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le blog de dedalus

"Réprimer plus, Partager moins" : MERCI... mais NON !






JE TE VOIS


Retour sur l'assistanat



banquiers assistésUne des grandes victoires du discours sarkozyste - et qui dans une certaine mesure est aussi un des grands renoncements de la gauche en général, et de Ségolène Royal en particulier qui sur ce sujet comme sur d'autres a repris à son compte le discours de son adversaire - a été de ringardiser l'idée de solidarité en martelant la thématique de l'assistanat : « J'aiderai celui qui veut s'en sortir », « Je ne mettrai pas un centime pour financer l'assistanat »,« Je récompenserai davantage le travail que l'assistanat », etc...

L'idée sous-jacente à ce discours est que les pauvres abusent de l'aide publique, que les RMistes abusent du RMI, que les chômeurs abusent des allocations chômages, que les bénéficiaires de logements sociaux abusent de leur "privilège", etc... Bien sûr pas tous, mais certains d'entre eux. Bien sûr pas vous, mais sûrement votre voisin. Rhétorique sarkozyste bien connue visant à faire sentir à chacun que l'Autre vous prend ce qui vous revient, que l'Autre est responsable de la situation dans laquelle vous vous trouvez. L'Autre, c'est-à-dire celui qui consomme indûment l'argent public, donc les impôts qu'on vous demande de payer pour son seul et immense bénéfice.

Au résultat, l'impôt est nécessairement injuste et on en paie toujours trop. C'est qu'il ne s'agit plus de solidarité, encore moins de redistribution, il s'agit des assistés, tous ces nuisibles. Et chacun d'oublier que s'il ne fait pas partie des plus riches, il bénéficie en réalité de plus qu'il ne verse, via les services de police qui assurent la sécurité, via les services de justices qui sont censés nous protéger, via l'armée et surtout l'école de la République, via l'assurance maladie et l'assurance chômage. Et chacun d'oublier que sa situation financière dépend en réalité bien moins des impôts que l'on paie que des augmentations de salaires dont on ne bénéficie pas, mais aussi de cette école de la République, de ces hôpitaux, des services publiques (police, justice, etc...) qui fonctionnent si mal parce qu'on leur a retiré les moyens de fonctionner efficacement. Et chacun d'oublier qu'il est en réalité un de ces assistés auxquels en veut tant Sarkozy.

Bref. J'ai ailleurs et en son temps largement abordé cette thématique de l'assistanat comme le miroir aux alouettes du sarkozysme, où d'un exemple d'abus on fait une généralité, puis un prétexte pour restreindre le champ de la solidarité et de l'action publique, en prenant à tous tout en laissant croire à chacun qu'il sera épargné, puisque seuls les nuisibles sont visés, tous les assistés qui vous bouffent la laine sur le dos et dont vous n'êtes évidemment pas puisque vous, vous ne rechignez pas à travailler pour vous en sortir - parce qu'en plus les assisté sont des cons qui ne veulent pas s'en sortir...

Là où cela devient savoureux aujourd'hui, c'est lorsqu'en réponse à la crise financière, Nicolas Sarkozy n'a rien d'autre à proposer que de dépenser l'argent public par dizaine de milliards afin de venir sauver la mise aux banques qui ont en réalité moins travailler plus pour s'enrichir que spéculer toujours plus, ces banques qui à force d'abuser de la spéculation en font une grave overdose. Et tout d'un coup donc Nicolas Sarkozy de redécouvrir les vertus de l'assistanat, mais il est vrai qu'il ne s'agit pas là de ces parasites qui préfèrent dormir dans la rue que de s'en sortir, ces chômeurs qui préfèrent se contenter d'une allocation de misère que de trouver un travail et si possible assorti d'un salaire décent, de tous ces malades qui prennent un malin plaisir à sur-consommer des médicaments inutiles... Non, il ne s'agit que d'un système tout entier où des milliards d'euros changent chaque jour de mains avec l'espoir de se multiplier sans efforts, d'un système économique et financier en fin de vie qui vit du surendettement de tous au profit de seulement quelques-uns.

« Je ne mettrai pas un centime pour financer l'assistanat »,« Je récompenserai davantage le travail que l'assistanat », disait-il...


banquiers assistés
© La République des Fourmis par SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur

Après la faillite, les dirigeants de Fortis s'offrent un festin dans l'hôtel le plus luxueux de Monaco : Tout ne va pas si mal chez Fortis (FORB) assurance Belgique, le journal hollandais De Morgen indique ce matin que les dirigeants de la banque invitent 50 personnes à déjeuner ce midi dans l'hôtel Louis XV. C'est l'établissement le plus cher de la principauté. 150.000 euros vont être déboursés pour cet événement "marketing". Le déjeuner coûtera 300 euros et la nuit d'hôtel 1.500 euros par personne. (lu dans Capital)



Où l'on parle de : Retour sur l'assistanat






Imaginons la France d'après

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Le camp des nantis


Sur TF1, le 5 février


portrait sarkozyInterrogé par un des 100 français du panel sur la question des réquisitions des locaux vacants, M. Sarkozy s'est déclaré "opposé aux réquisitions". Son argumentation est la suivante : "Mettez-vous à la place de celui qui a travaillé dur pour acquérir un patrimoine... Il ne pouvait plus clairement montré où va son empathie, vers le nanti (qui a travaillé dur, évidemment) plutôt que le miséreux (un fainéant qui vit de l'assistanat, évidemment aussi).

J'avais eu pour ma part le sentiment que la femme qui soulevait cette question tentait surtout de se mettre à la place de celui qui dort dans la rue, faute de disposer d'un logement. Mais chacun compatit où il veut, après tout.

Ajoutons seulement que M. Sarkozy s'est ensuite déclaré décidé à donner à tous les sans domiciles l'accès à un petit logement. Et s'il s'est bien gardé de dire comment (aucune réquisition, ça on l'a compris), il s'est néanmoins empressé de précisé que sa générosité ne s'étendrait pas aux sans-papiers, auxquels ne s'étend donc pas sa conception de la solidarité républicaine.

Puis il a ajouté, au cas où l'on aurait mal compris : "On aide celui qui veut s'en sortir". Ce qui laisse entendre qu'il y aurait une France de ceux qui ne veulent pas s'en sortir, qui se complaisent dans l'assistanat, sans doute parce qu'il est possible d'en vivre bien. Encore une fois, ça a le mérite d'être clair.

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Sarkozy : "les fainéants et les assistés"


Travailler plus, Partager moins


portrait sarkozyNicolas Sarkozy a déclaré : "Depuis vingt-cinq ans, on partage le travail et l'on n'a jamais réduit durablement le chômage. Je ferai donc l'inverse en incitant tous ceux qui le souhaitent à travailler plus et en récompensant davantage le travail que l'assistanat. C'est en travaillant plus que nous aurons du travail pour tous."

Cette déclaration a le mérite de la clarté... et elle éclaire en effet puissamment, non seulement les intentions, mais aussi les procédés rhétoriques de Nicolas Sarkozy. Décortiquons ce petit discours :

Tout commence par une double contre-vérité. Tout d'abord, depuis vingt-cinq ans, la droite a été au gouvernement onze années, avec pour premiers ministres MM. Chirac, Balladur, Juppé, Raffarin et Villepin, M. Sarkozy ayant été en particulier Ministre du Budget de M. Balladur en 1993 (il y a 14 ans !), et Ministre de l'Economies, des Finances et de l'Industrie en 2004. Or cette droite là ne s'est en aucun cas préoccupée de "partager le travail". Bien au contraire, elle a appliqué précisément les mêmes recettes que celles que M. Sarkozy nous présentent aujourd'hui comme nouvelles : baisser les charges sociales qui pèsent sur le travail, diminuer les impôts qui pèsent sur le pouvoir d'achat, flexibiliser le travail qui freine l'embauche (et le licenciement !...). Là où il est dans le vrai, c'est que ces mesures, si elles ont en effet permis d'augmenter le pouvoir d'achat des plus aisés et de précariser les salariés les plus fragiles, n'ont en effet jamais permis de réduire le chômage, bien au contraire. En revanche, et c'est le second point, la réduction du temps de travail (39 heures, cinquième semaine de congés payés, puis 35 heures) a, dans l'ensemble, amélioré les conditions de vie des salariés et, qui plus est, créé de l'emploi - massivement en ce qui concerne les 35 heures (ce que nul ne se permet plus guère de contester).

Ensuite, il s'agit donc pour M. Sarkozy d'inciter "tous ceux qui le souhaitent à travailler plus" et de récompenser "davantage le travail que l'assistanat". On est là au coeur du sujet : pour M. Sarkozy, les français se divisent en deux camps, ceux qui travaillent et ceux qui sont assistés, laissant entendre que les quelques millions de français qui n'ont pas d'emploi, et de ce fait ne travaillent pas, seraient majoritairement responsables de leur situation, voire volontaires pour s'y trouver. Il omet volontairement d'évoquer, plutôt que ceux qui souhaitent travailler plus, tous ceux qui souhaiteraient tout simplement travailler, ceux pour qui trouver un emploi est une nécessité - et une souffrance quotidienne de ne pas en trouver. Et à cette souffrance, M. Sarkozy ajoute donc la stigmatisation : ce sont des assistés - laissant en sus supposé que ce serait confortable, qu'il serait possible de vivre bien des aides sociales, qu'il n'est en conséquence pas nécessaire que l'Etat se soucie davantage de leur cas, c'est-à-dire se préoccupe de solidarité. La seule chose qu'il leur dit est : nous allons inciter à travailler plus ceux qui travaillent et ça finira bien par "retomber" sur vous. Mais cela a déjà été fait et l'expérience montre que "ça ne retombe jamais" : c'est une politique économique qui ne permet pas de réduire le chômage, qui en sus et au contraire piétine le principe même de la solidarité nationale.

"Ceux qui le souhaitent..." : M. Sarkozy pense-t-il vraiment que les salariés dans leur grande majorité souhaitent travailler plus, et qu'il leur suffirait de le souhaiter pour qu'on leur accorde ? Mais les salariés souhaitent surtout gagner plus, c'est-à-dire être payé davantage. Augmenter les salaires ? Mais vous n'y pensez pas ! Progresser dans l'entreprise ? Pas la peine d'y compter non plus ! Il ne s'agit que de travailler davantage, faire des heures supplémentaires : mais combien d'entre nous ont déjà vu la moitié d'une heure supplémentaire payée ? et combien d'entre nous ont vu que c'était le salarié qui avait la faculté de demander des heures supplémentaires ? Les heures supplémentaires, M. Sarkozy, elles sont non seulement souhaitées par l'employeur, mais aussi généralement imposées par lui, et qui plus est très exceptionnellement rémunérées. Il est parfaitement aberrant de laisser penser qu'une telle mesure pourrait significativement accroître le pouvoir d'achat des français.

Car elle est bien là la logique à laquelle tente de nous faire croire M. Sarkozy et qui fait l'objet de la dernière phrase de ce petit laïus que nous avons rapporté au début : si les français qui travaillent travaillaient encore plus, leur pouvoir d'achat augmenterait, la consommation serait relancée, des emplois seraient créés et en profiteraient (enfin !) ceux qui ne travaillent pas (les fameux "assistés" que l'on prie de bien vouloir donc que "ça" retombe). C'est évidemment une fumisterie... et c'est en outre précisément ce qui a été mis en place par les gouvernements successifs de M. Raffarin, avec les conséquences que l'on sait, et sur la croissance, et sur le pouvoir d'achat, et sur le chômage.

Que s'est-il donc passé sous M. Villepin ? C'est là encore très instructif : a tout simplement été remis au goût du jour un peu de ce qui avait été cassé précédemment et qui s'appelle la politique des emplois aidés... Moyennant en supplément une politique de radiation massive (le traitement statistique du chômage plutôt que le traitement social), le chômage est alors revenu peu ou prou au niveau où le gouvernement de M. Jospin l'avait lui-même amené. Faut-il réellement applaudir ?

Ainsi, pour conclure, M. Sarkozy reprend à son compte les vieilles recettes libérales de sa famille politique et, non content de vouloir les aggraver, retient essentiellement celles qui donnent les pire résultats. La "rupture tranquile" serait alors tout bêtement de rhabiller le RPR en UMP et nous faire prendre de vieilles vessies pour de rutilantes lanternes ? Alors oui, en effet, c'est plutôt tranquile...

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