Mai 212012
 

Ma dernière chronique théâtrale remonte à début novembre 2011, c’est dire si j’ai du retard. Je vais me mettre à jour en recollant autant que faire se peut les morceaux épars de ma mémoire défaillante. Ça fait tout de même onze pièces : accrochez-vous !

On ne badine pas avec l’amour La Trilogie de la villégiature Le Malade imaginaire
Amphitryon Jan Karski Dommage qu’elle soit une putain
Mesure pour mesure Prométhée enchainé Bérénice
Mort d’un commis voyageur Ruy Blas  

 

On ne badine pas avec l'amour - Alfred de Musset - mise en scène Yves Beaunesne - Comédie Française

On ne badine pas avec l’amour – d’Alfred de Musset, mise en scène d’Yves Beaunesne – à la Comédie Française

Camille et Perdican se retrouvent après dix ans de séparation. Lui est devenu docteur et libertin, elle sort d’un couvent. Ils ne sont plus les enfants qu’ils étaient et qui pouvaient en toute insouciance se livrer à des jeux d’enfants. Entre une jeune femme et un jeune homme, l’amour est une possibilité, donc un enjeu. Cela commence en comédie façon je t’aime moi non plus et se termine donc en tragédie. Parce qu’on ne badine pas avec l’amour comme on ne joue pas avec des allumettes.

Perdican a un éclair de lucidité, à la fin de l’acte II :

Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : “J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.”

Tout est dit à cet instant. Deux êtres factices créés par leur orgueil et leur ennui vont simultanément parvenir à s’aimer et à rendre impossible cet amour – et c’est Rosette, la sœur de lait de Camille, être véritable, de chair et de sang, qui paiera de sa vie le prix du badinage des orgueilleux.

Une grande pièce dans une jolie mise en scène très bien servie par de grands comédiens. Et pourtant, comme souvent à la Comédie Française, il y manque cette dose de folie, de prise de risque, qui ferait d’un très bon spectacle un spectacle formidable. C’est dommage, ce petit regret que ça laisse chaque fois, quand à vouloir trop fort ne pas prendre le risque de déplaire, on se prive de la possibilité d’être exceptionnel.

Ce n’est là qu’un petit regret. Mais c’est dommage, tout de même.

 

Amphitryon - Vieux Colombier - Jacques Vincey

Amphitryon – de Molière, mise en scène de Jacques Vincey – au Vieux Colombier

Amphitryon, c’est la figure pathétique du mari trompé. Il est à ce titre savoureux que ce personnage ait donné son nom à l’hôte chez qui l’on est invité à dîner, si l’on songe que l’amant n’est qu’assez rarement invité chez le mari, du moins pas par celui-ci, demeure en laquelle il fréquente en vérité d’avantage la chambre à coucher que la salle à manger.

Mieux encore, le mari trompé n’a que très rarement la chance de cet Amphitryon qui aura du moins eu pour consolation d’avoir eu pour rival Zeus lui-même, et devenir par voie de conséquence le père d’un demi-dieu : Héraclès.

Bref, chez Molière cela devient une savoureuse comédie de faux-semblants, une farce raffinée – le vaudeville n’est pas loin – où la toute puissance des dieux et leur manières d’en abuser est incidemment dénoncée. Les dieux, ces êtres factices bouffis d’orgueil et d’ennui…

Une pièce néanmoins rarement montée tant le dénouement en format Deus ex machina semble aujourd’hui une facilité qu’il faudrait récuser. Jacques Vincey s’y attaque pourtant avec brio, choisissant d’affronter de face la difficulté plutôt que de la contourner ou l’esquiver : les dieux sont bel et bien des dieux par la grâce de la machinerie théâtrale. L’effet baroque en est parfaitement réussi.

Simultanément, la scénographie, adossé à un ingénieux décor en trompe-l’œil, semant la confusion parmi les personnages humains, fait la part belle aux faux-semblants en s’en venant les souligner. Qu’est-ce qui est réel et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Faut-il croire ce que l’on sait ou ce que l’on voit ? On est au théâtre, tout simplement. C’est chouette !

 

Mesure pour mesure - de William Shakespeare par Thomas Ostermeier - Odéon

Mesure pour mesure (Mass fuer Mass) – de William Shakespeare , mise en scène de Thomas Ostermeier – à l’Odéon

Là encore, une belle brochette de ces êtres orgueilleux et factices que nous sommes.

Le Duc de Milan veut conserver les mains propres, mais il veut également nettoyer sa ville d’une dépravation qui gagne. Pour y parvenir, il feint de devoir s’absenter et confie les pleins pouvoirs à Angelo, homme aussi radicalement vertueux que tyrannique qui se fera un devoir de faire le sale boulot.

Claudio fera les frais de la tyrannie, qui sera condamné à mort pour avoir engrossé sa fiancée la veille de son mariage. Sa soeur, Isabelle, qui s’apprête à entrer dans les ordres, fera quant à elle les frais, afin de sauver son frère, de la vertu finalement vacillante d’Angelo.

Et le Duc de Milan de se réserver la charge de favoriser en sous-main un dénouement heureux – à commencer pour lui, d’ailleurs.

La comédie shakespearienne est là particulièrement grinçante, servie par un Thomas Ostermeier toujours aussi subtilement trash entre karcher, croc de boucher et carcasse de porc débitée sur scène, et des comédiens allemands remarquables d’engagement physique, des comédiens qui sont habités, possédés par leur personnage plus qu’ils n’en jouent le rôle – et ça fait toute la différence.

Il ne faut jamais manquer une pièce de Shakespeare, et jamais non plus manquer un spectacle de Thomas Ostermeier.

 

Mort d'un commis voyageur - Arthur Miller - Dominique Pitoiset - Gémeaux

Mort d’un commis voyageur – d’Arthur Miller, mise en scène de Dominique Pitoiset – aux Gémeaux

Une pièce écrite en 1949, et un drame social et familial – mais d’abord social – d’une actualité désespérante. Le crash du rêve américain. Le piège d’une vie à crédit, la tyrannie économique, le cynisme social, l’exploitation, l’aliénation, la solitude et le désespoir du déclassé. Bref, une tragédie d’aujourd’hui. La crise, là où elle s’incarne.

Willy Loman a une femme et deux enfants, un travail de commis voyageur et un patron, une voiture, une maison… et un crédit sur la maison. Trente ans pour en arriver là. Trente ans d’un espoir de prospérité, d’un espoir chimérique, d’un rêve qui se brise quand survient l’inévitable « accident de la vie », qui remet tout en cause. La compagnie qui l’emploie ne lui fera pas de cadeau. La banque où court encore son crédit exigera de recouvrir l’argent qu’il doit encore. Ses fils seront impitoyables avec celui qui n’est rien s’il n’est ce héros pour lequel il lui plaisait de passer.

Que s’est-il passer pour qu’il en arrive là ? La vie et son cortège de petits accrocs, les promesses qu’on n’a pas su tenir, les mensonges que l’on a fait. Cet être factice que l’on est devenu au moment où il vole en éclat contre le mur des réalités. Quand on comprend que l’on aura en définitive plus de valeur mort que vif, qu’il n’y a d’autre issue que de pousser jusqu’à l’ultime le sacrifice qu’on fait de soi, sur l’autel de la réussite sociale.

De bons comédiens, une mise en scène soignée, un décor très années 50. Le tout au service d’un très grand texte. On applaudit avec un enthousiasme mesuré, sans non plus se forcer.

 

La Trilogie de la Villégiature – de Carlo Goldoni, mise en scène d’Alain Françon – à la Comédie Française

Partir en villégiature. Être en villégiature. Revenir de villégiature. Tel est le triptyque de cette petite société bourgeois qui cède aux rituels mondains dont elle n’a pas nécessairement les moyens. Mais voilà, les signes extérieurs de richesse sont précieux aux êtres vaniteux dans leur royaume du paraître… Cette richesse factice qui troue les poches mitées des êtres factices.

Partir en villégiature. La villégiature, le point d’orgue de l’année mondaine : n’y être pas serait n’être plus, l’aveu d’un intolérable déclassement, le signe d’une infamie. Qu’importe alors si pour en être il en devient nécessaire de dépenser un argent qu’on ne possède pas, et de repousser à plus tard les échéances désagréables.  Une fille, son orgueil et ses caprices, sa robe à la dernière mode, son père désargenté et bonne poire, ses deux prétendants jaloux, sa rivale orgueilleuse et capricieuse tout autant. Elle s’appelle Giacinta.

En villégiature. D’autres personnages viennent s’ajouter aux tableaux. D’autres couples et d’autres intrigues. Giacinta se promet à l’un qui a l’avantage de la richesse, tombe amoureuse de l’autre. Légèreté, oisiveté, frivolité. Qui ne parviennent pas à détourner l’ennui qui gagne, tandis que continue d’être dépensé un argent qu’on n’a toujours pas.

Retour de villégiature. Le temps est venu d’affronter la réalité. Giacinta épouse celui qu’il faut, pas celui qu’elle voudrait. Celui qu’il faut, non pas qu’il serait riche, il a fait l’aveu de sa ruine, mais afin d’honorer sa promesse et ainsi conserver son honneur, sa dernière richesse, sa dernière béquille.

Un bon petit spectacle, autant que je m’en souvienne. Peu de prise de risque, donc peu d’éclat non plus. Mais au final, plus de 4 heures sans qu’on sombre dans l’ennui. Ce n’est déjà pas si mal.

 

Jan Karski - Yannick Haenel - Arthur Nauzyciel - Gémeaux

Jan Karski – d’après Yannick Haenel, mise en scène d’Arthur Nauzyciel – aux Gémeaux

Jan Karski fut tout sauf un être factice. Diplomate Polonais, il est chargé par des responsables juifs du ghetto de Varsovie de transmettre aux Alliés un appel au secours. Le message est simple : « Nous sommes en train de mourir, tous. On nous extermine. » Mais être le messager ne suffirait pas, il doit être celui qui témoigne. Aussi Jan Karski va-t-il non seulement « visiter » clandestinement le ghetto, mais il va également revêtir un uniforme allemand pour pénétrer dans un camp d’extermination et voir de ses propres yeux l’entreprise de mort qui y est méticuleusement et systématiquement mise en œuvre.

En 1942, Jan Karski est le premier témoin, le témoin originel. Et il va témoigner, et porter le message des juifs qu’on extermine et qui appellent les Alliés à l’aide. Il témoigne, il raconte, il rapporte ce qu’il a vu, ce qui se passe, l’extermination industrialisée de tout un peuple, et il n’est pas cru. Ou du moins n’est-il pas entendu. Il est Cassandre, il est le témoin, le messager, l’oracle condamné à n’être pas entendu. Il est celui qui annonce la tragédie d’un monde qui s’effondre et dont la tragédie personnelle, celle qui lui est propre, à lui le témoin, est celle de l’impuissance.

Voilà ce qu’a porté Jan Karski, l’impuissance du témoin, la défaite de la parole, et puis le sentiment de culpabilité qui l’accompagne – une fois que la colère s’est estompée devant le refus de croire de ceux qui pourraient agir et qui feront le choix cynique, forcément cynique, de ne rien faire, soumis qu’ils sont aux exigences de la real politik.

Le sentiment de culpabilité du témoin, car comment être témoin sans être coupable ? Voilà la question qui dévore Jan Karski. Entre victimes et coupables, quelle place peut occuper le témoin ? Est-il possible de n’être ni l’un ni l’autre, ni victime ni coupable ? Quelle est la part de complicité du témoin, sa part de responsabilité ? Le témoin, celui qui a assisté à l’horreur sans la subir, lui qui a vu sans rien faire, lui qui a vu, qui a témoigné, sans parvenir à être entendu, lui qui n’a pas su se faire entendre, faire entendre le message dont il était porteur.

Jan Karski est typiquement un héros tragique. Or quand le théâtre, c’est-à-dire la tragédie, est ainsi l’essence même d’un texte, et la substance d’un personnage, il ne suffit que de donner à entendre les mots, pour faire du théâtre, c’est-à-dire pour insuffler de la vie aux mots et à l’être. C’est ce qu’a parfaitement compris et réussi Arthur Nauzyciel – malgré quelques longueurs et quelques intermèdes ou effets parfois inutiles.

 

Prométhée Enchainé - Eschyle - Olivier Py - Odéon

Prométhée Enchainé – d’Eschyle, mis en scène par Olivier Py – à l’Odéon

Zeus, allié à Prométhée, renverse son père Cronos du trône des Dieux et soumet les Titans. Mais lorsque le nouveau maître de l’Olympe se propose de rayer de la carte la race des hommes, Prométhée s’y oppose, dérobe aux Dieux le feu de la connaissance et l’offre aux humains, en même temps que leur liberté. Tout puissant et d’une brutalité féroce, Zeus condamne le renégat à être enchainé pour l’éternité à un rocher situé aux confins de la Terre.

Mais Prométhée qui voit l’avenir annonce que sa condamnation ne durera pas éternellement, pas plus que ne saurait durer le règne de Zeus. Ce dernier lui envoie alors Hermès afin qu’il en révèle davantage. Mais la menace des pires tortures n’y font rien, Prométhée ne cède pas à la tyrannie et décide de se taire. Il est ici la figure du résistant devant un pouvoir oppresseur, arbitraire et brutal. Prométhée, premier philanthrope, insoumis, supplicié et martyr. Sagesse ou folie ?

Comme à son habitude, Olivier Py réécrit Eschyle, ce qui pour être présomptueux n’en est pas moins une bonne idée tant le théâtre d’Eschyle est loin dans le temps et dans le regard des spectateurs que nous sommes. Py, dans cet exercice, s’en sort d’ailleurs plutôt bien.

On a plus de doutes lorsqu’il lui prend également d’écrire l’ébauche d’un Prométhée Libéré, le deuxième opus de ce qui fut en son temps une trilogie, la suite perdue de Prométhée Enchainé.

Surtout, le procédé scénographique choisi fonctionne sur une grossière analogie entre le dieu Prométhée et le metteur en scène. On comprend trop bien comment on en est arrivé à cette fausse bonne idée. Olivier Py s’étant attribué le rôle de Prométhée, on imagine sans mal que lors des premières répétitions il lui a fallu sans cesse alterner entre son rôle de metteur en scène assis dans la salle et donnant ses directives, et celui du comédien livrant son texte depuis cette même place. Le dispositif scénique était tout trouvé : le décor serait un théâtre, c’est-à-dire une scène et quelques rangées de fauteuils, où donc se trouverait enchainé Prométhée. Pis que grossier, cela ne fonctionne pas.

 

Ruy Blas - de Victor Hugo, mise en scène de Christian Schiaretti - aux Gémeaux

Ruy Blas – de Victor Hugo, mis en scène par Christian Schiaretti – aux Gémeaux

Ruy Blas vous connaissez, c’est au cinéma – entre autres adaptation – La Folie des grandeurs, avec Louis de Funès et Yves Montand. Ruy Blas raconte l’histoire de Don Sallustre qui, Grand d’Espagne tombé en disgrâce par la faute de la reine, commande à son valet, Ruy Blas, de se faire passer pour son neveu, Don Cesar, pour entrer à la cour et séduire une reine cloitrée dans son palais et délaissée par son époux. Mais Ruy Blas est réellement amoureux de la reine…

La supercherie fonctionne à merveille et Ruy Blas devient à la fois Premier ministre et amant de la reine. Tout puissant, il entreprend de mettre fin à la corruption des Grands d’Espagne qui pillent le royaume à leur seul profit. Mais il demeure un roturier, indigne de l’amour d’une reine, un simple valet, soumis à son maître, Don Sallustre dont il n’est que la créature, costumée, factice…

Victor Hugo, en bon mégalomane, ne fait jamais rien en petit. Il ne craint pas de mêler la bouffonnerie à la tragédie, la grandiloquence à la farce, le mélodrame à l’universel, le théâtre populaire à  l’Histoire. L’avantage d’être génial est qu’il peut se le permettre.

Christian Schiaretti a su respecter cela, ne rien édulcorer, ne rien détourner. Et la grande pièce se joue dans un décor à sa démesure, impressionnant. Cela laisse aux spectateurs le loisir de se régaler de l’intelligence, de la poésie comme des facéties de Victor Hugo qui n’est pas le dernier des cabotins, à sa manière. Robin Renucci campe un Don Sallustre parfaitement diabolique.

C’est malheureusement à peu près tout – mais entendre Victor Hugo est amplement suffisant.

 

Le Malade Imaginaire - Molière - Claude Stratz - Comédie Française

Le Malade Imaginaire – de Molière, mis en scène par Claude Stratz – à la Comédie Française

Je dois bien en faire l’aveu, ma mémoire est défaillante. J’ai laissé passer trop de temps avant de tenter de récapituler mes impressions. Sans doute faut-il croire que la représentation n’était pas non plus inoubliable…

Si pourtant je fais un petit effort, je parviens à me souvenir de mon plaisir jamais défaillant d’entendre du Molière. De même que je garde le souvenir de comédiens jouant juste et d’une mise en scène tenue et classique.

Je parviens également sans mal à conserver le fil de ce billet. Car qu’est-ce qu’en effet un hypocondriaque sinon un malade factice ? Mieux même, que sont les médecins, selon Molière, sinon des êtres factices gonflés de leur propre importance ?

Mais qu’est-ce le théâtre sinon un jeu de miroirs dans lequel des masques recouvrent des masques ?

 

Dommage qu'elle soit une putain - John Ford - Declan Donnellan - Gémeaux

Dommage qu’elle soit une putain – de John Ford, mis en scène par Declan Donnellan – aux Gémeaux

Annabella et Giovanni. Un homme, une femme. Ils découvrent qu’ils s’aiment. Ils sont frère et sœur. Ils sont jumeaux. Leur amour leur est interdit.

Le tabou de l’inceste. Deux êtres vrais, entiers, écorchés vifs et qui succombent à une passion forcément fatale. Et puis la vile comédie de l’hypocrisie morale et sociale qui précipitera leur tragédie.

A la fois subversive et transgressive, la pièce est de John Ford. Pas le réalisateur de westerns, le jeune contemporain de Shakespeare.

Des comédiens époustouflants d’engagement. Une mise en scène décapante, merveilleusement inventive, moderne, intelligente. Une scénographie qui l’est tout autant – mais il est impossible de dissocier Declan Donnellan de Nick Ormerod. Probablement le spectacle de l’année !

 

Berenice - Racine - mise en scène Murielle Mayette - Comédie Française

Bérénice – de Racine, mis en scène par Muriel Mayette –  à la Comédie Française

Titus aime Bérénice, reine de Palestime, qui l’aime en retour. Mais Titus est empereur et Rome ne saurait accepter une reine pour impératrice. Or Titus n’est pas homme à se dérober à son devoir envers Rome. Il doit renoncer à Bérénice. Simplicité extrême du nœud tragique.

Le texte de Racine est sublime. Ça pourrait presque suffire. Mais quand on ajoute à une mise en scène insipide des comédiens qui ne sont pas leurs personnages, qui sont comme systématiquement à côté, cela ne suffit pas tout à fait. Et ainsi,une fois encore, Muriel Mayette aura démontré qu’elle n’a pas la dimension requise – sauf à s’évertuer à maintenir la Comédie Française dans théâtre d’arrière-garde.

Les grands textes classiques, comme le théâtre dans son ensemble, réclament qu’au-delà du respect qui est dû aux mots et au sens des mots, qu’on leur accorde la force de la subversion. Mais peut-être la Comédie Française, et son public, se satisfont-elle de donner dans le théâtre bourgeois.