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le blog de dedalus

"Réprimer plus, Partager moins" : MERCI... mais NON !






JE TE VOIS


S'informer avec les LeftBlogs



Durant la mise en pause de ce blog, je vous invite à continuer de suivre l'actualité plus ou moins politique à travers le regard plus ou moins éclairé, plus ou moins acéré, mais toujours réactif, de mes petits camarades des Left_Blogs - tous totalement blogs même si plus ou moins de gauche, il faut bien le dire Winking

Ci-dessous donc, et mise à jour en temps réel, la liste de leurs 15 derniers billets :





Sinon, pour ce qui me concerne, il se peut qu'à l'occasion je blogue un peu par ici ...



Où l'on parle de : S'informer avec les LeftBlogs






Sarkozy Non Merci : Le Bilan du Blog

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Nicolas Sarkozy, non je ne lui dis pas merci





Bilan avant mise en veille ou la vie après Sarkozy


La fin d'année approchant, et mon intention de réorienter mes activités s'affirmant, je me suis livré à un rapide bilan chiffré des deux années d'existence de ce blog - putain ! deux ans...

En 2007, le blog a accueilli plus de 80 000 visiteurs qui ont consulté près de 130 000 pages. Trois mois se détachaient très nettement avec entre 15 000 et 20 000 visites mensuelles, qui sans surprise furent les mois d'avril, de mai et de juin : dernier mois de campagne des présidentielles, choc de l'élection de Nicolas Sarkozy et élections législatives.

L'article présentant la video de Nicolas Sarkozy ivre (de lui-même ?) au G8 a enregistré près de 20 000 consultations, mais on ne peut pas dire que ma propre contribution puisse y être comptée pour beaucoup. Une quinzaine d'articles ont cette année-là dépassé les 1000 consultations. Parmi ceux-là, quatre articles ont approché ou dépassé les 2 000 visites :

- Suppression des droits de succession et égalité des chances a été écrit au début du mois de mars 2007. J'écrivais en conclusion ceci :

Il oppose sytématiquement les assistés aux chômeurs qui veulent s'en sortir, les chômeurs aux salariés, les salariés pauvres aux salariés des classes moyennes, les fonctionnaires aux salariés du privé, les salariés en général aux petits entrepreneurs, mais en réalité et quoi qu'il veuille habilement laisser entendre, ce n'est à aucun de ceux-là que sa politique économique s'adresse. Celle-ci n'a en vérité d'autre objectif que de protéger la richesse des nantis. Car enfin résumons-nous : Sarkozy prétend vouloir récompenser la France qui mérite, mais on comprend qu'il s'agit en vérité de la France qui hérite. Sarkozy prétend vouloir récompenser la France qui travaille, mais on comprend qu'il s'agit en vérité de la France qui dirige. Bref, c'est le représentant de la droite libérale ;

- Les germes du totalitarisme est un billet que j'ai écrit au lendemain du premier tout de l'élection présidentielle où je notais qu'en concluant son discours par un vibrant «Vive la République et, par dessus tout, Vive la France !», Nicolas Sarkozy avait symboliquement placé l'Etat Nation au-dessus de la République et que c'était déjà lourd de sens ;

- Sarkozy, candidat génétiquement inéligible date du début du mois d'avril. Je réagissais aux déclarations de Nicolas Sarkozy à propos de sa conception du déterminisme génétique, où l'on comprenait qu'il s'agissait pour celui qui allait devenir président d'une idéologie d'autant plus dangereuse qu'elle se vautrait dans une profond inculture ;

- Mesures fiscales Fillon-Sarkozy était une tentative de vulgarisation du paquet fiscal, où je déclinais très concrètement ce qu'un français issu de la classe moyenne pouvait en attendre pour lui-même - nous étions au début du mois de juin.

Un cinquième billet avait quant à lui été lu cette année-là par plus de 5000 d'entre vous. Il est encore assez régulièrement consulté. Il s'agit du tout premier véritable billet que j'ai mis en ligne sur ce blog, mais je ne crois pas que seule son ancienneté puisse être à l'origine de son relatif succès. Il s'intitulait Sarkozy et l'injustice fiscale...

Je note enfin que deux journées particulières enregistrèrent un nombre record de visites, atteignant chacune les 2000 visiteurs. Il s'agit du 27 avril 2007, entre les deux tours des présidentielles, et du 13 juin 2007, entre les deux tours des législatives... Pour le second, j'avais mis en ligne un billet intitulé TVA "sociale" : la grande entourloupe.



En 2008, le blog a connu une activité légèrement réduite - l'actualité n'était plus la même - mais a tout de même enregistré plus de 60 000 visites pour près de 95 000 pages visitées. Il y eut cependant deux mois plus chargé, essentiellement parce que j'étais moi-même plus actif à nourrir le blog : les mois de juin et novembre qui flirtèrent l'un et l'autre avec les 10 000 visiteurs.

Ainsi, en deux ans, ce blog a accueilli un peu plus de 140 000 visiteurs - pour ceux que ça intéressent, ils se partagent en fonction de leurs provenances en trois tiers : un tiers débouche ici via un moteur de recherche, un autre tiers via un autre site (éventuellement mais assez minoritairement un autre blog) et un troisième directement en tapant l'adresse dans leur navigateur (ou parce qu'ils ont bookmarqué l'adresse du site ou son flux RSS).

En 2008, votre article favori a été, et très nettement puisqu'il a reçu à lui seul 4000 visites, Sarkozy : la preuve par la langue de bois, dans lequel je présentais au moyen d'une vidéo comment Nicolas Sarkozy s'était évertué à ne pas répondre à cette question pourtant aussi simple que la réponse aurait été éclairante sur l'inhumanité d'une politique d'immigration qui ne vise qu'à faire du chiffre (et donc de la communication, c'est-à-dire du populisme) : « Pour réaliser l'objectif annuel de 25 000 reconductions aux frontières de personnes sans-papiers, à combien d'arrestations est-il nécessaire de procéder ? ». Cette vidéo a été en outre visionnée à ce jour près de 20 000 fois sur Youtube et Dailymotion

Une douzaine d'autres billets ont quant à eux reçu entre 1000 et 2500 visites : ils sont listés dans « Votre Top 12 » - colonne de droite du blog...

Il est également intéressant de noter que suite au Casse-toi, casse-toi pauvre con ! lancé au salon de l'agriculture par Nicolas Sarkozy, après avoir réagi avec une petite vidéo intitulée Requiem pour un con, j'ai évoqué la folie de Nicolas Sarkozy dans un billet qui a compté plus de mille visites en une seule journée.

Deux autres billets ont eux atteint les 1500 visites en 24 heures, mais ceux-là doivent leur succès à une autre facette de ce blog, qui s'est sensiblement développée ces derniers mois, qui se retrouve dans la catégorie Mais que fait la gauche ?...



Disons enfin que je trouve plutôt effarant que ce billet soit le 225éme. Cela fait tout de même une moyenne d'un billet tous les trois jours et c'était probablement trop...

Merci à vous, cependant, qui à me lire m'avez donné le sentiment de ne pas tout à fait me débattre dans le vide. A vous je confie cette pensée à laquelle je ne cesse de me raccrocher et qui pourrait faire office d'épitaphe pour ce blog :


Si le pire est probablement pour demain
Il n'en est pas moins jamais certain



Où l'on parle de : Bilan avant mise en veille






L'appel du collectif Libre Ecran

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Audiovisuel Public : l'appel du collectif Libre Ecran




APPEL POUR UN SERVICE PUBLIC DE L’INFORMATION INDEPENDANT

collectif Libre EcranNous ne sommes ni journalistes, ni acteurs des médias. Nous sommes des citoyens engagés ou non, et nous nous sentons plus que jamais concernés par la nécessité de préserver un service public de l’information, de qualité et indépendant du pouvoir politique.

Le climat exécrable qui règne depuis plusieurs mois autour de la question de la liberté des médias nous laisse craindre une sérieuse remise en cause du droit à l’accès à l’information que nous considérons comme être un principe démocratique fondamental.

La liberté d’expression en danger

Les projets de loi sur la réforme du service public de l’information, et notamment de l’audiovisuel, exacerbent nos craintes. Sous prétexte de vouloir « libérer » France Télévisions et Radio France de la « dictature de l’audimat », ce projet de loi acte dans les faits la reprise en main de l’information publique par le pouvoir politique.

Par l’étranglement financier que constitue la suppression de la publicité sans contreparties pérennes et par la nomination directe des Présidents de France Télévisions et Radio France par l’Elysée, c’est à l’indépendance et la diversité des chaînes publiques d’information que le gouvernement s’attaque.

Comme au temps de l’ORTF, la direction des chaînes publiques sera sous la tutelle directe du Président de la République et du Gouvernement. Que se passera-t-il si un reportage ne plait pas ou le présentateur est trop subversif ? La ligne éditoriale sera directement sous contrôle et la diversité des programmes en sera largement affectée.

Notre exigence : le retrait des projets de loi

Parce que nous refusons qu’une hypothétique dépendance à la publicité soit remplacée par une dépendance politique et financière,

Parce que nous refusons de subir les conséquences néfastes pour la liberté de la presse et pour le droit à l’information que nous jugeons être un droit démocratique fondamental,

Parce que nous refusons que soit mis à mal l’existence même des directions régionales (de France 3 notamment), nécessaires à un traitement de proximité de l’information,

Nous demandons le retrait immédiat des actuels projets de loi concernant la réforme de France Télévisions et Radio France et qu’un véritable débat national ait lieu sur le sujet.

SIGNER L’APPEL


signer l'appel du collectif Libre Ecran




Où l'on parle de : L'appel du collectif Libre Ecran






Enfance en situation irrégulière

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Les seuls enfants en situation irrégulière sont ceux qui ne sont pas à l'école



chaises videsLundi 24 novembre vers 15h30, les enfants de l'école maternelle du Jardin de Ville ont assisté au départ contraint de trois de leurs camarades. Encadrés par des policiers jusque dans l’enceinte de l’Ecole, leurs parents sont venus chercher Jashko, Ricardo et Muhamed en pleine classe.

Cette famille de quatre enfants (un enfant de moins de trois ans, deux scolarisés en maternelle et un en CE1 à l'école du Jardin de Ville) avait fait apparemment une demande de titre de séjour. Tous ont été immédiatement conduits au centre de rétention Saint-Exupéry de Lyon, où ils ont passé la nuit.

Les membres de RESF Isère ne sont parvenus à joindre la famille que tôt le lendemain matin, aux cabines téléphoniques du centre de rétention. Ils ont parlé à une famille en état de panique. Les autorités ont été informées que la CIMADE, seule association ayant le droit d'entrer dans les centres de rétention, irait voir la famille au cours de cette même matinée. Arrivés au centre, les militants de la CIMADE les ont cherchés, sans succès : la famille était déjà en route pour l'aéroport, leur avion décollant une demi-heure plus tard.

Les quatre enfants et leurs parents ont été expulsés de France mardi matin à la première heure, sans possibilité effective de recours. A l'école du Jardin de Ville, les chaises d'école de Jashko, Ricardo et Muhamed resteront vides. Vos enfants se souviendront que des policiers sont venus les chercher à l'école.



laissez-les grandir ici



Et pour les enfants qui resteront, la France fait tant et si bien qu'il leur saura sans doute donné au cours de leur scolarité d'éprouver par eux-mêmes ce qu'Etat Policier veut dire - et peut faire !

Cela se passe chez vous, en France, en 2008 :




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La carte de la crise

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La carte de la crise



Au soir de son élection et au sortir du Fouquet, Nicolas Sarkozy avait osé déclarer : « Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas, je ne vous décevrai pas. » Et depuis, il n'a cessé de réclamer qu'on veille bien « le juger sur ses résultats. »

Et puis il voulait être « le président du pouvoir d'achat », il avait annoncé le retour au plein emploi et promis que d'ici deux ans, en France, chacun aurait droit à un toit et on ferait en sorte que « nul ne puisse dormir dans la rue et y mourir de froid. »

A peine deux ans plus tard, nous apprenons qu'avec 100 000 chômeurs de plus en trois mois, la France compte de nouveau plus de deux millions de chômeurs - sans compter tous les radiés et les précaires qui n'entrent plus dans les statistiques officielles(*). Nous ne sommes pas encore entré dans l'hiver, mais au cours de la semaine passée six personnes privées de domicile sont mortes dans la rue. Et les français ont désormais bien compris qu'ils n'ont peu à espérer en terme d'augmentation de leur pouvoir d'achat, bien au contraire.

Mediapart a réalisé une très éclairante carte de la crise économique, et donc sociale, qui frappe la France :

carte de la crise
cliquer pour les mises à jour

Et pendant ce temps là, le président-menteur gère une situation qu'il a largement contribué à créer par effets d'annonces successives. D'abord en niant la crise, puis en se contentant de s'attaquer à son aspect financier et dilapidant des milliards d'euros sortis miraculeusement de caisses vides pour renflouer des banques sans leur imposer la moindre contre-partie contraignante en matière de prêts aux entreprises ou aux particuliers ; ensuite en refusant des semaines durant l'idée d'un plan de relance, pour enfin faire annoncer la présentation la semaine prochaine... d'un plan de relance - dont on peut parier déjà qu'il ne s'agira que de quelques mesures conjoncturelles, qui frapperont les esprits mais dont la mise en oeuvre ne saurait remettre en cause l'indépassable credo libéral qui, par delà ses discours, anime chaque décision de ce tout petit président décidément sans envergure.

Chaque année, le paquet fiscal distribue quinze milliards d'euros à ceux qui en ont le moins besoin. En cadeau de rentrée des classes, les banquiers mauvais élèves ont reçu trente milliards d'euros d'argent public. Les amis du petit père des people, Bouygues via TF1 et Bolloré via la TNT, trouveront dans leurs petits souliers privés la mise à mort du service audiovisuel public français, et en particulier de France Télévision. Et le président lui-même n'a pas oublié de se servir en faisant voter une augmentation conséquente du budget de fonctionnement de l'Elysée. Mais, dans les semaines et les mois à venir, les français verront quant à eux leur pouvoir d'achat reculer à mesure qu'ils rejoindront les rangs des chômeurs et des précaires. Et au bout de la chaîne de la casse sociale, d'accident de la vie en accident de la vie, quelques uns qui auront perdu jusqu'à la possibilité d'avoir un toit sous lequel s'abriter, mourront seuls et anonymes, de faim et de froid, en France.

Merci qui ?



(*) Fin octobre 2008, 2.004.500 demandeurs d'emploi étaient inscrits à l'ANPE dans la catégorie 1, qui sert de baromètre de référence depuis 1995, et qui ne retient que les personnes cherchant un emploi à temps plein en CDI et n'ayant pas travaillé plus de 78 heures dans le mois écoulé.

Si en revanche on englobe l'ensemble des inscrits en catégorie 1, 2, 3, 6, 7 et 8, c'est-à-dire incluant les chômeurs ayant un pied dans le chômage, un pied dans l'emploi, on atteint cette fois le chiffre de 3,15 millions.



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Ségolène Royal perd... et chante victoire

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Ségolène Royal perd... et chante victoire



Congrès du Parti Socialiste : épilogue



Crédit dessin : © Rimbus, dans un billet daté du 21 juin 2007, très précurseur...



Ségolène Royal et la non-victoireLa défaite en chantant, c'est décidément une habitude chez Ségolène Royal.

Elle nous avait fait le coup, déjà, à l'issue des présidentielles, en parlant de non-victoire plutôt que de défaite et en ne cessant jusqu'à aujourd'hui encore de se targuer de 17 millions de voix (et en réalité un peu moins) dont chacun sait hormis elle qu'une partie non négligeable s'était portée sur son nom, par dépit, abnégation et sens des responsabilités, pour tenter - mais sans beaucoup y croire - de faire barrage à Nicolas Sarkozy.

Et au premier tour déjà : l'effet du 21 avril 2002 additionné à la crainte du sarkozysme avaient permis à Ségolène Royal de bénéficier d'un retour de vigueur du vote utile. Elle fit un score légèrement inférieur à 26%, parvenant à réunir sous son nom quelques 9 millions et demi de voix, dont une part importante là aussi s'était ainsi exprimé avec un manque d'enthousiasme certain.

Qu'importaient ces quelques réalités qui auraient conduit n'importe quel responsable politique à faire preuve d'un peu d'humilité, Ségolène Royal choisit d'affecter de voir en un résultat plus que mitigé l'annonce de lendemains qui allaient nécessairement chanter : « Ce qui s'est levé ne s'arrêtera pas ! » Certes, mais il fallait tout de même une sacré dose de bonne volonté pour distinguer en cette catastrophique élection de Nicolas Sarkozy un quelque chose qui se serait levé - du moins à gauche...

Deux ans après, Ségolène Royal est encore défaite et triomphe encore, se targuant cette fois d'avoir convaincu « la moitié des militants socialistes, et peut-être même un peu plus » Passons sur ce "et peut-être même un peu plus" qui ne vise qu'à distiller dans les esprits qu'on lui aurait volé la victoire, et faisons un bilan un poil objectif de son résultat :

D'abord, notons que tout de même 40% des militants ne se sont pas rendus aux urnes, ont préféré s'abstenir que de choisir entre Martine Aubry et Ségolène Royal. Ce qui pour le moins relativise de beaucoup cette moitié des militants dont elle voudrait s'approprier le soutien.

Remarquons ensuite qu'au premier tour, et avec une abstention sensiblement identique (40%), elle avait recueilli 42,5% des suffrages. Un score certes honorable, mais il est pour le moins présomptueux de s'imaginer que parmi ceux là, les militants qui avaient en premier choix choisi la motion de Bertrand Delanoë soient devenus de fervents soutiens de Ségolène Royal.

Ainsi, en réalité, c'est uniquement parmi les 29% de militants qui se sont prononcés en faveur de la motion E signée par Ségolène Royal qu'il faut rechercher le poids de cette dernière dans le Parti Socialiste - sachant que parmi ces 35 000 socialistes, certains n'ont consenti en réalité à n'exprimer un tel choix qu'une fois que la candidate avait consenti de remiser sa candidature "au frigidaire".

Disons donc, à la louche, qu'un quart des militants socialistes - parmi ceux qui se sont suffisamment senti concerné par ce congrès pour aller voter - soutiennent Ségolène Royal, son ambition présidentielle et sa ligne politique. C'est conséquent, mais c'est tout de même notoirement insuffisant pour crier victoire.

Il faut tout de même se souvenir que la fois précédente, la dernière fois où les militants socialistes avaient été invités à exprimer leurs préférences, Ségolène Royal avait obtenu dès le premier tour le suffrage de plus de 100 000 militants socialiste, pour un score dépassant les 60 % et alors qu'elle avait eu à affronter deux poids lourds du Parti Socialiste - Dominique Strauss-Khan et Laurent Fabius.

Passer de plus de 100 000 à moins de 35 000, divisant donc son audience par trois, et trouver le moyen de chanter victoire, voilà bien une prouesse à mettre au crédit de Ségolène Royal. Un certain Attila avait semble-t-il la même aptitude - du moins si l'on en croit l'Histoire telle qu'elle nous est contée par les protagonistes de Kaamelott (merci Maghnia) :




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Martine Aubry par K.O. technique

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Martine Aubry par K.O. technique



Martine AubryC'est donc par 102 voix d'avance que Martine Aubry devient première secrétaire du Parti Socialiste, après validation des résultats du scrutin par le Conseil National qui s'est prononcé à 159 voix (67,5%) pour et 76 (32,5%) contre.

67.451 voix pour Aubry et 67.349 pour Royal. Soit un score de 50,04% contre 49,96% !

102 voix d'écart. Soit moins de 0,1% des suffrages !

Le bon sens politique aurait voulu qu'on les donne à égalité. D'ailleurs, le bon sens politique aurait voulu en réalité qu'elles commencent, Martine et Ségolène, par accepter de se parler - ce qu'elles n'ont pas fait depuis quatre jours que le scrutin est clos. Mais elles ont préféré jouer le "match" à quitte ou double et s'engager dans une interminable et irresponsable partie de poker menteur.

Martine Aubry et Ségolène Royal sont les premières responsables de l'épilogue de ce "combat" qu'elles ont voulu "à mort", où il leur fallait une vainqueur et une vaincue, parce qu'à la radicalité du Tout Sauf Royal de l'une s'opposait sans concession possible le non moins radical Ségolène Sinon Rien de l'autre. Camp contre camp, elles ne pouvaient ni d'ailleurs n'auraient voulu voir ce que tout le monde voyait comme une évidence : le vote des militants les avait placées à égalité et c'était une situation qui imposait d'être prise en compte avec sérieux et sens des responsabilités. Elles ont préféré dans leur affrontement aller jusqu'au K.O.

Dans un camp, on a choisi de se satisfaire d'une poignée de voix d'avance... et faire l'autruche quant au reste.

Dans un autre, on a choisi de jeter l'opprobre sur l'ensemble du Parti Socialiste : sur la régularité du scrutin (comme si la triche était généralisée, comme si cela portait sur des milliers de voix, comme si même cela changeait quelque chose à un résultat d'égalité de fait), sur la commission de récolement, sur le Conseil National (qui vient pourtant d'être élu par les militants eux-mêmes).

Et dans les deux camps, on n'a à aucun moment souhaité évoquer le fait majeur que constituait ce résultat de quasi égalité et de ses conséquences. A commencer par la nécessité de se parler et d'envisager ensemble la question de l'intérêt supérieur du parti et de son unité. Envisager des solutions à une situation largement bloquée, dangereuse pour la nécessaire cohésion des militants. Cela pouvait éventuellement passer par l'organisation d'un nouveau vote, voire d'un nouveau congrès, ou pas. Il ne suffisait en tout cas que d'en discuter et de négocier les modalités d'une solution de sortie de crise.

Vincent Peillon avait déclaré ce matin-même qu'il fallait préférer une solution politique à une solution arithmétique ou juridique. Il avait raison. Tout était là : faire de la politique. Encore fallait-il que les deux camps acceptent de se parler, encore fallait-il que les deux candidates se montrent à la hauteur de leur commune prétention à diriger un parti politique, c'est-à-dire d'abord à assurer sa cohésion, à surmonter les clivages qui le traversent, à transcender les questions de personnes et leurs éventuelles inimitiés, et à faire travailler chacun avec chacune, ensemble.

Ce ne fut donc le cas ni pour l'une ni pour l'autre : autruche contre bluff et intox, c'est la stratégie de l'autruche qui l'emporte et c'est Ségolène Royal qui se retrouve à terre - et ce sentiment d'humiliation et d'injustice qui accompagne de tels dénouements, lorsque pour sortir d'un conflit on a préféré la brutalité sans retenue et la mise à mort de l'autre à la solution négociée où un compromis raisonnable est recherché.

Il est évident que cela laissera des traces, profondes dans le camp des vainqueurs, béantes et douloureuses dans celui des vaincus. Et les derniers voudront leur revanche sur les premiers. Mais ils sont tous responsables de leurs propres blessures, car c'est à eux-mêmes, largement, qu'ils se les sont infligées, et c'est pour les uns comme pour les autres à leur propre leader, à son irresponsabilité, qu'ils devraient surtout s'en prendre.

Martine Aubry aura désormais le beau rôle, puisque de fait elle à la main pour rassembler ce qui peut encore l'être et relever un Parti Socialiste qui de toutes les façons ne pourra guère se trouver plus mal.

Plus difficile sera celui de Ségolène Royal, dont on devine déjà la stratégie - on commence à bien la connaître. Elle-même se posera en rassembleuse pleine de bonne volonté, plus unitaire que jamais, drapée dans cette posture de victime magnanime qui lui est tant chère et qui lui a tant servie, tandis que ses fidèles lieutenants se chargeront de faire le sale boulot, non pas tant pour reconquérir une victoire qu'ils prétendront volée - ils savent qu'elle leur a définitivement échappée - que pour entretenir le ressentiment des troupes, ancrer en eux le sentiment d'injustice et aiguiser leur soif de revanche. 2012 et le Graal de la présidentielle demeurent pour Ségolène Royal et ses partisans l'objectif majeur, celui qu'il faudra à n'importe quel prix atteindre. Une bataille qu'il s'agit dès à présent de préparer.

Et c'est bien ainsi qu'il faut comprendre, d'un côté ce très louable et humble appel à l'unité des socialistes que Ségolène Royal à ce soir lancé, comme on dresse un paravent... devant un Manuel Valls, toujours en première ligne, jouant à merveille sa partition de marionnette, et qui clame partout qu'on lui a volé sa cassette et que l'affaire sera bel et bien portée devant les tribunaux. Derrière le paravent, une talentueuse marionnettiste drapée de blanc.

Les jours prochains donneront une bonne indication quant à la capacité de Martine Aubry à faire face à une situation largement explosive, à prendre enfin toute la mesure de sa non-victoire et procéder au nécessaire rassemblement de tous les socialistes, par-delà donc tous les ressentiments qu'on se chargera dans l'ombre d'aviver sans relâche.

Je suis un garçon têtu, aussi je le dis encore : il faudrait à Martine pouvoir se rallier les bonnes volontés à la fois de Benoit Hamon - ce qui devrait être envisageable - et de Vincent Peillon - ce qui désormais risque d'être bien plus compliqué. Mais pour peu qu'elle veuille bien mettre dans la balance certaines garanties politiques de poids...



Où l'on parle de : Martine Aubry par K.O. technique






Tuer n'est pas négocier

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Tuer n'est pas négocier



négociation au Parti SocialisteCe matin, le camp Royal a continué son occupation médiatique. On a entendu Manuel Valls parler d'hypocrisie, Julien Dray remettre en cause l'impartialité du Conseil National, François Rebsamen poser un ultimatum à la commission de récolement, Jean-Pierre Mignard menacer de porter l'affaire en justice, et même Vincent Peillon, très silencieux jusque là, y est allé de son "malfaisants.

Mais ce dernier a également ouvert un peu le jeu en évoquant une "solution politique" qui se substituerait à la "solution arithmétique". On est tenté de dire : Enfin ! Enfin quelque chose de constructif. Enfin le retour du politique. Enfin une base à la discussion.

Pour lui, cette solution politique serait de désigner une "direction collégiale" en attendant la nomination d'un Premier Secrétaire, désigné par un nouveau vote dans des conditions qui assureront la légitimité de celle qui sera élue. Ajoutant que cela implique de "se donner un peu de temps"... et c'est bien là que réside toute la différence avec ce que l'on entendait jusque là depuis le camp royaliste et pour lequel il ne s'agissait que de revoter "rapidement", "la semaine prochaine", "jeudi prochain"....

Un re-vote n'aurait en effet une chance d'aboutir à un résultat différent, c'est à dire cette fois-ci incontestable, que si l'on prend le temps de réformer en profondeur et très sérieusement les conditions des opérations de vote, conditions qui sont à l'origine des doutes quant à la sincérité du vote de la semaine dernière. C'est là sans doute le travail de plusieurs mois.

D'où la nécessité de nommer en attendant une direction collégiale - par exemple mais il y a d'autres solutions, des variantes possibles autour du même thème, un secrétariat national bicéphale ou tricéphale... l'essentiel étant dans le caractère transitoire de la solution qu'il s'agit donc pour les deux camps de négocier. Et tout est dans cette exigence d'une solution négociée. Car lorsque l'on a dit solution transitoire en attendant un re-vote qui puisse se dérouler dans des conditions de parfaite transparence, on n'a encore rien dit et un certain nombre de questions demeurent à résoudre qui exigent des réponses négociées.

Peut-on se contenter de figer le Parti Socialiste au milieu du processus de congrès et simplement se contenter dans six mois d'un vote entre Royal et Aubry ? Sachant qu'en droit un scrutin est composé des deux tours qui le composent, ne faut-il pas au minimum repasser par les deux tours de scrutin ? Et du coup, ne s'agit-il pas en réalité d'en revenir à la phase de dépot des candidatures ? Et du coup encore, si l'on veut qu'il y ait un sens politique à tout cela, que ce ne soit pas juste un affrontement de personnalités, ne s'agit-il pas en réalité d'en passer par l'organisation d'un congrès exceptionnel ?

Et puis quel délai se laisse-t-on ? Combien de temps est nécessaire pour s'assurer d'une refonte sérieuse des opérations de vote et la mise en place de nouvelles procédures ? Un mois ou plutôt six mois ? Et que se passe-t-il alors politiquement pendant ces six mois ? Le PS peut-il se contenter de ne s'occuper que de lui-même pendant tout ce temps ? Sachant que les élections européennes surviennent en juin prochain, comment cela s'articule-t-il : un re-vote juste avant ou bien après cette échéance politique importante ?

Et l'oposition à Sarkozy ? Et le mouvement social ? Et le projet politique qu'il s'agit encore de refonder ? Qui s'occupe de tout ça durant ce délai et dans quel cadre ? On remet à plus tard ?

Et tout cela sans même évoquer les questions de personnes - car même une direction collégiale est composée de personnes qu'il s'agira aussi de désigner...

On voit bien qu'il s'agit de négocier, et donc d'abord de parvenir à se parler, ce que très visiblement ni Martine Aubry ni Ségolène Royal n'ont encore consenti à faire. Et les deux camps qui savent bien qu'il s'agira in fine de négocier en sont de fait toujours à croiser le fer afin de créer le rapport de force qui leur sera nécessaire à la négociation à venir. Le camp Aubry en se déclarant vainqueur et en refusant de reconnaître un résultat d'égalité, le camp Royal en faisant peser la suspicion d'une triche généralisée sur le camp adverse, en menaçant d'aller en justice, en appelant ses partisans à manifester pendant le Conseil National, en remettant en cause sa légitimité, en occupant avec force propos déplacés tout l'espace médiatique...

Le camp Royal, sans doute parce qu'il est dans une position plus inconfortable, va plus loin - et sans doute trop loin - dans cette volonté de créer un rapport de force propice à la négociation et, ce faisant, contribue largement à radicaliser les positions. Et même si je suis bien persuadé que dans une situation inverse, le camp Aubry en ferait au moins autant, il se trouve que dans ce cas précis c'est bien le camp Royal qui en flirtant avec le point de non-retour prend le risque qu'au final de négociations il ne puisse y avoir.

Mais la responsabilité de ce qui découlerait d'une impossibilité à négocier incomberait d'abord et à part égale à Martine Aubry et Ségolène Royal qui viennent déjà de laisser passer trois jours entiers durant lesquels elles ne se sont pas mise autour de la table, laissant champ libre à l'escalade verbale entre leurs lieutenants respectifs. L'une et l'autre prétendent, paraît-il, concourir pour la présidence de la République, mais l'une comme l'autre apportent ces jours-ci la preuve qu'elles sont incapables de transcender leur propre personne, leur propre intérêt, dans le but de privilégier l'intérêt général.

Pour l'une comme pour l'autre, il faudrait bien alors savoir s'en souvenir : se souvenir que face à une petite crise interne au Parti Socialiste, elles n'auraient pas même été en mesure de présenter autre chose que les visages de deux petites filles orgueilleuses, renfrognées chacune dans un coin de la cour d'école et occupées seulement à se tirer la langue par-dessus la tête de leurs petits camarades respectifs.



Où l'on parle de : Tuer n'est pas négocier






Opération intox

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Ségolène Royal à la manoeuvre : opération intox



Ségolène Royal victimeDonc il suffirait de dire : "Allez, on revote et cette fois-ci, soyez tous bien sages : pas de triche hein !" ?

Mais oui, il suffisait de le dire ! On avait simplement oublié, c'est balot. N'est-ce pas ?

Donc voilà, on re-vote mais on dit avant "Hey les gars, cette fois pas le droit de tricher, hein !" Et hop ça change tout, les tricheurs ne trichent plus - la première fois, ils ne le savaient pas qu'on avait pas le droit - et cette fois, donc, le résultat du re-vote est irréprochable.

C'est tellement simple la démocratie, il suffit de bien énoncer les règles du jeu. On se demande bien comment on n'y avait pas pensé avant...

Dites, Ségolène Royal et sa petite équipe ne seraient pas plutôt en train de nous mijoter une petite entourloupette là ?...

Allez, je vous explique la grosse manoeuvre :

Etape 1 - S'apercevoir très tôt dans la soirée de vendredi que le résultat sera très serré, de l'ordre de la centaine de voix sans doute et en tout cas en-dessous du 1%. Lancer immédiatement la première salve d'intox : laisser filtrer dès la clôture du vote que Ségolène Royal est largement en tête, avancer tout haut des 52 et des 53% en sa faveur. Puis faire confirmer le tout par François Rebsamen - numéro deux du parti, tout de même.

Les autres, du coup, avec leur « bah non, pour nous c'est du 50/50 et sans doute Aubry devant », ils ont vraiment pas l'air malin. Personne ne prend garde à ce qu'ils disent, sont pas crédibles. Et les médias, qui ne sont pas nés de la dernière pluie, d'annoncer la victoire de Ségolène Royal avec 52 ou 53% des suffrages.

C'est que 52 ou 53% des suffrages, ça ne se remonte pas. C'est tout de même plus de 5000 voix d'écart !

Alors forcément, quand on apprend que c'est du 50/50... Il ne suffit plus que de laisser fleurir le doute. L'y aider même un peu en laissant entendre que,, par exemple, dans le Nord aubryiste, il y a des sections qui ont participé à 95% - qu'importe si les sections en question comptent moins de 50 adhérents, qu'importe si ailleurs en France, sur des terres royalistes, on trouve facilement des sections qui sont dans le même cas -, puis de comptabiliser des "erreurs" (avec guillemets apparents) en faveur de Martine Aubry - qu'importe si ce ne sont éventuellement que des erreurs, qu'importe s'il y a des erreurs qui vont dans l'autre sens, qu'importe surtout que ça ne concerne chaque fois qu'une dizaine de voix.

Oui qu'importe, les 5000 voix dont on a parlé au début, et que rien de tangible ne vient étayer, font tout de même effet dans les esprits : le soupçon d'une fraude massive est non seulement distillé, mais on a également très fortement laissé entendre qu'il serait à sens unique. CQFD : les bons / les méchants, la victime/ les bourreaux... Un grand classique de la ségolénie qui a également permis, déjà depuis longtemps, de faire oublier que Ségolène Royal a longuement fréquenté les allées du pouvoir mitterrandien, a été cinq fois ministre et est de toute les majorités internes du Parti Socialiste depuis une bonne vingtaine d'années.

Etape 2 - Envoyer ses lieutenants au charbon - Ségolène est oecuménique, elle ne peut tout de même pas faire le sale boulot . A charge pour eux (on nommera Manuel Valls et Julien Dray) d'en faire des tonnes sur tous les plateaux de radio et de télévision, à charge pour eux d'user de tous les moyens pour bien donner à entendre que les autres sont rien que des vilains tricheurs.

Qu'importe donc que la réalité soit toute autre, que chaque camp possède ses petits barons locaux tripatouilleurs d'urnes. Et qu'importe aussi que dans chaque camp, disons-le tout de même, il ne s'agisse que d'un comportement ultra minoritaire - qui ne saurait par exemple réduire à néant plusieurs milliers de bulletins. Qu'importe même que l'ensemble des procès verbaux dans chaque section et dans chaque fédération aient été signés par des scrutateurs de chaque camp. Qu'importe enfin que le Parti Socialiste soit tout de même le parti de France où la démocratie se porte encore le mieux - et ce n'est en tout cas pas de la droite que pourrait venir un contre-exemple de cette réalité là.

Et c'est ainsi - je le signale en passant - que fleurissent aujourd'hui sur les blogs ségolénistes des vignettes "Martine change les résultats", accréditant l'idée fausse que seul un camp serait en cause dans les dysfonctionnements de la démocratie au PS, accréditant par là même l'idée toute aussi fausse que sans de tels dysfonctionnement Ségolène l'aurait emporté largement.

Qu'importe donc puisqu'il s'agit de bien donner à penser que Ségolène Royal serait une fois encore la victime d'un Parti pourri jusqu'à la moelle, tous ses opposants n'étant qu'une cohorte d'ogres qui n'ont d'autres ambitions que de dévorer une innocente dont la blancheur par contraste étincelle plus mille étoiles dans le ciel. Faire oublier aussi qu'en tout état de cause, aucune erreur ou fraude n'est d'ampleur suffisante pour qu'on s'écarte de la situation d'égalité dans laquelle les militants ont placé non seulement Martine Aubry mais aussi, voyez comme c'est étrange, Ségolène Royal. Faire oublier qu'en tout état de cause elle ne l'a pas emporter - et on se souviendra là que pour elle les présidentielles ne s'étaient déjà pas soldé par une défaite, mais bien par ce qu'elle appela « une non- victoire »...

Etape 3 - Nier donc la réalité démocratique de ce match nul [sic...] et demander un re-vote au prétexte d'irrégularités qui ne remettent pourtant pas en cause la situation d'égalité..

Et là c'est Ségolène Royal qui s'en charge. Réclamer plus de démocratie c'est son job. Et puis, sachant bien qu'elle sera derrière, se permettre de se montrer magnanime : « Mais oui ! re-vote même si c'est moi qui obtiens dix voix d'avance voyez comme je suis la très très gentille de toute cette histoire ».

Si alors revote il y avait - mais il n'y aura pas -, il s'agirait d'oublier définitivement la politique, le débat d'idées, la question de la ligne politique et de celles des alliances, pour demander aux militants une opération mains-propres et donc un plebiscite en faveur de la très innocente victime de l'insupportable acharnement des méchants méchants qui veulent rien qu'à éliminer la très très gentille Ségolène Royal et par tous les moyens même les plus vils.

De cette manière, l'espoir serait dans le fait qu'un tel re-vote ne produirait pas une nouvelle égalité, laquelle serait en ce cas tout aussi contestable que la première fois, puisqu'il y aurait de part et d'autres de nouvelles irrégularités - c'est que, voyez-vous, les tricheurs ne sont malheureusement pas toujours très obéissants. Il s'agit en réalité, vous l'aurez compris, de ce fameux Rien Sauf Royal qu'une égalité ne saurait satisfaire.

Et s'il n'y avait pas re-vote, il suffirait alors de passer les prochains mois, voire les prochaines années, à prétendre que Ségolène la tant gentille démocrate avait en réalité gagné - rassurez-vous, les mythiques 5000 voix d'avance saurait à force devenir réalité - et que les autres sont en vérité illégitimes - en sus bien sûr d'être toujours très très méchants méchants.

Et pourtant, quelque soient les irrégularités - lesquelles se répartissent sur chaque camp et ne sauraient concerner plus d'un demi pourcent des suffrages exprimés -, le résultat du vote des militants est limpide : E-GA-LI-TE E-GA-LI-TE E-GA-LI-TE ! Et l'erreur magistrale du camp Martine Aubry aura été de n'avoir pas su le reconnaître - tant de ce côté là le Tout Sauf Royal est tout aussi puissamment à l'oeuvre - Monumentale erreur tactique que de vouloir s'accrocher à ces 42 voix d'écart qui n'ont aucun sens, qui n'a fait que renforcer le camp Royal dans sa propre stratégie.

Ségolène Royal comme Martine Aubry, l'une et l'autre ont la responsabilité de faire avec ce résultat. Il ne s'agit ni de revendiquer pour l'une la victoire, ni pour l'autre de réclamer un nouveau vote, mais d'assumer une situation imposée par l'expression démocratique de la volonté partagée des militants. J'ai pour ma par ma petite idée de comment cela pourrait se faire, mais c'est d'abord à elles d'en décider : elles se mettent autour d'une table, discutent, éventuellement en viennent aux mains, se rassoient, se recoiffent, discutent encore, négocient le temps qu'il faut et trouvent une solution !



Et pour ceux qui n'auraient pas tout à fait perdu le goût de la politique par les idées, je signale cette excellente analyse de Gérard Filoche de la mutation qui est à l'oeuvre au Parti Socialiste et dont le noeud gordien s'est noué à l'occasion du congrès de Reims et qu'il s'agira bien de trancher.



Où l'on parle de : Opération intox






Ils sont devenus fous !

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Ségolène Sinon Rien contre Tout Sauf Royal : ils sont devenus fous



enterrement d'égos au Parti Socialiste« Manuel Valls, lieutenant de Ségolène Royal, a annoncé dimanche sur Canal + qu'une plainte serait déposée pour "faux en écriture" contre un décompte de voix de militants socialistes à Lille, bastion de Martine Aubry, arrivée en tête du second tour du vote PS vendredi. » - AFP

« Le premier secrétaire de la fédération PS du Nord, Gilles Pargneaux, proche de Martine Aubry, a annoncé qu'il porterait plainte pour diffamation contre Manuel Valls, après son annonce d'une plainte pour faux en écriture à propos d'un décompte de voix d'une section PS à Lille. » - AFP

Voilà où nous en sommes ! Deux extraits d'une même dépêche AFP qui illustrent tout le délire qui s'empare actuellement de quelques dirigeants socialistes - et je fais là bien attention à ne pas dire les dirigeants socialistes, tant il me semble crucial de ne pas sombrer dans un tous pourris qui serait tout aussi délirant...

Il y a d'abord le fait que Martine Aubry serait arrivée en tête, ce qui à ce stade n'est qu'une hypothèse, hypothèse non avérée et qui le restera tant que le Conseil National du Parti Socialiste n'aura pas statué sur les résultats définitifs, lesquels devraient être annoncés par François Hollande dans les 36 prochaines heures.

Tout a commencé là, dans cette bataille d'intoxication de l'opinion où l'on a d'abord vu les partisans de Ségolène Royal annoncer très prématurément, à peine le scrutin était-il clos, la victoire de leur championne, avançant un résultat de 52% contre 48% (et sur 135 000 voix exprimées, cela représenterait plus de 5000 voix d'avance !). Aussitôt, les partisans de Martine Aubry ont contesté ces chiffres, affirmant que les résultats restaient pour eux très serrés, très proche du 50/50.

Force est de constater que ces derniers avaient raison et que, toutes irrégularités prises en compte, l'écart entre les deux candidates, qu'il soit dans un sens ou dans l'autre, est d'avantage de l'ordre de quelques centaines, voire même de quelques dizaines de voix, que des quelques milliers de voix dont les ségolénistes s'étaient targués. Cette réalité d'un 50/50 était alors une raison supplémentaire pour que Martine Aubry ne s'en aille pas à son tour revendiquer une victoire qui ne lui est pour l'heure en rien acquise.

Il se serait agi plutôt, pour les uns comme pour les autres, pour le moins de se taire et d'attendre les résultats, que d'aller se répandre dans les médias, aussi bien en personne que par lieutenants interposés, afin de poursuivre la grande opération d'intox au travers de laquelle il s'agit surtout de faire peser toutes les suspicions sur l'autre camp. Et s'ils ne savaient pas se taire, du moins pouvaient-ils simplement reconnaître que le seul résultat tangible du scrutin est qu'il place les deux candidates à égalité.

Et ce constat pouvait même - mais ce serait là sans doute un peu trop demander - amener les uns et les autres à se remettre en question. Car pour l'une comme pour l'autre, 50% des voix exprimées - un peu plus pour l'une et un peu moins pour l'autre, qu'importe en réalité - avec 40% d'abstention est d'abord le constat d'un rejet majoritaire de l'une et de l'autre. Sans aucun doute le constat que ni l'une ni l'autre n'est à même d'incarner l'unité des socialistes et cette volonté sur laquelle tout le monde s'accorde d'un renouvellement des responsables.

Je reste d'ailleurs pour ma part persuadé que si Ségolène Royal avait daigné s'effacer en faveur de Vincent Peillon à la suite du vote sur les motions, la synthèse aurait été trouvé et aujourd'hui Vincent Peillon serait le premier secrétaire d'un PS largement rassemblé. Ne le faisant pas, il fallait d'évidence comprendre que pour Ségolène Royal il s'agissait de mettre en place ce credo qui est toute sa motivation : Rien Sauf Elle-même.

Martine Aubry eut alors la même opportunité, s'effacer au profit de Benoit Hamon. Là encore une synthèse majoritaire devenait possible et là encore, assez probablement, Benoit Hamon aurait été porté par les militants à la tête du Parti Socialiste. Mais pour Martine Aubry, visiblement, il s'agissait avant toute autre considération de tuer politiquement Ségolène Royal.

Quoi qu'il en soit, au final, la stratégie de l'une et de l'autre aura échoué : les militants socialistes - et ce n'est pas tellement surprenant - ne sont pas davantage guidés par un Ségolène Sinon Rien que par un Tout Sauf Royal.

Mais cela ne pouvait satisfaire aucun des deux camps. Le jeu de massacre ne s'arrête donc pas et plutôt que de convenir à minima d'un constat d'égalité, chacune préfère l'emporter sur l'autre, à n'importe quel prix et en portant tous les coups jusqu'aux plus irresponsables. On compte une dizaine de voix oubliée ici, quelques autres rajoutées par là - comme si cela pouvait changer quelque chose à la réalité - ; on crie à la fraude - comme si les uns étaient parfaitement blancs et les autres d'une noirceur totale - ; on demande de re-voter - comme si prolonger encore ce cirque était une bonne idée, comme si le résultat pouvait n'être pas une nouvelle égalité - ; on en appelle aux militants, on leur demande de manifester devant le siège du Parti Socialiste - comme s'ils ne venaient pas de s'exprimer, comme si les uns valaient mieux que les autres, comme s'il fallait en sus déclencher une bataille de rue entre les uns et les autres - ; ... et voilà donc maintenant qu'on menace de porter tout cela en justice - comme si on avait le temps d'attendre une décision de justice, comme si une telle décision allait permettre de rassembler les socialistes, comme si on ignorait que l'immense majorité des militants n'attend que cela, qu'on se rassemble et qu'on se mette au boulot : rénover le parti, élaborer un projet, s'opposer à Sarkozy.

STOP ! ... et puis donc faire baisser la température, comme nous y invite Nicolas J.

Martine Aubry, Ségolène Royal, le résultat du vote des militants est que vous êtes à égalité. La conséquence est que ni l'une ni l'autre ne saurait être tout à fait légitime. L'exigence qui en découle est que dans l'intérêt supérieur du Parti Socialiste, c'est-à-dire de ce combat qui nous est commun, est que vous vous mettiez l'une et l'autre au travail. Et si vous faites le constat que cela vous serait impossible de travailler en toute intelligence - ce qui est en effet plus que probable - que l'une et l'autre se désistent en faveur d'un doublon qui saura faire le boulot.

Compte tenu du déroulement de ce congrès, il me semblerait à moi raisonnable que Ségolène Royal consente cette fois à s'effacer derrière Vincent Peillon et que Martine Aubry en face de même au profit de Benoit Hamon. Benoit Hamon, Vincent Peillon : voilà un tandem qui donnerait au Parti Socialiste une autre image de lui-même, et qui lui ressemblerait sans doute davantage. Un bon début pour une rénovation, non ?

Mais en effet, on se moque bien de ce qui me semble. On se moque cependant beaucoup moins que ni l'une ni l'autre n'assume un résultat et ne prenne ses responsabilités...



(je l'ai déjà dit, mais si l'on pouvait au moins commencer par faire taire Manuel Valls et Julien Dray...)



Crédit dessin : © SaT sur La République des Fourmis - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur



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Pétition pour un PS uni

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Pétition pour un PS uni



Le vote du 21 novembre, plutôt qu'un nouveau prétexte à des affrontements sans fin, est un message positif et clair des militants à leurs élus : nous voulons l'unité, et rien d'autre. Nous vous demandons par conséquent de cesser à partir d'aujourd'hui tous les actes d'hostilité, et de vous réunir sans délai pour constituer un exécutif parfaitement équilibré. Nous voulons la dissolution de ces clans déguisés en "motions", qui sont tout autant capables de dire la même chose avec des nuances infimes, que de changer de position du jour au lendemain pour de simples raisons tactiques. Nous voulons que le PS se mette, là, maintenant, au travail pour définir son programme et sa méthode de gouvernement. Nous voulons être consulté(e)s régulièrement sur les principaux éléments de ce programme. Et nous n'attendrons pas une semaine, pas un jour de plus. Elu(e)s du PS : tout le monde vous regarde, c'est vraiment votre dernière chance."


C'est le texte d'une pétition lancée ce matin par des militants socialistes lyonnais et qui correspond assez précisément à mon état d'esprit actuel.

Je vous invite à la signer et à relayer largement cet indispensable appel à l'unité et à la raison.



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Victoire étriquée de Martine Aubry

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Victoire étriquée de Martine Aubry



Il est deux heures trente du matin et après une soirée où très longtemps les ségolénistes annoncèrent une victoire relativement confortable, où la tendance s'inversa peu après minuit lorsque les partisans de Martine Aubry annoncèrent l'emporter de quelques deux milles voix, où désormais un proche de François Hollande prédit un score qui se jouerait à la centaine de voix près, sans parler des accusations d'intox et de magouilles venues tantôt d'ici tantôt de là et qui ne cessent maintenant de s'amplifier, je décide de m'arrêter sur cette dernière information selon laquelle Ségolène Royal négocierait un partage des responsabilités à la tête du Parti Socialiste, avec Vincent Peillon en premier secrétaire délégué de Martine Aubry.

D'abord parce que ça laisse entendre que Ségolène Royal consentirait à reconnaître sa défaite, même si c'est encore officieusement puisqu'il s'agit de négocier. Ce qui me permet à moi d'annoncer ici la victoire de Martine Aubry.

Mais surtout parce que je vois là une très heureuse initiative et une manière tout à fait séduisante de trouver une sortie par le haut d'une situation qui devient de minute en minute de plus en plus explosive... et qui ne pourrait produire à terme qu'un seul vainqueur en la personne de Nicolas Sarkozy.

Je me suis en effet mis à imaginer un attelage Aubry Peillon Hamon à la tête du Parti Socialiste et je suis désormais tout à fait convaincu - mais cela n'étonnera personne parmi mes lecteurs fidèles - que ce serait là aboutir à la meilleure issue qu'on puisse désormais trouver à ce congrès qui n'en finit plus de sombrer dans le désastre.

On frôle à cette heure l'explosion et in extremis surgirait une solution qui permettrait aux socialistes de se rassembler pour se mettre tous ensemble, dans le cadre d'une équipe largement renouvelée, à la rénovation du fonctionnement interne du Parti Socialiste et à la refondation de son projet politique : les militants n'attendent en réalité que cela !

Rue Solférino, les négociations se poursuivent et sont âpres. Je veux moi aller me coucher avec l'espoir de n'avoir pas été le seul à penser que c'est là une splendide idée, en ce qu'elle ouvrirait enfin sur un espoir qui nous est commun.



EDIT samedi midi : C'est donc 42 voix d'avance pour Martine Aubry. Et c'est donc pour l'heure contestations et anathèmes qui pleuvent, plutôt qu'appels à la raison et à la responsabilité.

Pourtant, la première réalité est que 42 voix d'écart c'est un résultat d'égalité.

L'autre réalité est que si "quelques sections du Nord" présentent une participation avoisinant les 95% et ont voté de façon écrasante pour Martine Aubry, on en trouvera autant partout en France qui avec des mêmes taux de participation ont voté de manière tout aussi écrasante pour Ségolène Royal. Et ce n'est pas même ici comme là une preuve de tricherie, simplement la réalité d'un Parti Politique où la personnalité d'un secrétaire de section oriente massivement le vote des adhérents - et réciproquement d'ailleurs ! C'est aussi que la bonne camaraderie induit tout naturellement les convergences politiques.

C'est donc bien de cette situation d'égalité qu'il faut partir si l'on veut trouver une sortie au bourbier qu'elle a créé. Pour moi, il demeure évident que l'attelage Aubry-Peillon-Hamon dont je parlais déjà cette nuit est pour le moins une excellente base de travail.

(et si l'on pouvait faire taire Manuel Valls, ça aiderait aussi beaucoup, sans doute...)



EDIT samedi soir : Je vous signale le très interressant billet du blog Le petit livre rose : où l'auteur se livre à de petits calculs tout à fait intéressants, qui montrent sans contestation possible que plus on fait abstraction du vote des fédérations suspectes - parce que s'écartant de trop du résultat national - plus la victoire de Martine Aubry apparait comme incontestable (fichier excel à l'appui).

Ou, dit autrement, les votes les plus “massifs”, et donc les plus suspects, avantagent nettement Ségolène Royal... contrairement à ce que l'équipe de cette dernière cherche très ostensiblement à nous vendre afin de réclamer un nouveau vote.

Un nouveau scrutin ? Mais ils sont dingues !!! Ça changerait quoi ? Eventuellement à inverser un peu le résultat et à faire changer de camp la contestation ?

42 voix ou bien 150, ou même 1000 : la réalité demeure la même, c'est en gros du 50/50 et la seule réponse à cette situation est de construire une direction équilibrée et renouvelée, d'accord pour travailler à la rénovation du parti socialiste, d'accord pour travailler à l'élaboration de son projet, et en toute intelligence avec le Conseil National et le Bureau National, tous deux représentatifs du poids des différentes motions.

C'est simple : qu'ils le fassent maintenant !

(et si l'on pouvait faire taire Julien Dray aussi...)



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Entre ancrage à gauche et rénovation du PS

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Martine Aubry ou Ségolène Royal : entre ancrage à gauche et rénovation du PS



Martine Aubry Ségolène RoyalLe second tour de l'élection du premier secrétaire du Parti Socialiste opposera donc Martine Aubry et Ségolène Royal, deux femmes - et c'est la seule bonne nouvelle de ce premier tour de scrutin - qui se disputeront dès ce soir les suffrages des militants.

Et pour les partisans de Benoit Hamon, il s’agira de choisir entre l’exigence de l’ancrage politique à gauche et la nécessité de la rénovation interne du Parti Socialiste.


Résultats

Au terme de ce premier tour de scrutin (chiffres AFP 1h du matin), Ségolène Royal a obtenu 57.424 voix, soit 42,45%, devant Martine Aubry (46.979 voix, soit 34,73%) et Benoît Hamon (30.880, soit 22,83%).

La participation a été de 59,9% des adhérents socialistes, soit 137.741 voix, un chiffre d'autant plus faible qu'il concerne un parti politique. Cette participation a néanmoins été légèrement supérieure à celle du vote sur les motions le 6 novembre (56,6%) d'un peu plus de 3 points.

Près de 2.500 bulletins blancs ou nuls ont été répertoriés, c'est à dire près de 2% des suffrages exprimés - chiffre cette fois plutôt important.

Benoît Hamon, arrivé en troisième position, a immédiatement appelé les militants socialistes ayant voté pour lui à se reporter "massivement" vendredi sur la candidature de Martine Aubry : «Pour avoir un parti ancré à gauche, attaché au rassemblement de la gauche, moi, j'ai fait le choix de demander aux 30.000 militants, dont les voix ne m'appartiennent pas, de se reporter massivement vers le vote en faveur de Martine Aubry», a-t-il déclaré, ajoutant qu'il s'agissait d'«un choix de culture et d'un choix politique éminent» (la totalité de sa déclaration en video à la fin de l'article).


Prospectives

10 000 voix séparent les deux candidates, quand Benoit Hamon en a recueillies 30 000. La bascule de la victoire devrait donc se faire au deux tiers : si l'appel de Benoit Hamon en faveur de Martine Aubry est suivi par les deux tiers des militants qui ont voté pour lui, c'est cette dernière qui deviendra première secrétaire.

A noter que que si on compare ces résultats avec celui du vote sur les motions, les 25% de Bertrand Delanoë se sont répartis de la manière suivante et à la louche : 10 points sur Ségolène Royal, 10 autres sur Martine Aubry et les 5 derniers sur Benoit Hamon. C'est un échec pour Bertrand Delanoë qui avait appelé ses partisans à voter pour Martine Aubry et certainement une indication quant au choix opéré par la tendance François Hollande, sans doute très majoritairement en faveur de Ségolène Royal.

On peut néanmoins faire l'hypothèse que les partisans de Benoit Hamon seront plus susceptibles, non pas de suivre les consignes de ce dernier, mais de partager un avis qui les conduira à faire le même arbitrage en faveur de Martine Aubry.

Le second tour pourrait néanmoins bien se jouer à quelques centaine de voix près...


Analyse

Ceux qui me lisent régulièrement savent déjà que je suis déçu de l'élimination de Benoit Hamon, comme ils savent que mon engagement en sa faveur était le fruit d'un constat somme toute assez simple : Benoit Hamon incarnait à la fois l'ancrage à gauche, la volonté de rénover le vieux Parti Socialiste et l'exigence d'un changement de génération.

Pour le changement de génération, l'occasion est manquée. Et même si Ségolène Royal met en avant une équipe largement rajeunie, il demeure qu'elle comme Martine Aubry appartiennent à cette génération qui apparaît particulièrement incapable d'en finir avec une vieille, stérile et destructrice querelle qui repose avant tout sur des inimitiés personnelles. Laquelle querelle se poursuivra donc et ce quelque soit le résultat de ce soir, et d'autant plus violemment que le résultat sera serré. Et je dirais même plus, de manière plus destructrice encore si c'est Ségolène Royal qui l'emporte, tant celle-ci aurait alors à cohabiter avec des instances dirigeantes qui lui seront majoritairement hostiles, puisqu'elles seront ici d'une répartition à la proportionnelle du vote sur les motions. Tant pis donc, ainsi en ont décidé les militants.

Il est tant vrai que Martine Aubry a le soutien de tout ce que le Parti Socialiste compte encore d'éléphants, que la nécessaire rénovation du parti semblerait en des mains plus sûres si celle-ci était confiée à Ségolène Royal tant cette dernière s'est engagé derrière cette volonté d'ouvrir portes et fenêtres aux citoyens comme au mouvement social, et de démocratiser les pratiques, participativement bien entendu.

A ceci près, cependant, que l'on sait que la première volonté de Ségolène Royal est de présidentialiser un parti afin d'en faire sa machine de guerre électorale personnelle en prévision de cette candidature en 2012 qui lui tient plus que toute autre chose à coeur. Je n'oublie pas en effet que nous aurions pu éviter de nous retrouver dans la situation actuelle où l'unité du Parti Socialiste est gravement en péril, pour peu qu'elle ait consenti à laisser sa candidature au frigidaire et de s'effacer devant un Vincent Peillon derrière lequel un large rassemblement semblait pouvoir s'opérer au soir du vote sur les motions, tant il semblait en mesure d'incarner mieux qu'elle le désir qui s'était alors déjà exprimer en faveur de la rénovation du parti, du changement de génération et d'un ancrage à gauche.

Il reste que la politique est d'abord affaire de ligne politique. Or en ce domaine, je l'ai déjà écrit, Ségolène Royal est prisonnière de sa stratégie d'alliance in fine avec les libéraux du centre droit, stratégie qui n'aura de cesse de la contraindre à veiller à être modemo-compatible - car comment sinon espérer rallier cet électorat, sans même parler contrat de gouvernement avec l'appareil - et on sait qu'il s'agit également de cela.

En ce domaine - la ligne politique - Martine Aubry offre incomparablement plus de garanties non seulement de l'ancrage à gauche du Parti Socialiste, mais également du projet politique qu'il s'agira pour lui de débattre et de définir dans les mois à venir, chantier qui se devra d'ailleurs de débuter dès la semaine prochaine - en sus du travail d'opposition au sarkozysme qui n'a été ces dernières semaines que trop délaissé.

C'est pourquoi il ne devrait surprendre personne que Benoit Hamon ait sans hésitation appelé à voter pour Martine Aubry, comme il ne devra surprendre personne qu'une large majorité de ceux qui ont voté pour lui hier soir apporte en effet ses suffrages à la Maire de Lille. Ce sera en tout cas, avec un enthousiasme plus que modéré mais sans la moindre hésitation non plus, le choix que je ferai - et sans rien renier dès demain de ma volonté exigeante d'une profonde rénovation du Parti Socialiste.



Oui, décidément, une bien belle occasion de manquée...

... mais la politique à également cela de grand que jamais rien n'y est acquis, où même la défaite n'est jamais qu'une étape !



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Une gauche radicale, un socialisme crédible

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Benoit Hamon : une gauche radicale, un socialisme crédible



Benoit Hamon a mis en ligne sur son site une dernière vidéo de campagne pour appeler les militants socialistes à voter en faveur de sa candidature :


Du pur jus gauchiste ! diront certains. Et ils auront raison, dans une certaine mesure. Les images sont fortes qui parlent de la crise économique et du mouvement social, qui évoquent la crise financière, la montée du chômage, la dégringolade du pouvoir d'achat, de ce « monde qui s'effondre », des images qui illustrent l'exaspération sociale et la colère dans nos banlieues, les mobilisations sociales et les défaites du Parti Socialiste, ses absences aussi, et une bande son qui appelle au combat politique « duquel peut naître une espérance »... et le tout en moins de deux minutes.

On n'a plus l'habitude d'un Parti Socialiste qui parle ainsi, presque crûment. Et c'est une partie du problème. L'autre partie provenant du fait que, sauf à être un parti politique purement contestataire, un parti de posture, tenir un tel discours exige d'être en mesure d'apporter des réponses à la hauteur du constat, ce que nous le savions bien - ou du moins avons-nous fini par l'apprendre - la sociale-démocratie n'était pas en mesure de promettre.

C'est tout l'intérêt de ce qui s'est passé à la gauche du Parti Socialiste, cette mutation qu'il a opéré vers un projet qui ne se contente plus d'osciller entre marxisme et keynesianisme. Il ne s'agit plus pour la gauche du Parti Socialiste de tirer le curseur vers la gauche de cet axe très XXème siècle et qui dans une large mesure est obsolète. Une mutation profonde du projet a été engagé qui, ajoutant une troisième dimension à la réflexion politique, a permis de s'élever au-dessus des deux premières, de les transcender en quelque sorte.

Benoit Hamon ne la nomme pas encore ainsi, mais qu'importe : le fait est que cette dimension nouvelle de l'analyse politique se nomme écologie politique, une doctrine qui part du constat que la faillite libérale provient du fait que le marché seul est incapable de tenir compte du coût des externalités négatives - pour vulgariser, disons qu'il s'agit des dommages collatéraux subits par le corps social et son environnement - et aboutit à la conclusion que la puissance publique doit intervenir avec force afin de réglementer le marché en lui imposant d'internaliser ces coûts, de les supporter en totalité. Il ne s'agit pas tant de dire pollueur payeur que de rendre le coût de la pollution si important que les investissements s'orienteront vers des solutions non polluantes. Il ne s'agit pas tant de pénaliser les licenciements, mais d'en faire supporter aux entreprises tout le coût social - qui ne se limite pas à l'indemnisation chômage - de telle manière que la ressource humaine ne soit plus la première variable d'ajustement... Et caetera.

Et cela change tout. Parce que le Parti Socialiste est alors à nouveau fondé pour, devient plus légitime à s'opposer à la droite, souligner la faillite libérale, dénoncer les dégâts sociaux de la crise, parler d'urgence social et d'urgence écologique, s'impliquer dans le mouvement social, pour la bonne et simple raison qu'il offre une alternative politique aussi radicale que crédible.

C'est ainsi que Benoit Hamon reçoit le soutien d'éminents économistes - dont Liêm Hoang-Ngoc n'est pas des moindres - qui ont cette semaine lancé un appel en sa faveur et viennent crédibiliser une démarche que beaucoup à gauche désespérait de voir émerger :


Appel d’économistes en faveur de Benoît Hamon

L’économie subit sa plus grave crise depuis 1929. Les pistes que notre pays empruntera pour en sortir dépendront avant tout des choix politiques qui seront réalisés. C’est pourquoi, en tant qu’économistes, quelles que soient nos appartenances politiques, nous ne sommes pas indifférents à l’issue des débats internes qui se mènent au sein du principal parti d’opposition. Nous sommes conscients que ce dernier jouera un rôle décisif dans la constitution dans une alternance capable de déboucher sur une alternative réelle. Pour ce faire, le Parti Socialiste devra tirer un bilan sans concession des politiques menées depuis plus de deux décennies.

Au cours de cette période, la financiarisation de l’économie, la déréglementation bancaire, le libre-échange incontrôlé, l’ouverture à la concurrence dans les secteurs de service public, les soi-disant réformes structurelles du marché du travail et les politiques macroéconomiques conduites ont creusé les inégalités et se sont avérées incapables d’assurer le plein-emploi. Ces politiques ont, au contraire, abouti à une détérioration constante de la situation du plus grand nombre. Elles ont, de reniements en reniements, conforté les discours sécuritaires et identitaires. Il convient donc, dès maintenant, de penser la politique nécessaire pour assurer la transition vers un nouveau modèle de croissance et de développement.

Les réflexions économiques des candidats à la direction du Parti Socialiste laissent présager de la politique qui sera menée. A cet égard, les chantiers que propose de creuser Benoît Hamon ouvrent des voies nouvelles et pertinentes dans le contexte actuel. Parmi ceux-ci, l’entrée de l’Etat dans le capital des banques recapitalisées est nécessaire pour contrôler, consolider et étendre la sphère du pôle public financier pour reconstruire les conditions de stabilité et d’efficacité du mécanisme du crédit. Ceci doit aussi se faire dans le cadre d’un redéploiement de la politique industrielle qui assume pleinement les responsabilités de l’État comme organisateur, comme initiateur, mais aussi le cas échéant comme producteur.

Les services publics doivent être le modèle de référence de la gestion des biens collectifs. Le système fiscal doit être rendu plus redistributif pour éviter que l’effort de financement de l’action publique ne pèse avant tout sur les classes moyennes et modestes qui subissent la crise du pouvoir d’achat. Ceci implique un contrôle sur les mouvements financiers afin de pénaliser les pratiques d’évasion et de concurrence fiscale qui sont les moyens que les plus riches se donnent pour se soustraire à la loi commune et violer ainsi les principes de la décision démocratique.

La puissance publique doit organiser, avec les partenaires sociaux, l’indexation des salaires sur l’inflation et les gains de productivité. L’extension de l’assiette des cotisations sociales doit être privilégiée, comme alternative au recul de l’âge de la retraite pour préserver le système par répartition. La progressivité et la modulation de l’impôt sur les sociétés doit permettre de taxer la rente et de favoriser les entreprises qui investissent et qui créent des emplois. On ne saurait tolérer plus avant les pratiques de dumping fiscal, social et écologique que l’on constate hors mais aussi dans l’UE et qui aboutissent, par le biais du libre-échange, à défaire de l’extérieur ce qui a été construit à l’intérieur. Des protections sont donc nécessaires et seront à mettre en place, notamment par l’activation du principe de préférence communautaire, pour mettre fin à la déflation salariale et garantir les normes sociales et écologiques contre le libre-échange.

Un véritable New Deal doit être élaboré pour sortir l’Europe de la récession. Pour cela, l’Europe doit pouvoir lever l’emprunt. Le pacte de stabilité doit être définitivement abandonné. Les statuts de la BCE doivent être refondés pour permettre une politique monétaire faisant du plein emploi et de la stabilité du système financiers des objectifs à part égal avec la stabilité des prix. L’action de la BCE doit être intégrée dans une logique de politique économique globale, à l’inverse du dogme d’indépendance qui n’est ni fondé en théorie, ni désormais applicable en pratique.

La candidature de Benoît Hamon a d’ores et déjà permis de réhabiliter de nombreux débats interdits de politique économique. Il est temps de les aborder de front, car la poursuite d’une stratégie consistant à amender à la marge le modèle de croissance néo-libéral se trouverait décalée vis-à-vis des défis qu’il faut relever en ce moment-charnière pour élaborer un programme de sortie de crise.


Premiers signataires : Bruno Amable (Université de Paris 1) Angel Asensio (Université de Paris 13) Liêm Hoang-Ngoc (Université de Paris 1) Dany Lang (Université de Paris 13) Jean-Marie Monnier (Université de Paris 1) Stefano Palombarini (Université de Paris 8) Bernard Paulré (Université de Paris 1) Muriel Pucci (Université de Paris I) Nathalie Rey (Université de Paris 13) Jacques Sapir (EHESS) Richard Sobel (Université de Lille 1) Damien Sauze (Université de Bourgogne) Nadine Thévenot (Université de Paris 1) Bruno Tinel (Université de Paris 1) Stéphane Tizio (Université de Bourgogne) Julie Valentin (Université de Paris 1) Franck Van de Velde (Université de Lille 1)



Où l'on parle de : Une gauche radicale, un socialisme crédible






Un second tour Hamon Royal

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Un second tour Hamon Royal



Benoit Hamon Ségolène RoyalDans mon Twitter, on me dit que la rue Solférino estime que Ségolène Royal arriverait en tête avec plus de 35% des suffrages - mais moins de 40% - et que Martine Aubry et Benoit Hamon seraient au coude à coude avec un peu plus de 30% des votes des militants - mais moins de 35%.

Tout le monde sait ce qu'il faut penser des chiffres qui circulent sous le manteau, et qui émergent comme miraculeusement ici ou là. Il reste que ce sont là des chiffres qui me paraissent censés, qui forment une hypothèse crédible.

Et je me dis alors que l'élimination de Martine Aubry au soir du premier tour laisserait la place à un second tour entre Ségolène Royal et Benoit Hamon qui aurait l'immense avantage de permettre finalement aux militants de conclure utilement cette interminable phase de congrès en tranchant de manière très nette entre deux orientations stratégiques, deux conceptions de la rénovation, deux conceptions du combat politique, deux conceptions du socialisme :


Deux orientations stratégiques : Pour Benoit Hamon, le Parti Socialiste doit refuser toute idée d'alliance partisane avec le Modem, afin d'ancrer sans ambiguïté le Parti Socialiste dans la gauche et lancer dans les meilleurs conditions la bataille des idées qu'il s'agit de gagner afin que, sortant vainqueur des prochaines présidentielles, le candidat de la gauche soit en mesure de mener une politique de transformation sociale aussi crédible qu'ambitieuse et résolue.

Pour Ségolène Royal, il s'agit de prendre comme une donnée le rapport de force droite gauche, aujourd'hui largement défavorable à la gauche, et d'en conclure à l'inéluctabilité d'un accord de second tour avec le Modem. De fait, avec cette perspective, il s'agira dans les trois ans à venir de réfléchir à un projet socialiste qui soit en mesure de ne pas trop rebuter les libéraux de centre-droit avec lesquels il faudra donc s'allier.


Deux conceptions de la rénovation : Pour Benoit Hamon, il s'agit de construire un nouveau Parti Socialiste qui ressemble d'avantage à la France, dans lequel et à tous les échelons de responsabilités, puissent être présentes toutes les générations, toutes les catégories socio-professionnels, toutes les origines. Il s'agit également de mettre en accord les règles internes avec la conception socialiste de la démocratie, laquelle conduit les socialistes à plaider pour l'instauration d'une VIème République où le parlementarisme se substitue au présidentialisme.

Pour Ségolène Royal, il s'agit d'abord d'instaurer au Parti Socialiste un fonctionnement aligné sur le présidentialisme de la Vème République, avec un présidentiable - elle-même - à sa tête, un chef doté d'un fusible - en la personne de Vincent Peillon - nommé au poste de premier secrétaire délégué à la gestion du quotidien qui amortira les chocs d'éventuels revers électoraux à venir, préservant ainsi la candidature du chef - entendez, Ségolène Royal elle-même.

Et c'est ainsi qu'alors qu'au lendemain du vote des militants sur les motions, alors que la motion E avec Ségolène au frigo était arrivée en tête et que se dessinait un rassemblement des socialistes autour d'une ligne politique ancrée à gauche, une volonté de rénovation et la candidature de Vincent Peillon au poste de premier secrétaire, Ségolène Royal a choisi de sortir de son frigidaire sa propre candidature, sachant pourtant que s'était là le moyen le plus sûr de rallumer toutes les vieilles querelles et le feu de la division des socialistes.

Et c'est ainsi que le changement de génération demeure de ce côté là cantonné en deuxième ligne.


Deux conceptions du combat politique : Faisons bref ici. D'un côté l'engagement collectif, le débat de fond, la bataille des idées, la réflexion à un projet alternatif, l'opposition à la droite, la mobilisation aux côtés du mouvement social. De l'autre, un peu de tout cela aussi - ne caricaturons pas - mais aussi la pipolisation, les paillettes, la culture du chef - ne disons pas "le culte du chef" -, la caporalisation des militants, le pragmatisme jusqu'aux renoncements, la démagogie jusqu'aux frontières du populisme, l'ambition personnelle jusqu'à la mise en péril de l'intérêt collectif, etc...


Deux conceptions du socialisme : Pour Benoit Hamon - et c'est le point de départ de la motion qu'il a soumise aux militants - le premier constat est celui de l'échec du compromis social-démocrate : échecs électoraux qui s'expliquent par la mise en oeuvre d'une politique qui partout a échoué à se poser en alternative de poids au libéralisme, à lui opposer une résistance sérieuse, à réaliser la transformation sociale que l'on attend de la gauche. Il s'agit donc de dépasser ce modèle et de proposer une politique plus de rupture que d'accompagnement, où la puissance publique cesse de reculer et intervient fortement pour réguler et réglementer les marchés, les contraignant à supporter les coûts sociaux et environnementaux des investissements productifs. Il s'agit d'ancrer le PS à gauche.

Pour Ségolène Royal, qui a opportunément déclaré que le modèle social-démocrate était « périmé », il suffit de lire la motion E, et plus simplement encore de connaître le positionnement politique à l'intérieur du PS de ses signataires, tels que les très sociaux-démocrates que sont les barons Collomb et Guérini ou le très social-libéral Manuel Valls, pour comprendre que la sociale-démocratie demeure encore et toujours au coeur de sa pensée politique, comme elle était déjà au coeur de son pacte présidentiel dont elle n'a jamais renié que les mesures les plus sociales, justement. Et même si elle s'en éloignait, la nécessité de ne pas effaroucher les libéraux du centre-droit l'y ramènerait très vite.


Oui, décidément, un second tour entre Benoit Hamon et Ségolène Royal serait l'opportunité pour les militants de sortir par le haut de ce congrès en tranchant de manière nette entre deux orientations politiques et deux conceptions du changement.

Et aux militants qui s'interrogerait sur une stratégie de vote au premier tour qui préserve leurs chances de l'emporter au second, je profite de l'occasion pour leur rappeler que dans un scrutin majoritaire à deux tours entre seulement trois candidats, la notion de vote utile n'a aucune pertinence - dit autrement, dans cette configuration, le seul vote utile consiste à voter directement pour son candidat préféré. N'hésitez plus, saisissez cette opportunité, osez l'audace et votez pour Benoit Hamon.



Où l'on parle de : Un second tour Hamon Royal






Le double aveu de Ségolène Royal

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Ségolène Royal et le Modem : l'Aveu !



L'aveu de l'alliance avec le Modem :

Ce matin sur France-Inter, une auditrice a posé une question limpide à Ségolène Royal : « Madame Royal est-elle capable de nous dire clairement qu'elle est POUR un appel au ralliement des militants du Modem et CONTRE un rapprochement des deux formations politiques. »

La réponse aurait pu être tout aussi limpide : OUI je peux répondre clairement et, surtout, OUI je suis POUR un appel aux militants et CONTRE une alliance entre les deux partis politiques - ou du moins tant que l'un est de droite et l'autre de gauche. Force est de constater que la réponse est NON :




Non, Ségolène Royal - qui par ailleurs n'a de cesse de prôner la clarté - n'est pas capable de répondre clairement à cette question simple. Et oui, donc, il serait envisageable, si Ségolène Royal venait à prendre la tête du Parti Socialiste, que le Parti Socialiste et le Modem s'engagent mutuellement dans un contrat de gouvernement. Et donc oui encore, le Parti Socialiste pourrait de facto se retrouver à gouverner avec les libéraux et se placer ainsi dans l'incapacité, une fois de plus, une fois de trop !, de mener une politique de transformation sociale ambitieuse à la hauteur des urgences sociales et écologiques du XXIème siècle, une politique résolument ancrée à gauche en rupture avec un libéralisme d'autant plus destructeur qu'il est aujourd'hui moribond. Bref, ce serait le grand retour du renoncement social-démocrate façon fin de XXème siècle et son cortège de désillusions. Un bien étrange moyen de prôner le changement et l'ancrage à gauche voulu par les militants socialistes.


L'autre aveu : Georges Frêche

Pas tout à fait accessoirement, Ségolène Royal a également été interrogé ce matin sur ses intentions quant à la réintégration de Georges Frêche dans le Parti Socialiste.

Le moins qu'on puisse dire est qu'elle a manié davantage l'esquive que la clarté, arguant qu'il s'agirait là d'une décision collective à prendre après qu'elle aurait été élue. Pressé par le journaliste de se faire plus précise quant à sa propre opinion, la candidate s'est cantonné à faire l'éloge d'un homme qui a par ailleurs lui-même confié publiquement avoir négocié son soutien à la motion Royal contre sa réintégration au sein du Parti Socialiste.

Rappelons que Georges Frêche, président du conseil régional de Languedoc-Roussillon, président de la communauté d'agglomération de Montpellier et conseiller municipal de Montpellier, a été exclu du Parti Socialiste, il y a un peu moins de deux ans, suite à ses déclarations à propos de l'équipe de France de football : « Dans cette équipe il y a neuf Blacks sur onze. La normalité serait qu'il y en ait trois ou quatre. Ce serait le reflet de la société. Mais là, s'il y en a autant, c'est parce que les Blancs sont nuls. J'ai honte pour ce pays. Bientôt, il y aura onze Blacks. Quand je vois certaines équipes de foot, ça me fait de la peine. »

Il ne s'agit pas de juger ici du caractère plus ou moins odieux d'une telle déclaration, mais de constater que pour le moins elle est une outrance faite au socialisme, des propos incompatibles avec l'idée-même qu'on peut se faire à gauche de l'universalité de l'homme, qui ne distingue pas les êtres humains selon leur couleur de peau, ou autres caractères ethniques, pour faire des généralités chargées de sous-entendus quant aux aptitudes des uns ou des autres.

Le moins qu'on puisse dire est que venant d'une femme qui en fait beaucoup sur le thème de la France métissée, une telle indulgence est plus que suspecte. Il apparaît sans aucune ambiguïté que des discussions ont eu lieu, que des petits arrangements ont été pris et que des promesses ont été faites en échange de certains soutiens dont on sait qu'ils ont du poids. Pour une candidate qui clame partout le renouvellement des pratiques politiques, ce point est particulièrement éclairant. Ségolène Royal se gargarise régulièrement de vouloir mettre en accord les discours et les actes, mais de tout évidence ce n'est là que du discours...

Une chose est certaine, c'est qu'en cas d'élection de Madame Royal au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste, les militants du Languedoc-Roussillon vont devoir attendre un peu avant qu'une équipe rajeunie et des pratiques nouvelles parviennent jusque chez eux. De même que dans les Bouches-du-Rhône, où le très jeune et très moderne Jean-Noël Guérini semble avoir une conception toute personnelle de la démocratie interne.



Où l'on parle de : Ségolène Royal : l'Aveu !






A propos de l'ancrage à gauche

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A propos de l'ancrage à gauche



Ce matin sur France Inter, en revenant sur les raisons de la défaite de Ségolène Royal aux dernières présidentielles, Benoit Hamon a parfaitement résumé l'essentiel de ce qui justifie, même d'un point de vue stratégique, la nécessité pour le Parti Socialiste de renouer enfin avec l'ancrage à gauche de sa ligne politique.

Par la même occasion, vous avez dans cette séquence de moins de 1'30", le condensé de ce qui doit conduire un militant socialiste à choisir Benoit Hamon jeudi et vendredi prochain :




Où l'on parle de : A propos de l'ancrage à gauche






Se rassembler à gauche avec Benoit Hamon

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Se rassembler à gauche avec Benoit Hamon



Une certitude que nous pouvons avoir est que si le prochain premier secrétaire du Parti Socialiste est Ségolène Royal ou Martine Aubry, la guerre des socialistes se poursuivra. Dans un cas comme dans l'autre, les perdants chercheront à obtenir leur revanche sur les gagnants en les faisant trébucher et ces derniers imputeront leurs difficultés et éventuellement leurs échecs aux divisions dont les premiers seront tenus pour responsables. Dans un cas comme dans l'autre, il nous faut en être bien conscient, nous n'en aurons pas fini avec la division. Tout au plus, cette guerre qui était ouverte ces derniers mois se transformera en une guerre de positions, une guerre de tranchées et menée largement dans l'ombre, par les uns comme par les autres.

En finir avec une querelle interminable, née de la guerre de succession post-mitterrandienne, c'est tout l'intérêt du saut générationnel en faveur duquel je plaide depuis plusieurs semaines sur ce blog - et en réalité depuis le lendemain des élections présidentielles et législatives de 2007. J'avais estimé pour ma part que la plus grande chance de parvenir à ce changement de génération résidait en Vincent Peillon. Malheureusement, celui-ci n'a pas souhaité assumer toutes ses responsabilités, cédant à la volonté intransigeante d'une Ségolène Royal incapable de s'effacer - de même qu'après avoir été tentée, Martine Aubry n'a pas non plus consenti à s'effacer derrière Benoit Hamon. Lequel pourtant, et contrairement à Vincent Peillon, a décidé d'assumer ses responsabilités, en particulier donc celle d'offrir aux militants cette alternative d'une sortie du cycle infernal de la division.

Mais peut-être devriez-vous prendre simplement dix petites minutes pour décider s'il ne serait pas préférable que le Parti Socialiste tienne désormais ce discours et ressemble désormais à ça :





Notons en passant que Benoit Hamon a trouvé un accord politique de bel augure avec la motion Utopia (F), exposé ici en 2 minutes par Franck Pupunat :



Où l'on parle de : Se rassembler à gauche avec Benoit Hamon






pragmatisme et renoncements

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Réponse à Juan de Sarkofrance



Pragmatisme et renoncements du socialisme


dans l'oeil de SarkofranceL'indispensable Juan de Sarkofrance a publié sur leftblogs.info un billet intitulé « Je n’ai pas été déçu par le Congrès Socialiste », dans lequel il dresse un bref tableau de ses impressions de congrès et où, du constat selon lequel les socialistes seraient en réalité d'accord sur le fond politique, il conclut au fait que le bon choix serait celui de porter Ségolène Royal à la tête du Parti Socialiste.

J'ai d'abord commencé un petit commentaire au-dessous de son billet, qui a rapidement cessé d'être petit pour bientôt n'avoir plus le format concis d'un commentaire. Pis, au même moment, j'ai découvert un autre billet - « Parti Socialiste : le malentendu de l’unité » -, plus récent encore, dans lequel il revient sur la question du Modem et expose une vision très pragmatique du combat politique.

Bref, plus moyen d'en rester au commentaire. Autant faire un billet où ce que j'ai à dire apparaîtra sans doute un peu plus construit.

Juan écrit : « un parti doit avoir des statuts cohérents avec le régime politique dans lequel il concourt », et constate que le Parti Socialiste « conserve encore quelques restes d’un fonctionnement digne de la 4ème république ». Le constat est juste : il est vrai que demeure une pointe de IVème République dans le PS et que le présidentialisme est plus en phase avec la Vème... Mais il faut alors se souvenir de ce temps pas si lointain où les socialistes en appelaient à l'instauration du VIème République, où le parlementarisme se substituerait au présidentialisme. Faut-il renoncer à cette ambition ? Faut-il surtout oublier pourquoi cette ambition, ce qui la justifiait et la justifie encore ?

Le monde ne nous ressemblant pas, il faudrait renoncer à changer le monde et se contenter de lui ressembler - afin simplement d'être en phase ? C'est là bien tout le problème du Partie Socialiste depuis plus de deux décennies, c'est-à-dire depuis les premiers renoncements de l'ère mitterrandienne, et en passant par le tragique « l'Etat ne peut pas tout » de Lionel Jospin qui scella le sort des deux dernières présidentielles. Le socialisme ne sachant plus comment changer la vie dans un monde devenu trop complexe et trop grand, il ne pouvait que s'adapter, corriger un peu, ici ou là. Reconnaissant que le monde était plus fort que lui, il avait renoncé à son ambition... pour l'Homme. Il avait de fait renoncé au socialisme.

Alors, plutôt que de renoncer et de nous adapter, pour être en phase, posons-nous chaque fois la question de ce qui fonde notre engagement, notre ambition. nous voulions en finir avec le présidentialisme de la Vème République : pourquoi ? Parce que la gauche n'a que faire de la culture du chef. Parce que nous en connaissons les dérives - et nous les voyons aujourd'hui à l'oeuvre. Parce que nous croyons en l'intelligence collective et en la force positive de la démocratie. Parce que la démocratie est l'outil premier du socialisme - et il faudrait d'ailleurs s'interroger aussi sur la cohérence entre présidentialisation et démocratie participative...

Non, je ne crois pas que le pragmatisme soit nécessairement le passage obligé de toute victoire - ou en tout cas tant que l'on espère encore en des victoires utiles. Je crois que lorsque le pragmatisme devient renoncement ou cynisme, souvent les deux à la fois, on a déjà perdu le combat que l'on mène, parce que l'on a oublié pourquoi, et surtout pour qui, on avait engagé ce combat.

Non, il ne s'agit pas de crier « A Gauche » plus fort que les autres. Et puis surtout, non, les précaires ne se foutent pas « qu'on gouverne exactement pareillement » de ce que nous avons toujours fait... et qui ne les a que très marginalement rendu moins précaires.

Il ne s'agit pas de crier « A Gauche », mais il s'agit de réinventer la gauche, de ne pas en rester à une sociale-démocratie qui ne cesse et partout d'échouer, qui met des pansements - et c'est mieux que rien, mieux que ne fera jamais la droite - mais qui ne guérit pas, qui ne possède pas les moyens de guérir.

Non, la sociale-démocratie ne saurait répondre ni à l'urgence sociale ni à l'urgence écologique - ni même aux horreurs économiques qui se succèdent à travers le monde et dévastent les hommes. Elle ne saurait y répondre, à ces deux urgences, ne serait-ce que parce qu'elle n'a pas intégré dans son architecture que ce sont là les deux faces de la même pièce.

C'est pourquoi il y a pour les socialistes, cette semaine, un véritable choix politique à faire. Un choix entre ceux qui prônent bon an mal an la poursuite du projet social-démocrate, et ceux qui ont commencé à ouvrir de nouvelles pistes à gauche - et Benoit Hamon a fait en ce domaine la preuve que le projet socialiste nouveau est en passe de trouver une cohérence dans cette «radicalité crédible» qu'a évoquée une Ségolène Royal, dont il faut bien reconnaître qu'elle a parfois le sens de la formule juste - mais les mots ne suffisent pas... les mots ne peuvent suffire quand on les prononce tous.

Or il y a une réalité qui permet d'évaluer Ségolène Royal quant çà ce choix politique essentiel qu'il faut faire, l'évaluer par delà les mots qu'elle prononce ici ou là, par delà cette stratégie qu'elle avait d'abord mise en oeuvre lors des présidentielles et qui consiste à aller systématiquement chasser sur le terrain de l'adversaire. Cette réalité est toute entière contenue dans le texte qu'elle a signé et avec lequel elle se présente devant les militants, toute entière inscrite dans cette motion E qui de toute évidence est dans l'exacte continuité sociale-démocrate, une voie prônée d'ailleurs sans ambiguïté par ses co-signataires, Jean-Noël Guérini, Gérard Collom et Manuel Valls entre autres.

C'est pourquoi, si l'on se concentre sur le cœur du problème socialiste, c'est-à-dire sur ce qui concerne très concrètement les précaires auxquels les socialistes doivent de se réinventer et de cesser d'être dans les renoncements timorés - même mâtinés d'une compassion très émouvante et très fraternelle -, il n'y a en effet pas à hésiter et, pour ma part, je suis socialiste et je voterai Benoit Hamon sans la moindre hésitation.



Où l'on parle de : Réponse à Juan de Sarkofrance






Ma Synthèse

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Congrès de Reims : ma synthèse



Un congrès désespérant. Deux candidates désespérantes. Et Benoit Hamon pour ce qui reste d’espérance en un Parti Socialiste rénové et ancré à gauche. Les socialistes sauront-ils se souvenir enfin qu’être de gauche c’est d’abord oser aller de l’avant, oser renverser l’ordre établi ?…


Osons Benoit HamonLamentable !

Le visage qu'a présenté le Parti Socialiste aux français, et même à ses militants, est lamentable. Je ne vais pas jouer au petit jeu des responsabilités, simplement dire que le résultat est désastreux... et ne pas épiloguer. Ne pas épiloguer, aller de l'avant, continuer quand même, se tourner déjà vers les lendemains, et feindre de ne pas être trop pessimiste, ni trop amer.

Non, tout de même. D'abord me souvenir une dernière fois qu'il y a une semaine encore, après que les militants avaient voté sur les motions, on parlait d'ancrage à gauche, de rénovation du parti, de changement de génération... et de Vincent Peillon. Et puis Ségolène Royal a voulu être que la candidate ce soit elle. Personne d'autre qu'elle et son ambition. Et alors Martine Aubry n'a pas voulu que ce soit Ségolène Royal. Benoit Hamon non plus. Il y eut aussi Bertrand Delanoë qui ne voulait ni de Ségolène Royal ni de Benoit Hamon. Et Martine Aubry qui ne voulait pas de Bertrand Delanoë. Et Benoit Hamon qui estimait être le meilleur candidat pour la gauche. Et Ségolène Royal qui continuait à ne voir qu'elle-même et son destin présidentiel. Ce qui inquiète tous les autres. Et puis rien.

Me souvenir aussi qu'hier soir, pourtant, tout semblait s'être clarifié, sur le fond. Un clivage politique s'était révélé entre les partisans de la motion E et les autres, sur la question cruciale, essentielle, de l'ancrage à gauche. On semblait avoir enfin compris que la question des alliances n'était pas un prétexte, mais bien une problématique indissociable de celle de la ligne politique. La motion E apparaissait enfin pour ce qu'elle était, c'est-à-dire minoritaire. Il y avait la place pour une majorité, pour bâtir une synthèse majoritaire autour d'une ligne politique cohérente et à gauche. Un Parti Socialiste qui choisirait la gauche, c'était une perspective alléchante. Mais l'inertie de l'appareil et le conflit des egos eurent raison d'une espérance qui fût tué dans l'oeuf. Opportunité rare, occasion manquée et on pourrait bien avoir longtemps pour s'en mordre les doigts.

Tant pis. Prendre acte, donc. Recommencer à partir de là. Comprendre la situation. Ne pas oublier que si les français n'ont certainement pas besoin de ce parti socialiste là, ils ont besoin de l'alternative socialiste, besoin de gauche. La responsabilité des militants socialistes demeure immense, dès la semaine prochaine et dès ce vote sur le premier secrétaire qui sera donc déterminant pour l'avenir.

Trois candidats, deux lignes politiques. D'un côté Ségolène Royal, de l'autre Martne Aubry et Benoit Hamon.

Ségolène Royal : Sa ligne politique est celle inscrite dans la motion E, issue de l'alliance avec Gérard Collomb, Jean-Noël Guérini et Manuel Valls, barons de la vieille social-démocratie tendance libérale et Modem-compatible.

Mais il ne s'agit pas seulement de cela. Et même si la ligne politique demeure essentielle dans ce choix, la crise financière est passée par là qui semble avoir ouverts bien des yeux sur la nécessité d'un réancrage à gauche. On notera à ce sujet que Ségolène Royal dans son discours, ce dimanche matin à Reims, a parlé de radicalité crédible à gauche. Radicalité, un terme dont elle se servait jusqu'à présent pour renvoyer Benoit Hamon à de supposés archaïsmes. Mais on le sait, la stratégie électorale de Ségolène Royal est toujours la même qui consiste à s'en aller surenchérir sur le terrain de l'adversaire - qu'il s'agisse de Nicolas Sarkozy lors des dernières présidentielles ou de Benoit Hamon cette fois-ci - au point qu'on en finit toujours pas se demander où se trouvent ses convictions à elle, sinon dans l'ambition qu'elle a chevillée au corps de l'emporter coûte que coûte.

Il ne s'agit donc pas seulement de cela, disais-je. Ségolène Royal incarne également une autre manière de faire de la politique. C'est indéniable. Pourtant, de la même manière qu'il faut répondre à la droite qu'il ne s'agit pas que de réformer mais de réformer dans la bonne direction, il faut avoir à l'esprit que faire de la politique autrement n'est pas un objectif en soi : ce qui importe est dans la manière. Ségolène Royal joue de la proximité sentimentale, sait plus que tout autre faire vibrer la corde sensible, elle parle d'amour et de fraternité, d'offenses et de pardon des offenses, et recherche la popularité par la mise en scène d'elle-même.

Cela provoque enthousiasmes, mais aussi rejets, l'un et l'autre étant finalement plus politique qu'irrationnel, tant cette manière de moderniser la gauche peut être perçu comme ayant en réalité plus à voir avec la modernité qu'avec la gauche. Parce que la gauche s'occupe d'avantage de solidarité que de compassion, d'avantage de la mobilisation du collectif que de la personnalisation à outrance, d'avantage de faire appel à l'intelligence qu'à l'émotion. Parce qu'être de gauche c'est aussi, en politique, une manière de faire.

Et là est bien le plus grand danger de Ségolène Royal, ce divorce d'avec le peuple de gauche dont une partie non négligeable la rejette, refuse de se reconnaître dans cette pseudo-modernité qui est en réalité un renoncement. Et l'on revient là très directement au fond de la question des alliances et à la problématique Modem. Pour Ségolène Royal, la gauche n'est pas majoritaire et ne le sera jamais seule : pour l'emporter, elle aura besoin de s'allier avec le centre-droit, rassembler tous les républicains. C'est un renoncement, le plus grand des renoncements : c'est partir battu dans la bataille des idées qu'il s'agit pourtant plus que jamais de mener avec force, c'est renoncer a priori d'être jamais en mesure de mener une politique de gauche, réellement alternative, que, tout républicains qu'ils soient, les libéraux du Modem récuseront toujours.

Enfin, on l'a désormais bien compris, placer demain Ségolène Royal à la tête du Parti Socialiste sera de facto en avoir fait la candidate pour 2012. De facto, le PS serait d'abord et avant tout devenu sa machine à la faire candidate. Or il faudrait être fou ou bien sourd pour ne pas entendre de partout ce peuple de gauche qui avertit : nous ne voterons pas une seconde fois pour Ségolène Royal dès le premier tour. Le rejet est réel dont il nous faut impérativement tenir compte, sauf à d'ores et déjà envisager la défaite en 2012, défaite promise pour une gauche qui, autiste, n'aurait changé ni de projet ni même de candidate.

Martine Aubry ou Benoit Hamon : Sur le fond, le congrès a entériné l'adhésion à la ligne politique de Benoit Hamon, une ligne marquée à gauche, sans ambiguïté sur son positionnement, cohérente, moderne et ambitieuse sur ses propositions. Il ne s'agit maintenant, et plus que jamais, que d'oser franchir le dernier pas, gravir la dernière marche, réaliser ce que n'ont su réaliser les congressistes.

Avant ce week-end, l'image du Parti Socialiste dans l'opinion n'était pas enviable. Elle est désormais tout à fait désastreuse et les militants doivent adresser aux français un message d'autant plus fort qu'il nous faut revenir de loin. Répétons-le donc, il s'agit aujourd'hui d'ancrage résolument à gauche, de rénovation du Parti Socialiste et de changement de génération. Il s'agit à présent de ne plus tergiverser et faire enfin ce saut générationnel qui plus que jamais nous est devenu nécessaire. La politique est aussi affaire de symboles et, quoi qu'on en veuille et en le disant sans offense, dans ce "duel" à la gauche du parti, Martine Aubry symbolise le passé et Benoit Hamon l'avenir. C'est là, précisément, qu'il nous faut trancher et, j'ose le dire ainsi, et pas tout à fait naïvement, trancher avec audace et courage, mais aussi créativité, trancher ici et maintenant pour changer à gauche, trancher radicalement et choisir sans complexe d'avoir un monde d'avance.

Cela fait désormais trop longtemps que les socialistes à ne plus oser ont fini par s'immobiliser : camarades, décomplexons-nous, soyons audacieux, osons Hamon !

Je vais parler de Barack Obama et je m'en excuse tant cela devient convenu. Et loin de moi est l'idée de comparer Benoit Hamon à Barack Obama - je ne suis pas certain d'ailleurs que cela serait lui rendre service. Juste dire ceci cependant : c'est parce que depuis trop longtemps nous, socialistes français, sommes incapables d'oser des Benoit Hamon que nous avons perdu l'espoir de voir émerger de nos rangs des Barack Obama. On peut même aller plus loin : c'est parce que nous avons perdu le goût d'oser que des Vincent Peillon n'osent plus eux-mêmes prendre leurs responsabilités pour sortir de leurs abris tutélaires. Et c'est bien parce que nous sommes socialistes que nous avons le devoir collectif de réapprendre à contester les leaderships, tous les leaderships, plutôt que de toujours très sagement nous y soumettre.

Osons nous réinventer ! Osons le mouvement ! Osons nous bousculer nous-même pour nous remettre en mouvement !



Lire aussi le texte de conclusion de Benoit Hamon : Un projet, une stratégie, une conception de la politique.



Où l'on parle de : Ma Synthèse






Ségolène Royal candidate... à occuper le terrain

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Ségolène Royal candidate... à occuper le terrain



Ségolène Royal nonCette fois, c'est officiel. Manuel Valls, le plus libéraux et le plus sarko-compatible des socialistes, spécialement mandaté par Ségolène Royal, a annoncé que la candidate défaite à la dernière présidentielle sera candidate au poste de premier secrétaire.

Et Vincent Peillon serait alors secrétaire délégué adjoint, chargé de la gestion au quotidien du Parti Socialiste.

Ou comment, une nouvelle fois, afficher son mépris pour le Parti Socialiste en considérant comme indigne d'elle, Madame Royal au-dessus de la meute, d'assumer en totalité la charge et les devoirs qui échoient à un premier secrétaire.

N'en déplaise à Madame Royal, le poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste n'est pas simplement un poste honorifique qui permettrait au titulaire d'afficher dans les médias son nombril et son ambition. Il ne s'agit pas de se placer pour la prochaine présidentielle, il ne s'agit pas de prendre le Parti Socialiste, il ne s'agit pas d'en être le chef, mais bien d'en assumer la bonne gestion.

Il s'agit au quotidien de l'élaboration collective du projet socialiste.

Il s'agit au quotidien de préparer les prochaines échéances électorales.

Notamment.

Il ne s'agit pas de reculer devant l'obstacle et ne pas prendre toutes ces responsabilités, en déléguant à un autre les basses besognes.

Il ne s'agit pas, et encore moins, de se préparer un fusible au cas où les prochaines élections venaient à mal se passer pour le Parti Socialiste, un fusible nommé Vincent Peillon, donc, qui permettrait à Ségolène Royal de n'avoir pas à assumer toute la responsabilité d'un éventuel échec, si par hasard il venait l'idée aux électeurs de se détourner d'un Parti Socialiste à leurs yeux coupable d'avoir une fois encore renoué avec toujours les mêmes errances.

Cette idée de déléguer le quotidien est décidément le signe d'un profond mépris pour un parti et pour ses militants.

Non, Madame Royal, il n'est décidément pas possible de n'être candidate qu'à moitié, simplement pour occuper le terrain et de peur qu'un autre en occupant le poste vous barre la route à la seule candidature qui au fond vous intéresse et qui concerne les élections présidentielles de 2012.

Non, Madame Royal, le poste de premier secrétaire ne saurait n'être qu'un tremplin pour vos ambitions présidentielles.

Aussi, Madame Royal, pour moi, ce sera non !



Lire aussi : Ségolène sort du frigo : tout ça pour ça !

Lire encore : Ségolène Royal, incarnation du socialisme ?



Où l'on parle de : Ségolène Royal candidate... à occuper le terrain






L'incarnation du socialisme

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L'incarnation du socialisme



Ségolène RoyalVincent Peillon l'a déclaré ce matin sur France Inter : Ségolène Royal, répondant à l'amicale pression de ses amis de la motion E, sera candidate au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste.

A moins que ce ne soit là encore un "coup" à double détente, les choses commencent cette fois à s'éclaircir et, par la seule volonté de l'ex-candidate aux élections présidentielles qui a « envie » de l'être encore en 2012, le congrès de Reims se déroulera essentiellement autour de la question de la personne de Ségolène Royal.

En conclusion de son interview, ce matin, Vincent Peillon a confié que selon lui « Ségolène Royal, aujourd'hui, incarne ce dont le socialisme a besoin. » Et c'est en effet la question qui sera de fait posée à l'ensemble des socialistes, d'abord aux délégués du congrès, ce week-end à Reims - élus rappelons-le, à la proportionnelle du vote des militants sur les motions -, puis à tous les militants la semaine prochaine, à l'occasion de l'élection au suffrage universel direct de leur premier secrétaire : Selon vous, Ségolène Royal incarne-t-elle, oui ou non, votre conception d'un socialisme moderne ?

De toute évidence, et même si on peut le regretter, cet débat est aujourd'hui encore celui qui divise le plus les socialistes, clivage béant entre ceux qui répondent que c'est une évidence et ceux qui répondent que c'est une absurdité. Il est très certainement utile, finalement, que très démocratiquement, très sereinement, les socialistes aient à trancher dans le vif de cette épineuse question. Vincent Peillon a d'ailleurs lui-même appelé à cette clarification essentielle en déclarant que « la question du pouvoir ne doit pas être éludé. »

Je suis d'ailleurs pour ma part persuadé que derrière cette question très légitime, il y a un véritable débat de fond sur l'orientation politique, un débat qu'il aurait été hautement préférable de formuler explicitement. Si cela n'a pas été possible, c'est aussi en partie que Ségolène Royal n'a eu de cesse que de l'esquiver, préférant toujours se mettre en scène que d'exposer ses idées, préférant toujours louvoyer vers sa victoire que de prêter le flanc à cette bonne querelle qu'elle avait en son temps appelée de ses voeux. C'est aussi que la manière que l'on a de faire de la politique est toujours intimement liée à l'orientation politique qu'on souhaite suivre, à la conception que l'on a du socialisme et de la gauche.

Ainsi, puisque donc c'est désormais de cela qu'il s'agit - Ségolène ou pas Ségolène -, que c'est ainsi que la question nous sera posée : Camarades socialistes, n'éludons pas la question du pouvoir et tranchons dans le vif la question de l'incarnation du socialisme, en conscience, utilement et sereinement.


Edit : Puisque nous en venons à parler d'incarnation du socialisme du XXIème siècle, je vous invite à regarder cette excellente prestation de Benoit Hamon sur BFM, ce matin :




Où l'on parle de : L'incarnation du socialisme






L'envie du désir d'avenir de soi

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Ségolène Royal et l'envie du désir d'avenir de soi



Ségolène Royal a répondu à l'invitation de Laurence Ferrari qui souhaitait lui demander si elle allait réchauffer sa candidature au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste. Elle s'est donc rendue hier soir au journal de 20h de TF1 et a répondu... ni oui ni non, j'ai envie mais. C'était bien la peine d'y aller !

Cela fait tout de même plus d'un an qu'on a tous compris qu'elle souhaitait prendre le parti socialiste. On a, je crois, tous bien compris d'ailleurs qu'il s'agissait surtout de s'assurer qu'elle serait de nouveau la candidate aux présidentielles de 2012 et que le Parti Socialiste est pour elle cette assurance et que si elle a donc envie de le prendre c'est pour en faire SA machine à devenir LA candidate.

Ainsi, celle qui a vilipendé avec force les synthèses molles à la François Hollande, qui avant l'été proclamait avec énergie qu'elle préférait « une bonne querelle à une mauvaise synthèse », se trouverait aujourd'hui tout à fait disposée à rassembler l'ensemble des socialistes autour de sa candidature... et un document de synthèse d'une page qui en effet ne fera de mal à personne.... et surtout laissera cette fois encore le Parti Socialiste sans ligne politique claire.

Rappelons tout de même la configuration qui se dessinait depuis le vote des militants jusqu'à encore lundi dernier : la motion E était arrivée en tête, la motion C avait fait un score plus qu'honorable, on concluait à la volonté des militants d'un changement de génération et d'un ancrage à gauche, ... et une certaine envie de la candidature de Vincent Peillon se profilait. Ségolène Royal était dans son frigidaire, Bertrand Delanoë, François Hollande et Martine Aubry étaient hors-jeu, personne n'évoquait le Tout Sauf Ségolène - et pour cause - et tous les espoirs semblaient permis d'un congrès enfin utile.

Et puis Ségolène Royal a eu envie. Ou plutôt, elle n'a pas eu envie de s'effacer, de privilégier l'intérêt du collectif sur son dessein présidentielle, ambition qui menaçait d'être contrariée par cette configuration qui incluait son effacement dans une exigence de rénovation. Elle a donc réactivé sa candidature, et par la même occasion a remis dans le jeu François Hollande dont elle a besoin en soutien, remis dans le jeu également Martine Aubry qui n'existe qu'en tant que figure de proue du TSS, et a remis à l'ordre du jour cette idée du rassemblement de tous autour de rien, cette synthèse ultra-molle et source de tous les maux du Parti Socialiste depuis une dizaine d'années.

Et bien, pour répondre à Juan des coulisses de Sarkofrance qui nous pose la question, Non ! moi je n'ai pas envie...
Pas envie de faire de ce congrès, l'otage d'un ego et d'une ambition qui n'a rien de collective.
Pas envie d'un congrès pour elle donc pour rien, qui renouerait avec les errements du passé.
Pas envie d'une synthèse molle au service d'un seul.
Pas envie de donner cette image du Parti Socialiste.
Pas envie ni de Ségolène ni du Tout Sauf Ségolène - et l'un ne va évidemment pas sans l'autre.
Pas envie que les centaines de pages de contributions, les dizaines de pages de motions, le travail des militants et leurs débats, finissent par se résumer dans un document consensuel d'une page en haut duquel ne s'inscrirait qu'un nom, la couronne de son ego triomphant et la perspective d'une nouvelle défaite de la gauche en 2012.

Pas envie de ça du tout !



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Quand le Modem crèvera

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Quand le Modem crèvera



la grenouille modem et le boeuf socialisteAinsi certaines gens, faisant les empressés,
S'introduisent dans les affaires:
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.

C'est d'abord à la fable du Coche de de la Mouche que je pense, chaque fois qu'un suppôt du Modem tente de se raccrocher aux débats et, de préférence, aux errements du Parti Socialiste pour tenter d'exister un peu.

Mais en vérité c'est celle de la Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf qui convient encore le mieux :


Une grenouille vit un Boeuf.
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? Dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point." La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.

Le monde est plein de gens qui ne sont plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.


Et à mes camarades de gauche je veux dire qu'il s'agit tout de même avant tout d'avoir un peu plus d'ambition et de faire en sorte, avant de se demander à quel moment et dans quelles conditions se rapprocher du Modem ou de ses électeurs, que la gauche gagne la bataille des idées et, par la force de conviction d'un projet ambitieux et cohérent, soit en mesure d'emporter enfin à elle seule l'adhésion de plus de 50% des français. Il s'agit d'abord de croire en nous-mêmes !

C'est en tout cas pour moi tout le sens de la volonté de refondation à gauche dont tout le monde parlait au lendemain des présidentielles et des législatives et que d'aucuns ont peut-être un peu oubliée en route.

Je ne crois pas que la gauche puisse jamais gagner en partant battue d'avance. Ces discussions autour de la stratégie à adopter vis à vis du Modem n'ont pour moi aucun sens. Pour l'heure le Modem n'existe pas, ou du moins - ne soyons pas trop méchants - il n'existe pas à gauche.

Bref, il s'agissait surtout ici de rappeler que le Modem n'est que cette petite mouche qui bourdonne désagréablement aux confins de notre champ politique et qu'il ne s'agit pour l'heure que de l'écarter d'un tendre revers de la main. Une petite grenouille à laquelle il n'est pas rendre service que de l'encourager à s'enfler ainsi d'importance : on nous accuserait à la fin de l'avoir crevée nous-mêmes.



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Ségolène sort du frigo

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Ségolène sort du frigo : tout ça pour ça !



Parti Socialiste dans le comaSégolène Royal a fait savoir qu'elle serait elle-même candidate pour prendre la succession de François Hollande au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste.

Disons-le sans tergiverser : cette candidature est parfaitement légitime... comme seront légitimes les délégués du congrès pour dire en fin de semaine ce qu'ils en pensent, comme surtout seront légitimes ensuite les militants pour donner ou non les clefs de leur parti à Ségolène Royal. Personne ne devra se sentir contraint par on ne sait quel impératif d'unité des socialistes alors même que Ségolène Royal en réchauffant sa candidature a parfaitement conscience de prendre le risque de réanimer toutes les querelles.

Il aurait été tellement simple d'avancer dans une relative sérénité jusqu'au bout du processus démocratique qui s'était engagé la semaine dernière. Il aurait été tellement simple pour Ségolène Royal de choisir de s'effacer au profit de l'intérêt collectif du parti, continuant ainsi de tenir compte de la réalité du rejet qui se cristallise autour de son nom ; tellement simple de préférer mettre en avant le nom d'un Julien Dray ou d'un Vincent Peillon plutôt que le sien, forcément le sien.

Mais non, c'était politiquement trop risqué pour elle. Dans l'ombre, la dame du Poitou aurait été en danger de voir s'éteindre peu à peu les projecteurs autour d'elle, et disparaître alors ses espoirs d'une nouvelle candidature aux élections présidentielles.

Elle a choisi donc d'y aller, choisi de se confronter très directement au rejet qu'elle suscite, et ainsi de mesurer très précisément son ampleur, ignorant sciemment le risque de divisions inhérent à ce choix, risque que le Parti Socialiste continue encore et toujours de s'abîmer dans cette éternelle guerre des egos et de leurs ambitions dont elle vient de réanimer une flamme qui n'en demandait pas tant.

Soit, et ce n'est après tout pas nécessairement une mauvaise idée que les militants se voient ainsi donner l'occasion de trancher dans le vif. Qu'ils sachent bien d'ailleurs qu'ils n'auront pas d'autres occasions d'exprimer leur sentiment vis à vis d'une nouvelle candidature de Ségolène Royal en 2012. Qu'ils ne s'y trompent pas : une fois le Parti Socialiste aux mains de Ségolène Royal, il deviendra sa chose, une machine dont la première mission sera de la faire candidate. On aura cette fois bien compris qu'elle ne vise pas d'autre objectif et, pour ceux qui en doutaient encore, l'intelligence tactique de cette femme est redoutable : placée à la tête du Parti Socialiste, elle parviendra à ses fins.

C'est pourquoi, avec sa candidature au poste de premier secrétaire, le congrès du Parti Socialiste se transforme de facto en référendum pour ou contre la candidature de Ségolène Royal en 2012. Dit autrement, en sortant du frigidaire, Ségolène Royal a elle-même et sciemment activé le TSS.

Mais faisons là une petite parenthèse à destination de tous mes camarades ségolénistes qui vont me tomber dessus en évoquant ma haine de Ségolène Royal, et répondons par anticipation. La politique n'est pas pour moi affaire de sentiments et je n'éprouve ni affection ni haine particulière à l'encontre de Madame Royal. Il y a simplement que j'ai un désaccord profond avec sa manière de faire de la politique qui à mon goût ménage une trop grande place à la démagogie et aux coups médiatiques. Il y a que ma conception de qu'est la gauche est très éloignée de sa conception à elle. Il y a que je suis persuadé que le rejet qui s'attache à elle est à la mesure de l'enthousiasme qu'elle parvient à susciter. Il y a que je suis convaincu que sa candidature éventuelle en 2012 est l'assurance d'une nouvelle défaite pour la gauche, c'est-à-dire d'une nouvelle victoire pour la droite - et en tout cas le risque est bien trop grand pour que je consente sans m'y opposer à tenter l'aventure. Il y a donc que, si Ségolène Royal a en effet toute légitimité pour pousser de l'avant sa candidature pour 2012, je suis tout autant légitime - comme tout autre militant socialiste ou citoyen de ce pays - à vouloir qu'on fasse en sorte de contrarier ses ambitions... et il s'agit en réalité bien moins d'elle, de sa personne, que de favoriser l'émergence d'une nouvelle espérance à gauche à laquelle, j'en suis convaincu, elle fait obstacle.

Revenons donc au congrès. Comment Ségolène Royal compte prendre le Parti Socialiste ? En faisant très précisément ce qu'elle et ses partisans n'ont cessé de dénoncer, c'est-à-dire en aplanissant tous les sujets susceptibles de fâcher untel ou unetelle, en construisant une synthèse la plus consensuelle et donc la plus molle possible, en faisant très proprement du François Hollande pur jus. Le moins qu'on puisse dire est qu'en terme de rénovation ça commence très mal, surtout venu de la part de gens qui n'avaient cessé de plaider pour un congrès de clarification durant lequel il ne fallait surtout pas craindre de débattre du fond et de faire apparaître les clivages. Au lieu de quoi, on nous sort donc un texte d'une page aussi creux qu'il est oecuménique et sans saveur, qui accrédite l'idée que le Parti Socialiste n'a en réalité rien à proposer.

C'est qu'il s'agit maintenant de l'emporter à tout prix, et au prix même de tous les reniements, au prix même de la plus effarante vacuité. Que sont donc devenues les propositions concrètes ? Où se trouve donc l'architecture de ce projet socialiste qu'il va nous falloir bâtir au lendemain du congrès ? Où sont mêmes les idées ? « Si la gauche veut des idées » lançait avec une certaine morgue Ségolène Royal il y a quelques mois. Mais que sont-elles devenues, toutes ces idées ? Qu'en a-ton fait ? Tout ça pour ça ?! Que reste-t-il donc des débats qui ont eu lieu ces six derniers mois, depuis la rédaction des contributions jusqu'au dépôt des motions ? Quoi ! juste et encore cette synthèse molle et sans saveur, qui n'ouvre sur rien mais neutralise tout le monde ? Encore cette chose que nous ne connaissons que trop bien et qui chaque fois débouche sur la défaite ?

Non ! J'ose espérer que les responsables des autres motions ne souscriront pas à cette conclusion dramatique d'un congrès qui devait être celui de la clarification et du renouveau. J'ose espérer que les délégués au Congrès sauront dire non à une telle motion de synthèse. Et si tel n'était pas le cas, si une nouvelle fois l'appareil prouvait sa délirante inertie, j'ose donc espérer que les militants socialistes choisiront de rejeter la candidature de celle qui portera la responsabilité entière d'un tel gâchis : il faudra bien cette fois se résoudre à user du traitement de choc des urnes sur un parti socialiste à l'électroencéphalogramme tragiquement plat et qu'on persiste à vouloir laisser dans le coma afin de servir des ambitions exclusivement personnelles.

Que les militants en aient bien conscience : ils auront la légitimité, et sans doute le devoir, de ne pas accepter, de ne pas se soumettre et de dire non : Non, pas cette fois !



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La motion Royal au pied du mur de la rénovation

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Dray ou Peillon : la motion Royal au pied du mur de la rénovation



Vincent Peillon ou Julien DrayEn ayant la responsabilité de proposer un candidat pour le poste de premier secrétaire - dans l'hypothèse où la synthèse majoritaire se ferait autour d'elle - la motion E se retrouve au pied du mur de la rénovation.

Julien Dray ou Vincent Peillon ? L'alternative est largement connue et au choix qui sera fait l'on pourra juger de la volonté des partisans de Ségolène Royal d'aller au bout du discours qui a été tenu tout au long la campagne interne, et la main sur le coeur, quant à la rénovation du Parti Socialiste et la nécessité d'en finir avec des méthodes moribondes.

Il ne s'agit pas tant d'entrer dans une querelle de personnes que de constater que chacun de ces deux candidats potentiels symbolise une orientation. Si Vincent Peillon est de toute évidence le candidat qui a la faveur des militants, celui autour duquel il leur serait possible de se rassembler, celui qui incarne le mieux la rénovation - et cette réalité est encore plus criante si l'on se limite aux partisans de la motion E - , Julien Dray quant à lui n'a pas renoncé à jouer sa carte personnelle qui pour ce faire se positionne comme le candidat de l'appareil, le plus petit dénominateur commun, celui qui fera le moins d'ombre ici ou là et que les barons pensent pouvoir facilement manoeuvrer, derrière lequel ils pourront continuer à oeuvrer pour sauvegarder leurs petits intérêts particuliers.

Julien Dray ou Vincent Peillon, dans une large mesure, c'est le PS d'hier qui affronte une dernière fois le PS de demain, le passé qui s'oppose à l'avenir, l'immobilisme face au mouvement ; c'est le choix de la neutralisation ou celui de la rénovation, celui du verrouillage encore ou celui de l'ouverture enfin... Et à choisir le premier, la motion E serait immanquablement dans le reniement. Un choix désastreux et un très mauvais augure pour l'entreprise de rénovation du Parti Socialiste qui sera censé débuter au lendemain du congrès, dans moins d'une semaine maintenant.

Or, il est aisé de comprendre que, pour Ségolène Royal elle-même, la tentation Dray sera très forte... tant Vincent Peillon représentera rapidement pour elle une menace - une menace qui se fait déjà d'autant plus fortement sentir que puissante, justement, est la demande des militants d'un Vincent Peillon. Il semble que ce dernier est disposé à prendre ses responsabilités, mais Ségolène Royal aura-t-elle la volonté de s'effacer au point de placer sur le trône un proche qui deviendrait bientôt un rival et mettrait en péril ses ambitions très personnelles ? Elle se souviendra sans doute que Chirac avait lui-même enfanté Balladur et que peu s'en était fallu que cela ne finisse par lui coûter son propre rêve présidentiel.


Nota Bene : j'ai dit Julien Dray, mais cela serait vrai tout autant s'il s'agissait de François Rebsamen, autre prétendant de la motion E au poste de premier secrétaire... et actuel numéro 2 du Parti Socialiste.



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Tout Sauf Ségolène et Condorcet

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Tout Sauf Ségolène et Condorcet



CondorcetÊtes-vous prêts pour un petit cours de formalisation mathématique du processus démocratique ?

Vous devriez, si vous souhaitez comprendre pourquoi le fait que la motion de Ségolène Royal soit arrivée en tête n'est pas pour cette dernière une garantie de victoire et que son éventuelle mise en minorité ne serait pas nécessairement un scandale, un vol du vote des militants et qui le dénaturerait, comme on l'entend déjà dire ici ou ; comprendre que la mise en place d'un front Tout Sauf Ségolène pourrait n'être rien de plus qu'une réponse très conforme au souhait démocratique des militants socialistes.

Le candidat de Condorcet

Commençons par le début. La théorie des élections part du principe qu'un candidat qui, opposé à n'importe quel autre dans un duel électoral, l'emporterait, c'est-à-dire recevrait une majorité absolue des suffrages, doit impérativement être élu. Condorcet ayant été le premier à formaliser cette exigence, un tel candidat est appelé le candidat de Condorcet. Il est facile de comprendre que dans le cas contraire, si un autre que celui-là était élu, il y aurait un vice démocratique, puisqu'une majorité d'électeurs aurait préféré élire le candidat de Condorcet plutôt que celui qui a été élu à sa place et donc indûment.

Le souci est qu'en pratique il est impossible d'organiser autant de duels électoraux qu'il y a de paires de candidats possibles - il faudrait organiser six tours de scrutin pour une élection à quatre candidats, vingt-quatre tours pour cinq, etc...

On pourrait alors imaginer de demander aux électeurs d'ordonner tous les candidats afin de déterminer lequel d'entre eux est le candidat de Condorcet. Mais voilà, la théorie montre que dans une telle situation, les électeurs ont intérêt à tricher sur leurs réelles préférences afin de favoriser leur candidat favori, celui qu'il place en tête de leur préférence, faussant de facto le résultat du vote.

Autre souci : le candidat de Condorcet n'existe pas toujours. Mais on est déjà là hors du propos que je souhaite tenir. L'essentiel est de comprendre qu'un bon mode de scrutin est au minimum un mode de scrutin qui conduit à élire le candidat de Condorcet de préférence à tous les autres.


En quoi cela concerne Ségolène Royal ?

C'est ici qu'il devient nécessaire de formaliser les choses. Supposons que nous ayons 4 candidats (ou motions) et appelons-les respectivement A, C, D et E (lettres choisies pas tout à fait arbitrairement...). Et faisons la notation suivante : X>Y signifie que l'électeur préfère élire X que Y. Supposons que nous avons 100 électeurs (c'est plus facile pour calculer les pourcentages) et plaçons nous dans le scénario suivant où nous décrivons comment les électeurs ordonnent les candidats suivant leurs préférences :

A>C>D>E : 10 électeurs - A>D>C>E : 5 électeurs - A>C>E>D : 5 électeurs - A>E>C>D : 10 électeurs ;
C>D>A>E : 10 électeurs - C>E>D>A : 5 électeurs - C>E>A>D : 5 électeurs ;
D>C>A>E : 10 électeurs - D>C>E>A : 5 électeurs - D>A>C>E : 5 électeurs - D>E>C>A : 5 électeurs ;
E>A>C>D : 10 électeurs - E>C>D>A : 10 électeurs - E>D>C>A : 5 électeurs - E>C>A>D : 5 électeurs ;

Si nous demandons maintenant à nos 100 électeurs d'exprimer leurs préférences entre les 4 candidats, nous obtenons les résultats suivants qui devraient vous rappeler quelque chose : candidat E : 30% - candidat A : 25% - candidat D : 25% - candidat C : 20%

Faut-il en conclure que le candidat E est le candidat qui doit être élu de préférence à n'importe quel autre ? Il est assez simple de se rendre compte que non en constatant que si nous demandons aux électeurs leurs préférences entre E et A, ceux-ci les placeront à égalité (50-50), et de même si on leur fait la même demande à propos de E et D, mais qu'en revanche ils sont 60% à préférer C à E...

D'ailleurs, dans cet exemple qui n'a rien d'aberrant, le candidat C est également préféré à A par 60% des électeurs et à D par 65% d'entre eux : C est ici le candidat de Condorcet et, malgré ses 20% obtenu au premier tour de scrutin et qui le place derrière tous les autres, il est le candidat qui devra être élu si l'on ne veut pas se retrouver dans une situation non-démocratique, c'est-à-dire dans laquelle une majorité d'électeurs préférerait un autre résultat.


TSS et démocratie

Dans l'exemple ci-dessus, si 30% place le candidat E en tête de leurs préférences, il en est également 40% pour le placer en dernier, 40% qui préfèrent tout autre candidat à celui-ci, 40% d'électeurs favorables donc à un Tout Sauf E.

Il importe peu que ceux qui placent E en tête de leurs préférences le fassent par amour ou par proximité politique, comme il importe peu que ceux qui le placent en queue des leurs le fassent par haine ou par éloignement politique. Le fait est qu'ils forment les uns comme les autres le corps électoral et que la démocratie impose qu'on respecte leurs souhaits.

Autant dire qu'à ce stade, parler de la victoire de Ségolène Royal est plus que prématuré, démontre en vérité une incompréhension totale de ce qu'est la démocratie, de ce qu'est un processus électoral qui permet de s'assurer d'une décision autant que faire se peut démocratique. Un mode de scrutin est un ensemble de règles supposé favoriser la décision démocratique, un processus connu au préalable de tous et dont le respect doit être une exigence pour chacun.

Et si l'on estime que les règles sont mauvaises, qu'à l'usage on constate qu'elles fonctionnent mal, qu'elles ne remplissent pas leur rôle et ne garantissent pas suffisamment la démocratie, on les change - mais ensuite seulement, pour le prochain coup, en s'abstenant de crier au scandale durant un processus qui est en cours et dont on connaissait au préalable parfaitement des règles que l'on a d'ailleurs acceptées.

Les règles qui président à un congrès du PS ne disent en aucune manière que la motion arrivée en tête du vote des militants devient de facto centrale et partie prenante de la nouvelle majorité. Ces règles disent qu'à l'issue du vote, des synthèses partielles ou totale sont possibles entre les motions et sont soumises à l'approbation des délégués au congrès, eux-mêmes élus à la proportionnelle des votes des militants sur les motions. La synthèse qui reçoit l'approbation d'une majorité de délégués devient la ligne politique du parti. Ensuite, un secrétaire national est élu au suffrage direct des militants, avec un second tour si aucun candidat n'obtient la majorité absolue à l'issue du premier. Il ne s'agit en aucun cas de faire dire aux règles ce qu'on préfère leur entendre dire.

Le fait est que dans mon exemple ci-dessus, qui pour n'être qu'un exemple est une hypothèse non moins crédible qu'une autre, la volonté des électeurs exige que le candidat E soit battu.



Où l'on parle de : Tout Sauf Ségolène et Condorcet






Génération Hamon Peillon

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Parti Socialiste : Hamon, Peillon et changement de génération - analyses des résultats du vote sur les motions et perspectives



Hamon, Peillon et changement de générationD'abord les résultats : avec une abstention d'un militant socialiste sur deux, Ségolène Royal arrive en tête avec 29% des suffrages, Bertrand Delanoë et Martine Aubry plafonnent à près de 25%, et Benoit Hamon atteint à peu de chose les 20%.

A ce stade, et parce qu'aucune motion n'a atteint la barre des 50% lui permettant d'être majoritaire seule, il est impossible de déclarer qui que ce soit vainqueur. En revanche, il est dors et déjà possible de parler des perdants. En premier lieu, il s'agit de la participation : le moins qu'on puisse dire est que ce scrutin n'a pas mobilisé les militants socialistes et c'est une défaite pour le Parti Socialiste dans son ensemble, du moins pour celui qu'il est encore aujourd'hui et c'est en soit une exigence de changement que cela nous impose collectivement.

Le deuxième perdant est Bertrand Delanoë qui n'a pas su insuffler une dynamique à sa campagne et dont le score est au strict minimum de ce qu'il pouvait attendre. Avec lui, tant le maire de Paris est apparu comme son représentant, c'est la direction sortante qui est sanctionnée. Et Martine Aubry elle non plus n'a pas décollé et peut à ce titre être relégué dans le camp des perdants.

Sortent donc renforcés de ce premier tour, Ségolène Royal qui contrairement aux deux autres poids lourds a réussi à s'arracher à l'étiage des 25% - sans pour autant atteindre la barre des 30% et se retrouvant très en deçà des primaires de 2006 où elle avait obtenu près de 65% des suffrages des mêmes militants - et surtout Benoit Hamon qui fait une percée remarquable en flirtant avec le cap des 20%, d'autant plus remarquable que lui seul ne bénéficiait pas du soutien ni de l'appareil ni d'une ou plusieurs grosses fédérations.

Mais plus notablement encore, c'est en réalité l'ancrage à gauche du Parti Socialiste qui sort gagnant de ce premier tour de scrutin. D'abord parce que le score de la motion Hamon est un succès, mais aussi parce que la campagne interne s'est largement déroulée autour des thèmes défendus par sa motion, Ségolène Royal et Martine Aubry rivalisant pour conquérir ce terrain-là d'une gauche qui se rapproche d'elle-même et s'éloigne de ses renoncements. C'est une bonne nouvelle.

Et maintenant ?

La première chose qu'il faut souligner est que non seulement aucune motion n'est majoritaire à elle seule, mais aucune combinaison de seulement deux motions ne peut l'être non plus, ou du moins de manière stable et incontestable.

La deuxième chose est qu'une synthèse qui se ferait entre les motions de Ségolène Royal, Bertrand Delanoë et Martine Aubry constituerait le pire des scénari en ce qu'il correspondrait à reconduire à la direction du PS les vieilles alliances : cela réduirait à néant la volonté de changement, et de changement à gauche, qui s'est clairement exprimé à l'occasion de ce premier tour de scrutin. Ainsi, chacune de ces trois motions, si elle veut sortir du congrès dans la majorité, a besoin de Benoit Hamon - ce qui place ce dernier en position centrale dans le grand jeu des alliances qui débute à présent (et qui n'est pas sale, pour peu qu'il se fasse autant que faire se peut au grand jour).

La troisième chose qu'il faut noter est que Ségolène Royal n'est parvenue à enclencher une dynamique, relative mais réelle, que dès lors qu'elle a placé sa candidature au poste de premier secrétaire au frigidaire. Elle serait bien inspirée de l'y conserver afin de respecter les militants nombreux pour lesquels cette réfrigération a permis qu'ils s'expriment en faveur de la motion dont elle était signataire, et qui donc lui ont donné de s'extraire de l'étiage des 25%.

La quatrième chose, enfin, est que le résultat de Ségolène Royal et de sa motion, pour positif qu'il apparaisse, ne lui procure pas - et très loin de là - un avantage décisif, tant elle apparaît encore isolée. C'est que si des 30% de militants qui ont voté pour sa motion on peut estimer que 25% sont disposés à la voir redevenir la candidate des socialistes aux présidentielles de 2012, on peut de la même manière gager qu'une très forte proportion des 70% qui ont choisi de voter ailleurs est pour l'heure fermement opposée à cette hypothèse. Ce serait une grave erreur de sa part de vouloir ignorer plus longtemps la réalité d'un rejet aussi réel pourtant que l'enthousiasme qu'elle suscite par ailleurs.

De tout cela, outre la volonté des militants d'ancrer le Parti Socialiste à gauche, il semble impératif de conclure à une volonté tout aussi forte d'un renouvellement de génération à la tête du Parti Socialiste : non seulement Bertrand Delanoë et Martine Aubry, et avec eux François Hollande, Laurent Fabius et même Dominique Strauss-Kahn, n'ont pas été suivi par les militants, mais c'est une motion E avec une Ségolène Royal réfrigérée et une motion C dont le premier signataire Benoit Hamon appartient à la nouvelle génération qui sont parvenus à séduire les militants.

Ainsi, on peut formuler trois hypothèses pour une synthèse :

Le scénario de la continuité : Les trois motions de tête s'entendent et forment une majorité et c'est la redite de 2002 et 2007 qui se profilera, où un PS coupé de sa gauche, et donc de sa base électorale, ne parviendra pas à proposer un projet alternatif suffisamment ambitieux et rénové pour emporter l'adhésion des français : on prend les mêmes, on recommence et c'est Nicolas Sarkozy qui l'emporte à la fin.

Le scénario TSS : Ségolène Royal se focalise sur sa pseudo-victoire et cherche à réchauffer sa candidature à la tête du PS, réactivant par la même occasion la crispation autour de ses ambitions présidentielles, et ce sont alors les motions Delanoë, Aubry et Hamon qui font front commun et constituent une majorité par défaut : une occasion manquée !

Le scénario du changement : Ségolène Royale maintient son retrait, laisse Vincent Peillon venir au premier plan et construire autour de lui et de Benoit Hamon une synthèse impliquant ancrage à gauche et changement de génération, option qui sera en mesure de rassembler largement au-delà de leurs deux motions : un congrès de rénovation réussi, un Parti Socialiste tourné vers l'avenir, un signe fort d'espoir adressé aux français.

La capacité de Ségolène Royal à s'effacer, la capacité de Vincent Peillon à prendre ses responsabilités, la capacité de Benoit Hamon a ne pas céder sur l'essentiel, voilà les clefs du congrès.

Réponse, fin de semaine prochaine...



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Socialistes, osez le changement

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Socialistes, osez le changement



Socialistes : Osez la motion C
Enfin !

Ce soir, les militants socialistes sont appelés à voter pour l'une des six motions qui sont proposées à leur sagacité politique. Et demain matin, nous sauront s'ils se sont mobilisés et s'ils ont osé le changement à gauche?


Socialistes, Mobilisez-vous ! Cette élection est cruciale, en ce qu'elle constitue le premier pas dans une marche en avant qui, en 2012, aura conduit la gauche à la victoire, enfin la victoire, ou bien à une nouvelle défaite cuisante. Un premier pas ce soir qui détermine une direction pour demain.

C'est que le résultat des votes des militants ce soir sera déterminant quant à la tonalité que prendra le congrès qui se tiendra à Reims les 14, 15 et 16 novembre prochains et à l'issue duquel le PS se sera doté d'une ligne politique, synthèse partielle ou totale entre les différentes motions (puisqu'aucune ne semble seule être en mesure dépasser la barre des 50%). Ensuite, et seulement ensuite, il s'agira d'élire un premier secrétaire - et en réalité une équipe de direction, un secrétariat national, lequel sera alors en charge d'organiser la refondation politique du PS, de conduire les socialistes dans la rédaction d'un projet nouveau et ambitieux, à même de séduire les français en leur offrant l'espoir d'une alternative crédible au libéralisme destructeur de la sarkofrance, et de préparer les élections à venir - européennes, régionales et présidentielles.


Socialistes, Osez le changement de projet ! Il ne s'agit pas de jouer avec les mots, mais de regarder la réalité : c'est la même inspiration sociale-démocrate qui a présidé à l'élaboration des projets de Jospin en 2002 et de Ségolène Royal en 2007 et dont les français n'ont pas voulu. Et c'est encore la même inspiration sociale-démocrate que l'on retrouve dans les motions de Martine Aubry, Bertrand Delanoë et Ségolène Royal. Faut-il réellement persister dans l'erreur ?

Il ne s'agit pas de dire, par exemple et parce que c'est ce mois-ci dans l'air du temps, que le modèle social-démocrate est périmé, tout en rédigeant et signant une motion sociale-démocrate avec les plus sociaux-démocrates des sociaux-démocrates du PS - ce que sont les Collomb, Guérini et Valls, au point même qu'ils se réclament plus volontiers d'un social-libéralisme éventuellement sarko-compatible. Il s'agit de constater que la sociale-démocratie ne suffit pas, n'a jamais suffit à endiguer le rouleau-compresseur du libéralisme, et d'en tirer les conséquences en en proposant son dépassement.

C'est que la sociale-démocratie est en réalité le mal d'un socialisme complexé, qui devant la pensée dominante libérale choisit de reculer plutôt que de chercher à se réinventer, à adapter sa pensée et ses propositions aux exigences d'un monde qui a considérablement changé. La sociale-démocratie était la réponse en-dedans à l'absence criante d'un socialisme moderne, elle était à gauche l'alternative à un socialisme archaïque. La sociale-démocratie était le pis-aller crédible de la gauche. Elle ne suffisait pas, ne pouvait suffire et elle a donc échoué : avec ou sans elle, la vague libérale a continué de déferler sur les économies - et de plus en plus souvent sans elle parce qu'elle a fini par d'abord échouer électoralement, parce que les électeurs avaient compris qu'elle ne suffirait pas.


Socialistes, Osez la gauche ! Pendant longtemps, donc, il s'agissait d'hésiter entre une gauche complexée, sociale-libérale, et une gauche archaïque, inapte. On pouvait soit fermer les yeux sur les archaïsmes et voter avec son coeur, mais en vain, ou bien choisir la raison et voter la mort dans l'âme, sans illusion. Nous ne sommes plus dans cette situation. Aujourd'hui, le socialisme est en position de pouvoir se réinventer, de redevenir une idée d'avenir, de proposer une alternative réellement ambitieuse et cohérente, en phase à la fois avec son époque et avec son idéal.

Il ne s'agit pas de dire que la motion C de Benoit Hamon est la réponse, tout ne s'y trouve pas et loin s'en faut, mais ce texte est le seul à ouvrir sur cette possibilité d'une gauche enfin réinventée ; des pistes y sont ouvertes, des propositions y sont faites et qui s'articulent avec cohérence ; un souffle et une ambition la traverse qui permettraient aux socialistes d'avancer dans la bonne direction et d'espérer aboutir à un projet enfin apte à répondre aux crises sociales et environnementales que nous traversons et qui sont les fruits des crises économiques et financières auxquelles ont conduit un libéralisme moribond.

Du poids qu'aura obtenu la motion C, et exclusivement du poids de celle-ci - tout le monde s'en rend bien compte -, dépend la tonalité future des travaux de reconstruction du PS et de son projet. Qu'elle obtienne un score faible et il ne s'agira que de replâtrer encore une fois, un peu ici et un peu là, le projet social-démocrate, et alors la gauche pourra s'attendre à subir un nouveau revers dont les français les plus en difficultés seront les premières victimes. Qu'à l'inverse les socialistes osent bousculer l'ordre établi et accordent massivement leurs suffrages au changement, à la volonté d'un changement radical - non, ce n'est pas un gros mot - qui s'exprime dans la motion C, et alors l'espoir à gauche d'une alternative utile pourra enfin renaître. Et nous savons tous, tant le monde va mal, que c'est pour nous et pour tous une exigence.


Socialistes, Osez le changement de génération ! Une des forces de la démocratie américaine réside dans ce qui est aussi un de leurs grand défaut, le culte du vainqueur et la déchéance des vaincus. C'est parce qu'il est là-bas quasi impossible à celui qui a perdu une élection de se représenter à nouveau, qu'un Clinton ou un Obama ont eu la possibilité d'émerger. Ils n'ont pas besoin d'oser le renouvellement du personnel politique, ils y sont contraints.

Dans une certaine mesure, nous avons en France le problème inverse : une prime considérable est accordé aux anciens, auxquels nous rivons nos regards, au point que de nouveaux talents ont toutes les peines à émerger et que notre personnel politique semble aujourd'hui largement figé; et nous avons ce sentiment d'avoir depuis des décennies sous les yeux toujours les mêmes têtes, ce sentiment d'une vie politique verrouillée, sclérosée - sentiments peu propices à susciter l'enthousiasme ou même, a minima, l'envie.

L'image du PS est aujourd'hui dans l'opinion française tout à fait déplorable. Les français attendent d'abord de nous - si même ils attendent encore quelque chose - du changement, la preuve que nous avons finalement pris conscience de nos errements passés - et il ne serait que temps ! Car il serait à ce titre désastreux qu'à l'issue de ce congrès l'on retrouve les mêmes aux commandes du Parti Socialiste. A l'inverse, il faut imaginer la force symbolique - et nous en avons besoin - qu'aurait dans l'opinion une situation où les vieilles motions des barons socialistes - les Hollande, Collomb, Fabius, Royal, Delanoë, Aubry... - seraient concurrencées sinon devancées par la motion portée par Benoit Hamon, une situation qui permettrait, au travers d'une synthèse heureuse, l'émergence d'une nouvelle génération de dirigeants, une situation propre à l'éclosion de nouveaux talents et donc à la résurgence d'une nouvelle espérance à gauche.

Il ne s'agit pas seulement que de Benoit Hamon ou de sa jeune équipe. J'ai déjà dit, par exemple, que l'avènement d'un Vincent Peillon au poste de premier secrétaire serait à même de participer au changement que les français attendent de nous, et qu'exige de nous les crises économiques et financières, sociales et environnementales, qui secouent durement la planète et ses habitants. Mais il se trouve que, pas tout à fait paradoxalement, la possibilité Peillon, toujours par exemple, ne saurait passer que par un score important de la motion C - et a contrario, pour cet exemple mais il en est d'autres, un score important de la motion E ne pourrait que laisser Vincent Peillon dans l'ombre de Ségolène Royal et entre les mains des barons de la sociale-démocratie avec qui elle a choisi de faire alliance.

Ce dont il s'agit, ce soir, c'est de créer une situation nouvelle, un rapport de forces différent qui permette que se cristallise une synthèse qui respire le changement et le renouveau. Et de toute évidence, cela passe par la motion C. Socialistes, oser est désormais une exigence et en même temps une possibilité, une chance que nous avons le devoir de saisir. Et c'est ce soir !





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Et hope, Obama !

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Et hope, Obama !



C'est donc fait. Barack Obama sera le 44ème président des Etats-Unis d'Amérique, et le premier à ne pas être blanc. Et le moins qu'on puisse dire est qu'il soulève derrière lui un immense panache d'espoir, non seulement en son pays, mais ailleurs dans le Monde.


Victoire Obama
© La République des Fourmis par SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur


Pourtant, être noir ne suffit pas. Certes, il n'est en rien négligeable que, historiquement dominé par les blancs, la plus grande démocratie du monde par sa population élise un homme noir. Bien au contraire, ce fait est en lui-même un formidable espoir, un signe que de l'homme peut advenir, à l'occasion, autre chose que le pire. Mais cela ne saurait suffire : Barack Obama est avant tout un homme politique et sa mission est désormais et avant tout d'ordre politique.

Or être noir ne constitue pas un projet politique. Or, être noir ne fait pas une politique économique et sociale. Or, Barack Obama a pris beaucoup de précautions à faire une campagne au centre, sur un projet politique qui à beaucoup d'égards se résume au thème du changement - "Change" - accompagné du slogan "Yes, we can !". On peut d'ailleurs noter avec quelque méfiance qu'en France, Nicolas Sarkozy s'est fait élire sur le thème similaire de la rupture, accompagné d'un "Tout est possible" tout aussi semblable. On voit ce qu'il en a été...

Si Barack Obama a très vraisemblablement une envergure sans commune mesure avec celle de notre tout petit Sarkozy, il n'en reste pas moins qu'il faut craindre que la déception soit à la mesure du formidable espoir que soulève son élection. Il sera un président américain, probablement meilleur que son prédecesseur, probablement plus social, probablement moins enclin à tout miser sur l'efficacité économique de la main invisible, probablement moins cowboy bas-du front sur la scène internationale, et c'est déjà beaucoup. Mais juste et pas davantage qu'un président américain.

Si espoir il faut avoir - et l'espoir est en effet impératif à l'Homme - il est « tout simplement qu’à force de faire campagne sur le thème du changement, le désir qu’il advienne vraiment va peut-être persister et croître suffisamment pour qu’il devienne un jour réalité, du propre fait des gens eux-mêmes, où qu’ils se trouvent et quelle que soit l’alternative voulue. » C'est un immense espoir et qui a l'avantage d'être raisonnablement crédible. Il est formulé en conclusion d'un article particulièrement éclairant que je vous invite à aller lire, écrit par Yannis Youlountas et intitulé Pourquoi la victoire d’Obama ne changera rien - et dont j'aime aussi beaucoup le sous-titre : Se réjouir sans s’illusionner.

Se réjouir sans s’illusionner. Oui, c'est exactement ça. Se réjouir parce que l'élection de Barck Obama va dans le bon sens, ne pas s'illusionner parce qu'on y va doucement... Et il y a en cette élection d'un nouveau président américain d'avantage de menus espoirs qu'une grande espérance - rappelons ici que, selon la doctrine marxiste, la seule espérance réalisable serait la révolution des ouvriers contre l'ordre mercantile établi.

Winking



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Sarkozy exige...

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Sarkozy exige, mais de quel droit ?



justiceNicolas Sarkozy exige que le violeur présumé retourne en prison : non mais quel con ! (*)

La séparation des pouvoirs, il connait ?!

La différence entre être président de la République et jouer les p'tits chefs hargneux, on lui en a parlé ?!

La responsabilité de son gouvernement dans les multiples dysfonctionnements de la Justice, il l'assume ?!

Pour ma part, j'exige qu'il cesse cinq minutes de faire des moulinets avec sa langue et qu'il s'occupe sérieusement de ce pourquoi il a été élu.

Par exemple, à propos du Ministère de Madame Dati, mais ce n'est qu'un exemple parmi cent autres, j'exige que cessent les suicides à répétition dans les prisons françaises et qu'on y rétablisse les droits de l'Homme.



(*) Outrage ? Et si la justice avait un peu mieux à faire !
Quoi qu'il en soit, je pense avoir en la matière quelques arguments à faire valoir - en particulier celui d'user du niveau de langage de cet interlocuteur qui se prétend mon président...



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Qui veut gagner des milliards ?

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Qui veut gagner des milliards ?



L'Etat a donc décidé d'injecter 10,5 milliards d'euros au capital des six plus grandes banques privées françaises : 3 milliards pour le Crédit Agricole, 2,55 milliards pour BNP Paribas, 1,7 milliards pour la Société Générale, 1,2 milliards pour le Crédit Mutuel, 1,1 milliards pour la Caisse d'Epargne et enfin 950 millions pour les Banques Populaires.


Qui veut gagner des Millions ?
© La République des Fourmis par SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur


10,5 milliards d'euros ! Mais ils n'en avaient pas besoin, disaient-ils. La solidité de leurs établissements se suffisait à elle-même, avaient-ils déclarés. Et dans un communiqué de presse, la Banque de France avait elle-même affirmé que ces six établissements affichaient un état « tout à fait satisfaisant, conforme ou supérieur à ce qui a été demandé par la commission bancaire à chaque établissement, en fonction de la nature de ses activités et de son profil de risque ».

10,5 milliards d'euros ! Et quoi en échange ?

En échange de cet apport de fonds propres par l'Etat, les six principales banques hexagonales se sont engagées sur des mesures économiques et éthiques : les banques se sont notamment engagées à développer la distribution du crédit et par conséquent le financement de l'économie de façon notable... Dit autrement, l'Etat a versé plus de 10 milliards d'euros pour que les banques fassent tout simplement leur travail.

Un cadeau et au résultat, évidemment, les valeurs bancaires se sont envolées, mardi 21 octobre, à la Bourse de Paris . Le Crédit Agricole s'est située en tête des hausses du CAC 40 (+15,74%), suivie de la Société Générale (+10,23%) et de la BNP (+7,47%), dans un marché en très faible hausse de seulement 0,78%.

C'est que le cadeau de Nicolas Sarkozy à ses amis banquiers était en réalité double : D'une part l’Etat injecte des fonds, et de l'autre il s'abstient d’entrer au capital des banques privées qu'il recapitalise. Ainsi celles-ci reçoivent les 10 milliards d'argent public tout en demeurant totalement libres d'en user comme elles l'entendent. Georges Pauget, patron du Crédit Agricole et président de la Fédération bancaire française, a d'ailleurs déclaré avec une rare impudeur : « Nous avons posé nos conditions, et parmi celles-ci, que l'Etat ne nous apporte pas de vrai capital. Nous ne voulons pas d'un Etat avec des pouvoirs dans la gestion des établissements ». Et en effet, Nicolas Sarkozy, bonne poire libérale, venait de se coucher.

Pourtant même les anglo-saxons ont choisi la voie de la sagesse et de l’intérêt général. Le gouvernement américain de George W. Bush, le gouvernement anglais de Gordon Brown, ceux du Luxembourg, de la Belgique et des Pays-Bas, tous ont choisi la nationalisation partielle de leurs banques, tous ont choisi de prendre une part du pouvoir dans les conseils d'administration des banques privées, pouvoir sans lequel il ne peut y avoir de vrai contrôle sur la manière dont les banques font des affaires.

Encore une fois, d'un côté les mots, de l'autre les actes. D'un côté Nicolas Sarkozy parle de régulation et de retour de l'Etat, et de l'autre il se révèle plus libéral que les ultra-libéraux en se refusant à ce que l'Etat prenne sa part de responsabilité en entrant en tant que régulateur au capital de banques trop contentes de pouvoir user de l'Etat comme d'une simple pompe à refinancement. Aujourd'hui, le Petit Père des People a très lyriquement déclaré que « l'idéologie de la dictature des marchés est morte ». Soit. L'idéologie, peut-être. On peut éventuellement en douter. Mais dans les faits, la dictature des marchés est elle encore bien vivace et Nicolas Sarkozy vient une nouvelle fois de s'y soumettre.



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Sifflets pour Sarkozy

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Crise des subprimes : sifflets pour Sarkozy



Il faut commencer par donner une définition. Qu'est-ce que les subprimes ? Pourquoi sont-ils à l'origine de la crise financière ? L'article de wikipedia étant sur ce sujet assez complet, je me contente d'en citer quelques extraits utiles :


Au sens le plus large, un « subprime » est un crédit à risque, offert à un emprunteur qui n'offre pas les garanties suffisantes pour bénéficier du taux d'intérêt le plus avantageux. Le terme est employé plus particulièrement pour désigner une forme de crédit hypothécaire destinée aux emprunteurs à risque. Ce crédit immobilier est gagé sur le logement de l'emprunteur.
[...]
Après un taux promotionnel initial très bas, sur une durée de 2 ou 3 ans, le taux est indexé sur [un] taux directeur de la banque centrale [...] augmenté d'une marge, pour une durée de 27 ou 28 ans. Ce deuxième taux d'intérêt est donc variable. Il est aussi plus élevé que les prêts classiques, en contrepartie de critères d'attributions plus souples pour ce type de prêt.
[...]
Tant que la valeur moyenne des logements augmentait, la défaillance d'un emprunteur permettait au prêteur [la banque] de se rembourser assez facilement sur la revente du bien immobilier, ce qui rendait le risque pris très acceptable.
[...]
Une hausse des taux longs [entraîne] une augmentation des montants des remboursements des emprunts à taux variable, et les ménages fortement endettés à taux variable [se trouvent] dans l'incapacité de respecter leurs échéances de remboursement.
[...]
L'augmentation du nombre de ménages dans l'incapacité de rembourser leur mensualité a [...] pour effet d'augmenter le nombre de propriétés a vendre. En conséquence [...] le marché immobilier [entre] dans une crise immobilière [...] Dans ce contexte, en cas de défaillance de l'emprunteur, le prêteur n'arrive donc plus à recouvrer la totalité de sa créance en revendant le bien immobilier. À la faillite personnelle des emprunteurs [s'ajoute] une série de graves difficultés financières pour les prêteurs et certains de leurs banquiers.

En résumé, les subprimes sont des crédits à taux variables et hypothécaires, c'est-à-dire garanti par le bien immobilier dont l'achat nécessite que l'on emprunte. Crédits qui sont très risqués aussi bien pour l'emprunteur (en cas de hausse des taux, il ne pourra plus payer et perdra son logement) que pour le créancier (en cas de baisse de l'immobilier, il ne pourra récupérer son capital sur la vente du bien de l'emprunteur).

Il semble aujourd'hui y avoir unanimité aujourd'hui pour reconnaître l'évidence : ce type de crédits est une escroquerie en ce qu'elle conduit directement au surendettement et à la faillite personnelle. Ce n'était pourtant pas le cas il y a quelques mois encore dans le camp des libéraux, et pour Nicolas Sarkozy en particulier.

Nicolas Sarkozy qui joue aujourd'hui les sauveurs pourfendeurs du libéralisme et vante la main sur le coeur les mérites de la régulation, disait il y a peu ceci :


« Il faut mettre en œuvre rapidement la réforme du crédit hypothécaire. Ce n’est quand même pas excessivement audacieux de proposer que les crédits immobiliers soient tout simplement et uniquement garantis sur la valeur des biens achetés ; ni excessivement anormal de demander aux banques d’accorder sur la même hypothèque un nouveau crédit, lorsque le précédent emprunt a été partiellement remboursé. Il faut inciter les banques à prêter à tous et pas seulement aux plus aisés. »

C'était le 17 mars 2005, dans un discours prononcé à l'Assemblée nationale lors de la Convention sociale de l'UMP "Pour une politique de justice et de responsabilité". Et c'était pire même que les subprimes à l'américaine, puisqu'il proposait en sus de réapprovisionner la capacité de crédit à mesure que l'emprunt initial était remboursé. Nicolas Sarkozy proposait ni plus ni moins ce qu'on pourrait appeler un crédit hypothécaire en poupées russes - moyen plus sûr encore d'accélérer la spirale du surendettement : dès que vous sortez un peu la tête de l'eau on vous attire à nouveau vers le fond !

Ainsi, le candidat à l'élection présidentielle qu'il était deux ans plus tard faisait-il en toutes lettres dans son programme la proposition suivante :


« Les ménages français sont aujourd’hui les moins endettés d'Europe. Or, une économie qui ne s'endette pas suffisamment, c'est une économie qui ne croit pas en l'avenir, qui doute de ses atouts, qui a peur du lendemain. C'est pour cette raison que je souhaite développer le crédit hypothécaire pour les ménages et que l'État intervienne pour garantir l'accès au crédit des personnes malades. Je propose que ceux qui ont des rémunérations modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement. Il faut réformer le crédit hypothécaire. Si le recours à l’hypothèque était plus facile, les banques se focaliseraient moins sur la capacité personnelle de remboursement de l’emprunteur et plus sur la valeur du bien hypothéqué. Ceci profiterait alors directement à tous ceux dont les revenus fluctuent, comme les intérimaires et de nombreux indépendants. »

Mais le poids de la parole et de l'image étant plus important pour Nicolas Sarkozy, écoutons ce qu'il disait le 14 septembre 2006, lors de la convention UMP Pour la France d'après - Contre la précarité, permettre à chacun d'être propriétaire :





Mais Nicolas Sarkozy est aussi cet homme qui a répété mille fois : « Tout ce que j'ai dit, je le ferai ». On se souvient également que dans son discours de prise de fonction, le nouveau petit président avait déclaré souhaiter que sa présidence soit guidée par douze exigences, parmi lesquelles figuraient en deuxième position de « respecter la parole donnée » et en troisième de « tenir les engagements ». Il nous faut encore une fois mesurer la chance que nous avons de savoir que ce n'était là aussi que des paroles en l'air.

Il nous faut tout autant avoir conscience que son revirement actuel et ses tirades enflammées en faveur de la régulation du marché, la moralisation du capitalisme et l'intervention de l'Etat dans les affaires économiques ne sont rien d'autre que circonstancielles. Il ne fait là que ce qu'il fait habituellement : il communique, il cherche à enfumer les français, une fois encore et une fois de plus.

Souvenons-nous également, car il l'a répété à maintes reprises, que la prochaine ambition de Nicolas Sarkozy, son nouveau boulot auquel il pense en se rasant, sera de faire de l'argent...



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Sarkozy, ce héros !

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Sortie de crise : Sarkozy, ce héros !



Il y a quelques jours à peine, le 8 octobre, je vous interpelais sur la relativité du krach boursier - où l'on constatait qu'il suffisait de regarder l'évolution du CAC40 (par exemple) sur plusieurs années pour relativiser la tragédie financière qu'on nous expliquait...

Aujourd'hui que l'on nous dit que Ouf ! C'est enfin terminé !!, il me semble intéressant d'observer l'évolution du CAC40 (toujours par exemple) sur les 18 derniers mois :

l'évolution du CAC40 sur 18 mois
évolution du CAC40 sur 18 mois


Donc là, au jour d'aujourd'hui, nous serions bel et bien sortis de la crise ? Alors même qu'il y a encore quelques mois le CAC40 dépassait la barre des 6000 points ? Alors même qu'aujourd'hui il est très nettement en dessous des 4000 ? C'est étrange tout de même...

Observons ce phénomène d'encore plus près en ne remontant que jusqu'à début septembre :

l'évolution du CAC40 sur 45 jours
évolution du CAC40 sur 45 jours


Moi, y a tout de même un truc qui me chiffonne... Non ?... Pas vous ?
On nous mènerait pas en bateau des fois ?!



Edit du mercredi 15 à 18 h : Tiens, le CAC40 a reperdu aujourd'hui près de 7%. Nous ne serions pas tout à fait sortis de la crise ainsi qu'on le prétendait encore hier à la même heure, où Sarkozy était présenté partout comme ce sauveur génial ?

Et on me signale à l'instant du fond de la cave, dans les commentaires, deux indices éclairants : un indice de volatilité, sorte de mesure d'incertitude des marchés et donc de la potentialité d'une poursuite de la crise financière, et l'évolution du TED, sorte de mesure de la confiance des banques entre elles - l'un comme l'autre sont pour l'heure spectaculairement alarmant.



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Ce ne sera pas la faute à la crise

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Pouvoir d'achat : ce ne sera pas la faute de la crise



Sarkozy FillonPour distribuer du pouvoir d'achat, rien de tel qu'une bonne crise planétaire. C'est en tous cas ce qu'on a cru comprendre, hier soir, en écoutant le Premier ministre sur TF1 : les "sommes énormes" engagées par l'État sont "sans risque pour les contribuables", a-t-il expliqué. Elle pourraient même "rapporter de l'argent à l'État quand la crise sera terminée". (source)

François Fillon s'est même fait plus précis : "Si les choses se passent normalement, l'Etat français peut gagner de l'argent dans cette crise".

Voilà qui est dit.

Et qu'ils ne viennent pas dans quelques mois prétendre que la situation économique catastrophique de la France, la récession et le pouvoir d'achat en berne des français ne seraient que les effets néfastes de la crise, que leur politique économique et (anti)sociale n'y serait absolument pour rien. Ils seront, et sont déjà responsables.


Nicolas Sarkozy a d'ailleurs demandé maintes fois qu'on le juge sur les résultats. Nous n'y manquerons pas.



Notons déjà qu'au bout de bientôt 18 mois de présidence - qui font suite, rappelons-le tout de même, à cinq ans d'une politique identique menée par un gouvernement déjà UMP - les résultats de Nicolas Sarkozy sont unanimement négatifs : balance commerciale déficitaire, dette publique en explosion, comptes sociaux dans le rouge, récession économique, prélèvements obligatoires croissants, chômage à la hausse, inflation record, pouvoir d'achat rogné, etc...



Sinon, vous vous demandez peut-être vous aussi d’où sortent les 360 milliards d’euros du plan français ? La réponse, et les petits secrets, sont dans le click...



Où l'on parle de : Ce ne sera pas la faute de la crise






Un monde de retard

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Aubry, Royal, Delanoë : Un monde de retard



Un monde d'avanceC'est tous les jours qu'ils s'affrontent, chaque jour un coup bas et une nouvelle polémique. Aujourd'hui, ce sont les ségolénistes et autres soutiens de la motion Collomb(Royal) qui font buzzer une vidéo, montage affligeant où l'on assiste à la prestation de Sylviane Agacinski chez Laurent Ruquier à propos de tout le mal qu'elle pense de Ségolène Royal, avec commentaires ségolénistes en surimpression pour bien forcer le trait - et notamment baliser le chemin qui de Mme Agacinski traversera Lionel Jospin pour atteindre Bertrand Delanoë.

Je ne vais pas entrer dans le débat, juste souligner que se complaire ainsi à la rebaptiser en Sylviane Jospin, ainsi que ne s'appelle pas Mme Agacinski , est réduire une femme à son mari et constitue déjà d'un machisme sévère, le même dont Mme Royal avait été en son temps la victime lorsqu'on usait contre elle des déclarations de celui qui était alors son compagnon. Procédé indigne hier, procédé indigne aujourd'hui.

Je préfère très simplement noter que le niveau du débat entre les motions soeurs de la social-démocratie à la papa descend là encore d'un cran. On n'aurait pas cru cela possible. C'est pourtant ce qui arrive chaque fois : quand le débat ne peut se tenir au niveau des idées parce qu'on professe au fond les mêmes, il descend au niveau d'un affrontement brutal, et souvent médiocre, entre des individualités qui en sus des idées partagent la même ambition personnelle autour de laquelle elles s'affrontent depuis bientôt une décennie, et davantage pour certains. Chaque fois, on ressort donc les grosses ficelles et renaissent les vieilles rancoeurs stériles.

Or, sur le fond, ils ont ensemble attendu que la crise éclate pour faire enfin mine de comprendre que c'est le système tout entier qui est en fin de vie. C'est au point que certains voudraient aujourd'hui reporter le congrès afin d'avoir le loisir de réécrire leurs motions et les adapter à l'actualité. C'est dire si eux-mêmes ont compris que la social-démocratie façon XXème et dont leurs motions se faisaient hier encore l'écho, n'était pas à la hauteur des enjeux de la crise systémique que nous vivons et dont pourtant les dégâts sociaux et écologiques ne datent pas de ce mois de septembre. C'est dire en réalité si ils ont un monde de retard !

Ils ont perdu en 2002 avec Lionel Jospin dont le programme n'était pas socialiste.

Ils ont perdu en 2007 avec Ségolène Royal qui s'est présenté devant les français avec le même programme sans souffle.

Virons-les en 2008, lors de ce congrès de la dernière chance, pour gagner en 2012 sur un projet socialiste refondé et ambitieux.

Rénovons enfin le PS, finissons-en avec les querelles de personnes, votons et faisons voter pour la seule motion qui présente une ligne politique résolument tournée vers le XXIème siècle dans un dépassement d'une social-démocratie aussi timide que désuète, une ligne politique traversée par la régulation écologique et sociale du marché. Votons massivement pour la motion C : « Un monde d'avance - une gauche décomplexée ».



Edit du 15 octobre : Je tiens ce matin à remercier les ségolénistes qui s'en prennent à Aubry qui déclare que Paris est une ville bourgeoise afin de mieux s'en prendre à Delanoë. Tout cela valide un peu plus encore, si besoin était, ce que j'écrivais il y a quelques jours, ci-dessus, quant au niveau exécrable du débat lorsqu'on peine à se démarquer sur le fond.

Vivement que ce congrès se termine ! Et espérons que les militants sauront majoritairement tirer les conséquences d'une campagne où preuve aura été une nouvelle fois apportée que la guerre des chefs ne saurait terminer : la sociale-démocratie a besoin d'être dépassée, le Parti Socialiste a besoin que ceux qui en sont les derniers représentants laissent la place... et que rénovation enfin se fasse.



Où l'on parle de : Un monde de retard






Retour sur l'assistanat

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Retour sur l'assistanat



banquiers assistésUne des grandes victoires du discours sarkozyste - et qui dans une certaine mesure est aussi un des grands renoncements de la gauche en général, et de Ségolène Royal en particulier qui sur ce sujet comme sur d'autres a repris à son compte le discours de son adversaire - a été de ringardiser l'idée de solidarité en martelant la thématique de l'assistanat : « J'aiderai celui qui veut s'en sortir », « Je ne mettrai pas un centime pour financer l'assistanat »,« Je récompenserai davantage le travail que l'assistanat », etc...

L'idée sous-jacente à ce discours est que les pauvres abusent de l'aide publique, que les RMistes abusent du RMI, que les chômeurs abusent des allocations chômages, que les bénéficiaires de logements sociaux abusent de leur "privilège", etc... Bien sûr pas tous, mais certains d'entre eux. Bien sûr pas vous, mais sûrement votre voisin. Rhétorique sarkozyste bien connue visant à faire sentir à chacun que l'Autre vous prend ce qui vous revient, que l'Autre est responsable de la situation dans laquelle vous vous trouvez. L'Autre, c'est-à-dire celui qui consomme indûment l'argent public, donc les impôts qu'on vous demande de payer pour son seul et immense bénéfice.

Au résultat, l'impôt est nécessairement injuste et on en paie toujours trop. C'est qu'il ne s'agit plus de solidarité, encore moins de redistribution, il s'agit des assistés, tous ces nuisibles. Et chacun d'oublier que s'il ne fait pas partie des plus riches, il bénéficie en réalité de plus qu'il ne verse, via les services de police qui assurent la sécurité, via les services de justices qui sont censés nous protéger, via l'armée et surtout l'école de la République, via l'assurance maladie et l'assurance chômage. Et chacun d'oublier que sa situation financière dépend en réalité bien moins des impôts que l'on paie que des augmentations de salaires dont on ne bénéficie pas, mais aussi de cette école de la République, de ces hôpitaux, des services publiques (police, justice, etc...) qui fonctionnent si mal parce qu'on leur a retiré les moyens de fonctionner efficacement. Et chacun d'oublier qu'il est en réalité un de ces assistés auxquels en veut tant Sarkozy.

Bref. J'ai ailleurs et en son temps largement abordé cette thématique de l'assistanat comme le miroir aux alouettes du sarkozysme, où d'un exemple d'abus on fait une généralité, puis un prétexte pour restreindre le champ de la solidarité et de l'action publique, en prenant à tous tout en laissant croire à chacun qu'il sera épargné, puisque seuls les nuisibles sont visés, tous les assistés qui vous bouffent la laine sur le dos et dont vous n'êtes évidemment pas puisque vous, vous ne rechignez pas à travailler pour vous en sortir - parce qu'en plus les assisté sont des cons qui ne veulent pas s'en sortir...

Là où cela devient savoureux aujourd'hui, c'est lorsqu'en réponse à la crise financière, Nicolas Sarkozy n'a rien d'autre à proposer que de dépenser l'argent public par dizaine de milliards afin de venir sauver la mise aux banques qui ont en réalité moins travailler plus pour s'enrichir que spéculer toujours plus, ces banques qui à force d'abuser de la spéculation en font une grave overdose. Et tout d'un coup donc Nicolas Sarkozy de redécouvrir les vertus de l'assistanat, mais il est vrai qu'il ne s'agit pas là de ces parasites qui préfèrent dormir dans la rue que de s'en sortir, ces chômeurs qui préfèrent se contenter d'une allocation de misère que de trouver un travail et si possible assorti d'un salaire décent, de tous ces malades qui prennent un malin plaisir à sur-consommer des médicaments inutiles... Non, il ne s'agit que d'un système tout entier où des milliards d'euros changent chaque jour de mains avec l'espoir de se multiplier sans efforts, d'un système économique et financier en fin de vie qui vit du surendettement de tous au profit de seulement quelques-uns.

« Je ne mettrai pas un centime pour financer l'assistanat »,« Je récompenserai davantage le travail que l'assistanat », disait-il...


banquiers assistés
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Après la faillite, les dirigeants de Fortis s'offrent un festin dans l'hôtel le plus luxueux de Monaco : Tout ne va pas si mal chez Fortis (FORB) assurance Belgique, le journal hollandais De Morgen indique ce matin que les dirigeants de la banque invitent 50 personnes à déjeuner ce midi dans l'hôtel Louis XV. C'est l'établissement le plus cher de la principauté. 150.000 euros vont être déboursés pour cet événement "marketing". Le déjeuner coûtera 300 euros et la nuit d'hôtel 1.500 euros par personne. (lu dans Capital)



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Imaginons la France d'après

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Sarkozy + 500 jours : Imaginons la France d'après



Imaginons la France d'après



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De la relativité d'un krach boursier

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De la relativité d'un krach boursier



Il est tellement vrai qu'un bon petit graphique vaut parfois mieux qu'un long discours que je vous propose, et je m'adresse en particulier aux jeunes traders qui auraient dans l'idée d'ouvrir la fenêtre, de vous pencher [sic !] un court instant sur...

l'évolution du CAC40 sur 15 ans
évolution du CAC40 sur 15 ans



En revanche, si vous avez devant vous une petite heure et l'envie de comprendre pourquoi le système économico-financier qui nous gouverne est en crise, d'apprendre en particulier que l'essentiel de la masse monétaire en circulation est une dette qui n'a d'autre vocation que de s'accroitre, et que donc la fin dudit système est inéluctable, et qu'il nous faudrait même l'anticiper, je vous suggère de consulter l'article intitulé l'argent et les banques pour les nuls et de prendre le temps de regarder la video qui y est présentée...


Et puis, ou bien si vous n'avez que quinze minutes, et parce que davantage encore dans des périodes de crise comme celle que nous vivons actuellement - et qui si elle n'atteindra que très relativement la grande finance internationale, sera néanmoins d'une gravité économique et sociale de toute première importance - parce que donc la politique a un sens en ce qu'elle est le nid où couve notre avenir commun, je voudrais également vous inviter à écouter attentivement l'intervention de Benoit Hamon, ce mardi à la Mutualité, devant les militants socialistes parisiens :





Pour en savoir plus sur La motion «Un Monde d'Avance » et ses 79 propositions, laissez-vous tenter...



Source : De la relativité d'un krach boursier






La motion «Un Monde d'Avance » en 79 propositions

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La motion «Un Monde d'Avance » en 79 propositions



Un Monde d'Avance - la gauche décomplexée

Le monde se métamorphose : le néo-libéralisme plonge la planète toute entière dans la crise. Un monde s’éteint et le neuf hésite encore à naitre. Le congrès du Parti Socialiste se déroule dans ce clair obscur, cet intervalle entre deux cycles dont peuvent émerger le meilleur, un monde régulé et plus juste, ou le pire, le nationalisme ou la renaissance d’un capitalisme financiarisé.

Le Parti Socialiste n’a pas la faveur des Français qui jugent son action timorée et souvent illisible. Il n’est seul. La social-démocratie européenne a subi 13 défaites sur les 15 derniers scrutins. Est-ce, dans chacun de ces treize partis, faute de leaders ou de discipline ? Ou bien est-ce le résultat de la défaillance du projet social démocrate ? Cette seconde hypothèse paraît tout de même plus vraisemblable ! Ce qui est essentiel pour un parti, ce qui entraîne l’adhésion ou motive la critique, c’est son orientation politique.

La motion Un Monde d'Avance - la gauche décomplexée propose de clarifier une ligne politique sur 9 points : Sortir du libre échange généralisé, répondre à l’urgence écologique, redistribuer les richesses, affirmer le retour de la puissance publique, changer le cours de la construction européenne, aller à la reconquête de la démocratie, promouvoir une société de progression des droits et libertés, aller vers une société d’émancipation plutôt qu’une société d’ordre, définir une politique étrangère progressiste.

Il s'agit pour le Parti Socialiste d'affirmer une orientation à gauche. La Gauche est victorieuse lorsqu’elle est la Gauche, comme en 1981 ou en 1997. Elle est défaite lorsque les électeurs ne savent plus qui elle est, comme en 2002 ou 2007.

Il s'agit de vouloir un changement réel par rapport à la direction sortante du PS dont sont issues les 3 autres principales motions. Faire le choix du renouveau et de la rénovation : le PS a besoin d’un nouveau souffle, d’un sursaut.

Il s'agit enfin d'offrir aux Français les raisons d’espérer et donner à la Gauche les meilleures chances de gagner en 2012 sur un projet de transformation sociale ambitieux et crédible : décomplexée !



Les propositions d'une gauche décomplexée

Sortir du libre-échange généralisé

1. Activer le tarif extérieur commun, pour rétablir la préférence communautaire voulue par les pères fondateurs de l’Union européenne et lutter contre le dumping fiscal et social

2. Baisser les taux d’intérêt européens, pour ramener la parité euro/dollar à un niveau acceptable pour nos exportations

3. Relocaliser la production, selon le principe qu’il ne peut y avoir accès à un marché s’il n’y a pas production de tout ou partie des marchandises sur ce même marché. La relocalisation concourra aussi à la lutte contre la pollution générée par les transports de marchandises

4. Contre l’OMC, choisir la coopération plutôt que la compétition, pour obtenir entre nations une convergence sociale et écologique, et pas seulement commerciale.

Répondre à l’urgence écologique

5. Etendre le champ du service public, car les ressources comme l’air, l’eau et les espaces naturels ne doivent pas être jetés en pâture au marché

6. Mobiliser les collectivités locales de gauche pour remettre l’eau en gestion municipale directe

7. Employer les bénéfices de la gestion directe de l’eau pour restaurer la propreté des eaux et des rivières françaises à horizon 2015

8. Accorder aux ménages modestes et aux bailleurs sociaux des aides substantielles pour améliorer le bilan énergétique des bâtiments

9. Inventer une fiscalité écologique selon le principe du pollueur-payeur, en mettant notamment en place une taxe-carbone universelle avec l’aide de l’Europe, qui pourra l’imposer sur les importations

10. Promouvoir un autre modèle de développement agricole, qui protège les agricultures vivrières locales et qui taxe les importations destructrices pour l’environnement

11. Accélérer les progrès de l’agriculture biologique en France, en subventionnant davantage la recherche publique française pour obtenir des produits bio à la portée de toutes les bourses

12. Introduire des critères environnementaux dans le Code des Marchés publics, notamment pour favoriser l’utilisation de denrées produites à proximité des collectivités publiques

Pour lutter contre les inégalités, redistribuer les richesses

- Augmenter les salaires

13. Augmenter les salaires de la Fonction publique, qui emploie un salarié sur 5 en France

14. Porter le SMIC à 1500 €

15. Appliquer à toutes les branches le principe de minimas conventionnels au moins égaux au SMIC

16. Organiser une Conférence sur les Salaires, où sera fixée une norme de progression des salaires en fonction des gains de productivité. En cas d’échec de cette Conférence, l’Etat prélèvera davantage de cotisations sociales sur les branches réfractaires

- De nouveaux financements pour les retraites

17. Maintien du droit à la retraite à 60 ans et du système par répartition

18. Faire cotiser les stock-options à la retraite, instaurer une « CSG-Entreprises » pour faire cotiser les profits

19. Permettre aux salariés des métiers pénibles de partir en retraite avant d’avoir atteint 40 annuités de cotisations

Pour une protection sociale de haut niveau

20. Améliorer l’offre publique de soins, tant sur le plan technique que territorial

21. Mieux rembourser les soins dentaires et d’optique

22. Instaurer des enveloppes forfaitaires de rémunération pour les professionnels de santé

23. En finir avec le mythe du « trou de la Sécu » : revoir tous les mécanismes de niches fiscales, d’exonérations de cotisations patronales qui pèsent si lourd dans le manque de recettes de l’Assurance Maladie

Logement : l’action publique plutôt que le laisser faire

24. Bloquer les loyers en 2009 et encadrer leur évolution lors des relocations

25. Réquisitionner les logements vides, soit par la procédure d’attribution d’office laissée au Préfet, soit par l’activation du pouvoir de réquisition du maire

26. Relancer la construction de logements à loyers modérés, en mobilisant les ressources du Livret A et en abandonnant les exonérations fiscales accordées sans contrepartie

Renforcer la justice fiscale

27. Créer un grand impôt progressif sur le revenu, assis sur une assiette large, en fusionnant l’actuel IRPP et la CSG et en abandonnant les niches fiscales

28. Instaurer un abattement d’impôt au bénéfice de tous les ménages modestes

29. Créer une « CSG-Entreprises » en remplacement des cotisations patronales actuelles, pour favoriser l’emploi et les PME

30. Réformer la fiscalité locale et mettre en place une véritable péréquation fiscale entre collectivités territoriales

Affirmer le retour de la puissance publique, reconstituer nos marges de manœuvres

31. Supprimer le bouclier fiscal et réorienter le paquet fiscal vers des dépenses d’avenir : innovation, recherche, santé, éducation et développement durable

32. Soutenir l’investissement en faisant davantage intervenir l’Etat dans l’économie, par des prises de participation au capital et un « fonds souverain français », qui investirait dans les entreprises socialement et écologiquement responsables

33. Bâtir un pôle public de l’énergie, reposant sur un pilier électro-gazier (EDF, GDF et Suez), un pilier nucléaire (Areva, dont il faut stopper la privatisation) et un pilier pétrolier (Total)

34. Créer de nouveaux services publics : petite enfance, logement et habitat

35. Maintenir les tarifs réglementés dans certains secteurs clé (énergie… )

36. Restauration de la législation protectrice du droit du travail, notamment sur la durée du travail (35 heures), sur le salaire minimum, la santé et la sécurité au travail, etc.

Changer le cours de la construction européenne

37. Une autre politique monétaire, en obligeant la BCE à soutenir d’abord la croissance et l’emploi

38. Une autre politique budgétaire, en révisant le Pacte de stabilité et en dotant l’Union d’un budget digne de ce nom, pour financer la solidarité avec les Etats membres moins riches

39. Création d’un impôt européen sur les sociétés

40. Pour un « New Deal » européen, financé par l’emprunt, en faveur de l’innovation industrielle : remplacement énergétique, biotechnologies, nouveaux procédés industriels, nouvelles infrastructures (classiques et numériques)

41. Création d’une Communauté Européenne de la Recherche et de l’Industrie (CERI), sur le modèle de la CECA (Charbon et Acier)

42. Moratoire sur les libéralisations dans les services publics (poste et chemins de fer) puis vote d’une directive cadre définissant les principes communs à tous les services publics

43. Création d’un salaire minimum européen

44. Harmonisation des taux de l’impôt sur les sociétés

La reconquête de la démocratie

45. Pour une 6ème République, où le Premier ministre est le véritable chef de l’Exécutif

46. Inscrire un statut de l’élu dans la Constitution

47. Accorder le droit de vote et d’éligibilité aux élections locales aux résidents non communautaires

48. Instaurer la parité hommes / femmes dans tous les Exécutifs (locaux, intercommunaux, régionaux, gouvernemental)

49. Donner un second souffle à la démocratie sociale, en rétablissant la hiérarchie des normes sociales, en faisant négocier des accords majoritaires par des syndicats représentatifs sur la base des élections professionnelles, en organisant un financement public des syndicats

50. Assurer le pluralisme médiatique, en faisant voter une loi anti-concentration en France et une directive sur la liberté d’expression et d’information en Europe

51. Interdire aux entreprises vivant de la commande publique de détenir des actions dans le secteur des médias

Une société de progression des droits et libertés

52. Rétablissement de la police de proximité

53. Suppression de la rétention de sûreté et des peines plancher

54. Privilégier les peines alternatives à l’emprisonnement

55. Une nouvelle politique d’immigration, via un plan de régularisation et d’obtention de visas de travail, ainsi que par une lutte sans merci contre le travail au noir

56. Lutter contre les discriminations, en mobilisant collectivités publiques et entreprises, en étendant les droits attachés au PACS, en autorisant le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe

57. Lutter pour l’égalité réelle des salaires entre hommes et femmes

58. Repenser la politique familiale, pour qu’elle prenne mieux en compte les disparités de revenus et privilégie les modes de garde collectifs

Une société d’émancipation

- Un nouveau pacte éducatif national

59. Augmentation, et non réduction, du nombre de jours de présence effective à l’école, en allégeant le contenu de chaque journée

60. Une nouvelle politique périscolaire, favorisant activités artistiques, culturelles et sportives

61. Développer la scolarité dès 2 ans et généraliser les modes de gardes collectifs avant 3 ans

62. Annuler les suppressions de postes, pour renforcer le soutien scolaire et le travail en petits groupes

63. Instaurer un véritable droit à la qualification pour tous les jeunes, en supprimant notamment l’apprentissage à 14 ans et en redonnant la priorité à l’enseignement professionnel

64. Restaurer la mixité scolaire, par la sectorisation et une aide accrue aux établissements scolaires des quartiers populaires (classes à effectifs allégés, professeurs expérimentés, réseaux d’aide renforcés)

- Pour la jeunesse : insertion et émancipation

65. Créer un statut social pour tous les jeunes en formation et en insertion

66. Mettre en place une allocation d’autonomie, conditionnée aux ressources propres du bénéficiaire, ouvrant des droits en matière de santé, transports, etc.

67. Créer une Aide au Départ en Vacances (ADV), d’un montant minimum de 200 euros, versée sous condition de ressources et directement affectée aux séjours organisés par les centres de vacances agréés

- Pour un nouveau projet culturel

68. Valoriser les arts et cultures populaires, en favorisant les pratiques amateurs et en structurant l’offre de formation professionnelle

69. Mettre en place un aménagement culturel du territoire, en conditionnant le versement des subventions publiques à l’amélioration de l’offre culturel dans les territoires délaissés

70. Reconnaître les échanges d’œuvres artistiques sur internet, à condition que ces échanges soient non commerciaux et qu’ils donnent lieu à une forme de rémunération des artistes, par exemple sous la forme de la « licence globale »

Pour une politique étrangère progressiste

71. Adoption d’un calendrier de retrait des troupes françaises d’Afghanistan

72. Refuser la réintégration de la France au commandement militaire de l’OTAN

73. Promouvoir de nouveaux droits mondiaux, tels que les droits sociaux dans le cadre de l’OIT, l’accès aux biens publics mondiaux (santé, éducation… )

74. Créer une taxe mondiale sur les transactions financières pour financer un fonds pour l’accès aux biens publics mondiaux

75. Réformer l’ensemble des organisations internationales : FMI, Banque mondiale, création d’un Conseil de Sécurité Economique et Sociale et d’une Organisation Mondiale de l’Environnement

76. Garantir la primauté des normes sociales et environnementales sur les impératifs commerciaux et financiers

77. Augmenter l’aide publique française au développement, pour qu’elle franchisse le seuil de 0,7% du PIB

78. En finir avec la « Françafrique » et poser les bases d’un nouveau partenariat avec les pays concernés

79. Refuser les accords actuels de partenariat Union Européenne / Afrique – Caraïbes – Pacifique, et donner la priorité aux exigences de développement sur les exigences commerciales



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L'argent et les banques pour les nuls

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L'argent et les banques pour les nuls



En ces temps de crise financière où nous découvrons l'importance des activités souterraines des banques, où beaucoup en viennent à se demander si leur argent est bien en sécurité sur leurs comptes bancaires, il est sans doute utile d'informer tout un chacun que l'argent n'existe pas, ni à la banque ni ailleurs.

L'essentiel de la masse monétaire est créé par les banques elles-même sur la base des promesses de remboursement des emprunts qu'elle a elle-même accordés. Dit autrement, lorsque vous empruntez 10 000 euros à la banque pour acheter une voiture, la banque obtient de votre part la promesse que vous allez rembourser dans le futur ces 10 000 euros (plus les intérêts), considère donc qu'elle possède ces 10 000 euros... et vous les prête... puis empoche les intérêts de vos remboursements... de même qu'elle empoche les 10 000 euros que le vendeur de votre voiture a reçu de vous et qu'il épargne à la banque (la même ou une autre, peu importe)... lesquels 10 000 euros épargnés autorisent à la banque une capacité accrue à accorder des crédits, donc à créer plus d'argent encore.

Ainsi l'argent est en réalité une dette. On imagine alors aisément ce qui se passe dans le cas où beaucoup d'emprunteurs viennent simultanément à ne plus pouvoir rembourser leurs emprunts. Puis lorsque les épargnants, ayant perdu confiance en leurs banques, se précipitent pour réclamer le remboursement des sommes épargnées... et dont en réalité les banques ne disposent pas.

Vous trouvez cela compliqué ? L'indispensable Café-Croissant a dégoté un petit film qui vous explique tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'argent sans jamais oser le demander. Un 52 minutes très pédagogique qui vaut vraiment la peine - même si je dois dire que je suis plus que légèrement gêné par la théorie conspirationniste qui fait plus qu'affleurer vers la fin du film et que je vous invite à considérer avec une méfiance redoublée (*).

Quatre questions essentielles viennent clore la première partie de cet intéressant documentaire - du moins donc dans sa première partie -, qui se poursuit sur des débuts de solutions plus discutables mais non moins intéressantes, notamment en ce qu'elles invitent à redonner à la puissance publique le soin de créer et gérer elle-même la masse monétaire afin de sortir du cercle infernal de la dette, et en particulier d'asseoir cette création monétaire sur la valeur des investissements publics (du type grand travaux) plutôt donc que sur une dette détenue par des intérêts privés.

Il me semble utile de retranscrire ces 4 questions, auxquelles nous aurions à répondre s'il nous prenait enfin de vouloir changer un système monétaire, économique et financier dont nous savons désormais qu'il nous conduit à la catastrophe :

Question 1- Pourquoi est-ce que les gouvernements choisissent d'emprunter de l'argent aux banques privées, avec intérêts, quand ils pourraient créer tout l'argent qu'il leur faut, sans intérêts ?

Question 2- Pourquoi créer de l'argent à partir du processus de dette ? Pourquoi pas créer de l'argent qui circule en permanence et qui ne doit pas sans cesse être réemprunté pour exister ?

Question 3- Comment un système monétaire fondé sur l'accélération perpétuelle de la croissance peut-il servir à construire une économie durable ?

Question 4- Pourquoi notre système actuel dépend-il entièrement d'une croissance perpétuelle ? Que faut-il changer pour créer une économie durable ?





(*) afin donc de garder les yeux grand-ouverts sur le message au moins aussi nauséabond que subliminal qu'on devine en arrière-plan, je vous engage à consulter sur rue89 un article où est expliquée l'origine de cette décidément sale petite odeur...



Pour terminer sur une note sans doute plus terre-à-terre, Antoine évoque très pertinemment le célèbre dilemme du prisonnier (célèbre pour qui a quelques notions de théorie des jeux) pour en quelques mots conter la mouise dans laquelle chaque épargnant que nous sommes (du moins pour ceux qui ont encore la chance d'en être) va se retrouver à devoir se débattre si cette crise glisse jusqu'à son terme : Laisser ou ne pas laisser son argent à la banque, telle serait donc la question...

Mais la bonne nouvelle est qu'un autre monde est possible !



EDIT : Actuellement, le site Vimeo sur lequel est hébergée la vidéo ne répond plus. Vous pouvez en ce cas visionner le film de Paul Grignon, l'Argent Dette, en plusieurs parties :

Partie 1 - Partie 2 - Partie 3 - Partie 4 - Partie 5 - Partie 6 - Partie 7



Où l'on parle de : L'argent et les banques pour les nuls






Quand Vincent Peillon invite à voter pour Benoit Hamon

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Quand Vincent Peillon invite les socialistes à voter pour la motion de Benoit Hamon



Vincent Peillon a une nouvelle fois, fait la preuve de tout son talent, a justifié tous les espoirs que nombre d'entre nous, à gauche, peuvent placer en cet homme d'envergure.

Interrogé en fin de semaine dernière sur I-Télé au sujet l'intervention de Nicolas Sarkozy à propos de la crise financière, il a été à la fois clair et pugnace, et pour tout dire brillant. Il a dénoncé avec une grande fermeté « une dramatisation incroyable, qui relève de la démagogie » et « un président inconséquent et démagogue » qui prend « les français pour des imbéciles », un président qui est aussi « l'homme qui a vidé les caisses de l'Etat », qui il y a un an encore « voulait favoriser les subprimes en France » et qui aujourd'hui ne propose en réaction à la crise que « des mesurettes » et du « symbolique », qui ne propose en réalité rien d'autre que la poursuite « d'une politique économique qui va dans le mur », laquelle est d'ailleurs « la même depuis 2002 ».

Il a proclamé notamment, très justement, et avec force conviction, que « le problème profond d'un système financier totalement dérégulé qui est en train d'appauvrir l'économie[...] c'est le système lui-même ». Une magnifique prestation, un réquisitoire d'une dizaine de minutes que je vous invite à suivre attentivement :


Vincent Peillon sur I>Télé
envoyé par dagrouik

Au passage, on entend Ségolène Royal qui réclame « qu'on passe des discours aux actes ». Elle a raison et c'est là toute la question. Quels actes forts poser pour répondre à la faillite globale d'un système ? Quelle politique alternative mettre en place qui soit à la hauteur des enjeux d'une crise qui ira s'aggravant tant qu'on aura pas transformé le système lui-même ? Quelle sera demain la ligne politique qui permettra aux socialistes de définir dans les mois qui suivront un projet à la fois crédible et ambitieux, qui posera les actes nécessaires à une transformation d'un système en fin de vie ?

C'est là bien tout l'enjeu du Congrès de Reims, en novembre prochain, où les socialistes se choisiront une ligne politique et une nouvelle direction. Les médias ne cessent de vouloir donner à croire qu'un tel congrès ne serait qu'un petit cirque minable totalement déconnecté des réalités, un sujet tout à fait mineur en regard de la crise qui frappe de plein fouet la France et les français. C'est tout le contraire et à ce titre on ne peut que regretter que certains des responsables socialistes semblent accréditer cette idée que le débat politique ne serait rien d'autre que superfétatoire, se limiterait à un bal des egos et des ambitions personnels. C'est tout le contraire parce que le travail des politiques, au-delà de se préoccuper du présent - gouverner pour ceux qui sont dans la majorité, s'opposer et faire vivre la démocratie pour les autres -, est de préparer l'avenir - et la période actuelle de faillite du système libéral rend plus cruciale encore l'exigence d'une alternative politique.

Il ne peut donc suffire de faire un constat, fut-il brillant, de la faillite du système. Encore faudra-t-il être en mesure d'apporter des réponses. C'est là tout le problème de Vincent Peillon, car à lire la motion Collomb(Royal) qu'il a signée, on comprend aussitôt que le ralliement des barons du PS (Collomb, Guérini et Valls, entre autres...) a été très chèrement payé par une Ségolène Royal qui se retrouvait menacée d'isolement. On croyait qu'il ne s'agissait que de mettre au frigidaire sa candidature au poste de premier secrétaire (c'est-à-dire en langage moins politique d'y renoncer totalement) et de renoncer d'abord à être la première signataire de ce qu'elle aurait voulu être « la motion Royal », ce qui était déjà beaucoup. Mais en réalité, devant la surprenante vacuité de cette motion, on comprend que les ségolénistes ont en réalité mangé leur chapeau et se retrouvent à soutenir une motion dont la ligne politique pourrait se définir comme social-libérale à la papa. Rien qui soit à la hauteur de la nécessaire transformation systémique qu'exige la crise financière et économique, écologique et sociale.

Ainsi, même le sujet pour le moins emblématique de la démocratie participative a fait les frais de cette alliance avec la droite du parti et ne fait désormais plus l'objet que de cinq lignes et autant de phrases inconsistantes. C'est dire ce à quoi il a fallu consentir pour obtenir de rompre un isolement qui aurait sans aucun doute signifié une trop cuisante défaite pour une Ségolène Royal qui souhaite avant tout préserver ses chances pour 2012. Il lui fallait avant tout limiter les dégâts, fut-ce donc à un coût politique exorbitant

Et c'est à peu près le même syndrome qui a tout autant frappé de paralysie un Bertrand Delanoë, lequel pourtant, il y a peu encore, nous invitait à l'audace. A lire sa motion, on se demande où se trouve le « courage » et la «créativité» éponymes, tandis que ce qui néanmoins apparaît avec « clarté » est qu'être présidentiable invite par trop à la prudence pour s'aventurer en une ligne politique réellement audacieuse, qui puisse aboutir à un projet politique réellement alternatif et apte à transformer une organisation économique et sociale à bout de souffle.

Lisez la motion de Martine Aubry, vous y découvrirez les mêmes frilosités : quelques propositions intéressantes, aucune vision politique globale. On a d'ailleurs beaucoup de mal à distinguer ce qui sur le fond sépare ces trois motions très social-démocrates fin de siècle où il s'agit essentiellement de corriger un peu ici et réguler un peu là un marché qui resterait livré à un libéralisme aussi triomphant qu'arrogant et destructeur. Bref, une gauche un peu molle que l'on ne connaît que trop bien !

Pour ce qui me concerne, je suis en vérité relativement peu intéressé par les propositions précises des uns ou des autres, beaucoup moins qu'à l'articulation de celles-ci autour d'une vision politique d'ensemble. J'attends d'une motion qu'elle trace une ligne, indique une direction, propose un socle, une base de travail pour construire un projet politique global cohérent et ambitieux, qui soit davantage en rupture qu'en continuité avec un socialisme lacunaire et qui depuis trop longtemps ne parvient plus à donner un espoir à l'électorat français (pas plus que cette social-démocratie à la papa qui partout en Europe va d'échec cuisant en échec cuisant). Notons par ailleurs que nombre des propositions des uns et des autres ne seront de toute façon plus d'actualité en 2012, seront partiellement ou en totalité à revoir, sont de fait aujourd'hui assez inutiles - sauf à s'imaginer que Nicolas Sarkozy reprendrait à son compte l'une ou l'autre (et on sait que cela n'arrivera pas).

Seule la motion de Benoit Hamon me semble proposer une vision globale. Ce n'est d'ailleurs pas nouveau à la gauche du parti. Ce qui en revanche est nouveau de ce côté-là, c'est que le socle idéologique a été considérablement dépoussiéré. On est loin aujourd'hui des archaïsmes marxisants, loin des postures dogmatiques à l'utopie si réjouissante (et il en faut aussi !) mais tellement déconnectée des réalités modernes. Au contraire, nous avons là une gauche réformiste et résolument tournée vers le XXIème siècle, une gauche qui notamment a assez largement compris qu'il ne saurait y avoir de socialisme moderne hors l'écologie politique ; une gauche qui a enfin intégré dans sa pensée politique que l'urgence écologique et l'urgence sociale sont les deux faces de la même pièce ; et que cette pièce a pour nom économie de marché régulée - parce que le libéralisme n'aura jamais d'autre vision que celle du profit à court terme et qu'il s'agit donc pour la puissance publique, l'Etat, d'internaliser dans les transactions marchandes et les investissements privés le coût des externalités de moyen et long terme que sont les dégradations du tissu social et les dégâts causés à l'environnement, l'objectif étant de rééquilibrer le marché au profit d'une meilleure prise en compte du bien-être des hommes dans leur environnement, c'est-à-dire de chaque homme et femme sur l'ensemble de la planète. parce que comme dirait l'autre, tou se tient, mais là encore il ne suffit pas que de le dire...

Je ne prétends pas que la motion de Benoit Hamon est parfaite de ce point de vue. Du moins va-t-elle dans la bonne direction. Du moins propose-t-elle une démarche globale et cohérente. Du moins la ligne proposée est-elle à la hauteur des enjeux. Du moins nous invite-t-elle à être en rupture avec nous-mêmes plutôt qu'à la continuité de ce qui nous a fait échouer et qui a mis la France entre les mains d'une droite ultra-libérale qui sert les plus riches et paient tous les autres de très hypothétiques promesses de retombées, cependant que toute notre économie s'effondre. Du moins la motion Hamon est-elle en vérité la seule qui répond au besoin de rénovation du Parti Socialiste, c'est-à-dire d'abord de ce projet qu'il nous reste encore à construire et que nous espérons tous.

Cette spécificité de la motion Hamon et qui en fait la qualité n'est pas un hasard : nous le savons désormais, nous ne pouvons attendre d'audace sur le champ des idées dans un contexte d'affrontement d'ambitions qui depuis trop longtemps se neutralisent. Le Parti Socialiste a vécu cette même paralysie avec Laurent Fabius, Dominique Strauss-Khan et Lionel Jospin, il s'y exposera de la même manière, et s'y expose déjà, avec François Hollande, Martine Aubry, Bertrand Delanoë et Ségolène Royal qui depuis des mois sont principalement occupés à creuser des tranchées et tenir leurs positions. Il est plus que temps de sortir de l'interminable guerre de succession qui se poursuit depuis la fin de l'ère mitterrandienne, plus que temps de tirer un trait sur des ambitions dont aucune ne parviendra à prendre le pas sur les autres - parce que dans le cas contraire celui ou celle-là aurait déjà et depuis longtemps pris l'ascendant sur tous les autres.

Et Vincent Peillon, donc, puisque c'est avec lui que cet article a débuté ? Je crois que celui-ci est aujourd'hui enfermé dans une fidélité qu'il ne peut s'agir de lui reprocher. Il a choisi de suivre Ségolène Royal plutôt que de jouer trop tôt sa propre partition. Or Ségolène Royal a opté pour une stratégie personnelle qui, bon an mal an, l'a conduit à s'allier avec la droite du parti. Quand on se souvient qu'il n'y a pas si longtemps - il y a deux ans encore ! - Vincent Peillon était au côté de Benoit Hamon dans le NPS dont il fut l'un des artisans, on comprend jusqu'où l'a mené sa fidélité et surtout que le chemin ne serait pas long à parcourir dans l'autre sens pourvu qu'il consente à se libérer de cette chaîne qu'il n'a pas voulu briser au lendemain de la défaite des présidentielles. Aussi je ne m'interdis pas d'espérer que le poids de la motion Hamon d'un côté, et la neutralisation des trois égos (plus un) de l'autre, puissent au final conduire à une synthèse ancrée à gauche... et dans laquelle la candidature de Vincent Peillon au poste de premier secrétaire apparaîtrait comme la meilleure garantie de l'unité des socialistes et de leur aspiration à une rénovation profonde et ambitieuse.



Nota Bene : Il va sans dire que je ne réclame de personne de croire sur parole les constats que je fais. C'est bien pourquoi je vous invite à lire à votre tour très attentivement, et avec l'oeil le plus neuf possible, les différentes motions dont j'ai au cours de l'article fourni les liens. Cela prend du temps, mais je demeure persuadé que l'indispensable rénovation du Parti Socialiste et de son projet politique passe d'abord par la volonté des militants de s'affranchir de leurs chapelles respectives. D'abord s'ouvrir soi-même. Ce qui me permet de terminer sur cette confidence : la gauche du PS n'avait jusqu'à présent jamais été ma tasse de thé, la préjugeant certes sympathique mais archaïque et dogmatique, datée pour tout dire... Je suis le premier surpris de sa métamorphose. J'ose dire que c'est une excellente nouvelle pour la gauche.



Où l'on parle de : Quand Vincent Peillon invite à voter pour Benoit Hamon






Sarkozy ou le fou libéral

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Sarkozy ou le fou libéral



Sarkozy crise financiere

Qui sont les fous ?

Nicolas Sarkozy a déclaré dans son discours de Toulon : « L’idée de la toute puissance du marché qui ne devait être contrariée par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle. »

Qui sont donc ces fous qui baissent de 13 milliards les impôts des plus riches ?
Qui sont donc ces fous qui privatisent la Poste ?
Qui sont donc ces fous qui libéralisent la santé ?
Qui sont donc ces fous qui démantèlent le droit du travail ?
Qui sont donc ces fous qui organisent dans tous les domaines les reculs de l’Etat (education, recherche, service public, santé...) ?

Nicolas Sarkozy veut dire la vérité aux Français. Sa vérité la voici : il veut faire croire que tous les malheurs d’aujourd’hui et de demain n’ont rien à voir avec sa politique mais sont dûs à la crise internationale.
Nicolas Sarkozy vient de se livrer, dans un mélange d’approximations économiques et de bégaiements idéologiques à un réquisitoire en règle contre un système qu’il défend et promeut depuis le début de sa carrière politique.

Il déclare la mort du capitalisme pour s’empresser d’appeler les français à l’aider à « refonder le capitalisme ». Il découvre opportunément la nécessité d’un nouveau « Bretton Woods », proposé par le PS depuis plusieurs années pour mieux réguler les marchés financiers et améliorer leur transparence. Il évoque les paradis fiscaux mais refuse toute initiative en tant que président de l’Union Européenne pour favoriser une harmonisation fiscale et lutter contre la fraude fiscale (200 milliards d’euros) en s’attaquant notamment au secret bancaire qui assure la fortune de quelques états en Europe.

Il propose une augmentation des minimas sociaux qui ne compensera pas les effets des politiques de rigueur imposées par son gouvernement aux ménages les plus modestes.
Cela ne l’empêche pas non plus de maintenir le financement immoral du RSA qui concerne tous les petits épargnants mais pas les grandes fortunes qui bénéficient du bouclier fiscal.

Enfin, il exalte la croissance durable, au moment même où il rabote la fiscalité écologique.

En dépit de cette nouvelle imposture politique, il apparaît comme l’un des dirigeants occidentaux les moins qualifiés pour aider l’Europe et la France à s’extraire de cette crise.



J'allais oublier de le préciser : ce texte bien senti et fort à propos a été rédigé par Benoit Hamon.



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Congrès du PS : 6 motions et 1 mode d'emploi

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Congrès du PS : 6 motions et 1 mode d'emploi



Congrès de ReimsDepuis hier, nous connaissons les motions qui seront soumises au vote des militants dans la perspective du congrès de Reims. L'heure est donc venue d'une petite revue d'effectifs, ainsi que de quelques explications dont j'ai cru lire qu'elles pouvaient être nécessaires - concernant l'organisation du congrès du Parti Socialiste et quelques questions que vous vous posez sans doute.

Les motions déposées et proposées au vote des militants sont donc au nombre de six :


1. la motion Utopia : "Socialistes, Altermondialistes, Ecologistes"
premier signataire : Franck Pupunat ;
autres personnalités signataires : ? ;
présentation : comme son nom l'indique ;
qualité : la dimension écologiste, indispensable à un socialisme du XXIème siècle ;
défaut : isolée ;
mon estimation : 1% ;
téléchargez la motion F


2. la motion du pôle écolo : "Pour un socialisme résolument écologique"
premier signataire : Christophe Caresche ;
autres personnalités signataires : ? ;
présentation : comme son nom l'indique ;
qualité : la dimension écologiste, indispensable à un socialisme du XXIème siècle ;
défaut : isolée ;
mon estimation : 3% ;
téléchargez la motion B


3. la motion ségo-libérale : "L'espoir à gauche, fier(e)s d'être socialistes"
premier signataire : Gérard Collomb ;
autres personnalités signataires : Ségolène Royale - Manuel Valls - Jean-noël Guerini - Julien Dray - Vincent Peillon ;
présentation : ... ;
qualité : l'hypothèse Vincent Peillon et l'espoir d'un dépassement par le haut des divisions ;
défaut : proximité avec le Modem + Ségolène Royale est une part du problème socialiste : ambitions égotistes, luttes intestines, divisions insolubles, inaudibilité ;
mon estimation : 26% ;
téléchargez la motion E


4. la motion delano-démocrate : "Clarté, Courage, Créativité : Une gauche conquérante pour redonner un espoir à la France"
premier signataire : Bertrand Delanoë ;
autres personnalités signataires : François Hollande - Jean-Marc Ayrault - Lionel Jospin - Pierre Moscovici ;
présentation : ... ;
qualité : politiquement très solide ;
défaut : continuité + Bertrand Delanoë est une part du problème socialiste : ambitions égotistes , luttes intestines, divisions insolubles, inaudibilité ;
mon estimation : 30% ;
téléchargez la motion A


5. la motion social-aubryiste : "Changer la gauche pour changer la France"
premier signataire : Martine Aubry ;
autres personnalités signataires : Jean-Christophe Cambadélis - Claude Barolone - Marylise Lebranchu - Laurent Fabius ;
présentation : ... ;
qualité : tonalité sociale ;
défaut : patchwork instable + Martine Aubry est une part du problème socialiste : ambitions égotistes , luttes intestines, divisions insolubles, inaudibilité ;
mon estimation : 18% ;
téléchargez la motion D


6. la motion hamo-réformiste : "Un monde d’avance"
premier signataire : Benoit Hamon ;
autres personnalités signataires : Jean-Luc Mélenchon - Henri Emmanuelli - Pierre Larrouturou - Marie-Noëlle Lienemann - Gérard Filoche ;
présentation : ... ;
qualité : ancrage à gauche sur une ligne audacieuse et réformiste ;
défaut : dépoussiérage encore incomplet ;
mon estimation : 22% ;
téléchargez la motion C



Mode d'emploi du Congrès du PS :

Les motions déterminent six courants. Elles seront soumises au vote des quelque 200 000 militants du PS, le 6 novembre prochain - dans leurs sections et à bulletin secret.

Ce vote permet de désigner à la proportionnelle et dans chaque section les délégués au Congrès fédéral qui lui même votera en respectant la proportionnelle au niveau fédéral pour les délégués au congrès national. Les Congrès fédéraux sont programmés simultanément pour le 11 novembre.

Le congrès se tiendra à Reims les 14, 15 et 16 novembre. Une synthèse peut se faire entre les délégués de plusieurs motions (synthèse partielle) ou de toutes les motions (synthèse générale). En absence de synthèse générale, la ligne politique du PS est déterminée par la motion de synthèse partielle qui détiendra la majorité des délégués. Cette ligne est dès lors celle qui vaudra pour les 3 années suivantes.

Le premier signataire d'une motion est généralement le chef de file du courant qui en est issu, mais il n'est pas pour autant nécessairement candidat au poste de premier secrétaire. Les aspirants à ce poste ont jusqu'au 14 novembre pour déposer leur candidature. Le vote des militants sur le nom du premier secrétaire du PS aura lieu en section le 20 novembre, et éventuellement lors d'un second tour le 21 novembre. Le successeur de François Hollande aura ainsi été élu à la majorité absolue des voix des militants socialistes.



Mon choix :

Benoît Hamon entend porter quatre orientations politiques :

- retour de la puissance publique dans le champ économique ;

- restrictions indispensables au libre-échange là où il met à mal la protection de l'environnement et les droits des salariés et des citoyens ;

- exigence d'une nouvelle répartition des revenus entre le travail et le capital ;

- vraie réorientation de la construction européenne.

C'est pour moi une excellente base pour un projet enfin audacieux et résolument ancré à gauche, une réelle alternative crédible à la politique libérale, économiquement catastrophique et dramatiquement anti-sociale, menée par Nicolas Sarkozy et qui jour après jour s'enfonce et persiste dans son échec. Il n'y manque selon moi (mais je n'ai pas encore lue la motion) qu'une prise de conscience plus soutenue de la dimension écologique qui doit impérativement traverser tout projet politique d'une gauche moderne. En dépit de ce bémol de première importance (et qui peut aussi bien s'appliquer à chacune des quatre grandes motions), je suis aujourd'hui persuadé que la refondation du Parti Socialiste passe par un soutien massif à la motion "Un monde d’avance", dont Benoit Hamon est le premier signataire.

Je reste en outre résolument convaincu que le succès du congrès des socialistes implique que les militants se libèrent de leurs chapelles et renvoient dos à dos Ségolène Royal, Bertrand Delanoë et Martine Aubry dont les querelles aussi insolubles que stériles, largement héritées de la course à la succession mitterrandienne que se livrèrent avant eux les Jospin, DSK et Fabius, minent et paralysent depuis trop longtemps le Parti Socialiste. Il est temps d'en finir avec ses inimitiés d'un autre siècle et réunir tous les socialistes autour d'une équipe renouvelée, où il sera enfin tenu compte du fait majeur de l'histoire actuel du PS et que sont pourtant parvenus à éclipser la bataille des égos : les socialistes n'ont jamais été à ce point proches les uns des autres sur le fond - ils sont réformistes et de gauche !

Ainsi donc, et pas tout à fait paradoxalement, du poids que donneront les militants à la motion Hamon dépendra, en rendant cette dernière incontournable, la possibilité que - les trois autres motions se neutralisant - il soit nécessaire de faire émerger un candidat de synthèse qui ne soit pas l'un de ceux-là... et qui serait alors, et plus que probablement, Vincent Peillon dont un peu partout le nom est de plus en plus cité.

Et si donc les militants osaient l'audace d'un saut de génération... pour en finir avec celle qui n'en finira jamais de s'entredéchirer sur la dépouille d'un autre siècle.

Et si les militants socialistes osaient la gauche !



Lire aussi : Congrès du PS : le cas Hamon et l'hypothèse Peillon



Où l'on parle de : Congrès du PS : 6 motions et 1 mode d'emploi






Congrès du PS : le cas Hamon et l'hypothèse Peillon

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Congrès du PS : le cas Hamon et l'hypothèse Peillon



Congrès de ReimsAinsi, à quelques jours du dépôt des motions, une première clarification a eu lieu au sein du Parti Socialiste. Inutile de gloser à l'infini sur les tractations de couloirs qui ont permis cette clarification, il s'agit de politique et donc de l'art de passer des alliances et de faire des compromis. Il ne sert à rien en la matière de jouer les vierges effarouchées : en politique, on n'a jamais raison tout(e) seul(e).

Constatons donc seulement que quatre axes principaux se sont dégagés parmi lesquels les militants auront à faire un premier tri. Notons également que du poids respectifs qu'auront donné les militants à ces quatre forces dépendra en grande partie la deuxième phase de clarification qui déterminera, à l'issue du vote sur les motions, un pôle majoritaire et un voir deux pôle(s) minoritaire(s), ainsi que le nom du prochain premier secrétaire.

Passons en revue les quatre forces principales en présence :

1. L'aile ségo-libérale
Ségolène Royal a finalement noué une alliance avec les animateurs de "La ligne claire", les barons de province du socialisme, comme le maire de Lyon Gérard Collomb et le patron des Bouches-du-Rhône Jean-Noël Guérini, mais aussi le député de l'Essonne Manuel Valls, le très "libéral compatible" et qui plaide pour le renoncement du Parti Socialiste à sa référence au socialisme. Nous trouvons là tous ceux qui au PS penche vers une redéfinition de la stratégie d'alliance du Parti Socialiste en la déportant vers le Modem. De Royal à Valls et de Valls à Bayrou, il y a là en effet une certaine cohérence politique social-libéral ;

2. Le centre delano-démocrate
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, s'est allié à l'actuel premier secrétaire, François Hollande, dont le poids reste fort dans les fédérations socialistes, et vient d'enregistrer un soutien de poids en la personne de Jean-Marc Ayrault, le patron des députés socialistes à l'Assemblée nationale et qui fut très proche de Ségolène Royal durant la campagne des présidentielles. Ce dernier souhaite d'ailleurs que Delanoë "tende la main à Ségolène Royal et à ses amis". Ils sont la première partie du pôle social-démocrate.

3. Le centre social-aubryiste
La maire de Lille, Martine Aubry, est quant à elle à la tête d'une coalition qui réunit des strauss-kahniens (comme Jean-Christophe Cambadélis), Arnaud Montebourg, Laurent Fabius et ses amis, ainsi que de nombreux cadres du Nord-Pas-de-Calais. Eux aussi sont des sociaux-démocrates avec une coloration sociale légèrement plus marquée.

4. L'aile hamo-réformiste
Benoit Hamon est parvenu à réunir la gauche du Parti Socialiste : Henri Emmanuelli, les anciens ministres Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès, et enfin Gérard Filoche. Si la social-démocratie n'est pas une appellation en laquelle ils se reconnaissent, on note dans leurs différentes contributions l'émergence d'un socialisme moderne, adepte de la réforme, à la fois ambitieux et ancré dans les réalités du XXIème siècle, très européen.

Manque Moscovici qui après avoir longtemps tenu la corde aura finalement fait les frais de ce petit jeu des alliances. Il se déterminera sans doute bientôt, sans que cela puisse sensiblement changer la donne. Nous possédons donc à cette heure de toutes les cartes qui nous permettent de nous lancer dans un petit jeu de prospective politique :

Première hypothèse : La motion delano-démocrate arrive en tête - Le maire de Paris est en position de maintenir sa candidature à la tête du PS et l'hypothèse d'un rapprochement avec la branche ségo-libérale devient envisageable. A moins que Bertrand Delanoë ne préfère faire l'union des sociaux-démocrates en privilégiant une alliance avec Martine Aubry. S'il ne faisait pas ce choix, cette dernière pourrait alors décider soit de rejoindre l'axe qui se serait constitué à la droite du PS, soit de s'allier avec Benoit Hamon et constituer un pôle minoritaire qui plus conséquent aurait d'autant plus les moyens de peser. En tout état de cause, Delanoë deviendrait premier secrétaire du PS.

Deuxième hypothèse : La motion ségo-libérale arrive en tête - En ce cas, il est fort probable que ni Delanoë ni Aubry ne consente à faire l'appoint et qu'ils décident en conséquence de se rapprocher, faisant candidat au poste de premier secrétaire celui des deux qui serait devant l'autre. Le reste dépendrait alors très fortement du poids du pôle hamo-réformiste tel qu'il serait ressorti du vote des militants, lequel pôle - quoi qu'en espère depuis longtemps les ségolénistes - ne devrait pas consentir à s'allier par-dessus les centres avec l'aile ségo-libérale. Ainsi, si Benoit Hamon réussit son pari de fédérer les forces de gauche de ce parti et à peser suffisamment lourd, il serait en position d'entrer dans la constitution d'une majorité qui, penchant clairement à gauche (c'est-à-dire en particulier assez loin du Modem) n'aurait d'autre choix que de s'atteler à l'élaboration de ce projet ambitieux, innovant et cohérent dont a fini par désespérer la gauche.

Cette deuxième hypothèse est selon moi la plus probable, qui donnerait quelque 25 à 30% aux motions delano-démocrate et ségo-libérale, 20 à 25% à la motion social-aubryiste et 15 à 20% à l'aile gauche du PS. Quelques points en plus ou en moins ici ou là conduiraient soit à une majorité étriquée qui verrait le Parti Socialiste continuer dans l'immobilisme où chacun des présidentiables s'efforceraient de miner l'avènement de tous les autres, soit à une majorité conséquente et contrainte cette fois de produire ce projet moderne et de gauche qu'on attend depuis trop longtemps et qui consacrerait l'émergence d'un véritable Nouveau Parti Socialiste.

On l'aura compris - et même si j'attends encore de me plonger dans la lecture des motions - je penche pour ma part pour apporter mon soutien à la motion portée par Benoit Hamon et ses amis, avec l'espoir que ceux-ci pèsent suffisamment pour entrer dans une synthèse majoritaire qui orienterait vers l'action et l'audace l'ensemble du Parti Socialiste.



A moins que...

L'hypothèse Vincent Peillon - Je l'ai dit depuis longtemps, un congrès de reconstruction aurait été un congrès qui pour en finir avec les vieilles querelles stériles aurait mis sur la touche les vieux querelleurs, c'est-à-dire cette génération de responsables issue du mitterandisme et qui s'entre-déchirent depuis une à deux décennies, les Delanoë, Royal, Hollande et Aubry rejoignant sur les lignes arrières les DSK, Fabius et Jospin. On aurait eu alors un congrès qui aurait fait la part belle à un débat de fond et qui se serait articulé autour de nouvelles personnalités et en particulier celles de Vincent Peillon et Benoit Hamon. Le moins qu'on puisse dire est qu'on refusa de s'engager dans une telle direction de rupture.

Néanmoins, paradoxalement, en se neutralisant les uns les autres, les barons du mitterandisme pourraient n'avoir en définitive d'autre porte de sortie que de se mettre d'accord autour d'un autre que l'un d'entre eux. Or il apparaît de plus en plus clairement et à de plus en plus de socialistes que Vincent Peillon puisse être celui-là.

La solution Peillon aurait un double avantage, dont le deuxième est un handicap : non seulement le PS sortirait par le haut de son congrès et dans une certaine unité, un parti socialiste suffisamment solide pour se mettre enfin sérieusement à son travail d'opposition au sarkozysme et de proposition d'une alternative innovante à gauche. Mais, en sus, il ne faudrait alors pas six mois à Vincent Peillon, premier secrétaire du parti socialiste, pour acquérir auprès des français aussi bien notoriété que popularité. Ce qui de facto en ferait rapidement le meilleur des présidentiables - fait qui constitue en réalité le frein majeur à la concrétisation d'une telle hypothèse, tant les vieux présidentiables auront à coeur d'étouffer dans l'oeuf une menace qui pèserait trop lourdement sur leurs ambitions personnelles.

Aussi, cette hypothèse Peillon, ne pourra surgir que d'une pression exercée très fortement depuis les militants, qui siffleraient la fin de la récréation des egos.



Nota Bene : Aux nombreux ségolénistes qui continuent d'espérer en une possible alliance avec Benoit Hamon qui ferait l'appoint nécessaire à Ségolène Royal, je voudrais suggérer de visionner très attentivement la déclaration limpide de ce dernier et qu'il fit à l'issue de l'université d'été de la Rochelle. Ils comprendront alors combien une telle alliance relève du fantasme, combien les bras dans lesquelles s'est désormais précipitée Ségolène Royal ne sauraient pouvoir ni même vouloir remplir les cinq conditions posées par Benoit Hamon et ses amis et qui concernent en effet le fond des débats :

1- sur le rôle de l'investissement publique dans la régulation du marché ;

2- sur les restrictions au libre-échangisme ;

3- sur la question de l'augmentation des salaires ;

4- sur la refondation du pacte européen ;

5- sur le rassemblement de la gauche : soccialistes-écologistes-communistes et hors alliance nationale avec le Modem.







Crédit illustration : SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur



Lire aussi : Congrès du PS : 6 motions et 1 mode d'emploi



Où l'on parle de : Congrès du PS : le cas Hamon et l'hypothèse Peillon






Candidature au frais, Ségolène prépare son show

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Candidature au frais, Ségolène prépare son show



Il y a deux jours, je commettais un petit billet sous le titre Quand Ségolène danse la Valls. Déjà, le titre m'avait dangereusement fait vaciller au bord du gouffre de l'autosatisfaction.

Et voilà que ce soir, après avoir reçu un n-ième courriel en provenance de Désir d'Avenir concernant le prochain Zénith de Ségolène Royal - dans le dernier, on cherche même à me faire acheter des badges et des T-shirts pour financer l'opération -, ce soir, donc, c'est ce titre qui me vient à l'esprit et que d'ailleurs je rappelle aux étourdis : Candidature au frais, Ségolène prépare son show - et à ceux ceux qui ne suivent décidément pas, je me passe de rappeler la référence frigorifique.

Bref, vous, je ne sais pas, mais moi je me trouve plutôt en forme question titres. Celui-ci est d'ailleurs tellement réussi, vous dis-je depuis le fond de mon gouffre, qu'il se suffit à lui-même.


Ségolène Royal fait son Zenith



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Benoit et Nicolas : un mariage laïque

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Benoit et Nicolas : un mariage laïque



laïcité positiveIl est des mots qui forment des principes que l'on trahit dès l'instant où l'on tente de leur accoler un adjectif. Ainsi, parler de laïcité positive est déjà remettre en cause la laïcité, est déjà donner à entendre que la laïcité serait un concept négatif.

Il est à ce titre très intéressant de rappeler que Nicolas Sarkozy n'est pas l'inventeur de la thématique de la laïcité positive, concept fumeux qu'il a mis en avant pour la première fois lors de son discours de Latran lorsqu'il est devenu Chanoine. Il ne faisait alors que l'emprunter à Benoit XVI lui-même, ou plus exactement au Cardinal Ratzinger et plus particulièrement à un de ses discours prononcé en 2005 et consacré à encourager "une saine laïcité. Ainsi donc l'on comprend que désormais ce serait à l'église catholique de donner des leçons de bonne pratique laïque à la République française : on ne saurait mieux dire qu'en matière de séparation de l'Eglise et de l'Etat, nous marchons là sur la tête.

Je ne veux pas faire long, ce n'est pas nécessaire tant tout ceci est absurde, une nouvelle illustration du dramatique vide intellectuel qui règne dans le cerveau étriqué de Nicolas Sarkozy et du peu de respect qu'il a de sa fonction dont il semble ignorer les responsabilités qu'elle lui donne, et en particulier en matière de garantie du consensus républicain. Au besoin vous écouterez ci-dessous l'excellente chronique de Caroline Fourest, diffusée en fin de semaine dernière sur France Culture.





Je veux pour ma part simplement ajouter ici qu'à titre personnel, en tant qu'athée, je me sens très violemment insulté, très directement et très intimement agressé par Nicolas Sarkozy chaque fois qu'il laisse entendre que sans religion on ne saurait avoir de conscience morale, ni le sens de ce qu'est le bien et le mal. Je perçois ce type de discours - et je ne suis pas le seul - comme une déclaration de guerre et je ne doute pas un instant que telle est l'intention de cet homme qui n'a pas su grandir et qui a toujours l'air de se croire dans une cour d'école où pour exister il lui faut systématiquement rassembler autour de lui sa bande de teigneux et aller provoquer ceux qu'il considère comme ses ennemis : "Qu'est-ce t'as toi tu veux te battre hein tu veux te battre" [menton pointé en avant]

Le problème est que ce petit belliqueux qu'on a tous rencontré serait risible s'il n'était aujourd'hui devenu président de la République. Sa cour de récréation est devenu la France entière, dont il parviendra bientôt à faire un champ de bataille à force de dresser systématiquement les français les uns contre les autres.

La laïcité était justement cela qui permettait qu'un libre-penseur ne se mêle plus de bouffer du curé tant que ceux-ci étaient contraints de s'abstenir d'envahir l'espace publique et de vouloir peser sur le fonctionnement de la République pour laquelle, rappelons-le, il ne saurait y avoir de morale que républicaine.

Si tel donc n'était plus le cas, si l'on en venait en effet à tolérer que ce tout petit président laisse entrer du religieux dans les affaires de la République, nul doute qu'il faudrait alors en revenir à une confrontation directe et brutale entre laïcs et non-laïcs. C'en serait alors fini de la paix civile issue de la loi de 1905 et qui mit plus d'un demi-siècle à s'installer.



Crédit illustration : Karine Bernadou



Où l'on parle de : Benoit et Nicolas : un mariage laïque






François Fillon en guerre contre le monde musulman

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François Fillon en guerre contre le monde musulman



Le 1er septembre a débuté partout dans le monde le jeûne de ramadan, neuvième mois du calendrier musulman au cours duquel le Coran a été prodigué comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement — Le Coran (chapitre 2 Al-Baqarah, verset 185).

Ce même jour, François Fillon était justement l'invité d'Europe 1. Interrogé par Jean-Pierre Elkkabach sur le conflit en Afghanistan et la pérennité de l'engagement militaire français sur ce terrain, le Premier ministre a en l'occurrence dramatiquement perdu tout discernement en faisant la réponse imbécile suivante : "Le conflit va durer, parce que les causes de ce conflit sont très profondes. C’est l’opposition entre le monde musulman et une grande partie du reste de la planète, c’est le conflit israélo-palestinien, c’est les déséquilibres économiques et sociaux qui règnent dans le monde."





Une rhétorique digne des partisans du choc des civilisations. Un amalgame proprement scandaleux entre les musulmans et les terroristes d'Al Qaïda, dont les talibans d'Afghanistan seraient aujourd'hui la branche la plus active. Pis, en quelques mots, le chef du gouvernement parvient à appliquer une grille de lecture religieuse au conflit israélo-palestinien et rapproche ce conflit, pour d'obscures raisons, de la guerre en Afghanistan. Comme si les situations à Kaboul et à Jérusalem étaient intimement liées en raison de la simple présence de musulmans dans ces régions.

Ce sont en particulier 5 millions de Francais musulmans qui pourraient légitimement s'estimer outragés d'être ainsi stigmatisés par leur propre Premier ministre qui les assimilent donc à des "opposants" à cette "grande partie du reste de la planète"... dont bien entendu fait partie la France, pays dont ils sont pourtant citoyens à part entière.

Quand on se souvient que Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur depuis des années et candidat à la présidence de la République, se révéla incapable de dire si les dirigeants d'Al Qaïda étaient sunnites ou bien chiites, on se dit qu'une dangereuse incompétence préside et gouverne la France. Cela fait frémir quand ce sont précisément ceux-là qui décident en particulier, et de préférence sans même consulter le Parlement, d'engager plus fortement les forces française dans le bourbier militaire afghan.





Où l'on parle de : François Fillon en guerre contre le monde musulman






Rachida Datie est enceinte, José María Aznar dément être le père

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Rachida Datie est enceinte, José María Aznar dément être le père



enceinteNon, j'ai rien de plus sur la rumeur et d'ailleurs je me fous de savoir si le père est Aznar ou le PDG de Veolia - d'ailleurs Rimbus saura vous en dire bien plus au sujet de Henri Proglio. En plus j'ai dit hier que je mettais ce blog en sommeil pour me consacrer à plus personnel. Ce billet, c'est juste qu'il semble qu'un tel titre puisse attirer les foules plus encore qu'un avis éclairé sur Google Chrome, nouveau navigateur dont on parle beaucoup depuis ce matin.

Soyez donc les bienvenues ici, les foules, et sachez bien que ce billet, sans être tout à fait un sabordage, est probablement le plus mauvais que j'ai jamais écrit jusqu'ici. C'était juste pour voir. Et puis, puisque maintenant vous êtes dans la place, promenez-vous donc un peu.

Ha non... Attendez, vous n'êtes peut-être pas venus pour rien... Quelqu'un me dit dans l'oreillette que... Rachida aurait susurré au petit Nicolas : "Si tu te retiens, j'annule tout !".

Carla, une réaction ?... Une chanson alors ?



(non, pas tout à fait un sabordage)



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Merci les blogueurs

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Merci les blogueurs



Ce blog est appelé à s'endormir d'un sommeil que j'espère assez profond et à me foutre la paix. J'ai lu aujourd'hui, à ce propos, une phrase qu'il me faut m'enfoncer bien profond dans le crâne : "On ne peut pas attendre que l'inspiration vienne. Il faut courir après avec une massue" (Jack London). Aussi je veux saisir l'occasion de ce billet aussi gratuit qu'aimable pour céder à un petit bilan estival en forme de remerciements à mes camarades blogueurs qui m'ont à l'occasion fait l'amitié de m'envoyer des lecteurs.

Ce blog a reçu, en cette période d'autant plus creuse que je n'ai guère produit que durant la première quinzaine de juillet, un peu moins de 10 000 visites au cours du mois de juillet et près de 4 000 en août - il fut un temps où Sarkozy n'était pas président, où subsistait l'espoir qu'il ne le devienne jamais, où l'on rêvait de pouvoir lui limer les dents à l'occasion des législatives... et où vous étiez régulièrement plusieurs milliers à passer quotidiennement ici (je peux bien confier cela, maintenant que je dépose (un peu et ici) les armes).

Quelques uns parmi ces visiteurs estivaux, et non des moindres, voguèrent jusqu'ici en empruntant des chemins tracés sur d'autres blogs, dont je remercie donc ici les auteurs. Ils ont contribué à que ce qui fut écrit ne le fut pas nécessairement en vain :

Sarkofrance358mais 3 en août... bah alors ?
Les Vigilants215
Embruns170mais bien malgré lui, faut bien dire.
AntenneRelais146
Partageons mon avis49
Little Brother44
Rimbus44mon cher camarade !
Plume de presse40
La lettre volée37
Sauce, blog politique37
Je voulais vous dire34
De droite et Anti-Sarkozy !30un blog mort...
Novövision29mystère...
Piratage(s)21
Poly-tics19
Hypos16
Le Chafouin15euh... non, rien.
Café-Croissant14miam !
De tout et de rien12mais toujours avec finesse.
Eric, le mulhousien12
Place assise non numérotée11à découvrir !
Le Grand Barnum11du tout bon !
Abadinte10
Notes Périssables10(merci)
La pire racaille9
Section Socialiste de l'île de Ré8et c'est même pas une blague (je crois).
SaT, la République des Fourmis7l'occasion de vous inviter encore à savourer ses dessins.
Dagrouik7un Ségolèniste qu'il est bien bon de taquiner.
Tonton 20086vrai-faux ou faux-vrai ?
Le jour et la nuit6
Le boeuf qui pleure6
Ze dedalus5lui, maintenant, c'est moi...

Et j'ai presque oublié :

Trublyonne3peut mieux faire.


Merci à tous !



Où l'on parle de : Merci les blogueurs






Ségolène à la Rochelle

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Ségolène à la Rochelle : Aimez-vous les uns les autres



D'abord, elle a dit : "Aimez-vous les uns les autres ou disparaissez !"

Ensuite, elle est partie pour l'Italie...

Envolée.

Disparue !

...

Sans doute qu'elle n'aime finalement ni les uns ni les autres.



EDIT : Il n'y a rien de pire que de n'être pas le premier à pondre une blagounette. Rhaaa, ça m'énerve ça !



Où l'on parle de : Ségolène à la Rochelle





Billet précédent : JO de Pékin : déjà une médaille en Or pour la France

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[Chaîne de Blogs] Page 123, cinquième ligne…



Tagué par Abadinte, je redirige derechef la chaîne vers un espace plus approprié :



Redirection de chaîne et tricherie...





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[APPEL] Blogspot héberge un blog antisémite: reagissons !



Ce site - http://borislelay.blogspot.com/ - est un site ouvertement antisémite, donc illégal au regard de la loi française. Nous sommes nombreux à avoir signalé ce blog à Blogspot qui ne réagit pas. Nous demandons la fermeture immédiate de ce blog et invitons les pouvoirs publics à poursuivre en justice son ou ses auteurs.

Nous invitons l’ensemble des blogueurs à relayer ce message sur leur propre blog.

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JO de Pékin : déjà une médaille en Or pour la France



médailles olympiquesCette XXIXe édition des Jeux Olympiques, qui se déroulent donc à Pékin, commencent on ne peut mieux pour la délégation française avec cette médaille d'or que vient de décrocher Nicolas Sarkozy dans la discipline reine de la Realpolitik.

Cette médaille, Nicolas Sarkozy l'a obtenue au terme d'un parcours sans faute clos par la figure libre dite du baissage de culotte / admirez mon faux-cul qui a enthousiasmé le public et recueilli tous les suffrages du jury. De l'avis des spécialistes, jamais jusqu'alors cette figure n'avait été réalisée avec une telle audace et une telle perfection. "Avec Nicolas Sarkozy, le cynisme politique est au-delà du sport et devient un art", a déclaré Hu Jintao, le président chinois, spécialiste mondialement reconnu de la discipline.

On pourrait se contenter de narrer dans le détail le baissage de culotte / admirez mon faux-cul réalisé par Nicolas Sarkozy, ce grand écart admirable entre sa venue à Pékin pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques et la rencontre qui ne se fera pas avec le Dalai Lama tibétain lors de sa venue à Paris la semaine suivante. Ce serait oublier la longue préparation qui a précédé cette figure audacieuse et qui a permis à Nicolas Sarkozy d'éliminer un à un tous ses adversaires.

Car en déclarant le 13 novembre 2007 à Strasbourg, en séance solennelle devant le Parlement européen : "Dans la Démocratie européenne, j’ajoute que tous ceux qui ont fait l’expérience de renoncer à la défense des Droits de l’Homme au bénéfice de contrats, n’ont pas eu les contrats, et ont perdu sur le terrain des valeurs", Nicolas Sarkozy a permis que son baissage de culotte / admirez mon faux-cul se transforme en réalité en un magnifique double grand écart piqué dit du Ce que je dis / Ce que je fais.

Mais ce n'est pas tout. Les connaisseurs de la discipline savent que l'ingrédient essentiel à la réalisation d'une Realpolitik de haut niveau est le cynisme. C'est bien cette dimension qu'atteint Nicolas Sarkozy avec cette autre déclaration qu'il fit il y a quelques semaines : "Ce n’est pas à la Chine de fixer mon agenda, ni de dicter mes rendez-vous". Ce fut pourtant la Chine qui fixa son agenda - sa venu à Pékin pour l'ouverture de JO - et dicta ses rendez-vous - celui qu'il n'aura pas avec le Dalai Lama.

Notons qu'avant donc ce splendide final du baissage de culotte / admirez mon faux-cul, Nicolas Sarkozy s'était livré avec un brio qui lui semble presque naturel à quelques figures de cirage de pompes, dont nous ne résistons pas à vous relater les plus réussies :

  • "Si l'organisation des JO était un sport, je suis sûr que vous seriez d'accord avec moi pour qu'on attribue à la Chine la médaille d'or" ;

  • "Je me réjouis vivement à la perspective de me rendre à Pékin. Ces olympiades promettent d'être une grande fête sportive et une réussite spectaculaire" ;

  • "L'organisation des Jeux à Pékin consacre, de manière solennelle, la reconnaissance de ce qu'est la Chine du 21e siècle : une puissance moderne, d'envergure mondiale; un des géants du monde d'aujourd'hui".

Enfin, il parvint à éviter soigneusement les écueils des prisonniers politiques chinois dont il ne livrera pas aux autorités chinoises la liste promises et de la situation du Tibet dont il ne parlera évidemment pas.

Le temps est loin où la Realpolitik était un sport où les allemands raflaient toutes les médailles - rappelons l'origine allemande du mot qui fut appliqué pour la première fois à Otto von Bismarck qui suivait la trace de Klemens von Metternich dans la recherche diplomatique d'un équilibre pacifique entre empires européens. En dépit de ce glorieux passé, Angela Merkel, la représentante allemande, a fait une prestation catastrophique en déclarant qu'elle recevrait le Dalai Lama et ne se rendrait pas à la cérémonie d'ouverture des JO. Ridicule ! Inacceptable à ce niveau de la compétition !

Quant aux américains, autres maîtres mondiaux de la discipline, ils s'en retourneront cette fois-ci bredouilles. George W. Bush, certainement aujourd'hui trop vieux pour se maintenir au sommet de l'élite mondiale, a profondément déçu en enchaînant des figures dépourvues d'audace et de panache sur le thème d'un "je me rendrai à la cérémonie d'ouverture parce que les JO c'est pas de la politique c'est du sport" sans imagination, presque pitoyable en regard du cynisme terrifiant de notre médaillé olympique français.

"Mais quel est donc votre secret ?!", a demandé sans parvenir à dissimuler son admiration un journaliste de Moscou à Nicolas Sarkozy. "Je me suis entraîné avec acharnement", a répondu ce dernier avec un petit sourire mi-énigmatique mi-carnassier. Il faut en effet se souvenir qu'en l'espace d'un an, Nicolas Sarkozy a frayé avec le despote russe Vladimir Poutine dont il fut le seul à féliciter l'élection, le terroriste lybien Mouammar Khadafi qui planta sa tente à Paris pour Noël et le dictateur syrien Bachar el Assad qui fut convié aux cérémonies officielles du 14 juillet.

Ne passons pas sous silence que de telles performances suscitent jalousies et suspicions. D'aucuns se permettent déjà de parler de dopage. Gageons que notre champion saura faire taire ces méchantes rumeurs, au besoin en muselant la presse. A la chinoise, pourrait-on dire...





Source : JO de Pékin : déjà une médaille en Or pour la France



Lire aussi : Sarkozy, Pékin et le dalaï lama : une Bérézina diplomatique





Billet précédent : Le moral des français : plus ça va et plus c'est pire !

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Le moral des français : plus ça va et plus c'est pire !


Sarkozy casse le moral des français
(mise à jour de juillet)


On le sait, Nicolas Sarkozy n'est pas excessivement populaire et les français n'ont plus en lui qu'une confiance limitée, sinon totalement émoussée. En moyenne, sur les neuf études réalises par sept instituts de sondages différents, ce ne sont en réalité guère plus qu'un français sur trois qui ont une bonne opinion de leur petit président :

évolution popularité Sarkozy
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La dernière enquête mensuelle de conjoncture réalisée en juillet par l'INSEE auprès des ménages enfonce encore un peu plus le clou en mettant en évidence un état du moral des français proche de la dépression, et qui n'a cessé ni ne cesse de se détériorer depuis l'accession du petit père des people à la Présidence de la République (et pas qu'un peu !) :

moral des ménages français
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Plus intéressant encore, cet indice du moral des ménages est composé à partir de cinq enquêtes différentes, détaillées dans les graphiques ci-dessous et sans commentaires tant l'allure des courbes parle d'elle-même...



1- L'appréciation par les français de l'évolution sur les douze derniers mois de leur situation financière personnelle :


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2- L'appréciation par les français des perspectives d'évolution de leur situation financière personnelle au cours des douze prochains mois :


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3- L'appréciation par les français de l'évolution sur les douze derniers mois de la situation financière de l'ensemble des français :


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4- L'appréciation par les français des perspectives d'évolution du niveau de vie de l'ensemble des français au cours des douze prochains mois :


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5- L'appréciation par les français de la situation économique vis à vis de l'opportunité d'envisager de faire des achats importants :


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Mais L'INSEE ne s'arrête en vérité pas à ces cinq questions qui font déjà bien mal à notre cher petit président et cinq questions complémentaires sont abordées...

1'- L'appréciation par les français de leur situation financière individuelle actuelle :


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2'- L'appréciation par les français de l'évolution des prix au cours des douze derniers mois (à mettre en vis à vis avec "le président du pouvoir d'achat"...) :


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3'- L'appréciation par les français des perspectives d'évolution du nombre de chômeurs (aïe !) :


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4'- L'appréciation par les français de leur capacité à mettre de l'argent de côté au cours des douze prochains mois :


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5'- L'appréciation par les français de la situation économique vis à vis de l'opportunité d'épargner :


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En résumé, tous les voyants de la confiance des ménages, sans exception aucune, sont aux rouges.



On se souviendra utilement à ce stade que, pendant ce temps là, 15 milliards sont annuellement distribués aux ménages les plus aisés au prétexte de créer un "choc de confiance". La question qui se pose est alors la suivante : Nicolas Sarkozy est-il davantage incompétent que menteur, ou simplement les deux ?



Source : Le moral des français : plus ça va et plus c'est pire !





Billet précédent : Les 4 qualités de Nicolas Sarkozy

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Les 4 qualités de Nicolas Sarkozy



chaîneC'est ma première chaîne, une sorte de consécration pour un blogueur et donc, cette fois c'est confirmé, j'existe dans la blogosphère. C'est que jusqu'à il y encore quelques semaines, j'étais un blogueur solitaire, je faisais mon petit bout de chemin sans me préoccuper d'échanger avec mes petits camarades, que je lisais à l'occasion, avec intérêt le plus souvent, parfois avec un grand plaisir, épaté qu'il existe tant de talents, rassuré que l'esprit de vigilance puisse survivre à l'élection du petit président. Je les lisais, donc, mais ne m'occupais pas d'échanger avec eux, de tisser des liens, de jouer un jeu dont j'ignorais tout.

Et puis la curiosité l'a emporté lorsque je suis entré dans le groupe des Left-blogs, via Les Vigilants et un peu par hasard. J'ai d'abord découvert Cozop, puis Twitter (c'est marrant Twitter), Technorati et un tas d'autres outils qui fabriquent des communautés et permettent à la fois d'échanger de l'information et de donner plus de visibilité à ce que l'on écrit. Et puis il y a Wikio où l'on peut en plus s'amuser à regarder qui a la plus grosse. On ne se refait pas, j'ai voulu jouer un peu, me suis inscrit à tout, ai appris les règles, suis sorti de mon trou. Pour voir.

La blogosphère - ou plutôt, cette région-ci de la blogospghère - compose un microcosme avec ses codes et ses rites qui humanisent la pratique du blogging. Je ne m'étends pas davantage, puisque ce n'est pas ce qu'on me demande. Juste pour dire que le principe de la chaîne de blogs est un autre de ces petits jeux que se sont inventés les blogueurs pour créer à la fois de l'échange et de l'humain, du ludique, tout en n'oubliant pas - jamais ! - le miracle de la multiplication des petits liens, ces liens qui tissent la toile et aiguillent le trafic.

La chaîne, donc. Dire d'abord que celle-ci a été initiée par Sarkofrance et que j'en deviens un maillon par le bon vouloir de Nicolas J. Le plus difficile pour moi va être de trouver 5 blogueurs à qui faire suivre, mon cercle de connaissances demeurant tout de même plutôt réduit. Je laisse cela pour après. Quelles sont donc pour moi les 4 principales qualités de Nicolas Sarkozy ?



1- Nicolas Sarkozy est petit : Si c'est une qualité ! Moi j'aime bien ce qui est petit... Les petits, je peux leur tapoter sur la tête, c'est marrant. De toute évidence, lui n'a pas aimé être petit, ça l'a rendu revanchard et teigneux, mais ce n'est pas lui qui joue... ;

2- Nicolas Sarkozy est intelligent : On ne peut lui enlever ça, il est très intelligent. Objectivement, c'est une qualité, il aurait pu en faire une qualité humaine. Mais le sujet Sarkozy a préféré en faire une arme de destruction et un instrument de pouvoir sur les autres ;

3- Nicolas Sarkozy est tragiquement névrosé : C'est rassurant quant à la nature humaine...

4- Nicolas Sarkozy est mortel : C'est une consolation pour mes enfants...



Non, j'ai pas triché !



Il me faut donc refiler le bébé. D'abord, c'est pour moi une évidence, à mon ami Rimbus. Et puis il y a Trublyonne parce que c'est une fille et que ça manque cruellement dans ce coin de la blogosphère, je trouve. Ça me fait plaisir de saisir cette occasion pour saluer Antennerelais et Eric blogueur Mulhousien . Et enfin, parce que ça me permet de lui adresser un clin d'oeil par delà le temps, Ardente Patience.

J'imagine que je n'avais pas le droit de taguer mon autre blog, sur lequel je n'écris plus, sur lequel je suis censé jouer à l'écrivain, vers lequel il me faudra bientôt revenir. A ce propos, ce billet devrait être le dernier(*) avant longtemps - ce qui me permet d'en terminer sur ce qui est certainement la phrase la plus sensée que j'ai commise depuis des siècles.



(*) Ce qui m'évitera de me fâcher avec nombre de mes nouveaux amis en me lâchant sur un billet en lien avec cet article plutôt méchant et néanmoins assez juste de Libération.



Source : Les 4 qualités de Nicolas Sarkozy





Billet précédent : Le dernier pavé de Daniel Cohn-Bendit

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Le dernier pavé de Daniel Cohn-Bendit


Nicolas Sarkozy se rendra à Pékin pour la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Le coprésident des Verts européens, Daniel Cohn-Bendit, a estimé, mercredi 9 juillet, que cela relevait de "l'immonde" et que cette décision ne visait qu'à vendre des "centrales nucléaires et des TGV" aux Chinois.



Sarkozy veut liquider mai 68Le jeudi matin, Nicolas Sarkozy était présent à la réunion plénière du Parlement Européen et Daniel Cohn-Bendit lui a dit son fait sans nuances. Dans un virulent discours, la voix blanche d'émotion, il lui a notamment reproché sa décision de se rendre aux Jeux-Olympiques de Pékin, estimant que c'était "minable".

"Vous allez manger avec des baguettes avec le président chinois Hu Jintao. Je vous souhaite bon appétit", a commencé Daniel Cohn-Bendit qui pour l'occasion portait le T-Shirt de Reporter Sans frontières montrant les anneaux olympiques menottés.

"Quand vous rédigerez votre autobiographie, vous regretterez ce que vous avez fait", a-t-il ajouté, estimant que Nicolas Sarkozy avait "une occasion en or" de dire : "Je ne participerai pas à la mascarade du Parti communiste chinois".

"C'est une honte, c'est minable d'aller à l'ouverture des Jeux Olympiques", a conclu l'ancien leader de Mai 68.

Ne vous demandez plus pourquoi le petit candidat, pas encore petit président, clamait qu'il voulait "liquider l'héritage de Mai 68 une bonne fois pour toutes". Voyez plutôt : cette liberté de parole, ce ton irrévérencieux, c'est tout de même insupportable !...





Nota Bene : Robert Ménard, le président de l'association Reporters sans Frontières, avait auparavant déclaré sur RTL: "Nicolas Sarkozy nous avait dit : 'je ne prendrai pas de décision avant d'en parler aux autres pays européens'. Il y a un certain nombre de pays européens qui ne veulent pas y aller (...) Il leur a demandé leur avis à eux ? Il nous avait dit : 'J'irai ou j'irai pas, selon l'avancée des discussions entre les autorités chinoises et les proches du Dalaï-lama'. Mais où elles en sont ces discussions ? Y a pas l'ombre d'une avancée. Sur la Chine, il nous avait expliqué à longueur de temps, quand il était candidat : 'C'en est fini avec la realpolitik. C'est pas en faisant des affaires qu'on recadrera les droits de l'homme'. C'est exactement ce qu'il fait. Il a trahi tous ses engagements dans cette affaire là. Je suis furieux car c'est un coup de poignard dans le dos des dissidents chinois. A quelque semaines des JO, c'est un blanc-seing pour la répression. Voilà ce que c'est cette position [de Nicolas Sarkozy, ndlr]".



Bonus Track : <bgsound src="http://sarkononmerci.fr/assets/Cohn-Bendit.mp3">



Crédit dessin : Maëster



Source : Le dernier pavé de Daniel Cohn-Bendit





Billet précédent : L'UMP toute nue

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L'UMP toute nue (âmes sensibles s'abstenir)



nue avec bottesEn tant que fils de son père Marcel Dassault, Serge Dassault est milliardaire et accessoirement chef d'entreprise et sénateur UMP. Moins accessoirement, il est en sus propriétaire du Figaro. On pourra également noter que son fils, Olivier Dassault , est quant à lui député (toujours de l'UMP, ça va de soi).

Pour entrer un peu plus dans le détail, Serge Dassault est cet homme qui expliquait que les journaux doivent diffuser des "idées saines", car "nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche". A des responsables du Centre de formation des journalistes (CFJ), il se fit plus précis en leur lançant : "J'espère que vous allez cesser de former des journalistes de gauche !". Récemment, le 19 juin 2008, Serge Dassault déclarait qu'il jugeait "anormal" d’aider les chômeurs, "des gens qui ne veulent pas travailler". On se souviendra en outre que le journal Marianne, en Une de son premier numéro (1997), dénonçait Serge Dassault comme "l'empereur tricolore de la corruption".

Ces petites précisions pour dire que cet homme-là (dont on devine sans mal qu'il ne doit pas son mandat de sénateur à sa grande intelligence politique - mais à quoi donc ?) possède l'immense avantage de clamer très haut ce que la droite UMP, laquelle demeure malgré tout encore très opportunément complexée, pense très fort et s'efforce jour après jour de mettre en oeuvre. Certes nous soupçonnons sans mal qu'"ils" pensent comme ça, voire même nous le savons, car nous connaissons l'idéologie qui les anime et les intérêts qu'ils servent, mais il est toujours intéressant d'entendre cette pensée s'exprimer de manière transparente et apparaître telle qu'elle est, dépouiller des oripeaux sous lesquels d'ordinaire elle se dissimule.

Tiendrez-vous dix minutes d'UMP sans langue de bois ?




merci à dagrouik




Source : L'UMP toute nue





Billet précédent : Alerte RESF : Rafle programmée à Montreuil ?

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Alerte RESF : Rafle programmée à Montreuil ?


RAFLE A MONTREUIL LE 10 JUILLET, CHARTER VERS BAMAKO ET DAKAR AVEC ESCALE A MADRID LE 12, L’INTERNATIONALE DE LA HONTE ?



le danger communisteSelon des informations parvenues au RESF, le gouvernement français aurait jugé utile à sa propagande d’organiser plusieurs rafles de sans papiers de grande ampleur au cours de l’été.

Brice Hortefeux entendant marquer sa saison d’été de la chasse à l’homme sans papiers par plusieurs coups d’éclat, le premier d’entre eux aurait lieu au lendemain de l’adoption par les vingt-sept ministres du Pacte européen sur l’immigration et l’asile, illustration de l’art de camoufler une politique odieuse derrière le respect de façade des doits de l’Homme.

Pour preuve l’opération de grande ampleur qui serait prévue jeudi 10 juillet à Montreuil (93). Trois des principaux foyers de travailleurs de la ville seraient investis à l’aube par des centaines d’hommes armés pour en débusquer les sans papiers, les arrêter, les menotter, les placer en garde à vue et les expulser dans les meilleurs délais, avant qu’ils soient présentés au Juge des libertés et de la détention. Une véritable rafle à grand spectacle, généralement filmée pour immortaliser la gloire expulsionniste du ministre de la rafle et du drapeau.

Un charter pour Bamako puis Dakar serait prévu le samedi 12 juillet. Exemple de l’admirable coopération des gouvernements de l’Union européenne contre les peuples des pays en voie de développement, une escale serait prévue à Madrid pour faire le plein d’expulsés. La collaboration Sarkozy-Zapatero est en marche.

Fort heureusement, en France comme en Espagne il faut l’espérer, les oppositions à cette politique se manifestent, y compris chez celles et ceux qui sont chargés de missions que leur conscience réprouve : il est très possible que les unités chargées de la rafle fassent chou blanc demain. Tant mieux pour les sans papiers mais tant mieux aussi pour les policiers à qui un sale boulot aura été épargné !



La vigilance, c'est crier fort que ça arrive. Pour que ça n'arrive pas !



Source : Alerte RESF : Rafle programmée à Montreuil ?





Billet précédent : Sarkozy, président d'un clan

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Sarkozy, président d'un clan


juin 2007 : "Le président de la République ne peut être l'homme d'un parti ou d'un clan [...] Je n'ai plus le droit de raisonner comme un chef de Parti, je dois raisonner comme un Président de la République à la hauteur de ses responsabilités". (Nicola Sarkozy)



le danger communiste5 juillet 2008 : Nicolas Sarkozy, président de la République et en charge de la présidence française de l'Union Européenne, se rend au Conseil National de l'UMP où il fait un discours : "Imaginons un peu ce qu'il serait advenu de la France et de son débat politique, lorsque nous avions des ministres communistes et des dirigeants socialistes au gouvernement de la France. Heureusement qu'il y avait l'Europe pour empêcher ceux-ci d'aller jusqu'au bout de leur idéologie et de leur logique".

"La France a besoin de l'Europe et l'Europe a beaucoup apporté à notre pays".

C'est par cette phrase que le petit président, cherchant sans doute dans un éclair de lucidité à prendre de la hauteur, aborde la question européenne. Et à ce stade, on pourrait presque naïvement se prendre à espérer que soucieux d'être en effet "un Président de la République à la hauteur de ses responsabilités", celui-ci va poursuivre sur une analyse construite et sérieuse des bienfaits réciproques de la France et de l'Europe.

L'espoir aurait été de courte durée pour les naïfs. L'irresponsabilité hargneuse de ce président décidément sans envergure reprend aussitôt le dessus et le voilà qui se lance dans un numéro de clown : "Imaginons un peu ce qu'il serait advenu de la France et de son débat politique, lorsque nous avions des ministres communistes et des dirigeants socialistes au gouvernement de la France. Heureusement qu'il y avait l'Europe pour empêcher ceux-ci d'aller jusqu'au bout de leur idéologie et de leur logique".




merci à Les mots ont un sens


Il n'est pas anodin de noter les rires gras et complaisants des barons de l'UMP, assis aux premiers rangs. Ceux-là savent bien que désormais, et tant que ce clown sera en poste, la France leur appartient. Et leurs bouches avides de se tordre, tandis qu'une bave satisfaite leur coule des lèvres.

"Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit !"...

On comprend alors soudain que ce que le petit président signifiait à son peuple revanchard était en réalité ceci : Bon peuple de Sarkozie, sachez que nos efforts n'ont pas été vains. Le cancer démocratique est en rémission et le péril rouge s'éloigne. Puissants et réactionnaires de tous les pays, réjouissez-vous !... car vous voici bientôt sauvés de la chienlit bolchévique.

Le pire étant probablement que le petit Sarkozy fait corps avec son délire rédempteur...



Source : Sarkozy, président d'un clan





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Popularité Sarkozy : pas d'effet Ingrid Bétancourt


"Les inquiétudes relatives à l'économie et au style présidentiel sont trop lourdes pour que Nicolas Sarkozy profite, pour l'heure, du climat de communion nationale autour de la libération d'Ingrid Bétancourt. Les Français interrogés avant et après la libération de l'otage Franco-colombienne expriment le même degré de confiance. Celle-ci n'a pas, juste après l'annonce, frémi positivement pour le Président." - Stéphane Rozès, directeur du pôle opinion, image et stratégies de CSA.



sarkozy impopularitéLe Petit Père des People l'espérait, les Français ne l'ont pas fait : Nicolas Sarkozy, malgré la libération d'Ingrid Bétancourt à laquelle il n'a aucunement contribué, poursuit sa descente dans les enfers de l'impopularité. Après la double livraison de LH2 et TNS-Sofres la semaine dernière, c'est au tour de CSA et IFOP d'enfoncer le petit président, lequel une fois encore parvient à battre ses propres records d'impopularité.

Commençons par CSA pour iTélé et Le Parisien / Aujourd'hui en France : il ne reste plus que 36% des français pour faire confiance à Nicolas Sarkozy pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays (contre 56% à ne pas lui faire confiance), soit une chute de trois points en un mois et un niveau d'impopularité jamais atteint (20 points d'écart entre confiance et défiance).

Quant au baromètre Ifop pour Paris-Match, bien que toujours plus favorable au petit père que tous les autres sondages, il indique que le président de la République retrouve son niveau d'impopularité le plus bas, déjà atteint en mars, avec 41% des français qui approuveraient "plutôt" ou "tout à fait" son action, contre 59% qui expriment leur désapprobation - sondage à paraître le 10 juillet et réalisé lui aussi après la libération de l'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt.



graphique évolution popularité Sarkozy
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En un an, de juillet 2007 à juillet 2008, le petit père des people est ainsi passé, en moyenne, de 66% à 36% d'opinions positives, et de 30% à 60% d'opinions négatives ...

Dit autrement, en une année de présidence bling bling, le petit président a perdu 30 points d'opinions positives et gagné 30 point d'opinions négatives (soit une multiplication par deux des mécontents)...

Ainsi donc, quant au lendemain de son élection, Nicolas Sarkozy possédait un solde positif de 36 points entre opinions positives et opinions négatives, son solde est désormais négatif à -24 points. Soit tout de même un déficit total de son indice de popularité de 60 points !



Mais comment est composé cette moyenne ?

SOFRES pour le Figaro : Faites-vous confiance tout à fait ou plutôt, plutôt pas ou pas du tout, à Nicolas SARKOZY pour résoudre les problèmes qui se posent en France actuellement ?

IFOP pour Paris-Match : Approuvez-vous, tout à fait, plutôt, plutôt pas ou pas du tout, l'action de Nicolas Sarkozy comme président de la République ?

IFOP pour le JDD : Etes-vous satisfait (très ou plutôt) ou mécontent (plutôt ou très) de Nicolas Sarkozy comme président de la République ?

LH2 pour (Libération) NouvelObs : Concernant Nicolas Sarkozy en tant que président de la République, dites-moi si vous en avez une opinion trés positive, assez positive, assez négative ou très négative.

Viavoice pour Libération : Concernant Nicolas Sarkozy en tant que président de la République, dites-moi si vous en avez une opinion trés positive, assez positive, assez négative ou très négative.

CSA pour iTélé et Le Parisien : Faites-vous confiance ou pas confiance au président de la République, Nicolas SARKOZY, pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays ?

BVA pour Orange : Quelle opinion, très ou plutôt bonne, plutôt ou très mauvaise, avez-vous de Nicolas Sarkozy en tant que Président de la République ?

CSA pour Valeurs Actuelles : Estimez vous que l'action du Président de la République, Nicolas Sarkozy, va plutôt dans le bon sens ou plutôt dans le mauvais sens ?

IPSOS pour Le Point : Portez-vous sur l'action du Président de la République, Nicolas Sarkozy, un jugement plutôt favorable ou plutôt défavorable ?



graphique évolution popularité Sarkozy
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Source : Popularité Sarkozy : pas d'effet Ingrid Bétancourt





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EDVIGE is Watching YOU


Un décret publié le 1er juillet 2008 au Journal officiel institue un nouveau fichier dénommé EDVIGE, organisant le fichage généralisé et systématique de « toutes personnes âgée de 13 ans et plus » «ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ». En clair, tous les citoyens ayant un jour souhaité s’investir pour leur cité !



Big Brother is watching YOULe 27 juin 2008, en France, un décret officialise la « création d'un  traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé EDVIGE ». Il s'agit en particulier :

  • dans l'article 1 - De centraliser et d'analyser les informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif, sous condition que ces informations soient nécessaires au Gouvernement ou à ses représentants pour l'exercice de leurs responsabilités ;

  • dans l'article 2 - les catégories de données à caractère personnel enregistrées dans le traitement mentionné à l'article 1er et concernant des personnes physiques âgées de treize ans et plus sont les suivantes :

    • informations ayant trait à l'état civil et à la profession ;

    • adresses physiques, numéros de téléphone et adresses électroniques ;

    • signes physiques particuliers et objectifs, photographies et comportement ;

    • titres d'identité ;

    • immatriculation des véhicules ;

    • informations fiscales et patrimoniales ;

    • déplacements et antécédents judiciaires ;

    • etc...

La création de ce fichier est une scandaleuse atteinte aux libertés individuelles. Nous entrons là tout bonnement dans l'ère de la suspicion généralisée. Un homme ou une femme ne sera plus fiché après avoir commis un crime ou un délit, mais parce que, au motif qu'il s'est citoyennement impliqué, il devient suspect de pouvoir un jour porter atteinte à l'ordre public. Le coup est dur pour la démocratie, tant il est aisé d'imaginer les dérives totalitaires inhérentes à un tel dispositif. Les réactions sont à la hauteur de la gravité de la situation qui est ainsi créée :

Pour la Ligue des Droits de l'Homme, "il ne s’agit plus (...) de ficher les auteurs d’infractions constatées, mais, comme pour la rétention de sûreté, de cibler ceux que l’on étiquette d’avance comme de futurs délinquants hypothétiques. Le soupçon préventif suffit à justifier le fichage".

Et pour le Syndicat de la magistrature, "cette dimension nouvelle du fichage politique introduit, au prétexte toujours bien commode de l’ordre public, un moyen puissant de dissuasion de toute forme de contestation ou d’opposition citoyenne" et parle d'un "fichier d’inspiration anti-démocratique" .

Du côté de la CGT, on dénonce "une démarche portant atteinte aux libertés individuelles et collectives", tandis que le SNPES-FSU, principal syndicat de la protection judiciaire de la jeunesse, souligne le fait que "sans qu’aucune infraction ne soit commise, des mineurs dès 13 ans seront fichés en raison de leur "activité" individuelle ou collective, sans aucune définition ni encadrement juridique de cette activité". Pour ce même syndicat c'est "la répression de l’action politique et syndicale et sa pénalisation éventuelle qui s’organisent".

Et l’Union Syndicale Solidaires enfonce le clou : "Après un arsenal de lois liberticides, prévention de la délinquance, peines planchers, rétention de sûreté, lois sur l’immigration..., après un train de réformes anti-sociales (retraites, protection sociale, chasse aux chômeurs...), le gouvernement se dote clairement de l’outil de contrôle et de dissuasion des éventuelles résistances à ces mesures. En fichant les individus susceptibles de porter atteinte à l’ordre public (donc nul besoin de fait avéré, la suspicion suffit) à partir de treize ans, le gouvernement choisi une nouvelle fois la réponse sécuritaire à une dégradation générale de la situation sociale et aux résistances collectives".

Combien de temps les français vont-ils supporter ça ? Quand allons-nous vraiment nous réveiller ? Ils argumenteront, joueront les naïfs, nous diront que c'est là le prix dérisoire de notre sécurité à tous, qu'il nous faut à la fin savoir ce que l'on veut. Pourtant, l'engrenage est connu. Nous savons à quoi toujours ont mené ces petits renoncements à nos libertés, ces petites concessions successives consenties en échange de la promesse de plus de sécurité. Nous savons vers quoi nous nous dirigeons lorsque nous nous laissons conduire par la peur et par ceux dont nos peurs sont le fond de commerce, ces marchands de sécurité qui nous imposent de nous taire pour nous protéger. Oui, nous les connaissons bien, pourtant, les germes du totalitarisme. Nicolas Sarkozy lui-même fait lui-même l'aveu de ses intentions totalitaires lorsqu'avec l'arrogance qu'on lui connait il se vante que "désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit" : comment mieux dire qu'il ne s'agit pour lui que de bâillonner la démocratie.

Je les entends déjà, ceux qui parleront de dramatisation excessive, de diabolisation et d'antisarkozisme primaire. Car tout le monde le sait bien, n'est-ce pas, Sarkozy est un démocrate, il ne va pas soudain se muer en dictateur... Sans doute, peut-être, et puis on ne peut jamais jurer de rien ni de personne. Mais surtout, si ce n'est lui, ce sera son successeur, ou le successeur de son successeur. Peu importe quand cela se produira, car quand cela se produira c'est que tout aura déjà été mis en place, qu'il ne suffisait plus que d'actionner les boutons. C'est que la dictature se nourrit de l'orgueil de la démocratie et des petits arrangements successifs qu'elle prend avec elle-même, persuadée qu'elle est qu'elle durera toujours et que le pire ne saurait survenir qui l'abolirait. C'est que ces petits arrangements, ces petites concessions que l'on supporte, elles ne sont rien d'autres que les métastases de la démocratie, son cancer qui progresse.



Source : EDVIGE is watching you





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Le complexe des zinfluents


droite honteuseOn croyait la droite décomplexée. J'en étais personnellement à regretter ce temps pas si lointain où, en effet, l'homme de droite baissait la tête en présence de l'homme de gauche. On les imaginait ne se lâcher vraiment qu'entre eux, assurés qu'ils étaient alors qu'un gauchiste ne leur tendrait pas le miroir de leurs esprits étriqués, recroquevillés autour d'eux-mêmes et de leurs petits intérêts. Ils ne savaient pas bien pourquoi, mais ils avaient honte de ce penchant politique qui au fond les accablait mais dont ils ne savaient se défaire. Giscard avait beau avoir eu l'audace longtemps inégalée de prétendre que la gauche n'avait pas "le monopole du coeur", ils ne parvenaient pas à s'en convaincre, ayant intégré sans tout à fait le comprendre qu'il y a un monde du charitable au solidaire.

Et puis il y eut Sarkozy. Il y eut cet homme qui, accablé de toutes les disgrâces, en vint à se rebeller contre la fatalité du complexe et refusa de courber l'échine. Il assumerait tout, à commencer par lui-même, sa soif aigre de revanche contre le monde entier et son appétit de pouvoir. Il serait le justicier, le messie de tous les droites opprimées. Il deviendrait le chef de son camp et le décomplexerait au point de pouvoir un jour affirmer contre toute évidence que lui aussi avait un coeur, "à gauche, comme tout le monde" et le répéter jusqu'à la nausée. Enfin la victoire des puissants et des forces rétrogrades ne serait plus honteuse, contrainte de jouer la partition de l'humilité, parce que leur puissance même était une tare en ce qu'elle visait à s'étendre toujours davantage, parce que la loi du plus fort qui les faisait triompher (et comment en aurait-il été autrement ?) était une loi que les gauchistes disaient indécentes, empreinte de peu d'humanisme et pour tout dire réactionnaire. Leur force dont ils auraient tant voulu pouvoir se glorifier en paix était stigmatisée pour cela justement qu'elle était, une force. C'était un comble. Ce n'était plus supportable. Et Sarkozy décomplexa la droite.

Du moins, c'est ce qu'il parvint à faire croire. Mais quand je me penche un rien attentivement sur la prose d'un Versac ou d'un Embruns, et de quelques autres que d'aucuns appellent leur meute - et en effet ils aboient avec force et n'aiment rien tant qu'aller à la curée -, je comprends qu'il n'est toujours pas si facile de se vivre dans la peau d'un homme de droite. Du moins pas pour tous et en tout cas pas pour ceux-là qui se complaisent encore et toujours dans ce qu'ils pensent être de la modération, dénonçant avec vigueur tous ces gauchistes excessifs et faisant mine de ne pas comprendre que Sarkozy est un symbole et l'anti-sarkozisme sa nécessaire démolition ; qu'il n'y a pas de juste milieu parce qu'on ne fait pas de la politique comme on découpe gentiment de la dentelle ; que l'attitude qui consiste à déclarer qu'on ne fait pas trop de politique est déjà une attitude de droite - surtout lorsque "ne pas faire trop de politique" consiste essentiellement à ne pas être sarkoziste tout en n'étant surtout pas anti-sarkoziste et à ne pas perdre une occasion de le proclamer bien fort.

J'allais parler d'une droite atteinte du syndrome Bayrou, avant de me rendre compte que même Bayrou - mais c'est très sûrement parce qu'il y a un intérêt politique personnel - était à ranger dans le camp des anti-sarkozistes - même si, pour ce qui le concerne, il s'agit en réalité d'être davantage anti-Sarkozy que réellement anti-sarkoziste. Syndrome Bayrou, tout de même, au sens où pour ceux qui en sont atteints, tels donc les Embruns et les Versac, cette caricature d'eux-mêmes qu'est Sarkozy est encore difficile à assumer, est tout de même un peu trop décomplexée, leur fait honte, les gratouille et les irrite dans la région du quant à soi. Alors, chacun à leur manière, ils inventent le centre, cette confusion entre le mou politique et la modération, laquelle ils voudraient assimiler au sens de la mesure et à la raison, sans comprendre qu'être modéré avec ce qui est excessif est déjà une compromission, est déjà en être - et d'ailleurs, s'ils voulaient bien l'admettre, ils en sont, convaincus au fond que Sarkozy est finalement dans le vrai - ha ! s'il n'était pas si excessif, justement... Ils auraient bien entendu préféré la version de Villepin, mais du moins Sarkozy a-t-il le mérite de secouer le cocotier. Bref, quoi qu'ils en aient, ils sont irréductiblement de droite.

Viscéralement, et bien qu'honteusement, ils sont de droite - et plus encore la meute. Ils aiment qu'on les aime, alors ils ne le disent pas trop fort, prennent bien garde que cela ne transparaisse de trop - et la meute en cela aussi est moins subtile -, mais ils sont de droite. Ils suent les bons sentiments et l'humour facile, ils écrivent le petit doigt en l'air, ils déposent leurs étrons avec une élégance contenue, comme de jolies demoiselles, mais ils sont de droite. Ils se gargarisent de leur sens de la mesure et de leur constance vertueuse à dénoncer sans faillir la radicalité d'un anti-sarkozisme qu'ils voudraient primaire et nourri d'une haine crasseuse plus que d'une pensée construite, mais ils n'en sont pas moins tout simplement de droite.

Ils n'ont pas compris de Sarkozy, l'homme qui décomplexa la droite (mais pas toutes les droites, donc), la leçon première et quasi originelle : Être de droite n'est pas sale, ce n'est que la honte qui dégage cette odeur...



Edit : Chaffouin (et hop, un lien de plus pour la blogosphère de droite) écrit ce matin :

"Je me rappelerai toujours ce que m'avait répondu un ami à qui j'avais demandé, au matin du second tour de la présidentielle, pour qui il comptait voter. Il m'avait répondu : "Pour qu'à jamais, Royal demeure un nom de pizza, je voterai Sarkozy". Et dire que j'ai voté blanc. Je n'aime pas Sarkozy, mais il rassure à côté de cette femme si malhonnête intellectuellement. "

La voilà, et dnas toute son abyssale vacuité, cette droite honteuse et qui ne s'assume pas, qui vote blanc mais qui regrette de ne pas avoir voté à droite, qui ne comprend pas qu'il ne s'agit pas d'aimer ou de ne pas aimer Sarkozy, mais de détester sa politique et ses conséquences sur les vrais gens et sur la vraie vie, cette droite qui préfère donner dans l'humour bien gras que de se risquer à s'engager sur une pensée politique un peu construite.



Source : Le complexe des zinfluents





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Quand le Figaro censure Ingrid Bétancourt


Ingrid Betancourt libre : sur Le Figaro, Chirac et Villepin coupés au montage!



La vidéo d'Ingrid Betancourt choisie par le site du Figaro.fr présente une grosse différence avec la vidéo originale de son intervention sur le tarmac de l'aéroport de Bogota...

Quand l'originale dure 2 minutes 22 secondes, celle du Figaro ne fait miraculeusement plus que 1 minute et 47 secondes. C'est qu'en réalité 35 secondes disparaissent malencontreusement entre le remerciement de Ingrid Bétancourt à Nicolas Sarkozy (à 1'30") et ses derniers mots qui commencent par un "Je vous aime..." dont on pourrait soudain croire, par la magie du montage (et donc du mensonge !) qu'il s'adresse au petit président lui-même.

Pourquoi faire disparaître précisément ces secondes là ? En disant qu'il s'agit tout simplement de ses remerciements au président Jacques Chirac ainsi que de ceux, très chaleureux, à son ami Dominique de Villepin, on fait un grand pas vers la réponse : il semble bien que Le Figaro voudrait non seulement tressé des lauriers à Nicolas Sarkozy pour une libération à laquelle il n'est pour rien, mais en sus il ne faudrait surtout pas que le petit père des lecteurs du Figaro se retrouve à devoir partager des louanges indues avec ses deux frères ennemis du RPR, Chirac et Villepin. La grande classe journalistique !



Voici la vidéo choisie par Le Figaro, mise en ligne par le Comité de soutien à Ingrid Betancourt :



EDIT : la vidéo ayant été supprimée sur Dailymotion, je me suis permis de reconstituer la partie intéressante :



Et voici, pour comparaison utile, donc la vidéo originale et intégrale, reprise par la totalité des autres médias (et qui était en outre de bien meilleure qualité ) :





Etonnant, non ?



Source : Quand le Figaro censure Ingrid Bétancourt





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Objectif 25000 reconduites à la frontiere


MAP : "la chasse est ouverte"



De manière générale, la rap c'est pas ma came. Ce qui n'enlève rien à la qualité artistique de ce morceau et du clip qui l'encapsule :





MAP - clip - "La chasse est ouverte"
Réal : Frederic Aujas
Prod : Emmanuel Pampuri / TRACTOfilm
Chef Opérateur : Nicolas Manson
Montage : Aurelie Jourdan

Clip réalisé en HD tourné avec Kit Mini 35 sur Panasonic HVX 200 + HPX 500

Télédiffuseurs, si le clip vous intéresse, demandez nous un master broadcast ...
HD Cam, DVCpro-HD, Beta Digital, Beta SP ou DV-Cam.

Possibilité de récupérer un fichier haute qualité.

http://www.map-site.fr/
http://www.tracto.tv



Et pour aller un peu plus loin...



un grand merci à Made pour cette découverte !



Source : MAP : "la chasse est ouverte"





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Popularité Sarkozy : retour vers les profondeurs


Jamais le petit président n'avait été aussi profondément impopulaire. Jamais non plus un président de la république française !



sarkozy impopularitéCes dernières semaines, de nombreux commentateurs s'évertuaient à laisser entendre que Nicolas Sarkozy serait parvenu à enrayer sa vertigineuse chute de popularité, voire qu'il en était déjà à remonter la pente. C'était évidemment aussi maladroit que factice.

Et voilà qu'en ce début de mois de juillet, deux nouveaux sondages s'en viennent totalement contredire cette (fausse) impression, espoir déçu de tout un clan. Où il apparaît donc avec la plus grande évidence que, aussi mal loti soit-il déjà dans le coeur des français, Nicolas Sarkozy parvient encore à battre ses propres records d'impopularité.

LH2 pour le Nouvel Observateur avait tiré en premier : 34% seulement des personnes interrogées déclarent avoir une opinion positive du président de la République, et seulement 8% qui ont une opinion "très positive" (26% "assez positive"). Par ailleurs, 59% des français ont au contraire du petit président une opinion négative, dont 31% - soit près d’un Français sur trois - une opinion « très négative ». Ainsi, avec un différentiel entre les opinions positives et les opinions négatives de -25, la popularité de Nicolas Sarkozy atteint son plus bas niveau depuis son élection en mai 2007.

Aujourd'hui, c'est au tour de TNS-Sofres pour le Figaro Magazine d'enfoncer le clou : la cote de Nicolas Sarkozy perd quatre points par rapport au mois de juin, à 33%. Pis encore : ce ne sont ici en réalité que 5% des personnes interrogées qui déclarent faire "tout à fait confiance" à Nicolas Sarkozy pour "résoudre les problèmes qui se posent en France actuellement" (contre 28% "plutôt confiance"). A contrario, 65% des sondés ne font pas confiance au président de la République et 37% "pas du tout" (contre 28% "plutôt pas").



graphique évolution popularité Sarkozy
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En un an, de juillet 2007 à juillet 2008, le petit père des people est passé, en moyenne, de 66% d'opinions positives à 33%, et de 30% d'opinions négatives à 62%...

Dit autrement, en une année de présidence bling bling, le petit président a perdu 33 points d'opinions positives (soit une division par deux) et gagné 32 point d'opinions négatives (soit une multiplication par plus de deux des mécontents)...

Ainsi, quant au lendemain de son élection, Nicolas Sarkozy possédait un solde positif de 36 points entre opinions positives et opinions négatives, son solde est désormais négatif à -32 points. Soit une perte totale de 68 points - ce qui est proprement énorme... et du jamais vu !



Mais comment est composé cette moyenne ?

SOFRES pour le Figaro : Faites-vous confiance tout à fait ou plutôt, plutôt pas ou pas du tout, à Nicolas SARKOZY pour résoudre les problèmes qui se posent en France actuellement ?

IFOP pour Paris-Match : Approuvez-vous, tout à fait, plutôt, plutôt pas ou pas du tout, l'action de Nicolas Sarkozy comme président de la République ?

IFOP pour le JDD : Etes-vous satisfait (très ou plutôt) ou mécontent (plutôt ou très) de Nicolas Sarkozy comme président de la République ?

LH2 pour (Libération) NouvelObs : Concernant Nicolas Sarkozy en tant que président de la République, dites-moi si vous en avez une opinion trés positive, assez positive, assez négative ou très négative.

Viavoice pour Libération : Concernant Nicolas Sarkozy en tant que président de la République, dites-moi si vous en avez une opinion trés positive, assez positive, assez négative ou très négative.

CSA pour iTélé et Le Parisien : Faites-vous confiance ou pas confiance au président de la République, Nicolas SARKOZY, pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays ?

BVA pour Orange : Quelle opinion, très ou plutôt bonne, plutôt ou très mauvaise, avez-vous de Nicolas Sarkozy en tant que Président de la République ?

CSA pour Valeurs Actuelles : Estimez vous que l'action du Président de la République, Nicolas Sarkozy, va plutôt dans le bon sens ou plutôt dans le mauvais sens ?

IPSOS pour Le Point : Portez-vous sur l'action du Président de la République, Nicolas Sarkozy, un jugement plutôt favorable ou plutôt défavorable ?



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Source : Popularité Sarkozy : retour vers les profondeurs





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Ingrid Bétancourt libérée par le président Uribe


Ingrid Betancourt, libre : "Je veux d'abord rendre grâce à Dieu et aux soldats de Colombie"


En ce moment de joie intense, il serait assez insupportable à beaucoup d'entre nous qui avons si longtemps espéré d'en arriver à ce dénouement heureux que Nicolas Sarkozy tente de tirer un profit politique personnel de cette libération par une de ces manoeuvres de récupération émotionnelle dont il a le secret. Il n'y a aucune incongruité à évoquer dès maintenant ce sujet tant on sait le personnage coutumier de ce genre d'indécence, tant on peut nourrir de méfiance quant à sa capacité à l'humilité respectueuse, à ne pas tirer éhontément la couverture à lui.



Ingrid BetancourtCe mercredi 2 juillet, le ministre de la défense colombien a annoncé la libération d'Ingrid Bétancourt. Enfin !

Une opération menée par les forces armés colombiennes a permis la libération, mercredi 2 juillet, de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle Ingrid Betancourt ainsi que de trois citoyens américains et onze militaires colombiens qui étaient séquestrés par les FARC. Juan Manuel Santos, ministre colombien de la défense, a annoncé la nouvelle depuis Bogota, en précisant que la libération est intervenue près de San Jose del Guaviare, dans le sud-est du pays.

"Je veux d'abord rendre grâce à dieu et aux soldats de Colombie", a déclaré l'ex-otage dans une première déclaration à la radio Caracol. Ingrid Betancourt, âgée aujourd'hui de 46 ans, ex-candidate écologiste à la présidence de la Colombie, était otage des Farcs depuis plus de six ans.

La libération d'Ingrid Betancourt a été rendue possible par une négociation des services de renseignements colombiens avec des groupes dissidents des Farc, déclare l'ex-mari de la Franco-colombienne, Fabrice Delloye. "Le gouvernement colombien a tenté de trouver des solutions, une solution était bâtie sur le fait que des groupes se distinguaient du secrétariat général et cherchaient une solution pour quitter la guérilla sans être emprisonnés des années."

En annonçant la libération des otages, le ministre de la défense a en effet fait le récit d'une opération de renseignement et d'infiltration de très haut niveau. Il a notamment affirmé que les otages se trouvaient détenus en trois lieux différents et qu'afin de permettre leur libération, il a été nécessaire pour les forces armées colombiennes d'infiltrer le secrétariat, l'instance de direction collective de plus haut niveau des Farc. C'est dans ce contexte qu'il a été décidé par les responsables du mouvement de guerilla de rassembler les otages afin de les placer sous le contrôle unique d'Alfonso Cano qui a pris la tête de Farc après le récent décès de Manuel Marulanda, dit "Tirofijo".

Selon le ministre, cette opération a été réalisée avec l'appui logistique d'une "organisation fictive" disposant d'un hélicoptère qui était en réalité un appareil de l'armée colombienne. Les forces armées colombiennes avaient également infiltré, toujours selon le ministre, le front numéro 1 des Farc, dirigé par Gerardo Antonio Aguilar, dit "Cesar", qui detenait une partie des otages. Ce responsable a été arrêté alors qu'il acheminait, à l'aide de l'hélicoptère de l'armée, des otages vers le point choisi pour rassembler les trois groupes et les remettre à Alfonso Cano.

A la demande du président Uribe, un travail de renseignement d'une ampleur jusque là inconnue, incluant le paiement d'informations et la protection des témoins, a été développé au cours de la dernière année par les forces armées et la DAS - département administratif de sécurité - avec l'aide de consultants israéliens, pour la plupart officiers en retraite de l'armée d'Israël.

Une très forte mobilisation médiatique en faveur de la libération d'Ingrid Betancourt, détenue depuis février 2002, existait en Europe. Mais l'espoir de la voir libre avait été plusieurs fois déçu. D'abord en 2003, lorsque Dominique de Villepin, alors premier ministre, avait monté une mission de négociation et dépêché un avion. Puis en mars 2008, lorsque la diplomatie française et le président vénézuélien, Hugo Chavez , avaient participé à l'envoi d'hélicoptères dans la zone où l'otage a finalement été libéré. La dernière preuve que l'otage était encore en vie, une vidéo où elle apparaissait immobile, avait été diffusée en novembre 2007.



Les conditions de cette libération démontrent de manière limpide que Nicolas Sarkozy n'est absolument pas impliqué dans l'opération qui l'a rendue possible, et c'est heureux tant cela devrait nous épargner toute fanfaronnerie de la part de celui-ci. En effet, en ce moment de joie intense, il serait assez insupportable à beaucoup d'entre nous qui avons si longtemps espéré d'en arriver à ce dénouement heureux que le petit président français tente de tirer un profit politique personnel de cette libération par une de ces manoeuvres de récupération émotionnelle dont il a le secret. Il n'y a aucune incongruité à évoquer dès maintenant ce sujet tant on sait le personnage coutumier de ce genre d'indécence, tant on peut nourrir de méfiance quant à sa capacité à l'humilité respectueuse, à ne pas tirer éhontément la couverture à lui. Qu'il nous laisse donc en paix savourer notre joie qui est entière !



Bienvenue parmi nous, Madame Bétancourt. Nous vous appelions Ingrid.



Source : Ingrid Bétancourt libérée par le président Uribe





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Sarkozy : la preuve par la langue de bois (vidéo)


Question : Pour réaliser l'objectif annuel de 25 000 reconductions aux frontières de personnes sans-papiers, à combien d'arrestations est-il nécessaire de procéder ?

Si la question semble à ce point embarrassante pour un Nicolas Sarkozy qui pour une fois peine à s'engouffrer dans la langue de bois, c'est que la réponse n'est pas de ces vérités bonnes à dire, tant elle est choquante. Il faut procéder à 2 millions de contrôles d'identité et d'arrestations pour que la police parvienne à tenir cet objectif annuel de 25 000 expulsions d'étrangers que Nicolas Sarkozy leur a arbitrairement fixé.

- Mais que fait la police ?
- Elle passe tout son temps à contrôler les papiers.
- Mais moi je n'ai jamais été arrêté ?
- C'est que vous n'avez pas la tête d'un étranger...





Cela se passait ce lundi soir, 30 juin, sur France 3.

Je crois utile de rendre hommage à l'excellente prestation de Audrey Pulvar qui a fait là honneur à sa profession de journaliste, par la précision de ses questions et par la ténacité dont elle a fait preuve quant à son droit de suite. Par les temps qui court, le fait est suffisamment rare pour mériter d'être souligné.



Source : Sarkozy : la preuve par la langue de bois





Billet précédent : Embruns et le vide de la pensée

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Embruns et le vide de la pensée



EmbrunsCe matin, le vénérable Embruns, blogueur populaire et sans talent, donne dans le contre-pied imbécile.

Cette nuit, une vidéo off de Nicolas Sarkozy, filmé à son insu avant sa prestation sur France 3, a été mise en ligne sur Rue89. Embruns, qui est un blogueur malin, a tout de suite compris que le buzz allait être conséquent. Comment se distinguer ?, s'est dit l'animal. La dénonciation outrée, s'est-il répondu aussitôt, fier de sa trouvaille. Et voici alors ce qu'il s'est empressé d'écrire sous le titre "Le Vide de l'Information" :



Cet article de Rue89, “Les images de Sarkozy en ‘off’ avant son interview sur France 3”, signé Augustin Scalbert, me désole. J’ai un peu honte pour la rédaction de Rue89 de laisser passer ce truc un peu dégueulasse, acquis dans des circonstances douteuses et qui n’apporte aucune information. Quand l’engagement politique, l’urgence de l’instant et la course au “scoop” obscurcissent à ce point les devoirs professionnels du métier de journaliste… Et, je ne parle même pas de droits qui appartiennent à France Télévisions, nous sommes sur Internet, nous nous en foutons un peu…

Par ailleurs, il serait souhaitable qu’il y ait des sanctions sévères au sein de la rédaction de France 3. Il est tout à fait déloyal et irrespectueux que ce genre de séquences sortent dans la nature, quelque soit l’invité. Ce n’est pas parce que Nicolas Sarkozy est président de la République qu’il devrait “bénéficier” d’un statut d’exemption de tout cadre éthique et juridique.

P.S. Sans surprise, LePost, “le mix charognard de l’info” dirigé par Benoït Raphaël, n’est pas en reste et embarque dans le train. (Pas de lien, vous savez la très piètre estime que j’ai pour ce site).



Bon, pour ma part, j'ai un peu honte pour Embruns. Au début, j'ai même pensé qu'il participait encore à un de ces concours stupides entre blogueurs, du style "chouette chouette, on dirait que c'est à celui qui fera le billet le plus ringard et réac' à la fois". Le gars Embruns a fait très fort, me suis-je dit, sûr aussi qu'on ne pouvait guère faire plus ringard et sûr donc qu'il allait gagner le panier garni. Pourtant non, tout cela était écrit le plus sérieusement du monde, avec des vrais morceaux de saine colère dedans. Comme quoi ce n'est pas toujours en faisant l'original qu'on évite la ringardise.

Car à la lecture de ce triste billet, on a envie de demander à Embruns qu'est-ce que pour lui est de l'info ? Ne serait en réalité de l'info que ce qui est permis d'en être une ? Ce qui n'est pas Off ?

Mais voyons, Embruns, le Off, ça n'existe pas ! Le Off, ce n'est rien d'autre qu'une invention politico-journalistique pour justifier leurs éventuelles connivences et leurs petits secrets microcosmiques. Le Off, c'est la négation même du travail journalistique !

Le Off, ça n'existe pas et relève en vérité de la vie publique tout ce qui ne relève pas de la vie privée. Embruns pense-t-il réellement que cette video attente à la vie privée du petit père des people ? Non ?... Alors voilà, c'est tout simple : cette vidéo relève du champ de l'info ! Elle peut intéresser ou non, mais elle donne de l'info... et parler à ce propos de "sanctions sévères au sein de la rédaction de France 3" est, en terme d'attitude réactionnaire, tout simplement hallucinant... et imbécile, donc.

On pourra également noter que ce qui fait l'intérêt d'un Off est le décalage qu'il peut y avoir entre l'image publique que cherche à renvoyer un homme public et sa réalité. On pourra alors se dire que le travail du journaliste est précisément de nous montrer la réalité, et pas simplement de relayer et diffuser l'image souhaitée par l'autre. On notera enfin que c'est, chez Sarkozy en particulier, l'immensité de ce décalage On-Off qui l'expose lui plus qu'un autre à la diffusion de son côté Off. Il en est le seul et unique responsable, parce qu'il est responsable d'avoir tant à dissimuler de sa réalité... et donc de son mensonge.




Sarkozy en off sur le plateau de France 3
envoyé par rue89


Post Scriptum : Embruns, mon ami, on écrit "quel que soit" - mais dans le domaine de la faute d'orthographe ringarde, je suis moi-même grand spécialiste...



Source : Embruns et le vide de la pensée





Billet précédent : Ségolène moi toute seule Je

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Ségolène moi toute seule


Le Tout sauf Ségo, la (mauvaise) réponse au Ségolène Sinon Rien... et petite revue des contributions pour le Congrès du PS.

Où l’on découvre que quoi qu’en disent Ségolène Royal, les médias et la droite, les socialistes ont quelques idées.



le poing et la roseQuand je lis que dans la contribution "Une vision pour espérer, une volonté pour transformer" est évoqué l'individualisation des parcours scolaires, l'instauration d'un bouclier logement, des mesures concernant les sécurités et le vivre ensemble, une stratégie de relocalisation économique, le développement du micro-crédit, la mise en place d'une CSG patronale, entre autres...

Quand je lis que dans la contribution "Besoin de Gauche" le développement durable apparaît comme principe de base de l'action politique et économique et sont proposés sept conventions nationales pour la période 2009-2010 comme chemin pour l'émergence d'un projet alternatif ambitieux, cohérent et crédible...

Quand je lis dans la contribution "Utopia" la volonté qu'émerge une gauche d'avant-garde fondée sur une identité écologiste, altermondialiste et antiproductiviste et sont évoqués les ruptures avec la rentabilité du capital comme unique objectif, avec la religion de la croissance, avec le culte de la consommation, avec la valeur aliénante du travail...

Quand je lis dans la contribution "Urgence Sociale" les dix questions fondatrices que soumet Pierre Larrouturou aux rédacteurs de motions et qui sont autant de propositions de innovantes et ambitieuses...

Quand je lis que dans la contribution "Reconstruire à gauche" sont évoquées le conditionnement des exonérations sociales aux accords salariaux, la modulation du taux d'imposition sur les sociétés, la revalorisation de la fonction enseignante, entre autres...

Quand je lis que dans sa contribution, Marylise Lebranchu aborde les thèmes de la question alimentaire, des solidarités territoriales, des conditions de travail et de la responsabilité des employeurs, du développement durable de l'industrie, de la démocratisation de l'enseignement supérieur, de l'impôt européen sur le capital...

Quand je lis que dans la contribution "Réinventer la Gauche" on parle du relèvement de l'impôt sur les bénéfices, d'imposition des revenus financiers, de VIème République parlementaire, de planification écologique...

Quand je lis que dans la contribution "D'abord, Redistribuer les richesses" on parle très concrètement de fiscalité redistributive et de construction de l'unité de la gauche...

Quand je lis que dans la contribution "Changer !" est proposé un retour à une intervention publique vertueuse et l'instauration d'un salaire minimum universel...

Quand je lis toutes ces contributions et que je m'aperçois que les idées foisonnent dans chacune d'elle et souvent se rejoignent, je me dis qu'il faut faire preuve d'une prétention assez exceptionnelle pour choisir ce moment précis pour titrer un livre "Si la Gauche veut des idées" et laisser penser que sans son auteur la gauche serait démunie, incapable de proposer une alternative crédible, faisant en cela le jeu de la droite qui ne perd pas une occasion de rabâcher ce qui de toute évidence est une contre-vérité, pour ne pas dire un mensonge éhonté.

Surtout que lorsque je lis la contribution "Combattre et proposer" de cette même Ségolène Royal (vous aviez deviné que c'était elle dont il s'agissait), je n'y trouve rien qui ne se trouve aussi dans les autres contributions, sinon la cérémonie républicaine - proposition qui si même elle n'était pas aussi imbécile qu'impraticable ne pourrait suffire à prétendre faire de son auteur le messie de la Gauche. Cette façon de tirer en permanence la couverture à soi, cette manie d'avoir toujours l'air de dire "Moi Ségo toute seule Je...", invitant implicitement ses soutiens à bêler à l'unisson l'idolâtre rengaine du Ségo Sinon Rien, explique probablement pour une bonne part la tentation épidermique du Tout Sauf Ségo.

Et je m'empresse de préciser que pour ce qui me concerne le TSS est une autre imbécillité. Etant fortement concentré sur les possibilité de victoire de la Gauche en 2012 et sa capacité alors de réellement transformer la société, étant par ailleurs de plus en plus convaincu que le positionnement politique et la stratégie de conquête de Ségolène Royal sont inévitablement perdants, et parce qu'en outre je continue de penser que ses piètres qualités oratoires sont pour elle un handicap majeur, j'en suis pour ma part à un très simple PE : Pas Elle !

La bonne nouvelle est que, hormis la contribution de Manuel Valls qui me semble d'une pauvreté assez sidérante, l'ensemble des contributions que j'ai pu lire (je crois qu'il manque encore Benoit Hamon et Bertrand Delanoë à l'appel, peut-être François Hollande ?...) permet de nourrir de réels espoirs quant à la tenue d'un vrai débat de fond. La cerise sur le gâteau étant qu'il y a dans tout ça de la bonne vraie gauche avec des vrais morceaux dedans.



La surprise : sur le fond des propositions, et si l'on écarte la question de la présidentialisation du Parti Socialiste, les motions Aubry, Royal et... Fabius sont étrangement similaires.



Source : Ségolène moi toute seule Je



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Parti Socialiste : la guerre des roses



PS : la bataille commence...
© La République des Fourmis par SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur



Et, pendant ce temps là...



Source : La guerre des roses



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Ségolène remet le couvert - Sarkozy est déjà à table


"Ségolène m'a fâcher !"



Ségolène RoyalSégolène Royal publiera début juillet un livre de dialogue dont le titre est " Si la Gauche veut des idées ". Cet ouvrage de dialogue avec le sociologue Alain Touraine, à qui revient le titre de l'ouvrage, sera "publié le 8 juillet", a indiqué Mme Royal lors d'une rencontre avec la presse écrite régionale. En attendant (pour ceux qui attendraient), Le Monde en publie dès aujourd'hui les bonnes feuilles.

On y lira notamment ceci, à propos de ce qu'elle appelle "la France métissée" : "Je propose, pour renforcer le sentiment d'appartenance à la nation, de créer une cérémonie républicaine pour tous les jeunes, quelle que soit leur origine, pour le passage à la majorité à 18 ans, l'âge du droit de vote."

Bah voyons ! Et puis lors de cette cérémonie, une partie de la matinée serait consacrée à lire la lettre de Guy Moquet ; à midi les jeunes se mettraient en rang pour chanter la Marseillaise ; dans l'après-midi, chacun d'entre eux ferait un compte-rendu à propos de la mémoire de cet enfant juif qu'on leur a attribué en primaire ; et le soir chacun repartirait avec un drapeau français tatoué sur la fesse gauche.

Sûr que la Gauche veut des idées - elle n'en est pas totalement dépourvue d'ailleurs - mais peut-être pas de vôtres, Madame Royal. Pas de ces idées "coup de com' " qui ne règleront jamais le moindre des problèmes que connaissent les français dans leur vie quotidienne... et qui déjà, vous vous en souvenez peut-être, vous nous ont fait perdre une élection présidentielle ; et ce pour le plus grand profit d'un Sarkozy qui est et restera toujours bien plus fort que vous dans le domaine des idées à la con !



J'ai l'air fâché ? Mais non... Je suis tout simplement dans une colère noire. C'est que, voyez-vous, tout ce vide, à la fin, ça me gonfle !



C'est que, surtout, et si on prend la peine de réfléchir deux minutes - avant par exemple de faire une confiance aveugle à ses intuitions -, en France, lorsque l'on atteint sa majorité, on obtient une carte d'électeur, signe d'appartenance à la communauté nationale... pourvu qu'on soit français. Pourvu qu'on soit français ?!

Mais oui, bon sang, il ne suffisait que d'y penser : pour marquer la citoyenneté, l'appartenance à la cité, à la communauté nationale, on pourrait commencer par accorder le droit de vote à tous ceux dont on réclame un comportement citoyen, accorder le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales. Ça aurait été un poil plus ambitieux, non ? Un poil moins symbolique, aussi. Et d'ailleurs, si l'on veut la faire cérémonie citoyenne, rite de passage à l'âge adulte de la citoyenneté, il ne devrait y avoir rien de plus enthousiasmant que d'aller pour la première fois exercer son droit de vote, son devoir civique, comme on dit...

Parce que voilà, tout de même, organiser une cérémonie républicaine pour tous les jeunes français... ce serait de facto en exclure leurs potes qui ne le seraient pas, français, et avec lesquels pourtant ils ont grandi - voire avec lesquels a grandi en eux le sentiment commun d'être refoulés, abandonnés en marge de la communauté nationale, justement...

Alors, dites-nous, Madame Royal, puisque le sujet de l'appartenance nationale vous tient tant à coeur, ce projet d'une France métissée réconciliée, ne pensez-vous pas qu'il passe d'abord par un droit de vote élargi, un droit de vote qui n'exclurait pas, qui ne créerait pas des citoyens de seconde zone ? Ne pensez-vous pas que l'exercice du droit de vote serait en réalité la plus belle des cérémonie républicaine pour la jeunesse de France - qui n'est pas tout à fait exclusivement une jeunesse française -, ne pensez-vous pas ?



Source : Ségolène m'a fâcher !



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Pour Ségolène Royal, l'essentiel est de participer


Démocratie participative façon Corse



Astérix en CorseSur le site à la gloire de Ségolène Royal, notre chef Désirs d'Avenir, Ségolène Royal "invite à une grande réunion de présentation de la contribution que nous soumettrons très prochainement aux militants du Parti socialiste. [...] Notre contribution, notamment alimentée par les 2 500 textes que vous avez envoyés sur le site « Congrès utile et serein »...".

Or, dès l'annonce de l'initiative "participative" pour un congrès "utile et serein", j'écrivais que ce qui ne l'est pas [posé] et qui aurait dû l'être est : à quoi ça va servir ? - et on se doute en réalité que la vraie question est "à qui ?". Car est-il possible d'envisager qu'à l'issue de la méthode participative proposée à tous les militants par Madame Royal, il se dégage en réponse des positions largement contraire aux positions de Ségolène ? Et qu'adviendrait-il alors de la rédaction de la motion Royale ? On peut même élargir : puisque le machin s'adresse à l'ensemble des militants, comment est assurée la transparence du bidule ? Qui gère la modération ? Quels en sont les critères ? Le dépouillement des réponses sera-t-il également participatif ? Qui décidera de ce qui est à retenir et ce qui est à rejeter ? Bref, le bidule, en réalité, il appartient à qui ? Ou encore, et en corolaire : le machin participatif n'inclut-il pas nécessairement la transparence et la mutualisation de l'accès au bidule ?

Force est de constater qu'aucune réponse n'a été par la suite apportée afin de garantir la transparence du processus, condition impérative de la démocratie. Aussi bien j'écrivais à la suite du précédent extrait que en l'absence d'une telle transparence - et donc de la réponse à ces questions de fonctionnement qui sont tout sauf accessoires -un militant qui ne se sentirait pas franchement politiquement proche de Ségolène Royal ne peut véritablement espérer que ses réponses éventuelles soient prise en compte, puisque ce qui va en ressortir est annoncé "motion Ségo". Ce qu'il sait en revanche, c'est qu'en participant il sera compté dans ces "X milliers de participants au débat interne suscité par Ségolène Royal" qui seront inévitablement annoncés à l'issu de l'opération pour preuve de l'engouement des militants et sympathisants vis à vis de ladite démarche participative. Et voilà donc notre ami pas si bisounours piégé entre dire, être compté mais sans pouvoir espérer qu'on tienne compte de ses réponses et ne pas répondre et laisser dire la vérité des vrais bisounours.

Cela reste cruellement vrai et la seule nouveauté est que ce que j'avais annoncé comme inévitable s'est bel et bien produit... et qu'à présent l'on sait donc que X=2,5 - ce qui en sus n'est pas beaucoup, sans doute que nombre de militants ont finalement préféré n'être pas compté dans les "participants" que de participer avec le risque de ne compter pour rien dans le texte final.

Car tout de même, quant on lit les "synthèses" des contributions - voir par exemple la synthèse de la question 2 -, le doute n'est plus permis : tout cela, le "participatif", n'était qu'un habillage, une vaste opération de communication et d'enfumage... et la contribution de Ségolène Royal sera la contribution de Ségolène Royal et de ses conseillers politiques soumises à l'appréciation des militants - ce qui en soit ne me pose aucun problème, pour peu que cela soit assumé plutôt qu'enfumé.

Bref, la démocratie participative à la sauce Royal, ça fait furieusement penser à Astérix en Corse :



démocratie participative Corse



Source : Pour Ségolène Royal, l'essentiel est de participer



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Popularité de Sarkozy : les vrais chiffres


Sarkozy et les eaux profondes de l'impopularité



sarkozy impopularitéDepuis quelques semaines, les différents médias qui commandent des sondages de popularité aux instituts font des efforts surhumains pour tenter de déceler du mieux dans la cote de popularité du petit père des people. Peine perdue, car la vérité des chiffres est implacable : Nicolas Sarkozy stagne lourdement dans les profondeurs de l'impopularité et du mécontentement des français.

Très concrètement, voici ce que donnent les chiffres pour les quatre derniers mois (moyennes mensuelles des neuf sondages de popularité le concernant) :

Côté "j'aime Sarkozy"

Côté "j'aime pas Sarkozy"

mars :

37,6%

59,0%

avril :

37,2%

59,2%

mai :

36,6%

59,1%

juin :

37,5%

58,9%

Autrement dit, le petit président navigue autour de la marge d'erreur mais toujours dans les profondeurs abyssales d'une impopularité record. Ce qui s'illustre avec une grande évidence dans le graphique ci-dessous qui retrace l'évolution de la popularité moyenne du petit père des people sur les neuf études mensuelles réalisées par six instituts de sondages différents (voir liste et détails en fin de billet).



graphique évolution popularité Sarkozy
cliquer sur le graphique pour l'afficher en grand



Faisons simple : en un an, de juillet 2007 à juin 2008, le petit père des people est passé, en moyenne, de 66% d'opinions positives à 38%, et de 30% d'opinions négatives à 59%...

Dit autrement, en une année de présidence bling bling, le petit président a perdu 28 points d'opinions positives et gagné 29 point d'opinions négatives...

Dit encore autrement, quant au lendemain de son élection, Nicolas Sarkozy possédait un solde positif de 36 points entre opinions positives et opinions négatives, son solde est désormais négatif à -21 points, soit une perte totale de 57 points !



Par souci d'être tout à fait complet, mentionnons toutefois les résultats des deux derniers sondages publiés :

  • IFOP pour JDD : 37% de satisfaits contre 62% de mécontents ;

  • Viavoice pour Libération : 38% de satisfaits contre 59% de mécontents.

Bref, dégringolade à suivre, série toujours en cours...



Mais comment est composé cette moyenne ?

SOFRES pour le Figaro : Faites-vous confiance tout à fait ou plutôt, plutôt pas ou pas du tout, à Nicolas SARKOZY pour résoudre les problèmes qui se posent en France actuellement ?

IFOP pour Paris-Match : Approuvez-vous, tout à fait, plutôt, plutôt pas ou pas du tout, l'action de Nicolas Sarkozy comme président de la République ?

IFOP pour le JDD : Etes-vous satisfait (très ou plutôt) ou mécontent (plutôt ou très) de Nicolas Sarkozy comme président de la République ?

LH2 pour (Libération) NouvelObs : Concernant Nicolas Sarkozy en tant que président de la République, dites-moi si vous en avez une opinion trés positive, assez positive, assez négative ou très négative.

Viavoice pour Libération : Concernant Nicolas Sarkozy en tant que président de la République, dites-moi si vous en avez une opinion trés positive, assez positive, assez négative ou très négative.

CSA pour iTélé et Le Parisien : Faites-vous confiance ou pas confiance au président de la République, Nicolas SARKOZY, pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays ?

BVA pour Orange : Quelle opinion, très ou plutôt bonne, plutôt ou très mauvaise, avez-vous de Nicolas Sarkozy en tant que Président de la République ?

CSA pour Valeurs Actuelles : Estimez vous que l'action du Président de la République, Nicolas Sarkozy, va plutôt dans le bon sens ou plutôt dans le mauvais sens ?

IPSOS pour Le Point : Portez-vous sur l'action du Président de la République, Nicolas Sarkozy, un jugement plutôt favorable ou plutôt défavorable ?



Source : Sarkozy et les eaux profondes de l'impopularité



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François Mitterrand et Jean-Michel Aphatie sur les planches du grand théâtre médiatique


Comédie tragi-comique inachevée en trois actes



François Mitterrand et Jean-Michel Aphatie : théâtre



Acte 1- Querelle avec arrière goût de chiottes

  • Scène 1 - Le blogueur François Mitterrand 2007 (FM2007) évoque sur son blog d'outre-tombe une histoire dont quinze ans plus tôt l'acteur principal aurait été Laurent Fabius, avec Jean-Michel Aphatie dans le rôle du témoin privilégié, et qui aurait eu pour cadre les toilettes du Conseil Régional de Haute-Normandie ;
  • Scène 2 - Jean-Michel Aphatie (JMA000) déclare sur son propre blog non moins obscur qu'il ne se souvient de rien ;
  • Scène 3 - Le choeur des blogueurs plus ou moins influents s'empare de l'affaire et enquête ;
  • Scène 4 - FM2007 et JMA000 se livrent, par blog interposé, au petit jeu du c'est toi qui l'a dit c'est toi qui y est, jusqu'à écoeurement du choeur ;
  • Scène 5 - L'Esprit retourne au silence des limbes et JMA joue vainement à en avoir (de l'esprit).



Acte 2 - Querelle autour d'une poubelle

  • Scène 1- FM2007 annonce son prochain retour parmi les vivants ;
  • Scène 2 - Le coryphée (FM2008) ouvre un blog apocryphe et se plaint des atermoiements de l'original ;
  • Scène 3 - FM2007 publie le livre François Mitterrand 2008 - Il revient ;
  • Scène 4 - FM2007 et JMA000 se livrent, par blog interposé, au petit jeu du c'est toi qui l'a dit c'est toi qui y est, avec la participation active de Guy Birenbaum et Paul Amar aux côtés de l'Esprit ;
  • Scène 5 - JMA000 se sent seul. Devant les caméras de sa télévision (le Grand Journal de Canal +), ulcéré par l'anonymat de l'auteur, il propulse le livre de FM2007 dans une poubelle et démontre par ce geste imbécile qu'il n'en a toujours pas (de l'esprit) ;
  • Scène 6 - FM2007 souhaite obtenir réparation de qu'il estime être un affront à l'intelligence (il n'a pas tort) et déclare être disposé à troquer son anonymat contre un face à face avec JMA devant les mêmes caméras de télévision et accompagnés des comparses Guy Birenbaum et Paul Amar ;



Acte 3 - Le dénouement

  • Scène 1 - Le coryphée parait à son tour écoeuré (lui aussi voudrait bien exister un peu, sans doute) - et quant au choeur, il s'en fout.
  • Scène 2 et suivantes - (restent encore à écrire...)



Bonus Track

L'intégrale de la scène première de l'acte trois et final est disponible sur le blog apocryphe. Elle se termine par ses mots :


En vérité, je vous le dis, Jean-Michel Aphatie n'a d'importance que pour lui-même. Il a placé un livre dans une poubelle, la belle affaire ! Il lui faut bien se donner le sentiment d'exister, de n'avoir rien perdu de ses vingt ans rebelles. Les livres, d'autres qui sont en charge de la destinée d'un pays les détestent parce qu'ils en ont peur et les méprisent parce qu'ils y devinent une puissance qui les dépassent et à laquelle ils n'ont pas accès. Ceux-là ne se contentent pas de destructions symboliques, ceux-là sont réellement dangereux. Et ceux-là ont placé à leur tête le pire d'entre eux.

S'en prendre à Jean-Michel Aphatie revient à chasser la mouche quand c'est le coche qu'il faut abattre.





... Bouffonnerie, farce ou comédie de boulevard ?



On parle de : François Mitterrand et Jean-Michel Aphatie - le grand théâtre médiatique



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Un chat noir en France


Quand Sarkozy passe, la France trépasse



sarkozy chat noirOn ne compte plus les déboires de la France depuis l'élection de son petit président. Cela se confirme jour après jour, semaine après semaine, mois après mois : Nicolas Sarkozy est un chat noir.

Dernier épisode en date :

La branlée... déculottée... fessée... raclée... le 4 à 1 administré par l'équipe des Pays-Bas à l'équipe de France de football lors de l'euro 2008 ;

est-ce une consolation ? Berlusconi étant revenu au pouvoir chez nos amis transalpins, l'équipe d'Italie en a subi autant ;

ce qui laisse tous les espoirs pour le match France-Italie : chat noir contre chat noir, on peut sans crainte parier sur un match nul et une qualification de la Roumanie...

Rappel des épisodes précédents :

  • Le temps pourri - printemps et été 2007 ;

  • La crise boursière ;

  • Le bilan catastrophique des français aux Championnats du Monde d'athlétisme ;

  • La croissance en berne ;

  • La débâcle de nos joueurs et joueuses de tennis à l'US Open ;

  • La baguette de pain qui augmente de 5% ;

  • La défaite historique de l'équipe de France contre l'Argentine en ouverture de la Coupe du Monde de rugby ;

    notons pourtant que l'entraîneur - et futur secrétaire d'état aux sports du petit président - avait pris soin de lire aux joueurs français la lettre de Guy Mocquet...

    mais peut-être aurait-il fallu en sus qu'ils terminent leur préparation physique en faisant « retraite » sur un yacht afin pour chacun de « se retrouver face à lui-même », « prendre la mesure de la gravité des charges » et « habiter la fonction »...

  • La défaite de l'équipe de France de football au Parc des Princes devant l'Ecosse ;

  • L'élimination de l'équipe de France de basket devant la Russie, en quart de finale des championnats d'Europe... et la perspective des Jeux Olympiques qui s'éloigne très sérieusement ;

  • La défaite éliminatoire de l'équipe de France de rugby contre l'équipe d'Angleterre, son ennemi intime dans le monde de l'ovalie - défaite ô combien humiliante... suivie d'une nouvelle déculottée (10-34, pour 1 essai marqué contre 5 concédés) administrée par l'équipe d'Argentine, qui éjecte sans gloire la France du podium d'une coupe du monde qu'elle organisait ;

  • L'inflation au plus haut - c'est-à-dire le pouvoir d'achat au plus bas ;

  • (Laure Manaudou qui, nue, nage comme une pierre - j'ai pas les photos)

  • La déroute de l'Olympique Lyonnais en ligue des champions ;

  • Le temps pourri - printemps 2008 - été à suivre... ;

    mais refusons énergiquement de nous abaisser à faire le lien avec la sortie du disque de Carla Bruni...

  • Le litre d'essence à bientôt 2 euros ;

  • Le PSG... Non, rien à signaler de ce côté ;

  • La branlée... déculottée... fessée... raclée... le 4 à 1 administré par l'équipe des Pays-Bas à l'équipe de France de football lors de l'euro 2008 ;

    est-ce une consolation ? Berlusconi étant revenu au pouvoir chez nos amis transalpins, l'équipe d'Italie en a subi autant ;

    ce qui laisse tous les espoirs pour le match France-Italie : chat noir contre chat noir, on peut sans crainte parier sur un match nul et une qualification de la Roumanie...

  • ... et Rachida Dati est toujours ministre.

(série en cours...)


En réalité, à peu près tout ce qu'il touche se transforme en catastrophe et on comprend mieux soudain la réticence de certains français à se laisser aller à une proximité tactile avec leur président.



On parle de : Un chat noir en France



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Censurée dans le métro / Affichée chez dedalus


sarkozy vacances milliardaires


"On n'a pas tous un ami qui nous prête un yacht". Le slogan prévoyait de s'afficher dans les gares et dans le métro parisien, mais il a été censuré reporté...

"Il s'agit simplement d'un report" explique le PDG de Métrobus, Gérard Unger. Officiellement, ce type d'affiche serait "malvenu". C'est, d'après 20 Minutes, ce qu'a expliqué la SNCF à l'agence de pub La Chose à l'origine de la campagne Lastminute.com.

Le PDG de Métrobus ne veut pas parler d'autocensure. "Un service public ne peut pas mettre en cause une personnalité existante, surtout qu'il s'agit d'une personnalité politique. (...) On est obligé de respecter la vie privée des gens. Nous sommes soumis à des règles plus strictes qu'une entreprise privée.". Il y a une "jurisprudence" souligne-t-il encore : "Il y a huit ans, on avait refusé une affiche de l'Express titrant "Tibéri doit partir" parce que c'était trop politique" rapelle Gérard Unger.

On se souvient surtout des précédants récents concernant le président. En février dernier, Métrobus avait déjà refusé une affiche de Courrier International titrant "Vu de Madrid : Sarkozy ce grand malade". La cause avancée : une remise en cause de la personne du président. En septembre 2006, Télérama voulait utiliser le message ironique d'un lecteur indiquant que "Nicolas Sarkozy [a invité] trois fois Michel Drucker dans son émission". Là encore, ce fut niet.

Chez les publicitaires, on justifie cette impertinence par "l'omniprésence médiatique" du président. "Nicolas Sarkozy (...) imprègne notre conscient et notre inconscient collectif. Il n'y a rien de surprenant à ce qu'il nous inspire", explique à 20 Minutes Alain Roussel de l'agence La Chose.

Pour preuve de la bonne volonté de sa société, Gérard Unger rappelle néanmoins les deux autres propositions de l'agence qui ont été retenues : "Offrez-vous des vacance bling-bling" et "Ceux qui se lèvent tôt seront les premiers à la plage."



sarkozy vacances milliardaires
© PLACIDE - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur



Source : Censurée dans le métro / Affichée chez dedalus



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Désirs d'Avenir : un nouveau site


Quand Royal désire Ségolène (et réciproquement)


cliquer pour afficher en grand
Royal jusqu'à l'overdoseLe nouveau site de Désirs d'Avenir, l'association de Ségolène Royal, vient d'ouvrir... et ça pour sûr, ces gens-là n'ont pas de problème avec le culte du chef !

Rien que sur la page d'accueil, je compte pas moins de dix fois le nom de Ségolène Royal, neuf photos de la dame et quinze videos rendant hommage à ses interventions ici ou là. Ségolène Royal est ainsi plus de trente fois présente sur la page d'accueil du site de Ségolène Royal, ça donne légèrement le ton.

Par comparaison, le mot socialiste apparait... une fois, plus le poing et la rose tout là haut dans le bleu des nuages - qui soit-dit en passant fait très UMP, en tout cas considérablement plus que le rose, qui est totalement et dramatiquement absent de la page. Comment mieux dire que dans les désirs d'avenir de Ségolène Royal il y a assez peu de désir de socialisme et beaucoup de désir d'elle-même ?...



Source : Désirs d'Avenir : un nouveau site



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Dix questions pour dix champions socialistes


A propos de création de richesses, d'impôts et de redistribution...


questionsSi les mots ont leur importance, parce qu'il s'agit de leur donner un sens, la confrontation des mots ne saurait tenir lieu de confrontation des idées. Socialisme, social-libéralisme, social-démocratie ou social-écologie, il s'agit d'abord de se distinguer sur le fond d'une orientation politique. La gauche se préoccupe de justice sociale, c'est-à-dire du cycle création / redistribution des richesses. Soit. A la veille d'un très important congrès du Parti Socialiste, pour l'heure assez mal engagé, il serait alors intéressant, sinon indispensable, de connaître la position de chacun sur certaines questions très concrètes - pour s'occuper seulement ensuite de l'habillage sémantique.

Voici donc les questions que je pose à qui voudra bien y répondre, à chacun d'entre vous et plus spécifiquement à Benoit Hamon et Vincent Peillon, à Ségolène Royal et Bertrand Delanoë, à Martine Aubry et Manuel Valls, à Julien Dray et Pierre Moscovici, à François Hollande et Laurent Fabius, chacun d'entre ces dix là étant potentiellement le prochain premier secrétaire du Parti Socialiste et/ou le futur candidat des socialistes à l'élection présidentielle - et je le sais bien qu'il n'y a que deux femmes, et même aucune parmi la jeune garde, mais ce n'est pas à moi qu'il faut s'en prendre...

1- Impôt sur le Revenu : Faut-il revoir la redistributivité de l'impôt sur le revenu et dans quel sens ?

2- Allocations Familiales : Faut-il continuer d'exonérer les allocations familiales de l'impôt sur le revenu ? Doivent-elle à l'avenir être accorder et niveler sous conditions de ressources ?

3- Stock-options : Considérant que les stock-options sont une composante du revenu de ceux qui en bénéficient, doivent-elles continuer à être exonérées de cotisations sociales sur la plus-value d’acquisition ? (pour plus d'explications, lire ici)

4- Droits de succession : Un héritage étant un revenu pour son bénéficiaire, faut-il rétablir l'impôt sur les successions ? Faut-il prévoir un plafond d'exonération et à quel niveau ?

5- TVA : La TVA étant l'impôt le moins redistributif, faut-il aller vers une réduction des taux de la TVA ?

6- Charges Sociales : Faut-il changer l'assiette des charges sociales depuis la masse salariale vers la valeur ajoutée - en prenant soin de revenir sur l'ensemble des exonérations ?

7- ISF : Faut-il revoir l'Impôt sur la Fortune et dans quel sens ?

8- Taxe sur les transactions financières : Êtes vous favorable à ce que la France plaide pour l'instauration en Europe d'une taxe type Tobbin sur les transactions financières spéculatives ?

9- Le temps de travail : Pensez-vous que la réduction du temps de travail est un processus historique qui va dans le sens du progrès social ?

10- La croissance du PIB : Compte-tenu de la raréfaction de la ressource, pensez-vous que les socialistes doivent continuer de considérer la croissance du PIB comme un objectif économique source de progrès social ?

Les dix auxquels je m'adresse plus spécifiquement ne répondront peut-pêtre pas, et sans doute pas ici, mais vous ? Il serait très intéressant de savoir enfin ce qui nous sépare sur le fond de ces questions... de sortir une bonne fois de ce positionnement pro-untel ou pro-unetelle que quant à moi je présume largement artificiel, pour ne pas dire instinctif.

Ne soyez donc pas timides...



Source : 10 questions pour 10 champions socialistes



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Humour au Modem


La bonne blague de Luc Mandret


bayrou le libertaireCela n'étonnera qu'assez peu de monde qu'un ségoliste convaincu, pour lequel j'ai néanmoins moins un grand respect, se soit débrouillé pour faire inscrire un p'tit gars du Modem au journal Cozop des left-blogs. Cela n'étonnera pas grand monde non plus qu'un p'tit gars du Modem, le même, joue sur son blog à compléter des chaînes (il s'agit de faire un billet sur son blog où l'on donne son top five ou top ten de ses animaux préférés, de ses gagnants de la starac', de ses crèmes de beauté... et puis d'inviter cinq ou dix autres blogueurs à en faire autant - trop fun quoi j'te jure !). D'ailleurs, d'autres partagent ce goût pour ce petit jeu et même lui qui pourtant se prend très au sérieux sur la blogosphère, à ce qu'on me dit... Plus surprenant est toutefois de retrouver ainsi le dit billet centristo-mièvre sur le journal des left-blogs sur Cozop, mais bon, pas encore de quoi fouetter un chat après tout. Non, pour moi ce qui constitue la véritable surprise, qui en réalité me troue le cul, littéralement, et fournit l'argument à ce billet, est ailleurs. Je vous explique.

Luc Mandret, "blogueur centriste" (et déjà que je ne sais pas trop ce qu'est un blogueur...), a donc joué à une "chaîne sur blogs" - grand bien lui fasse, bref. Il s'agissait cette fois d'écrire ses cinq contradictions (wouhuuuh comme c'est amusant !) et voilà qu'en numéro 2, ce cher Luc, auquel je n'avais jusque là pas soupçonné tant d'humour et de causticité, écrit : "Je me positionne globalement à gauche et je suis militant au MoDem. De gauche sur les questions sociétales, du centre sur les questions économiques. Libertaire et soft-libéral.". Je résume : Luc Mandret nous explique que, libertaire, il s'est engagé au Modem, aux côtés de François Bayrou qui lui est sans nul doute libéral et soft-libertaire (très très soft)...

Bon...
Moi, ça me fait hurler de rire...
Pas vous ?...
Bon...

Mais peut-être ne savez-vous pas que [mode Wikipedia] Le mot libertaire a été créé par Joseph Déjacque, militant et écrivain anarchiste, par opposition à « libéral ». Le néologisme construit sur un modèle alors répandu chez les socialistes utopiques par l'usage du terme prolétaire (égalitaire, fraternitaire), apparaît dans une lettre ouverte à P. J. Proudhon, De l’Être-Humain mâle et femelle - Lettre à P. J. Proudhon, publiée à la Nouvelle-Orléans en mai 1857. Joseph Déjacque s'oppose à la misogynie de Proudhon et l’accuse d'être « anarchiste juste-milieu, libéral et non LIBERTAIRE… ». Contre son conservatisme en matière de mœurs, Déjacque revendique la parité des sexes et la liberté du désir dans une société affranchie de l'exploitation et de l'autorité.[fin mode Wikipedia]

Bon, là déjà c'est très drôle. Ça devient tout simplement hilarant un tout petit peu plus loin : [mode Wikipedia]En dépit de l'origine du terme, le philosophe et sociologue marxiste Michel Clouscard a introduit l'expression synthétique « libéral-libertaire » dans son livre Néo-fascisme et idéologie du désir (1972) pour dénoncer la permissivisme moral des étudiants gauchistes de mai 1968 qu'il considère comme une attitude contre-révolutionnaire, expression depuis revendiquée par certains, à l'instar du député européen Daniel Cohn-Bendit.[fin mode Wikipedia]

Accessoirement, il faudrait peut-être expliquer à Luc, et plus largement à ses petits camarades centristes, qu'il n'y a pas en politique les "questions sociétales" d'un côté et les "questions économiques" de l'autre, mais bien des questions politiques globales auxquelles il s'agit d'apporter des réponses politiques et conçues comme un tout cohérent. Lui expliquer par exemple qu'être favorable au mariage des homosexuels ne fait en aucun cas de lui ou de qui que ce soit d'autre un homme de gauche - pas plus que distribuer un peu de menue monnaie à ses pauvres à la sortie de la messe ne règle jamais la question des solidarités. Être un bon petit gars, à l'esprit ouvert, gentil et tolérant, c'est certes très bien... mais ça n'a rien de politique.

...

Libertaire et au Modem ! Mpfffff... et Ouarf Ouarf Ouarf !!!... Tout de même, s'ils sont tous aussi drôles, qu'est-ce qu'on doit se marrer dans les réunions du Modem. Je serais presque tenté... si je n'avais passé un aussi bon moment ce midi-même avec certaine amie socialiste et de gauche (ce qui est quasiment devenu une contradiction par les temps qui court - et ça m'en fait donc une... pour le cas improbable où l'on m'invite à entrer dans la chaîne).



Source : La bonne blague de Luc Mandret



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Rachida Dati : la voix de son maître

la cuiller DatiSur son blog, dans son dernier billet, intitulé La voix de son maître et paru il y a quelques jours, François Mitterrand (version 2008) énonce la chose suivante : "Il est navrant d'entendre tant de mauvaises langues s'en prendre à Madame Dati. Elle est la seule à faire précisément ce pourquoi elle a été déposée à son poste. Elle s'applique à briller. Aussi les socialistes ont-ils chaque fois grand tort de darder là leurs regards couroucés. Rachida Dati, c'est Nicolas Sarkozy qui pêche à la cuiller."

Comme vous je pense, cela m'a paru assez énigmatique, voire même plutôt alambiqué, pour ne pas dire sans grand intérêt. Je suis donc passé à autre chose, après avoir noté une fois de plus que si l'auteur du blog mitterrandien version 2008 possède un style probablement moins flamboyant que son prédécesseur d'une année, lequel a donc commis dernièrement un livre réjouissant... pour aussitôt s'en aller se perdre dans une ennuyeuse et stérile querelle avec Jean-Michel Aphatie qui non content de feindre l'amnésie quant à ce qui se passa il y a longtemps dans les toilettes du Conseil Régional de Haute-Normandie en vient aujourd'hui à considérer que sa fonction de journaliste servile l'autorise à décréter que la place de tel livre serait au fond d'une poubelle... bref, si le style de l'un est régulièrement en deçà du style de l'autre, au moins a-t-il le mérite de nous entretenir de l'essentiel, c'est-à-dire de politique - ce que cet autre, avec donc ce style mitterrandien et flamboyant, était parvenu à faire dans son livre et qui en rend la lecture si réjouissante, donc, ... et au point que la réaction "aphatique" en devient risible, en sus de la dimension minablement fascisante du geste, risible de prétendre qu'il ne mériterait, le livre, rien d'autre que d'être mis au rebut - faute, on l'imagine, d'avoir le temps de dresser un autodafé.

Mais ni Mitterrand ni ses esprits plus ou moins bien inspirés, et encore moins le tout petit Aphatie qui aurait voulu être un grand journaliste mais qui vient une nouvelle fois de faillir à en être digne, ne sont les sujets de ce billet. Il s'agit de cet article du Monde qui, sous la plume de Patrick Roger, vient soudain de jeter une lumière nouvelle sur les propos de Tonton v.08 à propos de Rachida Dati qui ainsi brillerait comme une cuiller au bout de la ligne d'un pêcheur nommé Sarkozy...

La colère préméditée de Rachida Dati, tel est le titre de l'article. Lisons et autorisons-nous à souligner quelques passages :

La scène s'est déroulée mardi 3 juin à l'Assemblée nationale, lors de la séance des questions au gouvernement, et a été depuis lors abondamment commentée. Interrogée par Martine Martinel (PS, Haute-Garonne) sur la décision d'annulation d'un mariage prononcée par le tribunal de Lille parce que l'épouse avait menti sur sa virginité et sur les revirements du parquet à propos de cette affaire, Rachida Dati, la garde des sceaux, a provoqué un déchaînement de réactions. Sa colère à elle n'avait rien d'improvisée.

Car, pour répondre, la ministre de la justice se saisit alors du micro, une fiche rédigée à la main, qu'elle lit. "Madame la députée, dans cette affaire du jugement du tribunal de Lille, je n'ai pas entendu un mot de votre groupe, je n'ai pas entendu un mot pour cette jeune femme qui attendait la décision de justice." "C'est faux", proteste Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste. "Vous brandissez des mots, vous brandissez des concepts déconnectés de la réalité. Oui, je le redis, cette décision de justice a protégé cette jeune femme, et c'est ce qui vous dérange. Nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il n'est pas question d'admettre..., poursuit-elle sous les huées, il n'est pas question d'admettre qu'une procédure en nullité soit fondée sur le seul motif de la non-virginité. Il ne doit pas y avoir d'ambiguïté sur l'interprétation de la loi. C'est pour cela que j'ai demandé au procureur général de faire appel du jugement du tribunal de Lille."

Un temps de silence. Mme Dati écarte alors son regard de sa fiche et interpelle les bancs de l'opposition. "Mais je voudrais vous ajouter, mesdames et messieurs les députés du groupe socialiste : où étiez-vous lorsque vous avez créé la politique des "grands frères" ? Quand vous avez abandonné un nombre de jeunes filles, dans ces quartiers difficiles, entre les mains des "grands frères" ? La politique des "grands frères", c'est vous, martèle-t-elle, l'index pointé en direction du PS. C'est vous qui avez abandonné ces jeunes filles. Votre politique d'intégration a été un échec. C'est votre échec que nous payons aujourd'hui."

Les protestations vont croissant. Quelques "Démission !" fusent. La ministre jette un bref coup d'oeil sur sa fiche, sous le regard interloqué du premier ministre, François Fillon, tandis que le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, opine du chef. "Vous avez créé les "grands frères", reprend-elle, pour s'occuper de ces jeunes filles qui ne demandaient rien. A défaut de votre soutien, elles ont trouvé la justice. La justice les a aidées, elle leur a permis d'être libres, d'être indépendantes. Parce que les "grands frères" ont conduit à une politique de repli communautaire, à une politique identitaire que vous avez soutenue. (Nouveau regard sur sa fiche.) Vous pouvez m'attaquer, comme vous le faisiez encore, monsieur Ayrault, mais j'ai échappé à l'échec de votre politique et c'est ce qui vous dérange ! Alors, de grâce, n'empêchez pas ces jeunes filles d'être libres. A défaut de votre soutien, elles ont besoin du soutien de la justice, elles ont besoin du soutien du gouvernement et elles ont mon soutien personnel."

Même si elle a paru parler "avec ses tripes", comme l'a relevé son collègue UMP Laurent Wauquiez, la réponse, en réalité, avait été rédigée de bout en bout. "Tout ce qu'elle fait est absolument "under control"", confie un membre de son entourage. Cependant, à l'issue de deux semaines de débat sur la révision constitutionnelle durant lesquelles Mme Dati a été malmenée, y compris dans son propre camp, l'expression de l'exaspération était, elle, réelle.

S'inspirant de la méthode chère à Nicolas Sarkozy, plutôt que de rester sur la défensive, elle a choisi de passer à l'attaque, comme il le lui avait conseillé. Au lieu de répondre à la question qui lui était posée, portant sur le changement de pied du parquet dans cette affaire, quand elle-même avait estimé initialement que l'annulation du mariage était "un moyen de protéger la personne", elle a ainsi pris à partie la gauche sur sa politique d'intégration.

La période récente n'en a pas moins mis en lumière les fragilités de Mme Dati. Pas plus à la fin qu'à l'ouverture du débat sur le projet de révision des institutions, elle n'a été invitée à prendre la parole pour défendre le texte dont elle avait la responsabilité. A plusieurs reprises, la ministre a semblé excédée. On l'a ainsi entendue, après s'être fait rabrouer par le président de l'Assemblée nationale au cours d'une séance de nuit, s'emporter au téléphone dans les couloirs du Palais-Bourbon.

Sa contre-attaque témoigne de sa volonté de ne pas se laisser mettre sur la touche. Dès le lendemain, le chef de l'Etat lui a apporté un soutien appuyé : "Tu m'as fait plaisir", lui a-t-il lancé en conseil des ministres.

Et en effet, lorsque l'on regarde la video de cet accès de colère de Mme Dati...

... on comprend que Madame Dati était là sans doute aucun en service commandé, feignant la colère quant elle aboyait en réalité pour le compte de son maître. A la suite de cet éclat, elle brilla de mille feux médiatiques... et, oui, c'était Nicolas Sarkozy qui pêchait à la cuiller. Les journalistes mordirent goulûment à l'hameçon et ce n'est pas Jean-Michel Apathie qui cette fois non plus le fit avec le moins de complaisance.



Source : Rachida Dati : la voie de son maître



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Sarkozy casse le moral des français


(et pas que le moral...)


On le sait, Nicolas Sarkozy n'est pas excessivement populaire et les français n'ont plus en lui qu'une confiance limitée. En moyenne, sur les huit études réalises par six instituts de sondages différents, ce ne sont en réalité guère plus qu'un français sur trois qui ont une bonne opinion de leur petit président :

évolution popularité Sarkozy
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La dernière enquête mensuelle de conjoncture réalisée par l'INSEE auprès des ménages enfonce le clou en mettant en évidence un état du moral des français proche de la dépression, et qui n'a cessé de se détériorer depuis l'accession du petit père des people à la Présidence de la République (et pas qu'un peu !) :

moral des ménages français
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Plus intéressant encore, cet indice du moral des ménages est composé à partir de cinq enquêtes différentes, détaillées dans les graphiques ci-dessous et sans commentaires tant l'allure des courbes parle d'elle-même...



1- L'appréciation par les français de l'évolution sur les douze derniers mois de leur situation financière personnelle :


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2- L'appréciation par les français des perspectives d'évolution de leur situation financière personnelle au cours des douze prochains mois :


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3- L'appréciation par les français de l'évolution sur les douze derniers mois de la situation financière de l'ensemble des français :


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4- L'appréciation par les français des perspectives d'évolution du niveau de vie de l'ensemble des français au cours des douze prochains mois :


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5- L'appréciation par les français de la situation économique vis à vis de l'opportunité d'envisager de faire des achats importants :


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Mais L'INSEE ne s'arrête en vérité pas à ces cinq questions qui font déjà bien mal à notre cher petit président et cinq questions complémentaires sont abordées...

1'- L'appréciation par les français de leur situation financière individuelle actuelle :


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2'- L'appréciation par les français de l'évolution des prix au cours des douze derniers mois (à mettre en vis à vis avec "le président du pouvoir d'achat"...) :


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3'- L'appréciation par les français des perspectives d'évolution du nombre de chômeurs :


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4'- L'appréciation par les français de leur capacité à mettre de l'argent de côté au cours des douze prochains mois :


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5'- L'appréciation par les français de la situation économique vis à vis de l'opportunité d'épargner :


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En résumé, tous les voyants de la confiance des ménages, sans exception aucune, sont aux rouges.

On se souviendra utilement à ce stade que 15 milliards ont été distribué aux ménages les plus aisés au prétexte de créer un "choc de confiance".



Source : Sarkozy casse le moral des français



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Revenus des grands patrons et Sécurité Sociale


Taxer les stock-options


stock-optionsSelon le magazine L'Expansion à paraître ce mercredi, les revenus des patrons du CAC 40 ont bondi de 58% au cours de l’année 2007. Les profits tirés par la levée de leurs stock-options sont les principaux responsables de cette augmentation, représentant un gain moyen de 4 millions d'euros, exonérés de cotisations sociales, pour chacun de ces quarante hauts dirigeants déjà bien nanti en salaire. Les plus-values totales réalisées sur les stock-options encaissées en 2007 ont augmenté de 351% par rapport à 2006, atteignant la somme totale de 66 millions d'euros. Elles sont la principale raison de l’explosion des revenus des grands patrons. La plupart de ces quarante dirigeants ont en effet liquidé une partie de leurs stocks avant la chute des marchés, en août 2007 et ont donc au total touché ensemble 161 millions d'euros au cours de la seule année 2007 - le mieux servi étant Pierre Verluca, patron de Vallourec, leader mondial des tubes en acier, avec plus de 18 millions d'euros de revenu, dont 17 millions par la seule levée de ses stock-options.

Face de ses chiffres aussi astronomiques qu'indécents, il est particulièrement intéressant de rappeler la recommandation de la Cour des comptes, dont le Premier président n'est pas un gauchiste pur jus puisqu'il s'agit de Philippe Séguin. Cette autorité indépendante a en effet calculé que l’ensemble des mécanismes d’intéressement exonérés de cotisations sociales ont représenté une perte de recettes pour le régime général de la "Sécu" comprise entre 6 et 8,3 milliards d’euros en 2005, pour un déficit qui s’élevait cette année-là à 11,6 milliards d’euros. En particulier, les 8,5 milliards d’euros de stock-options distribués en 2005, qui, selon les propos même de M. Séguin, constituent « bien un revenu lié au travail, donc normalement taxable », ont ainsi entraîné cette année-là une perte de recettes « aux alentours de 3 milliards d’euros ». La Cour des comptes, toujours par la voix de son Premier président, explique en outre que « les 100 premiers bénéficiaires [de stock-options] devraient toucher chacun une plus-value de plus de 500.000 euros et les 50 premiers de plus de 10 millions d’euros. Rien que pour chacun de ces cinquante-là, les cotisations manquantes s’élèvent à plus de 3 millions d’euros par bénéficiaire. » Et il ne s'agit là que des chiffres de 2005...

Rappelons maintenant que Nicolas Sarkozy a instauré une franchise sur les soins qui s'applique à hauteur de 50 centimes d'euros par boîte de médicaments, de 50 centimes d'euros pour les soins infirmiers et les actes de kinésithérapie, de 2 euros pour les transports sanitaires et plafonnée par décret à un total de 50 euros annuels - plafond qui pourra ensuite être relevé, par simple décret également. Le petit président avait fait ses calculs, 50 euros annuels cela représente 4 euros par mois : "Qui va oser me dire qu'on ne peut pas mettre 4 euros par mois ?", claironne-t-il... puisque le produit des franchises, il l'a décidé, sera affecté à la recherche contre le cancer et à la prise en charge des soins palliatifs et de la maladie d'Alzeihmer.

Certes, les bénéficiaires de la CMU sont exonérés de franchises. Mais voilà, la CMU est soumise à un plafond de revenu de 606 euros mensuels... quand le seuil de pauvreté en France est à 817 euros et que l'allocation adulte handicapé est tout juste supérieure au plafond de la CMU. Ainsi, ce sont bien les pauvres - pour qui 4 euros par mois représente un manque perceptible, n'en déplaise au petit père des people - et les malades eux-mêmes - dont notamment les personnes atteintes du cancer ou de la maladie d'Alzeihmer, et/ou en soins palliatifs - qui contribueront désormais le plus sensiblement au financement du trou de la Sécurité Sociale... plutôt donc que les détenteurs de stock-otions et autres possesseurs de capitaux, dont on peut sans mal parier que, bénéficiaires d'une qualité de vie supérieure, ils jouissent déjà d'une santé incomparablement meilleure.

Résumons-nous : en instaurant les franchises sur les soins, on récupère 850 millions d'euros en taxant les malades et en pénalisant davantage les plus pauvres (car en effet, 4 euros par mois ce n'est pas grand chose... pour les plus riches), tandis qu'en choisissant de ne plus exonérer les revenus des stock-options de contributions sociales, et en les faisant contribuer à hauteur de ce que contribuent les revenus salariés, ce sont près de 4 milliards qui viendraient chaque année renflouer les caisses de la sécurité sociale. Entre ceux dont les revenus mensuels se mesurent en centaines de milliers d'euros et ceux pour qui chaque euro dépensé est un euro qui manque, entre ceux pour qui la maladie n'est pas en sus un problème financier et ceux pour qui se soigner est un luxe auquel il faut souvent renoncer, entre la fidélité aux puissants et la justice sociale, entre clientélisme et répartition des richesses, entre droite et gauche, Nicolas Sarkozy a choisi... et arbitré en faveur de son camp, celui auquel il a toujours appartenu. Ça n'étonnera personne, je pense.



Source : Revenus des grands patrons et Sécurité Sociale



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«François Mitterrand 2008 - il revient...»


Je crois aux forces de l'esprit, Tonton ne nous a pas quittés !


François Mitterrand 2008 - il revient...Je ne le nierai pas, j'étais réticent (euphémisme). Toute la mise en scène, ou qui paraissait en être une, qui depuis la rentrée 2007 a précédé la sortie du livre, me faisait craindre le mauvais remake commercial d'un premier opus particulièrement réussi. Au point que j'avais résolu de ne pas tomber dans le panneau en achetant l'opus 2008...

C'est alors que les forces de l'esprit se sont manifestés à moi, par l'intermédiaire de leur messager le plus zélé, Guy Birenbaum qui se proposa de m'adresser gracieusement l'ouvrage. La proposition était honnête, j'acquiesçai. Le livre me parvint, je le lu. Et l'esprit était encore là, je dois bien y consentir...

Faisons de suite une digression qui a son importance : rien n'importe moins que l'identité du porteur de plume. Cela pourrait être Christophe Willem ou Laure Manaudou, Jacques Chirac ou Guy Birenbaum, Nicolas Sarkozy ou moi même, que cela ne changerait pas une ligne à ce qui est écrit. Ce qui compte est en ce qui a produit cette étrange alchimie, l'an passé, où l'espace de quelques semaines le lien que l'on croyait rompu par la force des choses, entre François Mitterrand et le peuple de gauche, se renoua par la force de son esprit qui en effet ne nous avait pas quittés. Quelques aigres jaloux hurlèrent, comme à leur habitude, à l'usurpation et à l'escroquerie. Ils n'entendent pas, ces esprits petits et mesquins, que pour qu'il y ait escroc il faut aussi qu'il y ait des escroqués. Il se dit que quelque 100 000 visiteurs en moyenne fréquentaient quotidiennement le blog de François Mitterrand. Néanmoins, l'évidence est que pas un de ceux-là - si l'on excepte Catherine Nay qui, on me l'a dit, en frémit encore un an plus tard - a pu croire, même un instant, que Tonton était réellement, charnellement revenu d'entre les morts pour s'en aller chatouiller les grands pieds du petit Nicolas. Ce qui comptait est qu'il s'agissait bien de sa plume et de son esprit, le porteur de plume n'en était que l'instrument. Cela reste vrai - n'en déplaise aux journalistes de 20 minutes qui, aboyant bien fort comme il est d'usage dans les rédactions, sont parvenus à se couvrir de ridicule en lançant une chasse à l'homme qui n'a pas lieu d'être, puisque c'est l'esprit qui importe : évidemment, ils rentrèrent bredouilles.

Or donc, il apparaît à la lecture de ce François Mitterrand 2008 - il revient... (et le titre en est certes assez mauvais) que tous les éléments qui avaient permis que se produise l'alchimie sont à nouveau réunis. Le style est élégant et le verbe est assassin. On retrouve à chaque ligne la grande et belle érudition d'un fin connaisseur de l'histoire politique, jusque dans certains de ses détails délicieux, mise au service d'une méchanceté lucide et toute en finesse, jamais gratuite car toujours esthétique. Quel contraste avec la vulgarité barbare de son "lointain successeur", ainsi qu'il se refuse à le nommer ! Sarkozy est en réalité nommé une fois, une seule et unique fois au long de ces 250 pages savoureuses : dans la note du 10 septembre, jour où d'aucuns décidèrent de célébrer une journée sans Sarkozy, François Mitterrand écrit : "Je ne peux m'associer à cette initiative, car je ne veux point causer du tort à la santé de mon lointain successeur que je soupçonne d'hypocondrie. S'il ne se voit pas à la télévision durant toute une journée, il est capable de croire qu'il est devenu aveugle. 

Dans le même ordre d'idée, et puisque j'en étais à évoquer le tranchant acéré de ses mots, si au fil des jours et des pages bien des personnalités sont évoqués, d'un trait d'un seul ou plus longuement, une seule d'entre elles pourrait se targuer - mais elle ne le fera pas - de trouver pleinement grâce auprès de l'esprit qui fait d'elle une évocation d'une pudeur toute mitterrandienne en ce qu'elle est une invitation à la lecture.

Pour les autres, à commencer par son lointain successeur, que Tonton se délecte à comparer à un Concino Concini réincarné ("Tout y est : la petite noblesse d'origine étrangère, l'argent, la clientèle, l'encombrante épouse, l'irrésistible ascension, le pouvoir par l'intimidation et la corruption des moeurs..."), mais aussi Guaino et Fillon, Hortefeux et Dati, mais encore Royal et Delanoe, Hollande et Montebourg, sans oublier Bayrou (qualifié de "Georges Marchais du centrisme") ou Dray (bien que ce dernier soit relativement épargné, notons-le), et d'autres encore..., pour ce qui concerne tous ceux-là, beaucoup est dit de ce qui doit être dit ou redit - l'essentiel du festin étant bien entendu en ce que cela soit dit avec cet humour tranquille et acéré qui permet de prendre de la hauteur et découvrir d'autres perspectives, habilement tracées à travers les champs de l'Histoire.

On ne s'étonnera pas, en outre, qu'en dépit de son indéniable qualité, le livre reçoive si peu d'échos à travers la presse. Celle-ci n'est pas épargnée (litote) et nombre de journalistes sont nommément et tout simplement assassinés - et, non, pas uniquement Jean-Michel Apathie...

Vous l'aurez donc compris, et s'il demeure vrai en général que "tout n'est pas pour autant, ou pour aussi peu, à acheter", ainsi que nous invitait à en prendre la mesure un esprit vraisemblablement apocryphe mais qui, bien qu'avec un talent indéniablement moindre, eut aussi probablement un rôle à jouer en cette affaire de forces et d'esprit, je vous invite en ce cas particulier à faire l'acquisition de ce livre qui, d'un point de vue aussi bien littéraire que politique, relève d'un exercice de style remarquablement réussi. En ces temps troublés pour les âmes encore terrestres, dans cette France du "sarkozysme présidentiel", c'est une lecture qui fait ici et maintenant beaucoup de bien. Accessoirement, et en vue d'un congrès à venir, elle pourrait être d'un grand profit pour nombre de responsables socialistes...

"Je ne vous quitterai pas", avait-il été écrit. La promesse engageait l'esprit autant que son (talentueux) porte plume. Elle est aujourd'hui tenue.



Source : «François Mitterrand 2008 - il revient...»



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Révision constitutionnelle: «Le Président cherche à augmenter ses pouvoirs en restant incontrôlable»


«Il affirme pourtant sans arrêt qu’il est responsable mais il n’a pas compris ce que cela signifie : être politiquement responsable, c’est pouvoir être révoqué à tout instant quand on ne fait pas ce que le peuple veut.»

Marie-Anne Cohendet, professeur de droit constitutionnel à l'université Paris I



Marie-Anne Cohendet, professeur de droit constitutionnel à l'université Paris I
dans le Contre Journal


Force est de constater que dans l’actuel processus de révision constitutionnelle, les dés ont été pipés, dès le début, par les exigences du Président de la République. En effet, le comité Balladur, en dépit des nombreuses réflexions qu'il a conduites, s’est tout de suite incliné devant la volonté de M. Sarkozy de confier la direction de la politique nationale dans tous les domaines non plus au Premier ministre, mais au Président de la République (par une modification des articles 5, 20 et 21). Heureusement, M. Sarkozy comme M. Fillon ont eu la sagesse de reculer sur ce point. Mais on voit revenir aujourd'hui des dispositions qui modifient l’article 21, et étendent les pouvoirs présidentiels de manière très dangereuse. Dès lors, l’ensemble du projet reste déséquilibré en faveur du Président.

Il faut bien rappeler que le Président, dans la Constitution telle qu’elle a été conçue par le Général de Gaulle, est un surveillant et non un directeur en chef. Tant que ce dernier ne pourra pas être renversé en cours de mandat, il est inadmissible qu’il dirige seul quoi que ce soit. Sa vraie fonction est de vérifier que les pouvoirs publics fonctionnent normalement, conformément à la volonté du peuple et à la Constitution. Il ne doit pas diriger le gouvernement mais veiller à ce qu’il applique bien la politique voulue par le Parlement et par le peuple. C’est seulement lorsqu’il se produit un dérèglement qu’il peut intervenir, par ses pouvoirs propres (dispensés de contreseing). Ainsi, avec la dissolution et le référendum, il peut faire appel aux citoyens. Les gouvernants sont ainsi obligés de respecter la volonté du peuple souverain. La philosophie de Nicolas Sarkozy est tout autre. Il cherche à augmenter ses pouvoirs, en restant toujours irresponsable, c'est-à-dire incontrôlable. Il affirme pourtant sans arrêt qu’il est responsable mais il n’a pas compris ce que cela signifie : être politiquement responsable, c’est pouvoir être révoqué à tout instant quand on ne fait pas ce que le peuple veut.

Sarkozy rêve des pleins pouvoirs

Presque toutes les modifications qui concernent la défense sont inadmissibles. C’est le retour du vieux mythe du domaine réservé : le Président pourrait diriger seul, ou au moins avoir une prééminence, en matière de défense et de diplomatie. C’est une pure fable du point de vue juridique. Il s’agit seulement d’une pratique, créée par le Général de Gaulle parce qu'elle lui convenait bien.

L’article 8 du projet vise à modifier l’article 21 de la Constitution : on supprimerait la phrase « le Premier ministre est responsable de la défense nationale », que l'on remplacerait par quelques mots plus loin : le Premier ministre « met en oeuvre les décisions prises au titre de l’article 15 en matière de défense nationale ». Ce dernier article dispose que le Président de la République « est le chef des armées ». Un non-juriste - et la majorité des Français - en déduira qu’il n’y a là rien d’anormal, le Président dirigeant déjà la défense. Ce n’est pourtant absolument pas le cas en droit.

Tout d’abord, l’article 15, qui existait déjà presque mot pour mot sous la IVème République, a été créé pour assurer la soumission du pouvoir militaire au pouvoir politique, et non pour affirmer que la prééminence du Président en la matière. Ensuite, concernant la défense, tous les pouvoirs du Président sont aujourd’hui soumis à contreseing. Il ne peut donc faire le moindre acte sans la signature du Premier ministre, qui endosse la responsabilité. Si la décision pose problème politiquement, le Parlement peut renverser le gouvernement et la politique de défense changera totalement.

En pratique, de Gaulle a choisi de diriger lui-même le domaine de la défense, ses successeurs ont fait de même. Ils ont pourtant régulièrement affirmé que ce domaine réservé n’existait pas, jusqu’à M. Sarkozy, qui a dit, pendant la campagne qu’il n’y aurait pas de distinction entre les différents domaines. Cette pratique a été tolérée parce qu’un verrou de sécurité demeure : si jamais le Président impose un peu trop sa volonté, les parlementaires peuvent l’arrêter en renversant le gouvernement. Le Président ne pouvant rien faire sans le Premier ministre, il est coincé. Le chef du Gouvernement peut, au besoin, lui rappeler que c’est lui qui est « responsable de la défense nationale » (art. 21). En période de cohabitation, ce domaine prétendu réservé devient en fait partagé. Il y a une discussion entre le Président et le Premier Ministre, avec une sorte de co-décision.

Cette réforme en matière de défense est tout d’abord profondément incohérente en droit. Ce pouvoir reste en effet soumis à contreseing, il n’y a heureusement pas de révision sur ce point. Juridiquement, ce ne sera donc pas le Président qui dirigera seul la politique de défense, contrairement à ce que laisse entendre le futur article 21. Cela s’oppose d’ailleurs à de nombreux articles, disposant que le Président est un arbitre et un garant (art.5) et qu’il ne peut donc agir en principe qu’avec le contreseing du Premier Ministre (art. 19). En effet, c’est le Gouvernement (art. 20) et non pas le Président, qui « détermine et conduit la politique de la nation », et qui « dispose de la force armée », ce qui est parfaitement normal puisque lui seul est contrôlable en cours de mandat. Cette incohérence s'étend à tous les actes d’application. Le Code Militaire attribue ainsi tous les pouvoirs au Premier Ministre. Seule exception notable, le décret relatif au pouvoir nucléaire datant de 1964, dont la constitutionnalité est pour le moins très douteuse, et qui ne saurait justifier la prééminence du Président. Cette modification de l’article 21 rendrait donc la Constitution gravement incohérente. Mais, plus encore, elle poserait de vrais problèmes sur le plan démocratique.

Plus concrètement, le projet de révision constitutionnelle est très inquiétant, car en matière de défense, les parlementaires se retrouveront dépourvus de tout contrôle. Par exemple, si le Président prend une décision que les parlementaires jugent inacceptable, ils auront beau renverser les gouvernements, le Président pourra leur répondre que le Premier ministre est seulement un exécutant dans ce domaine du fait des nouveaux termes de l’article 21. Le Premier Ministre pourrait refuser de signer les actes présidentiels, mais il risque de se sentir obligé de se soumettre, en raison de ce nouvel article. Ni le peuple ni les parlementaires ne pourront arrêter le Président, sauf à provoquer une crise grave. Les risques d’abus de pouvoirs et de crise institutionnelle (pas seulement en période de cohabitation) sont donc considérablement accrus. C’est très grave au niveau des principes démocratiques, un homme peut décider seul, de faire pratiquement n’importe quoi, pendant cinq ans, dans des domaines absolument cruciaux pour la survie de la nation, sans que personne ne puisse s’y opposer.

D’autant que la responsabilité présidentielle a été réduite par la récente révision de la Constitution. Il ne peut être destitué « qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat » (art. 68 C.). La nouvelle rédaction de l’article 21 sera tellement incohérente qu’il sera difficile de convaincre les parlementaires (ou le peuple) que le Président abuse manifestement de ses pouvoirs en imposant sa politique de défense au Premier ministre et donc au Parlement.Il n’y a pas une démocratie digne de ce nom dans laquelle un chef de l’Etat possède de tels pouvoirs, en matière de défense, sans aucun contrôle et/ou sans limitation par un Parlement vraiment indépendant (Etats-Unis). C’est extrêmement dangereux.

Trois grands arguments sont régulièrement avancés pour justifier cette augmentation des pouvoirs présidentiels. Le premier est que l’on se contenterait de rendre la Constitution conforme à une pratique constante. Nous venons de voir que c’est faux. D’abord parce que cette pratique n’est pas constante mais variable, en fonction des cohabitations notamment. Ensuite et surtout puisque cette révision supprimerait le garde-fou fondamental qui existe aujourd’hui, à savoir le fait que le pouvoir de décision appartient en droit à un organe qui peut être contrôlé et révoqué à tout instant : le Premier ministre. Le deuxième argument est celui de l’élection du Président directement par le peuple. Il serait donc normal qu’il dirige la défense. Dans tous les autres pays de l’U.E., même lorsque le Président est élu directement par le peuple, il n’a jamais le pouvoir de diriger seul la politique, y compris en matière de défense. Certains ont évoqué le Président finlandais : c’est faux, depuis la réforme de 2000, tous ses actes importants sont soumis à contreseing, y compris en matière de défense. Cet argument ne tient donc pas. Un troisième argument, double, est invoqué : le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral. Ces éléments démontreraient la prééminence du Président et justifieraient donc l’augmentation de ses pouvoirs en matière de défense. L’argument du quinquennat ne tient pas. Si on avait voulu réviser la Constitution pour que le Président dirige tout, il aurait fallu soumettre cette proposition au peuple. Ce n’était absolument pas la question posée lors du référendum. Par exemple, j’ai personnellement voté pour le quinquennat, afin d’avoir la possibilité de sanctionner le Président tout les 5 ans, plutôt que tout les 7 ans. Je n’ai jamais eu l’intention que le Président ait plus de pouvoirs. Quant à l’inversion du calendrier, elle pose réellement problème puisqu’elle augmente la soumission des parlementaires envers le Président. Mais c’est une escroquerie intellectuelle de prétendre que cette inversion imposerait, en droit, la prééminence du Président. Il s’agit d’une soumission politique de fait et non pas d’une soumission en droit.

Ainsi, sous couvert d’une simple ratification de la pratique existante, on a un véritable bouleversement de tout l’équilibre des institutions, qui est extrêmement dangereux. On voit d’ailleurs, depuis de nombreuses années, les Présidents de la République avoir une fâcheuse propension à étendre très largement leurs pouvoirs. A l’origine, le domaine réservé sous De Gaulle concernait la défense et la diplomatie. Ensuite, chaque Président a ajouté ce qu’il souhaitait : Valéry Giscard d’Estaing la défense des libertés, Mitterrand la cohésion sociale, Jacques Chirac l’Union Européenne. On assistera au même processus avec la défense. Par un communiqué du 3 janvier 2008, l’Elysée a annoncé la création d’un nouveau Conseil de la Défense et de sécurité nationale. Et cela pour concentrer sous la direction du Président les pouvoirs en matière de défense, de diplomatie, de police et de renseignement. Le Président veut donc étendre son pouvoir à tous ces secteurs absolument cruciaux, bien au-delà de la défense au sens classique. Avant même la réforme, il y a déjà une extension de la notion de défense.

Une autre disposition, en matière de défense, s'avère être un cadeau empoisonné. Elle concerne les interventions des forces armées à l’étranger: le gouvernement aura l’obligation d’en informer le Parlement. Bien que cette obligation soit une évidence – peut-être pas pour tous - c’est une avancée de l’écrire dans la Constitution, puisqu’elle ne pourra plus être contestée. Cependant, il est aussi prévu que le Parlement ne pourra pas voter à l’issue de cette information, ce qui est très choquant. Mais surtout, les parlementaires devront attendre 6 mois pour que le Gouvernement ait l’obligation de leur demander l’autorisation de prolonger cette intervention (art. 13 du projet). En attendant ces 6 mois, le Gouvernement (dirigé en fait par le Président en matière de défense) pourra donc faire ce qu’il veut. C’est complètement inadmissible. Il est indispensable que le Parlement puisse, dès le départ, non seulement être informé, mais aussi débattre et refuser ou autoriser l’action des forces françaises. En effet, l’article 35 de la Constitution (que l’on prétend ainsi réviser) prévoit aujourd’hui que seul le Parlement peut autoriser la déclaration de guerre. De nos jours, dans tous les pays on a une fâcheuse tendance à faire la guerre sans la déclarer. Donc il faut adapter la Constitution à cette évolution des formes de guerre : le Parlement doit rester seul compétent pour autoriser tout engagement des forces françaises à l’étranger. Le projet est vicieux puisqu’il a l’air d’apporter un progrès, qui est réel au regard de la pratique ; mais pas au regard du droit, alors qu’il conduit en même temps à limiter les pouvoirs du Parlement. Si les parlementaires souhaitent, au bout de 15 jours, ou 2 mois, exprimer leur refus d’une politique scandaleuse, le Président pourra tout d’abord répondre que le Premier ministre n’est qu’un exécutant en matière de défense (art. 21 nouveau)- renverser le gouvernement n’y changera rien - et ensuite rétorquer au Parlement qu’il ne peut intervenir qu’au bout de 6 mois. C’est donc inacceptable.

Finalement, Nicolas Sarkozy sera peut-être le grand destructeur du présidentialisme. Il cherche sans cesse des limites, qu’il ne trouve pas. Jamais la concentration des pouvoirs dans les mains du Président n’a atteint un tel degré : les parlementaires, de droite comme de gauche, sont écoeurés. Tout se passe à l’Elysée, même les réunions de l’UMP. Nous n’avions jamais atteint un tel sommet de mépris envers les parlementaires. Si Nicolas Sarkozy continue d’abuser de ses pouvoirs, plus personne ne le supportera. Il va tellement nous montrer les dangers et les écueils de la prééminence présidentielle que toute la classe politique française risque de se retourner contre lui. Ce sont peut-être ses abus de pouvoir qui vont permettre d’assainir notre régime. Il aura rendu un grand service à la Vème République.

Cependant, il est consternant de voir bien souvent s'imposer à gauche une mentalité de résignation et de soumission à la pratique présidentialiste. Elle trouve largement sa source dans la pratique mitterrandienne. Certains pensent que Mitterrand a eu le grand génie d’exercer le pouvoir de manière monarchique, ils se trompent. Au contraire, il a fait de nombreux dégâts au plan constitutionnel. Il avait plutôt raison lorsqu’il dénonçait le coup d’Etat permanent. Il montrait alors les risques du domaine reservé et d’un Président qui décide sans être responsable. Mais les grands admirateurs de Mitterrand n’arrivent pas à reconnaître qu’il a commis des erreurs. Or on peut avoir une vraie démocratie française sans monarchie.

La France est comme les autres pays, ce n’est pas parce que notre histoire est pleine de « Napoléons » que l’on doit se soumettre à la dictature d’un homme à la tête de l’Etat, ou même à une monarchie républicaine de plus en plus absolue. L’histoire a montré où cela pouvait conduire. Dans tous les autres pays de l’U.E., même lorsque le Président est élu par le peuple, c’est le gouvernement qui dirige, parce qu’il est responsable devant le Parlement. Revenons à cette idée du Président « arbitre », qui était celle de De Gaulle à l’origine. Une république efficace et démocratique suppose aussi une pratique plus collégiale du pouvoir. La concentration du pouvoir de décision par un seul homme, c’est dangereux. Nous avons une occasion unique depuis 50 ans de faire une révision de la Constitution qui renforce les droits du Parlement, le Président étant mal placé pour augmenter ses pouvoirs par un référendum. Sachons donc faire le tri dans ce projet de réforme. »


Réalisé par KARL LASKE et CAMILLE STROMBONI, pour le Contre Journal, où je vous engage à vous en aller lire aussi les commentaires : édifiant !



Révision constitutionnelle: «Le Président cherche à augmenter ses pouvoirs en restant incontrôlable»



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Travailler plus... pour quoi déjà ?


La preuve par le hamster



consultation classique



Travailler plus... pour quoi déjà ?



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Consultation Participative : des chiffres utiles et sereins


Un mois après le lancement de l'initiative de Ségolène Royal,
les chiffres de la participation


Le jour même où Ségolène Royal annonce vouloir prendre la tête du parti, une première synthèse de la consultation participative - mais presque - pour un Congrès Utile et Serein est livré à la sagacité des militants.

Or, depuis le lancement de cette initiative, il y a un mois, on glose beaucoup sur le caractère participatif de la méthode Royale. Le principe est contesté par les uns et considéré comme l'achèvement ultime de la démocratie par les autres, mais de quoi parle-t-on au juste ? Ou, autrement dit, qui participe ? "L'ensemble des militants et des sympathisants, nous avait-on dit. Bien bien.... Combien d'adhérents au Parti Socialiste ? Toujours difficile à dire, mais on s'accorde aujourd'hui pour en dénombrer quelques 200 000. Bien... et combien de sympathisants socialistes ? Impossible à dire, évidemment. Alors, combien de militants à Désirs d'Avenir ? Beaucoup, entend-on dire souvent...

Allez, je ne vous fais pas languir plus longtemps : à ce jour, la consultation participative pour un congrès utile et serein compte 1604 messages qui ont été délivré sur 697 sujets de discussion ouverts et répartis sur les 10 questions posées. Nombre de blogueurs ayant posté plusieurs messages, on peut estimer que ce sont en réalité moins de 1500 participants qui ont répondu à l'appel à contributions lancé début avril par Ségolène Royal.

Tout ça pour ça ?!... Oui, et sans parler sur le fond de la vacuité des premiers résultats. Au moins est-on maintenant certain d'une chose, c'est que la contribution de Ségolène Royal pour le prochain congrès des socialistes ne sera ni plus ni moins qu'une autre classique dans son élaboration, ni plus ni moins participative que n'importe quelle autre - ce qui, soulignons-le également, ne préjuge en rien du fond.



consultation classique



Consultation Participative : des chiffres utiles et sereins



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Consultation sereine, certes. Mais utile ?


L'essentiel est de participer


Ça y est, les premières synthèses sont arrivées ! La question 2 m'intéresse, me paraît centrale, un bon moyen de prendre le poul : Le socialisme ne peut pas se contenter d’aménager le capitalisme financier à la marge : comment produire et répartir autrement la richesse ? Je télécharge donc aussitôt le pdf. C'est rapide. Normal, le tout tient sur deux pages. Et en plus c'est écrit gros ! Et voici, hors les encarts de citations de quelques contributeurs flattés, l'intégralité de ce qu'on peut y lire :

Congrès de Bisounours

Le capitalisme : repenser sa définition et son fonctionnement

L’échec du modèle actuel : Les contributeurs jugent que le capitalisme, dans sa forme actuelle, est porteur de menaces sur le plan humain, et également financier, puisque le système contient en lui-même le ferment de ses propres dérives. Le modèle profite à un petit groupe et coûte beaucoup à tous. Il faut redéfinir les bases sur lesquelles il doit fonctionner.
Redéfinir les notions de richesse et de croissance : Le développement de la richesse ne doit pas être confié à une minorité qui décide pour les autres. L’opacité des marchés financiers dérange les contributeurs. Le contenu de la notion de croissance doit comprendre des indices de qualité.
Les fondements du nouveau capitalisme : Le capitalisme moderne doit se fonder sur le développement durable : social, économique, environnemental.

Favoriser le développement de l’entreprise

Une nouvelle organisation de l’entreprise : Il faut recentrer l’entreprise sur l’humain. Revoir ses modes de production et de management. Son développement devra être encouragé. L’État peut intervenir pour diversifier son financement, sa composition, ses organes de décision et le rapport de force entre patrons et salariés.
Favoriser le développement de l’entreprise : Les contributeurs suggèrent de favoriser la croissance de l’entreprise par la modularité de l’impôt et de la TVA, d’en rendre le financement accessible à tous, d’intégrer le handicap au monde du travail. La lutte contre les inégalités (femmes, origines) doit être pensée par la direction de l’entreprise.

L’intervention de l’État

L’intervention publique ne doit plus être passive (éponger les catastrophes, intervenir en « pompier » sur les dégâts du capitalisme) mais au contraire jouer un rôle actif qui permette, par des réformes de fonds, de d’orienter et de catalyser le capitalisme. La création d’un fond souverain est vue par plusieurs contributeurs comme un moyen, pour l’État, de reprendre la main.

Une gauche qui sait parler aux entreprises

S’adresser aux entreprises, c’est aussi parler aux classes moyennes, qui, sont en majorité constituées de salariés ou de petits entrepreneurs. Les contributeurs évoquent également la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, sujets qui comptent aux yeux de l’électorat socialiste.


Franchement, c'est un peu court... et largement creux. Bon, me dis-je, c'est que nous, les contributeurs, n'avons pas été à la hauteur. Voulant en avoir le coeur net, j'ai été lire ce que nous avions écrit. J'ouvre le premier sujet de discussion de la liste - qui à cette heure en compte 80 pour 182 messages -, ça s'appelle Une crise du capitalisme financier... et voici ce qu'on peut y lire :

Comme cela n'a du échapper à personne, le capitalisme financier débridé, celui de la crise des subprime, n'est plus souhaitable. Il conduit le monde, l'Humanité à la dérive. L'Homme est écrasé par le capital. Le capital l'étouffe. Ses conditions de vie en pâtissent. Cette crise financière qui a touché l'ensemble du monde n'est ni la première, ni la dernière. Et l'ampleur que les crises futures prendront ne peut être qu'énorme, aussi énorme qu'imprévisible. L'Humanité peut aller à sa fin. Le capitalisme tel qu'il est conçu est cette arme d'auto-destruction dont nous nous sommes magnifiquement doté. Nous croyons à un monde meilleur, plus juste. Ce capitalisme ne nous l'apporte plus.

C'est donc à partir de ce contsat qu'il s'agit de raisonner. Il faut changer de modèle économique. Le PS ne doit plus se contenter d'aménager à la marge, il doit attaquer au cœur cette terrifiante machine qu'est le capitalisme financier tel qu'il s'est constitué aujourd'hui. Cela pose un problème majeur. En effet, comment le changer ? Certainement que les solutions sont multiples. Chaque rouage de notre société doit être modifié.

Tout d'abord, une Réforme des Banques est souhaitable. Cette dernière exploite réellement les gens, les faisant littéralement suer quand, avec leur argent, ils font des bénéfices considérables. Les taux de remboursement pour les surrendettés sont usuriers. Usuriers, il n'y pas d'autre mots pour décrire ces Harpagon modernes. Harpagon à grande échelle. A trop grande échelle. On peut ici nationaliser les banques. Néanmoins, l'Etat ne semble plus avoir ce pouvoir. Il lui faut donc imposer des lois aux banques. A savoir ni plus ni moins que la gratuité des services proposés aux clients, la baisse des taux de remboursement de dettes, et la limitation des salaires de leurs dirigeants. Ce qui est vrai pour toute la classe patronale par ailleurs.

Par la suite, il faut envisager une Réforme de la fiscalité. En effet, la France est un pays où le contribuable le plus riche est celui qui paie le moins d'impôts. Niches fiscales, bouclier fiscal... La suppression de ces deux calamités pour notre pays, le rétablissement de l'ISF, presque supprimé parle gouvernement, sa hausse, la hausse de l'impôt sur le revenu, ainsi que la baisse de la TVA, sont des options povant ici changer la société. Il faut aussi, cela constituerait un tournant majeur dans notre modèle de société, taxer le capital, autant que l'est le travail. Cela sauverait le système des retraites actuel. C'est donc on ne peut plus nécessaire à la société.

Un autre point, ce sera le dernier, est capital. Les fonds de pension. En effet, ces derniers s'emparent de notre économie et sont l'exemple même de la dérive ultra-capitaliste de notre société. Il faut tout simplement interdire le rachat des entreprises françaises par ces monstres, permettre ce rachat avec des fonds publics, du moins partiellement. Car si on ne le fait pas, considérant que cela coute trop à l'Etat, ce pourra poser problème à l'avenir, avec une gérance politique des entreprises françaises, et un moyen de pression terrible d'Etats comme la Chine qui possède le plus grand fonds de pension mondial.

Ainsi, c'est en entraînant, en engageant des réformes de fonds, qui feraient, en partie, basculer l'ordre capitaliste, que le PS sera fort et reconnu comme le premier parti de gauche européen. Car c'est là l'impératif du PS. Rester à gauche. Et cela en sapant les fondations établies par l'oligarchie financière qui dirige notre société. Pour une société meilleure, pour une civilisation intelligente et constructrice, le cap doit être mis à gauche. Le peuple doit vaincre, le peuple doit pouvoir s'émanciper, ne plus être pris au piège d'une économie destructrice !


Dites... On pourrait peut-être demander à ce cher Pierre-Yves d'écrire lui-même la contribution Royal. En sus de sérénité, on y gagnerait sans doute beaucoup en utilité.

Et encore, je n'ai pas lu les 181 autres messages traitant de la question 2. Bon, l'essentiel est de participer, n'est-ce pas ?



On parle de : Consultation sereine, certes. Mais utile ?



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de Bastille à République en photos



Ci-après quelques photos que j'aime bien de mon 15 mai à Paris, entre Bastille et République (j'étais à la bourre pour Place d'Italie). Pour ce qui concerne le texte, je vous invite à lire cet excellent papier sur politique.net : Education nationale : les manipulations du ministère pour supprimer des postes de profs.



Bastille

- cliquer les images pour les agrandir -


un flic à la Bastille deux flics à la Bastille

les p'tits papiers

papiers slogans



République

- cliquer les images pour les agrandir -


trahison républicaine

désert social



de Bastille à République en 16/9

- cliquer l'image pour les voir toutes ! -


face à face



Et on n'oublie pas d'aller lire Education nationale : les manipulations du ministère pour supprimer des postes de profs.



On parle de : de Bastille à République en photos



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Mitterrand 2008, il revient (chez Ramsay !)


Du blog de l'esprit... à son porte-monnaie


LCCCela faisait depuis de long mois qu'on le sentait venir. Le teasing était même un peu lourd, trop évident. Cela avait commencé le 13.09.2007 avec une note non titrée et qui très énigmatiquement disait "Et si, plus que jamais, il était temps de croire aux forces de l'esprit...".

Et ils furent alors quelques-uns à croire, après ce long silence de tout un été, qu'Il allait revenir, qu'il revenait déjà. Ils furent bien déçu, le silence se refit aussitôt, entrecoupé de loin en loin par d'autres billets tout aussi énigmatiques... et tous sans aucun intérêt.

Puis, début décembre, il se produisit enfin quelque chose de nouveau. Le blog François Mitterrand 2008 ouvrait ses portes et François Mitterrand 2007 n'était pas content. Cela donna lieu à une brève joute à distance entre les deux tontons, potentiellement excitante mais finalement assez fade, décevante pour tout dire.

Mais plus instructif, Guy Birenbaum, dont on sait qu'il est éditeur chez Ramsay et friand de bons coups éditoriaux, s'était mêlé de l'affaire. L'on savait donc cette fois avec certitude qu'il ne s'agissait en réalité là de rien d'autre que de capitaliser sur un succès et de faire encore un peu d'argent sur un sujet qu'on avait cru avoir usé jusqu'à la corde. Certains esprits falsificateurs flanqués de quelques acolytes gourmands avaient résolu de tirer encore un peu de jus de la dépouille du grand homme de la gauche. Soit, nous verrons si le succès sera cette fois encore au rendez-vous...

On le subodorait fortement, Tonton 2007 était en réalité un collectif. On se doutait également que Tonton 2008 avait pu en être, qu'il s'en était désolidarisé. Le titre du bouquin(*) est aujourd'hui la confirmation de ce qu'on pourrait nommer la scission des tontons. On imagine d'ailleurs assez bien l'ire des partisans de la capitalisation lorsqu'ils virent apparaître sur la toile un blog portant justement le nom qu'ils avaient retenu pour leur livre. C'était là de toute évidence un sabotage, l'oeuvre du (ou des) dissident(s), partisan pour sa part de ne pas transformer l'aventure en un trivial petit business. Bref, des comptes durent se régler bruyamment dans certains salons parisiens... et, pour le coup, c'est François Mitterrand, le vrai, le mort, qui à regarder la guéguerre entre les bons et mauvais (mais tous faux) esprits, doit se gondoler dans sa tombe.

C'est que celui-là au moins en avait, de l'esprit !


(*) Oui, j'ai oublié de le mentionner, un bouquin paraît donc chez Ramsay (tiens tiens...), ouvrage anonyme et revendiqué comme une oeuvre collective qui se place dans les traces du blog version 2007, et titré... "Mitterrand 2008, il revient".

Notons encore que sur le blog version 2008, on peut lire au sujet de la sortie de ce livre un billet, titré Esprit mercantile, qui pose la question suivante : Tout est-il à acheter ?

C'est pour le moins une bonne question...



On parle de : Mitterrand 2008, il revient !



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La France qui travaille plus


Le mensonge sarkoziste


Note liminaire : j'ai commencé à écrire, puis entamé quelques recherches complémentaires sur l'internette... et suis tombé sur un excellent article de Olivier Bonnet. Je me rends à l'évidence : le journalisme est un métier... et c'est avec humilité et reconnaissance que je pompe donc ici intégralement son article, à quelques modifications près (parce que j'ai quelques prétentions que je bride encore difficilement).


"La France ne travaille pas assez ! Il n'y a qu'un moyen de relancer la croissance et d'augmenter le pouvoir d'achat : travailler plus ! Par rapport à nos voisins, nous sommes le pays qui travaille le moins, il faut que ça change !" Voilà le message dont nous rebat les oreilles avec un bel ensemble la majorité présidentielle, à commencer par Sarkozy lui-même. Or c'est grossièrement faux.

Pour remettre les choses à leur place, il suffit de consulter les chiffres 2006 d'Eurostat, le très officiel Office statistique des Communautés européennes, repris sous forme de tableau par l'excellente revue Alternatives économiques :

temps de travail

Ainsi, dans l'ordre croissant en nombre d'heures travaillées par semaine, on trouve d'abord les Pays-Bas puis la Norvège, le Danemark, l'Allemagne, l'Irlande, la Suède, la Belgique, le Royaume-Uni et la Finlande. Vient ensuite la moyenne européenne, à 37,9 heures. Le premier pays à travailler plus que ladite moyenne, de justesse (38h tout rond) est la France. Viennent derrière l'Italie, la Lituanie, le Portugal, l'Espagne, l'Estonie, la Croatie, la Slovénie... Les plus gros travailleurs sont enfin les Bulgares, Lettons, Tchèques et Grecs (42,7 heures). Le tableau ci-dessus concerne la durée hebdomadaire mais on observe la même chose en se basant sur la durée annuelle, qui prend en compte vacances et jours fériés : elle est en France de 1545 heures, contre 1445 en Allemagne, 1499 au Danemark, les Pays-Bas étant le pays où l'on travaille le moins avec 1340 heures.

Merci à Léon Mercadet, journaliste à La matinale de Canal +, d'avoir rétabli les faits dans sa chronique d'hier, titrée La France bosse fort !


La france qui bosse!
envoyé par dagrouik

"Il y a un truc très très frappant, observe notamment Léon Mercadet, c'est que les pays où l'on travaille le moins sont les plus avancés, les plus performants économiquement et socialement". "Ca alors !", s'exclame le présentateur de l'émission, Bruce Toussaint. "A l'inverse, poursuit son chroniqueur, si on va en bas de classement, on s'aperçoit que les cancres sont (...) ceux dont le PIB par habitant est le plus faible. Tout se passe comme si plus on est un pays moderne, plus on est un pays économiquement performant, moins on travaille ! Allez savoir pourquoi, mais moins l'on travaille et plus le PIB par habitant est élevé, c'est comme ça que ça se passe en Europe. Alors quand les ministres et les porte-paroles du gouvernement nous répètent que nous ne travaillons pas assez, je me pose la question : est-ce ignorance ou est-ce mensonge délibéré ? En tout cas, c'est de l'idéologie, ce n'est pas des faits. J'ai quand même l'impression qu'on nous répète ça dans l'espoir qu'un mensonge cent fois répété devienne une vérité. Alors dans quel but cette distorsion des faits ? (...) Il y a une réponse évidente: c'est pour supprimer les 35h. Pourquoi supprimer les 35h ? Parce que c'est la durée légale. Ca veut dire quoi ? C'est le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Donc les Français travaillent déjà plus de 35h - on est à 38 - mais si on fait sauter les 35h, on n'a plus besoin de payer entre 35 et 38 au tarif des heures supplémentaires."

C'était donc lundi matin en clair sur Canal+, entre 7h 10 et 7h 20 : un grand moment de vérité à la télévision, qui laissait éclater en plein jour toute l'imposture de nos gouvernants. Mais rassurez-vous, rien ne changera et cette droite menteuse continuera inlassablement à ressasser l'ineptie que les Français ne travailleraient pas assez. C'est d'ailleurs ce qui ne manqua pas d'arriver dès le lendemain. Malheureusement pour Yves Jego, secrétaire d'Etat à l'Outremer et membre de l'UMP (Un Menteur de Plus) , c'est ce même Léon Mercadet qui se retrouve en face de lui :


les mensonges sur la valeur travail
envoyé par dagrouik

Si on peut même plus mentir tranquille !



On parle de : La France qui travaille plus



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Le centre est-il soluble dans la gauche ?


De la mort prématurée de LCC (Left & Center Citizens)


LCCTout récemment, Dagrouick (blogueur socialiste, tendance ségolèniste) et Luc Mandret (blogueur du centre, tendance centriste) ont décidé de créer un machin 2.0 appelé Left & Center Citizens. Pour le premier, il s'agit de ceci :

Face au sectarisme d'une partie de la gauche, je propose donc de nous rassembler. De gauche, du centre-gauche, du centre. Construisons un véritable débat positif. Sujets après sujets, sur quoi nous retrouvons-nous ? Quelles sont nos valeurs communes ? Quelles lois pourrions-nous voter ensemble ? Dans nos programmes, quels sont les points de convergence ? La question n'est plus : comment travailler ensemble ; la question est : sur quels sujets ? Et je suis persuadé que les sujets sont nombreux.

Pour le second, c'est : Créer des espaces 2.0 de dialogue entre militants individus, blogeurs de gauche et de centre gauche. et on notera au passage - et, ainsi que le précise avec justesse l'ami Dagrouik, "Les mots ont un sens" - que si pour l'un l'initiative englobe le centre, pour l'autre elle s'arrête au centre gauche. Et justement ! toute la question est de savoir si le Modem est susceptible d'appartenir au centre gauche, zone politique qui dans sa définition appartiendrait encore à la gauche, ou bien si, situé exclusivement au centre, cet espace qui ne serait ni à droite ni à gauche, le Modem serait en réalité toujours, et comme il l'a toujours été,... à droite.

Pour la petite histoire : Il n'est pas anodin de rappeler dans quel contexte cette initiative a vu le jour - et ce même si elle était déjà en gestation depuis plusieurs semaines. Il se trouve qu'existe déjà un groupe de discussion sur Google, appelé Left_blogs et qui a son journal sur Cozop, dans lequel se retrouvent des blogueurs de gauche issus des Vigilants. Or Luc Mandret a souhaité entrer dans ce groupe, ce qui a donné lieu à un vote, lequel s'est soldé par un refus - à une très courte majorité et au motif qu'un militant du Modem ne pouvait être considéré comme un blogueur de gauche. Dans l'heure, LCC était créé - ce que d'aucuns prirent pour un insupportable contournement d'une décision prise démocratiquement (un peu comme un pseudo mini-traité est adopté par voie parlementaire après qu'un traité a été rejeté par voie référendaire...).

Remarque liminaire : Pour ma part, bien que viscéralement sceptique sur la compatibilité entre le Modem et la gauche, j'avais choisi de voter en faveur de l'entrée de Luc dans Left_blogs parce que "un groupe c'est ouvert ou sectaire". Et bien que passablement en désaccord avec la réponse LCC au vote négatif des Left_blogueurs, j'ai choisi de m'inscrire à LCC "en tant qu'observateur" et en n'omettant pas de remarquer que le logo LCC proposé par Luc était tout de même très très bleu dans sa dimension politique (Left & Center) et bien noir dans sa dimension citoyenne. Remarque qui n'est pas seulement anecdotique... tant au centre le rouge fait peur, le rose dégoute et le bleu est une référence. C'est d'ailleurs là sans doute une très bonne définition de ce qui caractérise le centre.

Convergences ? : Mais je n'ai pas su me contenter d'observer - d'ailleurs, il ne s'y passe rien - et j'ai tenté de lancer la quête de convergences à laquelle nous étions conviés, en rappelant quelques unes des propositions faites par Bayrou lors de la dernière campagne présidentielle :

- Temps de travail : « Permettre aux salariés qui le souhaitent d’améliorer leur revenu par le jeu libre des heures supplémentaires [...] Dans toutes les entreprises, le paiement des heures supplémentaires (entre 35 et 39 heures) sera majoré de 35 % pour récompenser le travail. Les cotisations sociales seront réduites en proportion afin que les entreprises ne supportent aucun coût supplémentaire » ;

- Contrat de travail : « Je propose donc un CDI universel à droits progressifs » ;

- Chômage : « En réduisant les charges qui pèsent sur le travail, on libérera l’emploi » ;

- Fiscalité des entreprises : « Il faut créer un environnement amical pour l’entreprise, y compris fiscal, particulièrement pour les PME. Tout contrôle devrait être précédé d’un conseil, d’un avis, comme on ferait pour un ami, au lieu de sacrifier à la culture d’inquisition et de suspicion » ;

- Famille : « Pour moi, un mariage, c’est l’union d’un homme et d’une femme. Je défends cette vision que certains disent traditionnelle, mais que je trouve être une vision d’avenir. L’altérité sexuelle est source de vie et d’équilibre » ;

- Immigration : « Dans un pays qui compte quatre millions de chômeurs, pourquoi aller chercher de la main-d’œuvre à l'extérieur ? » ;

- Retraites : « Je propose une refonte universelle, c'est-à-dire une réforme qui englobe tous les régimes, y compris les régimes spéciaux ;

- Droits de succession : exonération complète jusqu'à 200 000 euros ».

Et voilà aussitôt qu'un gentil centriste, sympathique mais se méprenant sur mes intentions véritables, me répond point par point pour globalement me dire qu'il était tout à fait en phase avec mes propositions. Il fallait bien alors que je lève ce lourd malentendu qui, cela étant, avait le mérite de nous faire comprendre jusqu'où les convergences entre la gauche et le centre sont parfaitement non envisageables.

C'est que ce petit aperçu des propositions "centristes" était directement prélevé d'un article que j'avais écrit en pleine campagne présidentielle, le 13 mars 2007 et intitulé L'autre homme de la droite, où il s'agissait de constater dans les faits la grande proximité politique et les convergences entre François Bayrou... et Nicolas Sarkozy.

Or voici ce que pour ma part, en homme de gauche, je pense de telles orientations politiques, outre d'ailleurs qu'elles sont pour nombre d'entre elles mises en oeuvre par l'actuel gouvernement :

- Sur le temps de travail et les 35h : Si la loi mérite quelques aménagements de mise en oeuvre - notamment à l'hopital -, en aucun cas il ne peut être question de revenir en arrière. La réduction du temps de travail participe du progrès social et de l'émancipation de l'homme par rapport au travail : plus qu'une diminution du temps de travail, c'est un accroissement du temps de loisir. S'il faut s'en préoccuper c'est sur la dimension pouvoir d'achat, tant les entreprises ont argué et arguent encore des 35h pour contraindre les salaires - alors même qu'aujourd'hui elles ont été digérées et sont, en sus, économiquement une réussite.

- Sur le travail le dimanche : La dissymétrie employés employeurs ne permet pas de se contenter d'un "sur la base du volontariat". C'est exactement la même chose que pour les heures supplémentaires : ce n'est pas le salarié qui choisit. Pour la gauche, le code du travail - si savamment et systématiquement détricoté par Sarkozy - est le levier principal d'un rééquilibrage du rapport de force entre le salarié et l'employeur, au bénéfice du premier. En caricaturant à peine, le libéralisme pèse exactement dans le sens inverse en privilégiant toujours la liberté... du plus fort.

- Idem sur le contrat de travail : Il a pour objet de protéger le salarié. Le contrat de travail unique à droit progressif est une précarisation du salarié en échange d'une souplesse pour l'employeur. Or, par ailleurs, la précarisation est à terme néfaste à la productivité et à l'efficacité économique des entreprises. Le libéralisme est une erreur économique également en ce qu'il privilégie la décision de court terme en faisant fi des externalités négatives.

- Sur le chômage : Depuis des décennies, la lutte contre le chômage par la réduction des charges patronales a échoué. C'est que la logique libérale est dans la maximisation des profits...

- Sur la fiscalité des entreprises : La loi doit s'appliquer fermement contre toutes les formes de délinquances. La loi est par essence impartiale : elle n'a pas d'amis...

- Sur la famille : Bayrou est un conservateur régressif qui oublie que la politique n'est pas une affaire de morale chrétienne.

- Sur l'immigration : La déclaration de Bayrou, pour le coup, fleure "bon" la droite nationaliste française - mais elle est son histoire et celle du centre en France.

- Sur les retraites : Réformer, oui. Comment ? est la vraie question. Pour ma part, il s'agit d'abord d'élargir l'assiette des cotisations au capital, alors qu'elles ne pèsent actuellement que sur les salaires. Je doute fort que ce soit une position que les centristes suivent volontiers.

- Sur les droits de succession : On aurait pu se limiter à ce seul sujet pour comprendre tout ce qui sépare la gauche du centre. Si pour un centriste il s'agit d'un "impôt injuste sur une vie passée, pour la gauche, l'héritage est un revenu pour l'héritier, qui plus est obtenu sans travail : à ce titre il doit être imposé et ce faisant participer à la redistribution des richesses et au rétablissement de l'égalité des chances. A ce sujet, je suggère cet autre article que j'avais commis l'an passé : la France qui travaille et la France qui hérite.

Or ce sont là des sujets majeurs, qui fondent une orientation et une action politique. Autant de sujets pourtant où aucune convergence n'est possible tant les options des uns et des autres, de la droite et de la gauche !, sont diamétralement opposées. Ainsi LCC pourrait-il avoir le mérite de clarifier les choses en mettant en exergue nos divergences de fond, par-delà le discours sur des pseudos convergences qui ne peuvent en réalité conduire qu'à des alliances contre-nature.

C'est qu'en vérité le Modem ne vient pas de nulle part et ses racines sont moins la solidarité que dans la charité, conception éminemment de droite façon libéralisme compassionnel et démocratie chrétienne. Ainsi, si je ne partage pas les options politiques des communistes, et si je pense que les Verts se sont définitivement enlisés dans leurs contradictions internes et leur fonctionnement groupusculaire, je sais partager avec eux une aspiration à plus de justice sociale, plus de solidarités, plus de prise en compte des externalités économiques sur l'homme et sur son environnement, une certaine vision d'une société tournée vers l'émancipation de l'individu, sa liberté fondamentale à être. Cette communauté de pensée c'est ce qui fonde la gauche et donne son existence à ce qu'on appelle le peuple de gauche, c'est ce qui permet les convergences politiques et autorise les alliances.

Mais il est vrai aussi que le Modem s'est peu à peu vidé de ses composantes les plus droitières : au final, reste là Bayrou qui n'a d'autre ambition que la sienne et d'autres qui, enfants politiques souvent incultes, pour les uns pensent que le clivage droite gauche est dépassé - ce qui en plus d'être faux (ce clivage n'avait pas été aussi actuel depuis longtemps) est ontologiquement une idée de droite (car c'est en réalité sa seule identité tangible) - et pour les autres se retrouvent au centre pour s'éloigner de ces gauchistes dont ils ont peur, comme on n'a peur souvent de ce qu'on ne connaît pas. On pourra d'ailleurs noter utilement que cette "haine" du gauchiste, qui est en réalité une crainte et surtout une incompréhension, est l'essentiel de ce qui rapprochent le Modem de certains ségolénistes (mais pas seulement eux !) qui ne parviennent pas à ne pas accoler le terme de sectarisme à celui de gauchiste...

Il reste que cette danse du ventre de nombre de socialistes autour d'un Modem politiquement inexistant est une erreur politique fondamentale en ce qu'elle ne repose sur rien, aucune convergence politique de fond. Il demeure aussi que les égarés du Modem sont des gens estimables qui ont pour beaucoup d'entre eux l'esprit (sinon le coeur) à gauche et que les socialistes ne doivent pas négliger. Pour autant, il ne s'agit pas de faire alliance, mais de leur parler et de les convaincre de venir à nous et nous enrichir d'eux-mêmes. C'est que faire de la politique c'est davantage convaincre que se perdre en compromis. Ce n'est jamais être sectaire que d'être avant tout fidèle à soi-même et ferme dans ses convictions.



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Pour une presse libre et sarkozyste


Un article savoureux de Michel Deléan


Frédéric LefebvreN’ayons pas peur de le dire : Nicolas Sarkozy et son fidèle Frédéric Lefebvre ont tout à fait raison, quand ils dénoncent courageusement la mauvaise foi d’une presse abjecte qui ne travaille, en fait, que pour l’opposition. Il suffit de feuilleter tous ces magazines qui osent, semaine après semaine, publier des photos de la Première Dame de France et recueillir ses confidences les plus intimes pour s’en convaincre : il y a du parti pris et de l’acharnement dans l’air.

Depuis trois décennies, Nicolas Sarkozy est lynché par les hyènes de la désinformation. Chaque jour, il est sali par les valets stipendiés du ségolénisme. Oui, mille fois oui, notre Guide Suprême de la Rupture (que son nom soit glorifié !), notre Camarade Président (que les fleurs de la félicité jalonnent sa marche glorieuse), notre Lumière du Libéralisme (que nos esprits et nos yeux s’ouvrent enfin grâce à lui) mérite une autre presse. Afin d’informer loyalement, honnêtement et utilement nos concitoyens, des mesures urgentes et énergiques s’imposent.

1. Rebaptiser l’AFP Agence de la France qui gagne, et ne diffuser que les communiqués de l’Elysée, de l’UMP et du Medef. Prier pour que les Bleus gagnent l’Euro de foot. Après ça, espérer un été sans canicule ni temps pourri, et le retour de la croissance dès septembre.

2. Nommer Frédéric Lefebvre à la tête d’un comité d’indépendance éditoriale de la dite agence. Nadine Morano sera chargée de rédiger une charte déontologique.

3. Confier une mission d’inspection à Patrick Balkany. Purger les archives des vieilles dépêches sur les affaires judiciaires et électorales des Hauts-de-Seine. Tant qu’à faire, effacer aussi textes et photos - devenus inutiles - sur Chirac et Villepin.

4. Publier intégralement, chaque jour de l’année, l’arrêt de la cour d’appel de Rennes du 10 avril 2008 condamnant Ségolène Royal pour licenciement abusif, sur plainte de deux collaboratrices remerciées en 1997. L’accompagner de commentaires bien sentis et renouvelés de M. Raffarin.

5. Pour répondre à ces nouveaux besoins éditoriaux, rapatrier les journalistes qui travaillent en Irak, en Birmanie et au Liban, ainsi que sur le secteur social, et plus généralement tous les pourvoyeurs de mauvaises nouvelles et de reportages démoralisants.

6. Faire renaître l’irremplaçable Jours de France. Ne publier que des sondages encourageants, des photos avantageuses, des analyses positives, des bonnes nouvelles, des histoires drôles ou qui finissent bien.

Oui, c’est un avenir radieux qui s’offre enfin à nous. Allez, encore un petit effort…



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Congrès Utile et Serein : une démarche participative... mais presque


Participatif mais presque


congrès bisounoursA propos de l'initiative de Ségolène Royal pour un Congrès Utile et Serein en dix questions, Marianne2.fr a commis aujourd'hui un "Royal veut bien débattre. Surtout avec les Bisounours" qui, je l'avoue, m'a fait doucement marrer. Le ton est caustique, limite méchant, mais sur le fond, en effet, cette initiative "participative" a de quoi interroger.

D'abord, en effet, vous je sais pas, mais moi je trouve que "congrès utile et serein" ça fait un peu campagne de com' pour un congrès des bisounours... Dans le même ordre d'idées, on pourrait tout aussi bien faire porter un badge à nos sportifs "pour des JO joyeux et victorieux", Sarkozy lancerait un appel "utile et serein" aux FARCS, Xavier Darcos supprimerait des milliers de postes d'enseignants pour une "Ecole de la république qu'elle sera plus belle demain" et Patrick Sabatier s'enverrait de nouveau une bouteille de Contrex en affirmant "Moi, ça va fort !".

Mais on me dira que ça c'est du détail. Soit. Parlons de l'initiative qui soulève en elle-même bien des questions - et ce avant même d'aborder les dix questions officielles. On peut ?...

Disons-le tout net, l'initiative de consulter directement les militants - du moins ceux qui ont accès à internet - est tout à fait louable. Elle aurait même mérité qu'on prenne la peine de la situer dans le cadre des structures d'un parti qui existe encore et qui, quoi qu'on en pense par ailleurs, demeure légitime. Du coup, en s'affranchissant (une nouvelle fois) du collectif - façon "je m'adresse directement à la base" (meilleure façon de la caresser dans le sens du poil) -, l'initiative perd aussitôt de sa portée et de sa force. C'est dommage... et bien regrettable.

Il demeure, et je le répète, que tout cela à le mérite d'être posé. Ce qui ne l'est pas et qui aurait dû l'être est : à quoi ça va servir ? - et on se doute en réalité que la vraie question est "à qui ?". Car est-il possible d'envisager qu'à l'issue de la méthode participative proposée à tous les militants par Madame Royal, il se dégage en réponse des positions largement contraire aux positions de Ségolène ? Et qu'adviendrait-il alors de la rédaction de la motion Royale ?

On peut même élargir : puisque le machin s'adresse à l'ensemble des militants, comment est assurée la transparence du bidule ? Qui gère la modération ? Quels en sont les critères ? Le dépouillement des réponses sera-t-il également participatif ? Qui décidera de ce qui est à retenir et ce qui est à rejeter ? Bref, le bidule, en réalité, il appartient à qui ? Ou encore, et en corolaire : le machin participatif n'inclut-il pas nécessairement la transparence et la mutualisation de l'accès au bidule ?

En vérité, en l'absence d'une telle transparence - et donc de la réponse à ces questions de fonctionnement qui sont tout sauf accessoires -un militant qui ne se sentirait pas franchement politiquement proche de Ségolène Royal ne peut véritablement espérer que ses réponses éventuelles soient prise en compte, puisque ce qui va en ressortir est annoncé "motion Ségo". Ce qu'il sait en revanche, c'est qu'en participant il sera compté dans ces "X milliers de participants au débat interne suscité par Ségolène Royal" qui seront inévitablement annoncés à l'issu de l'opération pour preuve de l'engouement des militants et sympathisants vis à vis de ladite démarche participative. Et voilà donc notre ami pas si bisounours piégé entre dire, être compté mais sans pouvoir espérer qu'on tienne compte de ses réponses et ne pas répondre et laisser dire la vérité des vrais bisounours.

De facto, il devient évident que les questions ne s'adressent pas véritablement à l'ensemble des militants, comme il est très habilement prétendu. Et il est bien dommage d'avoir ainsi diminué la portée d'une excellente idée en privilégiant la manœuvre au collectif - comme il est d'ailleurs extrêmement regrettable, et plus encore, que les dirigeants actuels du PS n'aient pas pris eux, puisque c'était là évidemment leur rôle, la peine d'être eux-mêmes les initiateurs d'une telle démarche.

Mais puisqu'on m'opposera nécessairement que je serais moi-même dans la manoeuvre en écrivant ce petit billet, et que je ferais bien mieux de répondre aux questions que me pose la dame, je précise que j'ai déjà commencé à participer et je le prouve :


Question 1 : Il faut sortir du fossé entre un discours pseudo révolutionnaire dans l'opposition et un conformisme économique au pouvoir : de quelle façon ?

Pour ma part, je n'entends pas au PS de discours pseudo révolutionnaire... pas plus que le conformisme économique serait la règle de la gauche au pouvoir - c'est là tirer un trait bien rapide sur le RMI ou la CSG, sur les 35h ou la cinquième semaine de congés payés, sur les indéniables succès économiques des années Jospin (même s'il y eut également des timidités coupables).

Donc j'ai déjà un peu de mal à comprendre la question, sinon à la poser ainsi : Les socialistes ont la charge de proposer aux français un projet économique réellement alternatif et ambitieux, tout en s'assurant de sa cohérence avec les réalités du monde, lequel ? Voilà comment je formulerais cette première question. En résumé, finalement :

Quel projet socialiste gagnant pour 2012 ?

Pas sûr qu'on puisse y répondre aussi rapidement, dans le cadre qui nous est proposé. Ou alors je n'ai pas compris la question et en ce cas, je veux bien qu'on m'explique...

Pour l'heure, il semble que le message auquel elle nous invite à souscrire serait que les socialistes ont en effet dans leur ensemble un discours pseudo-révolutionnaire lorsqu'ils sont dans l'opposition (des exemples ?) et tombent dans le conformisme économique aussitôt qu'ils sont au pouvoir (ça peut se discuter, non ?). Le postulat parait bien rapide et affirmer sans nuance, asséner, n'a jamais fait une vérité collective - mais est-ce bien à tous les socialistes qu'on s'adresse ici ?


Question 2 : Le socialisme ne peut pas se contenter d'aménager le capitalisme financier à la marge : comment produire et répartir autrement la richesse ?

Là encore, j'ai du mal à comprendre la question.

Pourquoi parler de richesse puisqu'il s'agit, ici en particulier, de la répartition des profits des grandes entreprises cotées en bourse et donc soumis au capitalisme financier dont on parle dans le cadrage de la question ?

Et que veut dire produire autrement la richesse ? Autrement qu'en levant des capitaux en bourse ? Soit et on serait alors là dans une réelle et ambitieuse rupture... mais je doute que cela soit de cela qu'il s'agit ici. Je devine qu'on parle plutôt de s'affranchir des critères de gestion des entreprises purement financiers, de cette recherche obsessionnelle de rentabilité financière, dictat fait aux entreprises par les grands actionnaires au mépris d'un développement harmonieux et respectueux de la valeur humaine des entreprises et du cout social des licenciements, le dictat notamment d'une politique salariale ultra restrictive.

Aussi posons cette question 2 de la manière suivante : Le socialisme ne peut pas se contenter d'aménager le capitalisme financier à la marge : comment rompre avec des critères de rentabilité purement financiers dictés par les gros actionnaires et répartir plus justement les profits des grandes entreprises ?


Question 3 : Que reprendre des modèles progressistes des autres pays et que rejeter ?

Alors là, le flou devient artistique. Essayez juste de faire un début de réponse à la question... C'est en réalité le type même d'une problématique transversal et qui ne peut être distinguer du tout. Pour élaborer un modèle progressiste français cohérent, il sera nécessaire, sur l'ensemble des sujets, de recourir à une veille internationale afin de s'inspirer de ce qui a été mis en place ailleurs, de ce qui a réussi et de cce qui a échoué.

Aussi, je proposerais bien de supprimer la question 3... voire de reformuler toutes les questions afin d'en tenir compte. Pour les questions 1 et 2 (mais l'opération pourra très probablement s'appliquer aux autres questions) cela donnerait, en tenant compte de mes reformulations déjà proposées par ailleurs :

1- Les socialistes ont la charge de proposer aux français un projet économiques réellement alternatif et ambitieux, tout en s'assurant de sa cohérence avec les réalités du monde, lequel ? Que reprendre des modèles économiques des autres pays et que rejeter ?

2- Le socialisme ne peut pas se contenter d'aménager le capitalisme financier à la marge : comment rompre avec des critères de rentabilité purement financiers dictés par les gros actionnaires et répartir plus justement les profits des grandes entreprises ? Que reprendre des modèles financiers des autres pays et que rejeter ?


Question 6 : Comment rompre avec la redistribution passive et bureaucratique comme principal moyen de s’attaquer aux injustices sociales ?

Ecrire "rompre avec la redistribution passive et bureaucratique" est déjà une manière d'orienter le débat, de ne pas laisser la question ouverte.

C'est là un postulat socialiste, la redistribution serait par essence passive et bureaucratique ? L'impôt - principale source de redistribution - serait passif et bureaucratique ?

Comment peut-on laisser supposer qu'une aide apportée, une allocation distribuée à un foyer modeste serait passive ? Par le fait même qu'elle produit un supplément de pouvoir d'achat, aussitôt dépensé, elle contribue activement à faire tourner la grande machine "économie".

Est-ce le rôle de la gauche de donner du grain à moudre au sarkozisme triomphant en contribuant à laisser penser que l'abus d'allocations et la fraude est la règle ?

On voit bien ce qui transparait derrière cette question : la solidarité à la sauce donnant-donnant - si la société consent à t'aider, comment l'aideras-tu en retour ? Autre manière de dire qu'il serait possible d'être socialement inutile. Autre manière de laisser penser qu'on pourrait vivre suffisamment bien des allocations pour s'en contenter et ne pas chercher un travail.

Ainsi, il serait utile de reprendre les choses plus en amont - s'il s'agit bien ici de faire contribuer l'ensemble des socialistes - en portant la réflexion sur notre conception collective de la solidarité nationale et de la redistribution.




L’initiative en dix questions de Ségolène Royal soulève, d'abord, de vraies questions de forme, notamment concernant celle de la transparence, auxquelles des réponses concrètes permettraient aux socialistes d’aborder leur congrès sur le terrain du débat de fond et des idées, donc de réaliser un congrès à même de donner enfin une consistance au Parti Socialiste, à son rôle d’opposant et à son ambition de conquête du pouvoir sur la base d’un projet de transformation sociale ambitieux, réaliste et innovant. Faute de cela, ne resterait de cette initiative qu’une manœuvre politicienne de plus.



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Le gros mensonge de Xavier Darcos

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Réforme de l'Etat (RGPP) et Rigueur


Vous avez dit Rigueur ?


des économies à la tronçonneuse
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Les choses sont aujourd'hui très claires : d'un côté, le gouvernement Sarkozy-Fillon dépense généreusement 15 milliards d'euros par an pour réduire la pression fiscale sur les français les plus riches, de l'autre - mais seulement une fois les échéances électorales passées - 7 milliards (et ce n'est qu'un début) d'économies annuelles sont imposés aux services de l'Etat et qui pénaliseront en priorité les foyers les plus modestes - lesquels auront plus de mal à se loger, plus de mal à se soigner, plus de mal à permettre à leurs enfants de prendre l'ascenseur social en bénéficiant d'un enseignement de qualité, plus de mal à vivre...

Disons-le plus clairement encore, Sarkozy impose à la France ce que Ronald Reagan et Margaret Thatcher ont imposé respectivement aux Etat-Unis et à la Grande-Bretagne, ... il y a vingt-cinq ans ! Il s'agit de cette stratégie sournoise mise au point par les idéologues du libéralisme visant à un désengagement brutal de l'Etat dans les services publics, le rendant inefficace et justifiant dans un second temps d'en confier la responsabilité au secteur marchand. De manière imagée, la stratégie revient à inoculer la rage à son chien afin de justifier qu'on soit obligé de l'abattre. Sans moyens, la dégradation de la qualité de l'enseignement dans les écoles publiques justifiera qu'on ouvre toujours plus d'écoles privées ; exsangues, les hôpitaux seront de plus en plus dans l'incapacité de remplir correctement leurs missions et un marché s'ouvrira pour les cliniques privés ; etc...

Le résultat est connu : privatisation de l'école et de l'université, privatisation de la recherche, privatisation de l'assurance maladie, privatisation du régime de retraites, privatisation de l'assurance chômage, politique culturelle remise entre les mains du système marchand, une justice à deux vitesses ne permettant pas aux pauvres de faire valoir leurs droits, etc... Ceux qui pourront payés bénéficieront encore d'une éducation de qualité pour leurs enfants, pourront se soigner dans des cliniques privés bien équipés et auront la vie facile, tandis que pour les autres tout sera plus difficile dans une vie où le moindre accident de santé risquera de tourner au drame économique, et où les enfants iront s'agglutiner dans des établissements scolaires aux classes surchargées dans lesquelles des profs dépassés tenteront en vain d'enseigner qu'il fût un temps où l'égalité des chances était un objectif pour lequel il valait la peine de se battre.

C'est vers une telle société qu'à grands pas nous nous dirigeons... et ce alors même que dix à quinze années furent ensuite nécessaires aux Etats-Unis comme à la Grande Bretagne - Bill Clinton ici et Tony Blair là - pour réparer un peu des immenses dégâts causés par une politique de démolition systématique et aveugle de l'Etat, une politique sans fondement économique sinon l'intérêt du portefeuille de quelques-uns, cette marque de l'imbécillité profonde de l'idéologie libérale.

Ils disent "réformer l'Etat"... quand il ne s'agit en réalité que de l'abandon de ses missions fondamentales. Pour cette droite idéologue, la réforme équivaut purement et simplement à moins d'Etat... quand une autre voie serait le mieux : dépenser moins pour dépenser mieux, réformer pour plus d'efficacité, réformer plutôt que déformer.



On parle de : Réforme de l'Etat (RGPP) et Rigueur



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Sarkozy et la guerre perdue en Afghanistan


Cette interview de Emmanuel Todd par Marianne2 est une perle : l'homme est intelligent, la pensée est forte, le ton est cinglant et les mots sont justes. Non seulement c'est un régal à lire, mais on en ressort enrichi et convaincu que, finalement, tant qu'il y aura de l'intelligence, il restera de l'espoir. Bref, c'est à une lecture riche et saine que je vous convie. C'est court et ça en vaut la peine...




«Si la France devient le caniche des USA, elle disparaîtra» - Emmanuel Todd

- Repris de Marianne2 -


Selon Emmanuel Todd, le renforcement des troupes françaises en Afghanistan est une erreur diplomatique et stratégique, et dessine les contours d'une idéologie extrême-droitière à l'échelle mondiale.

Au Sommet de l'Otan, mercredi 2 avril, George Bush s'est dit «très heureux» du soutien de la France en Afghanistan. Mais la veille, à l'Assemblée, la première grande décision stratégique de Nicolas Sarkozy de renforcer les contingents français engagés dans le conflit afghan mettait le feu aux poudres. Les socialistes, de François Hollande à Lionel Jospin, d'Hubert Vérine à Ségolène Royal, s'opposent unanimement à une politique d'alignement sur les Etats-Unis. Ils mettent en avant l'enlisement du conflit afghan, son coût humain et dénoncent le «tournant atlantiste» de la politique française. Pour l'historien et démographe Emmanuel Todd, les dangers de cette politique sont encore plus graves. L'auteur de Après l'empire juge que cette partie est perdue d'avance et qu'elle participe d'une idéologie extrême-droitière naissante.


la guerre de Sarkozy
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Marianne2.fr : Le renforcement des troupes en Afghanistan vous paraît-il justifié ?
Emmanuel Todd :
Je peux tout imaginer de Nicolas Sarkozy, même qu'il ne sache pas où est l'Afghanistan. Mais je ne peux pas imaginer que les gens qui l'entourent ignorent ce que tout le monde anglo-saxon sait, à savoir que cette guerre est perdue.

Pour vous, cette guerre est sans espoir ?
E.Todd :
L'organisation sociale des Pachtounes est faite pour la guerre, tout comme celle des clans somaliens : la guerre est l'état normal de ces sociétés, ce n'est donc pas un problème dans la durée. A partir du moment où les belligérants sont alimentés par des fournitures d'armes régulières venant de l'extérieur, il est évident que ces système sociaux vont venir à bout de quelques milliers d'hommes venus de loin et difficilement approvisionnés. On peut se demander, à la limite, si ça va se terminer par un Dien-Bien-Phû ou par un retrait paisible.

Du point de vue du gouvernement, il semble pourtant qu'il y ait des enjeux à ce conflit…
E.Todd :
Pourquoi ceux qui nous gouvernent veulent-ils participer à une guerre perdue ? Voilà la vraie question. Et là, comme dans les débats sur la réintégration pleine et entière de la France à l'Otan, on touche au symbolique. Cette manœuvre a pour objectif de réaffirmer un lien avec l'Amérique. Je n'appellerai pas ça du néo-atlantisme. L'atlantisme était le lien de l'Europe occidentale avec les Etats-Unis à une époque où ils portaient les valeurs démocratiques face au totalitarisme soviétique. Ce n'était pas du goût des gaullistes, mais dans le contexte, cela pouvait se justifier. Aujourd'hui, l'Amérique est le pays du fric, du néo-libéralisme et des inégalités. Et ce qui se profile derrière cette nouvelle association, c'est de l'occidentalisme. C'est un lien fondé sur une nouvelle idéologie, une idéologie qui se construit dans le conflit avec l'islamisme.

Mais la France n'a-t-elle pas intérêt, pour des raisons de politique «réaliste», à s'associer avec les Etats-Unis plutôt que de rester repliée sur elle-même ?
E.Todd :
La France n'a pas les moyens de s'engager en Afghanistan, c'est déjà un objectif démesuré pour les Etats-Unis. La France est une puissance moyenne et l'Amérique une puissance déclinante. Paris existait terriblement à l'époque de Villepin : après son discours à l'ONU contre l'engagement de la France en Irak, nous rayonnions! Mais sous Nicolas Sarkozy, il arrive à la France ce qui est advenu de l'Angleterre sous Tony Blair : si l'on devient le caniche des Etats-Unis, on disparaît. Si on s'aligne, si on perd son indépendance, on disparaît. De Gaulle l'avait compris : la France n'existe à l'échelle mondiale, ne peut justifier son siège au conseil de sécurité de l'Onu et sa possession de l'arme nucléaire, que lorsqu'elle représente un acteur autonome. Le monde n'a rien à faire de la France de Sarkozy.

La lutte contre le terrorisme légitime aussi l'engagement du gouvernement dans ce conflit.
E.Todd :
Les occidentalistes se pensent en situation de légitime défense. Le terrorisme existe, il devrait être contré par le contre-espionnage et par des forces policières, mais sûrement pas par des guerres à l'étranger. La première attaque contre l'Afghanistan était légitime, il s'agissait de déloger Ben Laden ; d'ailleurs, les Russes nous y avaient aidé. Mais l'irakisation de l'Afghanistan participe d'une agression du monde musulman par le monde occidental. L'occidentalisme est une doctrine d'extrême droite en émergence. La France va être du côté du mal : en exposant des troupes françaises et en participant aux bombardements de la population civile afghane. Et, grâce à Sarkozy, nous risquons même ce qu'ont subi la Grande-Bretagne et l'Espagne à la suite de la guerre en Irak.

Vous parlez des attentats de Londres et de Madrid qui ont eu lieu suite à l'engagement de nos voisins en Irak. Mais là, il ne s'agit que d'envoyer quelques centaines d'hommes dans un pays où la France a déjà des troupes…
E.Todd :
Mais justement ! Rappeler leur faible nombre, comme le fait le gouvernement, c'est avouer qu'il s'agit bien d'une action symbolique ! Les quelques bateaux qu'on va mettre dans le golfe persique vont faire rire les Iraniens. Mais nous nous positionnons dans une construction idéologique, contre le monde musulman. Cette posture est d'ailleurs très cohérente avec le sarkozysme en politique intérieure.

Vous pensez que Nicolas Sarkozy est dans une logique de guerre avec le monde musulman ?
E.Todd :
Ce qui a fait son succès dès le premier tour de l'élection présidentielle, c'est le ralliement d'une partie des électeurs du Front national. Il a pu avoir lieu à cause des émeutes en banlieues, qui ont été un facteur de traumatisme. Mais c'est Sarkozy, ministre de l'Intérieur, qui a provoqué cet évènement. Dans la logique du sarkozysme, il y a la combinaison d'une incapacité à affronter les vrais problèmes et à désigner des boucs émissaires. C'est classique : quand une société est en crise, elle a le choix entre résoudre ses problèmes économiques et ses pathologies sociales, ou créer des bouc-émissaires. Sarkozy recherche toujours un ennemi, il est dans l'agression. Cela s'observe même dans son comportement ordinaire avec les habitants de banlieue ou les marins pêcheurs.

En s'impliquant plus en Afghanistan, la France participe donc à déclencher un clash des civilisations?
E.Todd :
L'analyse d'Huntington sur le clash des civilisations est fausse, mais un gouvernement peut essayer de la rendre vraie. Je pense que les gens qui nous gouvernent seront tenus pour responsables de ce qu'ils font. La guerre, c'est la pédagogie du mal. Les peuples en paix pensent sainement. On entre parfois en guerre pour de bonnes raisons, mais peu à peu, on glisse insensiblement dans la violence pour la violence. C'est ce qui aurait pu arriver en Espagne, si les Espagnols avaient mal réagi aux attentats : ils auraient pu s'enfoncer dans le conflit des civilisations. Je crois que cette stratégie conflictuelle va échouer aussi en France. La recherche de bouc-émissaires, l'émergence d'une idéologie islamophobe et hostile aux enfants d'immigrés… ce n'est pas dans la nature de la France. Au final, les Français préfèrent toujours décapiter les nobles que les étrangers.

Jeudi 03 Avril 2008
Anna Borrel


les caisses sont vides
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On parle de : Sarkozy et la guerre perdue en Afghanistan



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Education nationale : investir moins pour économiser plus


Le bon grain et la mauvaise graine


Il faut réduire la dette ! L'intention est louable, et l'objectif même impératif. Il n'est cependant pas interdit de remettre en cause la logique purement budgétaire d'un gouvernement qui a donc résolu de faire des économies sur le dos, entre autres, de l'Education Nationale, en supprimant dès cette année de 11 200 postes de professeurs - mais ce n'est qu'un début, le pire restant à venir avec un objectif affiché de 80 000 postes supprimés en 4 ans !

Pour Messieurs Sarkozy et Fillon, les choses sont simples : puisqu'il faut faire des économies, supprimons un maximum de postes d'enseignants dans les collèges et lycées de France, fut-ce au prix d'une dégradation sans précédent des conditions de travail des enseignants comme des élèves, donc de la qualité des enseignements dispensés, et donc des chances de réussite scolaire pour tous les enfants - et en particulier, c'est une évidence, pour les plus fragiles d'entre eux, ceux qui connaissent déjà les plus grandes difficultés. Une logique purement budgétaire au prix d'une insulte à l'avenir du pays, à son économie mais aussi, plus directement, à son intelligence. L'avenir de nos enfants, leurs chances de réussite scolaire, ne sont plus désormais considérés comme un investissement productif de richesses, mais bien comme une variable d'ajustement budgétaire parmi d'autres.

Nous sommes dans la situation aberrante où un agriculteur, contraint de faire des économies, prendrait la décision suicidaire de réduire les semences, se condamnant inévitablement à des récoltes moindres, ce qui aurait pour effet certain d'accroître d'autant ses difficultés financières. Semer, l'agriculteur le sait bien, c'est investir, c'est-à-dire préparer aujourd'hui les richesses de demain. Nos enfants sont les richesses de demain. Les cultiver, c'est-à-dire en l'occurrence les préparer à demain, telle est la mission essentielle de l'école. Il est atterrant de constater à quel point nos gouvernants actuels semblent avoir perdu confiance en nos propres enfants au point de les sacrifier sur l'autel idéologique de l'orthodoxie budgétaire.

Non, pas tous les enfants. Ces responsables politiques, actuellement au pouvoir, ont très clairement choisi de séparer le bon grain... de la mauvaise graine. Le bon grain, ce sont ces enfants qui ont reçu en héritage la chance de pouvoir mener à bien une scolarité quelques soient les conditions d'enseignement qu'ils ont à affronter à l'école, y compris dans des classes surchargées, y compris face à tel ou tel enseignant dont les conditions de travail et le niveau de reconnaissance sociale ne lui permettent plus d'assurer correctement sa mission. D'ailleurs celui-là, cet enfant privilégié, suivra généralement une scolarité dans des établissements successifs situés bien à l'abri des problèmes supplémentaires que posent à un enseignant, et finalement à une classe toute entière, la présence nombreuse d'élèves en très grandes difficultés scolaires et/ou sociales (les deux étant généralement étroitement liés). La mauvaise graine, ce sont tous les autres pour qui la notion d'égalité des chances devient chaque jour davantage, et plus particulièrement chaque fois qu'on décide d'investir moins dans l'école de la République, chaque fois qu'on cesse un peu plus de croire en eux, une notion bien vaine face à des choix politiques qui ne peuvent être vécue autrement que comme un abandon, une exclusion supplémentaire.

Ce gouvernement, fidèle à une idéologie libérale archaïque, a fait le choix économiquement aberrant d'investir moins pour économiser plus, quand au contraire - parce que l'économie a des invariants simples - il est impératif, y compris face à cet objectif majeur de réduction de la dette, d'investir plus aujourd'hui pour gagner plus demain.



On parle de : Education nationale : investir moins pour économiser plus



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Ni "Tout sauf Ségolène", ni "Royal sinon rien"


Sur la Plage du Village - un lieu que je vous recommande car il y fait bon vivre et débattre -, le maître des lieux a commis un excellent billet, tout en finesse et en pertinence. Si à ce billet il fallait adjoindre une morale sur laquelle bien des socialistes pourraient méditer, elle serait selon moi la suivante :


Il ne s'agit pas d'écarter Ségolène Royal.

Il s'agit de ne pas s'empresser d'écarter tous les autres !


Je ne résiste pas au plaisir de reproduire ici le billet de cet ami de là-bas, le héron Gris :



Et maintenant ...


La victoire en pleurant.

Après la défaite en chantant, voici la victoire en pleurant. Faut-il avoir peur d’une victoire électorale, obtenue par une gauche presque authentique, au motif qu’elle ne s’inscrit pas dans la ligne prophétique de la gauche dite moderne ? Certes, maintenant que l’œuvre est accomplie, d’aucuns ne se priveront pas pour attribuer cette réussite à l’heureuse conjonction du Ségo-tour-opérator, dont la tournée s’acheva à Aix-en-Provence, avec les frasques élyséennes. En somme, après le sourire de la défaite, la grimace d’une victoire aux redoutables effets pervers. Pour mieux comprendre, il faut se souvenir d’un fameux Conseil National du PS où il fut décidé, par un collège d’abominables apparatchiks incompétents, de traiter séquentiellement les élections locales et le Congrès. A l’époque, on entendit parler de déni de démocratie et de stupidité politique par les fondus de la refonte pour qui le PS ne pourrait plus gagner une seule élection avant de s’être équipé d’un leader, ou plus précisément d’une « leadeure ». Aujourd’hui, les choses ont un peu changé car le premier objectif du futur chef n’est plus de préparer la victoire mais de la récupérer, ce qui est tout de même plus facile.


Une élection qui retombe en pluie fine.

Trêve de polémique stérile, venons-en aux retombées positives des ces élections municipales et cantonales. Tout d’abord, il convient de resituer le contexte. La droite dure, après avoir gagné largement la présidentielle et les législatives a entrepris la démolition, pour ne pas dire l’éradication, de la gauche. Ainsi, l’opération « vide grenier » du PS visait à laisser croire au bon peuple de France que les clivages politiques étaient archaïques et qu’en installant un homme providentiel à l’Elysée, toute idée d’alternance devenait obsolète tant l’esprit d’ouverture du Président appelait une nouvelle pratique politique où tout est dans tout et réciproquement. De maroquins en commissions, l’école bessonnière connut alors son heure de gloire au point que les rapports furent écrits en Attalique, cette écriture qui penche singulièrement à droite. Aux dires des médias et des nouveaux apparatchiks de la gauche moderne, le PS était à l’agonie, au bord de l’explosion implosive, incapable d’aller au combat. Dans un tel contexte, avec un PS archaïque, sans leader, sans projet et sans vision, seule une victoire aux élections locales, suffisamment ample pour revêtir une signification nationale, pouvait induire un peu de réalisme et d’équité dans un discours ambiant qui mêlait bizarrement les intérêts de la droite avec ceux d’une certaine gauche. Aussi, si la vague rose a eu pour premier effet de noyer l’utopie dangereuse de la pseudo ouverture, elle a également causé quelques dommages collatéraux auprès des nouveaux visionnaires qui, à gauche, se tenaient tellement près de la droite qu’ils n’ont pas vu arriver la vague.


La métamorphose des godillots.

La remise aux normes du paysage politique français devrait quelque peu changer la donne dans le processus dit de rénovation du PS, non pas en le ralentissant, mais en replaçant les différents acteurs au plus près de la vie politique réelle du pays. En France, la présidentialisation du régime résultant de la mise en œuvre du quinquennat aggravée par la synchronisation des scrutins présidentiel et législatif dans un paquet électoral de type « deux en un », a provoqué la transformation des partis politiques en une sorte de « fan club » entièrement dévoués à la gloire de leur star. Ainsi, l’UMP et l’UDF/modem succombèrent à cette tendance, avec des fortunes diverses, pendant que le PS, sous l’impulsion de quelques éléphants indociles, résistait tant bien que mal au phénomène de mode. Or, dans un parti politique, si les sympathisants aspirent rarement à exercer une quelconque responsabilité politique, il n’en va pas de même pour les militants qui souhaitent généralement s’impliquer, non seulement dans la vie du parti, mais également dans des fonctions électives. De ce point de vue, la décentralisation a permis de créer un nombre considérable de mandats dans les différentes collectivités locales notamment aux niveaux des régions, des départements, des communes et de l’inter-communalité. De fait, c’est cet ensemble de mandats électifs qui innerve, en profondeur, la vie politique française au plus près des citoyens et des réalités. Finalement, dans un parti politique, la proportion des adhérents motivés par l’attrait d’un destin national, voire un maroquin ou, pourquoi pas, l’Elysée est relativement faible au regard de ceux qui préfèrent limiter leur ambition aux confins de leur département. Qui plus est, l’accès aux responsabilités nationales requiert, le plus souvent, une bonne implantation locale en guise de tremplin. En conséquence, il ne faut pas minimiser les retombées indirectes que pourraient avoir les dernières élections locales au niveau du fonctionnement des partis politiques. En effet, les milliers d’élus UMP qui vont se retrouver sur le carreau alors qu’ils pensaient être les maîtres du pays par la grâce d’un Dieu omnipotent, auront de quoi méditer sur la métamorphose des godillots en groupies. A l’inverse, les heureux élus d’une gauche « ringarde » que l’on disait exsangue et sans avenir seront peut être moins disposés à adhérer, sans la moindre réserve, au discours convenu d’une rénovation opportuniste et creuse mise au service exclusif d’un improbable destin personnel.


Rien de neuf dans la rénovation.

La question de la rénovation du PS est réglée depuis 1983 après que François Mitterrand eut compris qu’un programme de gouvernement n’était pas forcément soluble dans la doctrine du Parti. Aujourd’hui, l’évolution du capitalisme, la mondialisation et le libéralisme débridé constituent autant de défis que la gauche devra affronter si elle revient aux affaires au plan national. Le rabougrissement des prérogatives du pouvoir politique national au profit des pouvoirs économique, financier et européen, pose d’emblée le problème de la marge de manœuvre d’un gouvernement de gauche. Dès lors, la seule question qui se pose vraiment est celle du découplage entre la doctrine et le programme de gouvernement. Sauf, bien évidemment, à penser que la doctrine est un concept obsolète en réduisant le rôle d’un parti politique de gauche à l’élaboration d’un programme, ou d’un pacte, présidentiel. Si d’aventure le PS tombait dans ce travers, il s’en trouverait alors réduit à exercer une fonction d’écurie (s) présidentielle (s).


Il est urgent de désigner un maillot jaune.

La question récurrente du leadership s’inscrit également dans la démarche de désintégration d’une pensée politique qui deviendrait un obstacle dans le processus de conquête du pouvoir pour le pouvoir. Du reste, au même titre que la rénovation, la question du leadership au PS, même si elle est incontournable du fait de nos institutions, demeure superfétatoire dans la mesure où personne aujourd’hui n’est apte à assumer ce rôle faute de consensus. De toute façon, par définition, un leader ne se désigne pas, il doit s’imposer de lui-même. Force est de constater que nul n’y est encore parvenu au PS et l’idée même de substituer une procédure de désignation à l’émergence naturelle d’une personnalité porte en elle le germe de l’échec. Pour preuve, c’est précisément ce qu’a connu le PS à deux reprises dans un passé récent. Tout d’abord à l’occasion du référendum sur le TCE, pour lequel François Hollande a cru naïvement qu’il suffisait d’obtenir un vote majoritaire des adhérents, en l’occurrence à hauteur de 60%, pour entraîner le parti, comme un seul homme, sur la voie qu’il jugeait être la bonne avec le résultat que l’on sait. Ensuite, il y eu la désignation de la candidate à l’élection présidentielle, là aussi avec un score de 60% des adhérents, qui n’a pourtant pas permis d’entraîner l’ensemble du Parti, comme une seule femme, sur la voie de la victoire. Jamais deux sans trois ?


Impatience et longueur de temps.

Est-il vraiment bien raisonnable de vouloir mettre 2012 en musique dès aujourd’hui en proposant aux français un programme, qui sera forcément dépassé dans quatre ans, assorti d’une candidate qui n’a pas encore réussi à convaincre son propre camp, alors que ce dernier l’avait mise en situation très favorable pour le faire, quoi que puissent en dire les nouveaux apparatchiks du PS ? Alors, pour évacuer la redoutable question du chef, certains avancent une thèse, que l’on pourrait présenter à la manière de Brassens, selon laquelle : « tout est bon chez elle, y a rien à jeter … sur l’île déserte il faut tout emporter ». Voici une bien curieuse façon d’apprécier les qualités d’une postulante en évaluant son profil par comparaison au néant. Tout d’abord, si il est indéniable qu’il y a du bon chez elle, tout est loin d’être parfait et il reste encore bien des choses à jeter ou, pour le moins, à améliorer. Quant au néant, si tel était le cas, cela serait dramatique pour celle qui ne parviendrait même pas à s’imposer dans un univers exempt de toute concurrence. Par ailleurs, décrire le PS comme une île déserte, n’est certainement pas la meilleure manière de promouvoir la gauche et de préparer son retour à la tête du pays. Les talents et les compétences existent à gauche, ne les méprisons pas en cédant, un fois encore, à la dictature des sondages. Du reste, selon une récente mouture sondagière, Ségolène Royal recueillerait 45% d’avis favorables de la part des sympathisants du PS pour le poste de Première Secrétaire du Parti. Quand on sait que les 60% de l’investiture pour la présidentielle ne permirent pas de créer l’osmose, qu’en serait-t-il d’une désignation de type « deux en un » puisqu’elle cumulerait, de fait, la direction du PS et l’investiture pour 2012, sur la base d’une majorité on ne peut plus relative ? Enfin, alors que le pays vient d’offrir une superbe veste au locataire de l’Elysée qui s’était fait tailler un costume sur mesure dans un tissu d’omnipotence et de people, pourquoi le PS devrait-il, par mimétisme ou par cupidité, reproduire un modèle similaire en confectionnant, à son tour, une opposition monothéiste couchée sur papier glacé ?


Le plus dur est avenir.

En votant majoritairement à gauche à l’occasion des dernières élections municipales et cantonales, les Français ont fait savoir qu’ils pouvaient encore faire confiance à des femmes et à des hommes de gauche pour gérer les affaires de la cité. Le principal mérite en revient, bien évidemment, à celles et à ceux qui, partout en France, ont dépensé sans compter leur énergie et leur talent pour conquérir les mairies et les cantons. Pour autant, si cette victoire montre que tout reste possible, elle ne doit pas constituer une invitation à l’immobilisme et à l’auto satisfaction. Il reste à la Gauche beaucoup à faire pour convaincre les Français qu’une autre politique est possible pour le pays. Si un tel travail exige un minimum d’ordre et de rigueur, sa réalisation ne saurait passer par la voie hiérarchique ou divine, pas plus que par le centralisme démocratique. Il convient d’engager, du moins dans un premier temps, une démarche collective élargie associant tous les talents et toutes les énergies disponibles pour définir, sans dogmatisme mais non sans pensée politique, un projet réaliste adossé, dans la mesure du possible, à une vision alternative du monde qui ne céderait pas à cette lancinante pensée unique qui tend à faire croire que nous serions arrivés à la fin de l’histoire.


Billet du héron Gris, sur la Plage du Village



En se donnant à Ségolène Royal, le PS s'enfermerait dans une "candidature naturelle" et la jolie geolière aurait alors beau jeu de ne laisser s'épanouir aucune autre possibilité. Or 2012 est loin encore, beaucoup peut se passer d'ici là et nul aujourd'hui ne peut prétendre avoir de certitude objective quant à la bonne candidature socialiste en 2012. Les talents sont nombreux au PS que la lumière médiatique n'inonde pas encore. La vie démocratique a pour objet de leur permettre de s'épanouir et de devenir, plutôt que de les étouffer.

Rappelons qu'un an avant les présidentielles de 2007, Ségolène Royal était elle-même de ses personnalités d'arrière-plan médiatique, c'est-à-dire qu'elle n'était pas alors en situation de présidentiable (pas plus que ne l'était Barack Obama, il y a un an aux Etats-Unis). C'est précisément la non présidentialisation des structures du PS, cette absence d'une figure écrasante, candidat naturel supposé, qui a permis l'avènement de sa candidature. Avoir soi-même passé une porte pour aussitôt s'évertuer à la la verrouiller derrière soi relèverait de la manœuvre politicienne au service d'une ambition exclusivement personnelle. Car, que l'on se rassure, quoi qu'il advienne Ségolène Royal est et restera sur le devant de la scène politique française - telle est désormais la place que lui accorde son statut d'ancienne candidate.

Or donc, c'est une évidence, tel est pourtant l'objet aujourd'hui de la candidature de Ségolène Royal à la tête du Parti Socialiste : ne pas avoir partager le devant de la scène, s'empresser donc d'écarter tous les autres et interdire la potentialité de l'avènement de l'un quelconque d'entre eux, rival pour elle indésirable mais qui pourrait bien s'avérer salvateur pour la gauche. Les militants socialistes feraient fausse route s'il venait à verser dans cette facilité qui correspondrait à insulter inutilement l'avenir.



On parle de : Ni "Tout sauf Ségolène", ni "Royal sinon rien"



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Allez belle Marseille ! - la gauche te va si bien...


Elections Municipales
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La grande peur de la droite


Edito de Nicolas Domenach, dans Marianne2

Il ne faut pas croire tout ce qu'on vous raconte ni tout ce qu'on vous montre. La droite fait belle figure et beaux mots, mais elle a peur. Peur d'une lourde, d'une très lourde défaite aux municipales et aux cantonales. Pourtant, elle a bien gagné une bataille, une bataille de « com » et de manière écrasante.

Au soir du premier tour en effet, l'Elysée a parfaitement cadré tous les intervenants de tous les plateaux télé, alors que les leaders PS intervenaient en ordre et en pensée dispersés. Chaque orateur UMP a reçu son SMS précisant les messages à faire passer et qui furent ensuite débités à tous les micros. « C'était une élection locale. Il n'y a pas eu de vague de gauche. » La preuve : « le nombre de ministres, 14, réélus au premier tour et la bonne performance des porte-parole de l'UMP, ce qui prouvait un soutien à la politique du gouvernement ! » Il y avait des contradictions évidentes dans ces propos ou même avec les faits. Puisque la gauche enregistrait une poussée nationale, et devançait l'UMP, puisque le Modem, sur une ligne d'opposition au sarkozysme, réussissait de bien meilleurs résultats que la moyenne nationale qu'on lui prêtait (en fait 7 % là où il se présentait) puisque, à part Laurent Wauquiez, le porte-parole du gouvernement, qui l'emportait dans une ville, Le Puy, qui avait voté Ségolène Royal, les succès des autres membres du gouvernement comme Eric Woerth à Chantilly, ville crème fouettée sucrée pour la droite ou même comme Luc Chatel à Chaumont, cité qui avait voté à 53 % pour Sarkozy, tous ces résultats positifs étaient attendus mais masquaient un recul d'ensemble de la droite et de nombreux échecs « exemplaires ».

Ainsi, Nadine Morano, la porte-parole de l'UMP, a-t-elle été largement devancée à Toul. Ainsi Lyon et Rouen ont été des sanctions sévères pour la majorité. Et, à la vérité, quand vous parlez en off avec les responsables UMP et les ministres, ils ne sont pas du tout rassurés, mais alors pas du tout, pour le second tour même si l'Elysée fait circuler des projections bonnes pour le moral. Selon leurs calculs en effet, la majorité devrait conserver la majorité des villes de plus de 20 000 habitants : 205 contre 192… Il faudrait simplement pour y parvenir que chacun continue de faire son boulot, comme cela a été calé. Au Premier ministre, la tambouille partisane, au président de la République les grandes interventions comme à Toulon où il agissait en reprenant le thème de l'immigration et de l'identité nationale de rabattre l'électorat abstentionniste de droite, de se montrer tout de même un peu plus mobilisateur donc pour endiguer cette vague d'opposition qui n'existe pas officiellement mais dont chacun en off concède non seulement l'existence mais une « ampleur inquiétante ».

Le secrétaire général de l'UMP, Patrick Devedjian, a lui-même, en parlant de « petite défaite », fait quelque concession à la réalité et à ces candidats qui s'angoissent du peu d'effet mobilisateur qu'entraîne le déni de réalité justement. « Si nous répétons que l'enjeu est uniquement local, se plaignent-ils, si nous ne dramatisons pas contre la gauche qui revient, nous allons prendre une vraie claque », avertissent non seulement les jeunes élus mais aussi les ministres plus chevronnés. Jean-François Copé avait trouvé, croient-ils, un bon argument de campagne en dénonçant à l'avance la TVA municipale, dont les socialistes seraient porteurs. Mais il faudrait aller plus loin, taper plus fort, sonner la mobilisation générale… Ce à quoi se refuse l'Elysée car dramatiser outrageusement serait outrager le président ; cela reviendrait à reconnaître un vote sanction qu'on dément par ailleurs…

Il faut simplement se préparer à bien vendre la défaite au second tour, à l'habiller, à la banaliser, à la dépasser, à rebondir immédiatement. Comme l'a montré le premier tour, les sarkozystes conservent une force de frappe médiatique incomparable. Ils se préparent à l'utiliser massivement, et pensent pouvoir « souffler » ce revers électoral. A condition de ne pas perdre Marseille. Là est l'angoisse suprême. « Il faut que Jean-Claude Gaudin tienne », répète-t-on à l'Elysée. Certes les chutes de Strasbourg, ou même de Reims ou de Toulouse feraient mal mais leur chute est quasi déjà actée dans l'opinion. Alors que si Marseille passait à gauche, ce serait le désordre, la France en dissidence, le sarkozysme désavoué. Or les derniers sondages donnent les scores serrés, très serrés. C'est chaud, très chaud dans la cité phocéenne et on transpire à l'Elysée.


Sarkozy : le sauve-qui-peut
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On parle de : Allez belle Marseille !



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Le tout petit président d'une démocratie sans grandeur


Une démocratie qui a oublié que les mots sont tout


La folie de Nicolas SarkozyNicolas Sarkozy a libéré la parole, les paroles, celle du jeune pêcheur comme celle du visiteur dégoûté du Salon. La grossièreté de l'une et de l'autre n'est que la conséquence de la volonté théorisée et affichée de tourner en dérision l'apparat intime qui exige réserve, modération et contrôle de soi pour pouvoir tout permettre, et se permettre. Les répliques du président s'inscrivent dans un espace qu'il a « déconstruit » et qui lui ressemble.

L'hostilité choquante du visiteur du Salon et le « pauvre con » de Nicolas Sarkozy révèlent, en dépit de leur contradiction apparente, la solidarité d'une société sans respect pour son chef et d'un chef sans considération pour ses concitoyens. Il y a là plus que l'amorce d'un processus qui risque de nous entraîner non plus vers la bienfaisante familiarité des pouvoirs scandinaves mais dans le cloaque d'une démocratie qui a oublié que les mots sont tout et d'abord le décor nécessaire à une relation républicaine, quoique antagoniste.

On aurait bien tort de rire de ces altercations dans la vie quotidienne et publique d'un chef d'Etat. C'est un peu de nous qui est insulté quand il est insulté. C'est un peu de nous qu'il insulte quand il insulte.

On peut craindre le pire devant l'expression de ces tensions aujourd'hui encore minimes. Elles sont inquiétantes comme les signes glaçants de la colère ponctuelle d'un pays qui ne se contente plus de ses exutoires légitimes et réguliers.

La démocratie, aussi, se niche dans les détails.


Par Frédéric Moreau
extrait de Marianne 2 : Les mots de trop d'un président sans piedestal

"Un président qui se livre aux altercations de bas étages, bien loin de faire rire, est le signe inquiétant d'une démocratie sans grandeur."


Casse-toi, pauvre con !
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On parle de : Un tout petit président



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La folie de Nicolas Sarkozy


Diabolisation ou lucidité ?


La folie de Nicolas SarkozySouvenez-vous, c'était il y a un peu moins d'un an. Le 18 mars 2007 à 19h30, peu avant le début de France Europe Express, l’émission animée par Christine Ockrent, le candidat de l’UMP aux présidentielles, Nicolas Sarkozy, perdait ses nerfs : "Personne n’est là pour m’accueillir. Toute cette direction il faut la virer. Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ça ne va pas tarder".

Patienter, lui ? Il ne pouvait en être question et celui qui allait devenir le tout petit président des français - ces pauvres cons, donc - piqua une de ses colères coutumières et hurla : "Je ne veux pas attendre plus longtemps, je veux me faire maquiller tout de suite". Essayant de le calmer, les journalistes lui expliquèrent qu’il devait attendre son tour vu qu’il n’y avait pas d’autre loge de maquillage. Nouveaux hurlements d’un Sarkozy déchaîné : "Mais enfin, il n’y a personne pour m’accueillir. La direction n’est pas là ? Ce n’est pas normal. Qu’est-ce qu’ils font ? Qui suis-je pour être traité ainsi ? " C’est vrai, quoi. Ce n’était déjà pas n’importe qui. C’était déjà Sa Majesté Nicolas Sarkozy, le grand homme avec qui tout allait devenir possible.

Ce fut alors un des nombreux épisodes de la campagne électorale au cours desquels les bloggueurs se déchainèrent et où leur fut fait en retour ce fameux procès en diabolisation.

Ainsi, on pouvait lire sur sarkononmerci.fr, sous le titre La douteuse stature d'un Homme d'Etat :

Ce genre d’anecdotes révélatrices du personnage, il y en a chaque semaine dans le Canard enchaîné, qui n’est pas qu’un "hebdomadaire satirique", comme on dit, mais surtout un journal extrêmement bien informé et qui ne fait de cadeau à aucun homme politique. Avant et après ses prestations médiatiques, Sarkozy pète quasi systématiquement les plombs et entre dans des fureurs noires pour un oui ou pour un non.

[...]

En tout cas il n’a pas "changé". En "off" (c’est-à-dire en "réalité") il est toujours aussi coléreux, impulsif, agité, agressif et irréfléchi. Ce n’est pas vraiment ce genre de "qualités" qu’on attend d’un homme qui aspire à la plus haute fonction à la tête de l’Etat. Il faut une certaine maîtrise de soi pour diriger un pays et par conséquent être susceptible d’avoir à gérer de graves crises qui demandent d’autres réactions que des crises de nerfs.

[...]

Etaient confirmées toutes les inquiétudes que l'on peut nourrir sur ce personnage quant à sa capacité à assumer la charge à laquelle il postule.

[...]

Etait cité une courte analyse psychiatrique :

Fou ? Encore faudrait-il définir la signification du terme.

En ce qui concerne N. Sarkozy, les choses semblent relativement claire pour le thérapeute que je suis.

Il présente les principales caractéristiques d’une névrose paranoïaque: très grande susceptibilité, ego surdéveloppé de façon pathologique, très grande méfiance envers autrui, jugement altéré, etc. La névrose peut se traiter par des séances de psychothérapie: analyse ou autres. Il est assez symptomatique que N. Sarkozy refuse tout débat avec ses concurrents, attaqué sur ses points psychologiquement faibles (ego, susceptibilité,etc), il pourrait craquer et montrer alors sa vraie personnalité. Je le crois assez intelligent pour s’en rendre compte. Cela dit, une névrose est un mal relativement bénin, qui n’a comme effet qu’un caractère assez désagréable pour l’entourage.

La psychose, en l’occurrence la paranoïa déclarée, c’est toute autre chose, c’est ce que le commun des mortels appelle la folie. C’est une maladie mentale grave, nécessitant, le plus souvent une hospitalisation ou, pour le moins, un traitement médicamenteux sérieux. Le tout doublé d’une approche psychothérapie classique.

Dans le cas de N. Sarkozy, nous n’en sommes qu’à une phase de névrose. Malheureusement, sous l’effet d’une brusque décompensation, un névrosé, qui est parvenu à un certain équilibre grâce à des béquilles psychiques, peut brutalement passer à la psychose, par exemple sous l’effet du stress. Peut-on prendre le risque de confier le bouton des armes nucléaires à un tel sujet ?

[...]

L'article concluait alors :

Oui, décidément, non seulement cet homme représente pour la France un danger de régression économique et social, mais également une menace sur les valeurs de la République et sur le rang international que la France se doit de tenir, non pas tant pour ce rang en lui-même, mais plutôt pour le rôle qu'il s'agit pour la France de jouer en Europe, et avec l'Europe, dans le Monde. Les enjeux planétaires sont considérables. Il est à craindre que l'ego surdimensionné et paranoïde de Nicolas Sarkozy puisse à l'occasion se révéler catastrophique.

Ainsi, moins d'un an plus tard, s'il ne s'agit toujours pas de beugler Sarko-Facho - approche bovine qui fut en réalité très minoritaire -, chaque jour semble devoir confirmer les craintes qui furent alors énoncées. Chaque jour, ou peu s'en faut, on comprend qu'au-delà de la seule dimension politique du sarkozisme, il y a un problème avec l'homme lui-même, avec son état psychologique qui justifie bien des inquiétudes quant à sa capacité à assumer le rôle et la tâche qui désormais lui incombent - mais s'en est-il seulement rendu compte ?

Cet homme ne supporte pas qu'on ne l'aime pas. Un homme refuse de lui serrer la main, il lui donne du "pauvre con". Que se passera-t-il lorsque le peuple descendra massivement dans la rue pour dire "Ça suffit ! Casse-toi !" ? Face à la rue et au désamour des français et à leur colère, saura-t-il réagir en homme censé et se comporter en démocrate ? Parviendra-t-il à conserver en situation de crise le sang-froid nécessaire ?

Et si une vague d'attentats terroristes venait à frapper notre pays ?

Le moins qu'on puisse dire est qu'on peut nourrir un sérieux doute.

Devant l'énormité de ce doute et des conséquences qu'il implique, le moins qu'on puisse faire est alors de dire ce doute.

Certains continueront de dire "diabolisation", "dramatisation" ou "manipulation". Pour ce qui me concerne, je dis "lucidité" et "vigilance citoyenne", quitte même à passer pour un "pauvre con".


La folie de Nicolas Sarkozy
© PLACIDE - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur



On parle de : La folie de Nicolas Sarkozy



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Requiem pour un con


"Casse-toi, pauvre con !"


Ce samedi, en visite au salon de l'agriculture, Nicolas Sarkozy s'est cru autorisé à donner du "casse-toi" et du "pauvre con !" à un de ces français dont il est censé être le président...



On parle de : Requiem pour un con



Un petit bonus ? Vous vous souvenez quand Nicolas Sarkozy, pas encore petit président, expliquait à Ségolène Royal que "pour être président de la République il faut être calme" ?


Ni calme ni digne !
Juste un tout petit président de la République malade de l'ego.
Qui fait honte à la France et aux français.



Casse-toi, casse-toi pauvre con !



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Sarkozy au salon de l'agriculture : "Casse-toi, casse-toi pauvre con !"



Casse-toi, pauvre con !
© La République des Fourmis par SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur



Il n'est plus garant de la Constitution

... et non plus de lui-même


Nicolas Sarkozy a prôné vendredi un renforcement de l'instruction "civique et morale à l'école", passant par la réhabilitation du drapeau tricolore, de la figure de Marianne et de l'hymne national."Dans le monde d'aujourd'hui comme dans celui d'hier, l'affirmation des valeurs morales, l'énonciation de règles de comportements applicables à tous sont une absolue nécessité", a déclaré le président de la République."Cette instruction civique et morale prévoit notamment l'apprentissage des règles de politesse, la connaissance et le respect des valeurs et emblèmes de la République française", a ajouté le chef de l'Etat.

Le lendemain, au salon de l'agriculture, pleinement conscient de l'exemplarité que son statut lui impose, le président est passé aux travaux pratiques :



Décidément, c'est un tout petit président que nous avons. A se demander s'il nous faudra vraiment le garder aussi longtemps que prévu par la Constitution... dont lui-même a décidé qu'on pouvait peut-être la contourner.

Car cet homme a tellement en horreur l'idée d'un contre-pouvoir que lorsque le Conseil Constitutionnel rend une décision qui entrave ses projets, ça le met en rogne... tant et si bien qu'il se croit autorisé à chercher le moyen de la contourner, c'est-à-dire de passer outre la Constitution elle-même, socle républicain s'il en est. C'est tellement énorme, à ce point effarant et imbécile qu'on ne sait que dire...

... sinon peut-être inviter à un peu de lecture, suggérer d'aller gratter en-dessous de ces quelques images d'un chef d'état bas de gamme qui se permet d'insulter un de ces français dont il est censé être le président. Car le pire en réalité est en-dessous, qui se cache derrière cette honteuse mascarade, dans ce qu'il fait ou est disposé à faire plutôt qu'en ce qu'il dit.



A propos de cette loi relative à la "rétention de sureté", on lira utilement Rétention de sûreté : Sarkozy déterminé sur le site de France 3.

Où l'on apprendra notamment que Robert Badinter fustige "un tournant très grave" et "une période sombre pour notre justice". Un Robert Badinter qui dénonce l'aberration d'une loi qui permettra qu'une personne soit enfermée, "non plus pour les faits qu'elle a commis, mais pour ceux qu'elle pourrait commettre. On perd de vue, ajoute-t-il, l'un des fondements d'une société de liberté (...) Nous passons d'une justice de responsabilité à une justice de sûreté. C'est un tournant très grave de notre droit.".

Où l'on comprendra aussi que l'on cherchât à faire pression sur les sages du Conseil Constitutionnel, au travers de la publication, quelques heures avant la décision, d'un document du ministère de la Justice recensant 32 criminels "dangereux" actuellement en prison, prochainement libérables, et censés être concernés par cette loi.

Où l'on sera en outre informé que l'UMP elle-même a admis s'inspirer pour cette loi d'un dispositif instauré en Allemagne en 1933, suite à une décision signée de la main du chancelier de l'époque, Adolf Hitler.



Sur les incessants coups de canif donné au contrat de la république laïque de France, on lira Sauver la laïcité, sur le site de l'observatoire du communautarisme : La laïcité est en péril. Ce n'est plus, cette fois, le résultat d'attaques détournées, mais une remise en cause violente et globale. Le président de la République, déjà inspirateur de la commission Machelon, mène l'offensive avec la plus grande brutalité. Nul procès d'intention de notre part, mais de simples constats....

On pourra lire aussi ce petit coup de gueule, où l'on invitait ici-même à répondre coup pour coup en allant comme au bon vieux temps, puisque donc le petit président nous y invitait, bouffer du curé.



On lira tout aussi utilement, dans le Courrier International, deux articles :

D'abord, L’homme qui ne savait pas être président, publié dans l'International Herald Tribune : Les Français sont trop sérieux ou trop convenables pour pardonner à Nicolas Sarkozy ses caprices. Ils ont le sentiment que leur pays en sort diminué...

Ensuite et surtout, Sarkozy, ce grand malade, publié dans El País : le président français “se vautre dans l’exhibitionnisme” et “rabaisse la République au niveau de Monaco”. Une charge violente contre un Sarkozy atteint d’une “incurable hypertrophie de l’ego, excusez du peu...



"Casse-toi, casse-toi pauvre con !" : A observer l'évolution tragiquement monotone de sa côte de popularité, c'est en effet le message qu'une plus en plus grande majorité de français semble vouloir adresser à leur tout petit président. Considérant la dangerosité de l'homme pour nos institutions républicaines et sa manifeste instabilité psychologique, viendra bientôt le temps pour les français d'envisager sa destitution de sûreté.


Sarkozy dégringole dans les sondages



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Ce matin, envie de bouffer du curé !


Du mensonge christique et de la tragique illusion de Dieu

- article repris in extenso de avoodware -


envie de bouffer du curéMercredi 13 janvier au dîner du CRIF auquel il était convié, en déclarant :"Le drame du XXème siècle, de ces millions d'êtres projetés dans la guerre, la famine, la séparation, la déportation et la mort, n'est pas né d'un excès de l'idée de Dieu, mais de sa redoutable absence", Nicolas Sarkozy, décidément tout petit président de la république laïque de France, a franchi les limites de l'acceptable.

Une telle déclaration publique, officielle, est une agression insupportable contre les convictions de tous les athées, ou du moins contre mes convictions philosophiques personnelles - et je vais éviter ici de sombrer d'ores et déjà dans un pseudo communautarisme des sans-dieu.

Disons-le donc tout net, je vis cette dernière éructation présidentielle comme une provocation de trop et une déclaration de guerre, comme un appel à déterrer des armes qui furent enterrées avec le calumet de la paix de la laïcité.

C'est pourquoi je m'autorise à proclamer ici publiquement que le grand drame de l'Histoire des hommes depuis vingt siècles, d'obscurantisme en oppression, de massacre en génocide, de guerre en croisade, de colonisation en esclavagisme, est le fruit du mensonge christique dont le poison est la tragique illusion de Dieu.

Et je me souviens soudain, qu'à la basilique Saint-Jean de Latran à Rome, le 20 décembre dernier, ce même Sarkozy, étriqué et vulgaire avait déclaré que "dans la transmission et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur". Aussi, puisque la guerre est ouverte, j'affirme en retour que les petits enfants deviendraient moins facilement de grands cons si on leur évitait d'avaler toutes les conneries que débitent les curés.

Le 27 septembre 1946, un certain Gilles Colin écrivait dans le Monde Libertaire : "Soit dit en passant, les zélateurs de la religion catholique sont bien obligés d'imputer à leur fétiche tout puissant, Jésus-Christ, la conception et la réalisation des sanguinaires mise en scène que sont les guerres mondiales. Obligés de lui reconnaître une intervention personnelle dans les catastrophes ferroviaires et autres fariboles qui ne constituent pour lui que les plus inoffensifs et dilettantiques passe-temps.". Gilles Colin était alors le pseudonyme d'un certain Georges Brassens, lequel écrivit également ces quelques vers :

Le clergé vit au détriment
Du peuple qu'il vole et qu'il gruge
Et que finalement
Il juge.

(Georges Brassens / 1921-1981 / Opinion)

Mais puisque je donne dans la citation, je vous livre également celle-ci qui me plait beaucoup :

"On sent, je crois, qu'avoir de la religion, pour un enfant, et même pour un homme, c'est suivre celle où il est né. Quelquefois on en ôte ; rarement on y ajoute ; la foi dogmatique est un fruit de l'éducation. Outre ce principe commun qui m'attachait au culte de mes pères, j'avais l'aversion particulière à notre ville pour le catholicisme, qu'on nous donnait pour une affreuse idolâtrie, et dont on nous peignait le clergé sous les plus noires couleurs. Ce sentiment allait si loin chez moi, qu'au commencement je n'entrevoyais jamais le dedans d'une église, je ne rencontrais jamais un prêtre en surplis, je n'entendais jamais la sonnette d'une procession sans un frémissement de terreur et d'effroi, qui me quitta bientôt dans les villes, mais qui souvent m'a repris dans les paroisses de campagne, plus semblables à celles où je l'avais d'abord éprouvé. Il est vrai que cette impression était singulièrement contrastée par le souvenir des caresses que les curés des environs de Genève font volontiers aux enfants de la ville."
(Jean-Jacques Rousseau / 1712-1778 / Les confessions / posthume, 1782)

Mais surtout, pour en revenir à notre petit président qui vomit du Guaino comme un enfant fait sa gastro, parlant d'un "monde sans Dieu, que le nazisme et le communisme ont cherché à bâtir", il semble important de rappeler le rôle plus que trouble et souvent actif qu'ont joué les églises catholiques d'Europe en général, et le Vatican en particulier, aux côtés des nazis allemands, comme d'ailleurs des facistes italiens ou espagnols.

Rappelons par exemple que le pape Pie XII n’a, durant la Seconde Guerre mondiale, jamais condamné la persécution des juifs par les nazis. Et évoquons qu'il n'y a pas si longtemps le directeur israélien du centre Wiesenthal de recherches sur le nazisme a été contraint d'exprimer son regret que le Vatican ne reconnaisse pas que "l'antisémitisme chrétien a conduit à la Shoah". C'était après que dans un texte intitulé "Souvenons-nous : une réflexion sur la Shoah", publié le 18 mars 1998, le Vatican a cherché à nier un lien de cause à effet entre l'antijudaïsme historique des chrétiens et l'antisémitisme des nazis, le Vatican se contentant seulement de déplorer que des chrétiens n'aient pas apporté, à ceux qu'on persécutait, toute l'aide qu'on était en droit d'attendre d'eux, exprimant néanmoins ses "regrets" pour "la méfiance et l'hostilité" dont les juifs ont été victimes de la part des chrétiens et demande pardon "pour les fautes" de ses croyants. C'est dire si le Vatican lui-même va moins loin dans le révisionnisme historique que Nicolas Sarkozy.

Ainsi donc l'Europe aurait des racines chrétiennes, mais pas nos deux guerres mondiales et pas non plus la Shoah. Je crois qu'on voit en cet homme à la pensée étriquée l'exemple même des ravages de la catéchèse sur les enfants de France. Il devient urgent de les en préserver, de les libérer du catéchisme qui les pervertit, urgent qu'à la mission évangélique du christianisme s'oppose la volonté libératrice de la laïcité.

Mais terminons par Voltaire qui disait : "La religion existe depuis que le premier hypocrite a rencontré le premier imbécile !"



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Traque des sans-papiers : Lettre ouverte d'une maîtresse révoltée


S'émouvoir, se révolter et puis agir


Laissez-les grandir ici !Après une information sur la situation de la famille, OQTF (Obligation à Quitter le Territoire Français) prononcée, plus de logement, plus d’école depuis 2 semaines pour Alexandre (3ème) et Gévorg (CP), Laure, la maîtresse de Gévorg à l’école Grangeneuve à crié sa colère, sa détresse et sa révolte :

Je suis la maîtresse de Gevorg, le fils de Karin et Armen, qui est arrivé en CP dans ma classe l’an dernier. Je suis la maîtresse de Gevorg qui a disparu de ma classe vendredi 16 novembre en laissant toutes ses affaires, même ce gros bâton de colle dont il est si fier.
Je suis la maîtresse de Gevorg et d’autres encore dans la même situation, qui voient sa chaise vide tous les jours et qui savent que leur tour peut arriver.

Je suis la maîtresse de 22 enfants de 6 ans qui apprennent qu’en France un enfant peut être obligé de s’enfuir de nuit avec sa famille parce qu’il n’est pas français.
Je suis une maîtresse qui doit enseigner à 22 enfants, qu’on est tous égaux, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, que les lois sont faites pour nous protéger, que c’est ce qu’on appelle les droits de l’homme dont on est si fier en France.
Je suis une maîtresse qui doit arriver à faire comprendre à 22 enfants que l’on doit résoudre les problèmes en s’expliquant, et que lorsqu’on est dans dans son droit on sera écouté et protégé… « parce que c’est ça la justice, hein maîtresse ? »

Je suis la maîtresse d’autres enfants sans papiers qui me regardent faire l’appel sans Gevorg et qui continuent à apprendre à lire dans la langue d’un pays qui ne veut pas d’eux.
Je suis une maîtresse parmi tant d’autres qui devraient tous les jours essayer d’expliquer l’inexplicable, accepter l’inacceptable, et ravaler cette rage et ce dégoût d’être la fonctionnaire d’un Etat qui mène une chasse à l’homme abjecte et dégradante.

Aujourd’hui je voudrais vous faire comprendre à quel point mes collègues et moi-même sommes choqués par ces drames humains, par cette politique de chiffres, de pourcentages et de quotas appliquée à des personnes, des hommes, des femmes et des enfants.

Je voudrais vous faire comprendre à quel point cette souffrance engendrée par cette politique, devient ingérable, insupportable pour nous, comme pour les enfants et les familles concernées. Je voudrais vous dire à quel point nous avons mal devant ces bureaux vides, ces cahiers abandonnés et ces stylos que personne ne vient réclamer.

Je voudrais vous dire à quel point j’ai peur d’arriver en classe et d’avoir perdu Gevorg ou Alexandre ou un autre encore, parce que, non, ce ne sont pas des numéros ou des quotas, mais parce que je les connais, je connais leurs sourires, je connais leurs yeux.

Nous n’en pouvons plus de nous taire et de voir des familles en danger rejetées en toute connaissance de cause ! Nous n’en pouvons plus de nous demander en permanence ce qui va leur arriver là bas !
Nous ne voulons plus être complices de non assistance à personne en danger.

Je voudrais vous faire partager cette réflexion de William Faulkner : « Le suprême degré de la sagesse est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu’on les poursuit. » Alors merci à tous d’être là et de partager le rêve de Karin, Armen, Alexandre Gevorg et Grigory leurs enfants : vivre sereinement auprès de nous, venir chaque matin à l’école, et que ce rêve, avec eux et avec tous ceux qu’on veut chasser hors de notre pays, on ne le perde pas de vue.

Laure Véziant, professeur des écoles à Montélimar



Que faire pour que ça cesse ? Se mobiliser, ensemble. Joindre RESF - il y a une antenne locale proche de chez vous. Signer le manifeste des innombrables - voir ci-dessous. Ouvrir les yeux, s'informer. Ecrire aux autorités, aux préfets, se mobiliser sur chaque cas, exercer une pression citoyenne - l'expérience montre que c'est très utile. Ne pas se résigner, ne pas les abandonner, défendre une certaine idée de la France, c'est-à-dire une certaine idée des Droits de l'Homme, une certaine conception du respect de la dignité humaine, du droit des enfants à ne pas avoir peur, pour leurs parents et pour eux-mêmes, ne pas avoir à se cacher pour grandir ici, c'est-à-dire là où ils sont, dans nos villes et dans nos écoles qui sont aussi bien les leurs. Voter, aussi...



Manifeste des innombrables

Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 30 000 euros.

Article L622-1 CODE DE L’ENTREE ET DU SEJOUR DES ETRANGERS ET DU DROIT D’ASILE

Je déclare comme des milliers d’autres personnes résidant en France avoir soutenu, soutenir actuellement et/ou être prêt à soutenir un jeune majeur scolarisé, un enfant et sa famille, étranger privés du droit au séjour, pour leur permettre de poursuivre leur vie en France dans la dignité.

Au nom de l’Humanité, je continuerai à aider des personnes dites sans-papiers à faire face aux décisions arbitraires et brutales qui brisent leur avenir et violent leurs droits fondamentaux.

Je déclare refuser de me plier à des mesures indignes et inhumaines et agir ainsi, comme d’autres innombrables l’ont fait en d’autres périodes de l’histoire, en accord avec les principes du droit international qui protègent les migrants, les droits de l’enfant et la vie privée et familiale, comme avec les valeurs universelles de fraternité, d’égalité, de liberté et d’accueil dont se réclame notre République.

Je soussigné(e)....
Nom et prénom :
Adresse :
Date :
Signature :



Ce manifeste est à télécharger sur le site RESF, ou à retirer auprès des collectifs RESF locaux, ou simplement à recopier sur une feuille libre. Puis il est à renvoyer, complété et signé à l'adresse suivante :
RESF
c/o EDMP
8 Impasse Crozatier
75012 PARIS

En signant ce manifeste, vous affirmerez un soutien actif à ceux qui sont poursuivis, vous prendrez un engagement personnel qui va bien au-delà d’une simple pétition, vous affirmerez que s’en prendre aux étrangers, c’est s’en prendre à nous mêmes ; que défendre leurs droits, c’est défendre les nôtres !



Réagir, et puis agir. Maintenant.



contact RESF
agissez - prenez contact avec RESF



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Carla Bruni-Sarkozy à L'Express : "Je ferai de mon mieux"


Quand Carla épouse Pétain


couverture de L'ExpressLa nouvelle première dame de France, Carla Bruni-Sarkozy, a accordé un entretien à son ami Christophe Barbier de L'Express. Elle ne manque pas d'y évoquer la révélation par le site du Nouvel Observateur du SMS envoyé par Nicolas Sarkozy à son ex femme, Cécilia, une semaine avant son mariage avec son ex mannequin, Carla.

Et ce qu'elle dit alors est proprement hallucinant, un argument de comptoir et amalgame nauséabond que Sarkozy lui-même ne renierait pas. Mais lisez plutôt la bêtise du propos : “ A travers son site Internet, Le Nouvel Observateur a fait son entrée dans la presse people. Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de juifs ?

En se situant à ce niveau qu'on pourrait qualifier de sub-neuronal, il serait alors possible d'écrire qu'en épousant Nicolas Sarkozy, Carla Bruni est entrée en collaboration avec un régime qui traque et rafle les sans-papiers comme le régime de Vichy collaborait à la déportation des juifs. En quelque sorte, elle aurait aussi bien pu épouser le Maréchal Pétain.

Or, chaque fois que l'on se risque sur ce terrain de l'amalgame, on est déjà dans l'outrance et bien trop loin sur les rives de l'inacceptable. Venue de la première dame de France, cela en devient parfaitement honteux - en plus d'être imbécile. Les excuses qui viennent ensuite ne sont pas recevables, tant il est évident qu'elles étaient incluses dans le plan de communication d'un article qui a été soigneusement soupesé et relu avant sa publication, ainsi que l'ami Christophe Barbier le précise lui-même : "Nous nous sommes vus le mardi 5 février et pratiquement tous les jours de la semaine qui a suivi, pour à chaque fois préciser, compléter, rajouter des questions, retravailler des formulations."

Lamentable, Madame Sarkozy. Vous terminez l'entretien en affirmant que vous souhaitez, dans ce rôle de première dame, faire de votre mieux : vous flirtez d'entrée avec le pire, lamentablement.



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SMS : "Si tu reviens, j'annule Carla"


Carla : la vengeance d'un mari jaloux


"Si tu reviens, j'annule tout'. C'est le contenu d'un SMS que Nicolas Sarkozy aurait envoyé à Cécilia, son ex épouse, huit jours avant son mariage avec l'ex mannequin, Carla Bruni.

Carla Bruni ne serait donc qu'un audacieux coup de bluff tenté, et manqué, par le Petit Père des people afin de récupérer sa Cécilia ? Il ne vaudrait mieux pas, en ce cas, que la nouvelle épousée, par défaut doc, vienne à l'apprendre...

En tout cas, à regarder cette video, la source semble plutôt sûre :


SMS Sarko à Cécilia : "si tu reviens, j'annule tout !"
envoyé par ZeDedalus

Pour lire l'intégralité de l'article du NouvelObs, c'est par ici

Ce n'est pas cette petite affaire de coeur qui devrait permettre au petit président de redresser sa cote de popularité auprès des français. La promesse d'une augmentation du minimum vieillesse, juste avant les municipales, y parviendra-t-elle davantage ? On peut douter que les vieux s'y laisse prendre une deuxième fois.


Sarkozy dégringole dans les sondages



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Augmentation du minimum vieillesse et élections municipales


Quand Sarkozy drague le vieux


Fillon drague le vieuxLe Premier ministre François Fillon a annoncé mercredi matin sur RMC et BFM-TV qu'il allait "proposer" pour 2008 une augmentation de 5% du minimum vieillesse, l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) versée aux personnes de plus de 65 ans les plus défavorisées. Dans la foulée, le président de la République, Nicolas Sarkozy, a surenchéri devant les partenaires sociaux, en promettant une prime de 200 euros pour les bénéficiaires du minimum vieillesse, "versée au début du second trimestre", et précisant qu'il s'agissait d'une "avance à valoir sur les revalorisations à venir".

De quoi s'agit-il en vérité ?

Rappelons d'abord que Nicolas Sarkozy s'est fait élire sur la base, notamment, de la promesse d'une revalorisation de 25% des petites retraites. C'était il y a neuf mois déjà (seulement !).

Rappelons également que l'ASPA, c'est une somme de 628 euros et 10 centimes par mois (récupérables sur les successsion), versées à des personnes âgées de plus de 65 ans et sous conditions de ressources (moins de 628 euros et 10 centimes par mois !). C'est à dire que ce minimum représente tout juste 60% d'un SMIC, lequel est lui-même un minimum qui ne suffit pas pour vivre convenablement...

Une augmentation de 5% du minimum vieillesse, c'est donc 31 euros et 40 centimes de plus par mois. Compte tenu d'une inflation mesurée à plus de 2% (ce qui, Nicolas Sarkozy l'admet lui-même, est largement sous-estimée !), c'est en réalité une hausse du pouvoir d'achat mensuel de moins de 18 euros !!! que va proposer François Fillon à des parlementaires de droite peut-être moins bien disposés à faire ce cadeau de misère aux personnes âgées (une minorité d'entre elles, en réalité !) une fois passée les élections municipales.

Quant à la "prime" annoncée par le président du pouvoir d'achat (sic !), ce n'est en réalité pas une prime, mais une simple avance - et une avance promise pour après les élections municipales sur une augmentation dont on ne sait pas quant elle sera votée...

Et d'ailleurs, en fait d'avance, notons que ça fait neuf mois que ces personnes âgées qui tentent de survivre avec un peu plus de six-cents euros mensuels attendent après une telle augmentation, le couple Fillon-Sarkozy ayant, à l'été dernier, jugé bien plus urgent de distribuer quelques quinze milliards d'euros à d'autres pour lesquels vivre avec 600 euros par jour est tout simplement une farce de mauvais goût, vu que c'est l'argent de poche du petit dernier.

Rappelons à ce stade que cette promesse ne concernerait que 600 000 personnes, c'est-à-dire que les millions de personnes âgées qui perçoivent aujourd'hui une pension de retraite supérieure de simplement quelques euros à ces fameux 628 euros et 10 centimes ne sont en aucun cas concernées et qu'il leur faudra continuer de survivre avec ce petit peu de misère dans une société où tout coûte de plus en plus cher... et où les soins sont de moins en moins bien remboursés (suite notamment aux franchises médicales instaurées par le même couple Fillon-Sarkozy). Bon, ne parlons pas de la redevance télé...

Et n'oublions pas non plus qu'une fois ces fameuses élections municipales passées, qui semblent mettre notre président dans de si bonnes dispositions auprès des personnes âgées, ce sera également le grand retour de la TVA (pas vraiment) sociale. Aïe !

En mai dernier, la population des plus de 65 ans avait massivement votée en faveur de Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, la question est : Nicolas Sarkozy pense-t-il réellement que, moins d'une année plus tard, les personnes âgées sont à ce point gâteuses qu'elles accepteront si facilement de se faire rouler une deuxième fois dans la farine de ses promesses ?


Fillon drague le vieux
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Construction européenne, referendum et souveraineté populaire


Europe : le Petit Président et le gros pot de confiture du mensonge





Nicolas Sarkozy disait : "L'Europe c'est le partage consenti d'une souveraineté. Et la souveraineté c'est le peuple. A chaque grande étape de l'intégration Européenne, il faut donc solliciter l'avis du peuple. Sinon, nous nous couperons du peuple".

Mais ça, c'était il y a longtemps. C'était avant son élection. Après, il a dit : "Je ne vous trahirai pas. Je ne vous mentirai pas. Je ne vous décevrai pas", et puis il est devenu Petit Père des People.



sarkozy dans le pot de confiture du mensonge



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De la lâcheté et de l'esprit mercantile de Nicolas Sarkozy


"Sarkozy, jaloux de Poutine ?", par Garry Kasparov


Lu dans Le Monde du 17 janvier 2008



Nicolas Sarkozy avait promis qu'il serait le président du changement. Après son show médiatique du 8 janvier à Paris, il peut reprendre une formule de son cher ami George Bush et annoncer : "Mission accomplie." En un laps de temps remarquablement court, il a lui-même beaucoup changé en effet puisqu'il en est venu à s'exprimer comme Jacques Chirac. Voilà ! A moins que ce soit Gerhard Schröder que Nicolas Sarkozy cherche à imiter, ou encore Silvio Berlusconi. Il est bien possible qu'il essaie de les surpasser tous dans l'art de vendre la démocratie en échange d'accords commerciaux.

M. Sarkozy aimerait nous faire croire que c'est par courage et pragmatisme, et non par lâcheté et esprit mercantile, qu'il s'est autorisé à se distinguer de ses collègues de l'Union européenne en s'empressant de féliciter Vladimir Poutine après que le parti au pouvoir au Kremlin, Russie unie, eut revendiqué la victoire aux élections législatives du 2 décembre 2007. Le Parlement européen, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et même le prudent département d'Etat américain ont sévèrement critiqué ces élections, marquées par la répression et la fraude massive. Mais cela n'a pas empêché le courageux M. Sarkozy de décrocher son téléphone pour féliciter M. Poutine d'avoir si efficacement détruit les institutions démocratiques et emprisonné les opposants, dont moi-même, qui manifestaient leur désaccord.

Le dégoût international qui s'est exprimé devant ces actes n'a pas empêché M. Sarkozy de justifier son attitude devant le monde entier. Au risque d'apparaître comme décidément dépourvu de moralité. Durant sa conférence de presse, il s'est livré à plusieurs déclarations proprement absurdes dans la bouche d'un homme censé être l'un des leaders du monde libre.

La première consiste à prétendre que son silence sur la question des droits de l'homme et de la démocratie est nécessaire pour monnayer l'aide potentielle de M. Poutine dans les crises internationales comme celles du Darfour et de l'Iran. Cela est à la fois éthiquement répugnant et fondé sur un fantasme. La Russie de Poutine n'a rien fait d'autre que susciter instabilité et conflit partout où elle exerce encore une influence en dehors de ses frontières. La Russie continue de fournir des matériaux nucléaires à l'Iran et de la technologie concernant les missiles à une Syrie qui appuie le terrorisme. Sommes-nous réellement censés croire que M. Sarkozy espère de l'aide de la part du régime de Poutine ?

La seconde justification du président français est que, quel que soit le degré de fraude qui a entaché les élections russes, M. Poutine mérite d'être félicité car il est "populaire". Devons-nous ainsi nous attendre à ce que, sur les factures de téléphone du palais de l'Elysée, apparaissent des appels à Loukachenko (le président biélorusse), à Mugabe (le président du Zimbabwe) et à d'autres autocrates ayant la haute main sur les médias et les élections dans leur pays ? Le parti de M. Poutine a réussi le tour de force de réunir dans certaines circonscriptions 99 % des voix, avec un taux de participation de près de 100 %, ce qui fait de lui un homme aussi populaire que Saddam Hussein - qui lui aussi organisait des élections - au sommet de sa gloire.

J'aimerais porter à la connaissance de M. Sarkozy quelques événements qui se sont produits ici, dans la Russie du populaire M. Poutine, pendant que le président français justifiait ses actes devant la presse le 8 janvier. Ce même jour, le site du Congrès civique panrusse recevait une lettre de la mère d'une jeune fille de 15 ans prénommée Nina. La famille vit à Pskov, à 50 km de la frontière de l'Union européenne englobant l'Estonie. Cette mère écrivait pour dire que, en octobre 2007, les directeurs de l'école de sa fille ont organisé des répétitions de manifestations de soutien à M. Poutine, répétitions obligatoires pour tous les élèves. Les enfants devaient scander "Ne nous quitte pas !", ou encore "Poutine, s'il te plaît, reste !" Nina a refusé de participer à ces répétitions, déclarant qu'elle ne s'intéressait pas à la politique. Les directeurs de l'école lui ont alors signifié qu'il n'y avait "pas de place à l'école pour les élèves apolitiques", avant de l'envoyer chez le psychiatre scolaire.

Dans la ville de Vladimir, une chaîne de télévision locale fait l'objet de poursuites judiciaires qui pourraient lui coûter son autorisation de diffusion. Le seul délit de cette chaîne a été de faire un jeu de mots sur "Poutine" et de qualifier plusieurs des partisans du président de "fidèles poutinistes". A la demande d'un député de Russie unie, le procureur de la région a aussitôt engagé des poursuites pour "insulte à un représentant du pouvoir".

Toujours le 8 janvier nous est parvenue la nouvelle suivante de la région explosive du Caucase - et il ne s'agit pas de la Tchétchénie, dont l'opinion en général et le président français en particulier croient que c'est le seul endroit de la région à être en proie à des troubles. Le procureur de la capitale de l'Ingouchie a déposé plainte contre le groupe Voix de Beslan, qui réunit les mères des enfants tués dans l'attaque terroriste de l'école de Beslan (en Ossétie du Nord voisine), en septembre 2004.

Le groupe est accusé de terrorisme pour avoir publié le communiqué suivant : "Pas une seule attaque terroriste n'a jamais fait l'objet d'une enquête approfondie permettant d'en connaître les tenants et aboutissants. Les dizaines de crimes horribles perpétrés contre de paisibles citoyens de notre pays demeurent anonymes et impunis. Nous sommes coupables d'avoir élu un président qui résout ses problèmes avec des tanks, des lance-flammes et des gaz... Mais on ne peut nous accuser du soutien qu'apporte l'élite politique mondiale à un homme qui protège les criminels."

Ce communiqué a été publié il y a deux ans, et le groupe Voix de Beslan a depuis été dissous par les autorités d'Ossétie du Nord. Mais le bureau du procureur - d'une région voisine - tente à présent de l'inculper pour le crime impardonnable d'avoir dit la vérité. Remarquons que cela se déroule en Ingouchie, où la participation électorale en décembre 2007 a été officiellement supérieure à 98 %. Une enquête indépendante menée dans la région a pourtant récolté des signatures et des renseignements personnels montrant que 54 % des habitants déclarent ne pas être allés voter. M. Sarkozy a-t-il pensé à féliciter M. Poutine pour ses talents de prestidigitateur ?

Tous ces événements se sont déroulés en une seule journée dans la Russie de M. Poutine, et M. Sarkozy parle de popularité. Voilà ce que les "pragmatiques" comme lui encouragent lorsqu'ils n'opposent aucune résistance aux dictateurs. Peut-être M. Sarkozy connaît-il les noms de Litvinenko et de Politkovskaïa. Ces deux personnes ne partageaient pas son optimisme à l'égard du bilan de M. Poutine, mais elles ne sont plus en mesure de faire entendre leur opinion. J'aimerais également que M. Sarkozy connaisse le nom de Yuri Chervochkin. Le 22 novembre, lui-même et un ami, tous deux militants de la coalition L'Autre Russie, distribuaient des tracts dénonçant la mascarade électorale. Peu après, selon un témoin, Yuri fut violemment tabassé par deux hommes armés de battes de base-ball. Une heure avant son agression, il avait passé un coup de fil affolé à nos bureaux en disant qu'il était suivi par des agents de l'UBOP, l'unité spéciale de la police chargée de s'occuper des opposants politiques. Yuri est mort le 10 décembre, à 22 ans, après plusieurs semaines de coma.

Il n'est guère étonnant dans ces conditions que M. Sarkozy préfère attirer l'attention sur sa vie personnelle plutôt que de tenter de justifier l'injustifiable. Ce que je crains, c'est que, loin d'admirer ou de craindre M. Poutine, M. Sarkozy, en réalité, l'envie. Envie-t-il le contrôle de la presse qu'exerce M. Poutine, la répression de l'opposition à laquelle il se livre ou la richesse énergétique qui le protège de toute critique intérieure ou internationale ? Si c'est le cas, les démocrates français devraient encore plus redouter ses comportements que les démocrates russes.



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Et en effet, notre Petit Père des People tend à devenir moins populaire que l'actuel Petit Père de la grande Russie...

popularité Nicolas Sarkozy : la chute dans les sondagesl



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Nicolas Sarkozy et Carla Bruni se sont mariés


La photo de mariage devant le Taj Mahal


Le mariage a ou aurait eu lieu. Les tourtereaux iront ou iraient convoler en voyage de noces, lors d'un voyage officiel en Inde.

Mais, le Petit Père des People l'a dit : "Les caisses sont vides"...

Alors, si la photo des jeunes mariés posant devant le Taj Mahal était déjà "faite", peut-être certains - scénaristes présidentiels, accompagnateurs vedettes, journalistes serviles, photographes avides - pourraient-ils s'éviter le voyage et l'Etat français faire quelques fastueuses économies. Peut-être même ne serait-il pas nécessaire d'affréter l'avion de l'ami Bolloré du petit président.

Non ?



Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, mariage et Taj Mahal



On peut passer à autre chose ?



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Sarkozy a changé... de promesses


Le pouvoir d'achat des français et le pot de confiture du mensonge


sarkozy dans le pot de confiture du mensongeIl y a moins d'un an, Nicolas Sarkozy, imaginant La France d'après, parlait du pouvoir d'achat des français, avec conviction et trémolos dans la voix, comme "une des questions centrales pour la France"... si bien qu'il avait fait de cette question l'axe majeur de sa campagne électorale, allant jusqu'à proclamer partout son engagement de devenir "le président du pouvoir d'achat.

Aujourd'hui, ce même Nicolas Sarkozy, devenu donc président de la France d'après, se déclare impuissant et relativise l'importance de la question.

Mais jugez plutôt :





Notons qu'il s'est permis d'ajouter : «L'authenticité se lit sur mon visage (...) personne ne m'a pris le doigt dans le pot de confiture du mensonge». Soit je ne sais pas lire, soit c'est lui qui ne sait pas écrire sur son visage - et il est vrai que ce n'est pas facile, quand on habite soi-même dans ledit pot de confiture. Bon, en effet, accordons-lui que le doigt, non :



sarkozy dans le pot de confiture du mensonge



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Le pouvoir d'achat... des actionnaires (et amis du président)


Gagner plus en ne travaillant pas : c'est possible !


Lors de sa conférence de presse, ce 8 janvier, côté "travailler plus", le petit président a annoncé la fin des 35 heures. Voilà pour les salariés et la rupture (avec le progrès social).

Côté "gagner plus", il a annoncé la fin de la publicité sur les chaînes de télévision publiques. Aussitôt, le pouvoir d'achat des actionnaires de TF1, M6 et/ou Lagardère s'en est trouvé sensiblement amélioré...


l'action TF1



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Projet de loi relatif à la "rétention de sûreté"


De la dangerosité de Nicolas Sarkozy et de sa destitution de sûreté


Le premier texte de l'année 2008, examiné à partir de mardi par des députés, sera le controversé projet de loi sur le jugement des malades mentaux et sur la rétention d'auteurs de crimes sur mineurs de 15 ans ou moins, jugés dangereux au terme de leur peine de quinze ans ou plus.

Deux volets d'un même texte écrit à l'automne à la suite de deux faits divers. L'objectif de la première partie du projet de loi est de retenir dans des "centres socio-médico-judiciaires fermés" les auteurs de crimes contre des mineurs de 15 ans ou moins (viol, actes de barbarie, meurtre, assassinat) présentant des risques de dangerosité et de récidive.

Cette mesure ne devrait s'appliquer qu'aux personnes condamnées après l'entrée en vigueur de la loi, ne sera applicable que d'ici quinze ans et concernerait entre dix et vingt détenus par an. De source gouvernementale, on indiquait lundi que la Chancellerie pourrait toutefois déposer un amendement prévoyant d'élargir cette mesure aux auteurs de crimes multiples qui purgent actuellement leur peine. Le député UMP Georges Fenech, rapporteur de ce texte, a aussi déposé un amendement pour étendre cette mesure aux auteurs de crimes commis sur mineurs, quel que soit leur âge.

Le projet de loi prévoit que deux ans avant sa sortie de prison, un condamné serait soumis à une expertise médicale et psychologique. Un an plus tard, sa dangerosité serait évaluée par une commission, la décision de placement dans un centre fermé revenant à une commission régionale, décision renouvelable tous les ans.

"Une nouvelle fois, la seule réponse apportée par le garde des Sceaux aux problèmes posés par la récidive est la prolongation de l'enfermement sans limitation de durée", note le Syndicat de la magistrature dans ses observations écrites sur ce projet de loi. "Il s'agit d'un changement radical de notre droit et d'une dérive que je ne peux en effet que critiquer. Tout notre système judiciaire repose aujourd'hui sur un principe simple : il n'y a pas de prison sans infraction", a déclaré sur RTL l'ancien ministre de la Justice Robert Badinter, aujourd'hui sénateur PS des Hauts-de-Seine et auteur d'une excellente tribune dans Le Monde sur la prison après la peine. "Ca ne s'arrêtera pas aux pédophiles récidivistes, ça s'étendra à tous ceux qu'on appelle des criminels dangereux", a-t-il pronostiqué.

D'ailleurs, comme pour donner raison au très sage Robert Badinter, Philippe Schmitt, père de la jeune femme tuée en novembre dernier sur la ligne D du RER, a estimé pour sa part que ce texte n'allait pas assez loin : "Les autres récidivistes, ceux qui ont agressé des filles ou des femmes de 16 ans, de 20 ans, de 40 ans, ne sont pas concernés", a-t-il dit, regrettant que ce texte ne puisse s'appliquer aux "Guy Georges et autres" qui seront encore "relâchés dans la nature".

De nombreuses organisations politiques, syndicales et associatives et des membres de la société civile se mobilisent depuis plusieurs semaines contre ce projet de loi attentoires aux libertés et contraire aux principes fondamentaux de notre Droit pénal. Un appel à signature en ligne et un argumentaire sont disponibles sur le site contrelaretentiondesurete.fr.

Cependant, tout bien réfléchi, cette mobilisation est peut-être un peu prématurée. Car, puisqu'on semble ne plus en être à un principe près, l'occasion semble assez belle de fouler aux pieds celui de souveraineté populaire, cette foutaise démocratique. Posons donc qu'un président de la République soit contraint de se soumettre, disons au terme de la première année de son mandat, à une expertise psychologique visant à évaluer sa dangerosité politique aux regards d'un certain nombre de critères républicains et pouvant, en cas donc de dangerosité avérée, conduire à une décision de destitution... de sûreté.

La question devient alors : Nicolas Sarkozy est-il dangereux pour la démocratie ?...

... Hmmm, finalement, il est peut-être possible de vous souhaiter à tous, fidèles - et moins fidèles - lecteurs de sarkononmerci, UNE EXCELLENTE ANNEE 2008 !



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