dedalus

Fév 082007
 

Deux poids, trois mesures

portrait sarkozyInterrogé par un des 100 français du panel sur la question du pouvoir d’achat des petites retraites, M. Sarkozy, fidèle à son discours consistant à systématiquement opposer deux France (voir déconstruction d’une rhéthorique), a répondu que le financement de cette augmentation de pouvoir d’achat serait financée par l’alignement des régimes spéciaux sur le régime général.

Par ailleurs, dans un courrier du 20 septembre 2006 adressé au secrétaire général du syndicat Alliance Police Nationale, M. Sarkozy aurait écrit que « les policiers ne sont aucunement concernés par le projet » de réforme des régimes spéciaux de retraite.

Le candidat Sarkozy « n’accepte pas qu’on fasse deux poids deux mesures »… SAUF donc dans l’éventualité où ça le desservirait du point de vue de son propre intérêt politique. Il est fort à parier que les retraités à faibles revenus attendent longtemps les « retombées » que leur promet M. Sarkozy – car on aura remarqué que, répétant à l’envi qu’il n’est pas possible de vivre avec 700 € par mois, son discours sur les régimes spéciaux lui aura surtout évité de parler d’une éventuelle augmentation des minimas sociaux. C’est que pas instant ce n’est dans ses intentions.

M. Sarkozy compatit beaucoup, souvent et avec une emphase plutôt superbe… On peut toutefois s’interroger sur le bien que ça va nous faire.

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On parle de : Du discours à la réalité

Fév 072007
 

Le Ministre des Cultes abandonne son devoir de neutralité

Alors que Charlie Hebdo, poursuivi après la publication de caricatures du prophète Mahomet pour « injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion » par la Grande mosquée de Paris et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), deux composantes du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), répond depuis ce matin de ces accusations devant le tribunal correctionnel de Paris, Nicolas Sarkozy affirme dans une lettre lue à l’audience par l’un des avocats de l’hebdomadaire satirique : « Je tiens à apporter mon soutien à votre journal qui s’inscrit dans une vieille tradition française, celle de la satire ».

Ce soutien ne serait pas surprenant de la part d’un candidat à la Présidence de la République. Il serait le bienvenu de la part d’un chef de parti politique, ou de tout responsable politique en général. Il aurait même été tout à fait pertinent s’il ne survenait à l’occasion de l’ouverture du procès, alors même que la justice est en charge de se prononcer. Car M. Sarkozy n’est pas seulement président de l’UMP et candidat à la présidence de la République, il a choisi en sus de s’accrocher à son portefeuille de ministre. A ce titre il reste contraint au devoir de réserve qui s’impose à tous les ministres en vertu de la séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire. Mais il n’est pas non plus à la tête de n’importe quel ministère, il est Ministre d’Etat, Numéro 2 du gouvernement, Ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du Territoire, et à ce titre en charge des questions liées aux cultes. Bref, il est plutôt trois fois qu’une soumis à un devoir de réserve lorsque s’ouvre un procès où les rapports de la sphère publique avec le culte sont en cause.

Il faut donc s’intéresser aux motivations de M. Sarkozy pour avoir choisi de manquer de manière aussi flagrante au devoir que lui impose sa charge. Et quelles sont-elles sinon une fois de plus électorales ? Le candidat n’ignorait pas que ce soutien du Ministre chargé des cultes ne manquerait pas non seulement d’attirer à lui les projecteurs, mais surtout de provoquer une réaction puissante de la part du CFCM, laquelle réaction ne pourrait lui être électoralement que bénéfique. Il ne l’ignorait pas et donc il l’a provoquée – d’autant plus que ces Messieurs devaient être à cran depuis que deux jours plus tôt le même Sarkozy les avait renvoyés en bloc à l’image « des moutons que l’on égorge dans les appartements » (où l’on se rend compte que l’homme n’en est pas à une provocation près…).

Où l’on comprend surtout et une fois de plus que lorsqu’il est question de son ambition personnelle, M. Sarkozy ne se connaît aucune limite. Où est illustré une fois de plus combien est immensément béant le fossé entre les discours d’un candidat qui affirmait il y a peu qu’il serait le « candidat de l’éthique » et la réalité des actes d’un homme prêt à toutes les provocations et à tous les reniements pour atteindre le but qu’il s’est fixé. Cela mérite d’être d’autant plus d’être souligné dès lors que l’homme en question prétend accéder à la fonction de Président de la République dont les pouvoirs mais aussi les devoirs sont autrement plus importantes, demandent un peu plus de mesure et de retenue, où la provocation permanente et les postures de cow-boy ne peuvent tenir lieu de politique.

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On parle de : Sarkozy soutient Charlie Hebdo

Fév 072007
 

Une question à Nicolas Sarkozy

portrait sarkozyLe discours de M. Sarkozy est séduisant, c’est un fait. Il est évident que l’homme manie la langue de bois avec une habileté toute diabolique. Pourtant, pas plus que pour sa prestance physique on ne devrait voter pour un homme politique pour la prestance de son langage. Il s’agit de bien plus sérieux que cela, il s’agira de la mise en oeuvre d’une politique, et avant cela donc il s’agit d’être ou non « séduit » par un programme politique. Que va-t-il faire en réalité ? Quelles en seront les conséquences et pour qui ? Est-on politiquement en accord avec cela ?

Un matraquage de « il faut que », de « je n’accepte pas que » et de « je veux que » ne peuvent suffire à nous convaincre, ne doivent pas nous masquer la réalité d’un programme et l’épreuve des faits. On ne gouverne pas un pays avec des pétitions de principe et des déclarations velléitaires, on met en oeuvre une politique. M. Sarkozy qualifie son programme de « rupture », c’est son droit. Pourtant, il est assez aisé de constater deux choses :

La première est que depuis cinq ans la France est engagée sur la voie du libéralisme que souhaite la droite et que ne renie pas M. Sarkozy, bien au contraire. Combien de français peuvent dire que leur situation personnelle s’est améliorée depuis cinq ans ? La pauvreté a-t-elle reculée ? La richesse est-elle mieux partagée ? Les libertés ont-elles progressé ? Le pouvoir d’achat a-t-il augmenté ? Les services publics sont-ils plus efficaces ? La justice est-elle plus performante ? La criminalité a-t-elle reculé ? Vivons-nous mieux ensemble dans une société plus prospère et plus apaisée ? En a-t-on terminé avec la « fracture sociale » ?…

La seconde est qu’il n’y a rien dans le programme de M. Sarkozy qui entre réellement en rupture avec cette politique qui a été mené pratiquement sans entraves ces cinq dernières années, par des gouvernements successifs où M. Sarkozy était partie prenante, et avec l’appui des parlementaires où les amis politiques de M. Sarkozy détiennent une majorité absolue. Il suffit de lire son programme et les propositions concrètes qu’il contient pour comprendre qu’il s’agit d’avantage d’une continuité, voire d’une amplification, que d’une rupture. On se demande par quel miracle le sort des français s’en trouverait cette fois améliorée.

La campagne que mène M. Sarkozy consiste à étendre l’écran de fumée de ses beaux discours devant la réalité de la politique qu’il entend effectivement mener, afin notamment de dissimuler qu’elle se place dans l’exacte continuité de celle qu’il mène avec ses amis depuis cinq ans. Afin de dissiper ce brouillard de séduction, il serait sans doute utile qu’on pose une question, une seule, à M. Sarkozy : « Au delà de votre discours sur la rupture, pouvez-vous, M. Sarkozy, extraire de votre programme deux mesures concrètes – l’une sociale, l’autre économique – qui ne soient pas l’exacte prolongation idéologique de la politique mise en oeuvre en France depuis cinq ans ?« 

Débarrassés alors de l’écran de fumée que M. Sarkozy s’efforce d’étendre devant leurs yeux à force de matraquage rhétorique, il ne restera plus aux français qu’à se demander si l’intervention de cette main invisible en laquelle feigne de croire les apôtres du libéralisme permettra de faire qu’ils puissent bénéficier cette fois-ci d’une miette des retombées que les amis politiques de M. Sarkozy, ainsi que lui-même, ne cessent depuis des années de leur promettre, et sans que cela n’arrive jamais.

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On parle de : Rupture ou continuité ?

Fév 062007
 

De l’art de la démagogie

portrait sarkozyInutile de nier que Sarkozy est un tribun d’exception. C’est même ce qui le rend si dangereux, cette capacité à si bien maquiller ses véritables intentions que non seulement elles en deviennent attractives, mais semblent comme expurgées de leur vraie nature et des menaces qu’elles font en réalité peser sur ceux-là même qui, de bonne foi, se laissent séduire.

Pourtant, la mécanique est toute simple, et c’est cette simplicité même qui rend le discours si redoutable, tellement efficace. Voyons comment cela fonctionne :

1- Il y a deux catégories de français : c’est la base du discours de M. Sarkozy, toujours opposer deux France, l’une mauvaise et fantasmée qu’il faut stigmatiser, l’autre bonne qu’il faut aider à prospérer ;

2- Vous faites partie des gentils : c’est la deuxième phase : l’auditoire doit être convaincu qu’il est dans le camp à qui l’on va faire du bien ;

3- Les uns (les méchants) mangent sur le dos des autres (les gentils) : tout ce qui ne va pas pour vous vient de l’existence de l’autre qui vous fait du mal ;

4- « Je n’accepte pas » les agissements des méchants (ils profitent de vous) : si je suis élu, je saurai être ferme (M. Sarkozy dit beaucoup qu’il « n’accepte pas » ; on remarquera qu’il prend bien garde de ne pas être plus précis) ;

5- « Je veux » privilégier les gentils (ils sont méritants) : il y aura des privilèges et c’est à vous que je les réserve, puisque vous faites partie du camp des gentils – je suis de votre côté, votez pour moi.

CQFD

Le raisonnement de M. Sarkozy est on ne peut plus évident : pour chacun d’entre nous, le méchant c’est l’autre – c’est bien humain. Il suffit donc de déclamer avec force et emphase qu’on fera une politique favorisant les gentils et intraitable avec les méchants pour que tout le monde applaudisse.

J’inviterais pour ma part chacun à considérer que peut-être M. Sarkozy pourrait ne pas l’inclure dans les gentils et considérer alors ce que rend cette fois son discours : « Je ferais une politique qui favorisera les uns et sera intraitable avec les autres » Considérant alors que cet homme ne fait pas mystère de son attachement au libéralisme, considérant par ailleurs la politique que mène la droite depuis cinq ans, on peut aisément deviner qui sont en réalité « les uns » (les quelques-uns) et qui sont en réalité « les autres » (tous les autres).

La démagogie est l’art de plaire au peuple. Le but est que le peuple nous veuille du bien (nous donne son suffrage). Ça ne signifie pas qu’on veuille du bien au peuple, et bien au contraire.

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On parle de : Sarkozy : déconstruction d’une rhétorique

Fév 062007
 

Sur TF1, le 5 février

portrait sarkozyInterrogé par un des 100 français du panel sur la question du mariage des couples homosexuels, et poussé par cette personne dans ses retranchements (une fois n’est pas coutume), M. Sarkozy a été contraint de nous révéler le fond de sa pensée :

« Je ne souhaite pas donner de la famille une image qui serait celle d’un couple homosexuel avec des enfants« 

Oui, M. Sarkozy, on est bien là dans le flirt le plus tendre avec les sentiments homophobes les plus sournois. Une telle déclaration est une insulte à tous les couples homosexuels avec enfants qui vivent en France et qui sont par une telle déclaration désignés du doigt, stigmatisés comme « aberrants ».

Ne nous étendons pas sur le fait qu’une telle logique pourrait conduire de la même manière à, par exemple, vouloir interdire le divorce afin de ne pas donner de la famille une image qui serait celle d’un parent élevant seul ses enfants… D’autres, situés à peine à sa droite, déclarent vouloir s’opposer à l’immigration venu du sud pour ne pas donner de la France une image qui ne soit pas blanche et chrétienne.

On pourrait d’ailleurs aussi ne pas vouloir élire M. Sarkozy afin de ne pas donner de la France une image qui soit à la fois rétrograde et réactionnaire, indifférente à la souffrance de l’autre, reniant les valeurs de la solidarité.

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On parle de : Vous avez dit « homophobie »

Fév 062007
 

Sur TF1, le 5 février

portrait sarkozyInterrogé par un des 100 français du panel sur la question des réquisitions des locaux vacants, M. Sarkozy s’est déclaré « opposé aux réquisitions ». Son argumentation est la suivante : « Mettez-vous à la place de celui qui a travaillé dur pour acquérir un patrimoine… Il ne pouvait plus clairement montré où va son empathie, vers le nanti (qui a travaillé dur, évidemment) plutôt que le miséreux (un fainéant qui vit de l’assistanat, évidemment aussi).

J’avais eu pour ma part le sentiment que la femme qui soulevait cette question tentait surtout de se mettre à la place de celui qui dort dans la rue, faute de disposer d’un logement. Mais chacun compatit où il veut, après tout.

Ajoutons seulement que M. Sarkozy s’est ensuite déclaré décidé à donner à tous les sans domiciles l’accès à un petit logement. Et s’il s’est bien gardé de dire comment (aucune réquisition, ça on l’a compris), il s’est néanmoins empressé de précisé que sa générosité ne s’étendrait pas aux sans-papiers, auxquels ne s’étend donc pas sa conception de la solidarité républicaine.

Puis il a ajouté, au cas où l’on aurait mal compris : « On aide celui qui veut s’en sortir« . Ce qui laisse entendre qu’il y aurait une France de ceux qui ne veulent pas s’en sortir, qui se complaisent dans l’assistanat, sans doute parce qu’il est possible d’en vivre bien. Encore une fois, ça a le mérite d’être clair.

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On parle de : Le camp des nantis

Fév 062007
 

Sur TF1, le 5 février

portrait sarkozyInterrogé par un des 100 français du panel sur les libertés du fumeur, M. Sarkozy répond avec emphase en rappelant que la cigarette tue, qu’elle tue non seulement celui qui fume mais également son entourage. Il déclare alors que s’il est un acharné défenseur de libertés (sic !), il est contre la liberté de se tuer et contre la liberté de tuer l’autre, et que donc il approuve avec force l’interdiction de fumer dans les lieux publics.

Et puis après un court instant de réflexion, il précise que toutefois et peut-être, dans le cas des communes rurales où le café est le dernier endroit de convivialité, il serait prêt là à concevoir qu’on puisse faire une exception. Faut-il comprendre qu’il n’est pas hostile à ce que les habitants des campagnes puissent se tuer et tuer leur entourage ?

C’est là l’exemple flagrant du discours à géométrie variable que ne cesse de tenir M. Sarkozy, un discours qui suit tout simplement la géométrie de l’électorat, le type même du discours démagogique de celui qui n’a de conviction intangible que dans les limites de sa propre ambition présidentielle : « qu’ils se tuent, pourvu qu’ils votent pour moi« .

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On parle de : L’exception rurale

Fév 022007
 

Une éthique de façade

portrait sarkozyQuatre événements ont eu lieu cette semaine qui viennent écorner l’image rassurante que cherche depuis peu à présenter le candidat Sarkozy. Il cite Blum et Jaurès, il se déclare le candidat de l’éthique, il se dit libéral social, mais :

Quand le fils du Ministre de l’Intérieur, Président de l’UMP et candidat aux élections présidentielles, se fait voler son scooter dans sa bonne ville de Neuilly, non seulement celui-ci est retrouvé dans les dix jours, mais la police procède à des prélèvements d’ADN pour mettre la main les auteurs du délit. C’est sans doute anecdotique, mais la force du symbole est évidente : le vol à Neuilly d’un scooter appartenant au fils Sarkozy n’est pas traité par la police de la même manière que le vol à Montfermeil d’une voiture appartenant au fils de personne. Cela se passe de commentaires.

Quand l’on apprend le lendemain que le Ministre de l’Intérieur, Président de l’UMP et candidat aux élections présidentielles, a commandité aux RG une enquête sur l’entourage de Ségolène Royal, on comprend toute l’importance que cet homme accorde à l’éthique dont il se gargarise tant, s’accordant à des fins électorales d’utiliser en sous-main les moyens de l’Etat : un homme prêt à tout dont l’intérêt supérieur est sa propre ambition personnelle à laquelle il est prêt à tout sacrifier.

Et quand le même jour, l’on apprend que les services de police, engagés par leur ministre-candidat dans une guerre sans merci contre les sans-papiers, se sont permis de rafler 21 d’entre eux alors qu’ils étaient allés chercher de quoi manger un peu dans les restos du coeur, on se prend à terriblement douter de l’aptitude à la compassion du personnage. On conviendra qu’il est tout de même particulièrement indigne d’utiliser la solidarité associative comme appât dans cette chasse aux sans-papiers qu’a décidé de mener M. Sarkozy : tout les coups sont-ils permis ?

Enfin, quand aujourd’hui est révélé que le Ministre Sarkozy a une nouvelle fois usé des RG pour enquêté sur le voisinage du QG de campagne du candidat Sarkozy, fichant systématiquement tous les habitants, on se dit que cela fait tout de même beaucoup pour une seule semaine, laquelle décidément nous en aura dit long sur un homme qui cherche à faire croire aux français qu’il aurait changé, se révélant néanmoins, jour après jour, tel qu’en lui-même : sans scrupule ni éthique, avide seulement de pouvoir.

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On parle de : Le vrai visage de Nicolas Sarkozy

Jan 312007
 

Travailler plus, Partager moins

portrait sarkozyNicolas Sarkozy a déclaré : « Depuis vingt-cinq ans, on partage le travail et l’on n’a jamais réduit durablement le chômage. Je ferai donc l’inverse en incitant tous ceux qui le souhaitent à travailler plus et en récompensant davantage le travail que l’assistanat. C’est en travaillant plus que nous aurons du travail pour tous.« 

Cette déclaration a le mérite de la clarté… et elle éclaire en effet puissamment, non seulement les intentions, mais aussi les procédés rhétoriques de Nicolas Sarkozy. Décortiquons ce petit discours :

Tout commence par une double contre-vérité. Tout d’abord, depuis vingt-cinq ans, la droite a été au gouvernement onze années, avec pour premiers ministres MM. Chirac, Balladur, Juppé, Raffarin et Villepin, M. Sarkozy ayant été en particulier Ministre du Budget de M. Balladur en 1993 (il y a 14 ans !), et Ministre de l’Economies, des Finances et de l’Industrie en 2004. Or cette droite là ne s’est en aucun cas préoccupée de « partager le travail ». Bien au contraire, elle a appliqué précisément les mêmes recettes que celles que M. Sarkozy nous présentent aujourd’hui comme nouvelles : baisser les charges sociales qui pèsent sur le travail, diminuer les impôts qui pèsent sur le pouvoir d’achat, flexibiliser le travail qui freine l’embauche (et le licenciement !…). Là où il est dans le vrai, c’est que ces mesures, si elles ont en effet permis d’augmenter le pouvoir d’achat des plus aisés et de précariser les salariés les plus fragiles, n’ont en effet jamais permis de réduire le chômage, bien au contraire. En revanche, et c’est le second point, la réduction du temps de travail (39 heures, cinquième semaine de congés payés, puis 35 heures) a, dans l’ensemble, amélioré les conditions de vie des salariés et, qui plus est, créé de l’emploi – massivement en ce qui concerne les 35 heures (ce que nul ne se permet plus guère de contester).

Ensuite, il s’agit donc pour M. Sarkozy d’inciter « tous ceux qui le souhaitent à travailler plus » et de récompenser « davantage le travail que l’assistanat ». On est là au coeur du sujet : pour M. Sarkozy, les français se divisent en deux camps, ceux qui travaillent et ceux qui sont assistés, laissant entendre que les quelques millions de français qui n’ont pas d’emploi, et de ce fait ne travaillent pas, seraient majoritairement responsables de leur situation, voire volontaires pour s’y trouver. Il omet volontairement d’évoquer, plutôt que ceux qui souhaitent travailler plus, tous ceux qui souhaiteraient tout simplement travailler, ceux pour qui trouver un emploi est une nécessité – et une souffrance quotidienne de ne pas en trouver. Et à cette souffrance, M. Sarkozy ajoute donc la stigmatisation : ce sont des assistés – laissant en sus supposé que ce serait confortable, qu’il serait possible de vivre bien des aides sociales, qu’il n’est en conséquence pas nécessaire que l’Etat se soucie davantage de leur cas, c’est-à-dire se préoccupe de solidarité. La seule chose qu’il leur dit est : nous allons inciter à travailler plus ceux qui travaillent et ça finira bien par « retomber » sur vous. Mais cela a déjà été fait et l’expérience montre que « ça ne retombe jamais » : c’est une politique économique qui ne permet pas de réduire le chômage, qui en sus et au contraire piétine le principe même de la solidarité nationale.

« Ceux qui le souhaitent… » : M. Sarkozy pense-t-il vraiment que les salariés dans leur grande majorité souhaitent travailler plus, et qu’il leur suffirait de le souhaiter pour qu’on leur accorde ? Mais les salariés souhaitent surtout gagner plus, c’est-à-dire être payé davantage. Augmenter les salaires ? Mais vous n’y pensez pas ! Progresser dans l’entreprise ? Pas la peine d’y compter non plus ! Il ne s’agit que de travailler davantage, faire des heures supplémentaires : mais combien d’entre nous ont déjà vu la moitié d’une heure supplémentaire payée ? et combien d’entre nous ont vu que c’était le salarié qui avait la faculté de demander des heures supplémentaires ? Les heures supplémentaires, M. Sarkozy, elles sont non seulement souhaitées par l’employeur, mais aussi généralement imposées par lui, et qui plus est très exceptionnellement rémunérées. Il est parfaitement aberrant de laisser penser qu’une telle mesure pourrait significativement accroître le pouvoir d’achat des français.

Car elle est bien là la logique à laquelle tente de nous faire croire M. Sarkozy et qui fait l’objet de la dernière phrase de ce petit laïus que nous avons rapporté au début : si les français qui travaillent travaillaient encore plus, leur pouvoir d’achat augmenterait, la consommation serait relancée, des emplois seraient créés et en profiteraient (enfin !) ceux qui ne travaillent pas (les fameux « assistés » que l’on prie de bien vouloir donc que « ça » retombe). C’est évidemment une fumisterie… et c’est en outre précisément ce qui a été mis en place par les gouvernements successifs de M. Raffarin, avec les conséquences que l’on sait, et sur la croissance, et sur le pouvoir d’achat, et sur le chômage.

Que s’est-il donc passé sous M. Villepin ? C’est là encore très instructif : a tout simplement été remis au goût du jour un peu de ce qui avait été cassé précédemment et qui s’appelle la politique des emplois aidés… Moyennant en supplément une politique de radiation massive (le traitement statistique du chômage plutôt que le traitement social), le chômage est alors revenu peu ou prou au niveau où le gouvernement de M. Jospin l’avait lui-même amené. Faut-il réellement applaudir ?

Ainsi, pour conclure, M. Sarkozy reprend à son compte les vieilles recettes libérales de sa famille politique et, non content de vouloir les aggraver, retient essentiellement celles qui donnent les pire résultats. La « rupture tranquile » serait alors tout bêtement de rhabiller le RPR en UMP et nous faire prendre de vieilles vessies pour de rutilantes lanternes ? Alors oui, en effet, c’est plutôt tranquile…

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On parle de : Sarkozy : « les fainéants et les assistés »

Jan 282007
 

L’économie des retombées, d’après Russell Banks

portrait sarkozy« Si je pense que nos dirigeants sont cyniques ? Oui, honnêtement, je le pense. Il me semble, cependant, que leur système de croyances les persuade qu’ils oeuvrent pour le bien universel – que le bien universel leur demande de s’engager dans des actions qui les avantageront, eux en particulier. Je ne sais pas si vous connaissez une expression qu’employait Reagan, celle de « l’économie des retombées ». On croyait, et on le croit encore chez les républicains, que si l’on diminuait les impôts des riches, ces avantages finiraient par retomber sur les pauvres, qu’en somme les pauvres bénéficieraient de la réduction d’impôt dont avaient profité les riches. Un formidable fantasme. Très alléchant. Tout le monde attendait qu’un peu d’argent finisse par retomber. Bien entendu, comme cela ne se produisait jamais, on accordait une nouvelle réduction d’impôt aux riches. Et les riches disaient : Ne vous inquiétez pas, c’est l’économie des retombées ; ça va finir par arriver jusqu’à vous. Ils y croyaient. Les riches croient toujours que ce qui est bon pour eux est bon pour tout le monde. »

– dans Amérique, Notre Histoire : Russell Banks, entretien avec Jean-Michel Meurice –

Ce commentaire de Russell Banks est une parfaite illustration de ce qui forme l’essence même du discours sarkozyste, cette manière de nous présenter le prétendu cercle vertueux du libéralisme : favorisons les riches : ça finira par retomber sur les pauvres ; favorisons les entreprises : ce sont les salariés qui en bénéficieront ; favorisons le fort : le faible ne s’en portera que mieux ; réduisons les impôts : les rentrées d’argent seront plus importantes ; facilitons le licenciement : les chômeurs trouveront un emploi ; accroissons la flexibilité du travail : la précarité reculera ; etc…

C’est une économie de faux-semblants. Et en attendant que « ça » retombe, les riches deviennent plus riches, les forts deviennent plus forts…, et ce sont toujours les mêmes qui attendent, ceux qui ont de moins en moins la possibilité d’attendre, ceux pour qui attendre est tout simplement une souffrance supplémentaire.

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On parle de : Sarkozy et le modèle américain

Jan 232007
 

De la baisse des impôts selon Nicolas Sarkozy

carricature sarkozyDans Le Monde d’aujourd’hui, Nicolas Sarkozy précise ses ambitions fiscales pour la France. Son raisonnement est le suivant : en baissant l’impôt sur le revenu, on rend du pouvoir d’achat aux français, lesquels vont consommer d’avantage, ce qui aura pour effet d’augmenter les recettes de l’Etat via la TVA. Un petit décryptage s’impose :

Rappelons d’abord que l’impôt sur le revenu est un impôt progressif et redistributif, l’impôt solidaire par excellence : plus vos revenus sont importants, plus vous payez plus, et plus donc vous contribuez plus à la solidarité nationale. Dit autrement, une partie de ce que vous gagnez est redistribué à l’ensemble des français via le financement des services publics de la santé, de l’enseignement, de la police, de la justice, etc…
Illustrons ce mécanisme avec un exemple simple (et des chiffres volontairement simplifiés) : supposons que chaque français reçoive de l’Etat 1000 € par an via l’accès au services publics (scolarité des enfants, accès à l’hopital, sécurité…). Via l’impôt sur le revenu et son assiette progressive, un français (appelons-le Jean) qui gagne 1000 € par mois paiera 500 € d’impôt sur le revenu par an ; un autre (disons Béatrice) qui gagne 2000 € mensuel paiera 1500 € d’impôt annuel (elle gagne le double de Jean mais contribue au triple à la solidarité nationale, et c’est là tout l’intérêt de la progressivité de l’impôt : la redistribution solidaire des ressources) ; et enfin, Nicolas qui gagne 4000 € chaque mois paie quant à lui 5000 € par an en impôt sur le revenu (même chose donc…). Ainsi, et en net (c’est-à-dire compte tenu que chacun reçoit en retour 1000 € via les services publics), Jean reçoit de l’Etat 500 €, tandis que Béatrice contribue au fonctionnement de l’Etat pour 500 € et Jean pour 4000 € – mais il reste que Jean a un revenu net d’impôt de 11 500 € (contre 12 000 avant redistribution), tandis que celui de Béatrice est de 22 500 € (contre 24 000 avant redistribution) et celui de Nicolas de 43 000 € (contre 48 000 avant redistribution) ; chacun d’entre eux ayant par ailleurs un accès égal aux services publics de l’Etat (du moins en théorie…).

Disons maintenant que la population française est répartie de la manière suivante : pour 20 français qui gagnent 1000 € par mois (et sont donc dans le cas de Jean), 4 gagnent 2000 € (comme Béatrice) et 2 gagnent 4000 € (comme (Nicolas). On remarquera que dans cet exemple très simplifié l’Etat a des dépenses strictement équivalentes à ses recettes. Faisons alors comme le préconise Mr Sarkozy et baissons l’impôt sur le revenu de tout ce petit monde (c’est d’ailleurs peu ou prou la politique menée par les gouvernements Raffarin-Sarkozy-Villepin depuis cinq ans). Rendons donc à chacun 10% de ce qu’il paie en impôt sur le revenu : Jean récupère 50 € de pouvoir d’achat, à comparer à son revenu annuel net qui était de 11 500 € (donc une augmentation de moins de 0,5 % de son pouvoir d’achat) ; Béatrice de son côté récupère 150 € (soit un gain de 0,7% sur son pouvoir d’achat) ; quant à Nicolas, il gagne dans l’opération 500 € : +1,15% de pouvoir d’achat en sus – et en valeur, dix fois plus que Jean, lequel gagne pourtant quatre fois moins…

Mais regardons maintenant cette « opération Sarkozy » d’un autre point de vue : selon ses propres termes, 2600 € sont ainsi « rendus aux français » en pouvoir d’achat. Sur ces 2600 €, 1000 € vont aux deux français qui gagnent 4000 € par mois, 600 € vont aux quatre français qui gagnent 2000 € par mois et encore 1000 € sont répartis entre les vingt français qui eux gagnent seulement 1000 € par mois. Dit autrement, le cadeau fiscal de Mr Sarkozy profite autant à 10% des français les plus riches qu’à 75% des français les plus pauvres. On peut sans doute avoir une autre conception de la justice fiscale

On aura par ailleurs remarqué que cet exemple a mis de côté tous les français qui en réalité gagnent suffisamment peu pour ne pas payer l’impôt sur le revenu et qui de fait ne profiteraient pas du tout du « cadeau » de Mr Sarkozy. De même qu’on n’a pas ici évoqué le cas des très riches…

Le problème est maintenant que notre Etat dont les dépenses étaient équilibrées se retrouve avec 2600 € de moins dans ses caisses. Mais Mr Sarkozy nous dit qu’il a la solution : ce pouvoir d’achat qu’il redistribue de cette manière socialement douteuse ira à la consommation, donc rapportera à l’Etat en TVA. Remarquons d’abord que l’hypothèse est pour le moins très discutable : dès lors que ce pouvoir d’achat est distribué pour moitié sur des catégories sociales suffisamment aisées pour avoir déjà eu la possibilité de constituer une épargne, et qui donc a les moyens de consommer à hauteur non seulement de ses besoins, mais également de beaucoup de ses désirs, on peut facilement comprendre qu’une bonne partie de ce pouvoir d’achat supplémentaire viendrait en réalité tout simplement grossir une épargne déjà constituée. Mais admettons, admettons que tout ce pouvoir d’achat soit consommé et rapporte à l’Etat 19,6% de TVA. Ce serait alors seulement tout juste 20% de la somme investie qui serait récupéré par l’Etat. Le compte n’y est pas du tout Mr Sarkozy, et il faudra donc également diminuer les dépenses (dépenses pour l’école, pour la santé, pour la justice, pour la sécurité…). Et ainsi, ce ne sont plus 1000 € qui seront redistribués à chaque français via leurs services publics, mais 920 €, soit une perte de 80 € pour chacun !

Faisons donc les comptes :

– Jean gagne 50 € annuel sur sa feuille d’impôt, qu’il consomme et sur lesquels donc il paye 20% en TVA, soit 10 €, et soit donc un gain net annuel de 40 €. Par ailleurs il ne reçoit plus de l’état que 920 €. Au total, Jean est perdant de 40 € ;

– Béatrice gagne 150 € annuel sur sa feuille d’impôt, moins 30 € reversé en TVA, soit un gain net annuel de 120 €. Et au total (en tenant compte des sommes que l’Etat ne peut plus lui redistribuer), un gain réel de seulement 40 € ;

– Nicolas, pour sa part, gagne 500 € d’impôt sur le revenu, reverse 100 € en TVA (à moins bien sûr qu’il ne choisisse d’épargner, mais bon…), et fait donc un gain net annuel de 400 €, lesquels lui permettront facilement de financer les 80 € que l’Etat ne consacre plus à sa santé ni à sa sécurité, et il lui reste même plus de 300 € pour payer un soutien scolaire privé à ses enfants (l’enseignement public étant défaillant faute de moyens suffisants), ou un accouchement dans une clinique privée pour sa femme (l’hôpital public n’ayant plus les moyens de fonctionner efficacement), à moins plutôt qu’il ne choisisse de les placer dans une caisse de retraite privée…

Mais on a oublié dans cette démonstration de préciser que la TVA est un impôt proportionnel, donc totalement non progressif et non distributif, contrairement à l’impôt sur le revenu, et voilà donc une injustice sociale supplémentaire que de vouloir rendre d’un côté de l’impôt sur le revenu et prélever de l’autre par la TVA. Mais on se souvient que c’est une pratique habituelle des amis de Mr Sarkozy, lesquels il n’y a pas si longtemps, lorsque Mr Juppé était premier ministre, avaient fait passer la TVA de 18,6% à 20,6% tout en prétendant baisser l’impôt sur le revenu. De même que nous savons déjà d’expérience que la baisse de l’impôt sur le revenu est accompagnée de la régionalisation de nombreuses dépenses, lesquelles sont alors financées via les impôts locaux – bien moins redistributifs eux-aussi… Au final, les impôts auront augmenté, et auront d’autant plus augmenté que vous êtes moins riches.

En conclusion, il faut évidemment remercier Mr Sarkozy de remettre au coeur du débat politique ces évidences qui font que prétendre que droite et gauche seraient des notions dépassées est une vaste duperie. Il y a pour les français un véritable choix à faire – et il ne s’agit pas seulement de la fiscalité. Espérons que le débat – et l’information sur le débat – sera à la hauteur des enjeux qui président à ce choix. Faute de second tour, ce ne fut pas le cas en 2002. Il est aujourd’hui plus que temps que le débat ait lieu au grand jour, tout masque baissé et toute langue de bois rentrée. Ce petit texte a l’ambition d’y contribuer un peu. Si vous jugez que ce peut être le cas, faites le circuler. Et n’hésitez pas non plus à y adjoindre vos commentaires…

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On parle de : Sarkozy et l’injustice fiscale

Avr 232006
 

Nicolas Sarkozy a proclamé : « On en a plus qu’assez d’avoir en permanence le sentiment de s’excuser d’être français. On ne peut pas changer ses lois, ses coutumes parce qu’elles ne plaisent pas à une infime minorité. Si certains n’aiment pas la France, qu’ils ne se gênent pas pour la quitter« 

Passons rapidement sur cette drague éhontée des électeurs d’extrême droite en empruntant sur ces thèmes, la ficelle est bien grosse et manque dramatiquement de subtilité, et interrogeons-nous sur ce que cela signifie, aimer ou ne pas aimer la France.

La France, de quoi parle-t-on ? On n’imagine pas que Sarkozy rendait là et seulement un hommage bucolique à la sublime diversité de nos paysages. Alors de quoi parlait-il ? De la grandeur de la France, ce qu’elle a représenté dans l’Histoire des Nations ? La France des Lumières et de la Révolution, terre d’accueil et d’universalité, patrie des Droits de l’Homme : certes, on peut aimer cette France-là, et aussi s’interroger sur ce qu’il reste aujourd’hui de ce lustre d’antan que nous avons coutume d’observer avec une tendre et impardonnable complaisance, oubliant allègrement la part d’ombre : la France de la terreur, la France esclavagiste, la France de Pétain et de Laval, la France antisémite, la France colonialiste, la France raciste et repliée sur elle-même.

Et aujourd’hui, est-elle tellement aimable, la France ? La France, c’est aussi ce pays qui vote à 20% pour l’extrême droite, ce pays qui parque ses immigrés, et les enfants de ses immigrés, et les enfants de leurs enfants, en périphérie des grandes villes, ce pays dans lequel il est si difficile de trouver un travail et un logement lorsque l’on a des origines africaines un peu trop marquées, ce pays qui en vérité exclut bien plus qu’il n’accueille, ce pays qui a peur de sa diversité c’est-à-dire de son propre reflet. Aimer la France ou la quitter ? Il y a peut-être une alternative : aimer la part de lumière et rejeter la part d’ombre, aimer suffisamment l’une pour ne pas passer l’autre sous silence, vivre à l’endroit où l’on se trouve et vouloir tenter de changer les choses, remettre un peu la France sur un chemin qui ressemblerait davantage à ce à quoi elle prétend, tolérance et générosité, liberté et fraternité, égalité et justice.

Aimer la France, en vérité je ne sais pas bien ce que cela peut signifier, sinon dire justement qu’elle ne serait pas diverse et multiforme, dans sa population comme dans ses lois et ses coutumes, ses croyances et ses traditions, dire qu’elle ne serait pas en évolution constante mais figée à jamais sur ce reflet d’elle-même qu’elle aime tant, cette France bien catholique, bien blanche et bien sûre d’elle-même et de son rayonnement. Et ainsi, proclamer son amour de la France et de ce qu’elle a toujours été – de ce qu’on voudrait qu’elle ait toujours été – revient en réalité à proclamer que l’on n’aime pas ce qu’elle devient, ou du moins que l’on en a peur.

Où l’on comprend donc qu’un petit bonhomme nous faisait simplement l’aveu de son indécrottable conservatisme, terreau de toutes les crispations qu’on lui connait. Ce qui conduit directement à cette question : Aimerions-nous la France de Nicolas Sarkozy ?

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On parle de : Sarkozy, l’Amour et la France