Juin 112010
 

coupe du monde 2010 - Afrique du Sud - ballon officiel FIFALa coupe du monde de foot, vous aurez beau faire, vous ne pourrez pas y échapper. Il faut en prendre son parti, jouer le jeu, communier.

D’ailleurs, bien plus qu’un sport, le football est d’abord un spectacle, une dramaturgie où tout est parfaitement organisé afin que naisse l’angoisse, surviennent les renversements de situation, perlent les injustices, voire se noue la fatale tragédie.

A commencer par les règles du jeu, sujettes à toutes les controverses, toutes les contestations, forcément, lesquelles sont plus que tolérées, encouragées. Songez donc, un hors-jeu se jugera à la seconde et au millimètre près, alors même que le ballon et les joueurs concernés – au minimum trois – sont tous en mouvement et à des endroits différents du terrain. Impossible de ne pas se tromper, si l’on tient compte en sus de l’effet de perspective qui va du juge de ligne à la ligne de hors-jeu.

L’arbitre ! Pauvre arbitre qui représente à la fois l’autorité, l’arbitraire et l’injustice, cet homme sur lesquels les joueurs n’ont de cesse que de déverser leurs frustrations. Car il faut se rendre compte que voilà un sport collectif – et c’est le seul dans ce cas – où les décisions de l’arbitre sont contestables, où la contestaion est tolérée. Dans certaines limites, bien entendu, mais tolérées tout de même. Voyez le rugby, à la moindre objection, ce sont quinze mètres supplémentaires de punition. Au handball, le joueur est sorti deux minutes. Au résultat, l’arbitre est respecté. Mais pas au foot.

C’est que dans le foot, parce que c’est un spectacle, il faut un méchant. L’arbitre – l’homme en noir – tient ce rôle, celui de faire respecter des règles impossibles tout en acceptant qu’on le bouscule un peu, qu’on le villipende beaucoup. A la fois Dieu tout puissant et personnification du destin et de sa fatalité.

Car non seulement les règles sont impossibles, non seulement on refusera à l’arbitre l’aide de l’arbitrage vidéo – ce serait trop simple -, mais voici un homme qui à en sus affaire à 22 comédiens aguerris qui se rouleront au sol de douleur à peine ils seront touchés, effleurés… ou pas du tout. Qui passeront leur temps à réclamer pour eux-mêmes, bras levés au ciel, le bénéfice de la touche, du corner ou de la faute – imaginaire, le plus souvent. Et qui honniront l’arbitre si sa décision n’est pas favorable, systématiquement, et éventuellement contre toute évidence.

Mais pis que cela encore, au football la victoire ou la défaite se jouera le plus souvent sur un ou deux buts marqués ou encaissés. 90 minutes de jeu pour un ou deux buts – et il n’est pas rare qu’au terme du match aucun n’ait été inscrit. Ce fait même introduit un élément d’aléa considérable qui fait du football ce sport où le moins fort à de considérables chances de parvenir à l’emporter. Un coup de chance ou de malchance, souvent une injustice – ou qui sera de toute façon considérée comme telle – suffira à faire basculer le sort du match. Rendez-vous compte, voilà un sport où ce n’est pas le plus fort qui gagne, un sport où la probabilité que le sort et l’injustice désignent vainqueurs et vaincus est plus que palpable ! Une dramaturgie, vous dis-je…

Et tout cela, ce fantastique potentiel dramaturgique, se cristallise donc une fois tous les quatre ans – tous les deux ans si l’on tient compte des tournois continentaux – à l’occasion de la coupe du monde. Un gigantissime spectacle, véritables jeux du cirque planétaires – c’est aussi que le foot possède cette capacité phénoménale de toucher tout le monde – et ce dès l’enfance : quoi de plus simple en effet que de figurer deux buts avec quatre pulls disposés sur une aire de jeux, puis de taper dans un ballon (pendant que les filles jouent bêtement à sauter par-dessus une corde) ?

Ce n’est pas le foot que j’aime, c’est le spectacle et c’est cette communion d’émotions dont il est l’occasion. Alors, oui, autant jouer le jeu et se laisser prendre, se laisser emporter, comme naïvement.

C’est pourquoi, blogueur et donc acteur de l’internet, j’ai résolu à l’occasion de cette coupe du monde en Afrique du Sud, et malgré Raymond Domenech qui possède le charisme d’une huître – c’est dire s’il facilite l’enthousiasme -, de me joindre à l’initiative « Internet pour les Bleus » – clin d’oeil très à propos à ce sublime « USA for Africa », qui fête cette année son quart de siècle.

Au refrain, ça donne :

Allez, l’équipe de France

On y croit, on vous fait confiance

Foncez, rien n’est perdu

Mais sortez-vous les doigts du cul

Et des paroles, je retiens surtout :

Parce qu’on s’en fout que vous vous tapiez des putes

Le plus important c’est que vous marquiez des buts

Vous l’aurez compris, j’adore !

Ce soir, à 20h30 tapante, je serai au théâtre de La Colline pour assister au Combat de nègre et de chiens de Bernard-Marie Koltès, sur une mise en scène de Michael Thalheimer.

Un spectacle, je vous dis !

Source : Internet pour les Bleus