Un Temps Suspendu

 

 

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Un Temps Suspendu – présentation

Quand le temps fusionne en un point où tout est dit qui nous délivre. Quand cela n’a plus d’importance. Pour personne.

Quand cela n’a plus d’importance pour personne que pour celui qui en est délivré.

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Un Temps Suspendu : Les premières lignes du récit

C’est tôt le matin. Tout commence et tout finit. Le hurlement autoritaire d’un réveil sonne le glas d’une nuit trop courte. Des rêves ne terminent pas, volent en éclats. Des ronflements s’effacent. On grogne sous les draps. On déglutit. On se retourne. Les bouches sont pâteuses, langues lourdes, gorges raclées, toux grasses. On cherche déjà qui maudire. Les paupières s’entrouvrent, douloureusement. Le cauchemar est là qui s’engouffre dans la brèche. Les consciences émergent. On comprend, on sait, on connaît la suite.

Puis le réveil prend sa claque, enfin. Clac ! fait le réveil, mais la rébellion est vaine. On n’y peut rien. Il est trop tard. Un peu partout, d’autres sonneries prennent la relève. Les cloisons sont de papier. Le vacarme se propage comme le ferait un incendie. C’est fini, il faudra maintenant attendre le soir pour se rendormir.

Des lumières jaunes s’allument derrière les rideaux blafards. Il n’y a plus d’étoiles dans le ciel, mais la lune est encore là qui rigole. Il fait froid. Les hommes se lèvent, le visage bouffi, s’étirent, grimacent et pètent. La cacophonie des tuyauteries joue sa partition dans le morne son et lumière matinal : on tente de noyer les stigmates de la nuit sous un peu d’eau glacée ; on urine longuement ; on défèque à l’unisson, un deux trois : poussez ! Les mâchoires se crispent, on serre les dents. Déjà. Et les chasses d’eau se déchaînent, n’emportent pas les odeurs. On ouvre les fenêtres. On s’habille. On s’emmêle.

Un enfant crie ou pleure. D’autres lui répondent. L’inaudible prend de l’ampleur. On force le volume des radios, des télévisions. Cela ne suffit pas. Ta gueule ! aboie excédé le père. Ou la mère. Un chien réclame confiant un peu de tendresse, remue la queue, aboie. Ta gueule, j’ai dit ! Le môme avale enfin sa baffe : clac ! fait l’enfant. Le chien gémit. Les voisins grincent des dents. Le poisson rouge fait des bulles. La bouilloire siffle et le beurre ne se laisse pas étaler. Il n’y aura pas de pause.

Dehors, les flics sont seuls dans leur voiture arrêtée. Les beaux uniformes bleus sont froissés au sortir de la nuit, et leurs yeux aussi, froissés par le manque de sommeil et la lassitude, cernes profondes et grises. Ils s’ennuient. Café fumant entre leurs mains jointes et le nez dedans, comme à la télé. Dans la voiture flotte l’odeur du tabac froid. Ils sont le décor, eux aussi, fidèles au poste et amers. Voudraient signaler leur présence, déclencher malicieusement la sirène, exister. Rires gras, fatigués. Clac ! fera peut-être la matraque. Ou peut-être pas. Pas aujourd’hui. Espoir matinal. La journée sera longue pour tout le monde.

Beaucoup sont en retard. Depuis longtemps. Depuis toujours. Dans les cages d’escaliers, on se dépêche, on déboule, on trébuche. Ne pas manquer le bus. Pour ne pas manquer le train. La vie n’attend pas. Les portes ne grincent plus, claquent – clac ! Au passage, on n’oublie pas de saluer les voisins. Sourires entendus, complices ou convenus. Voix rauques, lasses. Les pas sont lourds sur les marches de béton. Les deux ascenseurs sont en panne. Déjà hier…

C’est si loin hier. On avait oublié, et pourtant rien ne change.

Dans la rue, le premier coup de klaxon retentit comme un signal. Ta gueule ! aboient les chiens qui connaissent la musique. Faut se bouger le cul. Un môme n’avait pas encore reçu sa baffe. Les voisins font des bulles. Les flics s’endorment. Les bouilloires ont cessé de geindre. Dernière chasse d’eau et ultime claquement de porte. Bientôt il ne restera plus personne, et le silence, à l’affût, deviendra roi.

C’est tôt le matin. L’aube étend silencieusement son linge de brume aux premiers rayons du soleil. Une banlieue s’éveille. Comme tous les matins, péniblement. Grise, oppressante, sale, pareille à bien d’autres banlieues. Le ciel est trop bas, l’air est poussière et il fait trop froid pour que poussent les fleurs. Mais les hommes se lèvent par tous les temps ; la vie, celle qu’on dit active, est ailleurs. Tout est ailleurs. Dans un autre espace-temps. Ce qui fait la banlieue n’est pas la proximité de la grande ville mais l’éloignement. C’est l’isolement, la réclusion.

C’est tôt le matin. Les rituels sont immuables. La journée sera sans surprise ; on connaît par cœur la morne chanson. Tout est écrit et rien ne change, jamais. L’aube, ici, c’est éternellement la même histoire qui bégaie. On n’avance pas, on tourne en rond, comme la terre autour de son axe. Seule dans l’univers. La banlieue a la gueule de bois. La cité-dortoir dégueule ses habitants. Personne n’a pensé à faire pisser son chien. Pissera dans le bocal du poisson rouge. Et tout le monde s’en fout. Dans peu de temps, il ne restera que lui, en tête-à-tête avec le silence. Olivier dort encore et la vie poursuivra sans lui sa ronde monotone.

[…]

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