dedalus

Nov 192008
 

Benoit Hamon Ségolène RoyalDans mon Twitter, on me dit que la rue Solférino estime que Ségolène Royal arriverait en tête avec plus de 35% des suffrages – mais moins de 40% – et que Martine Aubry et Benoit Hamon seraient au coude à coude avec un peu plus de 30% des votes des militants – mais moins de 35%.

Tout le monde sait ce qu’il faut penser des chiffres qui circulent sous le manteau, et qui émergent comme miraculeusement ici ou là. Il reste que ce sont là des chiffres qui me paraissent censés, qui forment une hypothèse crédible.

Et je me dis alors que l’élimination de Martine Aubry au soir du premier tour laisserait la place à un second tour entre Ségolène Royal et Benoit Hamon qui aurait l’immense avantage de permettre finalement aux militants de conclure utilement cette interminable phase de congrès en tranchant de manière très nette entre deux orientations stratégiques, deux conceptions de la rénovation, deux conceptions du combat politique, deux conceptions du socialisme :

Deux orientations stratégiques : Pour Benoit Hamon, le Parti Socialiste doit refuser toute idée d’alliance partisane avec le Modem, afin d’ancrer sans ambiguïté le Parti Socialiste dans la gauche et lancer dans les meilleurs conditions la bataille des idées qu’il s’agit de gagner afin que, sortant vainqueur des prochaines présidentielles, le candidat de la gauche soit en mesure de mener une politique de transformation sociale aussi crédible qu’ambitieuse et résolue.

Pour Ségolène Royal, il s’agit de prendre comme une donnée le rapport de force droite gauche, aujourd’hui largement défavorable à la gauche, et d’en conclure à l’inéluctabilité d’un accord de second tour avec le Modem. De fait, avec cette perspective, il s’agira dans les trois ans à venir de réfléchir à un projet socialiste qui soit en mesure de ne pas trop rebuter les libéraux de centre-droit avec lesquels il faudra donc s’allier.

Deux conceptions de la rénovation : Pour Benoit Hamon, il s’agit de construire un nouveau Parti Socialiste qui ressemble d’avantage à la France, dans lequel et à tous les échelons de responsabilités, puissent être présentes toutes les générations, toutes les catégories socio-professionnels, toutes les origines. Il s’agit également de mettre en accord les règles internes avec la conception socialiste de la démocratie, laquelle conduit les socialistes à plaider pour l’instauration d’une VIème République où le parlementarisme se substitue au présidentialisme.

Pour Ségolène Royal, il s’agit d’abord d’instaurer au Parti Socialiste un fonctionnement aligné sur le présidentialisme de la Vème République, avec un présidentiable – elle-même – à sa tête, un chef doté d’un fusible – en la personne de Vincent Peillon – nommé au poste de premier secrétaire délégué à la gestion du quotidien qui amortira les chocs d’éventuels revers électoraux à venir, préservant ainsi la candidature du chef – entendez, Ségolène Royal elle-même.

Et c’est ainsi qu’alors qu’au lendemain du vote des militants sur les motions, alors que la motion E avec Ségolène au frigo était arrivée en tête et que se dessinait un rassemblement des socialistes autour d’une ligne politique ancrée à gauche, une volonté de rénovation et la candidature de Vincent Peillon au poste de premier secrétaire, Ségolène Royal a choisi de sortir de son frigidaire sa propre candidature, sachant pourtant que s’était là le moyen le plus sûr de rallumer toutes les vieilles querelles et le feu de la division des socialistes.

Et c’est ainsi que le changement de génération demeure de ce côté là cantonné en deuxième ligne.

Deux conceptions du combat politique : Faisons bref ici. D’un côté l’engagement collectif, le débat de fond, la bataille des idées, la réflexion à un projet alternatif, l’opposition à la droite, la mobilisation aux côtés du mouvement social. De l’autre, un peu de tout cela aussi – ne caricaturons pas – mais aussi la pipolisation, les paillettes, la culture du chef – ne disons pas « le culte du chef » -, la caporalisation des militants, le pragmatisme jusqu’aux renoncements, la démagogie jusqu’aux frontières du populisme, l’ambition personnelle jusqu’à la mise en péril de l’intérêt collectif, etc…

Deux conceptions du socialisme : Pour Benoit Hamon – et c’est le point de départ de la motion qu’il a soumise aux militants – le premier constat est celui de l’échec du compromis social-démocrate : échecs électoraux qui s’expliquent par la mise en oeuvre d’une politique qui partout a échoué à se poser en alternative de poids au libéralisme, à lui opposer une résistance sérieuse, à réaliser la transformation sociale que l’on attend de la gauche. Il s’agit donc de dépasser ce modèle et de proposer une politique plus de rupture que d’accompagnement, où la puissance publique cesse de reculer et intervient fortement pour réguler et réglementer les marchés, les contraignant à supporter les coûts sociaux et environnementaux des investissements productifs. Il s’agit d’ancrer le PS à gauche.

Pour Ségolène Royal, qui a opportunément déclaré que le modèle social-démocrate était « périmé », il suffit de lire la motion E, et plus simplement encore de connaître le positionnement politique à l’intérieur du PS de ses signataires, tels que les très sociaux-démocrates que sont les barons Collomb et Guérini ou le très social-libéral Manuel Valls, pour comprendre que la sociale-démocratie demeure encore et toujours au coeur de sa pensée politique, comme elle était déjà au coeur de son pacte présidentiel dont elle n’a jamais renié que les mesures les plus sociales, justement. Et même si elle s’en éloignait, la nécessité de ne pas effaroucher les libéraux du centre-droit l’y ramènerait très vite.

Oui, décidément, un second tour entre Benoit Hamon et Ségolène Royal serait l’opportunité pour les militants de sortir par le haut de ce congrès en tranchant de manière nette entre deux orientations politiques et deux conceptions du changement.

Et aux militants qui s’interrogerait sur une stratégie de vote au premier tour qui préserve leurs chances de l’emporter au second, je profite de l’occasion pour leur rappeler que dans un scrutin majoritaire à deux tours entre seulement trois candidats, la notion de vote utile n’a aucune pertinence – dit autrement, dans cette configuration, le seul vote utile consiste à voter directement pour son candidat préféré. N’hésitez plus, saisissez cette opportunité, osez l’audace et votez pour Benoit Hamon.

Où l’on parle de : Un second tour Hamon Royal


Le double aveu de Ségolène Royal

Nov 182008
 

L’aveu de l’alliance avec le Modem :

Ce matin sur France-Inter, une auditrice a posé une question limpide à Ségolène Royal : « Madame Royal est-elle capable de nous dire clairement qu’elle est POUR un appel au ralliement des militants du Modem et CONTRE un rapprochement des deux formations politiques. »

La réponse aurait pu être tout aussi limpide : OUI je peux répondre clairement et, surtout, OUI je suis POUR un appel aux militants et CONTRE une alliance entre les deux partis politiques – ou du moins tant que l’un est de droite et l’autre de gauche. Force est de constater que la réponse est NON :

Non, Ségolène Royal – qui par ailleurs n’a de cesse de prôner la clarté – n’est pas capable de répondre clairement à cette question simple. Et oui, donc, il serait envisageable, si Ségolène Royal venait à prendre la tête du Parti Socialiste, que le Parti Socialiste et le Modem s’engagent mutuellement dans un contrat de gouvernement. Et donc oui encore, le Parti Socialiste pourrait de facto se retrouver à gouverner avec les libéraux et se placer ainsi dans l’incapacité, une fois de plus, une fois de trop !, de mener une politique de transformation sociale ambitieuse à la hauteur des urgences sociales et écologiques du XXIème siècle, une politique résolument ancrée à gauche en rupture avec un libéralisme d’autant plus destructeur qu’il est aujourd’hui moribond. Bref, ce serait le grand retour du renoncement social-démocrate façon fin de XXème siècle et son cortège de désillusions. Un bien étrange moyen de prôner le changement et l’ancrage à gauche voulu par les militants socialistes.

L’autre aveu : Georges Frêche

Pas tout à fait accessoirement, Ségolène Royal a également été interrogé ce matin sur ses intentions quant à la réintégration de Georges Frêche dans le Parti Socialiste.

Le moins qu’on puisse dire est qu’elle a manié davantage l’esquive que la clarté, arguant qu’il s’agirait là d’une décision collective à prendre après qu’elle aurait été élue. Pressé par le journaliste de se faire plus précise quant à sa propre opinion, la candidate s’est cantonné à faire l’éloge d’un homme qui a par ailleurs lui-même confié publiquement avoir négocié son soutien à la motion Royal contre sa réintégration au sein du Parti Socialiste.

Rappelons que Georges Frêche, président du conseil régional de Languedoc-Roussillon, président de la communauté d’agglomération de Montpellier et conseiller municipal de Montpellier, a été exclu du Parti Socialiste, il y a un peu moins de deux ans, suite à ses déclarations à propos de l’équipe de France de football : « Dans cette équipe il y a neuf Blacks sur onze. La normalité serait qu’il y en ait trois ou quatre. Ce serait le reflet de la société. Mais là, s’il y en a autant, c’est parce que les Blancs sont nuls. J’ai honte pour ce pays. Bientôt, il y aura onze Blacks. Quand je vois certaines équipes de foot, ça me fait de la peine. »

Il ne s’agit pas de juger ici du caractère plus ou moins odieux d’une telle déclaration, mais de constater que pour le moins elle est une outrance faite au socialisme, des propos incompatibles avec l’idée-même qu’on peut se faire à gauche de l’universalité de l’homme, qui ne distingue pas les êtres humains selon leur couleur de peau, ou autres caractères ethniques, pour faire des généralités chargées de sous-entendus quant aux aptitudes des uns ou des autres.

Le moins qu’on puisse dire est que venant d’une femme qui en fait beaucoup sur le thème de la France métissée, une telle indulgence est plus que suspecte. Il apparaît sans aucune ambiguïté que des discussions ont eu lieu, que des petits arrangements ont été pris et que des promesses ont été faites en échange de certains soutiens dont on sait qu’ils ont du poids. Pour une candidate qui clame partout le renouvellement des pratiques politiques, ce point est particulièrement éclairant. Ségolène Royal se gargarise régulièrement de vouloir mettre en accord les discours et les actes, mais de tout évidence ce n’est là que du discours…

Une chose est certaine, c’est qu’en cas d’élection de Madame Royal au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste, les militants du Languedoc-Roussillon vont devoir attendre un peu avant qu’une équipe rajeunie et des pratiques nouvelles parviennent jusque chez eux. De même que dans les Bouches-du-Rhône, où le très jeune et très moderne Jean-Noël Guérini semble avoir une conception toute personnelle de la démocratie interne.

Où l’on parle de : Ségolène Royal : l’Aveu !


A propos de l’ancrage à gauche

Nov 172008
 

Ce matin sur France Inter, en revenant sur les raisons de la défaite de Ségolène Royal aux dernières présidentielles, Benoit Hamon a parfaitement résumé l’essentiel de ce qui justifie, même d’un point de vue stratégique, la nécessité pour le Parti Socialiste de renouer enfin avec l’ancrage à gauche de sa ligne politique.

Par la même occasion, vous avez dans cette séquence de moins de 1’30 », le condensé de ce qui doit conduire un militant socialiste à choisir Benoit Hamon jeudi et vendredi prochain :

Où l’on parle de : A propos de l’ancrage à gauche


Se rassembler à gauche avec Benoit Hamon

Nov 172008
 

Une certitude que nous pouvons avoir est que si le prochain premier secrétaire du Parti Socialiste est Ségolène Royal ou Martine Aubry, la guerre des socialistes se poursuivra. Dans un cas comme dans l’autre, les perdants chercheront à obtenir leur revanche sur les gagnants en les faisant trébucher et ces derniers imputeront leurs difficultés et éventuellement leurs échecs aux divisions dont les premiers seront tenus pour responsables. Dans un cas comme dans l’autre, il nous faut en être bien conscient, nous n’en aurons pas fini avec la division. Tout au plus, cette guerre qui était ouverte ces derniers mois se transformera en une guerre de positions, une guerre de tranchées et menée largement dans l’ombre, par les uns comme par les autres.

En finir avec une querelle interminable, née de la guerre de succession post-mitterrandienne, c’est tout l’intérêt du saut générationnel en faveur duquel je plaide depuis plusieurs semaines sur ce blog – et en réalité depuis le lendemain des élections présidentielles et législatives de 2007. J’avais estimé pour ma part que la plus grande chance de parvenir à ce changement de génération résidait en Vincent Peillon. Malheureusement, celui-ci n’a pas souhaité assumer toutes ses responsabilités, cédant à la volonté intransigeante d’une Ségolène Royal incapable de s’effacer – de même qu’après avoir été tentée, Martine Aubry n’a pas non plus consenti à s’effacer derrière Benoit Hamon. Lequel pourtant, et contrairement à Vincent Peillon, a décidé d’assumer ses responsabilités, en particulier donc celle d’offrir aux militants cette alternative d’une sortie du cycle infernal de la division.

Mais peut-être devriez-vous prendre simplement dix petites minutes pour décider s’il ne serait pas préférable que le Parti Socialiste tienne désormais ce discours et ressemble désormais à ça :

Notons en passant que Benoit Hamon a trouvé un accord politique de bel augure avec la motion Utopia (F), exposé ici en 2 minutes par Franck Pupunat :

Où l’on parle de : Se rassembler à gauche avec Benoit Hamon


pragmatisme et renoncements

Nov 162008
 

Pragmatisme et renoncements du socialisme

dans l'oeil de SarkofranceL’indispensable Juan de Sarkofrance a publié sur leftblogs.info un billet intitulé « Je n’ai pas été déçu par le Congrès Socialiste », dans lequel il dresse un bref tableau de ses impressions de congrès et où, du constat selon lequel les socialistes seraient en réalité d’accord sur le fond politique, il conclut au fait que le bon choix serait celui de porter Ségolène Royal à la tête du Parti Socialiste.

J’ai d’abord commencé un petit commentaire au-dessous de son billet, qui a rapidement cessé d’être petit pour bientôt n’avoir plus le format concis d’un commentaire. Pis, au même moment, j’ai découvert un autre billet – « Parti Socialiste : le malentendu de l’unité » -, plus récent encore, dans lequel il revient sur la question du Modem et expose une vision très pragmatique du combat politique.

Bref, plus moyen d’en rester au commentaire. Autant faire un billet où ce que j’ai à dire apparaîtra sans doute un peu plus construit.

Juan écrit : « un parti doit avoir des statuts cohérents avec le régime politique dans lequel il concourt », et constate que le Parti Socialiste « conserve encore quelques restes d’un fonctionnement digne de la 4ème république ». Le constat est juste : il est vrai que demeure une pointe de IVème République dans le PS et que le présidentialisme est plus en phase avec la Vème… Mais il faut alors se souvenir de ce temps pas si lointain où les socialistes en appelaient à l’instauration du VIème République, où le parlementarisme se substituerait au présidentialisme. Faut-il renoncer à cette ambition ? Faut-il surtout oublier pourquoi cette ambition, ce qui la justifiait et la justifie encore ?

Le monde ne nous ressemblant pas, il faudrait renoncer à changer le monde et se contenter de lui ressembler – afin simplement d’être en phase ? C’est là bien tout le problème du Partie Socialiste depuis plus de deux décennies, c’est-à-dire depuis les premiers renoncements de l’ère mitterrandienne, et en passant par le tragique « l’Etat ne peut pas tout » de Lionel Jospin qui scella le sort des deux dernières présidentielles. Le socialisme ne sachant plus comment changer la vie dans un monde devenu trop complexe et trop grand, il ne pouvait que s’adapter, corriger un peu, ici ou là. Reconnaissant que le monde était plus fort que lui, il avait renoncé à son ambition… pour l’Homme. Il avait de fait renoncé au socialisme.

Alors, plutôt que de renoncer et de nous adapter, pour être en phase, posons-nous chaque fois la question de ce qui fonde notre engagement, notre ambition. nous voulions en finir avec le présidentialisme de la Vème République : pourquoi ? Parce que la gauche n’a que faire de la culture du chef. Parce que nous en connaissons les dérives – et nous les voyons aujourd’hui à l’oeuvre. Parce que nous croyons en l’intelligence collective et en la force positive de la démocratie. Parce que la démocratie est l’outil premier du socialisme – et il faudrait d’ailleurs s’interroger aussi sur la cohérence entre présidentialisation et démocratie participative…

Non, je ne crois pas que le pragmatisme soit nécessairement le passage obligé de toute victoire – ou en tout cas tant que l’on espère encore en des victoires utiles. Je crois que lorsque le pragmatisme devient renoncement ou cynisme, souvent les deux à la fois, on a déjà perdu le combat que l’on mène, parce que l’on a oublié pourquoi, et surtout pour qui, on avait engagé ce combat.

Non, il ne s’agit pas de crier « A Gauche » plus fort que les autres. Et puis surtout, non, les précaires ne se foutent pas « qu’on gouverne exactement pareillement » de ce que nous avons toujours fait… et qui ne les a que très marginalement rendu moins précaires.

Il ne s’agit pas de crier « A Gauche », mais il s’agit de réinventer la gauche, de ne pas en rester à une sociale-démocratie qui ne cesse et partout d’échouer, qui met des pansements – et c’est mieux que rien, mieux que ne fera jamais la droite – mais qui ne guérit pas, qui ne possède pas les moyens de guérir.

Non, la sociale-démocratie ne saurait répondre ni à l’urgence sociale ni à l’urgence écologique – ni même aux horreurs économiques qui se succèdent à travers le monde et dévastent les hommes. Elle ne saurait y répondre, à ces deux urgences, ne serait-ce que parce qu’elle n’a pas intégré dans son architecture que ce sont là les deux faces de la même pièce.

C’est pourquoi il y a pour les socialistes, cette semaine, un véritable choix politique à faire. Un choix entre ceux qui prônent bon an mal an la poursuite du projet social-démocrate, et ceux qui ont commencé à ouvrir de nouvelles pistes à gauche – et Benoit Hamon a fait en ce domaine la preuve que le projet socialiste nouveau est en passe de trouver une cohérence dans cette «radicalité crédible» qu’a évoquée une Ségolène Royal, dont il faut bien reconnaître qu’elle a parfois le sens de la formule juste – mais les mots ne suffisent pas… les mots ne peuvent suffire quand on les prononce tous.

Or il y a une réalité qui permet d’évaluer Ségolène Royal quant çà ce choix politique essentiel qu’il faut faire, l’évaluer par delà les mots qu’elle prononce ici ou là, par delà cette stratégie qu’elle avait d’abord mise en oeuvre lors des présidentielles et qui consiste à aller systématiquement chasser sur le terrain de l’adversaire. Cette réalité est toute entière contenue dans le texte qu’elle a signé et avec lequel elle se présente devant les militants, toute entière inscrite dans cette motion E qui de toute évidence est dans l’exacte continuité sociale-démocrate, une voie prônée d’ailleurs sans ambiguïté par ses co-signataires, Jean-Noël Guérini, Gérard Collom et Manuel Valls entre autres.

C’est pourquoi, si l’on se concentre sur le cœur du problème socialiste, c’est-à-dire sur ce qui concerne très concrètement les précaires auxquels les socialistes doivent de se réinventer et de cesser d’être dans les renoncements timorés – même mâtinés d’une compassion très émouvante et très fraternelle -, il n’y a en effet pas à hésiter et, pour ma part, je suis socialiste et je voterai Benoit Hamon sans la moindre hésitation.

Où l’on parle de : Réponse à Juan de Sarkofrance


Ma Synthèse

Nov 162008
 

Un congrès désespérant. Deux candidates désespérantes. Et Benoit Hamon pour ce qui reste d’espérance en un Parti Socialiste rénové et ancré à gauche. Les socialistes sauront-ils se souvenir enfin qu’être de gauche c’est d’abord oser aller de l’avant, oser renverser l’ordre établi ?…

Osons Benoit HamonLamentable !

Le visage qu’a présenté le Parti Socialiste aux français, et même à ses militants, est lamentable. Je ne vais pas jouer au petit jeu des responsabilités, simplement dire que le résultat est désastreux… et ne pas épiloguer. Ne pas épiloguer, aller de l’avant, continuer quand même, se tourner déjà vers les lendemains, et feindre de ne pas être trop pessimiste, ni trop amer.

Non, tout de même. D’abord me souvenir une dernière fois qu’il y a une semaine encore, après que les militants avaient voté sur les motions, on parlait d’ancrage à gauche, de rénovation du parti, de changement de génération… et de Vincent Peillon. Et puis Ségolène Royal a voulu être que la candidate ce soit elle. Personne d’autre qu’elle et son ambition. Et alors Martine Aubry n’a pas voulu que ce soit Ségolène Royal. Benoit Hamon non plus. Il y eut aussi Bertrand Delanoë qui ne voulait ni de Ségolène Royal ni de Benoit Hamon. Et Martine Aubry qui ne voulait pas de Bertrand Delanoë. Et Benoit Hamon qui estimait être le meilleur candidat pour la gauche. Et Ségolène Royal qui continuait à ne voir qu’elle-même et son destin présidentiel. Ce qui inquiète tous les autres. Et puis rien.

Me souvenir aussi qu’hier soir, pourtant, tout semblait s’être clarifié, sur le fond. Un clivage politique s’était révélé entre les partisans de la motion E et les autres, sur la question cruciale, essentielle, de l’ancrage à gauche. On semblait avoir enfin compris que la question des alliances n’était pas un prétexte, mais bien une problématique indissociable de celle de la ligne politique. La motion E apparaissait enfin pour ce qu’elle était, c’est-à-dire minoritaire. Il y avait la place pour une majorité, pour bâtir une synthèse majoritaire autour d’une ligne politique cohérente et à gauche. Un Parti Socialiste qui choisirait la gauche, c’était une perspective alléchante. Mais l’inertie de l’appareil et le conflit des egos eurent raison d’une espérance qui fût tué dans l’oeuf. Opportunité rare, occasion manquée et on pourrait bien avoir longtemps pour s’en mordre les doigts.

Tant pis. Prendre acte, donc. Recommencer à partir de là. Comprendre la situation. Ne pas oublier que si les français n’ont certainement pas besoin de ce parti socialiste là, ils ont besoin de l’alternative socialiste, besoin de gauche. La responsabilité des militants socialistes demeure immense, dès la semaine prochaine et dès ce vote sur le premier secrétaire qui sera donc déterminant pour l’avenir.

Trois candidats, deux lignes politiques. D’un côté Ségolène Royal, de l’autre Martne Aubry et Benoit Hamon.

Ségolène Royal : Sa ligne politique est celle inscrite dans la motion E, issue de l’alliance avec Gérard Collomb, Jean-Noël Guérini et Manuel Valls, barons de la vieille social-démocratie tendance libérale et Modem-compatible.

Mais il ne s’agit pas seulement de cela. Et même si la ligne politique demeure essentielle dans ce choix, la crise financière est passée par là qui semble avoir ouverts bien des yeux sur la nécessité d’un réancrage à gauche. On notera à ce sujet que Ségolène Royal dans son discours, ce dimanche matin à Reims, a parlé de radicalité crédible à gauche. Radicalité, un terme dont elle se servait jusqu’à présent pour renvoyer Benoit Hamon à de supposés archaïsmes. Mais on le sait, la stratégie électorale de Ségolène Royal est toujours la même qui consiste à s’en aller surenchérir sur le terrain de l’adversaire – qu’il s’agisse de Nicolas Sarkozy lors des dernières présidentielles ou de Benoit Hamon cette fois-ci – au point qu’on en finit toujours pas se demander où se trouvent ses convictions à elle, sinon dans l’ambition qu’elle a chevillée au corps de l’emporter coûte que coûte.

Il ne s’agit donc pas seulement de cela, disais-je. Ségolène Royal incarne également une autre manière de faire de la politique. C’est indéniable. Pourtant, de la même manière qu’il faut répondre à la droite qu’il ne s’agit pas que de réformer mais de réformer dans la bonne direction, il faut avoir à l’esprit que faire de la politique autrement n’est pas un objectif en soi : ce qui importe est dans la manière. Ségolène Royal joue de la proximité sentimentale, sait plus que tout autre faire vibrer la corde sensible, elle parle d’amour et de fraternité, d’offenses et de pardon des offenses, et recherche la popularité par la mise en scène d’elle-même.

Cela provoque enthousiasmes, mais aussi rejets, l’un et l’autre étant finalement plus politique qu’irrationnel, tant cette manière de moderniser la gauche peut être perçu comme ayant en réalité plus à voir avec la modernité qu’avec la gauche. Parce que la gauche s’occupe d’avantage de solidarité que de compassion, d’avantage de la mobilisation du collectif que de la personnalisation à outrance, d’avantage de faire appel à l’intelligence qu’à l’émotion. Parce qu’être de gauche c’est aussi, en politique, une manière de faire.

Et là est bien le plus grand danger de Ségolène Royal, ce divorce d’avec le peuple de gauche dont une partie non négligeable la rejette, refuse de se reconnaître dans cette pseudo-modernité qui est en réalité un renoncement. Et l’on revient là très directement au fond de la question des alliances et à la problématique Modem. Pour Ségolène Royal, la gauche n’est pas majoritaire et ne le sera jamais seule : pour l’emporter, elle aura besoin de s’allier avec le centre-droit, rassembler tous les républicains. C’est un renoncement, le plus grand des renoncements : c’est partir battu dans la bataille des idées qu’il s’agit pourtant plus que jamais de mener avec force, c’est renoncer a priori d’être jamais en mesure de mener une politique de gauche, réellement alternative, que, tout républicains qu’ils soient, les libéraux du Modem récuseront toujours.

Enfin, on l’a désormais bien compris, placer demain Ségolène Royal à la tête du Parti Socialiste sera de facto en avoir fait la candidate pour 2012. De facto, le PS serait d’abord et avant tout devenu sa machine à la faire candidate. Or il faudrait être fou ou bien sourd pour ne pas entendre de partout ce peuple de gauche qui avertit : nous ne voterons pas une seconde fois pour Ségolène Royal dès le premier tour. Le rejet est réel dont il nous faut impérativement tenir compte, sauf à d’ores et déjà envisager la défaite en 2012, défaite promise pour une gauche qui, autiste, n’aurait changé ni de projet ni même de candidate.

Martine Aubry ou Benoit Hamon : Sur le fond, le congrès a entériné l’adhésion à la ligne politique de Benoit Hamon, une ligne marquée à gauche, sans ambiguïté sur son positionnement, cohérente, moderne et ambitieuse sur ses propositions. Il ne s’agit maintenant, et plus que jamais, que d’oser franchir le dernier pas, gravir la dernière marche, réaliser ce que n’ont su réaliser les congressistes.

Avant ce week-end, l’image du Parti Socialiste dans l’opinion n’était pas enviable. Elle est désormais tout à fait désastreuse et les militants doivent adresser aux français un message d’autant plus fort qu’il nous faut revenir de loin. Répétons-le donc, il s’agit aujourd’hui d’ancrage résolument à gauche, de rénovation du Parti Socialiste et de changement de génération. Il s’agit à présent de ne plus tergiverser et faire enfin ce saut générationnel qui plus que jamais nous est devenu nécessaire. La politique est aussi affaire de symboles et, quoi qu’on en veuille et en le disant sans offense, dans ce « duel » à la gauche du parti, Martine Aubry symbolise le passé et Benoit Hamon l’avenir. C’est là, précisément, qu’il nous faut trancher et, j’ose le dire ainsi, et pas tout à fait naïvement, trancher avec audace et courage, mais aussi créativité, trancher ici et maintenant pour changer à gauche, trancher radicalement et choisir sans complexe d’avoir un monde d’avance.

Cela fait désormais trop longtemps que les socialistes à ne plus oser ont fini par s’immobiliser : camarades, décomplexons-nous, soyons audacieux, osons Hamon !

Je vais parler de Barack Obama et je m’en excuse tant cela devient convenu. Et loin de moi est l’idée de comparer Benoit Hamon à Barack Obama – je ne suis pas certain d’ailleurs que cela serait lui rendre service. Juste dire ceci cependant : c’est parce que depuis trop longtemps nous, socialistes français, sommes incapables d’oser des Benoit Hamon que nous avons perdu l’espoir de voir émerger de nos rangs des Barack Obama. On peut même aller plus loin : c’est parce que nous avons perdu le goût d’oser que des Vincent Peillon n’osent plus eux-mêmes prendre leurs responsabilités pour sortir de leurs abris tutélaires. Et c’est bien parce que nous sommes socialistes que nous avons le devoir collectif de réapprendre à contester les leaderships, tous les leaderships, plutôt que de toujours très sagement nous y soumettre.

Osons nous réinventer ! Osons le mouvement ! Osons nous bousculer nous-même pour nous remettre en mouvement !

Lire aussi le texte de conclusion de Benoit Hamon : Un projet, une stratégie, une conception de la politique.

Où l’on parle de : Ma Synthèse


Ségolène Royal candidate… à occuper le terrain

Nov 152008
 

Ségolène Royal nonCette fois, c’est officiel. Manuel Valls, le plus libéraux et le plus sarko-compatible des socialistes, spécialement mandaté par Ségolène Royal, a annoncé que la candidate défaite à la dernière présidentielle sera candidate au poste de premier secrétaire.

Et Vincent Peillon serait alors secrétaire délégué adjoint, chargé de la gestion au quotidien du Parti Socialiste.

Ou comment, une nouvelle fois, afficher son mépris pour le Parti Socialiste en considérant comme indigne d’elle, Madame Royal au-dessus de la meute, d’assumer en totalité la charge et les devoirs qui échoient à un premier secrétaire.

N’en déplaise à Madame Royal, le poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste n’est pas simplement un poste honorifique qui permettrait au titulaire d’afficher dans les médias son nombril et son ambition. Il ne s’agit pas de se placer pour la prochaine présidentielle, il ne s’agit pas de prendre le Parti Socialiste, il ne s’agit pas d’en être le chef, mais bien d’en assumer la bonne gestion.

Il s’agit au quotidien de l’élaboration collective du projet socialiste.

Il s’agit au quotidien de préparer les prochaines échéances électorales.

Notamment.

Il ne s’agit pas de reculer devant l’obstacle et ne pas prendre toutes ces responsabilités, en déléguant à un autre les basses besognes.

Il ne s’agit pas, et encore moins, de se préparer un fusible au cas où les prochaines élections venaient à mal se passer pour le Parti Socialiste, un fusible nommé Vincent Peillon, donc, qui permettrait à Ségolène Royal de n’avoir pas à assumer toute la responsabilité d’un éventuel échec, si par hasard il venait l’idée aux électeurs de se détourner d’un Parti Socialiste à leurs yeux coupable d’avoir une fois encore renoué avec toujours les mêmes errances.

Cette idée de déléguer le quotidien est décidément le signe d’un profond mépris pour un parti et pour ses militants.

Non, Madame Royal, il n’est décidément pas possible de n’être candidate qu’à moitié, simplement pour occuper le terrain et de peur qu’un autre en occupant le poste vous barre la route à la seule candidature qui au fond vous intéresse et qui concerne les élections présidentielles de 2012.

Non, Madame Royal, le poste de premier secrétaire ne saurait n’être qu’un tremplin pour vos ambitions présidentielles.

Aussi, Madame Royal, pour moi, ce sera non !

Lire aussi : Ségolène sort du frigo : tout ça pour ça !

Lire encore : Ségolène Royal, incarnation du socialisme ?

Où l’on parle de : Ségolène Royal candidate… à occuper le terrain


L’incarnation du socialisme

Nov 142008
 

Ségolène RoyalVincent Peillon l’a déclaré ce matin sur France Inter : Ségolène Royal, répondant à l’amicale pression de ses amis de la motion E, sera candidate au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste.

A moins que ce ne soit là encore un « coup » à double détente, les choses commencent cette fois à s’éclaircir et, par la seule volonté de l’ex-candidate aux élections présidentielles qui a « envie » de l’être encore en 2012, le congrès de Reims se déroulera essentiellement autour de la question de la personne de Ségolène Royal.

En conclusion de son interview, ce matin, Vincent Peillon a confié que selon lui « Ségolène Royal, aujourd’hui, incarne ce dont le socialisme a besoin. » Et c’est en effet la question qui sera de fait posée à l’ensemble des socialistes, d’abord aux délégués du congrès, ce week-end à Reims – élus rappelons-le, à la proportionnelle du vote des militants sur les motions -, puis à tous les militants la semaine prochaine, à l’occasion de l’élection au suffrage universel direct de leur premier secrétaire : Selon vous, Ségolène Royal incarne-t-elle, oui ou non, votre conception d’un socialisme moderne ?

De toute évidence, et même si on peut le regretter, cet débat est aujourd’hui encore celui qui divise le plus les socialistes, clivage béant entre ceux qui répondent que c’est une évidence et ceux qui répondent que c’est une absurdité. Il est très certainement utile, finalement, que très démocratiquement, très sereinement, les socialistes aient à trancher dans le vif de cette épineuse question. Vincent Peillon a d’ailleurs lui-même appelé à cette clarification essentielle en déclarant que « la question du pouvoir ne doit pas être éludé. »

Je suis d’ailleurs pour ma part persuadé que derrière cette question très légitime, il y a un véritable débat de fond sur l’orientation politique, un débat qu’il aurait été hautement préférable de formuler explicitement. Si cela n’a pas été possible, c’est aussi en partie que Ségolène Royal n’a eu de cesse que de l’esquiver, préférant toujours se mettre en scène que d’exposer ses idées, préférant toujours louvoyer vers sa victoire que de prêter le flanc à cette bonne querelle qu’elle avait en son temps appelée de ses voeux. C’est aussi que la manière que l’on a de faire de la politique est toujours intimement liée à l’orientation politique qu’on souhaite suivre, à la conception que l’on a du socialisme et de la gauche.

Ainsi, puisque donc c’est désormais de cela qu’il s’agit – Ségolène ou pas Ségolène -, que c’est ainsi que la question nous sera posée : Camarades socialistes, n’éludons pas la question du pouvoir et tranchons dans le vif la question de l’incarnation du socialisme, en conscience, utilement et sereinement.

Edit : Puisque nous en venons à parler d’incarnation du socialisme du XXIème siècle, je vous invite à regarder cette excellente prestation de Benoit Hamon sur BFM, ce matin :

Où l’on parle de : L’incarnation du socialisme


L’envie du désir d’avenir de soi

Nov 132008
 

Ségolène Royal a répondu à l’invitation de Laurence Ferrari qui souhaitait lui demander si elle allait réchauffer sa candidature au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste. Elle s’est donc rendue hier soir au journal de 20h de TF1 et a répondu… ni oui ni non, j’ai envie mais. C’était bien la peine d’y aller !

Cela fait tout de même plus d’un an qu’on a tous compris qu’elle souhaitait prendre le parti socialiste. On a, je crois, tous bien compris d’ailleurs qu’il s’agissait surtout de s’assurer qu’elle serait de nouveau la candidate aux présidentielles de 2012 et que le Parti Socialiste est pour elle cette assurance et que si elle a donc envie de le prendre c’est pour en faire SA machine à devenir LA candidate.

Ainsi, celle qui a vilipendé avec force les synthèses molles à la François Hollande, qui avant l’été proclamait avec énergie qu’elle préférait « une bonne querelle à une mauvaise synthèse », se trouverait aujourd’hui tout à fait disposée à rassembler l’ensemble des socialistes autour de sa candidature… et un document de synthèse d’une page qui en effet ne fera de mal à personne…. et surtout laissera cette fois encore le Parti Socialiste sans ligne politique claire.

Rappelons tout de même la configuration qui se dessinait depuis le vote des militants jusqu’à encore lundi dernier : la motion E était arrivée en tête, la motion C avait fait un score plus qu’honorable, on concluait à la volonté des militants d’un changement de génération et d’un ancrage à gauche, … et une certaine envie de la candidature de Vincent Peillon se profilait. Ségolène Royal était dans son frigidaire, Bertrand Delanoë, François Hollande et Martine Aubry étaient hors-jeu, personne n’évoquait le Tout Sauf Ségolène – et pour cause – et tous les espoirs semblaient permis d’un congrès enfin utile.

Et puis Ségolène Royal a eu envie. Ou plutôt, elle n’a pas eu envie de s’effacer, de privilégier l’intérêt du collectif sur son dessein présidentielle, ambition qui menaçait d’être contrariée par cette configuration qui incluait son effacement dans une exigence de rénovation. Elle a donc réactivé sa candidature, et par la même occasion a remis dans le jeu François Hollande dont elle a besoin en soutien, remis dans le jeu également Martine Aubry qui n’existe qu’en tant que figure de proue du TSS, et a remis à l’ordre du jour cette idée du rassemblement de tous autour de rien, cette synthèse ultra-molle et source de tous les maux du Parti Socialiste depuis une dizaine d’années.

Et bien, pour répondre à Juan des coulisses de Sarkofrance qui nous pose la question, Non ! moi je n’ai pas envie…

Pas envie de faire de ce congrès, l’otage d’un ego et d’une ambition qui n’a rien de collective.

Pas envie d’un congrès pour elle donc pour rien, qui renouerait avec les errements du passé.

Pas envie d’une synthèse molle au service d’un seul.

Pas envie de donner cette image du Parti Socialiste.

Pas envie ni de Ségolène ni du Tout Sauf Ségolène – et l’un ne va évidemment pas sans l’autre.

Pas envie que les centaines de pages de contributions, les dizaines de pages de motions, le travail des militants et leurs débats, finissent par se résumer dans un document consensuel d’une page en haut duquel ne s’inscrirait qu’un nom, la couronne de son ego triomphant et la perspective d’une nouvelle défaite de la gauche en 2012.

Pas envie de ça du tout !

Où l’on parle de : L’envie du désir d’avenir de soi


Quand le Modem crèvera

Nov 122008
 

la grenouille modem et le boeuf socialisteAinsi certaines gens, faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires:
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.

C’est d’abord à la fable du Coche de de la Mouche que je pense, chaque fois qu’un suppôt du Modem tente de se raccrocher aux débats et, de préférence, aux errements du Parti Socialiste pour tenter d’exister un peu.

Mais en vérité c’est celle de la Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf qui convient encore le mieux :

Une grenouille vit un Boeuf.
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n’était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s’étend, et s’enfle, et se travaille,
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? Dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
Nenni. – M’y voici donc ? – Point du tout. M’y voilà ?
– Vous n’en approchez point. » La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.

Et à mes camarades de gauche je veux dire qu’il s’agit tout de même avant tout d’avoir un peu plus d’ambition et de faire en sorte, avant de se demander à quel moment et dans quelles conditions se rapprocher du Modem ou de ses électeurs, que la gauche gagne la bataille des idées et, par la force de conviction d’un projet ambitieux et cohérent, soit en mesure d’emporter enfin à elle seule l’adhésion de plus de 50% des français. Il s’agit d’abord de croire en nous-mêmes !

C’est en tout cas pour moi tout le sens de la volonté de refondation à gauche dont tout le monde parlait au lendemain des présidentielles et des législatives et que d’aucuns ont peut-être un peu oubliée en route.

Je ne crois pas que la gauche puisse jamais gagner en partant battue d’avance. Ces discussions autour de la stratégie à adopter vis à vis du Modem n’ont pour moi aucun sens. Pour l’heure le Modem n’existe pas, ou du moins – ne soyons pas trop méchants – il n’existe pas à gauche.

Bref, il s’agissait surtout ici de rappeler que le Modem n’est que cette petite mouche qui bourdonne désagréablement aux confins de notre champ politique et qu’il ne s’agit pour l’heure que de l’écarter d’un tendre revers de la main. Une petite grenouille à laquelle il n’est pas rendre service que de l’encourager à s’enfler ainsi d’importance : on nous accuserait à la fin de l’avoir crevée nous-mêmes.

 

Nov 112008
 

Parti Socialiste dans le comaSégolène Royal a fait savoir qu’elle serait elle-même candidate pour prendre la succession de François Hollande au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste.

Disons-le sans tergiverser : cette candidature est parfaitement légitime… comme seront légitimes les délégués du congrès pour dire en fin de semaine ce qu’ils en pensent, comme surtout seront légitimes ensuite les militants pour donner ou non les clefs de leur parti à Ségolène Royal. Personne ne devra se sentir contraint par on ne sait quel impératif d’unité des socialistes alors même que Ségolène Royal en réchauffant sa candidature a parfaitement conscience de prendre le risque de réanimer toutes les querelles.

Il aurait été tellement simple d’avancer dans une relative sérénité jusqu’au bout du processus démocratique qui s’était engagé la semaine dernière. Il aurait été tellement simple pour Ségolène Royal de choisir de s’effacer au profit de l’intérêt collectif du parti, continuant ainsi de tenir compte de la réalité du rejet qui se cristallise autour de son nom ; tellement simple de préférer mettre en avant le nom d’un Julien Dray ou d’un Vincent Peillon plutôt que le sien, forcément le sien.

Mais non, c’était politiquement trop risqué pour elle. Dans l’ombre, la dame du Poitou aurait été en danger de voir s’éteindre peu à peu les projecteurs autour d’elle, et disparaître alors ses espoirs d’une nouvelle candidature aux élections présidentielles.

Elle a choisi donc d’y aller, choisi de se confronter très directement au rejet qu’elle suscite, et ainsi de mesurer très précisément son ampleur, ignorant sciemment le risque de divisions inhérent à ce choix, risque que le Parti Socialiste continue encore et toujours de s’abîmer dans cette éternelle guerre des egos et de leurs ambitions dont elle vient de réanimer une flamme qui n’en demandait pas tant.

Soit, et ce n’est après tout pas nécessairement une mauvaise idée que les militants se voient ainsi donner l’occasion de trancher dans le vif. Qu’ils sachent bien d’ailleurs qu’ils n’auront pas d’autres occasions d’exprimer leur sentiment vis à vis d’une nouvelle candidature de Ségolène Royal en 2012. Qu’ils ne s’y trompent pas : une fois le Parti Socialiste aux mains de Ségolène Royal, il deviendra sa chose, une machine dont la première mission sera de la faire candidate. On aura cette fois bien compris qu’elle ne vise pas d’autre objectif et, pour ceux qui en doutaient encore, l’intelligence tactique de cette femme est redoutable : placée à la tête du Parti Socialiste, elle parviendra à ses fins.

C’est pourquoi, avec sa candidature au poste de premier secrétaire, le congrès du Parti Socialiste se transforme de facto en référendum pour ou contre la candidature de Ségolène Royal en 2012. Dit autrement, en sortant du frigidaire, Ségolène Royal a elle-même et sciemment activé le TSS.

Mais faisons là une petite parenthèse à destination de tous mes camarades ségolénistes qui vont me tomber dessus en évoquant ma haine de Ségolène Royal, et répondons par anticipation. La politique n’est pas pour moi affaire de sentiments et je n’éprouve ni affection ni haine particulière à l’encontre de Madame Royal. Il y a simplement que j’ai un désaccord profond avec sa manière de faire de la politique qui à mon goût ménage une trop grande place à la démagogie et aux coups médiatiques. Il y a que ma conception de qu’est la gauche est très éloignée de sa conception à elle. Il y a que je suis persuadé que le rejet qui s’attache à elle est à la mesure de l’enthousiasme qu’elle parvient à susciter. Il y a que je suis convaincu que sa candidature éventuelle en 2012 est l’assurance d’une nouvelle défaite pour la gauche, c’est-à-dire d’une nouvelle victoire pour la droite – et en tout cas le risque est bien trop grand pour que je consente sans m’y opposer à tenter l’aventure. Il y a donc que, si Ségolène Royal a en effet toute légitimité pour pousser de l’avant sa candidature pour 2012, je suis tout autant légitime – comme tout autre militant socialiste ou citoyen de ce pays – à vouloir qu’on fasse en sorte de contrarier ses ambitions… et il s’agit en réalité bien moins d’elle, de sa personne, que de favoriser l’émergence d’une nouvelle espérance à gauche à laquelle, j’en suis convaincu, elle fait obstacle.

Revenons donc au congrès. Comment Ségolène Royal compte prendre le Parti Socialiste ? En faisant très précisément ce qu’elle et ses partisans n’ont cessé de dénoncer, c’est-à-dire en aplanissant tous les sujets susceptibles de fâcher untel ou unetelle, en construisant une synthèse la plus consensuelle et donc la plus molle possible, en faisant très proprement du François Hollande pur jus. Le moins qu’on puisse dire est qu’en terme de rénovation ça commence très mal, surtout venu de la part de gens qui n’avaient cessé de plaider pour un congrès de clarification durant lequel il ne fallait surtout pas craindre de débattre du fond et de faire apparaître les clivages. Au lieu de quoi, on nous sort donc un texte d’une page aussi creux qu’il est oecuménique et sans saveur, qui accrédite l’idée que le Parti Socialiste n’a en réalité rien à proposer.

C’est qu’il s’agit maintenant de l’emporter à tout prix, et au prix même de tous les reniements, au prix même de la plus effarante vacuité. Que sont donc devenues les propositions concrètes ? Où se trouve donc l’architecture de ce projet socialiste qu’il va nous falloir bâtir au lendemain du congrès ? Où sont mêmes les idées ? « Si la gauche veut des idées » lançait avec une certaine morgue Ségolène Royal il y a quelques mois. Mais que sont-elles devenues, toutes ces idées ? Qu’en a-ton fait ? Tout ça pour ça ?! Que reste-t-il donc des débats qui ont eu lieu ces six derniers mois, depuis la rédaction des contributions jusqu’au dépôt des motions ? Quoi ! juste et encore cette synthèse molle et sans saveur, qui n’ouvre sur rien mais neutralise tout le monde ? Encore cette chose que nous ne connaissons que trop bien et qui chaque fois débouche sur la défaite ?

Non ! J’ose espérer que les responsables des autres motions ne souscriront pas à cette conclusion dramatique d’un congrès qui devait être celui de la clarification et du renouveau. J’ose espérer que les délégués au Congrès sauront dire non à une telle motion de synthèse. Et si tel n’était pas le cas, si une nouvelle fois l’appareil prouvait sa délirante inertie, j’ose donc espérer que les militants socialistes choisiront de rejeter la candidature de celle qui portera la responsabilité entière d’un tel gâchis : il faudra bien cette fois se résoudre à user du traitement de choc des urnes sur un parti socialiste à l’électroencéphalogramme tragiquement plat et qu’on persiste à vouloir laisser dans le coma afin de servir des ambitions exclusivement personnelles.

Que les militants en aient bien conscience : ils auront la légitimité, et sans doute le devoir, de ne pas accepter, de ne pas se soumettre et de dire non : Non, pas cette fois !

Où l’on parle de : Ségolène sort du frigo : tout ça pour ça !


La motion Royal au pied du mur de la rénovation

Nov 102008
 

Vincent Peillon ou Julien DrayEn ayant la responsabilité de proposer un candidat pour le poste de premier secrétaire – dans l’hypothèse où la synthèse majoritaire se ferait autour d’elle – la motion E se retrouve au pied du mur de la rénovation.

Julien Dray ou Vincent Peillon ? L’alternative est largement connue et au choix qui sera fait l’on pourra juger de la volonté des partisans de Ségolène Royal d’aller au bout du discours qui a été tenu tout au long la campagne interne, et la main sur le coeur, quant à la rénovation du Parti Socialiste et la nécessité d’en finir avec des méthodes moribondes.

Il ne s’agit pas tant d’entrer dans une querelle de personnes que de constater que chacun de ces deux candidats potentiels symbolise une orientation. Si Vincent Peillon est de toute évidence le candidat qui a la faveur des militants, celui autour duquel il leur serait possible de se rassembler, celui qui incarne le mieux la rénovation – et cette réalité est encore plus criante si l’on se limite aux partisans de la motion E – , Julien Dray quant à lui n’a pas renoncé à jouer sa carte personnelle qui pour ce faire se positionne comme le candidat de l’appareil, le plus petit dénominateur commun, celui qui fera le moins d’ombre ici ou là et que les barons pensent pouvoir facilement manoeuvrer, derrière lequel ils pourront continuer à oeuvrer pour sauvegarder leurs petits intérêts particuliers.

Julien Dray ou Vincent Peillon, dans une large mesure, c’est le PS d’hier qui affronte une dernière fois le PS de demain, le passé qui s’oppose à l’avenir, l’immobilisme face au mouvement ; c’est le choix de la neutralisation ou celui de la rénovation, celui du verrouillage encore ou celui de l’ouverture enfin… Et à choisir le premier, la motion E serait immanquablement dans le reniement. Un choix désastreux et un très mauvais augure pour l’entreprise de rénovation du Parti Socialiste qui sera censé débuter au lendemain du congrès, dans moins d’une semaine maintenant.

Or, il est aisé de comprendre que, pour Ségolène Royal elle-même, la tentation Dray sera très forte… tant Vincent Peillon représentera rapidement pour elle une menace – une menace qui se fait déjà d’autant plus fortement sentir que puissante, justement, est la demande des militants d’un Vincent Peillon. Il semble que ce dernier est disposé à prendre ses responsabilités, mais Ségolène Royal aura-t-elle la volonté de s’effacer au point de placer sur le trône un proche qui deviendrait bientôt un rival et mettrait en péril ses ambitions très personnelles ? Elle se souviendra sans doute que Chirac avait lui-même enfanté Balladur et que peu s’en était fallu que cela ne finisse par lui coûter son propre rêve présidentiel.

Nota Bene : j’ai dit Julien Dray, mais cela serait vrai tout autant s’il s’agissait de François Rebsamen, autre prétendant de la motion E au poste de premier secrétaire… et actuel numéro 2 du Parti Socialiste.

Où l’on parle de : La motion Royal au pied du mur de la rénovation


Tout Sauf Ségolène et Condorcet

Nov 082008
 

CondorcetÊtes-vous prêts pour un petit cours de formalisation mathématique du processus démocratique ?

Vous devriez, si vous souhaitez comprendre pourquoi le fait que la motion de Ségolène Royal soit arrivée en tête n’est pas pour cette dernière une garantie de victoire et que son éventuelle mise en minorité ne serait pas nécessairement un scandale, un vol du vote des militants et qui le dénaturerait, comme on l’entend déjà dire ici ou ; comprendre que la mise en place d’un front Tout Sauf Ségolène pourrait n’être rien de plus qu’une réponse très conforme au souhait démocratique des militants socialistes.

Le candidat de Condorcet

Commençons par le début. La théorie des élections part du principe qu’un candidat qui, opposé à n’importe quel autre dans un duel électoral, l’emporterait, c’est-à-dire recevrait une majorité absolue des suffrages, doit impérativement être élu. Condorcet ayant été le premier à formaliser cette exigence, un tel candidat est appelé le candidat de Condorcet. Il est facile de comprendre que dans le cas contraire, si un autre que celui-là était élu, il y aurait un vice démocratique, puisqu’une majorité d’électeurs aurait préféré élire le candidat de Condorcet plutôt que celui qui a été élu à sa place et donc indûment.

Le souci est qu’en pratique il est impossible d’organiser autant de duels électoraux qu’il y a de paires de candidats possibles – il faudrait organiser six tours de scrutin pour une élection à quatre candidats, vingt-quatre tours pour cinq, etc…

On pourrait alors imaginer de demander aux électeurs d’ordonner tous les candidats afin de déterminer lequel d’entre eux est le candidat de Condorcet. Mais voilà, la théorie montre que dans une telle situation, les électeurs ont intérêt à tricher sur leurs réelles préférences afin de favoriser leur candidat favori, celui qu’il place en tête de leur préférence, faussant de facto le résultat du vote.

Autre souci : le candidat de Condorcet n’existe pas toujours. Mais on est déjà là hors du propos que je souhaite tenir. L’essentiel est de comprendre qu’un bon mode de scrutin est au minimum un mode de scrutin qui conduit à élire le candidat de Condorcet de préférence à tous les autres.

En quoi cela concerne Ségolène Royal ?

C’est ici qu’il devient nécessaire de formaliser les choses. Supposons que nous ayons 4 candidats (ou motions) et appelons-les respectivement A, C, D et E (lettres choisies pas tout à fait arbitrairement…). Et faisons la notation suivante : X>Y signifie que l’électeur préfère élire X que Y. Supposons que nous avons 100 électeurs (c’est plus facile pour calculer les pourcentages) et plaçons nous dans le scénario suivant où nous décrivons comment les électeurs ordonnent les candidats suivant leurs préférences :

A>C>D>E : 10 électeurs – A>D>C>E : 5 électeurs – A>C>E>D : 5 électeurs – A>E>C>D : 10 électeurs ;
C>D>A>E : 10 électeurs – C>E>D>A : 5 électeurs – C>E>A>D : 5 électeurs ;
D>C>A>E : 10 électeurs – D>C>E>A : 5 électeurs – D>A>C>E : 5 électeurs – D>E>C>A : 5 électeurs ;
E>A>C>D : 10 électeurs – E>C>D>A : 10 électeurs – E>D>C>A : 5 électeurs – E>C>A>D : 5 électeurs ;

Si nous demandons maintenant à nos 100 électeurs d’exprimer leurs préférences entre les 4 candidats, nous obtenons les résultats suivants qui devraient vous rappeler quelque chose : candidat E : 30% – candidat A : 25% – candidat D : 25% – candidat C : 20%

Faut-il en conclure que le candidat E est le candidat qui doit être élu de préférence à n’importe quel autre ? Il est assez simple de se rendre compte que non en constatant que si nous demandons aux électeurs leurs préférences entre E et A, ceux-ci les placeront à égalité (50-50), et de même si on leur fait la même demande à propos de E et D, mais qu’en revanche ils sont 60% à préférer C à E…

D’ailleurs, dans cet exemple qui n’a rien d’aberrant, le candidat C est également préféré à A par 60% des électeurs et à D par 65% d’entre eux : C est ici le candidat de Condorcet et, malgré ses 20% obtenu au premier tour de scrutin et qui le place derrière tous les autres, il est le candidat qui devra être élu si l’on ne veut pas se retrouver dans une situation non-démocratique, c’est-à-dire dans laquelle une majorité d’électeurs préférerait un autre résultat.

TSS et démocratie

Dans l’exemple ci-dessus, si 30% place le candidat E en tête de leurs préférences, il en est également 40% pour le placer en dernier, 40% qui préfèrent tout autre candidat à celui-ci, 40% d’électeurs favorables donc à un Tout Sauf E.

Il importe peu que ceux qui placent E en tête de leurs préférences le fassent par amour ou par proximité politique, comme il importe peu que ceux qui le placent en queue des leurs le fassent par haine ou par éloignement politique. Le fait est qu’ils forment les uns comme les autres le corps électoral et que la démocratie impose qu’on respecte leurs souhaits.

Autant dire qu’à ce stade, parler de la victoire de Ségolène Royal est plus que prématuré, démontre en vérité une incompréhension totale de ce qu’est la démocratie, de ce qu’est un processus électoral qui permet de s’assurer d’une décision autant que faire se peut démocratique. Un mode de scrutin est un ensemble de règles supposé favoriser la décision démocratique, un processus connu au préalable de tous et dont le respect doit être une exigence pour chacun.

Et si l’on estime que les règles sont mauvaises, qu’à l’usage on constate qu’elles fonctionnent mal, qu’elles ne remplissent pas leur rôle et ne garantissent pas suffisamment la démocratie, on les change – mais ensuite seulement, pour le prochain coup, en s’abstenant de crier au scandale durant un processus qui est en cours et dont on connaissait au préalable parfaitement des règles que l’on a d’ailleurs acceptées.

Les règles qui président à un congrès du PS ne disent en aucune manière que la motion arrivée en tête du vote des militants devient de facto centrale et partie prenante de la nouvelle majorité. Ces règles disent qu’à l’issue du vote, des synthèses partielles ou totale sont possibles entre les motions et sont soumises à l’approbation des délégués au congrès, eux-mêmes élus à la proportionnelle des votes des militants sur les motions. La synthèse qui reçoit l’approbation d’une majorité de délégués devient la ligne politique du parti. Ensuite, un secrétaire national est élu au suffrage direct des militants, avec un second tour si aucun candidat n’obtient la majorité absolue à l’issue du premier. Il ne s’agit en aucun cas de faire dire aux règles ce qu’on préfère leur entendre dire.

Le fait est que dans mon exemple ci-dessus, qui pour n’être qu’un exemple est une hypothèse non moins crédible qu’une autre, la volonté des électeurs exige que le candidat E soit battu.

Où l’on parle de : Tout Sauf Ségolène et Condorcet


Génération Hamon Peillon