Déc 012007
 

Petite rengaine et gros mensonges :
Mais que font les journalistes ?!

le pouvoir d'achat selon sarkozyIl parle, il parle… il parle beaucoup, mais que dit-il, le Petit Président ? Toujours la même chose, c’est-à dire en réalité rien, au mieux, et, au pire, contre-vérités et mensonges.

Cette fois, il devait parler du pouvoir d’achat, première préoccupation des français, avec le chômage et, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps, l’inflation. Qu’a-t-il dit, donc ? Quelles solutions a-t-il proposées ?

Pour le discours : d’abord, une contre-vérité rabâchée : c’est la faute au 35 heures ; ensuite, un slogan, éculé déjà : il faut travailler plus pour gagner plus. Pour le concret, principalement deux mesures : la possibilité de rachat des RTT par les salariés et l’indexation des loyers sur l’évolution des prix.

Le rachat des RTT : passons sur le fait que ce ne sera possible que s’il y a accord dans les entreprises, et si le chef d’entreprise en éprouve le besoin (car ce n’est pas le salarié qui décide de faire ou non des heures supplémentaires !), et allons directement au fond de cette mesure :

  • la situation actuelle : la durée légale du travail est de 35 heures hebdomadaires ; les heures supplémentaires sont payées 25% au-dessus du salaire horaire du salarié ;

  • la proposition de Sarkozy : la durée légale du travail est de 35 heures hebdomadaires ; les heures RTT peuvent être converties en heures supplémentaires payées… au salaire horaire.

  • bilan : pour le salarié, 25% de perte de pouvoir d’achat par heure de RTT travaillée !

Il aurait été intéressant que les journalistes interrogent le Petit Président Bavard sur la logique de cette mesure. Mais peut-être ont-ils considéré que ce n’était pas nécessaire, tant il est évident qu’elle correspond en réalité à un coup de canif supplémentaire dans le pouvoir d’achat des salariés.

L’encadrement des loyers : dans un premier temps, le Petit Président propose d’instaurer un indixe du pouvoir d’achat qui refléterait davantage la réalité de l’évolution des prix que ne le fait actuellement l’indice des prix de l’INSEE, reconnaissant par là que celui-ci sous-estime largement la hausse actuelle des prix à la consommation. Ensuite, il propose de contraindre l’augmentation des loyers immobiliers au moyen de ce même indice, plutôt que l’actuel indice du coût de la construction, ce qui, selon lui, permettra de diviser par deux la hausse des loyers. Ce qui fait :

  • une contradiction : réévaluer d’un côté l’indice des prix afin qu’il reflète la réalité de la hausse des prix ; indexer de l’autre côté les loyers sur l’indice des prix à la consommation ;

  • un mensonge : depuis juillet 2005, l’augmentation des loyers n’est plus indexée sur l’indice du coût de la construction (voir ici), mais sur l’indice de référence des loyers, lequel n’évolue pas sur un rythme annuel de 5% comme le prétend le président, mais à un rythme allant de 2 à 3% sur les deux dernières années ;

  • une mesure inefficace : l’indice des prix à la consommation révélant une hausse annuelle supérieure à 2%, avec une tendance marquée à la hausse, il est là encore tout à fait évident que le gain pour les locataires sera nul, ou du moins très loin de cette division par deux de la hausse des loyers dont le Petit Président s’est plu à parler.

Mais le pire est dans ce dont le Petit Père n’a pas parlé :

  • La TVA sociale : vous vous souvenez, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a dans sa besace un projet de TVA « dites pudiquement » sociale. S’agissant d’une intervention présidentielle consacrée au pouvoir d’achat, on peut s’étonner que les journalistes ne se soient pas crus autorisés d’interroger le Petit Président sur cette question – tss tsss, voyons, pas avant les municipales… ;

  • La redevance télé : le parlement vient de voter la suppression de l’exonération de redevance audiovisuelle dont bénéficiaient jusque là 780 000 personnes âgées aux revenus modestes. S’agissant du pouvoir d’achat, on peut s’étonner que les journalistes ne se soient pas crus autorisés à interroger le Petit Président sur cette décision ;

  • Les pensions de retraites : le Petit Président n’a pas non plus évoqué ses promesses électorales à l’égard des pensionnés les plus défavorisés : augmenter de 25% le minimum vieillesse et revaloriser les petites retraites et les pensions de réversion pour que ces retraités vivent mieux. Or, bien au contraire, selon le projet de budget actuellement en discussion à l’Assemblée, la revalorisation annuelle des pensions des 13 millions de retraités du régime général et de la fonction publique s’établira à 1,1 % pour l’année 2008, soit largement en-dessous de l’évolution des prix, laquelle est sous-estimée… Pas de question sur ce sujet non plus.

On aurait pu également lui poser quelques questions sur ce qu’il pense des propositions du PS en faveur du pouvoir d’achat. Par exemple, de baisser le taux de TVA sur les produits de première nécessité de 5,5% à 5%, ou de revaloriser de 50% de la prime pour l’emploi, ou encore de rétablir la TIPP flottante afin de limiter l’envolée du prix de l’essence à la pompe – au total, une dizaines de mesures financées pour moitié par une taxation des super-profits pétroliers et, pour l’autre, une taxation des revenus des stock-options. On aurait pu, lui poser des questions, lui apporter la contradiction, ne pas dérouler le tapis rouge sous les gros sabots de son discours creux. Oui, on aurait pu, mais cela aurait été faire là un travail de journalistes indépendants plutôt que de courtisans serviles…

le pouvoir d'achat selon sarkozy
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A part ça ? Nicolas Sarkozy va bien, merci. Il vient de se voir miraculeusement attribuer une augmentation de 206% (salaire fois trois !) pour devenir un des trois chefs d’état les mieux payés du monde occidental. Si les caisses de l’Etat sont vides, les poches du Petit Père des People sont, elles, bien pleines.

permalien de l’article : Sarkozy soigne le son pouvoir d’achat