Pétition pour la démission de Brice Hortefeux
A l'attention de Mr Nicolas Sarkozy, Président de la République
Les propos publics tenus par Mr Brice Hortefeux, Ministre de l'Intérieur et Ministre des Cultes, au cours d'une conversation qui s'est déroulée le samedi 5 septembre lors de l'université d'été de l'UMP, à Seignosse dans les Landes, et dont le verbatim est retranscrit ci-dessous en annexe, apparaissent comme indubitablement et insupportablement racistes, donc parfaitement contraires aux valeurs et à la tradition humaniste de la République Française.
Respecter la France, c'est-à-dire l'ensemble des citoyens qui la compose, rend inacceptable toute attitude qui indiquerait la moindre tolérance à l'égard de tels propos. Nier leur réalité, tenter de les affubler d'un sens qu'ils n'ont à l'évidence pas, essayer de les minimiser, parler de manipulation et attendre que l'orage passe ou user de tout artifice visant à maintenir un homme dans des fonctions aussi essentielles que celles qu'il occupe dans le gouvernement français, que ce soit par amitié ou intérêt politique, reviendrait à mettre sciemment en péril une cohésion nationale déjà bien fragile.
Ce serait là instiller le sentiment qu'il serait possible en France qu'un des plus hauts responsables de l'Etat puisse sans encourir de sanction distinguer parmi tous les français selon leurs origines ethniques et porter un jugement négatif sur une partie d'entre eux, préjugé qui de facto justifie toutes les discriminations et toutes les exclusions dont souffrent déjà de trop ce pays.
Ce serait également prendre la très grave responsabilité d'un engrenage où les violences répondent aux haines. L'histoire nous enseigne qu'on a toujours grand tort de se montrer en la matière conciliant.
Vous êtes, Monsieur le Président de la République, le garant à la fois des principes républicains et de la cohésion nationale. Il faut aimer la France, dites-vous souvent. Nous croyons qu'aimer la France, c'est d'abord lui rendre honneur et dignité, c'est ne pas lui faire l'affront de tolérer le comportement indigne et déshonorant de la part d'un de ses Ministres.
Aussi nous vous réclamons l'application d'une tolérance zéro vis à vis de toute expression empreinte de racisme, qu'il soit d'ailleurs conscient ou non, et en conséquence la démission de Mr Brice Hortefeux de ses fonctions de Ministre de l'Intérieur et Ministre des Cultes.
ANNEXE - retranscription des propos de Mr Brice Hortefeux dans leur contexte, réalisé par Le Monde :
Jean-François Copé : "N'oubliez jamais un truc, il est auvergnat."
Brice Hortefeux : "Je suis auvergnat."
Jean-François Copé : "Il est auvergnat, c'est un drame, c'est un drame."
Brice Hortefeux : "... enfin bon, je vais faire une exception."
Jeune militant (Amine) : "Mais je me mets entre les deux."
Brice Hortefeux : "Voilà, entre les deux."
Jean-François Copé : "Oui... il n'y a aucun problème."
Un participant : "Ah ça, Amine, c'est l'intégration, ça, c'est l'intégration."
Des participants : "Amine, Amine..."
Un participant : "Ah ça, Amine, c'est l'intégration, ça, c'est l'intégration."
Une participante : "Amine, franchement..."
Brice Hortefeux : "Il est beaucoup plus grand que nous en plus" [à propos du jeune homme]
Un autre participant : "Lui, il parle arabe".
[Rires de l'assemblée]
Jean-François Copé : "Ne vous laissez pas impressionner, ce sont des socialistes infiltrés"
Une participante : "Il est catholique, il mange du cochon et il boit de la bière."
Brice Hortefeux : "Ah mais ça ne va pas du tout, alors, il ne correspond pas du tout au prototype, alors. C'est pas du tout ça."
[Rires de l'assemblée]
Une participante : "C'est notre petit Arabe."
Brice Hortefeux : "Bon, tant mieux. Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes. Allez, bon courage…"
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Brice Hortefeux dérape dans le racisme
Hadopi... mais pas adoptée !
Ce jeudi devait avoir leu le vote définitif de la loi Création et Internet (ou loi Hadopi contre le téléchargement illégal). Un vote qui devait être une simple formalité puisque le texte avait déjà été adopté en première lecture par le Sénat et l'Assemblée Nationale.
Mais voilà, les choses ne se sont pas passées comme prévues - c'est-à-dire en procédure d'urgence pour simple formalité d'enregistrement des injonctions gouvernementales et présidentielles. Trop de parlementaires de l'UMP ont boudé l'hémicycle. Trop de parlementaires du centre (l'autre droite) ont procédé à un revirement de vote. Trop de parlementaires de l'opposition de gauche se sont mobilisés. Et au final, le projet de loi a été rejeté... et c'est le camp des pirates qui l'emporte.
C'est un énorme camouflet pour le gouvernement et pour sa ministre de la Culture Christine Albanel, c'est-à-dire, on le sait bien, pour Nicolas Sarkozy lui-même - qui ne manquera pas d'entre dans une colère noire, maudissant la terre entière et en particulier son propre camp dont il pourfendra l'incompétence (lui-même ne pouvant jamais être en cause). C'est que désormais, il faudra repartir de zéro : pondre un nouveau texte, le présenter à l'Assemblée, puis au Sénat, avant qu'une loi rétrograde (et inapplicable) puisse être enfin votée. Vu l'encombrement parlementaire actuel, autant dire qu'il est assez improbable qu'une telle loi puisse à court terme être promulguée.
Quoique. Il faut tout de même garder à l'esprit que notre tout petit président et son gouvernement fantoche ne se sont encore jamais illustré pour leur profond respect de la démocratie parlementaire. Afin de remédier à l'ire présidentielle, quelque conseiller pourrait trouver le moyen pour, d'un tour de passe-passe, corriger ce qui ne saurait être qu'une anomalie due à l'inconséquence des parlementaires, et dont les très puissants amis de la Sarkofrance pourraient bien s'offusquer.
Mais réjouissons-nous tout de même de lire déjà ici et là un enthousiasme à la mesure de la surprise que constitue ce rejet :
« C’est énorme ! »
« C’est hallucinant ! »
« Un texte rejeté comme cela, c’est incroyable ! »
« Un séisme ! »
« C’est rejeté, comme le PACS ou les OGM ! C’est arrivé deux fois dans la 5eme république ! »
« Sarkozy va piquer une crise de dingue, une colère noire, au groupe UMP, au Gouvernement. »
« Les députés socialistes, verts et communistes ont réussi un coup magistral pour montrer lors des débats la dangerosité de ce texte. La démocratie en sort grandie ! »
« Il faut espérer que le gouvernement n’aura pas l’indécence de représenter le texte en procédure normale, mais plutôt de suivre les recommandations des auteurs de la lettre ouverte pour réfléchir aux modèles économiques pour la Création et tenir compte de la liberté, des libertés ! »
« Après avoir beaucoup travaillé sur la DADVSI, aujourd’hui on est fier de notre travail et celui de la Quadrature et des députés qui ont dit non. »
...
Edit : Et déjà - mais je vous l'annonçais - Roger Karoutchi, le très zélé secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, annonce que le texte (le même !) sera représenté par le gouvernement "à la rentrée des vacances parlementaires de Pâques"...
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Audiovisuel Public : l'appel du collectif Libre Ecran
APPEL POUR UN SERVICE PUBLIC DE L’INFORMATION INDEPENDANT
Nous ne sommes ni journalistes, ni acteurs des médias. Nous sommes des citoyens engagés ou non, et nous nous sentons plus que jamais concernés par la nécessité de préserver un service public de l’information, de qualité et indépendant du pouvoir politique.
Le climat exécrable qui règne depuis plusieurs mois autour de la question de la liberté des médias nous laisse craindre une sérieuse remise en cause du droit à l’accès à l’information que nous considérons comme être un principe démocratique fondamental.
La liberté d’expression en danger
Les projets de loi sur la réforme du service public de l’information, et notamment de l’audiovisuel, exacerbent nos craintes. Sous prétexte de vouloir « libérer » France Télévisions et Radio France de la « dictature de l’audimat », ce projet de loi acte dans les faits la reprise en main de l’information publique par le pouvoir politique.
Par l’étranglement financier que constitue la suppression de la publicité sans contreparties pérennes et par la nomination directe des Présidents de France Télévisions et Radio France par l’Elysée, c’est à l’indépendance et la diversité des chaînes publiques d’information que le gouvernement s’attaque.
Comme au temps de l’ORTF, la direction des chaînes publiques sera sous la tutelle directe du Président de la République et du Gouvernement. Que se passera-t-il si un reportage ne plait pas ou le présentateur est trop subversif ? La ligne éditoriale sera directement sous contrôle et la diversité des programmes en sera largement affectée.
Notre exigence : le retrait des projets de loi
Parce que nous refusons qu’une hypothétique dépendance à la publicité soit remplacée par une dépendance politique et financière,
Parce que nous refusons de subir les conséquences néfastes pour la liberté de la presse et pour le droit à l’information que nous jugeons être un droit démocratique fondamental,
Parce que nous refusons que soit mis à mal l’existence même des directions régionales (de France 3 notamment), nécessaires à un traitement de proximité de l’information,
Nous demandons le retrait immédiat des actuels projets de loi concernant la réforme de France Télévisions et Radio France et qu’un véritable débat national ait lieu sur le sujet.
Où l'on parle de : L'appel du collectif Libre Ecran
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Retour sur l'assistanat
Une des grandes victoires du discours sarkozyste - et qui dans une certaine mesure est aussi un des grands renoncements de la gauche en général, et de Ségolène Royal en particulier qui sur ce sujet comme sur d'autres a repris à son compte le discours de son adversaire - a été de ringardiser l'idée de solidarité en martelant la thématique de l'assistanat : « J'aiderai celui qui veut s'en sortir », « Je ne mettrai pas un centime pour financer l'assistanat »,« Je récompenserai davantage le travail que l'assistanat », etc...
L'idée sous-jacente à ce discours est que les pauvres abusent de l'aide publique, que les RMistes abusent du RMI, que les chômeurs abusent des allocations chômages, que les bénéficiaires de logements sociaux abusent de leur "privilège", etc... Bien sûr pas tous, mais certains d'entre eux. Bien sûr pas vous, mais sûrement votre voisin. Rhétorique sarkozyste bien connue visant à faire sentir à chacun que l'Autre vous prend ce qui vous revient, que l'Autre est responsable de la situation dans laquelle vous vous trouvez. L'Autre, c'est-à-dire celui qui consomme indûment l'argent public, donc les impôts qu'on vous demande de payer pour son seul et immense bénéfice.
Au résultat, l'impôt est nécessairement injuste et on en paie toujours trop. C'est qu'il ne s'agit plus de solidarité, encore moins de redistribution, il s'agit des assistés, tous ces nuisibles. Et chacun d'oublier que s'il ne fait pas partie des plus riches, il bénéficie en réalité de plus qu'il ne verse, via les services de police qui assurent la sécurité, via les services de justices qui sont censés nous protéger, via l'armée et surtout l'école de la République, via l'assurance maladie et l'assurance chômage. Et chacun d'oublier que sa situation financière dépend en réalité bien moins des impôts que l'on paie que des augmentations de salaires dont on ne bénéficie pas, mais aussi de cette école de la République, de ces hôpitaux, des services publiques (police, justice, etc...) qui fonctionnent si mal parce qu'on leur a retiré les moyens de fonctionner efficacement. Et chacun d'oublier qu'il est en réalité un de ces assistés auxquels en veut tant Sarkozy.
Bref. J'ai ailleurs et en son temps largement abordé cette thématique de l'assistanat comme le miroir aux alouettes du sarkozysme, où d'un exemple d'abus on fait une généralité, puis un prétexte pour restreindre le champ de la solidarité et de l'action publique, en prenant à tous tout en laissant croire à chacun qu'il sera épargné, puisque seuls les nuisibles sont visés, tous les assistés qui vous bouffent la laine sur le dos et dont vous n'êtes évidemment pas puisque vous, vous ne rechignez pas à travailler pour vous en sortir - parce qu'en plus les assisté sont des cons qui ne veulent pas s'en sortir...
Là où cela devient savoureux aujourd'hui, c'est lorsqu'en réponse à la crise financière, Nicolas Sarkozy n'a rien d'autre à proposer que de dépenser l'argent public par dizaine de milliards afin de venir sauver la mise aux banques qui ont en réalité moins travailler plus pour s'enrichir que spéculer toujours plus, ces banques qui à force d'abuser de la spéculation en font une grave overdose. Et tout d'un coup donc Nicolas Sarkozy de redécouvrir les vertus de l'assistanat, mais il est vrai qu'il ne s'agit pas là de ces parasites qui préfèrent dormir dans la rue que de s'en sortir, ces chômeurs qui préfèrent se contenter d'une allocation de misère que de trouver un travail et si possible assorti d'un salaire décent, de tous ces malades qui prennent un malin plaisir à sur-consommer des médicaments inutiles... Non, il ne s'agit que d'un système tout entier où des milliards d'euros changent chaque jour de mains avec l'espoir de se multiplier sans efforts, d'un système économique et financier en fin de vie qui vit du surendettement de tous au profit de seulement quelques-uns.
« Je ne mettrai pas un centime pour financer l'assistanat »,« Je récompenserai davantage le travail que l'assistanat », disait-il...

© La République des Fourmis par SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur
Après la faillite, les dirigeants de Fortis s'offrent un festin dans l'hôtel le plus luxueux de Monaco : Tout ne va pas si mal chez Fortis (FORB) assurance Belgique, le journal hollandais De Morgen indique ce matin que les dirigeants de la banque invitent 50 personnes à déjeuner ce midi dans l'hôtel Louis XV. C'est l'établissement le plus cher de la principauté. 150.000 euros vont être déboursés pour cet événement "marketing". Le déjeuner coûtera 300 euros et la nuit d'hôtel 1.500 euros par personne. (lu dans Capital)
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Benoit et Nicolas : un mariage laïque
Il est des mots qui forment des principes que l'on trahit dès l'instant où l'on tente de leur accoler un adjectif. Ainsi, parler de laïcité positive est déjà remettre en cause la laïcité, est déjà donner à entendre que la laïcité serait un concept négatif.
Il est à ce titre très intéressant de rappeler que Nicolas Sarkozy n'est pas l'inventeur de la thématique de la laïcité positive, concept fumeux qu'il a mis en avant pour la première fois lors de son discours de Latran lorsqu'il est devenu Chanoine. Il ne faisait alors que l'emprunter à Benoit XVI lui-même, ou plus exactement au Cardinal Ratzinger et plus particulièrement à un de ses discours prononcé en 2005 et consacré à encourager "une saine laïcité. Ainsi donc l'on comprend que désormais ce serait à l'église catholique de donner des leçons de bonne pratique laïque à la République française : on ne saurait mieux dire qu'en matière de séparation de l'Eglise et de l'Etat, nous marchons là sur la tête.
Je ne veux pas faire long, ce n'est pas nécessaire tant tout ceci est absurde, une nouvelle illustration du dramatique vide intellectuel qui règne dans le cerveau étriqué de Nicolas Sarkozy et du peu de respect qu'il a de sa fonction dont il semble ignorer les responsabilités qu'elle lui donne, et en particulier en matière de garantie du consensus républicain. Au besoin vous écouterez ci-dessous l'excellente chronique de Caroline Fourest, diffusée en fin de semaine dernière sur France Culture.
Je veux pour ma part simplement ajouter ici qu'à titre personnel, en tant qu'athée, je me sens très violemment insulté, très directement et très intimement agressé par Nicolas Sarkozy chaque fois qu'il laisse entendre que sans religion on ne saurait avoir de conscience morale, ni le sens de ce qu'est le bien et le mal. Je perçois ce type de discours - et je ne suis pas le seul - comme une déclaration de guerre et je ne doute pas un instant que telle est l'intention de cet homme qui n'a pas su grandir et qui a toujours l'air de se croire dans une cour d'école où pour exister il lui faut systématiquement rassembler autour de lui sa bande de teigneux et aller provoquer ceux qu'il considère comme ses ennemis : "Qu'est-ce t'as toi tu veux te battre hein tu veux te battre" [menton pointé en avant]
Le problème est que ce petit belliqueux qu'on a tous rencontré serait risible s'il n'était aujourd'hui devenu président de la République. Sa cour de récréation est devenu la France entière, dont il parviendra bientôt à faire un champ de bataille à force de dresser systématiquement les français les uns contre les autres.
La laïcité était justement cela qui permettait qu'un libre-penseur ne se mêle plus de bouffer du curé tant que ceux-ci étaient contraints de s'abstenir d'envahir l'espace publique et de vouloir peser sur le fonctionnement de la République pour laquelle, rappelons-le, il ne saurait y avoir de morale que républicaine.
Si tel donc n'était plus le cas, si l'on en venait en effet à tolérer que ce tout petit président laisse entrer du religieux dans les affaires de la République, nul doute qu'il faudrait alors en revenir à une confrontation directe et brutale entre laïcs et non-laïcs. C'en serait alors fini de la paix civile issue de la loi de 1905 et qui mit plus d'un demi-siècle à s'installer.
Crédit illustration : Karine Bernadou
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François Fillon en guerre contre le monde musulman
Le 1er septembre a débuté partout dans le monde le jeûne de ramadan, neuvième mois du calendrier musulman au cours duquel le Coran a été prodigué comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement — Le Coran (chapitre 2 Al-Baqarah, verset 185).
Ce même jour, François Fillon était justement l'invité d'Europe 1. Interrogé par Jean-Pierre Elkkabach sur le conflit en Afghanistan et la pérennité de l'engagement militaire français sur ce terrain, le Premier ministre a en l'occurrence dramatiquement perdu tout discernement en faisant la réponse imbécile suivante : "Le conflit va durer, parce que les causes de ce conflit sont très profondes. C’est l’opposition entre le monde musulman et une grande partie du reste de la planète, c’est le conflit israélo-palestinien, c’est les déséquilibres économiques et sociaux qui règnent dans le monde."
Une rhétorique digne des partisans du choc des civilisations. Un amalgame proprement scandaleux entre les musulmans et les terroristes d'Al Qaïda, dont les talibans d'Afghanistan seraient aujourd'hui la branche la plus active. Pis, en quelques mots, le chef du gouvernement parvient à appliquer une grille de lecture religieuse au conflit israélo-palestinien et rapproche ce conflit, pour d'obscures raisons, de la guerre en Afghanistan. Comme si les situations à Kaboul et à Jérusalem étaient intimement liées en raison de la simple présence de musulmans dans ces régions.
Ce sont en particulier 5 millions de Francais musulmans qui pourraient légitimement s'estimer outragés d'être ainsi stigmatisés par leur propre Premier ministre qui les assimilent donc à des "opposants" à cette "grande partie du reste de la planète"... dont bien entendu fait partie la France, pays dont ils sont pourtant citoyens à part entière.
Quand on se souvient que Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur depuis des années et candidat à la présidence de la République, se révéla incapable de dire si les dirigeants d'Al Qaïda étaient sunnites ou bien chiites, on se dit qu'une dangereuse incompétence préside et gouverne la France. Cela fait frémir quand ce sont précisément ceux-là qui décident en particulier, et de préférence sans même consulter le Parlement, d'engager plus fortement les forces française dans le bourbier militaire afghan.
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Rachida Datie est enceinte, José María Aznar dément être le père
EDVIGE is Watching YOU
Un décret publié le 1er juillet 2008 au Journal officiel institue un nouveau fichier dénommé EDVIGE, organisant le fichage généralisé et systématique de « toutes personnes âgée de 13 ans et plus » «ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ». En clair, tous les citoyens ayant un jour souhaité s’investir pour leur cité !
Le 27 juin 2008, en France, un décret officialise la « création d'un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé EDVIGE ». Il s'agit en particulier :
dans l'article 1 - De centraliser et d'analyser les informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif, sous condition que ces informations soient nécessaires au Gouvernement ou à ses représentants pour l'exercice de leurs responsabilités ;
dans l'article 2 - les catégories de données à caractère personnel enregistrées dans le traitement mentionné à l'article 1er et concernant des personnes physiques âgées de treize ans et plus sont les suivantes :
informations ayant trait à l'état civil et à la profession ;
adresses physiques, numéros de téléphone et adresses électroniques ;
signes physiques particuliers et objectifs, photographies et comportement ;
titres d'identité ;
immatriculation des véhicules ;
informations fiscales et patrimoniales ;
déplacements et antécédents judiciaires ;
etc...
La création de ce fichier est une scandaleuse atteinte aux libertés individuelles. Nous entrons là tout bonnement dans l'ère de la suspicion généralisée. Un homme ou une femme ne sera plus fiché après avoir commis un crime ou un délit, mais parce que, au motif qu'il s'est citoyennement impliqué, il devient suspect de pouvoir un jour porter atteinte à l'ordre public. Le coup est dur pour la démocratie, tant il est aisé d'imaginer les dérives totalitaires inhérentes à un tel dispositif. Les réactions sont à la hauteur de la gravité de la situation qui est ainsi créée :
Pour la Ligue des Droits de l'Homme, "il ne s’agit plus (...) de ficher les auteurs d’infractions constatées, mais, comme pour la rétention de sûreté, de cibler ceux que l’on étiquette d’avance comme de futurs délinquants hypothétiques. Le soupçon préventif suffit à justifier le fichage".
Et pour le Syndicat de la magistrature, "cette dimension nouvelle du fichage politique introduit, au prétexte toujours bien commode de l’ordre public, un moyen puissant de dissuasion de toute forme de contestation ou d’opposition citoyenne" et parle d'un "fichier d’inspiration anti-démocratique" .
Du côté de la CGT, on dénonce "une démarche portant atteinte aux libertés individuelles et collectives", tandis que le SNPES-FSU, principal syndicat de la protection judiciaire de la jeunesse, souligne le fait que "sans qu’aucune infraction ne soit commise, des mineurs dès 13 ans seront fichés en raison de leur "activité" individuelle ou collective, sans aucune définition ni encadrement juridique de cette activité". Pour ce même syndicat c'est "la répression de l’action politique et syndicale et sa pénalisation éventuelle qui s’organisent".
Et l’Union Syndicale Solidaires enfonce le clou : "Après un arsenal de lois liberticides, prévention de la délinquance, peines planchers, rétention de sûreté, lois sur l’immigration..., après un train de réformes anti-sociales (retraites, protection sociale, chasse aux chômeurs...), le gouvernement se dote clairement de l’outil de contrôle et de dissuasion des éventuelles résistances à ces mesures. En fichant les individus susceptibles de porter atteinte à l’ordre public (donc nul besoin de fait avéré, la suspicion suffit) à partir de treize ans, le gouvernement choisi une nouvelle fois la réponse sécuritaire à une dégradation générale de la situation sociale et aux résistances collectives".
Combien de temps les français vont-ils supporter ça ? Quand allons-nous vraiment nous réveiller ? Ils argumenteront, joueront les naïfs, nous diront que c'est là le prix dérisoire de notre sécurité à tous, qu'il nous faut à la fin savoir ce que l'on veut. Pourtant, l'engrenage est connu. Nous savons à quoi toujours ont mené ces petits renoncements à nos libertés, ces petites concessions successives consenties en échange de la promesse de plus de sécurité. Nous savons vers quoi nous nous dirigeons lorsque nous nous laissons conduire par la peur et par ceux dont nos peurs sont le fond de commerce, ces marchands de sécurité qui nous imposent de nous taire pour nous protéger. Oui, nous les connaissons bien, pourtant, les germes du totalitarisme. Nicolas Sarkozy lui-même fait lui-même l'aveu de ses intentions totalitaires lorsqu'avec l'arrogance qu'on lui connait il se vante que "désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit" : comment mieux dire qu'il ne s'agit pour lui que de bâillonner la démocratie.
Je les entends déjà, ceux qui parleront de dramatisation excessive, de diabolisation et d'antisarkozisme primaire. Car tout le monde le sait bien, n'est-ce pas, Sarkozy est un démocrate, il ne va pas soudain se muer en dictateur... Sans doute, peut-être, et puis on ne peut jamais jurer de rien ni de personne. Mais surtout, si ce n'est lui, ce sera son successeur, ou le successeur de son successeur. Peu importe quand cela se produira, car quand cela se produira c'est que tout aura déjà été mis en place, qu'il ne suffisait plus que d'actionner les boutons. C'est que la dictature se nourrit de l'orgueil de la démocratie et des petits arrangements successifs qu'elle prend avec elle-même, persuadée qu'elle est qu'elle durera toujours et que le pire ne saurait survenir qui l'abolirait. C'est que ces petits arrangements, ces petites concessions que l'on supporte, elles ne sont rien d'autres que les métastases de la démocratie, son cancer qui progresse.
Source : EDVIGE is watching you
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Billet précédent : Le complexe des zinfluents
Revenus des grands patrons et Sécurité Sociale
Taxer les stock-options
Selon le magazine L'Expansion à paraître ce mercredi, les revenus des patrons du CAC 40 ont bondi de 58% au cours de l’année 2007. Les profits tirés par la levée de leurs stock-options sont les principaux responsables de cette augmentation, représentant un gain moyen de 4 millions d'euros, exonérés de cotisations sociales, pour chacun de ces quarante hauts dirigeants déjà bien nanti en salaire. Les plus-values totales réalisées sur les stock-options encaissées en 2007 ont augmenté de 351% par rapport à 2006, atteignant la somme totale de 66 millions d'euros. Elles sont la principale raison de l’explosion des revenus des grands patrons. La plupart de ces quarante dirigeants ont en effet liquidé une partie de leurs stocks avant la chute des marchés, en août 2007 et ont donc au total touché ensemble 161 millions d'euros au cours de la seule année 2007 - le mieux servi étant Pierre Verluca, patron de Vallourec, leader mondial des tubes en acier, avec plus de 18 millions d'euros de revenu, dont 17 millions par la seule levée de ses stock-options.
Face de ses chiffres aussi astronomiques qu'indécents, il est particulièrement intéressant de rappeler la recommandation de la Cour des comptes, dont le Premier président n'est pas un gauchiste pur jus puisqu'il s'agit de Philippe Séguin. Cette autorité indépendante a en effet calculé que l’ensemble des mécanismes d’intéressement exonérés de cotisations sociales ont représenté une perte de recettes pour le régime général de la "Sécu" comprise entre 6 et 8,3 milliards d’euros en 2005, pour un déficit qui s’élevait cette année-là à 11,6 milliards d’euros. En particulier, les 8,5 milliards d’euros de stock-options distribués en 2005, qui, selon les propos même de M. Séguin, constituent « bien un revenu lié au travail, donc normalement taxable », ont ainsi entraîné cette année-là une perte de recettes « aux alentours de 3 milliards d’euros ». La Cour des comptes, toujours par la voix de son Premier président, explique en outre que « les 100 premiers bénéficiaires [de stock-options] devraient toucher chacun une plus-value de plus de 500.000 euros et les 50 premiers de plus de 10 millions d’euros. Rien que pour chacun de ces cinquante-là, les cotisations manquantes s’élèvent à plus de 3 millions d’euros par bénéficiaire. » Et il ne s'agit là que des chiffres de 2005...
Rappelons maintenant que Nicolas Sarkozy a instauré une franchise sur les soins qui s'applique à hauteur de 50 centimes d'euros par boîte de médicaments, de 50 centimes d'euros pour les soins infirmiers et les actes de kinésithérapie, de 2 euros pour les transports sanitaires et plafonnée par décret à un total de 50 euros annuels - plafond qui pourra ensuite être relevé, par simple décret également. Le petit président avait fait ses calculs, 50 euros annuels cela représente 4 euros par mois : "Qui va oser me dire qu'on ne peut pas mettre 4 euros par mois ?", claironne-t-il... puisque le produit des franchises, il l'a décidé, sera affecté à la recherche contre le cancer et à la prise en charge des soins palliatifs et de la maladie d'Alzeihmer.
Certes, les bénéficiaires de la CMU sont exonérés de franchises. Mais voilà, la CMU est soumise à un plafond de revenu de 606 euros mensuels... quand le seuil de pauvreté en France est à 817 euros et que l'allocation adulte handicapé est tout juste supérieure au plafond de la CMU. Ainsi, ce sont bien les pauvres - pour qui 4 euros par mois représente un manque perceptible, n'en déplaise au petit père des people - et les malades eux-mêmes - dont notamment les personnes atteintes du cancer ou de la maladie d'Alzeihmer, et/ou en soins palliatifs - qui contribueront désormais le plus sensiblement au financement du trou de la Sécurité Sociale... plutôt donc que les détenteurs de stock-otions et autres possesseurs de capitaux, dont on peut sans mal parier que, bénéficiaires d'une qualité de vie supérieure, ils jouissent déjà d'une santé incomparablement meilleure.
Résumons-nous : en instaurant les franchises sur les soins, on récupère 850 millions d'euros en taxant les malades et en pénalisant davantage les plus pauvres (car en effet, 4 euros par mois ce n'est pas grand chose... pour les plus riches), tandis qu'en choisissant de ne plus exonérer les revenus des stock-options de contributions sociales, et en les faisant contribuer à hauteur de ce que contribuent les revenus salariés, ce sont près de 4 milliards qui viendraient chaque année renflouer les caisses de la sécurité sociale. Entre ceux dont les revenus mensuels se mesurent en centaines de milliers d'euros et ceux pour qui chaque euro dépensé est un euro qui manque, entre ceux pour qui la maladie n'est pas en sus un problème financier et ceux pour qui se soigner est un luxe auquel il faut souvent renoncer, entre la fidélité aux puissants et la justice sociale, entre clientélisme et répartition des richesses, entre droite et gauche, Nicolas Sarkozy a choisi... et arbitré en faveur de son camp, celui auquel il a toujours appartenu. Ça n'étonnera personne, je pense.
Source : Revenus des grands patrons et Sécurité Sociale
Révision constitutionnelle: «Le Président cherche à augmenter ses pouvoirs en restant incontrôlable»
«Il affirme pourtant sans arrêt qu’il est responsable mais il n’a pas compris ce que cela signifie : être politiquement responsable, c’est pouvoir être révoqué à tout instant quand on ne fait pas ce que le peuple veut.»
Marie-Anne Cohendet, professeur de droit constitutionnel à l'université Paris I
Marie-Anne Cohendet, professeur de droit constitutionnel à l'université Paris I
dans le Contre Journal
Force est de constater que dans l’actuel processus de révision constitutionnelle, les dés ont été pipés, dès le début, par les exigences du Président de la République. En effet, le comité Balladur, en dépit des nombreuses réflexions qu'il a conduites, s’est tout de suite incliné devant la volonté de M. Sarkozy de confier la direction de la politique nationale dans tous les domaines non plus au Premier ministre, mais au Président de la République (par une modification des articles 5, 20 et 21). Heureusement, M. Sarkozy comme M. Fillon ont eu la sagesse de reculer sur ce point. Mais on voit revenir aujourd'hui des dispositions qui modifient l’article 21, et étendent les pouvoirs présidentiels de manière très dangereuse. Dès lors, l’ensemble du projet reste déséquilibré en faveur du Président.
Il faut bien rappeler que le Président, dans la Constitution telle qu’elle a été conçue par le Général de Gaulle, est un surveillant et non un directeur en chef. Tant que ce dernier ne pourra pas être renversé en cours de mandat, il est inadmissible qu’il dirige seul quoi que ce soit. Sa vraie fonction est de vérifier que les pouvoirs publics fonctionnent normalement, conformément à la volonté du peuple et à la Constitution. Il ne doit pas diriger le gouvernement mais veiller à ce qu’il applique bien la politique voulue par le Parlement et par le peuple. C’est seulement lorsqu’il se produit un dérèglement qu’il peut intervenir, par ses pouvoirs propres (dispensés de contreseing). Ainsi, avec la dissolution et le référendum, il peut faire appel aux citoyens. Les gouvernants sont ainsi obligés de respecter la volonté du peuple souverain. La philosophie de Nicolas Sarkozy est tout autre. Il cherche à augmenter ses pouvoirs, en restant toujours irresponsable, c'est-à-dire incontrôlable. Il affirme pourtant sans arrêt qu’il est responsable mais il n’a pas compris ce que cela signifie : être politiquement responsable, c’est pouvoir être révoqué à tout instant quand on ne fait pas ce que le peuple veut.

Presque toutes les modifications qui concernent la défense sont inadmissibles. C’est le retour du vieux mythe du domaine réservé : le Président pourrait diriger seul, ou au moins avoir une prééminence, en matière de défense et de diplomatie. C’est une pure fable du point de vue juridique. Il s’agit seulement d’une pratique, créée par le Général de Gaulle parce qu'elle lui convenait bien.
L’article 8 du projet vise à modifier l’article 21 de la Constitution : on supprimerait la phrase « le Premier ministre est responsable de la défense nationale », que l'on remplacerait par quelques mots plus loin : le Premier ministre « met en oeuvre les décisions prises au titre de l’article 15 en matière de défense nationale ». Ce dernier article dispose que le Président de la République « est le chef des armées ». Un non-juriste - et la majorité des Français - en déduira qu’il n’y a là rien d’anormal, le Président dirigeant déjà la défense. Ce n’est pourtant absolument pas le cas en droit.
Tout d’abord, l’article 15, qui existait déjà presque mot pour mot sous la IVème République, a été créé pour assurer la soumission du pouvoir militaire au pouvoir politique, et non pour affirmer que la prééminence du Président en la matière. Ensuite, concernant la défense, tous les pouvoirs du Président sont aujourd’hui soumis à contreseing. Il ne peut donc faire le moindre acte sans la signature du Premier ministre, qui endosse la responsabilité. Si la décision pose problème politiquement, le Parlement peut renverser le gouvernement et la politique de défense changera totalement.
En pratique, de Gaulle a choisi de diriger lui-même le domaine de la défense, ses successeurs ont fait de même. Ils ont pourtant régulièrement affirmé que ce domaine réservé n’existait pas, jusqu’à M. Sarkozy, qui a dit, pendant la campagne qu’il n’y aurait pas de distinction entre les différents domaines. Cette pratique a été tolérée parce qu’un verrou de sécurité demeure : si jamais le Président impose un peu trop sa volonté, les parlementaires peuvent l’arrêter en renversant le gouvernement. Le Président ne pouvant rien faire sans le Premier ministre, il est coincé. Le chef du Gouvernement peut, au besoin, lui rappeler que c’est lui qui est « responsable de la défense nationale » (art. 21). En période de cohabitation, ce domaine prétendu réservé devient en fait partagé. Il y a une discussion entre le Président et le Premier Ministre, avec une sorte de co-décision.
Cette réforme en matière de défense est tout d’abord profondément incohérente en droit. Ce pouvoir reste en effet soumis à contreseing, il n’y a heureusement pas de révision sur ce point. Juridiquement, ce ne sera donc pas le Président qui dirigera seul la politique de défense, contrairement à ce que laisse entendre le futur article 21. Cela s’oppose d’ailleurs à de nombreux articles, disposant que le Président est un arbitre et un garant (art.5) et qu’il ne peut donc agir en principe qu’avec le contreseing du Premier Ministre (art. 19). En effet, c’est le Gouvernement (art. 20) et non pas le Président, qui « détermine et conduit la politique de la nation », et qui « dispose de la force armée », ce qui est parfaitement normal puisque lui seul est contrôlable en cours de mandat. Cette incohérence s'étend à tous les actes d’application. Le Code Militaire attribue ainsi tous les pouvoirs au Premier Ministre. Seule exception notable, le décret relatif au pouvoir nucléaire datant de 1964, dont la constitutionnalité est pour le moins très douteuse, et qui ne saurait justifier la prééminence du Président. Cette modification de l’article 21 rendrait donc la Constitution gravement incohérente. Mais, plus encore, elle poserait de vrais problèmes sur le plan démocratique.
Plus concrètement, le projet de révision constitutionnelle est très inquiétant, car en matière de défense, les parlementaires se retrouveront dépourvus de tout contrôle. Par exemple, si le Président prend une décision que les parlementaires jugent inacceptable, ils auront beau renverser les gouvernements, le Président pourra leur répondre que le Premier ministre est seulement un exécutant dans ce domaine du fait des nouveaux termes de l’article 21. Le Premier Ministre pourrait refuser de signer les actes présidentiels, mais il risque de se sentir obligé de se soumettre, en raison de ce nouvel article. Ni le peuple ni les parlementaires ne pourront arrêter le Président, sauf à provoquer une crise grave. Les risques d’abus de pouvoirs et de crise institutionnelle (pas seulement en période de cohabitation) sont donc considérablement accrus. C’est très grave au niveau des principes démocratiques, un homme peut décider seul, de faire pratiquement n’importe quoi, pendant cinq ans, dans des domaines absolument cruciaux pour la survie de la nation, sans que personne ne puisse s’y opposer.
D’autant que la responsabilité présidentielle a été réduite par la récente révision de la Constitution. Il ne peut être destitué « qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat » (art. 68 C.). La nouvelle rédaction de l’article 21 sera tellement incohérente qu’il sera difficile de convaincre les parlementaires (ou le peuple) que le Président abuse manifestement de ses pouvoirs en imposant sa politique de défense au Premier ministre et donc au Parlement.Il n’y a pas une démocratie digne de ce nom dans laquelle un chef de l’Etat possède de tels pouvoirs, en matière de défense, sans aucun contrôle et/ou sans limitation par un Parlement vraiment indépendant (Etats-Unis). C’est extrêmement dangereux.
Trois grands arguments sont régulièrement avancés pour justifier cette augmentation des pouvoirs présidentiels. Le premier est que l’on se contenterait de rendre la Constitution conforme à une pratique constante. Nous venons de voir que c’est faux. D’abord parce que cette pratique n’est pas constante mais variable, en fonction des cohabitations notamment. Ensuite et surtout puisque cette révision supprimerait le garde-fou fondamental qui existe aujourd’hui, à savoir le fait que le pouvoir de décision appartient en droit à un organe qui peut être contrôlé et révoqué à tout instant : le Premier ministre. Le deuxième argument est celui de l’élection du Président directement par le peuple. Il serait donc normal qu’il dirige la défense. Dans tous les autres pays de l’U.E., même lorsque le Président est élu directement par le peuple, il n’a jamais le pouvoir de diriger seul la politique, y compris en matière de défense. Certains ont évoqué le Président finlandais : c’est faux, depuis la réforme de 2000, tous ses actes importants sont soumis à contreseing, y compris en matière de défense. Cet argument ne tient donc pas. Un troisième argument, double, est invoqué : le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral. Ces éléments démontreraient la prééminence du Président et justifieraient donc l’augmentation de ses pouvoirs en matière de défense. L’argument du quinquennat ne tient pas. Si on avait voulu réviser la Constitution pour que le Président dirige tout, il aurait fallu soumettre cette proposition au peuple. Ce n’était absolument pas la question posée lors du référendum. Par exemple, j’ai personnellement voté pour le quinquennat, afin d’avoir la possibilité de sanctionner le Président tout les 5 ans, plutôt que tout les 7 ans. Je n’ai jamais eu l’intention que le Président ait plus de pouvoirs. Quant à l’inversion du calendrier, elle pose réellement problème puisqu’elle augmente la soumission des parlementaires envers le Président. Mais c’est une escroquerie intellectuelle de prétendre que cette inversion imposerait, en droit, la prééminence du Président. Il s’agit d’une soumission politique de fait et non pas d’une soumission en droit.
Ainsi, sous couvert d’une simple ratification de la pratique existante, on a un véritable bouleversement de tout l’équilibre des institutions, qui est extrêmement dangereux. On voit d’ailleurs, depuis de nombreuses années, les Présidents de la République avoir une fâcheuse propension à étendre très largement leurs pouvoirs. A l’origine, le domaine réservé sous De Gaulle concernait la défense et la diplomatie. Ensuite, chaque Président a ajouté ce qu’il souhaitait : Valéry Giscard d’Estaing la défense des libertés, Mitterrand la cohésion sociale, Jacques Chirac l’Union Européenne. On assistera au même processus avec la défense. Par un communiqué du 3 janvier 2008, l’Elysée a annoncé la création d’un nouveau Conseil de la Défense et de sécurité nationale. Et cela pour concentrer sous la direction du Président les pouvoirs en matière de défense, de diplomatie, de police et de renseignement. Le Président veut donc étendre son pouvoir à tous ces secteurs absolument cruciaux, bien au-delà de la défense au sens classique. Avant même la réforme, il y a déjà une extension de la notion de défense.
Une autre disposition, en matière de défense, s'avère être un cadeau empoisonné. Elle concerne les interventions des forces armées à l’étranger: le gouvernement aura l’obligation d’en informer le Parlement. Bien que cette obligation soit une évidence – peut-être pas pour tous - c’est une avancée de l’écrire dans la Constitution, puisqu’elle ne pourra plus être contestée. Cependant, il est aussi prévu que le Parlement ne pourra pas voter à l’issue de cette information, ce qui est très choquant. Mais surtout, les parlementaires devront attendre 6 mois pour que le Gouvernement ait l’obligation de leur demander l’autorisation de prolonger cette intervention (art. 13 du projet). En attendant ces 6 mois, le Gouvernement (dirigé en fait par le Président en matière de défense) pourra donc faire ce qu’il veut. C’est complètement inadmissible. Il est indispensable que le Parlement puisse, dès le départ, non seulement être informé, mais aussi débattre et refuser ou autoriser l’action des forces françaises. En effet, l’article 35 de la Constitution (que l’on prétend ainsi réviser) prévoit aujourd’hui que seul le Parlement peut autoriser la déclaration de guerre. De nos jours, dans tous les pays on a une fâcheuse tendance à faire la guerre sans la déclarer. Donc il faut adapter la Constitution à cette évolution des formes de guerre : le Parlement doit rester seul compétent pour autoriser tout engagement des forces françaises à l’étranger. Le projet est vicieux puisqu’il a l’air d’apporter un progrès, qui est réel au regard de la pratique ; mais pas au regard du droit, alors qu’il conduit en même temps à limiter les pouvoirs du Parlement. Si les parlementaires souhaitent, au bout de 15 jours, ou 2 mois, exprimer leur refus d’une politique scandaleuse, le Président pourra tout d’abord répondre que le Premier ministre n’est qu’un exécutant en matière de défense (art. 21 nouveau)- renverser le gouvernement n’y changera rien - et ensuite rétorquer au Parlement qu’il ne peut intervenir qu’au bout de 6 mois. C’est donc inacceptable.
Finalement, Nicolas Sarkozy sera peut-être le grand destructeur du présidentialisme. Il cherche sans cesse des limites, qu’il ne trouve pas. Jamais la concentration des pouvoirs dans les mains du Président n’a atteint un tel degré : les parlementaires, de droite comme de gauche, sont écoeurés. Tout se passe à l’Elysée, même les réunions de l’UMP. Nous n’avions jamais atteint un tel sommet de mépris envers les parlementaires. Si Nicolas Sarkozy continue d’abuser de ses pouvoirs, plus personne ne le supportera. Il va tellement nous montrer les dangers et les écueils de la prééminence présidentielle que toute la classe politique française risque de se retourner contre lui. Ce sont peut-être ses abus de pouvoir qui vont permettre d’assainir notre régime. Il aura rendu un grand service à la Vème République.
Cependant, il est consternant de voir bien souvent s'imposer à gauche une mentalité de résignation et de soumission à la pratique présidentialiste. Elle trouve largement sa source dans la pratique mitterrandienne. Certains pensent que Mitterrand a eu le grand génie d’exercer le pouvoir de manière monarchique, ils se trompent. Au contraire, il a fait de nombreux dégâts au plan constitutionnel. Il avait plutôt raison lorsqu’il dénonçait le coup d’Etat permanent. Il montrait alors les risques du domaine reservé et d’un Président qui décide sans être responsable. Mais les grands admirateurs de Mitterrand n’arrivent pas à reconnaître qu’il a commis des erreurs. Or on peut avoir une vraie démocratie française sans monarchie.
La France est comme les autres pays, ce n’est pas parce que notre histoire est pleine de « Napoléons » que l’on doit se soumettre à la dictature d’un homme à la tête de l’Etat, ou même à une monarchie républicaine de plus en plus absolue. L’histoire a montré où cela pouvait conduire. Dans tous les autres pays de l’U.E., même lorsque le Président est élu par le peuple, c’est le gouvernement qui dirige, parce qu’il est responsable devant le Parlement. Revenons à cette idée du Président « arbitre », qui était celle de De Gaulle à l’origine. Une république efficace et démocratique suppose aussi une pratique plus collégiale du pouvoir. La concentration du pouvoir de décision par un seul homme, c’est dangereux. Nous avons une occasion unique depuis 50 ans de faire une révision de la Constitution qui renforce les droits du Parlement, le Président étant mal placé pour augmenter ses pouvoirs par un référendum. Sachons donc faire le tri dans ce projet de réforme. »
Réalisé par KARL LASKE et CAMILLE STROMBONI, pour le Contre Journal, où je vous engage à vous en aller lire aussi les commentaires : édifiant !
Révision constitutionnelle: «Le Président cherche à augmenter ses pouvoirs en restant incontrôlable»
La France qui travaille plus
Le mensonge sarkoziste
Note liminaire : j'ai commencé à écrire, puis entamé quelques recherches complémentaires sur l'internette... et suis tombé sur un excellent article de Olivier Bonnet. Je me rends à l'évidence : le journalisme est un métier... et c'est avec humilité et reconnaissance que je pompe donc ici intégralement son article, à quelques modifications près (parce que j'ai quelques prétentions que je bride encore difficilement).
"La France ne travaille pas assez ! Il n'y a qu'un moyen de relancer la croissance et d'augmenter le pouvoir d'achat : travailler plus ! Par rapport à nos voisins, nous sommes le pays qui travaille le moins, il faut que ça change !" Voilà le message dont nous rebat les oreilles avec un bel ensemble la majorité présidentielle, à commencer par Sarkozy lui-même. Or c'est grossièrement faux.
Pour remettre les choses à leur place, il suffit de consulter les chiffres 2006 d'Eurostat, le très officiel Office statistique des Communautés européennes, repris sous forme de tableau par l'excellente revue Alternatives économiques :

Ainsi, dans l'ordre croissant en nombre d'heures travaillées par semaine, on trouve d'abord les Pays-Bas puis la Norvège, le Danemark, l'Allemagne, l'Irlande, la Suède, la Belgique, le Royaume-Uni et la Finlande. Vient ensuite la moyenne européenne, à 37,9 heures. Le premier pays à travailler plus que ladite moyenne, de justesse (38h tout rond) est la France. Viennent derrière l'Italie, la Lituanie, le Portugal, l'Espagne, l'Estonie, la Croatie, la Slovénie... Les plus gros travailleurs sont enfin les Bulgares, Lettons, Tchèques et Grecs (42,7 heures). Le tableau ci-dessus concerne la durée hebdomadaire mais on observe la même chose en se basant sur la durée annuelle, qui prend en compte vacances et jours fériés : elle est en France de 1545 heures, contre 1445 en Allemagne, 1499 au Danemark, les Pays-Bas étant le pays où l'on travaille le moins avec 1340 heures.
Merci à Léon Mercadet, journaliste à La matinale de Canal +, d'avoir rétabli les faits dans sa chronique d'hier, titrée La France bosse fort !
La france qui bosse!
envoyé par dagrouik
"Il y a un truc très très frappant, observe notamment Léon Mercadet, c'est que les pays où l'on travaille le moins sont les plus avancés, les plus performants économiquement et socialement". "Ca alors !", s'exclame le présentateur de l'émission, Bruce Toussaint. "A l'inverse, poursuit son chroniqueur, si on va en bas de classement, on s'aperçoit que les cancres sont (...) ceux dont le PIB par habitant est le plus faible. Tout se passe comme si plus on est un pays moderne, plus on est un pays économiquement performant, moins on travaille ! Allez savoir pourquoi, mais moins l'on travaille et plus le PIB par habitant est élevé, c'est comme ça que ça se passe en Europe. Alors quand les ministres et les porte-paroles du gouvernement nous répètent que nous ne travaillons pas assez, je me pose la question : est-ce ignorance ou est-ce mensonge délibéré ? En tout cas, c'est de l'idéologie, ce n'est pas des faits. J'ai quand même l'impression qu'on nous répète ça dans l'espoir qu'un mensonge cent fois répété devienne une vérité. Alors dans quel but cette distorsion des faits ? (...) Il y a une réponse évidente: c'est pour supprimer les 35h. Pourquoi supprimer les 35h ? Parce que c'est la durée légale. Ca veut dire quoi ? C'est le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Donc les Français travaillent déjà plus de 35h - on est à 38 - mais si on fait sauter les 35h, on n'a plus besoin de payer entre 35 et 38 au tarif des heures supplémentaires."
C'était donc lundi matin en clair sur Canal+, entre 7h 10 et 7h 20 : un grand moment de vérité à la télévision, qui laissait éclater en plein jour toute l'imposture de nos gouvernants. Mais rassurez-vous, rien ne changera et cette droite menteuse continuera inlassablement à ressasser l'ineptie que les Français ne travailleraient pas assez. C'est d'ailleurs ce qui ne manqua pas d'arriver dès le lendemain. Malheureusement pour Yves Jego, secrétaire d'Etat à l'Outremer et membre de l'UMP (Un Menteur de Plus) , c'est ce même Léon Mercadet qui se retrouve en face de lui :
les mensonges sur la valeur travail
envoyé par dagrouik
Si on peut même plus mentir tranquille !
On parle de : La France qui travaille plus
Sarkozy et la guerre perdue en Afghanistan
Cette interview de Emmanuel Todd par Marianne2 est une perle : l'homme est intelligent, la pensée est forte, le ton est cinglant et les mots sont justes. Non seulement c'est un régal à lire, mais on en ressort enrichi et convaincu que, finalement, tant qu'il y aura de l'intelligence, il restera de l'espoir. Bref, c'est à une lecture riche et saine que je vous convie. C'est court et ça en vaut la peine...
«Si la France devient le caniche des USA, elle disparaîtra» - Emmanuel Todd
Selon Emmanuel Todd, le renforcement des troupes françaises en Afghanistan est une erreur diplomatique et stratégique, et dessine les contours d'une idéologie extrême-droitière à l'échelle mondiale.
Au Sommet de l'Otan, mercredi 2 avril, George Bush s'est dit «très heureux» du soutien de la France en Afghanistan. Mais la veille, à l'Assemblée, la première grande décision stratégique de Nicolas Sarkozy de renforcer les contingents français engagés dans le conflit afghan mettait le feu aux poudres. Les socialistes, de François Hollande à Lionel Jospin, d'Hubert Vérine à Ségolène Royal, s'opposent unanimement à une politique d'alignement sur les Etats-Unis. Ils mettent en avant l'enlisement du conflit afghan, son coût humain et dénoncent le «tournant atlantiste» de la politique française. Pour l'historien et démographe Emmanuel Todd, les dangers de cette politique sont encore plus graves. L'auteur de Après l'empire juge que cette partie est perdue d'avance et qu'elle participe d'une idéologie extrême-droitière naissante.

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Marianne2.fr : Le renforcement des troupes en Afghanistan vous paraît-il justifié ?
Emmanuel Todd : Je peux tout imaginer de Nicolas Sarkozy, même qu'il ne sache pas où est l'Afghanistan. Mais je ne peux pas imaginer que les gens qui l'entourent ignorent ce que tout le monde anglo-saxon sait, à savoir que cette guerre est perdue.
Pour vous, cette guerre est sans espoir ?
E.Todd : L'organisation sociale des Pachtounes est faite pour la guerre, tout comme celle des clans somaliens : la guerre est l'état normal de ces sociétés, ce n'est donc pas un problème dans la durée. A partir du moment où les belligérants sont alimentés par des fournitures d'armes régulières venant de l'extérieur, il est évident que ces système sociaux vont venir à bout de quelques milliers d'hommes venus de loin et difficilement approvisionnés. On peut se demander, à la limite, si ça va se terminer par un Dien-Bien-Phû ou par un retrait paisible.
Du point de vue du gouvernement, il semble pourtant qu'il y ait des enjeux à ce conflit…
E.Todd : Pourquoi ceux qui nous gouvernent veulent-ils participer à une guerre perdue ? Voilà la vraie question. Et là, comme dans les débats sur la réintégration pleine et entière de la France à l'Otan, on touche au symbolique. Cette manœuvre a pour objectif de réaffirmer un lien avec l'Amérique. Je n'appellerai pas ça du néo-atlantisme. L'atlantisme était le lien de l'Europe occidentale avec les Etats-Unis à une époque où ils portaient les valeurs démocratiques face au totalitarisme soviétique. Ce n'était pas du goût des gaullistes, mais dans le contexte, cela pouvait se justifier. Aujourd'hui, l'Amérique est le pays du fric, du néo-libéralisme et des inégalités. Et ce qui se profile derrière cette nouvelle association, c'est de l'occidentalisme. C'est un lien fondé sur une nouvelle idéologie, une idéologie qui se construit dans le conflit avec l'islamisme.
Mais la France n'a-t-elle pas intérêt, pour des raisons de politique «réaliste», à s'associer avec les Etats-Unis plutôt que de rester repliée sur elle-même ?
E.Todd : La France n'a pas les moyens de s'engager en Afghanistan, c'est déjà un objectif démesuré pour les Etats-Unis. La France est une puissance moyenne et l'Amérique une puissance déclinante. Paris existait terriblement à l'époque de Villepin : après son discours à l'ONU contre l'engagement de la France en Irak, nous rayonnions! Mais sous Nicolas Sarkozy, il arrive à la France ce qui est advenu de l'Angleterre sous Tony Blair : si l'on devient le caniche des Etats-Unis, on disparaît. Si on s'aligne, si on perd son indépendance, on disparaît. De Gaulle l'avait compris : la France n'existe à l'échelle mondiale, ne peut justifier son siège au conseil de sécurité de l'Onu et sa possession de l'arme nucléaire, que lorsqu'elle représente un acteur autonome. Le monde n'a rien à faire de la France de Sarkozy.
La lutte contre le terrorisme légitime aussi l'engagement du gouvernement dans ce conflit.
E.Todd : Les occidentalistes se pensent en situation de légitime défense. Le terrorisme existe, il devrait être contré par le contre-espionnage et par des forces policières, mais sûrement pas par des guerres à l'étranger. La première attaque contre l'Afghanistan était légitime, il s'agissait de déloger Ben Laden ; d'ailleurs, les Russes nous y avaient aidé. Mais l'irakisation de l'Afghanistan participe d'une agression du monde musulman par le monde occidental. L'occidentalisme est une doctrine d'extrême droite en émergence. La France va être du côté du mal : en exposant des troupes françaises et en participant aux bombardements de la population civile afghane. Et, grâce à Sarkozy, nous risquons même ce qu'ont subi la Grande-Bretagne et l'Espagne à la suite de la guerre en Irak.
Vous parlez des attentats de Londres et de Madrid qui ont eu lieu suite à l'engagement de nos voisins en Irak. Mais là, il ne s'agit que d'envoyer quelques centaines d'hommes dans un pays où la France a déjà des troupes…
E.Todd : Mais justement ! Rappeler leur faible nombre, comme le fait le gouvernement, c'est avouer qu'il s'agit bien d'une action symbolique ! Les quelques bateaux qu'on va mettre dans le golfe persique vont faire rire les Iraniens. Mais nous nous positionnons dans une construction idéologique, contre le monde musulman. Cette posture est d'ailleurs très cohérente avec le sarkozysme en politique intérieure.
Vous pensez que Nicolas Sarkozy est dans une logique de guerre avec le monde musulman ?
E.Todd : Ce qui a fait son succès dès le premier tour de l'élection présidentielle, c'est le ralliement d'une partie des électeurs du Front national. Il a pu avoir lieu à cause des émeutes en banlieues, qui ont été un facteur de traumatisme. Mais c'est Sarkozy, ministre de l'Intérieur, qui a provoqué cet évènement. Dans la logique du sarkozysme, il y a la combinaison d'une incapacité à affronter les vrais problèmes et à désigner des boucs émissaires. C'est classique : quand une société est en crise, elle a le choix entre résoudre ses problèmes économiques et ses pathologies sociales, ou créer des bouc-émissaires. Sarkozy recherche toujours un ennemi, il est dans l'agression. Cela s'observe même dans son comportement ordinaire avec les habitants de banlieue ou les marins pêcheurs.
En s'impliquant plus en Afghanistan, la France participe donc à déclencher un clash des civilisations?
E.Todd : L'analyse d'Huntington sur le clash des civilisations est fausse, mais un gouvernement peut essayer de la rendre vraie. Je pense que les gens qui nous gouvernent seront tenus pour responsables de ce qu'ils font. La guerre, c'est la pédagogie du mal. Les peuples en paix pensent sainement. On entre parfois en guerre pour de bonnes raisons, mais peu à peu, on glisse insensiblement dans la violence pour la violence. C'est ce qui aurait pu arriver en Espagne, si les Espagnols avaient mal réagi aux attentats : ils auraient pu s'enfoncer dans le conflit des civilisations. Je crois que cette stratégie conflictuelle va échouer aussi en France. La recherche de bouc-émissaires, l'émergence d'une idéologie islamophobe et hostile aux enfants d'immigrés… ce n'est pas dans la nature de la France. Au final, les Français préfèrent toujours décapiter les nobles que les étrangers.
Jeudi 03 Avril 2008
Anna Borrel

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On parle de : Sarkozy et la guerre perdue en Afghanistan
Education nationale : investir moins pour économiser plus
Le bon grain et la mauvaise graine
Il faut réduire la dette ! L'intention est louable, et l'objectif même impératif. Il n'est cependant pas interdit de remettre en cause la logique purement budgétaire d'un gouvernement qui a donc résolu de faire des économies sur le dos, entre autres, de l'Education Nationale, en supprimant dès cette année de 11 200 postes de professeurs - mais ce n'est qu'un début, le pire restant à venir avec un objectif affiché de 80 000 postes supprimés en 4 ans !
Pour Messieurs Sarkozy et Fillon, les choses sont simples : puisqu'il faut faire des économies, supprimons un maximum de postes d'enseignants dans les collèges et lycées de France, fut-ce au prix d'une dégradation sans précédent des conditions de travail des enseignants comme des élèves, donc de la qualité des enseignements dispensés, et donc des chances de réussite scolaire pour tous les enfants - et en particulier, c'est une évidence, pour les plus fragiles d'entre eux, ceux qui connaissent déjà les plus grandes difficultés. Une logique purement budgétaire au prix d'une insulte à l'avenir du pays, à son économie mais aussi, plus directement, à son intelligence. L'avenir de nos enfants, leurs chances de réussite scolaire, ne sont plus désormais considérés comme un investissement productif de richesses, mais bien comme une variable d'ajustement budgétaire parmi d'autres.
Nous sommes dans la situation aberrante où un agriculteur, contraint de faire des économies, prendrait la décision suicidaire de réduire les semences, se condamnant inévitablement à des récoltes moindres, ce qui aurait pour effet certain d'accroître d'autant ses difficultés financières. Semer, l'agriculteur le sait bien, c'est investir, c'est-à-dire préparer aujourd'hui les richesses de demain. Nos enfants sont les richesses de demain. Les cultiver, c'est-à-dire en l'occurrence les préparer à demain, telle est la mission essentielle de l'école. Il est atterrant de constater à quel point nos gouvernants actuels semblent avoir perdu confiance en nos propres enfants au point de les sacrifier sur l'autel idéologique de l'orthodoxie budgétaire.
Non, pas tous les enfants. Ces responsables politiques, actuellement au pouvoir, ont très clairement choisi de séparer le bon grain... de la mauvaise graine. Le bon grain, ce sont ces enfants qui ont reçu en héritage la chance de pouvoir mener à bien une scolarité quelques soient les conditions d'enseignement qu'ils ont à affronter à l'école, y compris dans des classes surchargées, y compris face à tel ou tel enseignant dont les conditions de travail et le niveau de reconnaissance sociale ne lui permettent plus d'assurer correctement sa mission. D'ailleurs celui-là, cet enfant privilégié, suivra généralement une scolarité dans des établissements successifs situés bien à l'abri des problèmes supplémentaires que posent à un enseignant, et finalement à une classe toute entière, la présence nombreuse d'élèves en très grandes difficultés scolaires et/ou sociales (les deux étant généralement étroitement liés). La mauvaise graine, ce sont tous les autres pour qui la notion d'égalité des chances devient chaque jour davantage, et plus particulièrement chaque fois qu'on décide d'investir moins dans l'école de la République, chaque fois qu'on cesse un peu plus de croire en eux, une notion bien vaine face à des choix politiques qui ne peuvent être vécue autrement que comme un abandon, une exclusion supplémentaire.
Ce gouvernement, fidèle à une idéologie libérale archaïque, a fait le choix économiquement aberrant d'investir moins pour économiser plus, quand au contraire - parce que l'économie a des invariants simples - il est impératif, y compris face à cet objectif majeur de réduction de la dette, d'investir plus aujourd'hui pour gagner plus demain.
On parle de : Education nationale : investir moins pour économiser plus
Ce matin, envie de bouffer du curé !
Du mensonge christique et de la tragique illusion de Dieu
- article repris in extenso de avoodware -
Mercredi 13 janvier au dîner du CRIF auquel il était convié, en déclarant :"Le drame du XXème siècle, de ces millions d'êtres projetés dans la guerre, la famine, la séparation, la déportation et la mort, n'est pas né d'un excès de l'idée de Dieu, mais de sa redoutable absence", Nicolas Sarkozy, décidément tout petit président de la république laïque de France, a franchi les limites de l'acceptable.
Une telle déclaration publique, officielle, est une agression insupportable contre les convictions de tous les athées, ou du moins contre mes convictions philosophiques personnelles - et je vais éviter ici de sombrer d'ores et déjà dans un pseudo communautarisme des sans-dieu.
Disons-le donc tout net, je vis cette dernière éructation présidentielle comme une provocation de trop et une déclaration de guerre, comme un appel à déterrer des armes qui furent enterrées avec le calumet de la paix de la laïcité.
C'est pourquoi je m'autorise à proclamer ici publiquement que le grand drame de l'Histoire des hommes depuis vingt siècles, d'obscurantisme en oppression, de massacre en génocide, de guerre en croisade, de colonisation en esclavagisme, est le fruit du mensonge christique dont le poison est la tragique illusion de Dieu.
Et je me souviens soudain, qu'à la basilique Saint-Jean de Latran à Rome, le 20 décembre dernier, ce même Sarkozy, étriqué et vulgaire avait déclaré que "dans la transmission et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur". Aussi, puisque la guerre est ouverte, j'affirme en retour que les petits enfants deviendraient moins facilement de grands cons si on leur évitait d'avaler toutes les conneries que débitent les curés.
Le 27 septembre 1946, un certain Gilles Colin écrivait dans le Monde Libertaire : "Soit dit en passant, les zélateurs de la religion catholique sont bien obligés d'imputer à leur fétiche tout puissant, Jésus-Christ, la conception et la réalisation des sanguinaires mise en scène que sont les guerres mondiales. Obligés de lui reconnaître une intervention personnelle dans les catastrophes ferroviaires et autres fariboles qui ne constituent pour lui que les plus inoffensifs et dilettantiques passe-temps.". Gilles Colin était alors le pseudonyme d'un certain Georges Brassens, lequel écrivit également ces quelques vers :
Le clergé vit au détriment
Du peuple qu'il vole et qu'il gruge
Et que finalement
Il juge.
(Georges Brassens / 1921-1981 / Opinion)
Mais puisque je donne dans la citation, je vous livre également celle-ci qui me plait beaucoup :
"On sent, je crois, qu'avoir de la religion, pour un enfant, et même pour un homme, c'est suivre celle où il est né. Quelquefois on en ôte ; rarement on y ajoute ; la foi dogmatique est un fruit de l'éducation. Outre ce principe commun qui m'attachait au culte de mes pères, j'avais l'aversion particulière à notre ville pour le catholicisme, qu'on nous donnait pour une affreuse idolâtrie, et dont on nous peignait le clergé sous les plus noires couleurs. Ce sentiment allait si loin chez moi, qu'au commencement je n'entrevoyais jamais le dedans d'une église, je ne rencontrais jamais un prêtre en surplis, je n'entendais jamais la sonnette d'une procession sans un frémissement de terreur et d'effroi, qui me quitta bientôt dans les villes, mais qui souvent m'a repris dans les paroisses de campagne, plus semblables à celles où je l'avais d'abord éprouvé. Il est vrai que cette impression était singulièrement contrastée par le souvenir des caresses que les curés des environs de Genève font volontiers aux enfants de la ville."
(Jean-Jacques Rousseau / 1712-1778 / Les confessions / posthume, 1782)
Mais surtout, pour en revenir à notre petit président qui vomit du Guaino comme un enfant fait sa gastro, parlant d'un "monde sans Dieu, que le nazisme et le communisme ont cherché à bâtir", il semble important de rappeler le rôle plus que trouble et souvent actif qu'ont joué les églises catholiques d'Europe en général, et le Vatican en particulier, aux côtés des nazis allemands, comme d'ailleurs des facistes italiens ou espagnols.
Rappelons par exemple que le pape Pie XII n’a, durant la Seconde Guerre mondiale, jamais condamné la persécution des juifs par les nazis. Et évoquons qu'il n'y a pas si longtemps le directeur israélien du centre Wiesenthal de recherches sur le nazisme a été contraint d'exprimer son regret que le Vatican ne reconnaisse pas que "l'antisémitisme chrétien a conduit à la Shoah". C'était après que dans un texte intitulé "Souvenons-nous : une réflexion sur la Shoah", publié le 18 mars 1998, le Vatican a cherché à nier un lien de cause à effet entre l'antijudaïsme historique des chrétiens et l'antisémitisme des nazis, le Vatican se contentant seulement de déplorer que des chrétiens n'aient pas apporté, à ceux qu'on persécutait, toute l'aide qu'on était en droit d'attendre d'eux, exprimant néanmoins ses "regrets" pour "la méfiance et l'hostilité" dont les juifs ont été victimes de la part des chrétiens et demande pardon "pour les fautes" de ses croyants. C'est dire si le Vatican lui-même va moins loin dans le révisionnisme historique que Nicolas Sarkozy.
Ainsi donc l'Europe aurait des racines chrétiennes, mais pas nos deux guerres mondiales et pas non plus la Shoah. Je crois qu'on voit en cet homme à la pensée étriquée l'exemple même des ravages de la catéchèse sur les enfants de France. Il devient urgent de les en préserver, de les libérer du catéchisme qui les pervertit, urgent qu'à la mission évangélique du christianisme s'oppose la volonté libératrice de la laïcité.
Mais terminons par Voltaire qui disait : "La religion existe depuis que le premier hypocrite a rencontré le premier imbécile !"
permalien de l'article : Du mensonge christique et de la tragique illusion de Dieu
Traque des sans-papiers : Lettre ouverte d'une maîtresse révoltée
S'émouvoir, se révolter et puis agir
Après une information sur la situation de la famille, OQTF (Obligation à Quitter le Territoire Français) prononcée, plus de logement, plus d’école depuis 2 semaines pour Alexandre (3ème) et Gévorg (CP), Laure, la maîtresse de Gévorg à l’école Grangeneuve à crié sa colère, sa détresse et sa révolte :
Je suis la maîtresse de Gevorg, le fils de Karin et Armen, qui est arrivé en CP dans ma classe l’an dernier. Je suis la maîtresse de Gevorg qui a disparu de ma classe vendredi 16 novembre en laissant toutes ses affaires, même ce gros bâton de colle dont il est si fier.
Je suis la maîtresse de Gevorg et d’autres encore dans la même situation, qui voient sa chaise vide tous les jours et qui savent que leur tour peut arriver.
Je suis la maîtresse de 22 enfants de 6 ans qui apprennent qu’en France un enfant peut être obligé de s’enfuir de nuit avec sa famille parce qu’il n’est pas français.
Je suis une maîtresse qui doit enseigner à 22 enfants, qu’on est tous égaux, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, que les lois sont faites pour nous protéger, que c’est ce qu’on appelle les droits de l’homme dont on est si fier en France.
Je suis une maîtresse qui doit arriver à faire comprendre à 22 enfants que l’on doit résoudre les problèmes en s’expliquant, et que lorsqu’on est dans dans son droit on sera écouté et protégé… « parce que c’est ça la justice, hein maîtresse ? »
Je suis la maîtresse d’autres enfants sans papiers qui me regardent faire l’appel sans Gevorg et qui continuent à apprendre à lire dans la langue d’un pays qui ne veut pas d’eux.
Je suis une maîtresse parmi tant d’autres qui devraient tous les jours essayer d’expliquer l’inexplicable, accepter l’inacceptable, et ravaler cette rage et ce dégoût d’être la fonctionnaire d’un Etat qui mène une chasse à l’homme abjecte et dégradante.
Aujourd’hui je voudrais vous faire comprendre à quel point mes collègues et moi-même sommes choqués par ces drames humains, par cette politique de chiffres, de pourcentages et de quotas appliquée à des personnes, des hommes, des femmes et des enfants.
Je voudrais vous faire comprendre à quel point cette souffrance engendrée par cette politique, devient ingérable, insupportable pour nous, comme pour les enfants et les familles concernées. Je voudrais vous dire à quel point nous avons mal devant ces bureaux vides, ces cahiers abandonnés et ces stylos que personne ne vient réclamer.
Je voudrais vous dire à quel point j’ai peur d’arriver en classe et d’avoir perdu Gevorg ou Alexandre ou un autre encore, parce que, non, ce ne sont pas des numéros ou des quotas, mais parce que je les connais, je connais leurs sourires, je connais leurs yeux.
Nous n’en pouvons plus de nous taire et de voir des familles en danger rejetées en toute connaissance de cause ! Nous n’en pouvons plus de nous demander en permanence ce qui va leur arriver là bas !
Nous ne voulons plus être complices de non assistance à personne en danger.
Je voudrais vous faire partager cette réflexion de William Faulkner : « Le suprême degré de la sagesse est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu’on les poursuit. » Alors merci à tous d’être là et de partager le rêve de Karin, Armen, Alexandre Gevorg et Grigory leurs enfants : vivre sereinement auprès de nous, venir chaque matin à l’école, et que ce rêve, avec eux et avec tous ceux qu’on veut chasser hors de notre pays, on ne le perde pas de vue.
Laure Véziant, professeur des écoles à Montélimar
Que faire pour que ça cesse ? Se mobiliser, ensemble. Joindre RESF - il y a une antenne locale proche de chez vous. Signer le manifeste des innombrables - voir ci-dessous. Ouvrir les yeux, s'informer. Ecrire aux autorités, aux préfets, se mobiliser sur chaque cas, exercer une pression citoyenne - l'expérience montre que c'est très utile. Ne pas se résigner, ne pas les abandonner, défendre une certaine idée de la France, c'est-à-dire une certaine idée des Droits de l'Homme, une certaine conception du respect de la dignité humaine, du droit des enfants à ne pas avoir peur, pour leurs parents et pour eux-mêmes, ne pas avoir à se cacher pour grandir ici, c'est-à-dire là où ils sont, dans nos villes et dans nos écoles qui sont aussi bien les leurs. Voter, aussi...
Manifeste des innombrables
Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 30 000 euros.
Article L622-1 CODE DE L’ENTREE ET DU SEJOUR DES ETRANGERS ET DU DROIT D’ASILE
Je déclare comme des milliers d’autres personnes résidant en France avoir soutenu, soutenir actuellement et/ou être prêt à soutenir un jeune majeur scolarisé, un enfant et sa famille, étranger privés du droit au séjour, pour leur permettre de poursuivre leur vie en France dans la dignité.
Au nom de l’Humanité, je continuerai à aider des personnes dites sans-papiers à faire face aux décisions arbitraires et brutales qui brisent leur avenir et violent leurs droits fondamentaux.
Je déclare refuser de me plier à des mesures indignes et inhumaines et agir ainsi, comme d’autres innombrables l’ont fait en d’autres périodes de l’histoire, en accord avec les principes du droit international qui protègent les migrants, les droits de l’enfant et la vie privée et familiale, comme avec les valeurs universelles de fraternité, d’égalité, de liberté et d’accueil dont se réclame notre République.
Je soussigné(e)....
Nom et prénom :
Adresse :
Date :
Signature :
Ce manifeste est à télécharger sur le site RESF, ou à retirer auprès des collectifs RESF locaux, ou simplement à recopier sur une feuille libre. Puis il est à renvoyer, complété et signé à l'adresse suivante :
RESF
c/o EDMP
8 Impasse Crozatier
75012 PARIS
En signant ce manifeste, vous affirmerez un soutien actif à ceux qui sont poursuivis, vous prendrez un engagement personnel qui va bien au-delà d’une simple pétition, vous affirmerez que s’en prendre aux étrangers, c’est s’en prendre à nous mêmes ; que défendre leurs droits, c’est défendre les nôtres !
Réagir, et puis agir. Maintenant.

agissez - prenez contact avec RESF
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Carla Bruni-Sarkozy à L'Express : "Je ferai de mon mieux"
Quand Carla épouse Pétain
La nouvelle première dame de France, Carla Bruni-Sarkozy, a accordé un entretien à son ami Christophe Barbier de L'Express. Elle ne manque pas d'y évoquer la révélation par le site du Nouvel Observateur du SMS envoyé par Nicolas Sarkozy à son ex femme, Cécilia, une semaine avant son mariage avec son ex mannequin, Carla.
Et ce qu'elle dit alors est proprement hallucinant, un argument de comptoir et amalgame nauséabond que Sarkozy lui-même ne renierait pas. Mais lisez plutôt la bêtise du propos : “ A travers son site Internet, Le Nouvel Observateur a fait son entrée dans la presse people. Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de juifs ? ”
En se situant à ce niveau qu'on pourrait qualifier de sub-neuronal, il serait alors possible d'écrire qu'en épousant Nicolas Sarkozy, Carla Bruni est entrée en collaboration avec un régime qui traque et rafle les sans-papiers comme le régime de Vichy collaborait à la déportation des juifs. En quelque sorte, elle aurait aussi bien pu épouser le Maréchal Pétain.
Or, chaque fois que l'on se risque sur ce terrain de l'amalgame, on est déjà dans l'outrance et bien trop loin sur les rives de l'inacceptable. Venue de la première dame de France, cela en devient parfaitement honteux - en plus d'être imbécile. Les excuses qui viennent ensuite ne sont pas recevables, tant il est évident qu'elles étaient incluses dans le plan de communication d'un article qui a été soigneusement soupesé et relu avant sa publication, ainsi que l'ami Christophe Barbier le précise lui-même : "Nous nous sommes vus le mardi 5 février et pratiquement tous les jours de la semaine qui a suivi, pour à chaque fois préciser, compléter, rajouter des questions, retravailler des formulations."
Lamentable, Madame Sarkozy. Vous terminez l'entretien en affirmant que vous souhaitez, dans ce rôle de première dame, faire de votre mieux : vous flirtez d'entrée avec le pire, lamentablement.
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Sarkozy a changé... de promesses
Le pouvoir d'achat des français et le pot de confiture du mensonge
Il y a moins d'un an, Nicolas Sarkozy, imaginant La France d'après, parlait du pouvoir d'achat des français, avec conviction et trémolos dans la voix, comme "une des questions centrales pour la France"... si bien qu'il avait fait de cette question l'axe majeur de sa campagne électorale, allant jusqu'à proclamer partout son engagement de devenir "le président du pouvoir d'achat.
Aujourd'hui, ce même Nicolas Sarkozy, devenu donc président de la France d'après, se déclare impuissant et relativise l'importance de la question.
Mais jugez plutôt :
Notons qu'il s'est permis d'ajouter : «L'authenticité se lit sur mon visage (...) personne ne m'a pris le doigt dans le pot de confiture du mensonge». Soit je ne sais pas lire, soit c'est lui qui ne sait pas écrire sur son visage - et il est vrai que ce n'est pas facile, quand on habite soi-même dans ledit pot de confiture. Bon, en effet, accordons-lui que le doigt, non :

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Projet de loi relatif à la "rétention de sûreté"
De la dangerosité de Nicolas Sarkozy et de sa destitution de sûreté
Le premier texte de l'année 2008, examiné à partir de mardi par des députés, sera le controversé projet de loi sur le jugement des malades mentaux et sur la rétention d'auteurs de crimes sur mineurs de 15 ans ou moins, jugés dangereux au terme de leur peine de quinze ans ou plus.
Deux volets d'un même texte écrit à l'automne à la suite de deux faits divers. L'objectif de la première partie du projet de loi est de retenir dans des "centres socio-médico-judiciaires fermés" les auteurs de crimes contre des mineurs de 15 ans ou moins (viol, actes de barbarie, meurtre, assassinat) présentant des risques de dangerosité et de récidive.
Cette mesure ne devrait s'appliquer qu'aux personnes condamnées après l'entrée en vigueur de la loi, ne sera applicable que d'ici quinze ans et concernerait entre dix et vingt détenus par an. De source gouvernementale, on indiquait lundi que la Chancellerie pourrait toutefois déposer un amendement prévoyant d'élargir cette mesure aux auteurs de crimes multiples qui purgent actuellement leur peine. Le député UMP Georges Fenech, rapporteur de ce texte, a aussi déposé un amendement pour étendre cette mesure aux auteurs de crimes commis sur mineurs, quel que soit leur âge.
Le projet de loi prévoit que deux ans avant sa sortie de prison, un condamné serait soumis à une expertise médicale et psychologique. Un an plus tard, sa dangerosité serait évaluée par une commission, la décision de placement dans un centre fermé revenant à une commission régionale, décision renouvelable tous les ans.
"Une nouvelle fois, la seule réponse apportée par le garde des Sceaux aux problèmes posés par la récidive est la prolongation de l'enfermement sans limitation de durée", note le Syndicat de la magistrature dans ses observations écrites sur ce projet de loi. "Il s'agit d'un changement radical de notre droit et d'une dérive que je ne peux en effet que critiquer. Tout notre système judiciaire repose aujourd'hui sur un principe simple : il n'y a pas de prison sans infraction", a déclaré sur RTL l'ancien ministre de la Justice Robert Badinter, aujourd'hui sénateur PS des Hauts-de-Seine et auteur d'une excellente tribune dans Le Monde sur la prison après la peine. "Ca ne s'arrêtera pas aux pédophiles récidivistes, ça s'étendra à tous ceux qu'on appelle des criminels dangereux", a-t-il pronostiqué.
D'ailleurs, comme pour donner raison au très sage Robert Badinter, Philippe Schmitt, père de la jeune femme tuée en novembre dernier sur la ligne D du RER, a estimé pour sa part que ce texte n'allait pas assez loin : "Les autres récidivistes, ceux qui ont agressé des filles ou des femmes de 16 ans, de 20 ans, de 40 ans, ne sont pas concernés", a-t-il dit, regrettant que ce texte ne puisse s'appliquer aux "Guy Georges et autres" qui seront encore "relâchés dans la nature".
De nombreuses organisations politiques, syndicales et associatives et des membres de la société civile se mobilisent depuis plusieurs semaines contre ce projet de loi attentoires aux libertés et contraire aux principes fondamentaux de notre Droit pénal. Un appel à signature en ligne et un argumentaire sont disponibles sur le site contrelaretentiondesurete.fr.
Cependant, tout bien réfléchi, cette mobilisation est peut-être un peu prématurée. Car, puisqu'on semble ne plus en être à un principe près, l'occasion semble assez belle de fouler aux pieds celui de souveraineté populaire, cette foutaise démocratique. Posons donc qu'un président de la République soit contraint de se soumettre, disons au terme de la première année de son mandat, à une expertise psychologique visant à évaluer sa dangerosité politique aux regards d'un certain nombre de critères républicains et pouvant, en cas donc de dangerosité avérée, conduire à une décision de destitution... de sûreté.
La question devient alors : Nicolas Sarkozy est-il dangereux pour la démocratie ?...
... Hmmm, finalement, il est peut-être possible de vous souhaiter à tous, fidèles - et moins fidèles - lecteurs de sarkononmerci, UNE EXCELLENTE ANNEE 2008 !
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Répression partout, Injustice sociale
Emeutes à Villiers-le-Bel :
l'échec flagrant d'une politique de droite
Il y a deux ans, le 23 novembre 2005 et après trois semaines d'émeutes dans toute la Franc, un rapport de synthèse est rédigé par les Renseignements Généraux - rapport publié intégralement par le journaliste David Dufresne dans son ouvrage "Maintien de l'ordre, enquête", publié chez Hachette littérature. En conclusion, le rapport des RG indique qu'"il est à craindre désormais que tout nouvel incident fortuit (décès d'un jeune d'un quartier) ne provoque une nouvelle flambée de violences généralisées."
Deux ans ont passé, deux jeunes hommes sont tués à Villiers-le-Bel alors que leur mini-moto s'est encastrée dans un véhicule de police et personne n'est surpris d'assister à une nouvelle poussée de violence émeutière, ni même de constater qu'un palier supplémentaire semble avoir été franchi dans cette violence : des coups de feu sont tirés contre les forces de police, laquelle parle d'un "climat quasi-insurrectionnel" dirigé "contre les institutions de la République" .
On peut sans risque parier que notre Petit Président va s'empresser de revêtir son costume de Margaret Karsher et multiplier les déclarations tonitruantes et les rodomontades, pour opposer comme à son habitude à la crise son habileté de communicant. Il va jouer de la fibre compassionnelle auprès des victimes, parler rétablissement de l'ordre républicain et justice implacable, se montrer beaucoup, être partout, parler beaucoup, occuper tout l'espace médiatique et annoncer très probablement un Plan Marshall pour les Banlieues.
Il ne peut pourtant faire oublier que cette nouvelle flambée de violences généralisées, annoncée depuis deux ans par tous les observateurs et acteurs du terrain - associations et acteurs sociaux, policiers et élus locaux - n'est rien d'autre que le résultat de sa politique, celle qu'il a portée en tant que Ministre de l'Intérieur, celle qu'il a soutenue en tant que Président de l'UMP, celle qu'il a promise en tant que candidat à la présidence de la République et celle qu'il poursuit envers et contre tous en tant que Président de la République : une politique de compassion et de communication, une politique de répression et d'abandon, une politique d'inspiration libérale tournée vers les couches sociales les plus favorisées, une politique de droite... et qui a lamentablement et dramatiquement échouée.
Mais elle a échoué parce qu'elle n'a rien tenté, parce que l'objectif de la politique de Sarkozy n'est pas la justice sociale, elle n'est pas même d'apaiser les tensions issues d'injustices sociales qui ne font qu'aller s'accroissant. Il s'agit au contraire de les exacerber et de provoquer l'émotion dans la population des classes moyennes, peur et colère, pour s'en assurer le soutien. Il s'agit in fine d'établir une République de la loi du plus fort en exaspérant la désespérance des plus faibles. Il s'agit d'organiser et de circonscrire le chaos, et brandir la menace de sa généralisation, pour obtenir de la masse silencieuse un soutien résigné, poings serrés et têtes basses, à une politique économique qui favorise les nantis, distribue de rares miettes aux petites gens et abandonne à leur misère... les miséreux.
La révolte et les violences ne sont que la résultante ultime de cette politique-là qui coupe les crédits aux associations de terrains, qui méprise les acteurs sociaux, qui éloigne les services publics des zones dites sensibles, qui diminue les effectifs d'enseignants dans les écoles, qui supprime la police de proximité, qui se préoccupe d'abord du pouvoir d'achat des plus riches, qui préfère chasser le sans-papier plutôt que le trafiquant de drogue - et je ne parle pas du petit dealer -, qui choisit la communication plutôt que l'action. Bref, une politique qui privilégie la répression et ignore la prévention, une politique qui parle de maintien de l'ordre et qui en réalité organise le désordre, afin de mieux le brandir comme une menace sous le nez des "braves gens" qu'on pousse à craindre que leur soit arraché le peu qu'ils ont et oublier de réclamer pour eux-mêmes ce qu'on accorde à ceux qui ont déjà beaucoup.
lire aussi : Constat accablant à propos des rapports police-population dans le "9.3"
lire aussi : Sarkozy : le bilan terrible de la répression généralisée, où l'on écrivait déjà, entre autres choses :
Soyons clair, il est parfaitement inadmissible de s'en prendre avec violence aux forces de police ou de casser des vitrines, et si le rôle d'un ministre de l'Intérieur est de faire en sorte de mettre les forces de l'ordre en situation de mettre fin à de tels agissements lorsqu'ils se produisent, et d'en arrêter les auteurs afin de permettre à la Justice de les juger, son rôle est aussi - et d'abord ! - de faire en sorte que de tels agissements ne se produisent pas. Il ne s'agit pas uniquement de rétablir l'ordre, mais de faire en sorte qu'il puisse se maintenir et perdurer. Il s'agit d'apaiser les tensions plutôt que de les exacerber. Or provocations, injustices, restrictions des libertés et soupçon généralisé ont été les instruments de la politique exclusivement répressive de Nicolas Sarkozy. Or provocations, injustices, restrictions des libertés et soupçon généralisé sont sources de tensions et de colères, en particulier parmi des populations qui vivent déjà l'exclusion sociale - car les exclure en sus de la citoyenneté est alors rajouter de l'injustice à l'injustice et fait nécessairement bouillir la marmite de la révolte. Et quand la révolte est le fruit d'une politique révoltante, le responsable de la révolte est l'instigateur et le grand ordonnateur de ladite politique.
Aux juges donc de sanctionner les auteurs des troubles à l'ordre public, aux électeurs de sanctionner le fauteur de troubles et de l'empêcher de conduire plus avant son entreprise de démolition du ciment républicain. Car comment imaginer aujourd'hui que, s'il devait se poursuivre cinq autres années, ce face à face entre Nicolas Sarkozy et une population qu'il n'a de cesse de stigmatiser et de provoquer ne puisse à terme trouver issue dans un dramatique embrasement ?
Malheureusement, la question reste posée. Malheureusement, Nicolas Sarkozy poursuivra dans la voie politique de la casse sociale et du désordre républicain, qu'il organise au seul profit des classes dirigeantes dont il est le bras armé.
et puis, et puis, une vidéo-amateur contredit la version de la police sur l'accident de Villiers-le-Bel ... qui prend un certain relief avec émeutes de banlieue : des JT à mémoire variable .
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Quand Sarkozy s'en prend à l'héritage de Mai 68
Une haine qui remonte à l'adolescence d'un homme
Pour Nicolas Sarkozy, Mai 68 est responsable de tout : du dénigrement de l'identité, du communautarisme, de la faillite de l'école, du cynisme des capitalistes et même des parachutes dorés ! De la campagne qui s'achève, Sarkozy dit carrément : «Ce fut une campagne aux prises avec une crise morale comme la France n'en a peut-être jamais connu, sauf peut-être au temps de Jeanne d'Arc.» Le candidat de l'UMP tonne : «Les héritiers de Mai 68 avaient imposé l'idée que tout se valait, qu'il n'y avait donc désormais aucune différence entre le bien et le mal, aucune différence entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire que l'élève valait le maître [...], que la victime comptait moins que le délinquant.» «Il n'y avait plus de valeurs, plus de hiérarchie», lance-t-il, dénonçant la «gauche, héritière de Mai 68 [...]. Dans cette élection, il s'agit de savoir si l'héritage de Mai 68 doit être perpétué, ou s'il doit être liquidé une bonne fois pour toutes».
Ségolène Royal a aussitôt, et avec raison, dénoncé la violence du propos. «Lorsque j’entends Nicolas Sarkozy, dit-elle, dire qu’il faut liquider « mai 68 », je pense que c’est un vocabulaire très violent, et lui qui découvre, en fin de campagne, les ouvriers avec les caméras, il devrait se souvenir que mai 68, c’est aussi 11 millions de gréviste qui ont obtenu les Accords de Grenelle, qui ont obtenu la section syndicale d’entreprise, qui ont obtenu la revalorisation de leurs salaires et en revalorisant les bas salaires, la France a été débloquée et la croissance a repris. Mai 68 c’est aussi le droit des femmes à accéder à la contraception, mai 68 c’est un vent de liberté contre une société qui était totalement verrouillée. Alors, bien sûr, il y a eu quelques excès, comme dans toutes les périodes tourmentées, mais on en est loin aujourd’hui», précisant également que «tous les excès qui ont pu avoir lieu en mai 68 ont été aussi des formidables avancées par rapport aux conquêtes de liberté, d’autonomie, d’égalité hommes/femmes, de droit syndical, je le redisais à l’instant, et en même temps, aujourd’hui, les choses ont été recadrées».
Le pédagogue Philippe Meirieu a pour sa part estimé que les propos de Nicolas Sarkozy sur mai 68 relevaient d'un retour à "l'autoritarisme" prôné par Pétain, critiquant la vision "infantilisante" de l'école par le candidat UMP. M. Sarkozy avait estimé dimanche lors de son meeting à Bercy (Paris) que mai 68 avait "liquidé l'école de Jules Ferry", et "imposé le relativisme intellectuel et moral". "Ce que Nicolas Sarkozy dit sur l'autorité ressemble au discours de Pétain, avec un retour à l'autoritarisme, à une forme d'obéissance arbitraire fondée sur la force et non sur la compétence", a estimé le fondateur des IUFM (instituts de formation de maîtres). "C'est une vision infantilisante de l'école", a-t-il déploré. "Liquider mai 68, c'est un recul inquiétant de la démocratie: c'est mettre une place un dispositif dans lequel l'autorité ne se discute pas, or l'autorité démocratique, par essence, se discute", a-t-il estimé. "Il y a eu des excès libertaire en mai 1968, mais ils ont très vite été cadrés, on est revenus aux notes depuis des dizaines d'années, et il n'y a jamais eu autant de sanctions, autant de conseil de discipline qu'actuellement, sans que cela ne fasse baisser la violence scolaire d'ailleurs", a-t-il ajouté. "Ce qui a fait l'enfant roi, ce n'est pas mai 1968, ce sont les médias et la publicité, qui exaltent les caprices de l'enfant consommateur", a-t-il conclu, exhortant le candidat à s'attaquer au "crétinisme intellectuel" que promeuvent les médias et les multinationales.
Tout cela est évident. Mais plus intéressant encore que ces mises au point est le motif de la violence de cette charge de la part d'un candidat qui fait ainsi peser la responsabilité de tous nos maux sur un événement qui remonte à près de quarante ans, alors même qu'il ne cesse lui-même de se décharger de sa propre responsabilité dans une situation économique et sociale qu'en tant que chef du parti de la majorité et ministre de l'Intérieur - mais aussi de l'Economie et des Finances - il a durant cinq années contribué à significativement aggraver. L'explication est plutôt simple et il s'agit encore une fois de revanche. Il s'agit encore une fois pour cet homme de faire de la politique en réponse à ses propres névroses. En 1968, Nicolas Sarkozy était un tout jeune adolescent cloîtré entre les murs bourgeois de son XVIIème arrondissement parisien où on l'imagine aisément fulminer de ne pouvoir "moralement" participer à l'ébullition d'une jeunesse dont il se sent exclu comme de par sa naissance - génétiquement ? Car il s'agit en mai 68 de politique, mais également de libération sexuelle, et ça pour un adolescent scolarisé au lycée privé Saint-Louis de Monceau et élevé dans un catholicisme moralisateur et rigoriste, où par exemple le sexe est tabou et l'onanisme un péché mortel, c'est sans aucun doute insupportable. On peut comprendre la fêlure qui s'est alors créé dans le petit coeur du petit Nicolas, mais le passage à l'âge adulte signifie d'avoir été capable de surmonter les traumas de l'enfance, de les avoir intégré et d'avoir appris à les vivre. Cette hargne qui ronge encore Nicolas Sarkozy illustre comme ses déchirures sont encore béantes et comme il reste habité par ce besoin de revanche qui finalement demeure son principal moteur. Comment faire confiance à un homme à ce point dévoré par ses névroses ? Comment envisager de lui remettre le pouvoir et les responsabilités qui accompagnent ce pouvoir ? Tout pouvoir est assorti de sa contestation, mais comment réagira-t-il face à tous ceux qui, en France ou sur la scène internationale, viendraient lui contester son pouvoir, ce jouet qu'il serait enfin parvenu à conquérir ? Car une chose est certaine, c'est que la revanche n'efface pas le mal qu'on a ou croit avoir subi. Une fois Président, la plaie ne se trouvera pas miraculeusement cicatrisée et la rage du petit Sarkozy n'en sera qu'exacerbée. Il lui faudra alors nourrir d'autres mets à son appétit de revanche... N'est-ce pas toujours de ce bois revanchard dont sont fait les dictateurs ? Ne vaudrait-il pas mieux qu'il s'allonge sur un divan plutôt que de grimper sur ce trône qu'il convoite depuis si longtemps et duquel il ne pourra contempler que son grand vide intérieur ?
On parle de : Quand Sarkozy s'en prend à l'héritage de Mai 68
Affaires Européennes et Internationales : Sarkozy l'incompétent
Les dangers de l'incompétence
On aura remarqué que tout au long de cette campagne électorale Nicolas Sarkozy a largement fait l'impasse sur les questions internationales, sinon pour faire des généralités en forme de lieux communs, et quand certains se sont permis de l'interroger un peu plus précisément, il s'est alors fourvoyé dans de dangereuses déclarations. Petite revue de détail :
L'Iran et le nucléaire : lorsque l'on demande à Nicolas Sarkozy si une solution militaire qui serait préconisée par ses amis américains pouvait éventuellement avoir ses faveurs, il répond sans nuance qu'il n'en est pas question en regard de l'échec de l'intervention en Irak, là où Ségolène Royal se montre bien plus subtile en expliquant qu'il est impératif que l'Iran ne puisse se doter de l'arme nucléaire, que la diplomatie doit pour parvenir à ce résultat jouer tout son rôle, que la dissuasion et le rapport de force est un élément important de cette diplomatie, que l'éventualité d'un recours à la force armée est un élément de la dissuasion, qu'il serait aujourd'hui diplomatiquement contre-productif de se priver de ce qui est un moyen de pression, qu'il s'agit de faire tout pour éviter l'escalade et qu'en tout état de cause ce ne sont pas les américains qui doivent seuls se charger de cette question et qu'il faut s'en remettre à la communauté internationale et plus particulièrement à l'ONU. On notera en passant que le seul soutien de Nicolas Sarkozy sur la scène internationale, M. Berlusconi, a soutenu l'intervention militaire américaine en Irak.
L'Afghanistan et les otages : lorsque l'on demande à Nicolas Sarkozy son opinion quant à la présence des troupes françaises en Afghanistan, Nicolas Sarkozy répond qu'elle n'a pas vocation à se pérenniser - ce qui est une évidence -, prenant le risque par une telle déclaration de donner raison aux talibans qui retenaient en otage, au moment de cette déclaration du candidat de l'UMP, deux français et leurs trois chauffeurs afghans, et dont la revendication est précisément liée à la présence militaire française sur le sol afghan. Pour sa part, Ségolène Royal a rappelé que du fait de l'existence de ces otages, il n'était pas opportuns de s'étendre publiquement sur un tel sujet alors même que l'on sait que la prise d'otages est étroitement liée à la période électorale de laquelle les talibans espèrent bien tirer un profit, et que l'on sait aussi que chaque fois que l'on donne publiquement le sentiment de céder aux preneurs d'otages, on les encourage pour l'avenir à renouveler ce type d'action. On voit là encore de quel côté se trouve la compétence et la subtilité diplomatique.
Le Darfour et la Chine : lorsque Nicolas Sarkozy est interrogé sur la question du Darfour, il évoque la nécessité d'ouvrir un corridor humanitaire et s'en tient à cela. Ségolène Royal, quant à elle, va au-delà en invoquant la nécessité de mettre fin au conflit lui-même et donc la nécessaire pression diplomatique qu'il faut faire peser sur la Chine dont on sait l'implication dans le drame qui se joue dans cette partie du monde. Elle évoque en particulier l'éventualité d'une menace de boycott des jeux olympiques de Pékin comme moyen de pression sur les autorités chinoises par la communauté internationale. En résumé, quand l'un se contente de panser des plaies, l'autre refuse l'impuissance et ouvre des portes vers un règlement du conflit et la fin des exactions sur les populations.
Europe et Turquie : Nicolas Sarkozy se déclare opposé à l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne en renvoyant ce pays à son appartenance à l'Asie Mineure. Non seulement, cela piétine les engagements de la France, à travers l'Europe, vis à vis de la Turquie, mais cela démontre une méconnaissance absolue de l'histoire de la civilisation européenne dont la Turquie est, avec Rome, le berceau. Ségolène Royal se contente de rappeler que pour l'heure la question n'est pas d'actualité, que le chemin est encore long - au-delà d'une dizaine d'année - avant que la Turquie ne puisse être en mesure de satisfaire aux critères d'entrée dans l'UE, notamment pour ce qui concerne la démocratie et les droits de l'Homme. L'heure est à la création de partenariats privilégiés permettant à la Turquie de s'arrimer à l'Europe et d'éviter de voir ce grand pays laïc repoussé vers l'islamisme.
Europe et Allemagne : Depuis cinquante ans, la politique française sur la scène européenne repose sur le postulat de la réconciliation avec l'Allemagne et la consolidation du couple franco-allemand comme pilier de la construction de l'Europe politique. Nicolas Sarkozy est parvenu à la prouesse de mettre en danger cinquante années de rapprochement des peuples en une phrase assassine et irresponsable : "La France n'a jamais commis de génocide. Ce n'est tout de même pas la France qui a inventé la solution finale. C'est-à-dire que dans sa volonté acharné de grandir la France et d'exalter un sentiment national, M. Sarkozy ne trouve rien de mieux que de laisser entendre que l'Allemagne posséderait en elle le germe du nazisme - un génétisme propre au peuple allemand, sans doute. On imagine comme les allemands ont apprécié. La presse allemande a réagi très fortement, ce dont Nicolas Sarkozy n'a cure tant son atlantisme l'incline davantage à se tourner ver la Grande Bretagne et les Etats-Unis - ce qui se ferait bien évidemment au détriment de la construction européenne.
Europe et les français : Les français ont repoussé par référendum le projet de traité Constitutionnel Européen. Pour Nicolas Sarkozy, ce n'est pas un problème, il suffira de ne plus leur demander leur avis et de soumettre au parlement un traité allégé. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy est très clair à ce sujet, dès lors que les français l'auraient élu, il deviendrait tout à fait superflu de recourir au référendum : "Si je suis élu (...) est-ce que vous croyez que je pourrai dire au pays (...) "j'ai encore besoin d'avoir votre opinion" ? Après les législatives, il sera largement temps qu'on se mette au travail", a-t-il déclarer sur France 2, ajoutant que selon lui "on peut s'interroger sur l'utilité du recours au référendum". En bref, si le peuple veut parler, c'est le 6 mai. Ensuite, la démocratie aura passé. A bon entendeur...
On parle de : Affaires Européennes et Internationales : Sarkozy l'incompétent
Les germes du totalitarisme
Quand Sarkozy place l'Etat nation au-dessus de la République
"Vive la République et, par dessus tout, Vive la France !". C'est ainsi que Nicolas Sarkozy a conclu son allocution hier soir. Cette proclamation de la supériorité de l'idée de l'Etat nation sur celle de République est tout sauf anodine. A elle seule, elle met en évidence le peu de conscience républicaine d'un candidat à la présidence de la... République et, de fait, le danger que représenterait pour la République une élection du candidat de l'UMP.
Rappelons qu'une république est une forme de gouvernement d'un Etat ou d'un pays dont la souveraineté est détenue par le consentement populaire et dans lequel le chef d'Etat est élu par le peuple. Rappelons aussi que la République Française est le nom officiel de la France, de son Etat et de son régime politique. Elle est l'héritage de la révolution française depuis la proclamation de la première République en 1792. Rappelons enfin qu'il n'y eut depuis lors que trois périodes durant laquelle la France cessa d'être une République :
- entre 1799 et 1848 : après le coup d'Etat du 18 brumaire, Napoléon Bonaparte devint Premier Consul, puis Empereur, avant que ne soit restaurée la Monarchie :
- entre 1852 et 1870 : après le coup d'Etat du 2 décembre 1851, Louis-Napoleon Bonaparte instaura le 2nd Empire ;
- entre 1940 et 1945 : sous le régime de Vichy du Maréchal Pétain, la France abandonna le terme de République française en faveur de celui d'Etat français. Les instances politiques mises en place par Charles de Gaulle à Alger ont rétabli l'emploi du siggle "RF" et son comité Français de Libération Nationale a pris en juin 1944 le nom de "Gouvernement provisoire de la République Française".
En plaçant la France en tant que telle au-dessus de la République, Nicolas Sarkozy ne peut mieux laisser entendre que d'avantage que Président de la République, il aspire avant tout à devenir chef de l'Etat - monarque, empereur ou petit père de la Nation, cela reste encore à voir, mais l'on comprend qu'au gré des circonstances et des crises, il saurait faire son choix, fût-ce au détriment de la République, c'est-à-dire de ce consentement populaire souverain.
On ne dit pas ici que Nicolas Sarkozy aspire à la dictature, il saurait évidemment se contenter d'être président de la République. On prétend que ce sont les crises et la fragilité des convictions républicaines d'un dirigeant politique qui portent en elles les germes de la dictature, ou du moins de l'abus de pouvoir jusqu'à sa confiscation. On dit ici que la conscience républicaine d'un Sarkozy pourrait rapidement se trouver balayée par le souffle des évènements (révolte des quartiers difficiles, terrorisme international...). On dit qu'un homme qui s'est montré prêt à tout pour parvenir au pouvoir pourrait bien céder sur les principes républicains pour le conserver, au détriment du peuple et de sa souveraineté.
Quand on ajoute à cela son flirt outrancier avec l'extrême droite, sa propension à la démagogie et au populisme, son penchant pour la stigmatisation et les amalgames, sa vision communautariste de la Nation, sa conception des libertés individuelles en général et de la liberté de la presse en particulier, son instabilité mentale, sa tendance à l'emportement et ses affinités avec les thèses eugénistes, on se dit que beaucoup trop d'éléments sont réunis en un seul et même homme pour ne pas craindre ce qui, les circonstances faisant office de catalyseur, pourrait advenir s'il venait à obtenir ce pouvoir qu'il ambitionne, et ce avec tant de détermination qu'elle semble parfois confiner à l'obsession.
L'évidence est qu'il existe un faisceau de présomptions dont chacune recèle en elle-même le risque d'une dérive vers une forme de dictature. Et si le pire n'est jamais certain, l'Histoire mondiale est là pour rappeler à nos mémoires qu'il est des risques qu'un peuple ne devrait jamais prendre. Le 6 mai, quoi qu'on en dise, c'est aussi de cela qu'il s'agit et les français, quelles que soient par ailleurs leurs inclinations politiques, auraient grand tort de balayer d'un revers de main les doutes que l'on peut raisonnablement nourrir quant à la capacité de Nicolas Sarkozy à être le garant inflexible de nos institutions républicaines et démocratiques.

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On parle de : Les germes du totalitarisme
Télé Libre ou Télé Sarkozy
Faites votre choix... tant que c'est encore possible
Nicolas Sarkozy s'est rendu en banlieue, vendredi 13 avril dans la région de Meaux. Les grands médias - mais pas seulement - avait été soigneusement tenu à l'écart de cet "événement". Seules étaient présentes, NSTV - la télévision officielle du candidat Sarkozy, que John Paul Lepers qualifie de Télé Ceaucescu dans son blog - et Allan Rothschild avec une équipe de latelelibre.fr.
Ci-dessous, les deux reportages, deux visions forcément subjectives d'un même évènement, l'un peut-être plus professionnel que l'autre, car plus irrespectueuse, l'autre peut-être plus servile, moins au service de "la vérité", et plus brejnevienne en effet... Mais à vous de juger, et c'est heureux de pouvoir encore bénéficier d'une certaine pluralité (remercions d'ailleurs à ce titre le travail qu'a effectué latelelibre.fr au cours de ces quelques semaines de campagne, ce travail que d'autres se sont bien gardés de faire, cette presse aux ordres dont nous avons déjà parlé ) :
NSTV ou Télé Ceaucescu
latelelibre.fr
On sait ce qu'il en est de la conception sarkozienne de la pluralité de la presse. A l'heure du choix - dans cinq petits jour maintenant - il faudra aussi se souvenir de cela.
Interlude culturel
……Lucius Catilina, issu d'une noble famille, avait une grande force d'esprit et de corps, mais un naturel méchant et pervers. Dès son adolescence, les guerres intestines, les meurtres, les rapines, les émotions populaires, charmaient son âme, et tels furent les exercices de sa jeunesse. D'une constitution à supporter la faim, le froid, les veilles, au delà de ce qu'on pourrait croire ; esprit audacieux, rusé, fécond en ressources, capable de tout feindre et de tout dissimuler ; convoiteux du bien d'autrui, prodigue du sien, fougueux dans ses passions, il avait assez d'éloquence, de jugement fort peu : son esprit exalté méditait incessamment des projets démesurés, chimériques, impossibles. On l'avait vu, depuis la dictature de L. Sylla, se livrer tout entier à l'ambition de s'emparer du pouvoir : quant au choix des moyens, pourvu qu'il régnât seul, il ne s'en souciait guère. Cet esprit farouche était chaque jour plus tourmenté par l'embarras de ses affaires domestiques et par la conscience de ses crimes : double effet toujours plus marqué des désordres dont je viens de parler. Enfin il trouva un encouragement dans les mœurs dépravées d'une ville travaillée de deux vices, les pires en sens contraire, le luxe et l'avarice.....
Extrait de La Conjuration de Catilina de Salluste - merci à @cfhpatrice du tontonblog
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Sarkozy, candidat génétiquement inéligible
Dans le cerveau de Nicolas Sarkozy
Lors d'un entretien avec le philosophe Michel Onfray, Nicolas Sarkozy s'est laissé aller à commettre la déclaration suivante : "J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a mille deux cents ou mille trois cents jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense."
Avant d'aller au fond des choses, il est intéressant de noter cette faculté de Nicolas Sarkozy à enchaîner les mots plus vite qu'il n'est capable de penser, avançant au gré d'amalgames improbables. Ainsi en cinq phrases, il sera passé d'une question qui concerne la pédophilie en tant que pathologie qu'on ne sait soigner au cancer des fumeurs, tout en ayant fait un crochet par le taux de suicide chez les jeunes. Et chacun de ces trois thèmes particulièrement sensibles et complexes aura été traité par Monsieur J'ai-réponse-à-tout-sans-réfléchir en moins d'une phrase et demi et autant de formules lapidaires et définitives. Même accoudé à un comptoir en zinc, on a du mal à faire aussi expéditif. Nuancer son propos, douter une demi-seconde, s'informer ? Vous plaisantez ! Qui a le temps pour de telles fadaises ?
Et puis encore, avant de commenter cette prise de position particulièrement révélatrice, il faut ici également se souvenir de ce projet de plan de prévention de la délinquance élaboré par le même Nicolas Sarkozy qui prônait, notamment, une détection très précoce des « troubles comportementaux » chez l’enfant, censés annoncer un parcours vers la délinquance - lire à ce sujet : pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans.
Ainsi donc, le déterminisme génétique - on naît pédophile, on naît délinquant, on naît adolescent suicidaire... - est le credo de M. Sarkozy, reprenant de fait à son compte des théories extrêmement minoritaires et violemment contestés de quelques scientifiques d'extrême-droite pour lesquels la science est davantage un outil de propagande qu'on peut tordre à la convenance de ses idées, plutôt qu'une aspiration à élucider et à comprendre un peu l'Homme et son Univers.
Le généticien Axel Kahn a dénoncé, dans une tribune publiée par Marianne les propos du candidat UMP : "La vision d'un gène commandant un comportement complexe tel que ceux conduisant à l'agressivité, à la violence, à la délinquance, à la dépression profonde avec dérive suicidaire, est ridicule et fausse". Pour M. Kahn, "cette conviction réaffirmée par le candidat de l'UMP à l'Elysée confirme ses liens idéologiques avec la nouvelle droite".
Oui, il s'agit bien d'idéologie, une manière de concevoir le monde et donc l'action politique. Quelle place en effet accorder à des politiques de prévention dans un monde où le déterminisme génétique nous surpasse ? Dans un tel monde, il suffit de dépister puis de réprimer, afin d'empêcher de nuire ceux qui sont prédestinés à nuire. Inutile non plus, dans un tel monde, de s'interroger sur les origines de la délinquance, d'y chercher des causes exogènes, sociales par exemple, puisque qu'il y a ceux qui ont en eux la délinquance et les autres, et qu'il s'agit d'empêcher les premiers de nuire au second. Et l'on comprend alors cette obsession du candidat de l'UMP a catégoriser les français en deux camps qui s'affrontent, les uns, déviants, menaçant la tranquillité des autres, les honnêtes gens. Il suffit d'être ferme et d'enfermer les uns pour protéger les autres. Car s'il y a un déterminisme génétique de la délinquance, inutile d'une part de chercher à empêcher un enfant de sombrer dans la délinquance, inutile d'autre part de chercher à l'en sortir une fois qu'il a sombré : ni prévention, ni réhabilitation. Il ne suffit que de réprimer.
Oui, c'est une idéologie, car ce raisonnement qui s'applique ainsi à la délinquance lorsque l'on est ministre de l'Intérieur, il peut s'appliquer bien plus généralement si l'on devient président de la République. Il y aurait donc le gène de la pédophilie, le gène de l'adolescent suicidaire, le gène du cancéreux. Mais certainement aussi bien le gène de celui qui ne veut pas travailler plus. Et le gène de celui qui préfère vivre de l'assistanat quitte à coucher dehors. Et le gène de l'immoralité gauchiste qui place celui qui en est "atteint" du côté des fraudeurs. Et le gène du démagogue outrageusement avide de pouvoir... ha non, je ne sais pas s'il existe celui-là.
Et d'ailleurs, puisque l'on transmet ses gènes, il est bien normal de transmettre en exonération d'impôts l'ensemble du patrimoine que le gène du mérite vous a permis d'acquérir... puisqu'il faut récompenser le mérite, c'est-à-dire son gène que l'on aura sans aucun doute préalablement transmis à ses enfants, qui de ce fait sont méritants avant de s'être même levé tôt le matin et d'avoir travaillé un peu.
Oui, M. Kahn, le mot est juste, tout ceci est tout à fait "ridicule". Ce serait même tout à fait risible, si l'inculture crasse qui préside à cette terrifiante idéologie du déterminisme génétique n'était l'apanage d'un très sérieux candidat aux prochaines élections présidentielles françaises. Si au moins l'on pouvait miser sur un gène de la défaite électorale dont Nicolas Sarkozy serait "infecté"...

© La République des Fourmis par SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur
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La Nation selon Sarkozy
Sarkozy, casseur... de la Nation
Nicolas Sarkozy, qui n'en est plus à un amalgame près, lancé qu'il est dans sa stratégie de la stigmatisation, a déclaré : “[Les Français] devront choisir entre ceux qui ne veulent plus entendre parler de la Nation et ceux, dont je suis, qui exigent qu’on respecte la Nation”.
Passons cette fois sur un discours visant systématiquement là diviser les français en deux camps qui s'affrontent, ou qu'il voudrait voir s'affronter, et lisons attentivement ce qu'écrivait François Mitterrand, il y a seulement quelques jours, à propos de la Nation et de Nicolas Sarkozy :
Nicolas Sarkozy, et, pour être exact, M.Henri Guaino, l’homme qui lui écrit ses discours, ont décidé de s’approprier ces temps derniers la Nation. Ils vont même, chacun le sait, jusqu’à citer Jaurès. Pourquoi pas ? Il n’est jamais trop tard pour apprendre, encore faut-il comprendre.
La Nation, c’est une assemblée d’individus égaux en droit qui décide souverainement de son sort en s’en remettant au respect aux Droits de l’Homme et du Citoyen. La Nation offre les même droits à tous, libre à chacun d’en faire ce qu’il veut dans le respect des droits de l’autre. La Nation n’est donc pas un assemblage de communautés, de corporatismes, de clientèles à qui l’Etat octroie des droits à raison de leur particularisme tout en déniant ces mêmes droits à autrui. La Nation ne divise pas, elle rassemble. Sans exception. C’est dans ce sens qu’il faut entendre Jaurès lorsqu’il disait que la Nation, « c’est le dernier bien des pauvres ». La Nation offre, même au plus démuni de ses membres, les mêmes droits qu’au plus fortuné, mais elle ne lui accordera pas de droits particuliers à raison de sa pauvreté, ou de ses croyances, ou de ses opinions politiques, ou de ses mœurs, ou de sa religion… Et si la puissance publique intervient en ces domaines, ce sera pour rétablir l’égalité des droits qui serait, pour une raison ou pour une autre, menacée de disparaître entre membres de la Nation, situation qui mettrait en péril la Nation elle-même. Rétablir un ordre juste, en somme. Relisez ce que j’ai dit sur ces questions lors du tricentenaire de la révocation de l’édit de Nantes en 1985. Dans l’une des premières manifestations de l’esprit national, en 1598, Henri IV avait finalement accordé la liberté de religion. Il avait compris que faute d’égalité religieuse entre tous, les désordres et les guerres continueraient. Il appartenait à l’Etat de faire triompher ce qui n’était pas de l’ordre de la religion, de la foi, de la conscience individuelle, où l’Etat n’a que faire. Mais de l’ordre de la politique, dès lors que ce qui était en danger, c’était la Nation.
Je le déplore pour lui, mais c’est le contraire de ce que professe M.Guaino par la bouche de M.Sarkozy. Ce qu’ils appellent Nation, c’est l’opposition des uns aux autres, c’est la division des uns et des autres, qui mène inévitablement à l’oppression des uns par les autres.
- le 29 mars 2007, dans le blog de François Mitterrand
Bref, en politique comme ailleurs, il y a de grands hommes et des petits bonhommes. Sarkozy avoue lui-même que lire l'ennuie. Mais lire c'est comme manger de la soupe, ça aide à grandir...
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On parle de : La Nation selon Sarkozy
Sarkozy n'aime pas la démocratie participative
"Votez pour moi... et puis taisez-vous !"
En meeting hier soir dans l'Essonne, Le candidat de l'UMP et du MEDEF s'en est pris à la démocratie participative préconisée par Ségolène Royal ain de renouveler les pratiques politiques. Pour l'autoritariste presqu'ex-ministre de l'Intérieur, la démocratie participative serait "la fin de toute volonté politique". "C'est la fin de la politique qui prend ses responsabilités. Il faut avoir le courage d'appeler les choses par leur nom, leur démocratie participative ce n'est pas le remède contre la dictature de la pensée unique, c'est la fin de la démocratie représentative dans le soupçon généralisé", a-t-il affirmé, ajoutant enfin pour enfoncer le clou que "Leur démocratie participative ce n'est pas une nouvelle manière d'associer le peuple aux décisions qui le concernent, c'est juste la forme ultime de la démagogie".
Avant de commenter cette prise de position radicale, référons-nous à ce qu'on peut trouver sur Wikipedia à ce sujet. Tout d'abord une définition : La démocratie participative recouvre des concepts permettant d'accroître l'implication et la participation des citoyens dans le débat public et la prise de décisions politiques qui s'en suit [...] l'objectif étant que toutes les mesures soient prises avec l'accord de la majorité des personnes concernées et dans le sens du "bien commun". Etant ensuite précisé que les fondements d'une démocratie participative sont :
1- un droit étendu et fréquent de vote, qui permet de fournir directement l'initiative législative aux citoyens ;
2- la concertation dynamique, qui se traduit par des débats libres de fonction professionelle et/ou institutionelle, traitant tant les décisions à une échelle locale que celles ayant un impact national ;
3- une organisation du système économique et social garantissant que toutes les idées constructives originelles et originales des habitants seront examinées d'une façon efficace.
C'est l'absence d'un tel système qui provoque souvent l'échec des expériences, par découragement des citoyens et des élus.
Il est en définitive assez aisé de comprendre les motivations profondes de M. Sarkozy : sa conception de la politique se résume à se faire élire sur un programme qu'il maquille soigneusement, jusqu'à pratiquement le dissimuler, de manière à créer une illusion qui puisse plaire à une majorité, pour une fois élu être en mesure de l'appliquer brutalement en ne s'embarrassant pas au cas par cas de l'avis des citoyens qui en votant auraient terminé de jouer leur rôle. En caricaturant à peine, le candidat libéral considère que le peuple est une entrave à l'action et souhaite en conséquence que nous lui votions les pleins pouvoirs.
Or c'est en cela précisément que l'homme est dangereux. Sarkozy a l'incroyable prétention de détenir la Vérité Politique, prétention qui confine souvent à une tentation totalitariste. Il nous en a fourni plusieurs fois l'exemple en tant que Ministre de l'Intérieur, ne craignant pas de réduire les libertés individuelles au prétexte d'assurer la sécurité publique. Ainsi :
- dans sa lutte contre la délinquance, il n'a pas craint d'élaborer des lois liberticides incluant l'extension du fichage génétique ou la détection des comportements déviants chez des enfants dès leur plus jeune âge ;
- dans sa lutte contre le terrorisme, il propose une loi dont l'objectif affichée est d'"être à l’écoute de tout, et si possible savoir tout"... et tant pis pour les atteintes à la vie privé ou la présomption d'innocence ;
- dans sa lutte contre l'immigration, il fait expulser en masse des hommes et des femmes dont les enfants sont nés en France, et se prononce maintenant de limiter de manière drastique le regroupement familial : c'est l'intérêt supérieur supposé du pays qui passe comme un rouleau compresseur au mépris de milliers de vies brisées et renvoyées à leurs souffrances ;
- et quand on lui parle de la surpopulation carcérale, il répond "je n’ai jamais compris cet argument car après tout, mieux vaut voir les délinquants en prison que dans la rue ", au mépris de tout principe de dignité humaine.
Ce ne sont là que quelques exemples - je n'ai ainsi pas parlé de sa conception de l'indépendance de la justice - afin d'illustrer combien pour cet homme la fin justifie les moyens : aucun principe n'est indépassable en regard de ce qu'il considère être l'efficacité de l'action. Liberté, Egalité, Fraternité, Solidarité ne sont en aucun cas des références pour lui, plutôt des obstacles qu'il ne faut pas craindre à l'occasion de piétiner. La participation active des citoyens aux décisions politiques ne saurait donc être considérée que comme un frein par cet homme sans mesure : Votez et puis taisez-vous !, nous dit-il en substance. Telle est sa vision de la démocratie, un passage obligé pour accéder au pouvoir, comme une sorte de mauvais moment à passer... Moins de démocratie afin qu'en effet, tout lui devienne possible. Tout et même le pire !
Votez et puis taisez-vous ! : "Votons et faisons le taire" semble être la réponse qui s'impose.
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On parle de : Sarkozy n'aime pas la démocratie participative
Lancement de l'opération "Citoyens Sondés et Menteurs"
Rendez-vous sur tousmenteurs.fr : le site des citoyens sondés et menteurs , et répondez au sondage : êtes-vous potentiellement un sondé-menteur ?...
Les sondages nous mentent... Mentons aux sondeurs !
Après chaque élection, confrontés à la réalité d'un résultat électoral régulièrement en contradiction avec ceux des sondages qui ont précédés, et devant des médias qui les montrent du doigt, les responsables des instituts de sondages le disent et le répètent : "Les sondages ne prédisent pas les résultats d'une élection. Au mieux mesurent-ils l'état de l'opinion à un instant donné". Il n'empêche, si avant chaque élection, organes de presse et instituts de sondage reprennent leur petit jeu des pronostics, commandant, réalisant et diffusant des sondages à un rythme de plus en plus effréné, c'est que le sondage possède le grand avantage pour les uns comme pour les autres de faire marcher leur petit commerce respectif : le sondage se vend bien et fait bien vendre.
Le mécanisme est simple : tel journal commandite un sondage à tel institut, l'institut le réalise en un temps record et communique les résultats à son commanditaire, lequel laisse filtrer les résultats peu avant leur parution, l'ensemble de la presse reprend les-dits résultats en citant abondamment le nom de l'institut et le nom du journal (publicité gratuite), puis un titre accrocheur est trouvé et le journal se vend bien.
Et tout ce petit monde a oublié de préciser que les marges d'erreurs inhérentes au sondage sont importantes et doivent en relativiser le résultat. De même que tout ce petit monde ne prend surtout pas la peine de rappeler la question précise qui a été posée, laquelle pèse très fortement sur ledit résultat. Sans parler des proximités politiques ou d'intérêts communs que peuvent avoir tel institut de sondage ou tel organe de presse avec tel ou tel candidat. Sans parler non plus des délais qui sont imposés aux sondeurs qui les incitent à constituer des panels de sondés a minima, les contraignants à sur ou sous-représenter certaines catégories de population, augmentant d'autant la marge d'erreur. Sans parler encore de l'incertitude qui pèsent sur des sondages téléphoniques, qui plus est, réalisés en toute hâte, qui plus est, par un personnel peu ou mal formé...
Bref, on le voit bien, l'objectif d'un sondage est de moins en moins de fournir une information précise, justement évaluée et correctement commentée, que de répondre aux impératifs d'optimisation de chiffres d'affaires des uns et des autres. Pis, les français ne sont pas dupes de tout cela, se méfient de plus en plus des sondages et il est légitime de s'interroger sur la proportion de sincérité parmi les sondés dans les panels des sondeurs. Sur 100 sondés, combien ne disent pas la vérité ? Il n'est pas surprenant qu'aucun institut de sondage n'ait pris le risque de se tirer une balle dans le pied en réalisant une enquête portant sur la sincérité des sondés... et donc sur la fiabilité de leurs enquêtes d'opinion.
Et c'est donc ce que se propose de réaliser, avec votre participation, le site tousmenteurs.fr au moyen d'un bref sondage. Mieux, non seulement vous est proposé de répondre nombreux à ce sondage (et plus le nombre de réponses sera élevé, plus le résultat en sera probant), mais puisqu'il s'agit de rappeler à la déontologie professionnelle des instituts de sondages défaillants, tousmenteurs.fr met en place une grande opération intitulée "Les sondeurs nous mentent : nous mentons aux sondeurs". Il s'agit de tirer au sort chaque semaine le nom X d'un des candidats à l'élection présidentielle, puis de faire circuler le plus largement possible l'information suivante : "Les sondeurs nous mentent, mentons aux sondeurs : cette semaine les sondés répondent X".
Chaque semaine, donc, à l'issu d'un tirage au sort, le nom du "candidat des sondés et menteurs" sera diffusé sur tousmenteurs.fr. A chacun d'entre nous de diffuser l'information aussi largement que possible - en la reproduisant sur son propre site, en la diffusant dans les forums, en adressant un mail à ses contacts, en en parlant autour de soi... Ainsi, pour la semaine se terminant le 4 mars, le tirage au sort a désigné Dominique Voynet, candidate des citoyens sondés et menteurs. N'oubliez pas, c'est de l'effet boule de neige que dépend le succès de cette opération...
Quant aux questions des instituts de sondage qui concerneraient le second tour, les sondés-menteurs refusent de répondre avant que n'aie eu lieu le premier...
Rendez-vous donc sur tousmenteurs.fr : le site des citoyens sondés et menteurs. Communiquez à votre entourage son adresse. Et en répondant au sondage : "êtes-vous potentiellement un sondé-menteur ?", vous avez en sus la possibilité de faire savoir (et nous devons être nombreux à le faire savoir !) que vous souscrivez - ou bien que vous ne souscrivez pas - à l'opération Les sondeurs nous mentent : Nous mentons aux sondeurs...
Vos commentaires, suggestions et critiques y seront également les bienvenus...
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On parle de : Lancement de l'opération "Citoyens Sondés et Menteurs"
Vous avez dit "homophobie"
Sur TF1, le 5 février
Interrogé par un des 100 français du panel sur la question du mariage des couples homosexuels, et poussé par cette personne dans ses retranchements (une fois n'est pas coutume), M. Sarkozy a été contraint de nous révéler le fond de sa pensée :
"Je ne souhaite pas donner de la famille une image qui serait celle d'un couple homosexuel avec des enfants"
Oui, M. Sarkozy, on est bien là dans le flirt le plus tendre avec les sentiments homophobes les plus sournois. Une telle déclaration est une insulte à tous les couples homosexuels avec enfants qui vivent en France et qui sont par une telle déclaration désignés du doigt, stigmatisés comme "aberrants".
Ne nous étendons pas sur le fait qu'une telle logique pourrait conduire de la même manière à, par exemple, vouloir interdire le divorce afin de ne pas donner de la famille une image qui serait celle d'un parent élevant seul ses enfants... D'autres, situés à peine à sa droite, déclarent vouloir s'opposer à l'immigration venu du sud pour ne pas donner de la France une image qui ne soit pas blanche et chrétienne.
On pourrait d'ailleurs aussi ne pas vouloir élire M. Sarkozy afin de ne pas donner de la France une image qui soit à la fois rétrograde et réactionnaire, indifférente à la souffrance de l'autre, reniant les valeurs de la solidarité.
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On parle de : Vous avez dit "homophobie"








