Lulli

 

 

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Lulli – présentation

Nicolas est confortablement installé dans sa vie d’homme, de mari et de père. Quand, à l’enterrement de Lulli, celle qui avait été sa nounou il y a bien longtemps, émerge soudain l’ombre d’un non-dit. Un fil qu’il s’agit de tirer.

Faire parler sa vieille mère, lui extirper des mots qu’elle s’est toujours refusée à prononcer, partir en quête de soi, d’un passé qui s’est mis à compter de nouveau, à prendre un sens.

Revisiter son enfance, retraverser son adolescence, découvrir qui était vraiment son père et se comprendre lui-même. Savoir et puis comprendre.

Ouvrir les yeux.

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Lulli : Les premiers mots du roman

L’homme est grand, massif, une odeur de pipe l’accompagne. Il pousse la porte et entre dans la chambre de l’enfant, il pose ses pieds avec précaution sur le sol – ses chaussures vernies crissent légèrement sur le parquet, dans le silence. Il fait nuit. L’homme est le père de l’enfant, il avance sans bruit jusqu’au lit, sans bruit, comme s’il craignait de réveiller l’enfant endormi, ce petit garçon qui n’a pas quatre ans encore et qui dort comme seul un enfant sait dormir, qui dort tout entier et ne se doute pas que son père est là, dans sa chambre, et qui s’apprête à le réveiller.

La lumière tamisée d’une petite lampe veille sur le sommeil de l’enfant. Quand il ne dort pas, la nuit, le petit garçon a peur du noir, il est loin encore d’être un homme. Un homme, ça n’a pas peur du noir, c’est ce que dit souvent le père, il éteint la veilleuse et l’enfant se met aussitôt à pleurer, parce qu’il ne veut pas que l’on éteigne la lumière, ni que l’on ferme la porte : il a trop peur dans le noir. Il ne faut pas, dit le père, il ne doit pas pleurer, il est grand maintenant, un grand garçon, un petit homme déjà.

Ce n’est pas vrai, il est très loin encore d’être un homme. Il n’y a pas de femmes dans sa vie d’enfant, seulement une mère, et aussi sa nourrice, sa maîtresse à l’école et d’autres êtres nimbés de douceur et qui le protègent, qui font en sorte qu’il ait un peu moins peur dans le noir, la nuit, et qui ne sont pas des femmes puisque lui n’est pas un homme encore. L’enfant ne sait pas même ce qu’est une femme, ne sait rien encore de ce qu’elles sont, ni de ce qu’elles font aux hommes, il ignore comme elles sont en vérité bien plus redoutables que la nuit et l’obscurité.

Un jour viendra où lui sera révélée l’existence des femmes, et alors oui il lui faudra prétendre qu’il n’a plus peur du noir, et non plus des femmes, qu’il n’a pas peur non plus des femmes. Il dira « Je suis un homme », il prendra des poses viriles et des femmes qu’il aura eu l’illusion de séduire s’exhiberont devant lui, des femmes nues, lascives, avec leurs yeux qui brillent et leurs lèvres humides, bras et cuisses grands ouverts, et qui l’inviteront en elles, à venir en elles. Et quand bras et cuisses refermés sur lui, le pressant contre leurs mamelles durcies, elles l’attireront loin dans leur antre sombre, leur antre secret, moite et inquiétant, toujours plus loin dedans, alors il devra prétendre que non, bien sûr non, il n’a pas peur de ça, de tout ce noir au fond des femmes, lui qui est un homme maintenant.

L’enfant dort. Il ne sait rien des femmes. Il sait seulement que son père exige de lui qu’il devienne un homme. Ça oui, il le sait, et s’il ignore ce que cela signifie exactement, ça ne fait rien, il essaye, il essaye avec application, désespérément, il voudrait tellement entrevoir un éclair de fierté dans l’œil sombre de son père, cet homme qui l’observe et le juge, ce père sévère qui jamais ne le félicite ni ne l’encourage, qui exige de lui qu’il devienne homme à son image.

Pourtant, à trente et un ans et quoi qu’il en veuille paraître, lui-même, ce père, manque cruellement d’assurance. L’enfant ne sait pas cela, ne voit pas cela, ne peut même l’imaginer puisque cet homme est son père, infaillible et indestructible, solide comme un roc. Ce n’est qu’un masque, un cache-misère, et l’homme ne l’ignore pas qui connaît la faiblesse qu’il dissimule, cette fragilité, cette faille en lui, ce quelque chose dans son être qui malgré son âge demeure profondément immature et le déstabilise. Il ne se sent pas homme tout à fait, et ne se rend pas compte que cette légère fêlure en son âme n’est rien, ne signifie rien d’autre justement que son humanité, et qu’il ne s’en débarrassera pas. Il ne l’accepte pas, cette imperfection, comme un adolescent inquiet pour sa virilité n’accepte pas ses larmes. Aussi bien l’enfant n’a-t-il jamais vu pleurer son père, ni lui sourire. Sourire lui ferait mal, à l’homme. Sourire, c’est s’exposer trop déjà. Il est prisonnier de l’image de l’homme sûr de lui qu’il croit à toute force devoir renvoyer pour paraître à la hauteur, et c’est bien cela qui le préoccupe : être à hauteur d’homme.

Il aime son fils. L’enfant est même le seul être pour lequel il est encore capable d’amour, cet homme. Mais justement, il se défie des sentiments qu’il éprouve à l’égard de l’enfant, ce fils qui pourrait bien tenter d’abuser de l’amour qu’on lui porte. Constamment sur la défensive, il aborde son rôle de père avec une crispation difficilement maîtrisée, si bien que ses colères contre le petit garçon sont fréquentes et explosives, il ne le frappe pas non, rarement, mais ses mots, ses éclats de voix sont autant de violences faites à un enfant qui s’évertue et s’acharne à bien faire, pour mériter l’amour de son père. Satisfaire son père en toute chose, atteindre la perfection qu’il exige de lui, obtenir une fois sa fierté ou simplement un encouragement, et ce sourire un jour qui lui échapperait… Mais non, ça n’arrive pas. Lorsque l’enfant dort, parfois le père se laisse aller un peu, se déleste dans l’ombre d’un geste tendre, d’une caresse, d’un sourire même, mais l’enfant dort et cette tendresse est dérisoire, n’existe pas puisqu’elle n’est pas reçue : un sourire dans un désert, une lune rousse derrière un lourd manteau de nuages, un baiser léger donné à la nuit…

L’homme regarde l’enfant avec le regard sévère de ceux qui ne savent pas sourire et s’approche du lit, le pas décidé. Il est trois heures du matin, la chambre est paisible et l’enfant dort. L’homme soulève l’oreiller et penché, le visage tout près de celui de l’enfant, il considère son fils, ce visage qui lui ressemble, dit-on. Puis il détourne les yeux, se redresse et regarde à nouveau, de toute sa hauteur d’homme. Le petit garçon est allongé sur le dos, en travers du lit, sa tête touche le mur et, de l’autre côté, ses pieds nus s’ouvrent en éventail au-dessus du vide. La jambe gauche de son pyjama est remontée jusqu’à mi-cuisse et le père voit le genou écorché du fils. Sa respiration est lente, profonde, son souffle apaisé ; il dort les bras relevés, la tête tournée sur le côté et l’esquisse d’un sourire imprime sa marque imperceptible sur les lèvres fines du petit garçon. Le père trouve le fils démesurément beau. Se peut-il qu’un jour il ait été aussi beau lui-même ? Il répond au sourire aveugle du petit garçon et si son visage en devient presque lumineux, l’enfant endormi ne voit pas cette lueur fugace qui émane de son père en cet instant.

L’homme s’assoit sur le rebord du lit, près de l’enfant qui dort et qui ne sait rien encore. Levant les yeux dans la lumière feutrée de la veilleuse, il parcourt comme machinalement les dessins accrochés sur le mur, au-dessus du lit. Il passe une main légère dans les cheveux noirs du petit garçon, embrasse furtivement le front humide de sueur, touche une joue puis l’autre, le regarde encore et prononce le prénom de l’enfant, un murmure dans le creux de son oreille, l’oreille de l’enfant qui est un puits sans fond. Il est temps maintenant qu’il se réveille, l’enfant.

« Nicolas », chuchote-t-il.

[…]

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NOUVEAU : Dans la série « j’expérimente l’édition au format ebook« , j’ai également publié ce premier roman sous forme de livre électronique (extension .epub) – via mon blog– au rythme d’un chapitre par semaine.

A ce jour, cela représente 9 190 chapitres téléchargés…

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