dedalus

Avr 182007
 

Ma part de vérité

dedalus autoportraitA quelques jours du 22 avril, je ressens comme beaucoup l’importance de ce qui va s’y dérouler et le besoin de dire quelques dernières petites choses pour tenter de convaincre, de convaincre encore, c’est-à-dire de faire partager, ou du moins entendre cette conviction qui est la mienne.

Dimanche prochain, chacun d’entre nous sera appelé à se rendre aux urnes pour, au terme d’une longue campagne, exprimer son choix et faire entendre sa voix. Ce jour-là, le pouvoir sera effectivement entre les mains du peuple et il nous faut, chacun, avoir conscience de cette part de pouvoir que nous détiendrons alors et dont nous aurons le devoir citoyen d’user en conscience, c’est-à-dire conscient de la responsabilité qui nous incombe.

A quelques poignées d’heure de ce moment important dans la vie de notre démocratie, voici ce que signifie, pour ma part, cette responsabilité :

En premier lieu, je n’oublie pas que s’il y a deux tours de scrutin, il n’y a qu’une élection. Il s’agira dimanche prochain autant que deux semaine plus tard d’élire le Président de la République Française. Dès le 22 avril, il s’agira de cela et uniquement de cela. De quoi d’autre ?

Parmi les trois candidats susceptibles de l’emporter, ma préférence d’homme de gauche va sans l’ombre d’un doute à Ségolène Royal – mais n’entre pas dans le cadre de cet article de dire pourquoi. Il s’agira pour moi d’user de ma part de ce pouvoir électoral afin de favoriser son élection. Pourquoi sinon mettre un bulletin dans l’urne ? Dans quel objectif ?

Or je sais la chose suivante : c’est au premier tour, aussi au premier tour, que se gagne ou se perd une élection. Dimanche prochain, il ne s’agira donc pas seulement que Ségolène Royal soit au second tour, il faudra encore qu’elle y parvienne dans les meilleures conditions afin d’amorcer une dynamique qui puisse être victorieuse.

J’irai donc voter pour Ségolène Royal dès le 22 avril parce que j’ai conscience que Sarkozy à 26% et Royal à 22% n’est pas du tout équivalent à Sarkozy à 26% et Royal à 26%, même dans l’hypothèse où dans les deux cas ces deux-là arriveraient en tête.

J’irai voter pour Ségolène Royal dès le 22 avril parce que j’ai conscience qu’au soir du 6 mai, soit la droite sera au pouvoir pour les cinq ans qui viennent, soit ce sera la gauche, et que ça fait une sacré différence. Et j’ai conscience qu’une bonne part de ce résultat se jouera le 22 avril.

J’irai voter pour Ségolène Royal dès le 22 avril parce que j’ai également conscience que des élections législatives se dérouleront à l’issue de ces présidentielles. Si Ségolène Royal l’emporte, ce pourra alors avoir un sens de voter Verts ou PC ou ailleurs… afin de peser sur le gouvernement que la Présidente aura mis en place et orienter la politique qu’elle devra mettre en oeuvre. Sarkozy président, non seulement mon vote du 22 avril aurait été vain, mais celui des législatives le serait tout autant.

J’irai voter pour Ségolène Royal dès le 22 avril parce que j’ai conscience que, si en sport l’important est de participer, voire de se faire plaisir, lors d’une élection – et surtout à l’occasion de celle-ci – l’essentiel est d’abord de ne pas perdre, ensuite de gagner.

J’irai voter pour Ségolène Royal dès le 22 avril parce que j’ai conscience qu’on ne vote pas pour ses idées, mais qu’on vote pour que ses idées puissent progresser, afin qu’une orientation politique soit prise plutôt qu’une autre, afin qu’on puisse aller de l’avant – et ce même si ce n’est pas y aller aussi vite que l’on voudrait. Et donc, oui, et quoi qu’on en dise, et même si ce n’est pas satisfaisant, un vote aura été utile à la victoire ou bien il ne l’aura pas été.

Je vais voter pour Ségolène Royal et ce dès le 22 avril… et si ce n’est pas elle qui l’emporte le 6 mai, mon vote aura été inutile parce que je pense que les français les plus défavorisés le seront alors encore davantage. Or c’est bien de cela qu’il s’agit. Oui, en réalité, uniquement de cela élire un(e) président(e) avec l’espoir que cela aille mieux pour ceux pour qui cela va mal.

Le 22 avril, j’irai voter pour Ségolène Royal parce que je refuse de renoncer à espérer en la gauche et en ce qu’elle porte d’espérance. Et la gauche ce n’est pas le PS ou le PC, ce n’est pas les Verts ou les trotskistes, et ce n’est pas non plus davantage les uns que les autres. La gauche ce sont avant tout les hommes et les femmes qui composent ce peuple de gauche, des hommes et des femmes héritiers d’une histoire et porteurs de valeurs et d’espérance en un monde meilleur. La gauche, c’est cette longue marche en avant à travers l’Histoire vers le progrès social et le désir d’un vivre mieux ensemble – désir d’égalité et de liberté, désir de fraternité et de solidarité, et désir de lutter pour y parvenir. On ne doit jamais renoncer à cela, et certainement pas au moment de voter.

Alors je vais apporter ma voix à Ségolène Royal parce que la réalité est qu’à cette élection elle et nul autre qu’elle est en position de nous faire reprendre cette marche en avant après cinq années où déjà beaucoup de chemin a été perdu, ouvrant sous nos pieds un gouffre social où les plus fragiles d’entre nous n’ont cessé de s’enfoncer. Nos libertés ont reculé. L’égalité des chances a été baffouée. Les solidarités ont été démolies. Et il n’y a plus guère d’espace non plus pour fraterniser quand la droite n’a de cesse que de nous diviser, d’opposer les uns aux autres et d’exacerber les tensions.

Et puis, enfin, je vais voter Ségolène Royal, et ce dès le 22 avril, parce que je perçois en Nicolas Sarkozy une menace bien plus importante que celle que représente habituellement la droite, parce que je vois avec lui venir ce quelque chose d’inimaginable et dont on préfère toujours penser que cela n’arrivera pas… Et c’est justement pour cette raison que chaque fois c’est arrivé, et pour cette raison que cela arrivera encore.

Je perçois ce qui pourrait survenir, je sens le danger qu’il y aurait à confier le destin d’un pays à un homme tel que lui, qui semble réinventer la démagogie en chaque mot qu’il prononce, un homme en lequel on devine une faille effroyable, une folie contenue, si difficilement contenue… et dissimulée avec tant d’habileté qu’elle en devient d’autant plus effrayante. Et si même j’étais dans l’erreur, ce doute suffit à m’effrayer et à me mobiliser tout entier. Et à me mobiliser maintenant, afin d’éviter d’avoir à le faire trop tard. L’Histoire de la démocratie nous apprend qu’il est des diables à ne pas tenter, et qu’il vaut mieux parfois miser pour ne pas voir.

Voilà ce que j’avais envie de partager avec vous, en toute sincérité. Ce que j’avais sur le coeur à la veille d’une élection où les enjeux sont sans doute plus importants et plus graves que l’on ne voudrait le penser. Mais peut-être aussi plus chargés d’espoir.

Cela ne dépend que de nous.

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On parle de : Lettre ouverte d’un homme de gauche à ses concitoyens

Avr 172007
 

Quand le petit Sarkozy pratique la récupération des Grands Hommes

Il a cité Blum et Jaurès. Chirac et Tapie le soutiennent. Jean-Marie Le Pen prendra sa décision après le 22 avril, mais les prises de contacts sont bien avancées. Juste le temps de déclarer qu’il pourrait y avoir des ministres de gauche dans son gouvernement (mais oui, Nicola, prends nous pour des cons !), le voilà parti pour se recueillir sur la tombe du Général, seul face à son destin (et quelques centaines de journalistes dans son dos pour relater ce moment de communion sincère autant que spontanée). Dans la foulée, il cite Jean-Paul II (vous savez, le grand pote à Jaurès !). Voilà ce qui reste de tout ceci :

Sarkozy fait son guignol à Colombey« MADAME, je ne vous ai entendue et vue qu’à la télévision. Mais vos propos, votre manière d’être, ont fait que, depuis plusieurs mois déjà, j’étais enclin à voter pour vous le 22 avril. Ayant lu attentivement votre livre, « Maintenant », je ne doute plus de le faire.
Je suis un très vieux monsieur. Ministre du Général de Gaulle à trois reprises, je fus un des rares qui eurent l’honneur d’être reçu par lui à Colombey, après qu’il eut, en parfait démocrate, démissionné de la présidence de la République parce que désavoué lors du référendum qu’il avait décidé.
Je suis fidèle à sa mémoire. La France, au cours de sa longue histoire, n’a guère eu de chef d’Etat de cette envergure, parfaitement indépendant de toutes les puissances financières et de tous les dogmes politiques, ne se laissant intimider par quiconque, discernant ce qu’allait être l’évolution du monde et percevant ce qu’étaient les intérêts à long terme de son pays. Mais je n’ai jamais cru à la possibilité d’un gaullisme sans de Gaulle et je me suis vite désolidarisé de ses prétendus héritiers.
Cela dit – et sans vouloir vous écraser sous une telle référence en vous assimilant à cette très haute figure – j’ai le goût de vous dire que je constate d’assez nombreuses analogies entre ses idées et les vôtres, telles qu’elles apparaissent au long de vos trois centaines de pages. D’abord le volontarisme politique, puis l’attachement à la nation, à son passé et à son avenir, comme fondement nécessaire aux solidarités entre les individus vivant sur son sol ; la prise en compte des aspirations populaires mais sans soumission systématique à l’opinion ; l’idée, que de Gaulle énonça dès mars 1968 dans un discours à Lyon, que les activités régionales sont les ressorts de la puissance économique de demain ; encore, le fait que la France, dans un mode menaçant, ne doit pas renoncer à une puissance militaire forte.
Entre vous et lui, il est encore un trait commun : quand on lui exposait un problème de façon abstraite, il vous interrompait : « Alors ! Pratiquement, que proposez-vous ? » Or toujours vous proposez ou esquissez une solution concrète.
J’ajoute que vous rejoignez le général de Gaulle sur trois points, de grande importance. Le premier est la sobriété que vous voulez dans le comportement quotidien de la présidence de la République et du gouvernement. Le deuxième est le recours à l’article 11 de la Constitution, que vous devrez inévitablement utiliser pour modifier celle-ci, en particulier concernant le Sénat. Le troisième est que, comme lui, vous vous appuyez sur un parti, ce qui est indispensable, mais que, comme lui, vous êtes d’un tempérament assez fort pour pouvoir, quand besoin est, vous en affranchir.
Madame la candidate, je vous souhaite de tout cœur bonne chance et vous assure de la grande considération que j’ai pour votre culture gouvernementale, pour votre intelligence, votre sensibilité et votre caractère. »


Lettre ouverte à Ségolène Royal de Jean-Marcel Jeanneney, ancien ministre du général de Gaulle –

On aura là encore remarqué à quel point la presse a fait son travail dans la plus parfaite objectivité et en faisant preuve de sa grande impartialité…

sarkozy en tournée
© PLACIDE – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

On parle de : Quand le petit Sarkozy pratique la récupération des Grands Hommes

Avr 172007
 

Faites votre choix… tant que c’est encore possible

Nicolas Sarkozy s’est rendu en banlieue, vendredi 13 avril dans la région de Meaux. Les grands médias – mais pas seulement – avait été soigneusement tenu à l’écart de cet « événement ». Seules étaient présentes, NSTV – la télévision officielle du candidat Sarkozy, que John Paul Lepers qualifie de Télé Ceaucescu dans son blog – et Allan Rothschild avec une équipe de latelelibre.fr.

Ci-dessous, les deux reportages, deux visions forcément subjectives d’un même évènement, l’un peut-être plus professionnel que l’autre, car plus irrespectueuse, l’autre peut-être plus servile, moins au service de « la vérité », et plus brejnevienne en effet… Mais à vous de juger, et c’est heureux de pouvoir encore bénéficier d’une certaine pluralité (remercions d’ailleurs à ce titre le travail qu’a effectué latelelibre.fr au cours de ces quelques semaines de campagne, ce travail que d’autres se sont bien gardés de faire, cette presse aux ordres dont nous avons déjà parlé ) :




NSTV ou Télé Ceaucescu




latelelibre.fr

On sait ce qu’il en est de la conception sarkozienne de la pluralité de la presse. A l’heure du choix – dans cinq petits jour maintenant – il faudra aussi se souvenir de cela.


Interlude culturel

……Lucius Catilina, issu d’une noble famille, avait une grande force d’esprit et de corps, mais un naturel méchant et pervers. Dès son adolescence, les guerres intestines, les meurtres, les rapines, les émotions populaires, charmaient son âme, et tels furent les exercices de sa jeunesse. D’une constitution à supporter la faim, le froid, les veilles, au delà de ce qu’on pourrait croire ; esprit audacieux, rusé, fécond en ressources, capable de tout feindre et de tout dissimuler ; convoiteux du bien d’autrui, prodigue du sien, fougueux dans ses passions, il avait assez d’éloquence, de jugement fort peu : son esprit exalté méditait incessamment des projets démesurés, chimériques, impossibles. On l’avait vu, depuis la dictature de L. Sylla, se livrer tout entier à l’ambition de s’emparer du pouvoir : quant au choix des moyens, pourvu qu’il régnât seul, il ne s’en souciait guère. Cet esprit farouche était chaque jour plus tourmenté par l’embarras de ses affaires domestiques et par la conscience de ses crimes : double effet toujours plus marqué des désordres dont je viens de parler. Enfin il trouva un encouragement dans les mœurs dépravées d’une ville travaillée de deux vices, les pires en sens contraire, le luxe et l’avarice…..

Extrait de La Conjuration de Catilina de Salluste – merci à @cfhpatrice du tontonblog

On parle de : Télé Libre ou Télé Sarkozy

Avr 152007
 

De l’inconscient des journalistes

Les journalistes, pendant cette campagne, sont sous pression. Sous la pression de Nicolas Sarkozy et de ses grosses colères. Sous la pression d’une ligne éditoriale aux ordres. Sous la pression d’actionnaires qui connaissent leurs intérêts. Paralysés, ils ne peuvent tout dire… mais parfois la pression est si forte que ça déborde, que ça fuse dans un petit coin, comme ça l’air de rien, et soudain l’inconscient se met à parler… et à en dire beaucoup. Alors, enfin, nous pouvons nous exclamer : « La presse est libre ! » :

lapsus

Nicolas Sarkozy, candidat du Front National ? C’est tellement vrai, finalement. Il suffisait simplement de l’écrire dans le journal. Ce que lepoint.fr s’est chargé de faire avec un grand courage et un sens éthique qui se fait rare – à moins que le lapsus de Reuters soit à ce point révélateur d’une réalité qu’il soit passé tout à fait inaperçu :

lapsus

On parle de : Nicolas Sarkozy, candidat du Front National

Avr 142007
 

Une information qui vient de l’au-delà

En vous rendant sur le blog de François Mitterrand, voici ce que vous pourrez lire, entre autres choses très intéressantes :

J’ai déjà eu l’occasion de citer ici ce vieil adage de Talleyrand : « La politique, ce sont les femmes ».

Il serait survenu, il y a soixante douze heures, un événement important dans la vie d’un candidat à l’élection présidentielle. Un de ces événements qui vous affecte, et qui exige de celui qui l’endure, une totale maîtrise de son être. Si cette maîtrise vient à manquer, l’individu en souffrance peut en arriver à accomplir des actes bien étranges en apparence, pour tous ceux qui ignorent ce qu’il en est de sa vie intime et de sa détresse. Grande est la tentation, pour celui qui subit, de s’en prendre à la terre entière et d’entretenir pour lui-même l’illusion qu’autrui est responsable de ses malheurs.

Je laisse le soin à la presse d’accomplir sa tâche dans les jours qui s’ouvrent devant nous.

Mais la presse saura-t-elle accomplir sa tâche ? Dans l’attente de cet hypothétique sursaut éthique de médias aux ordres, il peut être utile de se remettre en mémoire les résultats de notre petit psychosondage


Un second tour sans Bayrou

La livraison quotidienne du sondage IPSOS confirme les tendances actuellement soulignées par l’ensemble des sondages. A savoir que d’une part, l’écart entre Sarkozy et Royal se resserre, et que d’autre part, Bayrou poursuit sa dégringolade : il pointe maintenant à seulement 17,5% des intentions de vote, soit 7 points derrière Ségolène Royal et seulement 3,5 points devant Le Pen. A une semaine du premier tour, François Bayrou semble avoir définitivement perdu son pari tactique et le second tour se fera sans lui.

Pour les électeurs d’abord tentés par un vote Bayrou dans l’espoir d’un second tour plus facile contre Sarkozy, l’hypothèse tombe. Voter Bayrou pour éviter Sarkozy revient à sauter dans le vide pour échapper aux flammes : c’est sans espoir. Aujourd’hui, seule Ségolène Royal est en mesure de l’emporter sur Nicolas Sarkozy et cette victoire dépendra en grande partie de la dynamique qui se créera en sa faveur lors du premier tour. A une semaine du scrutin, battre Sarkozy au second tour, c’est voter Royal dès le premier tour. Lire à ce sujet l’appel pour une dynamique à gauche au premier tour.

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On parle de : Tonton m’a dit

Avr 132007
 

La gauchiste et le gaulliste

Deux textes de soutien à lire absolument :

Ariane Mnouchkine a mis en ligne un texte de soutien intitulé sobrement « Pour Ségolène Royal« . Elle y dit notamment ceci : « Donc, contre la pauvreté, contre le communautarisme, pour la laïcité, pour la rénovation de nos institutions, contre l’échec scolaire, et donc pour la culture, pour l’éducation et donc pour la culture, pour les universités, pour la recherche, et donc pour la culture, pour la préservation de la seule planète vivante connue jusqu’à ce jour, pour une gestion plus vertueuse, plus humaine, donc plus efficace des entreprises, pour l’Europe, pour une solidarité vraie, qu’on pourrait enfin nommer fraternité et qui ne s’arrêterait pas à une misérable frontière mais s’étendrait bien au-delà de la mer, bref, pour une nouvelle pratique de la politique, c’est un immense chantier que cette femme, eh oui, cette femme, nous invite à mettre en œuvre. Et moi, je vote pour ce chantier, donc je vote pour Ségolène Royal. » …

Jean-Marcel Jeanneney, le dernier ministre survivant, avec Pierre Messmer, du général de Gaulle, a adressée une « Lettre ouverte à Ségolène Royal » qui commence par ses mots : « « MADAME, je ne vous ai entendue et vue qu’à la télévision. Mais vos propos, votre manière d’être, ont fait que, depuis plusieurs mois déjà, j’étais enclin à voter pour vous le 22 avril. Ayant lu attentivement votre livre, « Maintenant », je ne doute plus de le faire. Je suis un très vieux monsieur. Ministre du Général de Gaulle à trois reprises, je fus un des rares qui eurent l’honneur d’être reçu par lui à Colombey, après qu’il eut, en parfait démocrate, démissionné de la présidence de la République parce que désavoué lors du référendum qu’il avait décidé. » …

 

François Hollande pour le plaisir, mais pas seulement

Au meeting de Ségolène Royal du 11 février, François Hollande évoque les propositions du candidat de l’UMP en faveur des droits opposables : une leçon magistrale d’humour pince-sans-rire :

 

 

 

 

Nicolas susurre la proportionnelle à l’oreille de Jean-Marie

Il ne se passe plus un jour sans que nous n’ayons a assisté au petit jeu du « je te tiens, tu me tiens » auquel se livrent sans plus aucune vergogne Sarkozy et Le Pen – lire à ce sujet « Sarkozy, une ambition qui passe par le Front National« . Aujourd’hui, c’est Brice Hortefeux, ministre délégué aux Collectivités territoriales et bras droit de Nicolas Sarkozy, qui se prononce dans un entretien accordé au Figaro, pour l’instauration d’une « dose » de proportionnelle aux législatives : « Cela permettrait aux extrêmes, notamment au FN, d’être représentés au Parlement« , va-t-il jusqu’à préciser au cas où l’on aurait pas compris ! Rappelons que l’introduction de la proportionnelle est l’une des revendications prioritaires du Front national, et que M. Hortefeux comme M. Sarkozy s’étaient jusqu’à présent déclarés à maintes reprises tout à fait opposés à l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives. Hortefeux souligne désormais que « le scrutin majoritaire n’est pas un dogme intangible« . On n’a aucun doute sur les motivations d’un tel revirement à moins de 10 jours du premier tour des présidentielles. Cette fois c’est très clair et ce ne sont plus les électeurs du FN que drague le candidat de l’UMP, c’est le FN lui-même… auquel il en est à promettre des sièges !

 

Un signe

Je profite de ce billet pour vous informer des statistiques de fréquentation de ce site. En ligne depuis la mi-février, sarkononmmerci.fr a reçu 8500 visiteurs qui ont fait 10 000 visites et consulté plus de 17 000 pages. Depuis une semaine, le rythme s’est notablement accéléré et ce sont maintenant quotidiennement quelques 1000 pages qui sont visités par 500 visiteurs, en moyenne – j’ai d’ailleurs été contraint hier de racheter du trafic à mon hébergeur qui menaçait de fermer le site pour cause de trop grande affluence. Je veux y voir un signe, le présage d’une victoire. Mobilisons-nous jusqu’au bout.

 

Remerciement

Ce billet est également l’opportunité pour moi de remercier à SaT qui a bien voulu que je pioche parmi ses dessins afin d’illustrer quelques-uns de mes articles. Je vous invite à consulter l’ensemble de sa production sur La République des Fourmis. C’est un régal : finesse du trait et finesse de l’esprit, moi j’aime beaucoup. Ci-dessous sa dernière livraison :

les gènes de sarko
© La République des Fourmis par SaT – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

On parle de : Quelques brèves

Avr 112007
 

… pour une victoire à gauche au second tour !

On le sait, mais on évite de le dire. On le sait, mais on n’ose y croire. On le sait, mais l’ensemble des médias s’efforcent à grands coups de sondages de laisser penser le contraire. On le sait : AU SOIR DU PREMIER TOUR, C’EST UNE NOUVELLE CAMPAGNE QUI COMMENCE. On le sait : LE SECOND TOUR SE GAGNE SUR LA DYNAMIQUE CREEE LORS DU PREMIER TOUR.

On voudrait casser à l’avance toute dynamique à gauche qu’on ne s’y prendrait pas autrement. En distillant jour après jour l’idée que la présence de François Bayrou au second tour n’est pas impossible, en laissant entendre, jour après jour, que seul Bayrou serait à même de l’emporter face à Nicolas Sarkozy, en brandissant, sondage après sondage, l’épouvantail d’une défaite annoncée de Ségolène Royal face à ce même Nicolas Sarkozy, on sème le doute dans l’esprit des électeurs et on fait pression sur eux afin qu’ils soient nombreux à renoncer par anticipation, le plus nombreux possible à glisser dès le premier tour un bulletin Bayrou dans l’urne ce bulletin plutôt qu’un autre !

A l’occasion de cette élection, on a insidieusement réinventé le concept de vote utile, une sorte de vote utile à trois bandes – bien dangereux en vérité – et on a perverti le mode de scrutin majoritaire à deux tours en le renversant cul par-dessus tête. Plutôt que de choisir au premier tour les deux candidats qui s’affronteront au second, tout se passe en effet comme si l’on jouait d’abord le second – par sondages interposés, lesquels persistent à prétendre qu’ils ne sont en rien prédictifs – afin d’éliminer au premier tour les perdants annoncés du second. C’est Madame Irma qui s’en va voter en regardant dans sa boule de cristal !

C’est pis que cela : on assiste à une formidable manipulation de l’opinion. La commission des sondages à beau avoir – très timidement – rappelé que les sondages portant sur un second tour réalisés avant que le premier n’aie livré ses résultats n’ont aucune signification, les instituts de sondages ne cessent de produire des sondages de second tour et les médias de les commenter. Et l’on va jusqu’à même tester des hypothèses de second tour qui en regard des intentions de vote mesurées pour le premier tour n’ont pas lieu d’être. En résumé : ON TESTE DES HYPOTHESES IMPROBABLES AVEC DES OUTILS ABSURDES !

Et ce n’est pas une manipulation innocente. La preuve en est dans la constatation suivante, laquelle est irréfutable : un sondage est un instrument de mesures statistiques qui possède, comme tout autre instrument de mesure, une marge d’erreur irréductible, un biais qui est intrinsèque à la mesure et qu’on ne peut gommer – pour un sondage, on s’accorde pour dire que celle-ci est peu ou prou de 4%, en sus ou en moins ; et pourtant, l’hypothèse d’un second tour Sarkozy-Royal a été testé près d’une centaine de fois depuis janvier, donnant chaque fois Sarkozy vainqueur avec entre 51 et 54% des suffrages, CE QUI EST STATISTIQUEMENT IMPROBABLE, C’EST-A-DIRE DANS LES FAITS IMPOSSIBLE ! IL EST IMPOSSIBLE QUE PAS UNE FOIS SEGOLENE ROYAL NE SOIT APPARUE COMME VAINQUEUR DE CE DUEL. On voudrait dissimuler cette éventualité qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Tout est organisé afin que cette opinion dont on prétend mesurer les intentions en vienne à penser qu’une victoire de Ségolène Royal sur Nicolas Sarkozy lors d’un second tour ne serait pas une éventualité crédible. L’objectif est clair, et il n’est pas tant de favoriser l’accès au second tour de François Bayrou, ce qui reste tout à fait improbable, que de casser par avance cette dynamique en faveur de Ségolène Royal qui, si elle s’enclenchait, conduirait en réalité à la victoire de celle-ci sur Nicolas Sarkozy. On cherche à disperser les voix de la gauche, semer le doute et obtenir qu’un certain nombre de ces voix se retrouve ailleurs, c’est-à-dire sur François Bayrou, dans le but de tasser autant faire se peut le score de Ségolène Royal. On tente en particulier d’éviter le probable coup d’arrêt à la stratégie de Nicolas Sarkozy que serait un premier tour plaçant Ségolène Royal devant le candidat de l’UMP.

La cerise sur le gâteau de cette tentative de dilution des voix serait qu’on soit parvenu tant et si bien à tasser le score de la candidate socialiste qu’on permette en définitive à Jean-Marie Le Pen de rééditer son « exploit » du 21 avril 2002. C’est que Nicolas Sarkozy a retenu sa leçon : le candidat de la droite n’est jamais autant assurer d’emporter le morceau, pardon l’élection, que s’il se retrouve opposé à l’extrême-droite.

Mais voilà, il vient d’y avoir un petit accroc dans la belle mécanique médiatico-sondagière, une sorte de lapsus qui pourrait bien faire grain de sable et qui a été commis par Le Monde, lui-même, sous la plume de Jean-Baptiste de Monvalon, lequel dans un article intitulé Mme Royal menacée au premier tour, M. Sarkozy au second, paru dans l’édition de ce 12 avril, souhaitait visiblement enfoncer le clou en pronostiquant la défaite de Mme Royal dès le premier tour. Mais voilà, donc, ce qu’il laisse échapper :

« Les responsables d’instituts de sondage s’accordent en effet à relativiser fortement la signification des sondages de second tour, qui donnent tous M. Sarkozy vainqueur d’un duel avec Mme Royal. « La qualification de Ségolène Royal provoquerait un choc positif majeur pour la gauche et ouvrirait un contexte nouveau« , note M. Giacometti.

« Une fois passé le premier tour commencera une seconde campagne« , souligne aussi Stéphane Rozès (CSA). Selon lui, le premier tour se joue sur « la compétence, la capacité à résoudre les problèmes » – domaine qu’aurait privilégié M. Sarkozy -, alors que le second accorde plus de place à « la dimension d’incarnation et de rassemblement« , à laquelle serait davantage identifiée Mme Royal. En suivant cette analyse, on pourrait en conclure que la candidate socialiste aurait paradoxalement plus de chances de l’emporter au second tour que de se qualifier à l’issue du premier.

Tout est dit et tout est maintenant bien clair : gardons-nous du défaitisme qu’on tente d’instiller, gardons-nous de nous disperser en des stratégies mortifères, gardons-nous des égarements auxquels on voudrait nous voir céder, et concentrons-nous sur l’essentiel : la victoire de Ségolène Royal… et le moyen d’y parvenir : CREER DES LE PREMIER TOUR LA DYNAMIQUE DE CETTE VICTOIRE.

Car – et nous l’avons peut-être un peu oublié à force de craindre le pire – il ne s’agit pas QUE de battre Nicolas Sarkozy, il s’agit également d’offrir à la France et aux français des raisons d’espérer. Or voter Bayrou pour éviter Sarkozy revient à choisir de se précipiter dans le vide pour échapper aux flammes. On veut nous faire croire que toutes les issues sont condamnées : rassemblons-nous pour enfoncer la porte !

CAR CE SERAIT LE PIRE DES RENONCEMENT QUE DE SACRIFIER L’ESPERANCE AU NOM DE LA CRAINTE LEGITIME QUE LE PIRE NE SURVIENNE !

Et si cet appel à l’heur de vous plaire, faites-le donc circuler…

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On parle de : Appel pour une dynamique à gauche au premier tour

Avr 112007
 

« Je te soutiens, tu m’amnisties… »

Chirac Sarkozy Pacte PrésidentielNicolas Sarkozy, en échange du soutien de Jacques Chirac à sa candidature, se serait engagé en cas de victoire à la présidentielle à « éviter au président sortant tout retour de flamme judiciaire », affirme le Canard Enchaîné paraissant mercredi. « Le vote d’une amnistie spécifique aux affaires financières, jugé politiquement trop risqué, a été écarté. En revanche, la discussion d’un projet de loi destiné à renforcer la lutte contre la délinquance devrait fournir l’occasion attendue », écrit l’hebdomadaire satirique.

Selon le Canard Enchaîné, « l’équipe de Sarko se montre très discrète sur cette promesse. Mais certains de ses conseillers confirment que le projet a été bien étudié ». « Du côté de l’Elysée, on se montre plus bavard. Un familier du chef de l’Etat » a même donné « au ‘Canard’ les détails de la mise en oeuvre du plan envisagé », poursuit le journal : « un article de la loi imposera aux juges de clore leurs dossiers dans des délais très stricts. Pas plus d’une dizaine d’années après les faits incriminés pour les simples délits. Les dossiers trop anciens, encore à l’instruction, seront purement et simplement annulés« .

Un « proche de Chirac » cité par ailleurs avertit que « les promesses peuvent être oubliées, mais nous avons pris des garanties« . « C’est du rapport de forces, du donnant-donnant. On a des dossiers sous le coude« , a-t-il affirmé au Canard Enchaîné.

Interrogée sur les informations de l’hebdomadaire, la présidence de la République a déclaré ne faire aucun commentaire.

Dans un entretien le 29 mars à L’Express, Nicolas Sarkozy a souligné que « la justice doit passer pour tout le monde et ne s’acharner sur personne« . Un ancien président de la République « doit être traité avec respect et dignité« , ajoutait le candidat UMP à la présidentielle.

M. Chirac pourra être entendu par les juges après la fin de son mandat le 16 mai prochain dans plusieurs affaires judiciaires datant de l’époque où il était maire de Paris et président du RPR. L’affaire la plus dangereuse reste celle du financement occulte du RPR, dans laquelle Alain Juppé a été condamné, mais le cas de Jacques Chirac a été disjoint.

Nicolas Sarkozy avait assuré le 12 mars qu’il ne se « mêlerait pas » de ces dossiers s’il était élu à l’Elysée. « Ce n’est pas le rôle du président de la République. Il y a une justice, elle est indépendante. Surtout je ne m’en mêlerai pas. C’est ce qu’on demande d’un président de la République, qu’il ne se mêle pas des affaires de justice« , avait-il dit à l’époque.

Nicolas Sarkozy avait également débuté sa campagne en disait qu’il voulait « être le candidat de l’éthique« . Depuis le candidat de l’UMP, alors encore Ministre de l’Intérieur, a demandé aux RG d’enquêter sur l’entourage de Ségolène Royal, a fait préfacé l’édition italienne de son livre par un ancien responsable fasciste, a appelé les élus de l’UMP à apporter leurs signatures à Jean-Marie Le Pen pour permettre sa candidature, a amalgamé la question de l’identité nationale avec celle de l’immigration, n’a pas craint de prétendre que ses adversaires se rangeait dans le camps des fraudeurs et des délinquants, a flirté ostensiblement avec les thèses de l’eugénisme, et hier encore sur France-Inter, interrogé par Nicolas Demorand, il se permet d’entrer dans des considérations raciales, affirmant sans état d’âme que « 90 % des Chinois sont des  » Hans « . On peut dire que l’empire colossal chinois c’est une race, c’est une ethnie. Ce n’est pas mal que de dire ça« .

Et j’en oublie sans doute. J’omets par exemple de rappeler les soupçons qui subsistent quant à sa déclaration de patrimoine, comme les révélations du Canard Enchaîné concernant d’un côté les ristournes qui se compte par centaines de milliers d’euros et que lui a accordé son entrepreneur à l’occasion de l’achat de son appartement à Neuilly et les travaux qui y ont été effectués, et de l’autre côté les ristournes d’un montant équivalent accordées cette fois par l’élu Sarkozy à ce même entrepreneur pour l’achat de terrain dans la même ville de Neuilly…

Bref, la conception de l’éthique de Nicolas Sarkozy semble s’arrêter là où commence son ambition et ses intérêts personnels. On le sait bien d’ailleurs, il dira et fera et promettra tout ce qu’il faut pour parvenir à ses fins, réinventant sans cesse le concept même de démagogie – et avec un art qu’on est bien forcé de lui reconnaître. Rien ne saurait l’arrêter… sinon le vote des français qu’il a tout de même largement tendance à prendre pour des veaux qu’il suffirait de gaver de belles paroles, faisant force de « je veux » – poing serré – et de « je n’accepte pas » – main sur le coeur… et bave aux lèvres, tant la salive lui vient facilement à l’idée d’être Président.

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On parle de : Sarkozy, Chirac et les « affaires » : l’autre Pacte Présidentiel

Avr 092007
 

Azouz Begag, plus « arabe de service » que Ministre de la République ?

Un ministre de la République démissionne à grand fracas du gouvernement à la veille des élections présidentielles et publie dans la foulée un livre intitulé Un mouton dans la baignoire dans lequel, entre autres choses, il raconte que l’ex-ministre de l’Intérieur, actuel candidat à la Présidence de la République, l’a insulté – Tu es un connard, un déloyal, un salaud ! – et menacé de représailles physiques – « Je vais te casser la gueule » ; on s’attendrait à ce que le monde médiatique soit en émoi, que l’information fasse les gros titres, que les journalistes tentent d’en savoir davantage, enquêtent, posent des questions, s’interrogent, fassent leur boulot en somme. Mais non, il ne se passe pas grand chose. Service minimum. Visiblement, « on » a choisi de ne pas faire trop de vagues. Alors le citoyen s’interroge : la pluralité de la presse est-elle en France si mal en point que les journalistes n’osent plus, ou ne peuvent plus faire déontologiquement leur travail ? Notre démocratie est-elle déjà à se point gangrénée, en état de décomposition avancée ? Car, on le sait bien, quand la presse n’est plus tout à fait libre, ce sont nos libertés individuelles qui sont menacées.

Un ex-ministre, tout juste démissionnaire, explique qu’un autre ex-ministre, candidat à la Présidence de la République, l’a insulté et menacé. Mais voilà, l’un se nomme Azouz Begag (faut-il prendre un arabe au sérieux, fut-il ministre ?) et l’autre Nicolas Sarkozy (faut-il se fâcher avec un homme qui a le bras si long, la rancune si tenace et une conception de la liberté de la presse toute personnelle ?), et voilà cette presse, qui n’en manque jamais une occasion de faire des gorges chaudes de son indépendance, qui se couche lamentablement, évoque rapidement le sujet et passe rapidement à autre chose en serrant les fesses. Mais au-delà de cette pitoyable démission, c’est le scandale qu’il est nécessaire de souligner.

On se souvient en effet des chous-gras dont cette même presse s’était empressé de faire lorsque Eric Besson a publié son brûlot contre Ségolène Royal.

Et puis on se souvient des procès en incompétence qui ont été dressés à l’encontre de cette même Ségolène Royal, et du silence assourdissant autour des déclarations d’un Nicolas Sarkozy encore Ministre de l’Intérieur et néanmoins incapable de dire si les dirigeants d’Al Qaïda étaient sunnites ou bien chiites, pour ne citer que cet exemple.

On se souvient également qu’après avoir glosé pendant de longues semaines sur un programme de Ségolène Royal, qu’on en finissait pas d’attendre, disait-on, il n’y eut pas un mot concernant celui de Nicolas Sarkozy qui n’a finalement été publié que… il y a moins de dix jours !!!

Et puis il y a eu ce comuniqué de presse de la Société des Journalistes de France 3, dénonçant les propos tenus par M. Sarkozy à l’égard d’une rédaction qu’il fallait selon lui « virer » : »Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ca ne va pas tarder« . On n’a alors que peu entendu leurs confrères, à ces journalistes-là. Peu se sont empresser pour relayer leur déclaration d’indépendance. Soudain, la solidarité professionnelle n’a plus exister et chacun de baisser pudiquement les yeux, gardand des doigts tremblants sur la couture de pantalons qu’on devine dégoulinants.

Tout récemment, Nicolas Sarkozy dérape vers l’eugénisme, évoque sa conviction selon laquelle il y aurait pour l’homme un déterminisme génétique : « On nait pédophile« , ne craint-il pas d’affirmer. Le suicide chez les adolescents ? C’est « parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable« . Bref, conclut-il, « la part de l’inné est immense« , rejoignant ainsi sans nuance des théories « sceintifiques » en vogue principalement au sein de l’extrême-droite et dont on connait les dérives potentielles. Là encore, service minimum de la part des médias traditionnels. On se garde bien d’appuyer, on évite de soulever la question, on contourne le débat. Surtout, pas de vagues…

Il semble même que le monde politico-médiatique dans son ensemble bruisse des colères et écarts de langages de M. Sarkozy, lesquels auraient tendance à se multiplier ces derniers temps. On en glose dans les salons et les dîners en ville, le candidat de l’UMP serait allé jusqu’à qualifier les citoyens en général, et les hommes de presse en particulier, « d’enc…« , dit-on dans les milieux informés. Et chacun là encore de préférer se taire. Mais passons…

Un ministre de la république, délégué auprès du Premier Ministre et chargé de la Promotion de l’Egalité des Chances, nous confie que son collègue de l’Intérieur l’a traité de « salaud« , a menacé de lui « casser la gueule« , lui a demandé de « ne jamais plus lui serrer la main à l’avenir« , évoque en prime le mépris dont lui témoignaient les proches du candidat de l’UMP, l’assaillant de violences verbales telles que « Allez, fissa, sors de là ! Dégage d’ici, je te dis, dégage !« , allant jusqu’à lui marcher volontairement sur les pieds ; pour dire les choses clairement, cet homme nous confie en réalité qu’il a été traité au sein même du gouvernement de la République comme un « sale arabe » – c’est-à-dire comme sont traités quotidiennement nombre de nos concitoyens dont les origines peuvent se retrouver de l’autre côté de la Méditerranée -, mais ça n’interpelle pas ceux qui sont chargés d’informer les citoyens et de les éclairer quant au choix qu’ils auront bientôt à faire à l’occasion des présidentielles. Ça s’appelle une démission, ça s’appelle baisser son pantalon, c’est une honte et c’est un scandale. Honte pour une profession et scandale pour notre démocratie.

Ils ne sont pas responsables ? Ce sont les patrons de presse qui sont aux ordres, eux qui définissent la politique éditorial de leurs canards ? Qu’à cela ne tienne : rien n’empêche les journalistes d’ouvrir « le blog de la presse libre » et d’y publier, éventuellement sous un pseudo, les articles et les reportages qu’on leur a refusés. Ou qu’ils les adressent à Agoravox. Après tout, les journalistes sont aussi des citoyens, non ?

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On parle de : Le scandale d’une presse aux ordres

Avr 062007
 

Dans le cerveau de Nicolas Sarkozy

les gènes de sarkoLors d’un entretien avec le philosophe Michel Onfray, Nicolas Sarkozy s’est laissé aller à commettre la déclaration suivante : « J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a mille deux cents ou mille trois cents jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense.« 

Avant d’aller au fond des choses, il est intéressant de noter cette faculté de Nicolas Sarkozy à enchaîner les mots plus vite qu’il n’est capable de penser, avançant au gré d’amalgames improbables. Ainsi en cinq phrases, il sera passé d’une question qui concerne la pédophilie en tant que pathologie qu’on ne sait soigner au cancer des fumeurs, tout en ayant fait un crochet par le taux de suicide chez les jeunes. Et chacun de ces trois thèmes particulièrement sensibles et complexes aura été traité par Monsieur J’ai-réponse-à-tout-sans-réfléchir en moins d’une phrase et demi et autant de formules lapidaires et définitives. Même accoudé à un comptoir en zinc, on a du mal à faire aussi expéditif. Nuancer son propos, douter une demi-seconde, s’informer ? Vous plaisantez ! Qui a le temps pour de telles fadaises ?

Et puis encore, avant de commenter cette prise de position particulièrement révélatrice, il faut ici également se souvenir de ce projet de plan de prévention de la délinquance élaboré par le même Nicolas Sarkozy qui prônait, notamment, une détection très précoce des « troubles comportementaux » chez l’enfant, censés annoncer un parcours vers la délinquance – lire à ce sujet : pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans.

Ainsi donc, le déterminisme génétique – on naît pédophile, on naît délinquant, on naît adolescent suicidaire… – est le credo de M. Sarkozy, reprenant de fait à son compte des théories extrêmement minoritaires et violemment contestés de quelques scientifiques d’extrême-droite pour lesquels la science est davantage un outil de propagande qu’on peut tordre à la convenance de ses idées, plutôt qu’une aspiration à élucider et à comprendre un peu l’Homme et son Univers.

Le généticien Axel Kahn a dénoncé, dans une tribune publiée par Marianne les propos du candidat UMP : « La vision d’un gène commandant un comportement complexe tel que ceux conduisant à l’agressivité, à la violence, à la délinquance, à la dépression profonde avec dérive suicidaire, est ridicule et fausse« . Pour M. Kahn, « cette conviction réaffirmée par le candidat de l’UMP à l’Elysée confirme ses liens idéologiques avec la nouvelle droite« .

Oui, il s’agit bien d’idéologie, une manière de concevoir le monde et donc l’action politique. Quelle place en effet accorder à des politiques de prévention dans un monde où le déterminisme génétique nous surpasse ? Dans un tel monde, il suffit de dépister puis de réprimer, afin d’empêcher de nuire ceux qui sont prédestinés à nuire. Inutile non plus, dans un tel monde, de s’interroger sur les origines de la délinquance, d’y chercher des causes exogènes, sociales par exemple, puisque qu’il y a ceux qui ont en eux la délinquance et les autres, et qu’il s’agit d’empêcher les premiers de nuire au second. Et l’on comprend alors cette obsession du candidat de l’UMP a catégoriser les français en deux camps qui s’affrontent, les uns, déviants, menaçant la tranquillité des autres, les honnêtes gens. Il suffit d’être ferme et d’enfermer les uns pour protéger les autres. Car s’il y a un déterminisme génétique de la délinquance, inutile d’une part de chercher à empêcher un enfant de sombrer dans la délinquance, inutile d’autre part de chercher à l’en sortir une fois qu’il a sombré : ni prévention, ni réhabilitation. Il ne suffit que de réprimer.

Oui, c’est une idéologie, car ce raisonnement qui s’applique ainsi à la délinquance lorsque l’on est ministre de l’Intérieur, il peut s’appliquer bien plus généralement si l’on devient président de la République. Il y aurait donc le gène de la pédophilie, le gène de l’adolescent suicidaire, le gène du cancéreux. Mais certainement aussi bien le gène de celui qui ne veut pas travailler plus. Et le gène de celui qui préfère vivre de l’assistanat quitte à coucher dehors. Et le gène de l’immoralité gauchiste qui place celui qui en est « atteint » du côté des fraudeurs. Et le gène du démagogue outrageusement avide de pouvoir… ha non, je ne sais pas s’il existe celui-là.

Et d’ailleurs, puisque l’on transmet ses gènes, il est bien normal de transmettre en exonération d’impôts l’ensemble du patrimoine que le gène du mérite vous a permis d’acquérir… puisqu’il faut récompenser le mérite, c’est-à-dire son gène que l’on aura sans aucun doute préalablement transmis à ses enfants, qui de ce fait sont méritants avant de s’être même levé tôt le matin et d’avoir travaillé un peu.

Oui, M. Kahn, le mot est juste, tout ceci est tout à fait « ridicule« . Ce serait même tout à fait risible, si l’inculture crasse qui préside à cette terrifiante idéologie du déterminisme génétique n’était l’apanage d’un très sérieux candidat aux prochaines élections présidentielles françaises. Si au moins l’on pouvait miser sur un gène de la défaite électorale dont Nicolas Sarkozy serait « infecté »…

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On parle de : Sarkozy, candidat génétiquement inéligible

Avr 052007
 

On le sait nerveux, complexé, perclus de tics, colérique, animé d’une soif de revanche obsessionnelle, démesurément ambitieux, psychologiquement instable, émotionnellement fragile, atteint d’une névrose paranoïaque sévère, dévoré par une susceptibilité irrépressible et un égo pathologiquement surdéveloppé… : voteriez-vous pour un personnage auquel on pourrait penser à la lecture d’une telle description ?

C’est l’objet des deux petites question de notre sondage.

On parle de : le « psychosondage »

Avr 052007
 

Rachida Dati et « le ministère de la rénovation urbaine à coup de karcher »

Rachida Dati, porte-parole de Nicolas Sarkozy, oublie la caméra et se lâche en évoquant son prochain portefeuille ministériel… celui de “la renovation urbaine à coup de karcher”. Un off qui illustre fort significativement l’état d’esprit qui règne dans l’état-major de campagne sarkoziste.





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On parle de : La « bonne blague » de la porte-parole de Nicolas Sarkozy

Avr 052007
 

Sarkozy, une ambition qui passe par le Front National

 

sarkozy simone veilDe toute évidence, Sarkozy a compris que trop nombreux sont aujourd’hui les français déterminés à se dresser sur sa route vers l’Elysée, car conscients du danger qu’il représente. Non seulement ses intentions politiques sont à la fois économiquement inefficaces et porteuses de destruction de ce qui reste à la France de lien social, mais sa fragilité psychologique, son égo surdimensionné et sa soif de revanche contre tous et contre chacun en font un petit Napoléon colérique incapable de maîtriser ses nerfs, indigne de représenter la France sur la scène internationale et qui risque fort de déraper à la première difficulté – que celle-ci vienne de l’intérieur, par exemple d’une jeunesse française qui ne se laissera pas longtemps maltraiter, ou de l’extérieur, et on sait les tensions et les menaces qui fragilisent les équilibres d’un ordre mondial de plus en plus précaire.

Mais Nicolas Sarkozy veut être Président. Depuis longtemps déjà il a résolu que rien ne l’arrêterait. Et l’homme a fait la preuve à mainte reprise de sa détermination à user de tous les moyens pour atteindre son graal. On comprend aujourd’hui que le Front National est ce moyen, qu’il lui faudra en passer par là. Nicolas Sarkozy sait aujourd’hui qu’il ne pourra se passer des 15 à 20% d’électeurs qui voteront Le Pen au premier tour. Ceux-là, au moins, il ne leur fait pas peur. Il y avait cependant quelques étapes à surmonter pour pouvoir espérer bénéficier de leurs éventuelles faveurs, c’est-à-dire d’un report satisfaisant de leurs voix. Ne pas leur faire peur était une chose, leur faire envie en était une autre.

Cela a donc commencé par un long travail de positionnement depuis son ministère de l’Intérieur. Ne revenons pas sur cette période, inutile de faire ici la liste de tous les gages donnés par le Ministre Sarkozy à cet électorat, depuis ses « dérapages » verbaux jusqu’aux lois répressives (ou projets de lois avortés comme autant d’effets d’annonce) censées lutter contre la délinquance et l’immigration (lutte dont on sait également combien elle a été inefficace)…

Il s’est agit ensuite de permettre la candidature de Le Pen en lui offrant sur un plateau les signatures qui menaçaient de lui manquer. Nicolas Sarkozy avait soudain réalisé que si le candidat frontiste avait été dans l’impossibilité de se présenter, il aurait été tenu comme premier responsable par un électorat qui risquait alors de lui en faire payer le prix, menace que Le Pen lui-même avait explicitement brandie. La présence de Le Pen était nécessaire afin qu’il capte cet électorat, du moins au premier tour…

Ne restait ensuite qu’à préparer le second. Il est évident que l’annonce d’un grand ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale fut la pierre angulaire de cette stratégie. On sait comme ces deux thématiques sont chères à l’extrême droite, comme on sait que cette idée amalgamante selon laquelle l’immigration serait une menace pour l’identité nationale est au coeur du succès électoral de Le Pen. Amalgame que ne contourne pas Sarkozy, bien au contraire, lorsqu’il déclare que «la politique de l’immigration, c’est l’identité de la France dans trente ans» (dans le Journal du Dimanche). Voilà donc qui était dit et qui ne pouvait que plaire aux électeurs de Jean-Marie le Pen, comme leur a sans aucun doute plu la posture sécuritaire du candidat Sarkozy face aux violences perpétrées Gare du Nord, taxant de laxistes toutes évocations de mesures de prévention qui permettraient d’éviter qu’on en arrive à de telles manifestations d’exaspération (qu’il ne s’agit en aucun cas d’excuser, qu’il s’agit bien évidemment de condamner, mais qui pour le moins peuvent interroger quant à l’échec d’une politique qui s’est principalement résumée en une posture des plus provocantes).

Mais voilà, cela ne suffira pas et Nicolas Sarkozy le sait bien. Il ne lui suffira pas de s’adresser à l’électorat du Front National par-dessus la tête de son président et candidat. Le Pen est un politicien redoutable qui ne se satisfera pas de quelques discours qui empruntent à ses thématiques pour laisser ses électeurs voler en masse au secours de l’élection de Sarkozy. Il en voudra bien davantage et l’on commence à comprendre que Sarkozy sera disposé à négocier tout ce qu’il sera nécessaire de négocier. Il est à ce titre intéressant de constater combien Le Pen prend soin déjà de distinguer Sarkozy d’un Chirac, déclarant qu’après des rapports bloqué par le second, une ère nouvelle pouvait s’ouvrir avec le premier, rendant envisageable une alliance entre la droite et l’extrême-droite. D’autres signes viendront dans les prochains jours et si au soir du premier tour il venait à l’idée de Le Pen d’appeler allusivement à voter Sarkozy, on saurait enfin à quoi ce dernier aura finalement sacrifié.

 

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On parle de : Le long chemin de la compromission et du reniement