Déc 072007
 

Comment Nicolas Sarkozy a trahi ses policiers

Le 3 février 2003, Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur, se rend à Toulouse, ville pilote de la police de Proximité, mise en place par le gouvernement de Lionel Jospin. Cette police avait alors un rôle de répression mais aussi de prévention. Des antennes au cœur des cités permettaient à la population d’échanger autre chose que des contraventions avec les uniformes, comme apprendre à communiquer, restaurer un dialogue par exemple.

Nicolas Sarkozy va en public nettoyer au kärcher cette police « dont le travail n’est pas de jouer au rugby avec les jeunes ». Une petite phrase qu’il a savamment reprise dans sa dernière intervention télévisée la semaine dernière. Une petite phrase qui cache une histoire méconnue, celle d’une trahison qu’a dévoilé dévoile à Bakchich Info, Jean-Pierre Havrin, un des policiers présents ce jour-là.

À la retraite depuis quelques jours, l’ancien directeur départemental de la police de proximité, révèle en exclusivité les dessous de l’affaire.


En quatre étapes simples, voici donc comment Nicolas Sarkozy a sans aucun scrupule trahi ses policiers et manipulé l’opinion pour en finir avec la police de proximité et son travail sur le terrain (répression et prévention) :

  1. le service de communication prépare la visite du Ministre en invitant des policiers qui souhaiteraient évoquer les bons résultats obtenus dans leur mission première, à parler plutôt de leur travail de proximité, donc de prévention ;

  2. lorsque devant le Ministre, les policiers s’exécutent en évoquant un match de rugby, celui-ci – devant micros et caméras – leur explique qu' »ils ne sont pas des travailleurs sociaux et les rappelle à cette mission première dont ils avaient été priés de ne pas parler : « l’investigation, l’interpellation, la lutte contre la délinquance » ;

  3. s’appuyant sur l’impact médiatique de sa petite mise en scène, le Ministre Sarkozy met fin à la police de proximité ;

  4. et prend soin de jouer de son autorité hiérarchique pour faire taire ceux qui auraient l’idée de dénoncer la manipulation.

En 2005, puis en 2007, dans des banlieues où sévit une insupportable misère sociale et où, en l’absence de police de proximité, les tensions entre la population et les forces de l’ordre vont chaque jour s’accroissant, deux faits divers graves mettant en cause d’un côté des policiers, de l’autre de jeunes habitants des cités, ont déclenchés scènes de violences urbaines et émeutes…

permalien de l’article : Méthode Sarkozy : trahison et manipulation