Avr 102012
 

Nicolas Sarkozy avait promis de nettoyer les quartiers au Kärcher. On le reconnait bien là : non seulement c’était con et agressif, mais en plus il n’a rien fait, pas même cela, seulement laissé pourrir une situation qui ne l’intéresse qu’en ce qu’elle lui permet, à l’occasion, de jouer la carte de la stigmatisation.

Aujourd’hui, en campagne électorale, il se permet d’affirmer : « Je suis très impliqué dans la vie des quartiers, depuis longtemps. J’ai vu que M. Hollande y avait passé deux jours. Mais il n’y a pas une seule idée qui soit sortie de ces deux journées »

Impliqué dans la vie des quartiers ? Il n’y a pas mis les pieds depuis très longtemps, tant il sait qu’il y serait très mal reçu. Là comme ailleurs. Car je pense que vous avez remarqué comme moi que Nicolas Sarkozy évite désormais très soigneusement d’approcher un peuple dont il redoute les sifflets. Le seul peuple qu’il connait désormais, il a une carte de l’UMP. Passons.

Pas une seule idée qui soit sortie de ces deux journées ? Cette affirmation est là aussi très parlante, dit beaucoup de la manière dont cet homme politique conçoit l’action publique : 1- aller au contact de l’évènement, c’est-à-dire des caméras ; 2- improviser deux trois idées qui feront joli mais qu’on appliquera pas.

Le fait est que sur ses 32 pauvres petites propositions qu’il n’a daigné présenter aux Français que deux semaines avant l’élection, et dont bon nombres sont des annonces vaguement ressucées et qu’il n’avait jamais pris la peine de mettre en oeuvre, le fait est donc que rien dans ses malheureuses propositions ne concernent les quartiers. Rien. Pas même la moitié d’une et en cherchant bien.

Voyons ce que propose François Hollande et qu’il n’a pas improvisé au détour d’une visite dans ces quartiers difficiles, difficiles parce que délaissés par une République qui ne sait qu’en faire et qui a trop longtemps détourné les yeux. Donc, les propositions de François Hollande :

Emploi :

– créer 150.000 emplois d’avenir en priorité dans les quartiers populaires ;

– exonérations de charges sociales pour les entreprises embauchant un jeune de ces quartiers ;

– filiale de la Banque publique d’investissement « dédiée aux quartiers » pour développer l’entreprise dans les banlieues ;

– fin du zonage (zones urbaines sensibles, zones d’éducation prioritaire…) ;

– clause d’insertion professionnelle dans les contrats publics qui permette d’embaucher les jeunes de ces quartiers avant les autres.

 Logement :

– le second plan national de rénovation urbaine (PNRU) intégrera les copropriétés en difficulté et sera financé par la généralisation d’une taxe sur la cession des terrains à bâtir ;

– favoriser la mixité sociale : hausse de l’objectif de logement social dans la loi SRU de 20% à 25% et multiplication par cinq des sanctions pour les communes récalcitrantes ;

– mise à disposition des collectivités locales des terrains de l’Etat pour construire de nouveaux logements dans un délai de cinq ans.

 Discrimination:

– interdiction des contrôles au faciès avec action de sensibilisation et de formation auprès de la police ;

– bilan sur les recrutements dans les entreprises publiques, grandes entreprises privées et administrations.

 Education:

– priorité donnée aux 60.000 postes dans l’Education nationale pour les quartiers sensibles, permettant l’accueil dès le plus jeune âge et davantage d’enseignants RASED ;

– chaque lycée doit pouvoir envoyer 5 à 6% de ses élèves de terminale en classe préparatoire aux grandes écoles ;

– mise en réseau des parents isolés.

 Sécurité:

– rétablissement d’une police de proximité ;

– introduction de 12.000 postes pour les forces de gendarmes, de policiers et de personnels de justice.

 Décloisonnement:

– introduction d’une tarification solidaire pour les transports fondée sur le quotient familial de l’usager, comme cela se fait à Strasbourg ;

– lutte contre les déserts médicaux via l’introduction de pôles de santé de quartier (et toujours la mesure visant à ne pas éloigner un citoyen à plus de 30 minutes d’un accès aux urgences) ;

– stages obligatoires pour les jeunes médecins dans les quartiers où il y a des déserts médicaux.

 Culture:

– reconnaissance de la culture urbaine et aide à sa diffusion.

 Institutions:

– création d’un Ministère de l’égalité des territoires ;

– pacte républicain de cohésion territoriale avec les habitants, les associations et élus locaux.

On comprend alors que les habitants de ces quartiers réservent un tel accueil à François Hollande  :

http://www.youtube.com/watch?v=rT5z_OMaQhg

Et on se dit que Nicolas Sarkozy aurait pu au moins avoir la décence de se taire. Mais voilà, la décence ne fait pas partie de son vocabulaire. Quant à se taire, c’est là tout le problème : Nicolas Sarkozy s’imagine que parler c’est faire.