Fév 052014
 

droit de vote etrangersAujourd’hui, le Parti Socialiste, les Verts, le Parti Communiste, le Parti de Gauche et le Parti Radical de Gauche, tous sont favorables au droit de vote des étrangers aux élections locales. Mieux, François Hollande a été élu sur un projet comprenant l’ambition de mettre en oeuvre cette mesure que nous attendons, que les étrangers de France attendent depuis déjà trop longtemps.

Pour y parvenir, pour accorder enfin ce droit légitime à participer à la vie citoyenne à tous ceux qui  depuis de longues années vivent, travaillent, consomment et paient leurs impôts parmi nous, il ne suffit plus que de pouvoir réformer la Constitution en conséquence. Soit par référendum, soit par réunion du Congrès (députés et sénateurs réunis).

Il est clair pour tout le monde que compte tenu de l’état d’esprit de la société française aujourd’hui, l’organisation d’un référendum sur un tel sujet conduirait à rendre le climat encore plus détestable qu’il ne l’est déjà ; et c’est en premier lieu tous ces étrangers qui vivent en France qui aurait à subir la stigmatisation et les invectives de tous ces réactionnaires, cette droite et cette extrême-droite, que nous venons de voir dans ses plus basses oeuvres.

Pis, il y a fort à parier que compte tenu de la situation politique, un tel référendum serait in fine un échec et, probablement pour de mauvaises raisons, c’est-à-dire pour des raisons non liées à la question posée,  par une volonté de sanctionner le président de la République et le gouvernement, le projet de droit de vote des étrangers aux élections locales se retrouverait enterré, renvoyant aux oubliettes pour au moins une bonne décennie un droit pour lequel on voudrait, en effet, ne plus avoir à attendre.

Le fenêtre de tir, c’est donc le Congrès. Pour être votée, la révision constitutionnelle permettant l’instauration d’un droit de vote pour les étrangers nécessite le soutien d’une majorité des trois cinquièmes, soit 555 des 925 députés et sénateurs. Or, à ce jour, il manque à la gauche 33 députés ou sénateurs pour atteindre cette majorité. Ça tombe bien, il y aura des élections sénatoriales en septembre 2014, où 178 sénateurs seront à renouveler, dont 96 sénateurs de droite…

Or voilà, se dérouleront avant cela, dans moins de deux mois, des élections municipales. Les conseillers municipaux nouvellement élus formeront alors une grosse partie des grands électeurs appelés à voter lors des élections sénatoriales. Du nombre de conseillers municipaux de gauche qui seront élus dépendra le nombre de postes de sénateurs qui basculeront à gauche.

Pour toi qui est un électeur de gauche, les choses sont donc assez simple : si tu veux saisir cette fenêtre d’opportunité – qui ne se représentera sans doute pas avant longtemps – de donner à la gauche la majorité nécessaire pour accorder enfin le droit de vote aux étrangers dans les élections locales, tu te sers de ton bulletin de vote en conséquence à l’occasion des municipales.

Disons les choses plus clairement encore. S’il te venait à l’idée de bouder lors des élections municipales, de contribuer à faire élire des conseillers municipaux de droite avec l’idée saugrenue que ce serait une manière de sanctionner un gouvernement de gauche qui te déplait, tu serais alors très directement responsable de l’impossibilité de mettre en oeuvre la réforme constitutionnelle qui permettrait aux étrangers de voter aux élections locales en France.

Une réforme qui alors serait sans doute reportée pour de très longues années tant il est peu probable que la gauche puisse avant longtemps se retrouver de nouveau en position d’atteindre la majorité des trois cinquièmes au Congrès –