet que Vincent Bolloré, PDG du groupe Bolloré – dont la filiale Bolloré médias contrôle entre autres le quotidien Direct Soir, la chaîne de télé Direct 8 et l’agence de publicité Havas, mais détient également 40% de l’institut CSA dont on a si souvent entendu parler durant la campagne présidentielle – figure dans le classement des 500 plus grosses fortunes du monde.

« Je veux dire à tous ceux qui souffrent d’injustices (…) que je serai le président qui combattra les injustices », avait-il dit, dimanche soir. « Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai, pas je ne vous décevrai pas », avait-il ajouté. Le moins qu’on puisse dire est que cela ne commence pas au mieux.

Dernière minute : Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de s’excuser d’avoir pris des vacances, et que si il a accepté l’invitation de son ami l’industriel et yachtman Vincent Bolloré, c’est parce que, dit-il, « il n’a jamais travaillé avec l’Etat« . Bolloré lui-même a déclaré que son groupe « n’a jamais eu aucune relation commerciale avec l’Etat Français« .

Deux petits articles permettent de mesurer l’ampleur du mensonge :

– sur Rue89.com : Bolloré n’a jamais travaillé avec l’Etat.» Jamais, vraiment?

– sur bakchich.info : Bolloré et Sarkozy, une amitié au service de l’Etat

Et aussi : L’état de disgrâce, par Alain Finkielkraut – soutien et caution intellectuelle (sic…) de Nicolas Sarkozy durant sa campagne présidentielle :

« On ne peut pas se réclamer du général de Gaulle et se comporter comme Silvio Berlusconi. On ne peut pas en appeler à Michelet, à Péguy, à Malraux et barboter dans le mauvais goût d’une quelconque célébrité de la jet-set ou du show-biz. On ne peut pas prononcer des odes à l’Etat impartial et inaugurer son mandat en acceptant les très dispendieuses faveurs d’un magnat des affaires.

« Contrairement à ce qu’il avait annoncé sur un ton grave, Nicolas Sarkozy ne s’est pas retiré du monde pour habiter la fonction présidentielle : entre le Fouquet’s, Falcon et palace flottant, il a oublié qu’il venait d’être élu président de la République. Il avait peut-être ses raisons que la raison ignore. Espérons cependant qu’il s’en souviendra, une fois de retour sur le plancher des vaches, et qu’il saura, comme il l’avait promis dans des discours de très haute tenue, incarner la France. Pendant trois jours, il nous a fait honte. »

Et enfin : L’utilisation de Léon Blum par Bolloré indigne sa famille :

« La petite nièce de Léon Blum, Christine Blum, a opposé, mercredi 9 mai, « au nom de sa tante, de ses cousins et de ses frères et soeurs » un « démenti formel » au communiqué de Vincent Bolloré affirmant que sa famille avait accueilli le président du conseil du Front populaire à son retour de déportation en 1945.

« Antoine Malamoud, son arrière-petit-fils, préfacier des Lettres de Buchenwald, précise au Monde que le socialiste avait alors été hébergé par Félix Gouin, président de l’Assemblée consultative au palais du Luxembourg. « Il n’existe, ni dans la tradition familiale ni dans les travaux des biographes récents de Léon Blum, de trace d’une visite au « manoir » de la famille Bolloré (…). Il me semble à tout le moins indécent de comparer cette invitation, si même elle a existé, (…) à celle faite au président de la République nouvellement élu, afin qu’il se repose des fatigues d’une campagne électorale. » »

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