Mai 312013
 

interdiction cigarettes électroniquesMarisol Tourraine, la ministre de la Santé, a annoncé ce matin sur France Info, à l’occasion de la journée mondiale sans tabac, qu’elle souhaitait que la cigarette électronique fasse l’objet des mêmes interdictions que la cigarette classique. Donc en particulier celle de son usage dans les lieux publics.

Insistons d’abord sur le fait que cette annonce est faite à l’occasion de la journée mondiale sans tabac… et que la cigarette électronique est précisément une cigarette sans tabac. Mieux, c’est une cigarette sans combustion, donc sans goudron.

Une cigarette sans tabac. Donc une cigarette sans tabagisme passif. Sans le moindre danger pour l’entourage du vapoteur.

Quelle serait donc la motivation d’une telle interdiction ? La ministre explique : « La cigarette électronique n’est pas un produit banal, et donc nous devons appliquer à la cigarette électronique les mêmes mesures que celles qui sont appliquées pour le tabac. C’est-à-dire faire en sorte qu’elle ne puisse pas être fumée – parce qu’il faut bien dire que c’est fumer, une cigarette électronique – dans un lieu public. »

Le problème serait donc que ça se fume ? Je croyais moi, naïvement, que le problème était la santé, la menace pour la santé de celui qui fume et pour celle de son entourage, le danger de développer un cancer du poumon, un cancer de la gorge, ou encore les risques cardio-vasculaires. En fait non, le problème est seulement que ça se fume. A ce compte-là, on pourrait aussi bien interdire le saumon dans les lieux publics…

Mais la ministre précise sa pensée : « La cigarette électronique, ça peut être un bon instrument pour que des fumeurs arrêtent de fumer. Il ne faut pas occulter cet élément-là et c’est pour cela que je ne veux pas interdire purement et simplement, comme l’ont fait certains pays, la cigarette électronique. Mais pour ceux qui ne fument pas, ça peut être la manière de commencer à le faire, et donc il faut que les mêmes règles qui s’appliquent au tabac s’appliquent à la cigarette électronique. »

C’est dommage, ça commençait bien. La cigarette électronique est en effet un excellent outil de sevrage tabagique. Dit autrement, puisque fumer tue, vapoter sauve ! Et chaque jour de plus que je passe avec ma cigarette électronique m’éloigne de mon cancer.

Oui, c’est dommage, parce que deux énormes bêtises sont proférées dans la seconde partie de cette déclaration. Deux bêtises pour un raisonnement en deux points : 1- La cigarette électronique est une porte d’entrée vers le tabagisme ; 2- Le tabagisme étant dangereux pour la santé, il faut interdire la cigarette électronique.

La cigarette électronique serait une porte d’entrée pour devenir fumeur. Je voudrais qu’on me démontre ce propos. Je voudrais qu’on compte, parmi le million d’utilisateurs de cigarette électronique en France, combien d’entre eux ne sont pas des anciens fumeurs. Combien de vapoteurs ne sont pas d’anciennes victimes du tabac ? Combien ont commencé à fumer par la cigarette électronique ? Si d’aventure la réponse n’est pas zéro, le nombre est plus que probablement dérisoire.

Et il faudrait ensuite compter, parmi ce nombre dérisoire de fumeurs de cigarette électronique qui n’avaient auparavant jamais touché au tabac, combien sont passés de la cigarette électronique à la cigarette classique, celle avec du tabac dedans et qui par combustion vous tapisse les poumons de goudron. Combien ont préféré switcher vers un produit cinq fois plus cher, au goût âcre et dangereux pour la santé ? Laisser penser que cette hypothèse serait plausible, suffisamment pour être prise en compte, c’est se moquer du monde.

Mais admettons, et allons donc à la seconde partie du raisonnement : Vapoter en public incite les non-fumeurs non-vapoteurs à vapoter à leur tour, donc prochainement à fumer, donc à développer un cancer des poumons, donc il faut interdire la cigarette électronique dans les lieux publics. Ou comment inventer le délit d’incitation passive.

Le problème, c’est que du coup on ne comprend pas bien pourquoi la cigarette n’est pas interdite en terrasse des cafés, puisqu’il ne s’agit plus de tabagisme passif mais d’incitation passive, et puisque l’incitation est au moins aussi grande en extérieur qu’en intérieur, sinon d’avantage si l’on considère les passants, si l’on considère qu’il y a plus d’enfants qui passent devant les cafés que d’enfants accoudés au comptoir.

Cette histoire d’interdiction de la cigarette électronique dans les lieux publics est une vaste fumisterie. L’argumentation visant à la justifier ne tient pas la route et il est plus qu’évident que le motif réel de cette interdiction est ailleurs, qu’il s’agit en réalité de discréditer la cigarette électronique, de ternir l’image d’un produit qui est une menace à la fois pour l’industrie du tabac dont la base clients est en train de fondre et pour l’industrie pharmaceutique dont le monopole sur les substituts nicotiniques se trouve menacé.

Et ça fonctionne. Depuis la remise du fameux rapport à la ministre, je ne cesse de croiser des gens qui me disent : « Ha, tu vois que c’est dangereux ! ». Pourtant, le rapport est en ligne avec ce qu’a affirmé la ministre :  « La cigarette électronique, ça peut être un bon instrument pour que des fumeurs arrêtent de fumer. »

La cigarette électronique, on ne sait pas encore dans quelle mesure c’est ou non nocif. Ce que l’on sait en revanche, c’est que non seulement c’est un bon moyen pour arrêter de fumer, mais également que c’est infiniment moins nocif que le tabac : pas de combustion, pas de goudron.

Ce que l’on sait également, c’est que la vapeur produite par la cigarette électronique ne contient ni goudron, ni monoxyde de carbone, ni ammoniaque, ni arsenic, ni les 4.000 substances toxiques supplémentaires contenues dans une cigarette ordinaire. En réalité, cette fumée est essentiellement composée de vapeur d’eau, dont l’odeur elle-même est extrêmement volatile. C’est pourquoi la cigarette électronique ne saurait être nocive pour l’entourage : pas de tabac, pas de tabagisme passif.

En revanche, si l’interdiction est parfaitement imbécile, le respect mutuel et les bonnes manières demeurent autorisées et il n’est pas interdit de s’enquérir de ce que pense son voisin du fait que l’on vapote, de même que celui-ci pourra suggéré qu’on s’en abstienne. Avec un peu de bonne volonté et un soupçon de cordialité, le vivre ensemble est possible. D’aucuns diraient qu’il est souhaitable.

 

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