Mar 122007
 

Et si la droite choisissait Bayrou !

On le sent bien, il y a à droite comme une tentation Bayrou. Non pas que l’homme séduise par l’originalité de ses propositions – il présente aux français un projet libéral qu’on connaît d’autant mieux qu’il est celui que la droite applique depuis cinq ans -, du moins a-t-il pour la droite l’avantage de faire moins peur que son concurrent. Bayrou, comme un Sarkozy en plus soft ? Il sembme bien que cela soit en mesure de séduire de plus en plus ces électeurs de droite lassés des incessantes incursions du candidat ministre de l’intérieur sur les terres de l’extrême droite, ses récentes déclarations – un appel à peine déguisé aux élus de l’UMP pour qu’ils apportent leurs signatures à Jean-Marie Le Pen, puis la proposition de créer un grand ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale – composant les deux derniers avatars en la matière d’une longue série, à peine interrompue par quelques semaines où l’homme avait cherché à présenter aux français le visage d’un homme qui aurait changé. Le naturel est revenu au galop et cela n’a pas l’heur de plaire à cette frange modérée de la droite qui n’a jamais apprécié ce genre de flirt avec le Front National. On la comprend…

La presse s’en fait peu l’écho, préoccupée qu’elle est de commenter l’ascension de Bayrou et son rapproché de Royal dans les sondages, mais le fait est là : c’est essentiellement au détriment de Sarkozy que Bayrou doit son ascension et, de fait, Sarkozy a largement entamé sa dégringolade dans les intentions de vote des français.

Bien peu sûre d’elle-même, la droite s’efforce donc d’appeler à la rescousse les électeurs de gauche. « Comme nous, vous souhaitez plus que tout éviter l’élection de Sarkozy. Alors votez Bayrou dès le premier tour.« , c’est ce qu’ils leur disent en substance. Mais c’est oublier que le choix du candidat de la droite qui accèdera au second tour n’est pas l’affaire des électeurs de gauche. C’est oublier qu’un électeur de gauche vote… à gauche. C’est oublier que la responsabilité d’un électeur de gauche est d’assurer la présence d’un candidat de gauche au second tour. Pour l’avoir oublié en 2002, et au motif d’avoir de trop ajouté foi aux sondages, la gauche s’était alors retrouvé privée de candidat au second tour… et les français privé par voie de conséquence d’un réel choix entre deux projets pour la France. Les électeurs de gauche ne renouvelleront pas une erreur qui a tant fait de mal à la démocratie – sans même parler des cinq années qui s’en sont suivi.

Les sondages semblent vouloir présenter Bayrou comme le candidat le mieux placé pour battre Sarkozy lors d’un second tour, mais là encore c’est un leurre. Les marges d’erreurs sont importantes. Les indécis sont nombreux. Les opinions sont en formation. Et plus que tout, le premier tour n’a pas encore eu lieu. Les débats de fond sont encore à venir, et puisque Sarkozy est un prétendant si peu attractif, même pour la droite, il est fort probable que beaucoup de choses peuvent encore évoluer et que la gauche de Mme Royal serait tout à fait en mesure lors d’un second tour de convaincre une majorité de français de se détourner de la droite de M. Sarkozy – comme de celle de M. Bayrou d’ailleurs. L’essentiel est de voter un tour après l’autre et, pour les électeurs de gauche, il est d’exprimer au premier tour un vote qui assurera la présence de Mme Royal au second tour. Et en la matière, ils se souviendront que trop de stratégie tue la stratégie !

Alors, si l’essentiel pour les électeurs de droite est d’assurer la défaite de Mr Sarkozy, on ne peut que les encourager à se retrouver majoritairement dès le premier tour sur la candidature de Mr Bayrou. La démocratie aurait tout à y gagner. On aurait un vrai premier tour, aboutissant sur un vrai second, lequel opposerait droite et gauche sur deux projets pour la France… et effectivement proposés aux choix souverain des français.

Au soir du 21 avril 2002, les électeurs de gauche ont eu à voter à droite pour faire barrage à l’extrême droite de M. Le Pen – et ils avaient alors massivement pris leurs responsabilités. On voudrait maintenant qu’à la veille du premier tour ils votent encore à droite, cette fois-ci pour faire barrage à la droite extrême de M Sarkozy ? Ce n’est pas sérieux.

Faire barrage à M. Sarkozy, cela relève pour l’heure de la responsabilité exclusive des électeurs de droite. C’est à cela que sert un premier tour, à ce que chaque camp sélectionne son candidat.

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On parle de : Sarkozy, troisième homme