Et si la droite choisissait Bayrou !
On le sent bien, il y a à droite comme une tentation Bayrou. Non pas que l’homme séduise par l’originalité de ses propositions – il présente aux français un projet libéral qu’on connaît d’autant mieux qu’il est celui que la droite applique depuis cinq ans -, du moins a-t-il pour la droite l’avantage de faire moins peur que son concurrent. Bayrou, comme un Sarkozy en plus soft ? Il sembme bien que cela soit en mesure de séduire de plus en plus ces électeurs de droite lassés des incessantes incursions du candidat ministre de l’intérieur sur les terres de l’extrême droite, ses récentes déclarations – un appel à peine déguisé aux élus de l’UMP pour qu’ils apportent leurs signatures à Jean-Marie Le Pen, puis la proposition de créer un grand ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale – composant les deux derniers avatars en la matière d’une longue série, à peine interrompue par quelques semaines où l’homme avait cherché à présenter aux français le visage d’un homme qui aurait changé. Le naturel est revenu au galop et cela n’a pas l’heur de plaire à cette frange modérée de la droite qui n’a jamais apprécié ce genre de flirt avec le Front National. On la comprend…
La presse s’en fait peu l’écho, préoccupée qu’elle est de commenter l’ascension de Bayrou et son rapproché de Royal dans les sondages, mais le fait est là : c’est essentiellement au détriment de Sarkozy que Bayrou doit son ascension et, de fait, Sarkozy a largement entamé sa dégringolade dans les intentions de vote des français.
Bien peu sûre d’elle-même, la droite s’efforce donc d’appeler à la rescousse les électeurs de gauche. « Comme nous, vous souhaitez plus que tout éviter l’élection de Sarkozy. Alors votez Bayrou dès le premier tour.« , c’est ce qu’ils leur disent en substance. Mais c’est oublier que le choix du candidat de la droite qui accèdera au second tour n’est pas l’affaire des électeurs de gauche. C’est oublier qu’un électeur de gauche vote… à gauche. C’est oublier que la responsabilité d’un électeur de gauche est d’assurer la présence d’un candidat de gauche au second tour. Pour l’avoir oublié en 2002, et au motif d’avoir de trop ajouté foi aux sondages, la gauche s’était alors retrouvé privée de candidat au second tour… et les français privé par voie de conséquence d’un réel choix entre deux projets pour la France. Les électeurs de gauche ne renouvelleront pas une erreur qui a tant fait de mal à la démocratie – sans même parler des cinq années qui s’en sont suivi.
Les sondages semblent vouloir présenter Bayrou comme le candidat le mieux placé pour battre Sarkozy lors d’un second tour, mais là encore c’est un leurre. Les marges d’erreurs sont importantes. Les indécis sont nombreux. Les opinions sont en formation. Et plus que tout, le premier tour n’a pas encore eu lieu. Les débats de fond sont encore à venir, et puisque Sarkozy est un prétendant si peu attractif, même pour la droite, il est fort probable que beaucoup de choses peuvent encore évoluer et que la gauche de Mme Royal serait tout à fait en mesure lors d’un second tour de convaincre une majorité de français de se détourner de la droite de M. Sarkozy – comme de celle de M. Bayrou d’ailleurs. L’essentiel est de voter un tour après l’autre et, pour les électeurs de gauche, il est d’exprimer au premier tour un vote qui assurera la présence de Mme Royal au second tour. Et en la matière, ils se souviendront que trop de stratégie tue la stratégie !
Alors, si l’essentiel pour les électeurs de droite est d’assurer la défaite de Mr Sarkozy, on ne peut que les encourager à se retrouver majoritairement dès le premier tour sur la candidature de Mr Bayrou. La démocratie aurait tout à y gagner. On aurait un vrai premier tour, aboutissant sur un vrai second, lequel opposerait droite et gauche sur deux projets pour la France… et effectivement proposés aux choix souverain des français.
Au soir du 21 avril 2002, les électeurs de gauche ont eu à voter à droite pour faire barrage à l’extrême droite de M. Le Pen – et ils avaient alors massivement pris leurs responsabilités. On voudrait maintenant qu’à la veille du premier tour ils votent encore à droite, cette fois-ci pour faire barrage à la droite extrême de M Sarkozy ? Ce n’est pas sérieux.
Faire barrage à M. Sarkozy, cela relève pour l’heure de la responsabilité exclusive des électeurs de droite. C’est à cela que sert un premier tour, à ce que chaque camp sélectionne son candidat.
Technorati Tag : Agoravox
<agoravox/>
On parle de : Sarkozy, troisième homme
Lors de l’émission A vous de Juger du 8 mars sur France 2, nous avons enfin pu apprendre à l’occasion de son petit couplet sur la suppression des droits de succession qu’il propose (et qui a été largement entamé lors de la présente législature – continuité quand tu nous tiens) quelle conception de l’égalité des chance possède M. Sarkozy. Citons-le : « L’égalité des chances c’est que celui qui n’a pas la chance d’hériter puisse un jour par son travail se constituer le même patrimoine que celui qui en a hérité ». C’est édifiant, non ? Ainsi donc ce serait ça, l’égalité des chances, ce ne serait pas de rééquilibrer les chances en début de parcours (à l’école, par exemple), mais laisser miroiter à ceux qui n’ont rien l’idée que peut-être, s’il travaille beaucoup et toute leur vie, à la fin (c’est-à-dire quand M. Sarkozy ne sera plus président) ils auront un patrimoine équivalent à celui qui n’a rien eu à faire puisqu’il a hérité de son patrimoine. 
On le sent perdu le petit homme. Entre son soutien à peine voilé à Le Pen en début de semaine et celui longuement prémédité avec Simone Weill aujourd’hui, le grand écart devient tellement immense qu’on l’imagine assez bien le voir soudain s’effondrer sur lui-même, une implosion plus qu’une explosion, et s’éparpiller, façon puzzle, se volatiliser dans les limbes de son ambition dévorante… et qui l’aura finalement dévorée. Oui, je suis disposé à miser ma femme (d’ailleurs c’est sa journée) sur un second tour droite-gauche façon Bayrou-Royal, avec au soir du 22 avril un Sarkozy braillant un « Je vous demande de vous arrêter », façon Balladur, en annonçant, dressé sur ses talonnettes et ses 15%, qu’il appelle ses partisans à se rassembler pour faire barrage à la gauche « socialo-communiste » en reportant leurs suffrages sur un François Bayrou redevenu – Ô Miracle ! – l’autre jambe de la droite. 
Au retour d’une semaine au vert (et à la blanche), j’ai le grand plaisir de constater un léger tremblement de l’ami Sarkozy sur ses fondations. L’écran de fumée dont il a pris soin de s’entourer semble se dissiper un peu et, derrière, l’on entr’aperçoit une vérité qui lentement fait surface et un candidat qui légèrement vacille. C’est infime encore, et il s’en faut de beaucoup encore qu’on puisse être assuré que cela ira en s’amplifiant. Pourtant, une fissure est bel et bien apparue dans l’imposture, principalement sur son versant éthique. Une bien mauvaise semaine pour M. Sarkozy :
Sarkozy promet beaucoup et à tout le monde. Et si l’on en croit les sondages – mais 
Devant la tournure que prend la campagne électorale dans le prisme déformant de médias traditionnels qui semblent de plus en plus se désintéresser du fond, l’idée peut prendre de s’en aller lui-même consulter les programmes des candidats.Or s’il est assez aisé de trouver le 
Témoignages, le livre de Nicolas Sarkozy s’exporte bien, parait-il. Du moins a-t-il été traduit en plusieurs langues. Ainsi en existe-t-il une édition italienne et l’on n’aurait pas grand-chose à y redire si n’était que la préface de celui-ci a été confié par M. Sarkozy à un certain Gianfranco Fini, homme au parcours politique indubitablement sulfureux et actuellement chef d’Allienza Nazionale – Alliance Nationale – héritière directe du MSI, Mouvement Social Italien qui fut jusqu’au milieu des années quatre-vingt dix le plus important mouvement néofasciste en Europe et le prolongement naturel du Parti National Fasciste de Benito Mussolini.
Dans le programme du candidat Chirac aux présidentielles de 2002, on peut lire entre autres choses :