dedalus

Avr 282012
 

Nicolas Sarkozy a déclaré :

Je mets la situation du moment sur le compte de l’amertume mais j’ai été particulièrement choqué et pour ne pas dire blessé par un certain nombre de propos qui n’ont rien à voir avec le débat démocratique puisqu’ils sont tout simplement injurieux […] Franchementsi rénover la vie politique c’est faire des procès de Moscou comme ceux auxquels on assiste depuis quelques heures, ce n’est pas de la rénovation de la vie politique.

Quoi, vous n’aviez pas vu passer cette déclaration ? Elle est pourtant rapporté par l’AFP, une dépêche datée du 27 avril. C’était hier, ou presque… C’était le 27 avril 2007, entre les deux tours d’une autre présidentielle.

En quoi ceci est intéressant aujourd’hui ?

Depuis lundi, mon projet serait devenu extrémiste. Depuis lundi, c’est un déchaînement, j’aurais durci et extrémisé mes propos. On me fait un procès d’intention, un procès stalinien, comme à la belle époque.

Ça en revanche, c’était hier, le 27 avril 2012.

Cinq ans plus tard, jour pour jour, Nicolas Sarkozy est toujours au même endroit, use des mêmes arguments. Il enchaîne les outrances aux dérapages, ses adversaires républicains réagissent, et le voilà qui se déclare la victime, cette pauvre petite victime que le système, forcément soviétique, voudrait abattre.

Le billet que j’écrivais à l’époque, rapportant la dépêche de l’AFP et les propos de celui qui était en passe de devenir président pour le plus grand malheur des Français – sauf les plus riches et les plus puissants d’entre eux, les amis de ce président anti-système [sic !] – était titré Sarkozy menteur. En exergue, j’avais écrit : « Nier une vérité n’est pas la faire disparaître. C’est simplement mentir. »

Rien n’a changé en cinq longues années. Nicolas Sarkozy utilise toujours les mêmes ficelles. Et il est encore bon nombre de Français pour s’y laisser prendre. Moins toutefois, beaucoup moins, et l’on est aujourd’hui fondé à espérer que cette fois cela ne suffira pas, qu’il n’aura pas réussi à tromper suffisamment d’entre nous pour avoir l’occasion de nous trahir.

Nicolas Sarkozy n’a pas changé, n’a jamais changé et ne changera jamais. Normalement, d’ici deux jours, histoire aussi de peaufiner le piège,  Nicolas Sarkozy devrait s’en prendre à l’héritage de Mai 68

 

Avr 272012
 

émeutes et émeutiersJ’avoue, je ne l’avais pas vu venir.

Pourtant, comme beaucoup, ça fait longtemps que je m’attends à un coup tordu pour l’entre-deux tours. Parce que Sarkozy nous a appris que cultiver un brin de paranoïa n’est pas nécessairement une mauvaise idée. Mais je ne l’avais pas vu venir.

Le coup tordu, cet élément qui semble survenir de manière exogène et qui ferait basculer l’élection.

Heureusement, Romain est plus perspicace que moi, qui envisage que le coup pourrait partir à l’occasion du 1er Mai. Ce qui est plutôt très bien vu si l’on considère avec lucidité où nous en sommes arrivés :

  1. Au soir du premier tour, François Hollande est devant et apparaît arithmétiquement comme le grand favori du second tour, au point que beaucoup de commentateurs avertis ressassent depuis que, sauf évènement imprévu donc improbable – comme disait François Mitterrand -, la gauche tient sa victoire ;
  2. Au soir du premier tour encore, Marine Le Pen est quant à elle forte de 18% des suffrages et de près de six millions et demi d’électeurs ; le Front National apparaît comme le seul réservoir de voix suffisamment conséquent pour éviter à Sarkozy une débacle, voire d’espérer encore en un renversement sur le fil d’une situation en apparence désespérée ;
  3. Au soir du premier tour, Nicolas Sarkozy annonce la couleur, il ne reculera devant aucun reniement et s’en ira sans vergogne s’approprier les thèmes aux relents xénophobes du Front National afin d’attirer à lui ses électeurs ; plus que jamais il va cliver, jouer de la division des Français, exacerber les peurs et les haines, creuser le sillon de la discorde – une stratégie de la tension qui lui a toujours été chère ;
  4. Le lendemain matin, on apprend que Nicolas Sarkozy appelle ses partisans à un grand rassemblement le 1er Mai, afin de fêter le vrai travail – les syndicats et les fonctionnaires sont clairement dans sa ligne de mire, il n’a eu de cesse depuis de les provoquer davantage ;
  5. Depuis lors aussi, Nicolas Sarkozy a déclaré que le Front National était compatible avec la République et repris à son compte bon nombre de ses propositions : restriction de l’accès des mineures à la contraception ; présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre ; peine de perpétuité réelle pour les criminels les plus dangereux… et tout laisse à penser que d’autres viendront encore garnir la besace d’un candidat sans projet, ce fourre-tout dans lequel s’accumulent et s’entassent opportunément et sans cohérence les propositions de Nicolas Sarkozy depuis son entrée en campagne ;
  6. Nicolas Sarkozy a également pris grand soin de caricaturer jusqu’au mensonge les propositions de François Hollande, tant sur la régularisation des sans-papiers que sur le vote des immigrés aux élections locales, et lui a même inventé les soutiens de 700 mosquées et celui de Tariq Ramadan ; tout cela étant d’évidence manière de faire peur sur le dos des musulmans, quitte à les stigmatiser encore davantage.

Voilà pour le tableau – et il reste encore quelques jours avant le 1er mai pour parachever l’oeuvre, pour instaurer toujours plus profondément un climat anxiogène et d’affrontement. Ce que cherche Nicolas Sarkozy est de radicaliser les deux camps en les caricaturant. D’un côté, les syndicats et les fonctionnaires, les assistés et les chômeurs, les fraudeurs et les musulmans, les soixante-huitards dégénérés et les jeunes des quartiers défavorisés, tout ce que la gauche comporte d’inconséquence et de laxisme. De l’autre, les bons Français, attachés à des valeurs et à un mode de vie, travailleurs honnêtes et amoureux de la Patrie. Aux électeurs du front National alors de choisir leur camp, leur famille politique… 

Or donc, le 1er mai, se trouveront simultanément dans les rues – de Paris et d’ailleurs -, d’un côté les défilés traditionnels à l’appel des syndicats, de l’autre les rassemblements sarkozystes pour le « vrai travail ». Et au milieu, le Front National, qui pour sa part sera là pour faire sa fête à Jeanne d’Arc. Tout un petit monde chauffé à blanc par les bons soins de Nicolas Sarkozy, au point que l’étincelle ne devrait pas être bien grosse qui conduirait à ce que tout s’enflamme et que la logique de l’affrontement initiée par Nicolas Sarkozy parvienne à son paroxysme.

Une petite étincelle ? Disons par exemple quelques casseurs par ici, deux trois provocations policières par là…

Imaginons maintenant la fameuse majorité silencieuse contemplant le soir-même à la télévision des images d’émeutes, quelques voitures qui brûlent, des vitrines brisées, des commerçants en colère au milieu de la fumée des lacrymogènes…

Qui pensez-vous parviendrait à tirer le plus grand profit de telles images, quelques jours plus tard, à la faveur d’une élection où l’on serait parvenu à installer un écran de fumée constitué de peurs et de colères et qui dissimulerait très opportunément les questions pourtant essentielles du chômage et du pouvoir d’achat, ainsi que le bilan catastrophique d’une présidence, les promesses non tenues d’un président sortant, et l’absence de projet du candidat à sa propre succession ?

Le 1er mai, en même temps qu’un brin de muguet, achetez-vous donc un brin de sagesse. Le 1er mai, nous n’aurons plus que six jours à tenir.

Avr 262012
 

Un mensonge. Un de plus. Regardez cette petite vidéo du NouvelObs qui revient sur les propos de Sarkozy hier soir sur TF1 dans lesquels il niait avoir jamais parlé de « vrai travail ».  :

 

« Non non, j’ai pas dit du vrai travail »… Allez savoir pourquoi, moi ça m’a fait pensé à du Coluche. Dans son sketch sur les sportifs, il y a ce passage :

C’est comme pour les Français, j’ai pas dit que les Français étaient tous des cons,  hein ? Je l’ai dit ? Alors je l’ai pas dit fort hein ? Et pis de toute façon, ça compte pas parce qu’on peut pas dire comme ça que tous les gens sont tous des cons. Mais les Français on peut. Remarque… euh ? Non ! Les Français c’est un mauvais exemple, hein ? Ou alors par groupes…

La fin du sketch aussi est intéressante :

Mais alors si on veut trouver plus con on peut. On peut toujours trouver plus con que soi ! Hein… Regardez…. moi !

Oui, Sarkozy c’est du Coluche. L’humour en moins.

Avr 242012
 

Nicolas Sarkozy convoque donc le 1er mai les militants UMP à se rassembler dans les quartiers chics parisiens pour une fête du « vrai travail ».

Tout le monde l’aura compris, il s’agit d’une autre manière de laisser entendre qu’il y aurait deux France, une France qui travaille vraiment en se levant tôt et en ne devant rien à personne et une France d’assistés, de fainéants, de parasites qui se nourrissent et s’engraissent sur le dos des premiers : les fonctionnaires, les chômeurs, les RM-istes, les immigrés, les fraudeurs…

Les retraités aussi ? Ha non, pas les retraités !

Les spéculateurs et les banquiers ? Ha non, pas les spéculateurs et les banquiers.

Les héritiers et les rentiers ? Non, pas les héritiers, encore moins les rentiers.

Les fonctionnaires, donc. Les professeurs, les policiers, par exemple ? Le personnel de santé ?

Les chômeurs ? Toutes les victimes des plans sociaux, ceux qui ont été licenciés suite à la crise, les jeunes, par exemple ?

Les fraudeurs ? Quels fraudeurs ? Nicolas Sarkozy sait-il que la fraude fiscale se compte chaque année en dizaines de milliards d’euros quand la fraude sociale – les faux arrêts-maladie ou les arnaques aux allocations familiales et aux différentes prestations sociales – c’est 500 millions ? Sait-il également que les entreprises font perdre deux fois plus d’argent à l’État que les particuliers en fraudes diverses et variées ? Qui sont les fraudeurs ?

La fête du vrai travail ? Mais une écrasante majorité de travailleurs ou de chercheurs d’emploi est constituée de gens honnêtes, qui travaillent dur et ne fraudent pas, qui bénéficient des allocations familiales parce qu’ils y ont droit, qui touchent des allocations chômages parce qu’ils ont été licenciés et qu’ils sont à la recherche d’un emploi, qui sont RSA parce qu’ils sont vraiment dans la mouise et veulent en sortir, évidemment.

Nicolas Sarkozy pourrait aussi bien inventer la fête des vraies mères. Les vraies mères ? Celles qui ont vraiment souffert en mettant leurs enfants au monde, pas les planquées de la péridurale.

Et pourquoi pas le 14 juillet la Fête Nationale de la vraie Nation où l’on commémorerait la fête de la vraie prise de la vraie Bastille ?

Tiens, je propose pour ma part que le 25 décembre, à l’occasion de la fête de Noël, ce soit le vrai Père Noël qui distribue des cadeaux. Mais seulement aux vrais enfants vraiment sages. Ceux par exemple dont les racines seraient vraiment chrétiennes…

 

 

via Diego-san

Avr 232012
 

Sécurité, immigration, frontière, travail, famille et patrie, tels étaient les mots qui structuraient hier soir le discours de Nicolas Sarkozy, son premier discours de campagne du second tour, alors que nous venions de découvrir que Marine Le Pen avait réalisé un score aussi historique qu’inquiétant. Ces mots, ils ne les employaient pas par hasard : 

 

Lire aussi l’appel à tous les républicains de France.

Avr 182012
 

Il vous a déçu.
Il vous a menti.
Il vous a trahi.
Il vous a insulté. 
Il vous a agressé.
Il vous a stigmatisé.
Il vous a humilié.
Il vous a méprisé.
Il vous a maltraité.
Il vous a précarisé.
Il vous a déclassé.
Il vous a fait honte.
Il vous a fait mal.

Il ne suffit pas qu’il perde la présidentielle. Il faut l’écraser, le mettre loin derrière, l’éparpiller façon puzzle.
Il faut le faire pleurer.

Ça lui a pris cinq années. Ça vous prendra deux tours. 
Deux tours comme une bonne paire de claques.