dedalus

Nov 072008
 

Hamon, Peillon et changement de générationD’abord les résultats : avec une abstention d’un militant socialiste sur deux, Ségolène Royal arrive en tête avec 29% des suffrages, Bertrand Delanoë et Martine Aubry plafonnent à près de 25%, et Benoit Hamon atteint à peu de chose les 20%.

A ce stade, et parce qu’aucune motion n’a atteint la barre des 50% lui permettant d’être majoritaire seule, il est impossible de déclarer qui que ce soit vainqueur. En revanche, il est dors et déjà possible de parler des perdants. En premier lieu, il s’agit de la participation : le moins qu’on puisse dire est que ce scrutin n’a pas mobilisé les militants socialistes et c’est une défaite pour le Parti Socialiste dans son ensemble, du moins pour celui qu’il est encore aujourd’hui et c’est en soit une exigence de changement que cela nous impose collectivement.

Le deuxième perdant est Bertrand Delanoë qui n’a pas su insuffler une dynamique à sa campagne et dont le score est au strict minimum de ce qu’il pouvait attendre. Avec lui, tant le maire de Paris est apparu comme son représentant, c’est la direction sortante qui est sanctionnée. Et Martine Aubry elle non plus n’a pas décollé et peut à ce titre être relégué dans le camp des perdants.

Sortent donc renforcés de ce premier tour, Ségolène Royal qui contrairement aux deux autres poids lourds a réussi à s’arracher à l’étiage des 25% – sans pour autant atteindre la barre des 30% et se retrouvant très en deçà des primaires de 2006 où elle avait obtenu près de 65% des suffrages des mêmes militants – et surtout Benoit Hamon qui fait une percée remarquable en flirtant avec le cap des 20%, d’autant plus remarquable que lui seul ne bénéficiait pas du soutien ni de l’appareil ni d’une ou plusieurs grosses fédérations.

Mais plus notablement encore, c’est en réalité l’ancrage à gauche du Parti Socialiste qui sort gagnant de ce premier tour de scrutin. D’abord parce que le score de la motion Hamon est un succès, mais aussi parce que la campagne interne s’est largement déroulée autour des thèmes défendus par sa motion, Ségolène Royal et Martine Aubry rivalisant pour conquérir ce terrain-là d’une gauche qui se rapproche d’elle-même et s’éloigne de ses renoncements. C’est une bonne nouvelle.

Et maintenant ?

La première chose qu’il faut souligner est que non seulement aucune motion n’est majoritaire à elle seule, mais aucune combinaison de seulement deux motions ne peut l’être non plus, ou du moins de manière stable et incontestable.

La deuxième chose est qu’une synthèse qui se ferait entre les motions de Ségolène Royal, Bertrand Delanoë et Martine Aubry constituerait le pire des scénari en ce qu’il correspondrait à reconduire à la direction du PS les vieilles alliances : cela réduirait à néant la volonté de changement, et de changement à gauche, qui s’est clairement exprimé à l’occasion de ce premier tour de scrutin. Ainsi, chacune de ces trois motions, si elle veut sortir du congrès dans la majorité, a besoin de Benoit Hamon – ce qui place ce dernier en position centrale dans le grand jeu des alliances qui débute à présent (et qui n’est pas sale, pour peu qu’il se fasse autant que faire se peut au grand jour).

La troisième chose qu’il faut noter est que Ségolène Royal n’est parvenue à enclencher une dynamique, relative mais réelle, que dès lors qu’elle a placé sa candidature au poste de premier secrétaire au frigidaire. Elle serait bien inspirée de l’y conserver afin de respecter les militants nombreux pour lesquels cette réfrigération a permis qu’ils s’expriment en faveur de la motion dont elle était signataire, et qui donc lui ont donné de s’extraire de l’étiage des 25%.

La quatrième chose, enfin, est que le résultat de Ségolène Royal et de sa motion, pour positif qu’il apparaisse, ne lui procure pas – et très loin de là – un avantage décisif, tant elle apparaît encore isolée. C’est que si des 30% de militants qui ont voté pour sa motion on peut estimer que 25% sont disposés à la voir redevenir la candidate des socialistes aux présidentielles de 2012, on peut de la même manière gager qu’une très forte proportion des 70% qui ont choisi de voter ailleurs est pour l’heure fermement opposée à cette hypothèse. Ce serait une grave erreur de sa part de vouloir ignorer plus longtemps la réalité d’un rejet aussi réel pourtant que l’enthousiasme qu’elle suscite par ailleurs.

De tout cela, outre la volonté des militants d’ancrer le Parti Socialiste à gauche, il semble impératif de conclure à une volonté tout aussi forte d’un renouvellement de génération à la tête du Parti Socialiste : non seulement Bertrand Delanoë et Martine Aubry, et avec eux François Hollande, Laurent Fabius et même Dominique Strauss-Kahn, n’ont pas été suivi par les militants, mais c’est une motion E avec une Ségolène Royal réfrigérée et une motion C dont le premier signataire Benoit Hamon appartient à la nouvelle génération qui sont parvenus à séduire les militants.

Ainsi, on peut formuler trois hypothèses pour une synthèse :

Le scénario de la continuité : Les trois motions de tête s’entendent et forment une majorité et c’est la redite de 2002 et 2007 qui se profilera, où un PS coupé de sa gauche, et donc de sa base électorale, ne parviendra pas à proposer un projet alternatif suffisamment ambitieux et rénové pour emporter l’adhésion des français : on prend les mêmes, on recommence et c’est Nicolas Sarkozy qui l’emporte à la fin.

Le scénario TSS : Ségolène Royal se focalise sur sa pseudo-victoire et cherche à réchauffer sa candidature à la tête du PS, réactivant par la même occasion la crispation autour de ses ambitions présidentielles, et ce sont alors les motions Delanoë, Aubry et Hamon qui font front commun et constituent une majorité par défaut : une occasion manquée !

Le scénario du changement : Ségolène Royale maintient son retrait, laisse Vincent Peillon venir au premier plan et construire autour de lui et de Benoit Hamon une synthèse impliquant ancrage à gauche et changement de génération, option qui sera en mesure de rassembler largement au-delà de leurs deux motions : un congrès de rénovation réussi, un Parti Socialiste tourné vers l’avenir, un signe fort d’espoir adressé aux français.

La capacité de Ségolène Royal à s’effacer, la capacité de Vincent Peillon à prendre ses responsabilités, la capacité de Benoit Hamon a ne pas céder sur l’essentiel, voilà les clefs du congrès.

Réponse, fin de semaine prochaine…

Où l’on parle de : Génération Hamon Peillon


Socialistes, osez le changement

Nov 062008
 

Socialistes : Osez la motion C
Enfin !

Ce soir, les militants socialistes sont appelés à voter pour l’une des six motions qui sont proposées à leur sagacité politique. Et demain matin, nous sauront s’ils se sont mobilisés et s’ils ont osé le changement à gauche?

Socialistes, Mobilisez-vous ! Cette élection est cruciale, en ce qu’elle constitue le premier pas dans une marche en avant qui, en 2012, aura conduit la gauche à la victoire, enfin la victoire, ou bien à une nouvelle défaite cuisante. Un premier pas ce soir qui détermine une direction pour demain.

C’est que le résultat des votes des militants ce soir sera déterminant quant à la tonalité que prendra le congrès qui se tiendra à Reims les 14, 15 et 16 novembre prochains et à l’issue duquel le PS se sera doté d’une ligne politique, synthèse partielle ou totale entre les différentes motions (puisqu’aucune ne semble seule être en mesure dépasser la barre des 50%). Ensuite, et seulement ensuite, il s’agira d’élire un premier secrétaire – et en réalité une équipe de direction, un secrétariat national, lequel sera alors en charge d’organiser la refondation politique du PS, de conduire les socialistes dans la rédaction d’un projet nouveau et ambitieux, à même de séduire les français en leur offrant l’espoir d’une alternative crédible au libéralisme destructeur de la sarkofrance, et de préparer les élections à venir – européennes, régionales et présidentielles.

Socialistes, Osez le changement de projet ! Il ne s’agit pas de jouer avec les mots, mais de regarder la réalité : c’est la même inspiration sociale-démocrate qui a présidé à l’élaboration des projets de Jospin en 2002 et de Ségolène Royal en 2007 et dont les français n’ont pas voulu. Et c’est encore la même inspiration sociale-démocrate que l’on retrouve dans les motions de Martine Aubry, Bertrand Delanoë et Ségolène Royal. Faut-il réellement persister dans l’erreur ?

Il ne s’agit pas de dire, par exemple et parce que c’est ce mois-ci dans l’air du temps, que le modèle social-démocrate est périmé, tout en rédigeant et signant une motion sociale-démocrate avec les plus sociaux-démocrates des sociaux-démocrates du PS – ce que sont les Collomb, Guérini et Valls, au point même qu’ils se réclament plus volontiers d’un social-libéralisme éventuellement sarko-compatible. Il s’agit de constater que la sociale-démocratie ne suffit pas, n’a jamais suffit à endiguer le rouleau-compresseur du libéralisme, et d’en tirer les conséquences en en proposant son dépassement.

C’est que la sociale-démocratie est en réalité le mal d’un socialisme complexé, qui devant la pensée dominante libérale choisit de reculer plutôt que de chercher à se réinventer, à adapter sa pensée et ses propositions aux exigences d’un monde qui a considérablement changé. La sociale-démocratie était la réponse en-dedans à l’absence criante d’un socialisme moderne, elle était à gauche l’alternative à un socialisme archaïque. La sociale-démocratie était le pis-aller crédible de la gauche. Elle ne suffisait pas, ne pouvait suffire et elle a donc échoué : avec ou sans elle, la vague libérale a continué de déferler sur les économies – et de plus en plus souvent sans elle parce qu’elle a fini par d’abord échouer électoralement, parce que les électeurs avaient compris qu’elle ne suffirait pas.

Socialistes, Osez la gauche ! Pendant longtemps, donc, il s’agissait d’hésiter entre une gauche complexée, sociale-libérale, et une gauche archaïque, inapte. On pouvait soit fermer les yeux sur les archaïsmes et voter avec son coeur, mais en vain, ou bien choisir la raison et voter la mort dans l’âme, sans illusion. Nous ne sommes plus dans cette situation. Aujourd’hui, le socialisme est en position de pouvoir se réinventer, de redevenir une idée d’avenir, de proposer une alternative réellement ambitieuse et cohérente, en phase à la fois avec son époque et avec son idéal.

Il ne s’agit pas de dire que la motion C de Benoit Hamon est la réponse, tout ne s’y trouve pas et loin s’en faut, mais ce texte est le seul à ouvrir sur cette possibilité d’une gauche enfin réinventée ; des pistes y sont ouvertes, des propositions y sont faites et qui s’articulent avec cohérence ; un souffle et une ambition la traverse qui permettraient aux socialistes d’avancer dans la bonne direction et d’espérer aboutir à un projet enfin apte à répondre aux crises sociales et environnementales que nous traversons et qui sont les fruits des crises économiques et financières auxquelles ont conduit un libéralisme moribond.

Du poids qu’aura obtenu la motion C, et exclusivement du poids de celle-ci – tout le monde s’en rend bien compte -, dépend la tonalité future des travaux de reconstruction du PS et de son projet. Qu’elle obtienne un score faible et il ne s’agira que de replâtrer encore une fois, un peu ici et un peu là, le projet social-démocrate, et alors la gauche pourra s’attendre à subir un nouveau revers dont les français les plus en difficultés seront les premières victimes. Qu’à l’inverse les socialistes osent bousculer l’ordre établi et accordent massivement leurs suffrages au changement, à la volonté d’un changement radical – non, ce n’est pas un gros mot – qui s’exprime dans la motion C, et alors l’espoir à gauche d’une alternative utile pourra enfin renaître. Et nous savons tous, tant le monde va mal, que c’est pour nous et pour tous une exigence.

Socialistes, Osez le changement de génération ! Une des forces de la démocratie américaine réside dans ce qui est aussi un de leurs grand défaut, le culte du vainqueur et la déchéance des vaincus. C’est parce qu’il est là-bas quasi impossible à celui qui a perdu une élection de se représenter à nouveau, qu’un Clinton ou un Obama ont eu la possibilité d’émerger. Ils n’ont pas besoin d’oser le renouvellement du personnel politique, ils y sont contraints.

Dans une certaine mesure, nous avons en France le problème inverse : une prime considérable est accordé aux anciens, auxquels nous rivons nos regards, au point que de nouveaux talents ont toutes les peines à émerger et que notre personnel politique semble aujourd’hui largement figé; et nous avons ce sentiment d’avoir depuis des décennies sous les yeux toujours les mêmes têtes, ce sentiment d’une vie politique verrouillée, sclérosée – sentiments peu propices à susciter l’enthousiasme ou même, a minima, l’envie.

L’image du PS est aujourd’hui dans l’opinion française tout à fait déplorable. Les français attendent d’abord de nous – si même ils attendent encore quelque chose – du changement, la preuve que nous avons finalement pris conscience de nos errements passés – et il ne serait que temps ! Car il serait à ce titre désastreux qu’à l’issue de ce congrès l’on retrouve les mêmes aux commandes du Parti Socialiste. A l’inverse, il faut imaginer la force symbolique – et nous en avons besoin – qu’aurait dans l’opinion une situation où les vieilles motions des barons socialistes – les Hollande, Collomb, Fabius, Royal, Delanoë, Aubry… – seraient concurrencées sinon devancées par la motion portée par Benoit Hamon, une situation qui permettrait, au travers d’une synthèse heureuse, l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants, une situation propre à l’éclosion de nouveaux talents et donc à la résurgence d’une nouvelle espérance à gauche.

Il ne s’agit pas seulement que de Benoit Hamon ou de sa jeune équipe. J’ai déjà dit, par exemple, que l’avènement d’un Vincent Peillon au poste de premier secrétaire serait à même de participer au changement que les français attendent de nous, et qu’exige de nous les crises économiques et financières, sociales et environnementales, qui secouent durement la planète et ses habitants. Mais il se trouve que, pas tout à fait paradoxalement, la possibilité Peillon, toujours par exemple, ne saurait passer que par un score important de la motion C – et a contrario, pour cet exemple mais il en est d’autres, un score important de la motion E ne pourrait que laisser Vincent Peillon dans l’ombre de Ségolène Royal et entre les mains des barons de la sociale-démocratie avec qui elle a choisi de faire alliance.

Ce dont il s’agit, ce soir, c’est de créer une situation nouvelle, un rapport de forces différent qui permette que se cristallise une synthèse qui respire le changement et le renouveau. Et de toute évidence, cela passe par la motion C. Socialistes, oser est désormais une exigence et en même temps une possibilité, une chance que nous avons le devoir de saisir. Et c’est ce soir !



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Et hope, Obama !

Nov 052008
 

C’est donc fait. Barack Obama sera le 44ème président des Etats-Unis d’Amérique, et le premier à ne pas être blanc. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il soulève derrière lui un immense panache d’espoir, non seulement en son pays, mais ailleurs dans le Monde.

Victoire Obama
© La République des Fourmis par SaT – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Pourtant, être noir ne suffit pas. Certes, il n’est en rien négligeable que, historiquement dominé par les blancs, la plus grande démocratie du monde par sa population élise un homme noir. Bien au contraire, ce fait est en lui-même un formidable espoir, un signe que de l’homme peut advenir, à l’occasion, autre chose que le pire. Mais cela ne saurait suffire : Barack Obama est avant tout un homme politique et sa mission est désormais et avant tout d’ordre politique.

Or être noir ne constitue pas un projet politique. Or, être noir ne fait pas une politique économique et sociale. Or, Barack Obama a pris beaucoup de précautions à faire une campagne au centre, sur un projet politique qui à beaucoup d’égards se résume au thème du changement – « Change » – accompagné du slogan « Yes, we can !« . On peut d’ailleurs noter avec quelque méfiance qu’en France, Nicolas Sarkozy s’est fait élire sur le thème similaire de la rupture, accompagné d’un « Tout est possible » tout aussi semblable. On voit ce qu’il en a été…

Si Barack Obama a très vraisemblablement une envergure sans commune mesure avec celle de notre tout petit Sarkozy, il n’en reste pas moins qu’il faut craindre que la déception soit à la mesure du formidable espoir que soulève son élection. Il sera un président américain, probablement meilleur que son prédecesseur, probablement plus social, probablement moins enclin à tout miser sur l’efficacité économique de la main invisible, probablement moins cowboy bas-du front sur la scène internationale, et c’est déjà beaucoup. Mais juste et pas davantage qu’un président américain.

Si espoir il faut avoir – et l’espoir est en effet impératif à l’Homme – il est « tout simplement qu’à force de faire campagne sur le thème du changement, le désir qu’il advienne vraiment va peut-être persister et croître suffisamment pour qu’il devienne un jour réalité, du propre fait des gens eux-mêmes, où qu’ils se trouvent et quelle que soit l’alternative voulue. » C’est un immense espoir et qui a l’avantage d’être raisonnablement crédible. Il est formulé en conclusion d’un article particulièrement éclairant que je vous invite à aller lire, écrit par Yannis Youlountas et intitulé Pourquoi la victoire d’Obama ne changera rien – et dont j’aime aussi beaucoup le sous-titre : Se réjouir sans s’illusionner.

Se réjouir sans s’illusionner. Oui, c’est exactement ça. Se réjouir parce que l’élection de Barck Obama va dans le bon sens, ne pas s’illusionner parce qu’on y va doucement… Et il y a en cette élection d’un nouveau président américain d’avantage de menus espoirs qu’une grande espérance – rappelons ici que, selon la doctrine marxiste, la seule espérance réalisable serait la révolution des ouvriers contre l’ordre mercantile établi.

😉

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Sarkozy exige…

Oct 242008
 

justiceNicolas Sarkozy exige que le violeur présumé retourne en prison : non mais quel con ! (*)

La séparation des pouvoirs, il connait ?!

La différence entre être président de la République et jouer les p’tits chefs hargneux, on lui en a parlé ?!

La responsabilité de son gouvernement dans les multiples dysfonctionnements de la Justice, il l’assume ?!

Pour ma part, j’exige qu’il cesse cinq minutes de faire des moulinets avec sa langue et qu’il s’occupe sérieusement de ce pourquoi il a été élu.

Par exemple, à propos du Ministère de Madame Dati, mais ce n’est qu’un exemple parmi cent autres, j’exige que cessent les suicides à répétition dans les prisons françaises et qu’on y rétablisse les droits de l’Homme.

(*) Outrage ? Et si la justice avait un peu mieux à faire !
Quoi qu’il en soit, je pense avoir en la matière quelques arguments à faire valoir – en particulier celui d’user du niveau de langage de cet interlocuteur qui se prétend mon président…

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Qui veut gagner des milliards ?

Oct 232008
 

L’Etat a donc décidé d’injecter 10,5 milliards d’euros au capital des six plus grandes banques privées françaises : 3 milliards pour le Crédit Agricole, 2,55 milliards pour BNP Paribas, 1,7 milliards pour la Société Générale, 1,2 milliards pour le Crédit Mutuel, 1,1 milliards pour la Caisse d’Epargne et enfin 950 millions pour les Banques Populaires.

Qui veut gagner des Millions ?
© La République des Fourmis par SaT – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

10,5 milliards d’euros ! Mais ils n’en avaient pas besoin, disaient-ils. La solidité de leurs établissements se suffisait à elle-même, avaient-ils déclarés. Et dans un communiqué de presse, la Banque de France avait elle-même affirmé que ces six établissements affichaient un état « tout à fait satisfaisant, conforme ou supérieur à ce qui a été demandé par la commission bancaire à chaque établissement, en fonction de la nature de ses activités et de son profil de risque ».

10,5 milliards d’euros ! Et quoi en échange ?

En échange de cet apport de fonds propres par l’Etat, les six principales banques hexagonales se sont engagées sur des mesures économiques et éthiques : les banques se sont notamment engagées à développer la distribution du crédit et par conséquent le financement de l’économie de façon notable… Dit autrement, l’Etat a versé plus de 10 milliards d’euros pour que les banques fassent tout simplement leur travail.

Un cadeau et au résultat, évidemment, les valeurs bancaires se sont envolées, mardi 21 octobre, à la Bourse de Paris . Le Crédit Agricole s’est située en tête des hausses du CAC 40 (+15,74%), suivie de la Société Générale (+10,23%) et de la BNP (+7,47%), dans un marché en très faible hausse de seulement 0,78%.

C’est que le cadeau de Nicolas Sarkozy à ses amis banquiers était en réalité double : D’une part l’Etat injecte des fonds, et de l’autre il s’abstient d’entrer au capital des banques privées qu’il recapitalise. Ainsi celles-ci reçoivent les 10 milliards d’argent public tout en demeurant totalement libres d’en user comme elles l’entendent. Georges Pauget, patron du Crédit Agricole et président de la Fédération bancaire française, a d’ailleurs déclaré avec une rare impudeur : « Nous avons posé nos conditions, et parmi celles-ci, que l’Etat ne nous apporte pas de vrai capital. Nous ne voulons pas d’un Etat avec des pouvoirs dans la gestion des établissements ». Et en effet, Nicolas Sarkozy, bonne poire libérale, venait de se coucher.

Pourtant même les anglo-saxons ont choisi la voie de la sagesse et de l’intérêt général. Le gouvernement américain de George W. Bush, le gouvernement anglais de Gordon Brown, ceux du Luxembourg, de la Belgique et des Pays-Bas, tous ont choisi la nationalisation partielle de leurs banques, tous ont choisi de prendre une part du pouvoir dans les conseils d’administration des banques privées, pouvoir sans lequel il ne peut y avoir de vrai contrôle sur la manière dont les banques font des affaires.

Encore une fois, d’un côté les mots, de l’autre les actes. D’un côté Nicolas Sarkozy parle de régulation et de retour de l’Etat, et de l’autre il se révèle plus libéral que les ultra-libéraux en se refusant à ce que l’Etat prenne sa part de responsabilité en entrant en tant que régulateur au capital de banques trop contentes de pouvoir user de l’Etat comme d’une simple pompe à refinancement. Aujourd’hui, le Petit Père des People a très lyriquement déclaré que « l’idéologie de la dictature des marchés est morte ». Soit. L’idéologie, peut-être. On peut éventuellement en douter. Mais dans les faits, la dictature des marchés est elle encore bien vivace et Nicolas Sarkozy vient une nouvelle fois de s’y soumettre.

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Sifflets pour Sarkozy

Oct 172008
 

Il faut commencer par donner une définition. Qu’est-ce que les subprimes ? Pourquoi sont-ils à l’origine de la crise financière ? L’article de wikipedia étant sur ce sujet assez complet, je me contente d’en citer quelques extraits utiles :

Au sens le plus large, un « subprime » est un crédit à risque, offert à un emprunteur qui n’offre pas les garanties suffisantes pour bénéficier du taux d’intérêt le plus avantageux. Le terme est employé plus particulièrement pour désigner une forme de crédit hypothécaire destinée aux emprunteurs à risque. Ce crédit immobilier est gagé sur le logement de l’emprunteur.

[…]

Après un taux promotionnel initial très bas, sur une durée de 2 ou 3 ans, le taux est indexé sur [un] taux directeur de la banque centrale […] augmenté d’une marge, pour une durée de 27 ou 28 ans. Ce deuxième taux d’intérêt est donc variable. Il est aussi plus élevé que les prêts classiques, en contrepartie de critères d’attributions plus souples pour ce type de prêt.

[…]

Tant que la valeur moyenne des logements augmentait, la défaillance d’un emprunteur permettait au prêteur [la banque] de se rembourser assez facilement sur la revente du bien immobilier, ce qui rendait le risque pris très acceptable.

[…]

Une hausse des taux longs [entraîne] une augmentation des montants des remboursements des emprunts à taux variable, et les ménages fortement endettés à taux variable [se trouvent] dans l’incapacité de respecter leurs échéances de remboursement.

[…]

L’augmentation du nombre de ménages dans l’incapacité de rembourser leur mensualité a […] pour effet d’augmenter le nombre de propriétés a vendre. En conséquence […] le marché immobilier [entre] dans une crise immobilière […] Dans ce contexte, en cas de défaillance de l’emprunteur, le prêteur n’arrive donc plus à recouvrer la totalité de sa créance en revendant le bien immobilier. À la faillite personnelle des emprunteurs [s’ajoute] une série de graves difficultés financières pour les prêteurs et certains de leurs banquiers.

En résumé, les subprimes sont des crédits à taux variables et hypothécaires, c’est-à-dire garanti par le bien immobilier dont l’achat nécessite que l’on emprunte. Crédits qui sont très risqués aussi bien pour l’emprunteur (en cas de hausse des taux, il ne pourra plus payer et perdra son logement) que pour le créancier (en cas de baisse de l’immobilier, il ne pourra récupérer son capital sur la vente du bien de l’emprunteur).

Il semble aujourd’hui y avoir unanimité aujourd’hui pour reconnaître l’évidence : ce type de crédits est une escroquerie en ce qu’elle conduit directement au surendettement et à la faillite personnelle. Ce n’était pourtant pas le cas il y a quelques mois encore dans le camp des libéraux, et pour Nicolas Sarkozy en particulier.

Nicolas Sarkozy qui joue aujourd’hui les sauveurs pourfendeurs du libéralisme et vante la main sur le coeur les mérites de la régulation, disait il y a peu ceci :

« Il faut mettre en œuvre rapidement la réforme du crédit hypothécaire. Ce n’est quand même pas excessivement audacieux de proposer que les crédits immobiliers soient tout simplement et uniquement garantis sur la valeur des biens achetés ; ni excessivement anormal de demander aux banques d’accorder sur la même hypothèque un nouveau crédit, lorsque le précédent emprunt a été partiellement remboursé. Il faut inciter les banques à prêter à tous et pas seulement aux plus aisés. »

C’était le 17 mars 2005, dans un discours prononcé à l’Assemblée nationale lors de la Convention sociale de l’UMP « Pour une politique de justice et de responsabilité« . Et c’était pire même que les subprimes à l’américaine, puisqu’il proposait en sus de réapprovisionner la capacité de crédit à mesure que l’emprunt initial était remboursé. Nicolas Sarkozy proposait ni plus ni moins ce qu’on pourrait appeler un crédit hypothécaire en poupées russes – moyen plus sûr encore d’accélérer la spirale du surendettement : dès que vous sortez un peu la tête de l’eau on vous attire à nouveau vers le fond !

Ainsi, le candidat à l’élection présidentielle qu’il était deux ans plus tard faisait-il en toutes lettres dans son programme la proposition suivante :

« Les ménages français sont aujourd’hui les moins endettés d’Europe. Or, une économie qui ne s’endette pas suffisamment, c’est une économie qui ne croit pas en l’avenir, qui doute de ses atouts, qui a peur du lendemain. C’est pour cette raison que je souhaite développer le crédit hypothécaire pour les ménages et que l’État intervienne pour garantir l’accès au crédit des personnes malades. Je propose que ceux qui ont des rémunérations modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement. Il faut réformer le crédit hypothécaire. Si le recours à l’hypothèque était plus facile, les banques se focaliseraient moins sur la capacité personnelle de remboursement de l’emprunteur et plus sur la valeur du bien hypothéqué. Ceci profiterait alors directement à tous ceux dont les revenus fluctuent, comme les intérimaires et de nombreux indépendants. »

Mais le poids de la parole et de l’image étant plus important pour Nicolas Sarkozy, écoutons ce qu’il disait le 14 septembre 2006, lors de la convention UMP Pour la France d’après – Contre la précarité, permettre à chacun d’être propriétaire :

Mais Nicolas Sarkozy est aussi cet homme qui a répété mille fois : « Tout ce que j’ai dit, je le ferai ». On se souvient également que dans son discours de prise de fonction, le nouveau petit président avait déclaré souhaiter que sa présidence soit guidée par douze exigences, parmi lesquelles figuraient en deuxième position de « respecter la parole donnée » et en troisième de « tenir les engagements ». Il nous faut encore une fois mesurer la chance que nous avons de savoir que ce n’était là aussi que des paroles en l’air.

Il nous faut tout autant avoir conscience que son revirement actuel et ses tirades enflammées en faveur de la régulation du marché, la moralisation du capitalisme et l’intervention de l’Etat dans les affaires économiques ne sont rien d’autre que circonstancielles. Il ne fait là que ce qu’il fait habituellement : il communique, il cherche à enfumer les français, une fois encore et une fois de plus.

Souvenons-nous également, car il l’a répété à maintes reprises, que la prochaine ambition de Nicolas Sarkozy, son nouveau boulot auquel il pense en se rasant, sera de faire de l’argent

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Sarkozy, ce héros !

Oct 142008
 

Il y a quelques jours à peine, le 8 octobre, je vous interpelais sur la relativité du krach boursier – où l’on constatait qu’il suffisait de regarder l’évolution du CAC40 (par exemple) sur plusieurs années pour relativiser la tragédie financière qu’on nous expliquait…

Aujourd’hui que l’on nous dit que Ouf ! C’est enfin terminé !!, il me semble intéressant d’observer l’évolution du CAC40 (toujours par exemple) sur les 18 derniers mois :

l’évolution du CAC40 sur 18 mois
évolution du CAC40 sur 18 mois

Donc là, au jour d’aujourd’hui, nous serions bel et bien sortis de la crise ? Alors même qu’il y a encore quelques mois le CAC40 dépassait la barre des 6000 points ? Alors même qu’aujourd’hui il est très nettement en dessous des 4000 ? C’est étrange tout de même…

Observons ce phénomène d’encore plus près en ne remontant que jusqu’à début septembre :

l’évolution du CAC40 sur 45 jours
évolution du CAC40 sur 45 jours

Moi, y a tout de même un truc qui me chiffonne… Non ?… Pas vous ?

On nous mènerait pas en bateau des fois ?!

Edit du mercredi 15 à 18 h : Tiens, le CAC40 a reperdu aujourd’hui près de 7%. Nous ne serions pas tout à fait sortis de la crise ainsi qu’on le prétendait encore hier à la même heure, où Sarkozy était présenté partout comme ce sauveur génial ?

Et on me signale à l’instant du fond de la cave, dans les commentaires, deux indices éclairants : un indice de volatilité, sorte de mesure d’incertitude des marchés et donc de la potentialité d’une poursuite de la crise financière, et l’évolution du TED, sorte de mesure de la confiance des banques entre elles – l’un comme l’autre sont pour l’heure spectaculairement alarmant.

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Ce ne sera pas la faute à la crise

Oct 142008
 

Sarkozy FillonPour distribuer du pouvoir d’achat, rien de tel qu’une bonne crise planétaire. C’est en tous cas ce qu’on a cru comprendre, hier soir, en écoutant le Premier ministre sur TF1 : les « sommes énormes » engagées par l’État sont « sans risque pour les contribuables« , a-t-il expliqué. Elle pourraient même « rapporter de l’argent à l’État quand la crise sera terminée« . (source)

François Fillon s’est même fait plus précis : « Si les choses se passent normalement, l’Etat français peut gagner de l’argent dans cette crise« .

Voilà qui est dit.

Et qu’ils ne viennent pas dans quelques mois prétendre que la situation économique catastrophique de la France, la récession et le pouvoir d’achat en berne des français ne seraient que les effets néfastes de la crise, que leur politique économique et (anti)sociale n’y serait absolument pour rien. Ils seront, et sont déjà responsables.

Nicolas Sarkozy a d’ailleurs demandé maintes fois qu’on le juge sur les résultats. Nous n’y manquerons pas.

Notons déjà qu’au bout de bientôt 18 mois de présidence – qui font suite, rappelons-le tout de même, à cinq ans d’une politique identique menée par un gouvernement déjà UMP – les résultats de Nicolas Sarkozy sont unanimement négatifs : balance commerciale déficitaire, dette publique en explosion, comptes sociaux dans le rouge, récession économique, prélèvements obligatoires croissants, chômage à la hausse, inflation record, pouvoir d’achat rogné, etc…

Sinon, vous vous demandez peut-être vous aussi d’où sortent les 360 milliards d’euros du plan français ? La réponse, et les petits secrets, sont dans le click…

Où l’on parle de : Ce ne sera pas la faute de la crise


Un monde de retard

Oct 132008
 

Un monde d'avanceC’est tous les jours qu’ils s’affrontent, chaque jour un coup bas et une nouvelle polémique. Aujourd’hui, ce sont les ségolénistes et autres soutiens de la motion Collomb(Royal) qui font buzzer une vidéo, montage affligeant où l’on assiste à la prestation de Sylviane Agacinski chez Laurent Ruquier à propos de tout le mal qu’elle pense de Ségolène Royal, avec commentaires ségolénistes en surimpression pour bien forcer le trait – et notamment baliser le chemin qui de Mme Agacinski traversera Lionel Jospin pour atteindre Bertrand Delanoë.

Je ne vais pas entrer dans le débat, juste souligner que se complaire ainsi à la rebaptiser en Sylviane Jospin, ainsi que ne s’appelle pas Mme Agacinski , est réduire une femme à son mari et constitue déjà d’un machisme sévère, le même dont Mme Royal avait été en son temps la victime lorsqu’on usait contre elle des déclarations de celui qui était alors son compagnon. Procédé indigne hier, procédé indigne aujourd’hui.

Je préfère très simplement noter que le niveau du débat entre les motions soeurs de la social-démocratie à la papa descend là encore d’un cran. On n’aurait pas cru cela possible. C’est pourtant ce qui arrive chaque fois : quand le débat ne peut se tenir au niveau des idées parce qu’on professe au fond les mêmes, il descend au niveau d’un affrontement brutal, et souvent médiocre, entre des individualités qui en sus des idées partagent la même ambition personnelle autour de laquelle elles s’affrontent depuis bientôt une décennie, et davantage pour certains. Chaque fois, on ressort donc les grosses ficelles et renaissent les vieilles rancoeurs stériles.

Or, sur le fond, ils ont ensemble attendu que la crise éclate pour faire enfin mine de comprendre que c’est le système tout entier qui est en fin de vie. C’est au point que certains voudraient aujourd’hui reporter le congrès afin d’avoir le loisir de réécrire leurs motions et les adapter à l’actualité. C’est dire si eux-mêmes ont compris que la social-démocratie façon XXème et dont leurs motions se faisaient hier encore l’écho, n’était pas à la hauteur des enjeux de la crise systémique que nous vivons et dont pourtant les dégâts sociaux et écologiques ne datent pas de ce mois de septembre. C’est dire en réalité si ils ont un monde de retard !

Ils ont perdu en 2002 avec Lionel Jospin dont le programme n’était pas socialiste.

Ils ont perdu en 2007 avec Ségolène Royal qui s’est présenté devant les français avec le même programme sans souffle.

Virons-les en 2008, lors de ce congrès de la dernière chance, pour gagner en 2012 sur un projet socialiste refondé et ambitieux.

Rénovons enfin le PS, finissons-en avec les querelles de personnes, votons et faisons voter pour la seule motion qui présente une ligne politique résolument tournée vers le XXIème siècle dans un dépassement d’une social-démocratie aussi timide que désuète, une ligne politique traversée par la régulation écologique et sociale du marché. Votons massivement pour la motion C : « Un monde d’avance – une gauche décomplexée ».

Edit du 15 octobre : Je tiens ce matin à remercier les ségolénistes qui s’en prennent à Aubry qui déclare que Paris est une ville bourgeoise afin de mieux s’en prendre à Delanoë. Tout cela valide un peu plus encore, si besoin était, ce que j’écrivais il y a quelques jours, ci-dessus, quant au niveau exécrable du débat lorsqu’on peine à se démarquer sur le fond.

Vivement que ce congrès se termine ! Et espérons que les militants sauront majoritairement tirer les conséquences d’une campagne où preuve aura été une nouvelle fois apportée que la guerre des chefs ne saurait terminer : la sociale-démocratie a besoin d’être dépassée, le Parti Socialiste a besoin que ceux qui en sont les derniers représentants laissent la place… et que rénovation enfin se fasse.

Où l’on parle de : Un monde de retard


Retour sur l’assistanat

Oct 122008
 

banquiers assistésUne des grandes victoires du discours sarkozyste – et qui dans une certaine mesure est aussi un des grands renoncements de la gauche en général, et de Ségolène Royal en particulier qui sur ce sujet comme sur d’autres a repris à son compte le discours de son adversaire – a été de ringardiser l’idée de solidarité en martelant la thématique de l’assistanat : « J’aiderai celui qui veut s’en sortir », « Je ne mettrai pas un centime pour financer l’assistanat »,« Je récompenserai davantage le travail que l’assistanat », etc…

L’idée sous-jacente à ce discours est que les pauvres abusent de l’aide publique, que les RMistes abusent du RMI, que les chômeurs abusent des allocations chômages, que les bénéficiaires de logements sociaux abusent de leur « privilège », etc… Bien sûr pas tous, mais certains d’entre eux. Bien sûr pas vous, mais sûrement votre voisin. Rhétorique sarkozyste bien connue visant à faire sentir à chacun que l’Autre vous prend ce qui vous revient, que l’Autre est responsable de la situation dans laquelle vous vous trouvez. L’Autre, c’est-à-dire celui qui consomme indûment l’argent public, donc les impôts qu’on vous demande de payer pour son seul et immense bénéfice.

Au résultat, l’impôt est nécessairement injuste et on en paie toujours trop. C’est qu’il ne s’agit plus de solidarité, encore moins de redistribution, il s’agit des assistés, tous ces nuisibles. Et chacun d’oublier que s’il ne fait pas partie des plus riches, il bénéficie en réalité de plus qu’il ne verse, via les services de police qui assurent la sécurité, via les services de justices qui sont censés nous protéger, via l’armée et surtout l’école de la République, via l’assurance maladie et l’assurance chômage. Et chacun d’oublier que sa situation financière dépend en réalité bien moins des impôts que l’on paie que des augmentations de salaires dont on ne bénéficie pas, mais aussi de cette école de la République, de ces hôpitaux, des services publiques (police, justice, etc…) qui fonctionnent si mal parce qu’on leur a retiré les moyens de fonctionner efficacement. Et chacun d’oublier qu’il est en réalité un de ces assistés auxquels en veut tant Sarkozy.

Bref. J’ai ailleurs et en son temps largement abordé cette thématique de l’assistanat comme le miroir aux alouettes du sarkozysme, où d’un exemple d’abus on fait une généralité, puis un prétexte pour restreindre le champ de la solidarité et de l’action publique, en prenant à tous tout en laissant croire à chacun qu’il sera épargné, puisque seuls les nuisibles sont visés, tous les assistés qui vous bouffent la laine sur le dos et dont vous n’êtes évidemment pas puisque vous, vous ne rechignez pas à travailler pour vous en sortir – parce qu’en plus les assisté sont des cons qui ne veulent pas s’en sortir…

Là où cela devient savoureux aujourd’hui, c’est lorsqu’en réponse à la crise financière, Nicolas Sarkozy n’a rien d’autre à proposer que de dépenser l’argent public par dizaine de milliards afin de venir sauver la mise aux banques qui ont en réalité moins travailler plus pour s’enrichir que spéculer toujours plus, ces banques qui à force d’abuser de la spéculation en font une grave overdose. Et tout d’un coup donc Nicolas Sarkozy de redécouvrir les vertus de l’assistanat, mais il est vrai qu’il ne s’agit pas là de ces parasites qui préfèrent dormir dans la rue que de s’en sortir, ces chômeurs qui préfèrent se contenter d’une allocation de misère que de trouver un travail et si possible assorti d’un salaire décent, de tous ces malades qui prennent un malin plaisir à sur-consommer des médicaments inutiles… Non, il ne s’agit que d’un système tout entier où des milliards d’euros changent chaque jour de mains avec l’espoir de se multiplier sans efforts, d’un système économique et financier en fin de vie qui vit du surendettement de tous au profit de seulement quelques-uns.

« Je ne mettrai pas un centime pour financer l’assistanat »,« Je récompenserai davantage le travail que l’assistanat », disait-il…

banquiers assistés
© La République des Fourmis par SaT – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Après la faillite, les dirigeants de Fortis s’offrent un festin dans l’hôtel le plus luxueux de Monaco : Tout ne va pas si mal chez Fortis (FORB) assurance Belgique, le journal hollandais De Morgen indique ce matin que les dirigeants de la banque invitent 50 personnes à déjeuner ce midi dans l’hôtel Louis XV. C’est l’établissement le plus cher de la principauté. 150.000 euros vont être déboursés pour cet événement « marketing ». Le déjeuner coûtera 300 euros et la nuit d’hôtel 1.500 euros par personne. (lu dans Capital)

Où l’on parle de : Retour sur l’assistanat


Imaginons la France d’après

Oct 082008
 

Il est tellement vrai qu’un bon petit graphique vaut parfois mieux qu’un long discours que je vous propose, et je m’adresse en particulier aux jeunes traders qui auraient dans l’idée d’ouvrir la fenêtre, de vous pencher [sic !] un court instant sur…

l’évolution du CAC40 sur 15 ans
évolution du CAC40 sur 15 ans

En revanche, si vous avez devant vous une petite heure et l’envie de comprendre pourquoi le système économico-financier qui nous gouverne est en crise, d’apprendre en particulier que l’essentiel de la masse monétaire en circulation est une dette qui n’a d’autre vocation que de s’accroitre, et que donc la fin dudit système est inéluctable, et qu’il nous faudrait même l’anticiper, je vous suggère de consulter l’article intitulé l’argent et les banques pour les nuls et de prendre le temps de regarder la video qui y est présentée…

Et puis, ou bien si vous n’avez que quinze minutes, et parce que davantage encore dans des périodes de crise comme celle que nous vivons actuellement – et qui si elle n’atteindra que très relativement la grande finance internationale, sera néanmoins d’une gravité économique et sociale de toute première importance – parce que donc la politique a un sens en ce qu’elle est le nid où couve notre avenir commun, je voudrais également vous inviter à écouter attentivement l’intervention de Benoit Hamon, ce mardi à la Mutualité, devant les militants socialistes parisiens :

Pour en savoir plus sur La motion «Un Monde d’Avance » et ses 79 propositions, laissez-vous tenter…

Source : De la relativité d’un krach boursier


La motion «Un Monde d’Avance » en 79 propositions

Oct 082008
 

Un Monde d'Avance - la gauche décomplexée

Le monde se métamorphose : le néo-libéralisme plonge la planète toute entière dans la crise. Un monde s’éteint et le neuf hésite encore à naitre. Le congrès du Parti Socialiste se déroule dans ce clair obscur, cet intervalle entre deux cycles dont peuvent émerger le meilleur, un monde régulé et plus juste, ou le pire, le nationalisme ou la renaissance d’un capitalisme financiarisé.

Le Parti Socialiste n’a pas la faveur des Français qui jugent son action timorée et souvent illisible. Il n’est seul. La social-démocratie européenne a subi 13 défaites sur les 15 derniers scrutins. Est-ce, dans chacun de ces treize partis, faute de leaders ou de discipline ? Ou bien est-ce le résultat de la défaillance du projet social démocrate ? Cette seconde hypothèse paraît tout de même plus vraisemblable ! Ce qui est essentiel pour un parti, ce qui entraîne l’adhésion ou motive la critique, c’est son orientation politique.

La motion Un Monde d’Avance – la gauche décomplexée propose de clarifier une ligne politique sur 9 points : Sortir du libre échange généralisé, répondre à l’urgence écologique, redistribuer les richesses, affirmer le retour de la puissance publique, changer le cours de la construction européenne, aller à la reconquête de la démocratie, promouvoir une société de progression des droits et libertés, aller vers une société d’émancipation plutôt qu’une société d’ordre, définir une politique étrangère progressiste.

Il s’agit pour le Parti Socialiste d’affirmer une orientation à gauche. La Gauche est victorieuse lorsqu’elle est la Gauche, comme en 1981 ou en 1997. Elle est défaite lorsque les électeurs ne savent plus qui elle est, comme en 2002 ou 2007.

Il s’agit de vouloir un changement réel par rapport à la direction sortante du PS dont sont issues les 3 autres principales motions. Faire le choix du renouveau et de la rénovation : le PS a besoin d’un nouveau souffle, d’un sursaut.

Il s’agit enfin d’offrir aux Français les raisons d’espérer et donner à la Gauche les meilleures chances de gagner en 2012 sur un projet de transformation sociale ambitieux et crédible : décomplexée !

Les propositions d’une gauche décomplexée

Sortir du libre-échange généralisé

1. Activer le tarif extérieur commun, pour rétablir la préférence communautaire voulue par les pères fondateurs de l’Union européenne et lutter contre le dumping fiscal et social

2. Baisser les taux d’intérêt européens, pour ramener la parité euro/dollar à un niveau acceptable pour nos exportations

3. Relocaliser la production, selon le principe qu’il ne peut y avoir accès à un marché s’il n’y a pas production de tout ou partie des marchandises sur ce même marché. La relocalisation concourra aussi à la lutte contre la pollution générée par les transports de marchandises

4. Contre l’OMC, choisir la coopération plutôt que la compétition, pour obtenir entre nations une convergence sociale et écologique, et pas seulement commerciale.

Répondre à l’urgence écologique

5. Etendre le champ du service public, car les ressources comme l’air, l’eau et les espaces naturels ne doivent pas être jetés en pâture au marché

6. Mobiliser les collectivités locales de gauche pour remettre l’eau en gestion municipale directe

7. Employer les bénéfices de la gestion directe de l’eau pour restaurer la propreté des eaux et des rivières françaises à horizon 2015

8. Accorder aux ménages modestes et aux bailleurs sociaux des aides substantielles pour améliorer le bilan énergétique des bâtiments

9. Inventer une fiscalité écologique selon le principe du pollueur-payeur, en mettant notamment en place une taxe-carbone universelle avec l’aide de l’Europe, qui pourra l’imposer sur les importations

10. Promouvoir un autre modèle de développement agricole, qui protège les agricultures vivrières locales et qui taxe les importations destructrices pour l’environnement

11. Accélérer les progrès de l’agriculture biologique en France, en subventionnant davantage la recherche publique française pour obtenir des produits bio à la portée de toutes les bourses

12. Introduire des critères environnementaux dans le Code des Marchés publics, notamment pour favoriser l’utilisation de denrées produites à proximité des collectivités publiques

Pour lutter contre les inégalités, redistribuer les richesses

– Augmenter les salaires

13. Augmenter les salaires de la Fonction publique, qui emploie un salarié sur 5 en France

14. Porter le SMIC à 1500 €

15. Appliquer à toutes les branches le principe de minimas conventionnels au moins égaux au SMIC

16. Organiser une Conférence sur les Salaires, où sera fixée une norme de progression des salaires en fonction des gains de productivité. En cas d’échec de cette Conférence, l’Etat prélèvera davantage de cotisations sociales sur les branches réfractaires

– De nouveaux financements pour les retraites

17. Maintien du droit à la retraite à 60 ans et du système par répartition

18. Faire cotiser les stock-options à la retraite, instaurer une « CSG-Entreprises » pour faire cotiser les profits

19. Permettre aux salariés des métiers pénibles de partir en retraite avant d’avoir atteint 40 annuités de cotisations

Pour une protection sociale de haut niveau

20. Améliorer l’offre publique de soins, tant sur le plan technique que territorial

21. Mieux rembourser les soins dentaires et d’optique

22. Instaurer des enveloppes forfaitaires de rémunération pour les professionnels de santé

23. En finir avec le mythe du « trou de la Sécu » : revoir tous les mécanismes de niches fiscales, d’exonérations de cotisations patronales qui pèsent si lourd dans le manque de recettes de l’Assurance Maladie

Logement : l’action publique plutôt que le laisser faire

24. Bloquer les loyers en 2009 et encadrer leur évolution lors des relocations

25. Réquisitionner les logements vides, soit par la procédure d’attribution d’office laissée au Préfet, soit par l’activation du pouvoir de réquisition du maire

26. Relancer la construction de logements à loyers modérés, en mobilisant les ressources du Livret A et en abandonnant les exonérations fiscales accordées sans contrepartie

Renforcer la justice fiscale

27. Créer un grand impôt progressif sur le revenu, assis sur une assiette large, en fusionnant l’actuel IRPP et la CSG et en abandonnant les niches fiscales

28. Instaurer un abattement d’impôt au bénéfice de tous les ménages modestes

29. Créer une « CSG-Entreprises » en remplacement des cotisations patronales actuelles, pour favoriser l’emploi et les PME

30. Réformer la fiscalité locale et mettre en place une véritable péréquation fiscale entre collectivités territoriales

Affirmer le retour de la puissance publique, reconstituer nos marges de manœuvres

31. Supprimer le bouclier fiscal et réorienter le paquet fiscal vers des dépenses d’avenir : innovation, recherche, santé, éducation et développement durable

32. Soutenir l’investissement en faisant davantage intervenir l’Etat dans l’économie, par des prises de participation au capital et un « fonds souverain français », qui investirait dans les entreprises socialement et écologiquement responsables

33. Bâtir un pôle public de l’énergie, reposant sur un pilier électro-gazier (EDF, GDF et Suez), un pilier nucléaire (Areva, dont il faut stopper la privatisation) et un pilier pétrolier (Total)

34. Créer de nouveaux services publics : petite enfance, logement et habitat

35. Maintenir les tarifs réglementés dans certains secteurs clé (énergie… )

36. Restauration de la législation protectrice du droit du travail, notamment sur la durée du travail (35 heures), sur le salaire minimum, la santé et la sécurité au travail, etc.

Changer le cours de la construction européenne

37. Une autre politique monétaire, en obligeant la BCE à soutenir d’abord la croissance et l’emploi

38. Une autre politique budgétaire, en révisant le Pacte de stabilité et en dotant l’Union d’un budget digne de ce nom, pour financer la solidarité avec les Etats membres moins riches

39. Création d’un impôt européen sur les sociétés

40. Pour un « New Deal » européen, financé par l’emprunt, en faveur de l’innovation industrielle : remplacement énergétique, biotechnologies, nouveaux procédés industriels, nouvelles infrastructures (classiques et numériques)

41. Création d’une Communauté Européenne de la Recherche et de l’Industrie (CERI), sur le modèle de la CECA (Charbon et Acier)

42. Moratoire sur les libéralisations dans les services publics (poste et chemins de fer) puis vote d’une directive cadre définissant les principes communs à tous les services publics

43. Création d’un salaire minimum européen

44. Harmonisation des taux de l’impôt sur les sociétés

La reconquête de la démocratie

45. Pour une 6ème République, où le Premier ministre est le véritable chef de l’Exécutif

46. Inscrire un statut de l’élu dans la Constitution

47. Accorder le droit de vote et d’éligibilité aux élections locales aux résidents non communautaires

48. Instaurer la parité hommes / femmes dans tous les Exécutifs (locaux, intercommunaux, régionaux, gouvernemental)

49. Donner un second souffle à la démocratie sociale, en rétablissant la hiérarchie des normes sociales, en faisant négocier des accords majoritaires par des syndicats représentatifs sur la base des élections professionnelles, en organisant un financement public des syndicats

50. Assurer le pluralisme médiatique, en faisant voter une loi anti-concentration en France et une directive sur la liberté d’expression et d’information en Europe

51. Interdire aux entreprises vivant de la commande publique de détenir des actions dans le secteur des médias

Une société de progression des droits et libertés

52. Rétablissement de la police de proximité

53. Suppression de la rétention de sûreté et des peines plancher

54. Privilégier les peines alternatives à l’emprisonnement

55. Une nouvelle politique d’immigration, via un plan de régularisation et d’obtention de visas de travail, ainsi que par une lutte sans merci contre le travail au noir

56. Lutter contre les discriminations, en mobilisant collectivités publiques et entreprises, en étendant les droits attachés au PACS, en autorisant le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe

57. Lutter pour l’égalité réelle des salaires entre hommes et femmes

58. Repenser la politique familiale, pour qu’elle prenne mieux en compte les disparités de revenus et privilégie les modes de garde collectifs

Une société d’émancipation

– Un nouveau pacte éducatif national

59. Augmentation, et non réduction, du nombre de jours de présence effective à l’école, en allégeant le contenu de chaque journée

60. Une nouvelle politique périscolaire, favorisant activités artistiques, culturelles et sportives

61. Développer la scolarité dès 2 ans et généraliser les modes de gardes collectifs avant 3 ans

62. Annuler les suppressions de postes, pour renforcer le soutien scolaire et le travail en petits groupes

63. Instaurer un véritable droit à la qualification pour tous les jeunes, en supprimant notamment l’apprentissage à 14 ans et en redonnant la priorité à l’enseignement professionnel

64. Restaurer la mixité scolaire, par la sectorisation et une aide accrue aux établissements scolaires des quartiers populaires (classes à effectifs allégés, professeurs expérimentés, réseaux d’aide renforcés)

– Pour la jeunesse : insertion et émancipation

65. Créer un statut social pour tous les jeunes en formation et en insertion

66. Mettre en place une allocation d’autonomie, conditionnée aux ressources propres du bénéficiaire, ouvrant des droits en matière de santé, transports, etc.

67. Créer une Aide au Départ en Vacances (ADV), d’un montant minimum de 200 euros, versée sous condition de ressources et directement affectée aux séjours organisés par les centres de vacances agréés

– Pour un nouveau projet culturel

68. Valoriser les arts et cultures populaires, en favorisant les pratiques amateurs et en structurant l’offre de formation professionnelle

69. Mettre en place un aménagement culturel du territoire, en conditionnant le versement des subventions publiques à l’amélioration de l’offre culturel dans les territoires délaissés

70. Reconnaître les échanges d’œuvres artistiques sur internet, à condition que ces échanges soient non commerciaux et qu’ils donnent lieu à une forme de rémunération des artistes, par exemple sous la forme de la « licence globale »

Pour une politique étrangère progressiste

71. Adoption d’un calendrier de retrait des troupes françaises d’Afghanistan

72. Refuser la réintégration de la France au commandement militaire de l’OTAN

73. Promouvoir de nouveaux droits mondiaux, tels que les droits sociaux dans le cadre de l’OIT, l’accès aux biens publics mondiaux (santé, éducation… )

74. Créer une taxe mondiale sur les transactions financières pour financer un fonds pour l’accès aux biens publics mondiaux

75. Réformer l’ensemble des organisations internationales : FMI, Banque mondiale, création d’un Conseil de Sécurité Economique et Sociale et d’une Organisation Mondiale de l’Environnement

76. Garantir la primauté des normes sociales et environnementales sur les impératifs commerciaux et financiers

77. Augmenter l’aide publique française au développement, pour qu’elle franchisse le seuil de 0,7% du PIB

78. En finir avec la « Françafrique » et poser les bases d’un nouveau partenariat avec les pays concernés

79. Refuser les accords actuels de partenariat Union Européenne / Afrique – Caraïbes – Pacifique, et donner la priorité aux exigences de développement sur les exigences commerciales

Où l’on parle de : La motion «Un Monde d’Avance » en 79 propositions


L’argent et les banques pour les nuls