Nicolas Sarkozy perçoit toujours son salaire de ministre de l'Intérieur
Un job, deux salaires !
Après la polémique sur l'augmentation de salaire du président de la République, voici que le Canard Enchaîné nous apprend que Nicolas Sarkozy cumule en ce moment son salaire de président de la République et celui de ministre de l'Intérieur. L’information est sûre puisqu’elle a été confirmée par l'Elysée. C'est du jamais vu. Décryptage.
La double augmentation de Sarko (Le Canard Enchaîné, 12 décembre 2007)
Dans son édition du mercredi 12 décembre 2007, le Canard Enchaîné publie une brève explosive. On sait que Nicolas Sarkozy a obtenu une augmentation de salaire de 206%, il y a quelques semaines, en demandant l'alignement de sa rémunération sur celle du Premier ministre. Ainsi, le chef de l'Etat percevra un salaire mensuel de 19 331 euros net. Mais cette augmentation ne sera effective que le 1er janvier 2008. D'ici là, le chef de l'Etat est censé percevoir le même salaire que celui de son prédécesseur, soit 7 500 euros net. Or, Nicolas Sarkozy a demandé à continuer de percevoir son salaire de ministre l'Intérieur jusqu'au 31 décembre 2007, soit 11 500 euros net.
Salaire des ministres : la règle des 6 mois
Pour permettre à un ministre qui vient de quitter le gouvernement de retrouver un emploi, ce dernier perçoit son traitement intégral pendant les six mois qui suivent son départ du gouvernement. Nicolas Sarkozy a démissionné de son poste de ministre de l'Intérieur fin mars, pendant la campagne présidentielle. Il a donc perçu son salaire de ministre jusqu'en septembre dernier. Mais il a demandé que soit prolongé ce versement jusqu'en décembre 2007, avant l'entrée en vigueur de son augmentation de salaire au 1er janvier 2008.
Le salaire de Sarkozy depuis le 6 mai 2007 : 7 500 + 11 500
Résumons : au nom de l'équité et de la transparence, le chef de l'Etat a demandé à ce que son salaire soit aligné sur celui du Premier ministre. Dont acte. A partir du 1er janvier 2008, le président de la République percevra un salaire mensuel de 19 331 euros net. Mais en demandant de continuer à percevoir son salaire de ministre de l'Intérieur en plus de son salaire de président de la République, Nicolas Sarkozy a réussi à anticiper sa hausse de salaire... dès le 6 mai 2007. Entre le 6 mai 2007, jour de son élection, et le 31 décembre 2007, Nicolas Sarkozy aura donc perçu un salaire mensuel de 19 000 euros net... au lieu des 7 500 euros prévus.

article repris du Canard Enchaîné, via Politique.net
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France Terre d'Asile : pétition
Non à la pénalisation du travail social !
Le lundi 19 novembre 2007, deux intervenantes sociales travaillant pour France Terre d’Asile, dans le cadre d’un dispositif de protection de l’enfance financé par l’Etat, ont été interpellées au petit matin à leur domicile parisien. Fouille au corps, perquisition, saisie de l’ordinateur personnel, transfert menottées à Coquelles dans le Pas-de-Calais, maintien en garde à vue pendant plus de 12 heures pour l’une et 24 heures pour l’autre ; ce traitement musclé avait pour but de vérifier, selon le Procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, si elles s’étaient rendues complices ou non d’aide au séjour irrégulier. Il conclura à une générosité « mal placée ». Ces méthodes témoignent pour le moins d’une dérive répressive et inacceptable.
Cet incident n’est pas isolé. Les organismes signataires ne peuvent accepter que ces pratiques détestables se généralisent à l’ensemble du territoire national. Ils sont décidés à s’y opposer par tous moyens de droit.
De plus en plus de travailleurs sociaux se trouvent confrontés, dans leur exercice professionnel, à la situation des « sans » : sans papiers, sans domicile, sans emploi… au final, sans existence.
Parmi ces personnes, que certaines politiques publiques veulent rendre invisibles, les migrants sont particulièrement visés à plusieurs titres : celui d’être précaires, étrangers et éventuellement en situation irrégulière.
Dans ce contexte, les intervenants sociaux tentent, conformément aux missions du travail social, de venir en aide à tous, indépendamment de leur origine et nationalité. Ce faisant, ils participent au maintien du pacte social et républicain de notre pays fondé sur la liberté, l’égalité et la fraternité.
En 2003, la loi sur la maîtrise de l’immigration a introduit une immunité humanitaire pour protéger les associations et leur personnel. Dans une décision du 2 mars 2004, le Conseil constitutionnel a rappelé que « le délit d’aide au séjour irrégulier d’un étranger en France commis en bande organisée ne saurait concerner les organismes humanitaires d’aide aux étrangers ».
Cette décision s’applique à l’ensemble du secteur social dont les missions s’inscrivent, pour l’essentiel, dans un cadre normatif défini par le Code de l’action sociale et des familles.
Les organismes du secteur social sont comptables des actes accomplis par leurs agents dans l’exercice de leur contrat de travail. Dès lors, pour les organisations soussignées, l’interpellation de travailleurs sociaux en raison de leur activité professionnelle constitue une entrave caractérisée à l’exercice de leurs missions. Les travailleurs sociaux, dans l’accomplissement de leurs missions, n’aident pas au séjour irrégulier d’étrangers mais assurent le respect du droit de toute personne à une vie décente et à la dignité.
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Suppression de l'Impôt Forfaitaire Annuel
La grosse cerise sur le gâteau fiscal
Les caisse de l'Etat sont vides, disait le Petit Président qui ne voulait pas jouer au Père-Noël avec les français inquiets pour leur pouvoir d'achat.
Ha bon ?
Nicolas Sarkozy a annoncé aujourd'hui, à Lyon, au congrès de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), la suppression de l'IFA (Impôt Forfaitaire Annuel) auquel sont soumises toutes les entreprises françaises... faisant un chiffre d'affaire annuel supérieur à 300 000 euros... et donc pas tout à fait toutes, en réalité.
La mesure coûtera à l'Etat, annuellement, plus d'un milliard et demi d'euros.
Les caisse de l'Etat sont vides, disait-il...
Pas pour tout le monde... et voilà donc une bonne grosse cerise sur le gâteau fiscal - un bon gros paquet de 15 milliards d'euros, déjà.
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Méthode Sarkozy : trahison et manipulation
Comment Nicolas Sarkozy a trahi ses policiers
Le 3 février 2003, Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur, se rend à Toulouse, ville pilote de la police de Proximité, mise en place par le gouvernement de Lionel Jospin. Cette police avait alors un rôle de répression mais aussi de prévention. Des antennes au cœur des cités permettaient à la population d’échanger autre chose que des contraventions avec les uniformes, comme apprendre à communiquer, restaurer un dialogue par exemple.
Nicolas Sarkozy va en public nettoyer au kärcher cette police « dont le travail n’est pas de jouer au rugby avec les jeunes ». Une petite phrase qu’il a savamment reprise dans sa dernière intervention télévisée la semaine dernière. Une petite phrase qui cache une histoire méconnue, celle d’une trahison qu'a dévoilé dévoile à Bakchich Info, Jean-Pierre Havrin, un des policiers présents ce jour-là.
À la retraite depuis quelques jours, l’ancien directeur départemental de la police de proximité, révèle en exclusivité les dessous de l’affaire.
En quatre étapes simples, voici donc comment Nicolas Sarkozy a sans aucun scrupule trahi ses policiers et manipulé l'opinion pour en finir avec la police de proximité et son travail sur le terrain (répression et prévention) :
le service de communication prépare la visite du Ministre en invitant des policiers qui souhaiteraient évoquer les bons résultats obtenus dans leur mission première, à parler plutôt de leur travail de proximité, donc de prévention ;
lorsque devant le Ministre, les policiers s'exécutent en évoquant un match de rugby, celui-ci - devant micros et caméras - leur explique qu'"ils ne sont pas des travailleurs sociaux et les rappelle à cette mission première dont ils avaient été priés de ne pas parler : "l'investigation, l'interpellation, la lutte contre la délinquance" ;
s'appuyant sur l'impact médiatique de sa petite mise en scène, le Ministre Sarkozy met fin à la police de proximité ;
et prend soin de jouer de son autorité hiérarchique pour faire taire ceux qui auraient l'idée de dénoncer la manipulation.
En 2005, puis en 2007, dans des banlieues où sévit une insupportable misère sociale et où, en l'absence de police de proximité, les tensions entre la population et les forces de l'ordre vont chaque jour s'accroissant, deux faits divers graves mettant en cause d'un côté des policiers, de l'autre de jeunes habitants des cités, ont déclenchés scènes de violences urbaines et émeutes...
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Sarkozy soigne le son pouvoir d'achat
Petite rengaine et gros mensonges :
Mais que font les journalistes ?!
Il parle, il parle... il parle beaucoup, mais que dit-il, le Petit Président ? Toujours la même chose, c'est-à dire en réalité rien, au mieux, et, au pire, contre-vérités et mensonges.
Cette fois, il devait parler du pouvoir d'achat, première préoccupation des français, avec le chômage et, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps, l'inflation. Qu'a-t-il dit, donc ? Quelles solutions a-t-il proposées ?
Pour le discours : d'abord, une contre-vérité rabâchée : c'est la faute au 35 heures ; ensuite, un slogan, éculé déjà : il faut travailler plus pour gagner plus. Pour le concret, principalement deux mesures : la possibilité de rachat des RTT par les salariés et l'indexation des loyers sur l'évolution des prix.
Le rachat des RTT : passons sur le fait que ce ne sera possible que s'il y a accord dans les entreprises, et si le chef d'entreprise en éprouve le besoin (car ce n'est pas le salarié qui décide de faire ou non des heures supplémentaires !), et allons directement au fond de cette mesure :
la situation actuelle : la durée légale du travail est de 35 heures hebdomadaires ; les heures supplémentaires sont payées 25% au-dessus du salaire horaire du salarié ;
la proposition de Sarkozy :
la durée légale du travail est de 35 heures hebdomadaires ; les heures RTT peuvent être converties en heures supplémentaires payées... au salaire horaire.bilan :
pour le salarié, 25% de perte de pouvoir d'achat par heure de RTT travaillée !
Il aurait été intéressant que les journalistes interrogent le Petit Président Bavard sur la logique de cette mesure. Mais peut-être ont-ils considéré que ce n'était pas nécessaire, tant il est évident qu'elle correspond en réalité à un coup de canif supplémentaire dans le pouvoir d'achat des salariés.
L'encadrement des loyers : dans un premier temps, le Petit Président propose d'instaurer un indixe du pouvoir d'achat qui refléterait davantage la réalité de l'évolution des prix que ne le fait actuellement l'indice des prix de l'INSEE, reconnaissant par là que celui-ci sous-estime largement la hausse actuelle des prix à la consommation. Ensuite, il propose de contraindre l'augmentation des loyers immobiliers au moyen de ce même indice, plutôt que l'actuel indice du coût de la construction, ce qui, selon lui, permettra de diviser par deux la hausse des loyers. Ce qui fait :
une contradiction : réévaluer d'un côté l'indice des prix afin qu'il reflète la réalité de la hausse des prix ; indexer de l'autre côté les loyers sur l'indice des prix à la consommation ;
un mensonge : depuis juillet 2005, l'augmentation des loyers n'est plus indexée sur l'indice du coût de la construction (voir ici), mais sur l'indice de référence des loyers, lequel n'évolue pas sur un rythme annuel de 5% comme le prétend le président, mais à un rythme allant de 2 à 3% sur les deux dernières années ;
une mesure inefficace : l'indice des prix à la consommation révélant une hausse annuelle supérieure à 2%, avec une tendance marquée à la hausse, il est là encore tout à fait évident que le gain pour les locataires sera nul, ou du moins très loin de cette division par deux de la hausse des loyers dont le Petit Président s'est plu à parler.
Mais le pire est dans ce dont le Petit Père n'a pas parlé :
La TVA sociale : vous vous souvenez, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a dans sa besace un projet de TVA "dites pudiquement" sociale. S'agissant d'une intervention présidentielle consacrée au pouvoir d'achat, on peut s'étonner que les journalistes ne se soient pas crus autorisés d'interroger le Petit Président sur cette question - tss tsss, voyons, pas avant les municipales... ;
La redevance télé : le parlement vient de voter la suppression de l'exonération de redevance audiovisuelle dont bénéficiaient jusque là 780 000 personnes âgées aux revenus modestes. S'agissant du pouvoir d'achat, on peut s'étonner que les journalistes ne se soient pas crus autorisés à interroger le Petit Président sur cette décision ;
Les pensions de retraites : le Petit Président n'a pas non plus évoqué ses promesses électorales à l'égard des pensionnés les plus défavorisés : augmenter de 25% le minimum vieillesse et revaloriser les petites retraites et les pensions de réversion pour que ces retraités vivent mieux. Or, bien au contraire, selon le projet de budget actuellement en discussion à l’Assemblée, la revalorisation annuelle des pensions des 13 millions de retraités du régime général et de la fonction publique s’établira à 1,1 % pour l’année 2008, soit largement en-dessous de l'évolution des prix, laquelle est sous-estimée... Pas de question sur ce sujet non plus.
On aurait pu également lui poser quelques questions sur ce qu'il pense des propositions du PS en faveur du pouvoir d'achat. Par exemple, de baisser le taux de TVA sur les produits de première nécessité de 5,5% à 5%, ou de revaloriser de 50% de la prime pour l'emploi, ou encore de rétablir la TIPP flottante afin de limiter l'envolée du prix de l'essence à la pompe - au total, une dizaines de mesures financées pour moitié par une taxation des super-profits pétroliers et, pour l'autre, une taxation des revenus des stock-options. On aurait pu, lui poser des questions, lui apporter la contradiction, ne pas dérouler le tapis rouge sous les gros sabots de son discours creux. Oui, on aurait pu, mais cela aurait été faire là un travail de journalistes indépendants plutôt que de courtisans serviles...

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A part ça ? Nicolas Sarkozy va bien, merci. Il vient de se voir miraculeusement attribuer une augmentation de 206% (salaire fois trois !) pour devenir un des trois chefs d'état les mieux payés du monde occidental. Si les caisses de l'Etat sont vides, les poches du Petit Père des People sont, elles, bien pleines.
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Journée sans Sarkozy : regardons François Hollande
François Hollande répond à Nicolas Sarkozy
Quoi, vous voudriez tout de même savoir ce qu'il a dit, le Petit Président ? A propos de l'accès de violence à Villiers-le-Bel, à propos du pouvoir d'achat ?...
Soit, je vous l'accorde. Le Petit Père des People a dit à peu près ceci :
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Sarkozy : payer plus pour gagner moins
Le PS fait des propositions concrètes en faveur du pouvoir d'achat
Le Bureau national du PS a adopté mardi dix propositions pour soutenir le pouvoir d'achat des Français, tentant ainsi de mettre sous pression la majorité sur un sujet que doit aborder jeudi Nicolas Sarkozy et que l'opinion juge prioritaire, selon tous les sondages.
Le numéro deux du PS François Rebsamen a énoncé les quatre directions dans lesquelles il faut agir : "augmenter les salaires, baisser les prix des produits alimentaires, diminuer le coût du logement, maîtriser le prix de l'énergie".
D'un coût de six milliards d'euros, ces mesures seraient financées pour moitié par "une taxation des super-profits pétroliers" et pour l'autre par "une taxation des stock-options", a précisé le maire de Dijon.
Une campagne sera menée la semaine prochaine par les militants et responsables PS pour populariser ces mesures, grâce à la diffusion d'un tract (3 millions d'exemplaires) et d'une affiche (500.000 exemplaires), et mettre en évidence qu'"avec Nicolas Sarkozy, c'est gagner moins et payer plus".
Par ailleurs, les députés PS défendront jeudi une proposition de loi comprenant onze mesures en faveur du pouvoir d'achat, dont la plus importante est une majoration de 50% de la prime pour l'emploi, ont-ils annoncé séparément par le biais de leur porte-parole Aurélie Filipetti.
La majorité UMP à la commission des Finances a décidé de ne pas discuter des articles de ce texte, ce qui équivaut à un rejet.
Au chapitre des salaires, les socialistes préconisent "une conférence pour augmenter le SMIC et les rémunérations" et qui aurait pour objet de consentir des exonérations de charges sociales aux entreprises qui "augmentent effectivement les salaires", selon M. Rebsamen.
Sont aussi prônés "un plan de rattrapage des traitements dans la Fonction publique" et "une revalorisation des petites retraites", alors que la loi sur la sécurité sociale tout juste votée au parlement limite cette hausse à 1,1%.
Pour faire baisser les prix alimentaires, le PS propose notamment une réduction d'un demi-point de la TVA (qui serait ramenée à 5%) sur les produits de première nécessité.
Le parti de François Hollande réclame aussi "l'encadrement des loyers pour l'année 2008" qui seraient "indexés sur le coût de la vie", une diminution des taxes sur l'essence par le biais du rétablissement de la TIPP flottante, ou encore "la généralisation du chèque transport" pour aider à financer les déplacements des salariés.
Cette dernière mesure, jamais vraiment entrée en vigueur, avait été créée par l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin et son successeur François Fillon la considère comme un échec
Secrétaire national du PS à l'Economie, Michel Sapin a affirmé que non seulement le paquet fiscal de 15 milliards d'euros de juillet n'avait "eu aucun effet sur le pouvoir d'achat", mais qu'en plus le gouvernement avait "pris des décisions qui diminuent le pouvoir d'achat" (franchises médicales, paiement de la redevance audiovisuelle par les personnes âgées, sauf les plus démunies).
PARIS (AFP) - 27/11/2007 19h49
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On aura noté en passant que la majorité UMP à la commission des Finances a décidé de ne pas même discuter des articles de la proposition de loi avancée par l'opposition socialiste et comprenant ces onze mesures en faveur du pouvoir d'achat. Discuter devant la représentation nationale, émanation démocratique du peuple, et trouver des solutions pour le pouvoir d'achat des français, ça ne les intéresse donc pas ?

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Répression partout, Injustice sociale
Emeutes à Villiers-le-Bel :
l'échec flagrant d'une politique de droite
Il y a deux ans, le 23 novembre 2005 et après trois semaines d'émeutes dans toute la Franc, un rapport de synthèse est rédigé par les Renseignements Généraux - rapport publié intégralement par le journaliste David Dufresne dans son ouvrage "Maintien de l'ordre, enquête", publié chez Hachette littérature. En conclusion, le rapport des RG indique qu'"il est à craindre désormais que tout nouvel incident fortuit (décès d'un jeune d'un quartier) ne provoque une nouvelle flambée de violences généralisées."
Deux ans ont passé, deux jeunes hommes sont tués à Villiers-le-Bel alors que leur mini-moto s'est encastrée dans un véhicule de police et personne n'est surpris d'assister à une nouvelle poussée de violence émeutière, ni même de constater qu'un palier supplémentaire semble avoir été franchi dans cette violence : des coups de feu sont tirés contre les forces de police, laquelle parle d'un "climat quasi-insurrectionnel" dirigé "contre les institutions de la République" .
On peut sans risque parier que notre Petit Président va s'empresser de revêtir son costume de Margaret Karsher et multiplier les déclarations tonitruantes et les rodomontades, pour opposer comme à son habitude à la crise son habileté de communicant. Il va jouer de la fibre compassionnelle auprès des victimes, parler rétablissement de l'ordre républicain et justice implacable, se montrer beaucoup, être partout, parler beaucoup, occuper tout l'espace médiatique et annoncer très probablement un Plan Marshall pour les Banlieues.
Il ne peut pourtant faire oublier que cette nouvelle flambée de violences généralisées, annoncée depuis deux ans par tous les observateurs et acteurs du terrain - associations et acteurs sociaux, policiers et élus locaux - n'est rien d'autre que le résultat de sa politique, celle qu'il a portée en tant que Ministre de l'Intérieur, celle qu'il a soutenue en tant que Président de l'UMP, celle qu'il a promise en tant que candidat à la présidence de la République et celle qu'il poursuit envers et contre tous en tant que Président de la République : une politique de compassion et de communication, une politique de répression et d'abandon, une politique d'inspiration libérale tournée vers les couches sociales les plus favorisées, une politique de droite... et qui a lamentablement et dramatiquement échouée.
Mais elle a échoué parce qu'elle n'a rien tenté, parce que l'objectif de la politique de Sarkozy n'est pas la justice sociale, elle n'est pas même d'apaiser les tensions issues d'injustices sociales qui ne font qu'aller s'accroissant. Il s'agit au contraire de les exacerber et de provoquer l'émotion dans la population des classes moyennes, peur et colère, pour s'en assurer le soutien. Il s'agit in fine d'établir une République de la loi du plus fort en exaspérant la désespérance des plus faibles. Il s'agit d'organiser et de circonscrire le chaos, et brandir la menace de sa généralisation, pour obtenir de la masse silencieuse un soutien résigné, poings serrés et têtes basses, à une politique économique qui favorise les nantis, distribue de rares miettes aux petites gens et abandonne à leur misère... les miséreux.
La révolte et les violences ne sont que la résultante ultime de cette politique-là qui coupe les crédits aux associations de terrains, qui méprise les acteurs sociaux, qui éloigne les services publics des zones dites sensibles, qui diminue les effectifs d'enseignants dans les écoles, qui supprime la police de proximité, qui se préoccupe d'abord du pouvoir d'achat des plus riches, qui préfère chasser le sans-papier plutôt que le trafiquant de drogue - et je ne parle pas du petit dealer -, qui choisit la communication plutôt que l'action. Bref, une politique qui privilégie la répression et ignore la prévention, une politique qui parle de maintien de l'ordre et qui en réalité organise le désordre, afin de mieux le brandir comme une menace sous le nez des "braves gens" qu'on pousse à craindre que leur soit arraché le peu qu'ils ont et oublier de réclamer pour eux-mêmes ce qu'on accorde à ceux qui ont déjà beaucoup.
lire aussi : Constat accablant à propos des rapports police-population dans le "9.3"
lire aussi : Sarkozy : le bilan terrible de la répression généralisée, où l'on écrivait déjà, entre autres choses :
Soyons clair, il est parfaitement inadmissible de s'en prendre avec violence aux forces de police ou de casser des vitrines, et si le rôle d'un ministre de l'Intérieur est de faire en sorte de mettre les forces de l'ordre en situation de mettre fin à de tels agissements lorsqu'ils se produisent, et d'en arrêter les auteurs afin de permettre à la Justice de les juger, son rôle est aussi - et d'abord ! - de faire en sorte que de tels agissements ne se produisent pas. Il ne s'agit pas uniquement de rétablir l'ordre, mais de faire en sorte qu'il puisse se maintenir et perdurer. Il s'agit d'apaiser les tensions plutôt que de les exacerber. Or provocations, injustices, restrictions des libertés et soupçon généralisé ont été les instruments de la politique exclusivement répressive de Nicolas Sarkozy. Or provocations, injustices, restrictions des libertés et soupçon généralisé sont sources de tensions et de colères, en particulier parmi des populations qui vivent déjà l'exclusion sociale - car les exclure en sus de la citoyenneté est alors rajouter de l'injustice à l'injustice et fait nécessairement bouillir la marmite de la révolte. Et quand la révolte est le fruit d'une politique révoltante, le responsable de la révolte est l'instigateur et le grand ordonnateur de ladite politique.
Aux juges donc de sanctionner les auteurs des troubles à l'ordre public, aux électeurs de sanctionner le fauteur de troubles et de l'empêcher de conduire plus avant son entreprise de démolition du ciment républicain. Car comment imaginer aujourd'hui que, s'il devait se poursuivre cinq autres années, ce face à face entre Nicolas Sarkozy et une population qu'il n'a de cesse de stigmatiser et de provoquer ne puisse à terme trouver issue dans un dramatique embrasement ?
Malheureusement, la question reste posée. Malheureusement, Nicolas Sarkozy poursuivra dans la voie politique de la casse sociale et du désordre républicain, qu'il organise au seul profit des classes dirigeantes dont il est le bras armé.
et puis, et puis, une vidéo-amateur contredit la version de la police sur l'accident de Villiers-le-Bel ... qui prend un certain relief avec émeutes de banlieue : des JT à mémoire variable .
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Appel du Comité National pour un Référendum
Infantilisation du peuple ou exigence démocratique
D'abord, ce dont il ne s'agit pas : il ne s'agit pas ici de l'opportunité pour la France de ratifier on non le Traité de Lisbonne, et encore moins du clivage OUI/NON du référendum de 2005. il s'agit bien de se prononcer sur la voie démocratique à emprunter pour prendre cette décision.
Ce dont il s'agit, donc : de démocratie, ou plutôt du déni de démocratie que constituerait la ratification par le parlement de tout ou partie de ce que le peuple a refusé par référendum - et ce, quoi qu'on pense par ailleurs de ce refus, ou même quoiqu'on aie pensé à l'époque de l'opportunité du référendum.
La parole avait alors été donnée au peuple français, il est insupportable qu'on puisse vouloir la lui reprendre parce qu'il n'en aurait pas usé conformément aux souhaits de la classe dirigeante. Si l'on considère qu'il est nécessaire de ratifier le Traité de Lisbonne, il y a alors exigence d'en convaincre les français, plutôt que de les infantiliser en passant outre un avis légitimement exprimé.
L'exigence est d'aller au bout du processus démocratique qui a été engagé lors du choix de la procédure référendaire. C'est une question de principe. C'est une exigence démocratique avec laquelle nous avons le devoir de ne jamais transiger, qui ne peut être surpassée par un quelconque "intérêt supérieur".
La tenue d'un référendum sur le traité de Lisbonne est une ardente nécessité démocratique. C'est pourquoi des personnalités diverses, dont certaines avaient déjà pris l'initiative d'appels et de pétitions en faveur de cette consultation populaire, ont décidé de rassembler leurs efforts dans un Comité national pour le référendum. Le CNR s'adresse à tous ceux, quelle que soit leur opinion sur le nouveau traité, qui affirment la nécessité que le suffrage universel se prononce sur ce traité.
Vous aussi, exigez que la décision revienne aux citoyens, soutenez la démarche du Comité National pour un Référendum, signez l'appel pour un référendum ...et faites-le circulez :
Appel du Comité National pour un Référendum
Un nouveau traité - dit traité de Lisbonne - vient d’être approuvé par les dirigeants européens suite au rejet du projet de traité constitutionnel refusé majoritairement par les Français et les Néerlandais lors des référendums de mai et juin 2005.
C’est donc à nouveau le suffrage universel qui doit trancher par référendum.
Sur un sujet qui a tant d’influence sur la vie de chacun et l’avenir de la France, l’organisation d’un nouveau référendum est une exigence démocratique majeure pour notre pays. C’est aussi une nécessité pour la construction européenne qui doit être fondée sur l’adhésion des peuples et la souveraineté populaire.
Seule une mobilisation sans précédent des citoyens peut obliger le président de la République à organiser un référendum. Il y sera contraint s’il n’obtient pas, début 2008, 3/5 des suffrages exprimés des parlementaires pour la modification préalable de la Constitution française, nécessaire à la ratification du nouveau traité européen. Ainsi les députés et les sénateurs ont le pouvoir d’imposer le référendum, en votant contre cette révision de notre Constitution.
C’est pourquoi des personnalités diverses, les signataires de différents appels déjà lancés sur ce sujet, ont décidé de rassembler leurs efforts au sein d’un Comité National pour un Référendum.
Nous appelons en urgence toutes celles et tous ceux qui sont attachés à la démocratie et à une Europe fondée sur l’adhésion des peuples, qu’ils soient pour ou contre ce nouveau traité, à nous rejoindre pour empêcher un déni de démocratie et exiger la tenue d’un référendum.
--- votre signature ici ---
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La vraie vraie manif de droite
Comiques, ridicules ou pitoyables ?
Mais les trois, mon Fillon !
On se souvient des fausses vraies manifs de droite ? Ce dimanche a donc eu lieu la vraie, sur le thème "libérez le métro". On a du mal à décider de laquelle est la plus distrayante.
En famille, en vélo, en trottinette ou à rollers, plusieurs milliers de manifestants "antigrève" ont défilé à Paris. Ces manifestants du dimanche ont scandé des "on veut travailler" et "grévistes, égoïstes" de la place de la République à Nation. Organisée par les associations très conservatrices Contribuables Associés et Liberté chérie et par le parti Alternative Libérale, la manifestation avait pour mot d'ordre: "Stop la grève". L'Uni, syndicat étudiant bien à droite, était également représenté. Les organisateurs ont compté 15 à 20 000 participants, la préfecture de police 8 000.
"Cheminots, au boulot!" Une mère de famille s'époumone avant de se pencher vers ses deux fillettes: "Allez, criez plus fort." Sur les banderoles, des détournements de slogans de mai 68 -"Interdit d'interdire d'étudier", "Faites l'amour, pas la grève"- ou plus agressifs : "Syndicats, fascistes", "La France, aimez-la ou quittez-la".
Usagers "excédés" par les perturbations des transports, électeurs venus soutenir le gouvernement et hurler "Fillon, tiens bon", étudiants "pris en otage" par les "bloqueurs fascistes"... Tous ont entonné une Marseillaise et un détournement potache de YMCA.
Dans la rue, des passants sidérés se sont parfois arrêtés pour éclater de rire. Certains riverains, depuis leurs fenêtres, ont préféré insulter les manifestants qui les ont hués en retour. Et quant un adolescent s'approche, il provoque des sourires bienveillants lorsqu'il déclare que les cheminots sont tous des fainéants, il est applaudit chaudement quand il soumet l'idée qu'on devrait licencier tous les grévistes... et manque de se faire lyncher quand avec un sourire en coin il confesse son amour pour le second degré.
- article repris sur Rue89, adapté et complété par mes propres sources.
... revoir les fausses vraies manifs de droite
On parle de : La vraie vraie manif de droite
Sarkozy et les musulmans
Quand Nicolas Sarkozy dénonce en OFF
« le trop grand nombre de musulmans présents en Europe »
Selon le correspondant à Bruxelles de Libération, le président de la République se serait lancé dans une diatribe stigmatisant les musulmans sur fond de « choc de civilisations » devant des interlocuteurs « choqués » par la dureté de son langage et bientôt convaincus que le petit président a « un sérieux problème avec les musulmans ».
Les musulmans, vous savez, ces gens qui "pratiquent la polygamie, l'excision sur leurs filles, égorgent les moutons dans leurs appartements et ne respectent pas les règles républicaines.
Sur son blog, la biographie de Jean Quatremer indique qu'il "couvre l’actualité européenne pour Libération depuis septembre 1990, d’abord comme responsable du défunt cahier « Europe » - un supplément hebdomadaire de huit pages consacré à la construction communautaire - puis comme correspondant auprès de l’Union". Avant cela, il s'est "occupé, au sein du service société du même journal, des questions d’immigration... On y apprend que son "blog, lancé en décembre 2005, a obtenu le prix Louise Weiss du journalisme européen le 9 mai 2006. C'est la première fois qu'un blog reçoit un tel prix."
Quelques éléments en préalable et qui permettent sans aucun doute d'accorder quelque crédit à cette "histoire qui se raconte dans les chancelleries européennes" et que Jean Quatremer relate sur son blog consacré tout entier aux coulisses de Bruxelles.

© PLACIDE - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur
le 14 novembre 2007, par Jean Quatremer
L’histoire se raconte dans les chancelleries européennes. Nicolas Sarkozy, recevant le Premier ministre irlandais, Bertie Ahern, le 21 septembre, puis suédois, Fredrik Reinfeldt, le 3 octobre, se serait livré à une véritable diatribe anti-musulmane devant ses invités.
Selon mes sources, le chef de l’Etat s’est lancé dans une diatribe confuse d’une vingtaine de minutes, « dans un langage très dur, très familier, choquant pour tout dire», contre le « trop grand nombre de musulmans présents en Europe » et leurs difficultés d’intégration.
Il a aussi décrit de façon apocalyptique le « choc de civilisation » qui oppose les musulmans à l’occident. Le tout, manifestement, pour justifier son opposition à l’adhésion de la Turquie à l’Union.
Mais ses interlocuteurs, qui n’en sont toujours pas revenus, ne sont même pas sûrs de l’avoir bien compris, tant le discours était décousu et surtout hors de propos avec l'objet de ces rencontres, la préparation du Sommet de Lisbonne des 18 et 19 octobre.
Ils en ont, en tout cas, retiré la désagréable sensation que Sarkozy, non seulement avait un sérieux problème avec les musulmans, mais avait du mal à maîtriser ses nerfs.
Cette idée du "choc des civilisations" a déjà été développée, de façon plus policée, par le chef de l'Etat, dans une indifférence assez étonnante, le 27 août dernier, dans son discours aux ambassadeurs. Il avait alors expliqué que le "premier défi, sans doute l'un des plus importants" auquel doit faire face la France est :
"Comment prévenir une confrontation entre l'Islam et l'Occident ? Ce n'est pas la peine d'employer la langue de bois : cette confrontation est voulue par les groupes extrémistes tels qu'Al Qaeda qui rêvent d'instaurer, de l'Indonésie au Nigéria, un khalifat rejetant toute ouverture, toute modernité, toute idée même de diversité. Si ces forces devaient atteindre leur sinistre objectif, nul doute que le XXIe siècle serait pire encore que le précédent, pourtant marqué par un affrontement sans merci entre les idéologies".
Pour Sarkozy, "nous aurions tort de sous estimer la possibilité" "d'une confrontation, entre l'Islam et l'Occident": "l'affaire des caricatures en a été un signe avant-coureur". Dès lors, la surprise de Bertie Ahern et de Fredrik Reinfeldt s'explique : ils n'avaient sans doute pas lu ces quelques lignes.
Sarkozy et les musulmans
la polygamie, l'excision et les moutons égorgés dans les baignoires
On parle de : Sarkozy et les musulmans
ONU : Sarkozy accusé de légitimer intellectuellement le racisme
Beaucoup d'entre nous avaient été choqués par le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar. On se souvient aussi des accusations de BHL, qualifiant de raciste la petite plume du petit président. Et il faut lire, entre autres réactions, Le faux pas africain de Sarkozy, par Philippe Bernard (article paru initialement dans Le Monde), pour bien comprendre l'ampleur des dégâts provoqués par un discours donneur de leçons et paternaliste, qui a multiplié les clichés sur l'homme africain.
Aujourd'hui, c'est à l'ONU que les propos de Nicolas Sarkozy sont durement contestés...
- un article de Etienne Flandre dans Rue89 -
Au moment même où il savourait son triomphe à Washington, le président français était étrillé, aux Nations Unies, à New York, pour un autre de ses discours, celui prononcé le 26 juillet dernier, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal. Dans les sous-sols du bâtiment de verre, Doudou Diène, Rapporteur spécial de l’ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée (sic) s’est inquiété, devant une commission de l’Assemblée générale, d’une tendance récente à la "légitimation intellectuelle du racisme […] sous couvert de la défense de l’identité et de la sécurité nationale".
Le discours de Dakar et les tests ADN
Il a cité deux exemples: le Prix Nobel de médecine James Watson, contraint à la démission pour ses propos sur l’infériorité intellectuelle des Africains… et Nicolas Sarkozy pour son discours de Dakar ! "Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire" […] "Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance" […] "Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès" déclarait le président français dans cette adresse à la jeunesse africaine, rédigée, comme d’ailleurs l’éloge de l’Amérique prononcé devant le Congrès des Etats-Unis, par sa "plume" Henri Guaino.
"Dire que les Africains ne sont pas entrés dans l’histoire est un stéréotype fondateur des discours racistes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle", a tranché Doudou Diène à la tribune des Nations unies. Il a témoigné de la "blessure profonde" causée par le discours de Dakar chez les intellectuels africains. Et pour enfoncer le clou, ce juriste sénégalais, nommé expert indépendant sur le racisme en 2002 par la défunte Commission des droits de l’homme de l’ONU, a dénoncé l’utilisation des tests ADN pour le regroupement familial, qui contribue selon lui à la "stigmatisation de l’immigré".
Accusations "infondées et irresponsables"
Cette offensive anti-sarkozyste, alors que le président français se faisait adouber par le tout-Washington, a suscité un vent de panique chez les diplomates français en poste à l’ONU. Ils se sont empressés de condamner les accusations "infondées et irresponsables" de Doudou Diène, en expliquant que, dans ses discours comme dans ses actes, le chef de l’Etat avait toujours démontré que la lutte contre le racisme faisait partie de ses priorités.
La nomination de ministres issus de l’immigration est souvent présentée comme un engagement contre les discriminations. A la Maison Blanche, Nicolas Sarkozy s’est d’ailleurs affiché avec Rachida Dati et Rama Yade. "A l’époque coloniale, il y avait plus de ministres d’origine africaine dans les cabinets de la République et les assemblées qu’aujourd’hui", notait perfidement l’historien camerounais Achille Mbembe, en août dernier, dans sa réponse au vitriol au discours de Dakar.
Pour en savoir plus sur les bourdes de Sarkozy sur la scène internationale...
On parle de : Sarkozy accusé de légitimer intellectuellement le racisme
Copinage présidentiel et financement public du Nouveau Centre
Dans son discours de prise de fonction, notre Petit Père des People a souhaité que sa présidence soit guidé par douze exigences sur lesquelles il s'engageait :
1- "Rassembler les Français" ;
2- "Respecter la parole donnée" ;
3- "Tenir les engagements" ;
4- "Exigence morale" ;
5- "Réhabiliter les valeurs du travail, de l'effort, du mérite, du respect" ;
6- "Exigence de tolérance et d'ouverture" ;
7- "Exigence de changement" ;
8- "Exigence de sécurité et de protection" ;
9- "Exigence d'ordre et d'autorité" ;
10- "Exigence de résultat" ;
11- "Exigence de justice" ;
12- "Exigence de rompre avec les comportements du passé".
12- Exigence de rompre avec les comportements du passé : oups !
Fonds secrets / Fonds publics
... Alors qu'on n'est pas encore remis d'avoir appris :
que l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), qui émarge puissamment au MEDEF, est à la tête d'une caisse noire de six cent millions d'euros (quatre milliards de francs !!!) ;
que près de 200 millions d'euros ont servi à indemniser des entreprises à la suite de grèves (alors même que le MEDE, d'un autre côté, s'est toujours violemment opposé au paiement des jours de grèves) ;
que Denis Gautier-Sauvagnac, l'influent président de l'UIMM au sein du MEDEF a prélevé en liquide plus de vingt millions d'euros dans les fonds secrets ;
que Mme Laurence Parisot, présidente du MEDEF et responsable élue des fédérations qui y sont liées, déclare que : « beaucoup savaient inconsciemment » ! (sic) ;
que la caisse noire aurait servi à financer des parlementaires ;
que les enquêteurs ont constaté des pics de retraits en espèce juste avant les présidentielles de 2002 et 2007...
- lire ici et là... mais ce n'est que le début de l'affaire de la caisse noire du MEDEF
... Voilà qu'en douce, sans avoir l'air d'y toucher, les députés de l'UMP s'apprêtent à voter une modification de la loi sur le financement des partis, au profit exclusif de leurs nouveaux amis du Nouveau Centre (c'est-à-dire les centristes de l'UMP ou la part sarkoziste de la défunte UDF, pour ceux qui n'auraient pas tout suivi). On peut s'informer sur la manoeuvre en se rendant Rue89... ou bien simplement en écoutant l'ami François Bayrou qui en parle si bien :
On parle de : Financement public du Nouveau Centre
Guy Môquet, rappel à l'Histoire
Guy Môquet, martyr communiste aux bourreaux bien français
Guy Môquet est mort, non en tant que Résistant, mais parce qu’il était communiste.
Henri Guaino, conseiller du président, explique à propos du jeune fusillé : "Il tombe victime de la barbarie nazie". La part de vérité de cette affirmation est si partielle qu’elle en devient presque mensongère. Ce sont certes les nazis - en l’espèce le général Stülpnagel - qui ordonnent qu’en représailles à la mort du lieutenant-colonel Holtz, abattu à Nantes par la résistance, on fusille 50 otages. Mais lesquels ? Les Allemands n’interviennent pas dans le choix des victimes. L’homme qui désigne les suppliciés s’appelle Pierre Pucheu, le ministre de l’Intérieur de Pétain. C’est donc lui qui condamne à mort les 27 fusillés de Châteaubriant, groupe auquel appartient le jeune Guy Môquet.
Les 27 fusillés sont communistes et le hasard n’a rien à y voir : Pucheu explique clairement son choix comme dicté par la volonté d’ "éviter de laisser fusiller 50 bons Français". A ses yeux, un communiste n’est pas un bon Français. Or celui qui était alors le candidat Sarkozy a déclaré : "Je veux dire que cette lettre de Guy Môquet, elle devrait être lue à tous les lycéens de France, non comme la lettre d’un jeune communiste, mais comme celle d’un jeune Français faisant à la France et à la liberté l’offrande de sa vie". Absurde, puisqu’on a vu que Môquet est mort justement parce qu’il est communiste !
Et pourquoi Pucheu choisit-il les otages dans les rangs communistes ? Parce que, tout simplement, il est un digne représentant de cette droite collaborationniste viscéralement anti-rouges, au point de faire sienne la devise : "plutôt Hitler que le Front populaire". Au moment d’entrer en politique, Pucheu n’est en effet pas n’importe qui. Administrateur des fonderies de Pont-à-Mousson, des aciéries de Micheville, fondateur du Cartel international de l’acier, il est l’un des plus éminents représentants de ce qu’on appelait alors le Comité des forges, membre d'une bourgeoisie qui, après le triomphe de Hitler, entend prendre sa revanche sur le Front populaire. Pucheu, donc, choisit ceux qui seront fusillés et il choisit politiquement : Charles Michels, secrétaire général des cuirs et peaux CGT ; Jean-Pierre Timbaud, dirigeant de la métallurgie CGT ; Jean Poulmarch, dirigeant du syndicat des produits chimiques CGT ; Jules Vercruysses, dirigeant du textile CGT ; Désiré Granet, dirigeant du papier-carton CGT ; Jean Grandel, secrétaire de la fédération postale CGT... En somme, se débarrassant des syndicalistes, il joint l’utile (pour le patronat) à l’agréable (trucider la vermine rouge).
Voilà donc la vérité historique qu’il faut rappeler, à l’occasion de ce que le pouvoir sarkoziste a baptisé "Commémoration du souvenir de Guy Môquet et de ses 26 compagnons fusillés"... et en faisant d’abord observer que l’utilisation du mot "compagnons" est inappropriée et que le vocabulaire a un sens : car si les Résistants gaullistes se donnaient en effet du "compagnon", les communistes s’appelaient "camarade". Guy Môquet lui-même parle de ses co-suppliciés ainsi : "mes 26 camarades". Mais évidemment, le mot "camarade" lui-même, fortement connoté, évoque le communisme et ce fait n'a visiblement pas eu l'heur de plaire à l'équipage Darcos-Guaino-Sarkozy. Qu'à cela ne tienne, on a remplacé le mot honni de la droite par un "compagnon" moins... "ringard" (dixit Guaino). Pourquoi se gêner ?!
Ce petit mensonge corrigé, cette cohérence avec la vérité historique rétablie, ce révisionnisme à la petite semaine balayé, il pourra s'avérer ensuite, et en effet, utile de conter aux élèves de France comment donc la frange la plus puissante du patronat français, en cheville avec l’Etat pétainiste, a profité de l’exigence allemande d’exécuter des otages, pour éliminer ses opposants politiques en même temps que les animateurs du mouvement social, afin de mieux le décapiter. Enfin, seulement, on lirait la lettre de ce jeune homme de 17 ans, qui allait mourir simplement parce qu’il était le fils de Prosper Môquet, député communiste élu en 1936, et que cette seule filiation avait suffi aux yeux du gouvernement français de Vichy à lui faire mériter la peine capitale.
"Victime de la barbarie nazie" ? Plutôt martyr politique aux bourreaux bien Français, en vérité.
A lire aussi, cet hommage à Missak Manouchian..., résistant, fusillé et tombé pour la France, mais peut-être pas assez français - ni ses compagnons dont sur l'affiche rouge les visages semblaient "hirsutes et menaçants" - pour que le Petit Père des People exige qu'on lise sa lettre aux enfants de France, ou même n'en soit ému. Mais voilà, on ne peut ni déformer ni tronquer l'Histoire... et la France n'est ni une dictature ni une république bananière où les manuels d'histoire seraient écrits à grands coups de ciseaux.
On parle de : Guy Môquet, rappel à l'Histoire
Nicolas et Cecilia : la rupture !

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Et bientôt, les larmes du Président
Voilà, c'est officiel : Cécilia s'en est allée, les papiers du divorce sont sur le bureau de Nicolas Sarkozy, lequel est désormais un président célibataire. On apprend d'ailleurs, en passant, que la réalité de ce divorce remonte à loin, et qu'elle a été dissimulée jusqu'à aujourd'hui, aux prix de quelques mensonges aux français, afin de ne pas handicaper la course à la présidence du candidat Sarkozy.
Notons ici cette déclaration du Petit Père des People, ce jour devant le Conseil économique et social : “Il y a sans doute une bonne solitude, celle de la réflexion, celle qui offre le silence la sérénité, la liberté. Mais il y a la solitude poisseuse, celle qui oppresse, celle qui naît de la privation de l’écoute, du soutien, du regard de l’autre, celle qui fait oublier le sentiment d’aimer et d’être aimé”. Une déclaration qui de toute évidence préfigure la stratégie présidentielle qui va se mettre en place dans les prochains jours. On va nous la jouer tristesse et faire grincer très fort les violons. On va s'évertuer à susciter la compassion du bon peuple, attirer la sympathie de l’opinion, et finalement tirer profit de ce divorce pour soigner une popularité qui n'a de cesse ces temps-ci que de donner des signes de faiblesse.
Gageons que nous verrons bientôt un président la larme à l’oeil, un homme blessé au coeur mais toujours debout, se consacrant d'autant plus à faire le bonheur des français que le soir, une fois sa tâche accomplie, personne désormais ne l'attend à la maison, que le souvenir de cette femme qui fût l'amour de sa vie. Je mise pour ma part sur une couv’ de Paris-Match la semaine prochaine, dans une quinzaine tout au plus.
Bientôt, sans doute, un projet de loi sur le divorce afin de répondre à la détresse de ces pères formidables qu'un amour perdu et une décision de justice ont éloigné d'enfants qui sont aussi les leurs et qu'ils chérissent tout autant qu'une mère qui s'habille en Prada.
Les français tomberont-ils encore dans un de ces panneau grossiers dont notre grand communiquant a le secret ? Le feuilleton promet de nous tenir longtemps en haleine.
En attendant, il y a des coeurs à prendre. Pour les garçons, c'est ici... Pour les filles, c'est là...
Mais, jouons le jouer jusqu'au bout. Dans un tel billet, il semble indispensable de prononcer le mot rumeur et de citer les noms de Carole Bouquet, Anne Fulda et Maud Fontenoy. Allez donc savoir pourquoi... Quoi qu'il, je me suis autorisé à les classer par ordre de crédibilité. J'ajoute que pour ma part, citer en sus [sic !] le nom de Rachida Dati m'amuse énormément. Bienvenus dans la République du Petit Père des People : approchez, mesdames, approchez, messieurs, côté cul, côté coeur, le spectacle continue...

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On parle de : Nicolas et Cecilia : la rupture !
Tonton, le retour 2
Le "Teasing" des forces de l'Esprit
article pompé sur avoodware.com
Souvenez-vous, c'était lors de la campagne électorale des dernières présidentielles, une voix d'outre-tombe s'était faite entendre. Le 10 mars 2007, elle s'exprimait pour la première fois et disait ceci :
J'avais dit en son temps que je croyais aux forces de l'esprit et que je ne vous quitterai pas. Il est temps d'honorer ce rendez-vous.
[...]
D'ici, je le répète, je vois tout, j'entends tout, je lis tout; bref, je sais tout. Les mauvaises langues (de droite, mais aussi hélas, de gauche...) qui me liront dans les semaines qui viennent diront sans doute que pour une fois, je n'ai pas besoin des écoutes de mon fidèle Prouteau pour y parvenir. Qu'elles se méfient. Je vais tout dire, tout écrire, y compris sur elles...
Le blog de François Mitterrand venait de s'ouvrir : François-Mitterrand-2007, avec en exergue cette phrase prononcée par feu le président, lors de ses derniers voeux aux français : Je crois aux forces de l'esprit, je ne vous quitte pas...
Cela avait fait quelque bruit sur la toile, avait dans une certaine mesure bousculé le petit train-train médiatico-politique de la campagne électorale. Le blog avait très rapidement obtenu un réel succès d'audience. Le président postait chaque jour un nouveau billet et on débattait longuement de l'actualité politique au fil des commentaires. Cela en avait ravi certains, nombreux, et exaspéré beaucoup d'autres. Et puis, l'on s'était finalement souvenu qu'on ne croyait pas aux forces de l'esprit, que quelqu'un devait tenir la plume. Une chasse à l'auteur apocryphe s'était engagé. D'une telle ampleur que, finalement, sous la pression et cédant à l'hystérie, le blog se referme sur ces mots : Je vous le répète encore une fois, en guise de conclusion : Etre en accord avec soi-même, je ne connais pas de meilleur bulletin de santé. Je crois aux forces de l’esprit, je ne vous quitterai pas.. On était le 10 juin 2007, dimanche de premier tour des législatives.
Le silence s'était fait. On avait presque oublié. Pourtant, le 13 septembre 2007, on entendait ceci : " Et si, plus que jamais, il était temps de croire aux forces de l'esprit.... Etait-ce un ultime soupir, le dernier hoquet d'un esprit en décomposition ? Ou l'annonce d'un retour prochain, l'évocation d'un désir qu'on voudrait mutuel ? La réponse tombe ce jour où, sous le titre, Revenir..., on peut lire : Je sens qu'un nouvel esprit m'habite et je m'interroge. Puis-je vraiment laisser les choses en l'état, voyant ce que je vois, entendant ce que j'entends? Les forces de l'Esprit m'ont fait un bien beau cadeau encore. Dois-je en user?
Ouais, si ça c'est pas du "teasing" ! ...
Mais arrêtons-nous un instant et consultons Wikipedia :
Teasing est un mot anglais signifiant « taquinerie » mais il est plus correct de le traduire par « aguicher » pour sa connotation d'excitation (provoquer la curiosité, on le retrouve dans le mot strip-tease).
Le mot désigne une technique de vente attirant le spectateur par un message publicitaire en plusieurs étapes. Dans la première étape, un message court et accrocheur interpelle et invite à voir la suite. La deuxième étape apporte une réponse et incite à la consommation.
Le 'teasing' est arrivé en France en 1981 avec une triple publicité (affichage) pour l'afficheur Avenir, mise en scène par l'agence CLM/BBDO.
Sur une plage bleu azur...
1. Une jeune femme en bikini, mains sur les hanches, dit: « [Demain], j'enlève le haut » ;
2. quelques jours plus tard, seins nus, elle dit: « [Demain], j'enlève le bas » ;
3. quelques jours plus tard, nue mais montrée de dos, elle dit: « Avenir, l'afficheur qui tient ses promesses ».
Le 'teasing' a été utilisé en politique en France, avec la double publicité visuelle de Jacques Chirac de 1986: "Vivement demain..." suivie de "...avec le RPR".
Allez, Tonton, point de chichi [sic], reviens... et dis-nous donc quel est ce "bien beau cadeau" que t'ont fait les forces de l'esprit.
On parle de : Tonton, le retour 2
Quand SaT fait des étincelles
Sarkozy ou la diplomatie du Docteur Folamour
Il est des déclarations qui prises bout à bout ont su divertir... et inspirer mon compère et néanmoins talentueux dessinateur, SaT :
1- "J'irais chercher la croissance là où elle se trouve." (par Nicolas Sarkozy)
2- "Il faut que la France vende plus d'armes." (par "Nicolas" Fillon)
3- "Il faut se préparer au pire, c'est-à-dire la guerre." (par "Nicolas" Kouchner... et à propos de l'Iran)

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On parle de : Sarkozy ou la diplomatie du Docteur Folamour
Sarkozy trébuche sur la scène internationale
Les bourdes et les bourrelets diplomatiques d'un tout petit président
L'inconvénient avec les affaires étrangères est qu'on ne peut pas dire n'importe quoi. C'est que sur cette scène là, contrairement à celle de la République Bananière de France, c'est qu'on ne peut contraindre l'Autre à se taire et à se prosterner. Il est là des bourrelets qui ne se dissimulent pas d'un simple coup de gomme technologique.
En France, le petit président peut prétendre avoir été invité pour des vacances hors de prix par des amis dans une villa luxueuse , Agnès Cromback et Mathilde Agostinelli, respectivement présidente du joaillier Tiffany-France et responsable de la communication de Prada-France (qui habille Cécilia Sarkozy), ils ne sont pas nombreux à insister sur le risque de conflit d'intérêts entre un président en charge des affaires publiques et des groupes d'intérêts privés. Il devrait pourtant être tout à fait possible d'avoir des amis qui ne vous inondent pas de "cadeaux" - ou alors une cravate pour Noël...
En France, la femme du petit président peut prendre une angine blanche pour une excuse diplomatique, ils seront peut nombreux à souligner l'irresponsabilité de la dame, laquelle était tout à fait rétablie le lendemain lorsqu'il s'est agi pour elle d'aller faire son shopping chic en short et en T-shirt dans les rues de Wolfeboro. Lire ici, par exemple.
En France, le petit président peut déclarer que sa femme n'a de compte à rendre à personne, ils ne sont pas nombreux à s'effarer qu'on puisse s'affranchir avec une telle arrogance de la Constitution, dire qu'être la femme du président, fut-il de si peu d'envergure, n'est pas un statut et n'affranchit pas des lois de la République.
En France, le petit président peut voir une de ses promesses phares invalidée par le conseil constitutionnel, ils ne sont pas nombreux à insister sur le fait que c'était plus que prévisible, tellement que son propre ministre du budget (Woerth. Nicolas Woerth, je crois) et sa ministre du logement (Boutin. Nicole Boutin, je crois) avaient été sermonné par le petit président pour avoir évoqué, dès le mois de mai, ce "petit problème d'anticonstitutionalité" de la promesse du candidat Sarkozy.
En France, le petit président peut formuler le projet d'enfermer les pédophiles au-delà du terme de sa condamnation, fixée par une décision de justice, ils ne sont pas nombreux à souligner l'aberration de tels propos, alors même que l'ensemble des acteurs du monde judiciaire et carcéral souligne le manque de moyens nécessaires à l'application des lois existantes, et qui se succèdent à un rythme tout aussi aberrant - celui des faits divers - sans jamais avoir la moindre chance de répondre efficacement aux problèmes de la récidive ou de l'absence de soins psychiatriques dans les établissements pénitentiaires.
En France, les médias se taisent quand il le faut, font des courbettes dégoulinantes à leur petit père des people, et se charge avec soumission de retoucher les paroles du petit président pour en gommer les bourrelets disgracieux. Mais donc, les bourrelets s'accumulent également sur la scène internationale :
Nicolas Sarkozy s'est invité au sommet européen des ministres de l'économie et des finances pour expliquer sa politique économique, largement suspectée de prendre des largesses avec l'objectif de réduction de la dette. Et voilà notre petit président qui se prend une remontée de bretelle par l'ensemble de nos partenaires européens. Lire ici, par exemple.
Nicolas Sarkozy est allé en Afrique... et il faut lire, par exemple, Le faux pas africain de Sarkozy, par Philippe Bernard, pour comprendre l'ampleur des dégâts provoqués par un discours donneur de leçons et paternaliste, qui a multiplié les clichés sur l'homme africain.
Le premier ministre de Nicolas Sarkozy (il s'appelle Fillon. Nicolas Fillon, je crois...) a prétendu sur TF1 que Rodriguez Zapatero, son homologue espagnol, lui avait confié, en juillet, qu'il regrettait la régularisation de 600 000 sans-papiers à laquelle son gouvernement avait procédé en 2005, et s'était engagé "à ne plus le refaire". Mais voilà, le démenti de Madrid ne s'est pas fait attendre : contrairement à ce qu'affirme François Fillon, Zapatero ne "regrette" pas "amèrement" le choix de la régularisation et ne regrette en aucune façon cette décision, qui était "nécessaire, commode et positive". Le premier ministre espagnol a expliqué que son gouvernement et lui même considèrent que "personne ne peut travailler dans l'illégalité", ajoutant qu'il "ne permettrait pas" que 600 000 personnes travaillent sans-papiers.
Le ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy (Kouchner. Nicolas Kouchner, je crois) s'est laissé allé à suggérer qu'il faudrait à l'Irak un autre premier ministre. Mais voilà, l'Irak qui est un pays souverain n'a pas souhaité laisser dire et il a fallu s'excuser... plutôt que de voir s'allonger encore la liste des pays qui aimeraient sans doute déjà - cela ne fait que 100 jours - suggérer à la France de changer de Président...
Enfin, le petit président Nicolas Sarkozy prononce un discours sur la politique étrangère de la France devant l'ensemble de nos ambassadeurs et l'on comprend, cette fois définitivement, qu'il entend rompre avec la vision universaliste et laïque du Monde, qui est une tradition diplomatique française qui a beaucoup de mérite, pour s'aligner sur la vision communautariste du "choc des civilisations" de l'administration américaine de son ami George Bush (Lire ici, par exemple). Ainsi, aussi, le discours de politique étrangère du président français aura fait la une de la presse libanaise, par exemple et, à lire le quotidien anglophone de Beyrouth The Daily Star (ici), on comprend que lorsque Nicolas Sarkozy se démarque de Washington, est souligné qu'il lui reste des progrès à faire pour comprendre la région et que pour atteindre ses objectifs dans cette région du monde, il lui faudra autre chose que des bonnes intentions. En voilà qui ont tout compris à Nicolas Sarkozy : les discours compassionnels, les bonnes intentions et l'art de communiquer ne font pas une politique efficace.

Ils ont un président à poignées.
On parle de : Sarkozy trébuche sur la scène internationale
"Jean Jaurès et la religion du socialisme", par Vincent Peillon
Interview accordée à L'Hebdo des socialistes, parue le 26 mai 2000
Pourquoi cet essai sur Jaurès ?
Pour deux raisons. La première concerne notre engagementsocialiste. Notre tradition a été dominée par Jules Guesde et par le marxisme. A ce titre, la pensée de Jean Jaurès a été refoulée, et avec elle notre tradition.
La seconde concerne le sens accordé aujourd'hui à la politique. Celle-ci est devenu une technique, un professionnalisme réservé à quelques-uns et surtout séparé des autres manifestations de notre humanité. Jaurès est exemplaire car pour lui la politique n'a véritablement son sens que lorsqu'elle s'inscrit dans la totalité de l'existence.
On a surtout tendance à croire qu'il fut d'abord philosophe et ensuite politique. Or ses thèses de philosophie, par exemple, sont postérieures à son élection comme député. Il y a chez lui un aller et retour permanent entre l'action et la pensée. Il dit d'ailleurs qu'il ne faut jamais séparer les deux, que le courage est d'être à la fois un praticien et un philosophe.
Pourquoi Jaurès prône-t-il l'individualisme ?
Il y a tout un courant de tradition politique, depuis la philosophie antique jusqu'au marxisme, qui considère que le collectif vaut davantage que l'individuel. Et donc que l'on doit sacrifier les individus à la collectivité. Un autre courant, qui s'est incarné dans la Révolution française, à travers la Déclaration des droits de l'homme, qui considère que la communauté doit respecter l'individu. Que donc l'individu est au-dessus de la communauté, que celle-ci doit le servir plutôt que l'utiliser. Jaurès appartient à cette deuxième tradition. L'individu est la " fin suprême ". Et le socialisme est un individualisme, c'est-à-dire que la finalité de l'organisation collective, c'est la liberté de l'individu. Le socialisme de Jaurès est donc l'inverse du collectivisme, de l'étatisme et du marxisme-léninisme. Il n'est pas atteint par leur faillite.
En quoi consiste la religion du socialisme de Jaurès ?
Jaurès pense que tout homme est naturellement habité par une aspiration religieuse, une aspiration à l'infini. Étymologiquement, la religion c'est le lien. Comment assurer un lien entre les hommes ? Telle est la question politique majeure. Jaurès considère que le christianisme, qu'il a hérité de sa mère, a trahi l'essence du religieux, c'est-à-dire la possibilité de vivre en communauté et de s'épanouir en tant qu'homme et que seul le socialisme permettra de réaliser cette essence du religieux, parce qu'il donnera à tout homme la faculté de se réaliser et d'aller vers la justice. Le socialisme n'est donc pas une religion parmi d'autres, c'est l'essence même du religieux. une religion qui s'appuie sur la liberté et la justice.
D'autre part, Jaurès considère que le socialisme n'est pas une rupture avec le passé, mais que, comme doctrine et comme mouvement politique, il est l'héritier d'une très longue tradition : prophétisme juif, rationalisme grec, idéologie des Lumières, etc. Cet héritage contient l'" invincible espoir " que tout ce qui empêche le socialisme d'advenir va progressivement être surmonté. La pensée de Jaurès est d'un optimisme fondamental. Il ne méconnaît aucune des noirceurs de l'humanité, mais il a cette espérance d'un avenir où tout ce qui mutile l'homme, par exemple les différences de classes sociales, sera supprimé. Et la réalisation, après l'égalité politique, de l'égalité économique et sociale, permettra d'accomplir l'œuvre de Dieu.
Que dit sa thèse sur " La réalité du monde sensible " ?
Philosophiquement, Jaurès est très moderne, parce qu'il échappe à une double difficulté : d'une part à la négation du monde sensible comme le font la plupart des philosophes qui considèrent qu'une équation est plus réelle qu'une sensation, d'autre part à la négation de l'esprit par ceux qui réduisent le monde à la matière et aux seules données du sens. Jaurès surmonte cette antinomie car il soutient que le monde sensible existe, tout en lui reconnaissant de l'intelligence, de l'esprit. Sa force, c'est d'unir la nature et l'esprit, le temporel et le spirituel, l'âme et le corps, le philosophe et l'homme ordinaire.
Existe-t-il une actualité de Jaurès ?
Il y a depuis plusieurs dizaines d'années une crise du sens et, liée à elle, une crise de l'engagement politique. L'inspiration que l'on trouve chez Jaurès nous permet, je crois, de les surmonter, parce qu'il fonde son engagement politique sur une métaphysique et une morale. Il possède une intelligence de la place de l'homme dans la nature et de la nature de l'homme qui lui permet d'affirmer avec force un certain nombre de valeurs et de fonder un projet historique. Il redonne cohérence aux valeurs qu'on a aujourd'hui un peu tendance à perdre de vue et qui guident notre engagement.
Oublié pendant un siècle ou ignoré parce que cela arrangeait beaucoup de gens, on le redécouvre aujourd'hui parce que ses interrogations nous poussent vers l'avenir. C'est à partir de nos préoccupations présentes, comme socialistes engagés dans la construction de l'avenir, que nous pouvons retrouver Jaurès. Il nous devance encore.
On parle de : "Jean Jaurès et la religion du socialisme", par Vincent Peillon
Re-fondation
Mais au fait, c’est quoi « la gauche » ?
La gauche a perdu la bataille des présidentielles 2007. Il semble d’ailleurs que ce soit aujourd’hui le seul constat que nous sommes à même de tous partager. Ce simple fait suffit amplement à illustrer l’état de décomposition avancée dans lequel se trouve aujourd’hui la gauche. Il en est un autre pourtant, sur lequel nous devrions tous être d’accord, c’est qu’il s’agira de l’emporter en 2012, qu’il nous faut dès maintenant nous mobiliser pour y parvenir, choisir un chemin, une méthode, donc d’abord comprendre ce qu’il s’est passé.
Avançons pas à pas, et pour commencer posons cette évidence : la gauche a perdu parce qu’une majorité d’électeurs a préféré Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal, parce qu’une minorité seulement a préféré notre candidate au candidat de l’UMP. Laissons de côté les raisons de la victoire de Sarkozy (peu importe la force de l’adversaire, il ne s’agit que d’être plus fort que lui) et envisageons les raisons de la défaite de Ségolène Royal et de la gauche.
D’abord le premier tour – parce qu’une élection se joue sur deux tours. La gauche s’est présentée devant les électeurs français avec sept candidats et a totalisé un gros tiers des voix (36%). Voici une bonne mesure de l’état de délabrement de la gauche. La candidate socialiste ayant à elle seule recueilli 26% des suffrages, il apparaît clairement que les raisons de la défaite sont à chercher aussi ailleurs qu’au PS – sauf à penser qu’il lui faudrait gagner seul. Mais le PS ne doit pas non plus se voiler la face : les 9 millions d’électeurs qui se sont portés sur Ségolène Royal ne sont pas uniquement constitués de français dont l’enthousiasme pour la candidate serait sans nuance. C’est une évidence, beaucoup parmi eux auraient préféré avoir à voter pour un Strauss-Kahn, d’autres pour un Fabius. Surtout, l’exigence de ne pas voir se renouveler un 21 avril de sinistre mémoire aura convaincu un nombre significatif de français de voter socialiste afin d’assurer une présence de la gauche au second tour.
Et il y eut donc un second tour - et ce fut donc plus un soulagement, plus un retour à la normale surtout, qu’une victoire à mettre au crédit de Ségolène Royal, même si l’on ne peut lui enlever d’avoir au moins réussi ça. Mais à quel prix ? Si l’honneur de la gauche fut rétabli, le second tour se solda par une défaite, Ségolène Royal ne réunissant en son nom que 47% des suffrages et 17 millions d’électeurs. Disons-le ici tout net, personne ne peut prétendre qu’un autre candidat socialiste aurait été à même de faire mieux ou moins bien. Il ne sert d’ailleurs à rien qui soit constructif de poser cette question, on ne doit analyser une défaite qu’à partir de ce qui a été, en aucun cas en envisageant très hypothétiquement ce qui aurait pu être.
Il s’agissait de Ségolène Royal, de son pacte présidentiel – c’est-à-dire quelque chose de très proche du projet élaboré par le parti socialiste quelques mois plus tôt –, d’un discours pour porter le projet et d’un collectif pour relayer le discours. Pour ce qui me concerne, si Ségolène Royal a probablement pâti d’être une femme – il s’agit en particulier du procès en incompétence qu’on n’a cessé insidieusement, et odieusement, de lui intenter tout au long de la campagne –, je considère qu’elle réunissait en sa personne bien des atouts : féminité et compétence, mais aussi nouveauté, séduction, caractère, autorité, indépendance d’esprit, et même charisme. Bien qu’en matière de charisme, je ne sois pas tout à fait convaincu tant il lui manque les qualités de tribun : son débit n’est guère à même d’emporter à lui seul l’enthousiasme des foules.
Pour ce qui est du pacte présidentiel, je ne pense pas qu’on puisse là non plus trouver les raisons profondes d’une défaite. Il y avait dans ce projet de l’ambition, une cohérence et, surtout, un véritable ancrage à gauche. Ceci dit sans prétendre à sa perfection, assez loin de là en réalité, mais il y avait là de quoi rassembler le peuple de gauche et au-delà. Non, pour moi, le fond du problème est à chercher dans le discours et dans le collectif.
Ségolène Royal, reprenant à son compte une stratégie de campagne devenue monnaie courante dans les pays anglo-saxons et qui a montré son efficacité, a fait le choix de coller au plus près au discours de la droite afin de réduire à la portion congrue l’espace politique de celle-ci. Les thématiques de la valeur travail, de l’identité nationale et de l’ordre juste que Ségolène Royale a abondamment développées sont en la matière tout à fait illustratives. Ce fut un échec et ce pour deux raisons majeures.
En premier lieu Sarkozy n’a cessé durant la campagne de premier tour d’élargir son espace politique sur sa propre droite, ce qui au final a donné le très désagréable sentiment d’une Ségolène Royal courant après Nicolas Sarkozy, lui-même courant après Jean-Marie Le Pen. De toute évidence, la course de la première était dès lors tout à fait vaine.
En second lieu, une telle stratégie n’a de chance d’être gagnante que si l’on est par ailleurs assuré de ses propres fondements. Il n’est envisageable d’aller défier l’adversaire sur ce qui est a priori son propre terrain que si l’on a des attaches solides sur son propre sol. Or la gauche, faute d’avoir pris le temps nécessaire pour réfléchir à elle-même, est bien incapable de dire qui elle est, ou ce qui la fonde. Ainsi, si le travail ou le drapeau sont des thématiques politiques que la gauche a raison de contester à la droite, cela ne peut se faire au cours des quelques mois d’une campagne électorale. Il faudrait avoir eu la volonté de mûrir une réflexion de fond qui puisse être à même de nourrir le discours. Il aurait fallu un corpus idéologique fort et aux contours parfaitement définis afin de pouvoir s’y référer. Faute d’avoir fait cela, il apparaissait que la gauche se définissait par le simple fait de ne pas être la droite. Non seulement c’était un peu court, et assez flou, mais cela rendait suspectes les incursions de Ségolène Royal sur ce qui apparaissait être le domaine réservé de la droite.
Pour ce qui est du collectif, là encore c’est le flou qui a dominé. Ce fut tout au long des mois qui ont précédé les élections, la grande foire de la gauche et le règne tout puissant de l’amateurisme. Non seulement la gauche est apparue divisée, non seulement le parti socialiste était incapable de se rassembler et de faire corps derrière sa candidate, mais l’équipe même de Ségolène Royal semblait également naviguer à vue. Plutôt que de chercher à personnaliser les responsabilités de la division, de stigmatiser tel ou tel, il m’apparaît que ce qui explique ce climat délétère au sein de la gauche est à rechercher là encore en ce que la gauche est aujourd’hui une coquille vidée de sa substance, de son liant. Nous ne savons même plus ce qui est susceptible de nous rassembler, donc de nous accepter mutuellement au-delà de nos divergences. Il y a la droite de la gauche, la gauche de la gauche, la gauche de la droite de la gauche, la gauche libérale et la gauche gauchisante, l’alter gauche et la gauche caviar, la gauche sociale et la gauche sociétale, la gauche coco et la gauche caca (vous savez, les socio traîtres… ), mais la gauche, elle, n’existe plus, ou semble ne plus exister en tant que telle et par elle-même.
Pourtant, il existe bel et bien, lui, le peuple de gauche. Peuple orphelin et errant, en quête de sens, toujours prêt cependant à faire corps et à se dresser puissamment devant les plus mauvais coups que cherche à porter la droite. Choisissez dans ce peuple deux individus au hasard et placez les face à face : ils se flaireront deux minutes l’arrière-train, puis se reconnaîtront. Faites-les parler de leur vision du monde, de leurs aspirations et de leurs espérances,de leurs colères et de leurs inquiétudes, ils se reconnaîtront encore, et s’aimeront sans doute. Demandez-leur d’évoquer leurs options politiques et toute cette cordialité tournera bien vite au pugilat. Ce sera un socialiste et un communiste, dont deux traîtres. Ce sera un Vert et un alter-mondialiste, dont deux traîtres. L’un LCR et l’autre LO : deux traîtres. L’un Voynet et l’autre Lipietz : deux traîtres. L’un DSK et l’autre Fabius : deux traîtres. L’un Royal et l’autre Hollande : deux traîtres… la gauche ne sait plus se parler ni s’écouter, parce que ce qui divise est devenu plus fort que ce qui rassemble, parce qu’elle a oublié ce qui rassemble, parce qu’elle ne sait plus qui elle est.
Voilà pourquoi, avant toute chose, la gauche a besoin de retrouver ses fondations et probablement de les renouveler. Elle a besoin de bases solides, sans quoi il sera impossible de construire quoi que ce soit de solide et de durablement solide. Qu'est-ce que la gauche française aujourd'hui ? Comment la définir ? Quel est son socle, son fondement, son essence ? Quelles sont ses objectifs, aussi ? Voilà ce qui doit constituer nos préoccupations, pour l'heure, exclusivement et hors toute considération de personnes, sans en exclure a priori aucune et dans le respect des divergences.
Et d’ailleurs, si l’on s’y arrête un instant, est-ce si difficile de tomber d’accord sur le fait que la gauche est quelque part dans l’ambition de redistribuer la richesse économique, de produire de la justice sociale, de favoriser l'égalité des chances, de permettre à chacun son épanouissement personnel dans un vivre ensemble harmonieux ? Encore faut-il donc prendre le temps de s’y arrêter, ensemble. Prendre le temps de vivre la gauche.
Et puis, il y a aussi Gilles Deleuze qui donnait un excellent point de départ : "Etre de gauche, c'est percevoir le monde d'abord" - lire ici et voir là...
On parle de : Re-fondation
TVA "sociale" : la grande entourloupe
TVA... patronale
Tout Va Augmenter... même les profits
Le gouvernement du petit père des people révèle son intention d'instaurer une TVA "sociale", c'est-à-dire, pour être clair, son souhait de compenser une baisse des charges sociales par une augmentation de la TVA, et donc de transférer une partie du financement de la protection sociale, du coût du travail vers les prix à la consommation.
Revenons d'abord sur le raisonnement économique qui est à l'origine de cette idée de TVA "sociale" :
1- la TVA est un impôt qui s'applique à tous les produits vendus en France, importés ou produits localement ;
2- les charges sociales quant à elles ne pèsent que sur les entreprises françaises ;
3- si donc on diminue les secondes en compensant par une augmentation des premières, on renforce la compétitivité des entreprises françaises, on relance la production et on lutte contre les délocalisation.
A cet argumentaire économique, la droite s'est lancée ces jours-ci dans une justification politique. Afin de justifier que cela réduira le coût du travail, on nous dit que les entreprises paieront moins de charges sociales sur les salaires qu'ils versent à leurs salariés. Mais d'un autre côté, afin de répondre aux craintes qu'en augmentant la TVA, on porte un coup dur au pouvoir d'achat des français, on nous explique que ce ne sera pas le cas, puisque d'un autre côté les salariés paieront moins de charges sociales sur leurs salaires. Deux arguments largement contradictoires et qui jouent sur la confusion entre charges patronales, payées par les entreprises, et charges salariales, payés par les salariés.
C'est évidemment les charges patronales qui bénéficieront de la mesure, on ne pourrait dans le cas contraire parler de baisse du coût du travail - c'est-à-dire du coût de revient pour l'entreprise d'un salarié. D'ailleurs, l'aide de camp Fillon parle maintenant, et très opportunément, de "TVA anti-délocalisation" : il s'agit bien d'alléger les charges des entreprises et d'en faire payer la note par les consommateurs - et les salariés, quant à eux, n'y gagneront rien.
Cette TVA sociale est donc constituée de deux mesures largement indépendantes : d'un côté l'allégement des charges patronales - et c'est bien pourquoi il serait en réalité plus juste de parler de TVA patronale, plutôt que "sociale" -, d'un autre côté, le financement de cette baisse par une augmentation de la TVA. Envisageons ces deux mesures, l'une après l'autre.
Pour ce qui concerne l'allégement des charges patronales, ce n'est de loin pas la première fois que la droite s'essaie à cette mesure, sans avoir pourtant jamais rencontré le succès : les salaires ne s'en sont jamais trouvés augmentés, les entreprises françaises n'en ont jamais été plus compétitives, les délocalisations n'en ont jamais été freinées, pas plus que le rythme des licenciements. Mais soyons justes, il est vrai que les profits ont pu largement poursuivre leur augmentation constante.
On notera à ce sujet que Ségolène Royal proposait de cibler les allégements de charges sur les entreprises qui en ont besoin, par exemple les petites et très petites entreprises, ainsi que de demander le remboursement de tels allégements aux entreprises qui choisiraient ensuite de délocaliser. Rien de tel bien entendu dans le projet du gouvernement Fillon : on va continuer d'arroser uniformément l'ensemble des entreprises, en pure perte et sans contre-partie.
Pour ce qui concerne le financement de ce cadeau aux entreprises, l'augmentation de la TVA, notons d'abord que Fillon évoque une augmentation de cinq points, ce qui porterait donc le taux de la TVA à 25,6%, ce qui est un taux tout à fait délirant. Souvenons-nous également que ce taux était de 18,6% avant que Mr Juppé ne le porte à 20,6% en 1995, puis que Mr Jospin la réduise en 1997 à 19,6%. Dans un cas comme dans l'autre, si toute l'augmentation ne se retrouve pas en augmentation des prix, l'expérience montre que 60 à 70% de l'augmentation de la TVA se répercute effectivement sur les prix à la consommation, ce qui pénalise d'autant le pouvoir d'achat des ménages. Pour les plus pauvres, cela correspondra à des fins de mois encore plus difficiles. Pour tous ceux-là, il sera nécessaire de travailler beaucoup plus - si l'opportunité leur en est donnée - pour simplement vivre moins bien...
Ainsi, d'une part on allège le coût du travail avec pour conséquence l'augmentation des profits des entreprises, et d'autre part on augmente la TVA avec pour conséquence une diminution du pouvoir d'achat des ménages.
Mais ce n'est pas tout. Il faut également noter qu'augmenter la TVA correspond à augmenter l'impôt le plus fondamentalement injuste : non seulement c'est un impôt non redistributif - il est proportionnel, contrairement à l'impôt sur le revenu qui est lui progressif (plus votre revenu est important, plus vous payez plus d'impôt) -, mais en sus c'est un impôt qui ne pèse que sur la part consommée des revenus, et non sur la part épargnée - plus votre revenu est important, plus votre capacité d'épargne est grande et moins donc vous payez de TVA. Il est là aussi intéressant d'avoir à l'esprit que ce même gouvernement vient d'annoncer la semaine passée qu'il allait consacrer 15 milliards d'euros par an pour alléger les impôts des plus riches - et à la marge des classes moyennes les moins défavorisées : il s'agit de l'instauration d'un bouclier fiscal, de la suppression des droits de succession et de la défiscalisation d'une partie des intérêts d'emprunts.
Ainsi, il est important de remettre ici en lumière l'engagement de Nicolas Sarkozy de ne pas augmenter la part globale des prélèvements obligatoires. On comprend bien aujourd'hui que si en effet, peut-être, le total des prélèvements obligatoires n'augmenteront pas, ce sera d'une part pour favoriser les entreprises (baisser les charges) au détriment des ménages (augmenter les impôts), et ce sera d'autre part, au sein des ménages, pour favoriser les plus aisés (intérêts d'emprunt, droits de succession bouclier fiscal) au détriment des plus en difficultés (augmentation de 5 points de la TVA).
Il s'agit bien d'une politique de droite. La même que celle qui est mise en oeuvre dans notre pays depuis 2002. En pire. Et connaissantt les résultats obtenus (explosion de la dette, creusement record des déficits sociaux, déficit record du commerce extérieur, accroissement de l'échelle des salaires et de la fracture sociale, augmentation constante des précarités...), on peut gager que ce sera la même chose cette fois encore. En pire.
Pour aller plus loin, je vous suggère :
- un excellent article de Olivier Bouba-Olga, économiste, Maître de Conférences à la Faculté de Sciences Economiques de l'Université de Poitiers et chargé d'enseignement à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris : La TVA sociale anti-délocalisation anti-chomage non inflationniste qui va faire payer les méchants étrangers ;
- les points de vue de Liêm Hoang-Ngoc, économiste au CNRS, et de Christian Saint-Etienne, membre du Conseil d'analyse économique, donnés dans Le Monde : Pour ou contre la TVA "sociale", le point de vue de deux économistes.
On parle de : TVA "sociale" : la grande entourloupe
Sarkozy, G8, Poutine et vodka
Petit président pompette et grandeur de la France
Nicolas Sarkozy a mis ses pas dans les traces de Boris Eltsine : hallucinant, lamentable et honteux.
Ces images feront rire dans le monde entier, et plutôt dix fois qu'une au cours de bien des bêtisiers politiques dans les années à venir, mais les français n'auront pas ce privilège avant longtemps, ni d'en rire ni même de s'en offusquer, car vous pouvez être certains que les chaînes de télévision nationales jetteront un voile pudique et respectueux sur ces images - de même que les télévisions russes en leur temps se gardaient bien de diffuser les images d'un Boris Eltsine ayant trop forcé sur la boisson, lèse-majesté oblige.
Nota Bene : Certains n'ont pas hésité à prétendre que le petit père n'était simplement qu'essoufflé. A ceux-là rappelons que Nicolas sarkozy est un adepte du footing et du vélo - il a suffisamment mis en scène la chose pour que nous n'ayons pas à l'oublier à la première occasion. Quelques couloirs, voire un escalier, à franchir pour atteindre la salle de presse n'auraient pu le mettre dans cet état - à supposer même qu'il aurait décidé de les parcourir en trottinant (on a d'ailleurs du mal à imaginer un chef d'Etat courir vers les journalistes afin de leur éviter deux petites minutes d'attente supplémentaire). La video ne laisse d'ailleurs aucun doute : le petit président est bel et bien vitrifié.
On parle de : Sarkozy, G8, Poutine et vodka
Mesures fiscales Fillon-Sarkozy
Lettre ouverte à mon ami Jean, sarkoziste en espérance
Mon cher Jean,
Depuis aujourd'hui, nous connaissons la traduction concrète des promesses fiscales de Nicolas Sarkozy, ton président de tous les français enfin presque. Si tu le veux bien, regardons ensemble en quoi elles te concernent.
Je sais que ta femme (transmets lui mes amitiés) et toi avez en projet d'acheter ce petit pavillon - devenir enfin propriétaires et pouvoir ainsi, plus tard, laisser un petit quelque chose à vos deux charmants enfants (j'espère que le petit dernier s'est bien remis de sa bronchiolite), plutôt que de continuer jusqu'à la fin de vos jours à dilapider vos maigres revenus dans ce foutu loyer, lequel ne cesse en plus d'augmenter. Si mes souvenirs sont bons l'opération, frais de notaires compris, l'achat de la maison plus les petits travaux qu'il faudra bien y faire pour la rendre un peu plus habitable, vous reviendrait à 200 000 euros (une sacré somme, tout de même).
La dernière fois que nous avons étudié ensemble cette affaire, nous étions parvenu à la conclusion que ta capacité de remboursement était au maximum de 800 euros par mois. Au taux actuel de 4%, assurance comprise, cela te permettait d'emprunter 130 000 euros sur vingt ans. Malheureusement, le petit capital que vous êtes parvenus à constituer au fil des ans, et à force d'efforts, ta femme et toi, n'est que de 50 000 euros. Ce n'est déjà pas si mal, il faut en convenir, mais cela ne permettait pas d'atteindre la somme nécessaire : il te manquait quelque 20 000 euros et il a fallu une nouvelle fois renoncer, reporter cet achat qui, je le sais, vous tient vraiment à coeur. C'est en réalité 150 000 euros qu'il vous faudrait emprunter, ce qui vous coûterait 920 euros par mois, ce que vous ne pouviez raisonnablement pas vous permettre, mais...
Mais Nicolas Sarkozy a été élu, et c'est même pour cela en partie que tu avais décidé de lui apporter ton suffrage. Je suis heureux pour toi de pouvoir t'annoncer que tu avais raison.
En effet, grâce au nouveau président, et à son fidèle aide de camp, tu vas pouvoir recevoir en crédit d'impôts 20% des intérêts de ton futur emprunt. Attention, les cinq premières années seulement - quand j'ai annoncé ce matin à Bernard qu'il ne bénéficierait pas de cette mesure parce qu'il a acheté sa maison il y a cinq ans, il a piqué une sacré colère, tu peux me croire. Ainsi, en empruntant tes 150 000 euros sur 20 ans, tu paierais en moyenne annuelle 5200 euros d'intérêts. Tu ne dépasserais donc pas le plafond de la mesure, lequel pour toi (couple avec deux enfants) est de 8500 euros. Ton crédit d'impôt serait donc égal à 20% des intérêts payés, soit 1000 euros, donc 85 euros par mois... Ce qui augmente d'autant ta capacité de remboursement.
De fait, ta capacité de remboursement est maintenant de 885 euros, plus si loin des 920 euros nécessaires. En vous serrant un peu la ceinture, ta femme, toi et les enfants, tu devrais pouvoir emprunter - sans oublier que la mesure ne dure que cinq années et qu'il te faudra dans cinq ans avoir trouvé les 100 euros qui manquent. Jean, te voilà donc en mesure de devenir enfin propriétaire.... Mais faisons un peu de politique maintenant, ne regardons plus seulement ton cas finalement très particulier.
Car il te faut tout de même, mon ami, être bien conscient que l'immense majorité des français n'a pas la chance de se trouver dans cette situation très précise, c'est-à-dire être à simplement quelque 100 euros mensuel de pouvoir acheter. D'un côté, il y a l'immense majorité des locataires qui sont à beaucoup plus de 100 euros de leur rêve d'accéder à la propriété de leur logement, généralement parce qu'ils n'ont pas la possibilité de mettre 50 000 euros de côté - ni même d'ailleurs 10 000 - parce que leur loyer actuel leur prend tout justement, chaque mois et depuis toujours. Sans ces 50 000 euros, impossible d'emprunter. Et d'ailleurs, ils n'ont pas non plus 800 euros, ni même 600 euros à débourser chaque mois. Ils le savent bien, eux qui ont tant de mal à payer à leur propriétaire le loyer de 500 euros qu'il leur réclame et qui ne cesse d'augmenter, année après année. Deux fois déjà, ils ont dû déménager pour trouver moins cher, et donc plus petit et plus loin.
Et de l'autre côté, il y a l'immense majorité de ceux qui pour acheter leur appartement ou leur maison n'ont pas besoin de ces 100 euros. Beaucoup parmi ceux-là sont d'ailleurs déjà propriétaires et depuis longtemps - et même si ça n'a pas été facile pour tous, ils y sont tout de même parvenus. Quelques-uns sont même déjà multi-propriétaires et bénéficieront également de la mesure. A tous ceux-là, ces 100 euros permettront dans le meilleur des cas d'acheter plus grand ou mieux situé. Ce qui est tant mieux pour eux, bien entendu, mais...
Mais la priorité est-elle de favoriser l'accès à une propriété plus grande ou mieux située, ou bien plutôt de favoriser l'accession à la propriété de ceux qui en l'état actuel des choses ne peuvent pas ? Toi, Jean, mais aussi ceux qui ont moins encore - plutôt que toi et surtout ceux qui ont bien plus que toi, et qui d'ailleurs bénéficieront d'avantage que toi de la mesure sarkoziste. Sais-tu par exemple que les intérêts que tu paies à la banque sont une forme de loyer ? C'est le loyer de l'argent dont tu as besoin pour te loger. T'es-tu demandé pourquoi Sarkozy propose d'accorder un crédit d'impôt à ceux qui paient un loyer à l'argent qui leur permet de se loger et pas à ceux qui paient un loyer directement pour se loger ? Pourquoi à ceux qui paient un loyer à la banque et à qui il restera au final un bien, et pas à ceux qui paient un loyer à leur propriétaire et à qui au final il ne restera rien ? Pourtant, l'un comme l'autre paie ce loyer pour la même nécessité, celle de se loger, la seule différence étant que dans un cas, on devient propriétaire et que dans l'autre on est dépossédé grandement de la possibilité de pouvoir le devenir. Ne serait-ce pas, à bien y réfléchir, une manière de favoriser ceux qui ont plus d'argent ?
Ha, j'oubliais de t'entretenir d'un point important : les banques ne te feront crédit que si ton revenu, ton salaire et celui de ta femme, couvre trois fois le montant du remboursement de ton emprunt, c'est-à-dire dans ton cas, s'il est supérieur à 2700 euros... et pourvu bien entendu qu'il s'agisse de CDI - les banquiers n'aiment généralement pas trop l'incertitude. J'espère que ce point là ne te fermera pas les portes des banques, elles sont impitoyables.
Passons. Je sais par ailleurs que la question des droits de succession t'a également beaucoup intéressée durant la campagne des présidentielles. Nous savons maintenant très précisément ce qu'il en sera. Pour cette maison que vous laisserez donc à vos deux enfants, donc un bien de 200 000 euros, soit 100 000 euros chacun, j'ai fait le calcul : avant Sarkozy, chacun d'entre eux aurait eu à payer 1000 euros d'impôt et aurait conservé pour lui 99 000 euros. Aujourd'hui, promesse tenue, ils ne paieront rien et garderont tout.... ce qui est en effet un poil mieux, mais...
Mais voilà ce dont il faut avoir bien conscience, chacune de ces deux mesures coûtera chaque année 5 milliard d'euros à l'Etat. Or 10 milliards d'euros chaque année - et n'oublie pas que la quasi totalité profitera a des gens qui en ont moins besoin que toi ou même que tes enfants - ça permet de faire beaucoup, beaucoup de choses plus utiles, utiles pour toi et ta femme, pour tes deux enfants et aussi pour ceux qui sont encore plus que vous dans la difficulté.
Par exemple, ça permet de construire chaque année 100 000 logements sociaux. Or une chose est certaine, 100 000 logements supplémentaires construits chaque année, ça ralentirait très nettement la flambée des loyers et le coût de l'immobilier. Le locataire que tu es aurait alors sans aucun doute beaucoup plus de facilité à se constituer un capital plus important... et la maison que tu convoites ne coûterait certainement pas si cher. Mais...
Mais voilà, ça ne ferait certainement pas plaisir aux grands propriétaires, aux rentiers, aux spéculateurs immobiliers, ni aux banques...tous les vrais bénéficiaires des mesures que prend et que prendra encore ce petit président que tu as élu. Tu sais, ce sont tes enfants qui devront payer la dette qu'il a décidé de laisser filer encore davantage, et ça leur coûtera bien davantage que ces 1000 euros de droits de succession qu'ils auront économisé. Et tu sais pourquoi il laisse filer la dette ainsi ? Parce que cela permettra plus tard de justifier qu'on saigne à blanc des services publics que la France sera devenu incapable de financer. Mais cela semblera une évidence pour tout le monde, puisqu'en ayant supprimer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, ainsi qu'il l'a annoncé, les services publics seront devenus totalement inefficaces. Pourtant, au final, il faudra payer beaucoup pour se faire soigner - pense à la franchise qu'il a promise : ce n'est qu'un début -, il faudra payer beaucoup pour pouvoir étudier, il faudra payer beaucoup pour aller en justice, etc...
D'ailleurs la stratégie est connue : en leur temps déjà Reagan et Thatcher ont adopté la même, laisser filer les dépenses et assécher les services publics, afin de pouvoir justifier ensuite de les supprimer, c'est-à-dire d'en supprimer la gratuité, c'est-à-dire d'en interdire l'accès à ceux qui ne pourront pas payer : toi. Ces politiques ont produits des effets dramatiques, renvoyant cette classe moyenne dont tu fais partie à la pauvreté, sinon à la misère. Sarkozy n'a seulement que dix ans de retard sur le drame.

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On parle de : Mesures fiscales Fillon-Sarkozy
Petite fable animalière
Une petite présentation des protagonistes s'impose :
- les lions... de l'UMP
- les crocodiles... du FN
- le troupeau de buffles... le peuple
- au milieu, la proie qu'on se dispute ou bien qu'on défend... la République
Maintenant, observez ce qu'il se passe :
On parle de : Petite fable animalière
Sarkozy, un mois plus tard
Gesticulations médiatiques, cadeaux aux plus riches, inefficacité économique et creusement de la dette
Passons sur les gesticulations médiatiques, ce n'est pas une surprise, ça fait cinq ans que ça dure. Il est partout où on peut le voir, soit parce qu'il y a des people (au Fouquet's, par exemple), soit parce qu'il y a des caméras, souvent parce qu'il y a les deux. Il brasse de l'air, c'est sa manière de soigner sa popularité, on le sait. Nous verrons combien de temps cela résistera aux faits. Il en a a posé quelques-uns déjà qui permettent de mesurer l'ampleur de ce qui attend les français :
La déduction fiscale des intérêts sur les emprunts immobiliers : Voilà très clairement un cadeau fait aux propriétaires dont on peut pour le moins affirmer qu'ils sont en général et par essence plus riches que les locataires. On peut d'ailleurs se demander pourquoi un cadeau fiscal équivalent n'est pas offert à ses derniers, dans un simple souçi d'équité. Du point de vue du portefeuille, payer un loyer revient à rembourser des intérêts sans même avoir acquis un capital : il serait donc juste de permettre la déduction fiscale de l'ensemble des loyers versés pour son habitation principale.
On nous répondra qu'il s'agit de faciliter l'accession à la propriété. Pourquoi dans ce cas faire ce cadeau à ceux qui sont déjà propriétaires, qui ont acquis leur logement l'année dernière par exemple, ou il y a déjà cinq ans ? J'en suis, j'ai fait le calcul : par cette mesure, c'est 2000 euros que je vais pouvoir défiscaliser pour l'année 2007. Mais pis, cette mesure est connue, elle s'appliquait déjà avant 1997 et elle n'a aucun impact sur l'accession à la propriété, l'avantage fiscal étant aussitôt absorbé par une augmentation équivalente du coût de l'immobilier.
Voici donc une mesure à la fois injuste et inefficace, qui favorise les foyers les plus aisés et qui coûtera 5 milliards d'euros par an.
La défiscalisation et l'éxonération des charges sur les heures supplémentaires : Passons sur le caractère anticonstitutionnel de la mesure, qui ne pourra franchir le barrage du conseil constitutionnel que si ce dernier retient le motif d'intérêt général. Reste là encore que seront privilégiés par cette mesure ceux qui ont déjà un travail sur ceux qui n'en ont pas, et encore seulement auxquels le patron sera en mesure d'accorder ces heures supplémentaires... et de les payer. Par ailleurs, on sait déjà qu'il est plus que certain que l'effet d'aubaine jouera à plein pour les entreprises, lesquelles par exemple pourront préférer embaucher un salarié sur la base d'un temps partiel de 30 heures assorties de 5 heures supplémentaires défiscalisées, plutôt que sur un temps plein de 35 heures, avec pour effet une précarisation accrue du salarié auquel on pourra en tant que besoin supprimer ces heures supplémentaires. Ou encore, pour les cadres, on préfèrera substituer le paiement d'heures supplémentaires à des augmentations de salaires de manière à s'exonérer des charges correspondantes - ce qui ne pourra que contribuer à creuser un peu plus les déficits des comptes sociaux. Quant aux chômeurs, l'offre de travail n'en sera encore que moindre...
Une autre mesure injuste, économiquement inefficace, cadeau supplémentaire fait aux entreprises et qui elle aussi coûtera 5 milliards d'euros par an.
La suppression de 95% des droits de succession : Et voilà une supercherie supplémentaire qui masque en réalité une mesure profondément injuste. En effet, l’abattement principal, aujourd’hui fixé à 76.000 euros, est cumulable avec celui dédié aux enfants, à concurrence de 50.000 euros par enfant. Dans un pays où la succession moyenne est de 100.000 euros, ce dispositif exclut d'ores et déjà près de 90% des transmissions entre époux et 80% en ligne directe de toute imposition. La mesure s'adresse exclusivement et exonèrera donc la quasi-totalité des 15% des Français les plus fortunés du paiement de cet impôt.Sachant que 10 % des ménages détiennent déjà 50% du patrimoine, une telle mesure conduira à l’explosion des inégalités. Et ce encore pour un gain économique évidemment tout à fait nul.
Et voici donc une troisième mesure sous forme de cadeau aux plus riches, profondément injuste et économiquement inefficace... qui coûtera 5 milliards d'euros par an.
Au total, et au-delà donc des gesticulations médiatiques et des belles paroles, ce premier mois de présidence sarkoziste se solde par trois mesures injustes, favorisant les plus riches, et inefficaces du point de vue de l'économie du pays ; et ce pour un coût total sur la mandature du petit président de 75 milliards d'euros ! Bah c'est la dette qui va être contente...
A titre de comparaison, il est important de noter également ces quelques chiffres :
- budget annuel de l'enseignement supérieur : 10 milliards d'euros
- budget annuel de la justice : 6 milliards d'euros
- coût moyen de construction de 10 000 logements sociaux : 1 milliard d'euros
On comprend bien où vont les priorités du petit père des people. Sûr que beaucoup de propriétaires immobiliers, de cadres et de détentaires de gros patrimoines confirmeront leur choix lors des prochaines élections législatives. Pour les autres, il est encore temps de s'apercevoir de la supercherie s'ils ont voté Sarkozy le 6 mai, ou de confirmer leur choix pour les autres. Rappelons utilement que sur 45 millions d'électeurs, 26 millions n'ont pas voté pour Nicolas Sarkozy. Tout dépend seulement de la mobilisation de chacun : car au-delà de tout sondage et de tout pronostic, c'est chacun de nous, un par un, un vote après un autre, qui fera le résultat des élections législatives.

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On parle de : Sarkozy, un mois plus tard
Constat accablant à propos des rapports police-population dans le "9.3"
Sarkozy : échec et dissimulation
Finalisé en décembre 2006 après deux mois d'étude et de rencontres avec des acteurs municipaux, policiers ou magistrats du "9.3", d'où sont parties les émeutes de 2005, un rapport de l'Institut National des Hautes Etudes de Sécurité (INHES), qui dépend du ministère de l'Intérieur, dresse un constat accablant des relations entre police et population en Seine-Saint-Denis et évoque un "climat d'insécurité permanent", susceptible de s'envenimer encore.
Les auteurs de ce rapport indiquent que "les relations actuelles entre la police nationale et la population" en Seine-Saint-Denis "sont difficiles et empreintes de tensions évidentes". Ils évoquent une "déferlante de violence" avec un "nombre croissant de mineurs" mis en cause dans la délinquance, une "dégradation", voire "parfois une césure" police/population. L'état réel de la délinquance "révèle une face cachée significative d'un profond malaise" : une "hausse considérable des violences", une "baisse discutable des faits constatés", une "violence endémique".
La police se concentre trop sur la lutte contre les stupéfiants ou les clandestins, affirme par ailleurs l'étude, dénonçant une "hausse artificielle" de ses taux d'élucidation, qui donnent "une image agressive" des forces de l'ordre. Est souligné un "décalage" entre la "suractivité permamente" de la police et les "réalités subies par la population". Le "93", soutient l'étude, est dans une situation de "marginalisation croissante" avec une "délinquance hors normes". Un "fossé se creuse avec les autres départements" notamment pour ce qui est des faits violents constatés. L'étude constate par ailleurs un "faible taux de plaintes" et également une "faible réponse judiciaire vécue, selon les acteurs de terrain, par la population et la police".
Tous les éléments mis en avant dans l'étude ont pour conséquence un "climat d'insécurité permanent entre la police et les habitants des quartiers sensibles". L'INHES demande de "prendre en compte le contexte dans lequel vivent" les "populations fragilisées" du "93" sur les plans économique et social et regrette qu'il n'y ait pas eu "d'analyse" des violences urbaines ou que la police soit perçue comme "partiale" du fait parfois de son "attitude irrespectueuse", à cause des "tensions".
Quelles sont les solutions ? Il faut "renouer les liens avec la population des quartiers", "réorganiser le travail de la police et de ses techniques d'intervention". Un train de mesures est préconisé comme l'accueil dans les commissariats, une "doctrine d'emploi" des policiers et particulièrement des CRS. La police de proximité, dit aussi l'étude, a eu des "effets positifs incontestables" dans certains secteurs. Elle observe en conclusion que "les policiers ont ressenti une dégradation des rapports" après les émeutes de 2005.
Sur ce rapport, le syndicat de police Alliance a dénoncé dimanche une "certaine pression de la hiérarchie sur les policiers" en Seine-Saint-Denis, selon Jean-Claude Delage, secrétaire général du deuxième syndicat de gardiens de la paix, pour qui si "les policiers ne sont pas contre la politique du résultat" insufflée par Nicolas Sarkozy quand il était ministre de l'Intérieur, "il ne faut pas confondre avec l'abattage qui leur est parfois demandé, pour faire du chiffre sur les procès-verbaux, par exemple ce qui est mal ressenti par la population". Pour Synergie, deuxième syndicat d'officiers de police, "la population en Seine-Saint-Denis attend une réponse judiciaire" à l'insécurité. Enfin, le Syndicat national des officiers de police (Snop - majoritaire) a déclaré dimanche que la situation décrite par le rapport est "une réalité que (son) syndicat a déjà dénoncée" : "Il y a des tensions de plus en plus vives en Seine-Saint-Denis", a déclaré le secrétaire général du Snop, Dominique Achispon, "et les officiers subissent dans ce département des pressions tant au niveau des chiffres, du résultat, que de leurs conditions de travail qui se dégradent".
La "mission d'étude" de l'INHES a transmis son rapport en début d'année au ministère de l'Intérieur. On peut s'étonner - ou bien au contraire ne pas s'en étonner - que les conclusions de ce rapport, accablantes pour Nicolas Sarkozy, dont le bilan au ministère de l'Intérieur apparaît soudain sous un jour à la fois plus réaliste et tout à fait catastrophique, ne sont portées à la connaissance du public qu'aujourd'hui, soit après les élections présidentielles. Pour Ségolène Royal, les choses semblent très claires : "Ce rapport a été caché parce qu’il établissait des réalités qui n’étaient pas bonnes à dire. Je crois aussi que le bilan dont Nicolas Sarkozy s’est targué est beaucoup moins bon que ce qu’il a dit".
Madame Royal, résolument installé à la tête de l'opposition, s’est alors directement adressé au nouveau président de la République pour le sommer de mettre en application les conclusions du rapport, notant au passage que "le préfet avait déjà tiré la sonnette d’alarme il y a un an et le ministre de l’Intérieur à ce moment-là, qui est l’actuel président de la République, l’avait réduit au silence". Selon l'ancienne candidate aux élections présidentielles, le rapport sur la sécurité en Seine-Saint-Denis "prouve très clairement que la police de quartier et la police de proximité sont des solutions pour établir l’ordre juste". "Je demande au président de la République d’abord pourquoi ce rapport a-t-il été caché si longtemps et quelles sont les décisions qui vont être prises sans tarder pour rétablir des moyens aux fonctionnaires de police" comme "pour rétablir le lien de confiance entre la police et la population", a-t-elle ajouté, insistant par ailleurs sur les modalités de la future publication de ce rapport, publication qu’elle appelle de ses voeux .

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On parle de : Constat accablant à propos des rapports police-population dans le "9.3"
Elections législatives et présidentialisme
Sortir des lamentations, Entrer en résistance, Voter
La caisse de résonance médiatique se plaît à le marteler, nous nous complaisons à l'accréditer, le Parti Socialiste n'est pas à la hauteur. Il est hagard, divisé, se perd en d'incessantes luttes intestines. Deux ou trois pachydermes survivants - mais si peu, en vérité - barrissent à qui mieux mieux pour empêcher l'inéluctable. Quelques éléphanteaux hésitent entre l'exigence de fidélité et le désir de monter en première ligne. Au coeur du vacarme, une princesse nubienne et son valet turbulent tentent tant bien que mal de cornaquer l'ensemble. etc... Lieu commun que cette manière de raconter l'histoire, et surtout de s'en émouvoir.
Il y a seulement une nasse institutionnelle dans laquelle tout ce beau monde se retrouve enfermé, un gouffre effarant dans lequel le camp des perdants à l'élection présidentielle ne peut manquer d'être collectivement précipité, un piège qui a beaucoup à voir avec l'excessive présidentialisation de la cinquième République et dont la machine médiatique fait ses choux gras en l'amplifiant encore. Le raccourcissement de la durée du mandat présidentiel et la mise en place de ce calendrier court, faisant précéder l'élection des députés par celle du président de la République, ont renforcé la prééminence institutionnelle de ce dernier, l'ont révélée surtout, plus qu'ils n'en sont les responsables - ainsi qu'on l'entend trop souvent dire.
La cinquième République n'a pas eu besoin de Lionel Jospin pour, accordant en réalité tous les pouvoirs - ou peut-être seulement trop - au président de la République, réduire le pouvoir législatif à pas beaucoup plus qu'une simple chambre d'enregistrement. Le président de la République est censé avoir un projet, une vision pour la France, les députés sont supposés être porteurs d'un programme de gouvernement, mis en oeuvre par un premier ministre nommé par le président en tenant compte de la majorité parlementaire. la réalité, on le voit bien, est devenue toute autre : les candidats à la présidence - et Sarkozy consacre cette dérive naturelle de nos institutions - se présentent avec un programme de gouvernement. Elu, il ne reste plus au vainqueur qu'à en appeler à la cohérence du peuple afin qu'on lui donne Sa majorité présidentielle, transformant les législatives en une simple formalité, les électeurs se trouvant devant l'alternative confirmer ou bien se dédire. Le système majoritaire et sa vocation amplificatrice font le reste.
Ainsi, le camp des perdants à la présidentielle se retrouve dans la situation suivante : ils ont jeté toutes leurs forces dans la bataille présidentielle, présentant un programme de gouvernement qui a finalement été rejeté par le peuple. Non seulement alors ils savent que la pente naturelle les conduit à redoubler leur défaite, mais c'est avec ce même programme que chaque candidat à la députation se présente devant les électeurs. Quelle signification ont alors ces élections législatives ? Aucune et, de fait, l'électorat s'en trouve démobilisé et résigné. De même, les députés ne sont, de fait, plus porteurs de rien : 400 d'entre eux seront élus pour être les bénis oui-oui du président, les autres feront de la figuration.
Alors quoi ? Que faire ? D'abord comprendre que face à des institutions cul par-dessus tête, les leaders politiques de la gauche en général, et du Parti Socialiste en particulier, n'ont guère d'espace politique pour se montrer reluisants, pris qu'ils sont dans un étau où d'un côté on leur reproche leurs divisions et où de l'autre on leur reprocherait davantage encore de se taire sur les raisons de la défaite - lesquelles sont nécessairement multiples autant qu'incertaines, et en lesquelles s'entrecroisent de nombreuses responsabilités à la fois collectives et individuelles. Inutile donc de gloser avec les médias sur leurs barrissements désordonnés.
Ensuite, il s'agit de continuer partout à parler du fond et à convaincre. Certes Ségolène Royal et son pacte présidentiel ne sont pas parvenus à emporter l'adhésion d'une majorité, ce n'est pas pour autant qu'il faille renier la personnalité de l'une ou le contenu de l'autre. Il sera temps bientôt de repenser tout cela, mais aujourd'hui des propositions fortes existent qui permettent de s'adresser aux français. Chaque parti en France va à la rencontre des électeurs avec un programme, tant l'UMP que le PS, tant le Modem que les Verts ou le PCF. L'unité des socialistes, pour ne parler que d'eux - c'est sans doute que beaucoup dépend d'eux -, l'unité des socialistes elle est là : 577 candidats porteurs chacun du même programme et des mêmes propositions.
Que faire avec ça ? En revenir à l'esprit des institutions et appeler les français à se les réapproprier. Ils ont élu un Président, soit. Au soir du 17 juin, celui-ci aura pour mission de nommer un premier ministre qui définira et mettra en oeuvre une politique pour la France cohérente avec la majorité que les français auront installée à l'Assemblée Nationale. Les français doivent entrer en rébellion, ne pas se laisser voler les élections législatives par un président qui voudrait un parlement godillot. Il faut en appeler à l'esprit de résistance démocratique d'un peuple qu'on cherche à déposséder de son pouvoir. Sa re-mobilisation en passe par là : le respect de nos institutions républicaines, qu'il sera par ailleurs nécessaire, on le comprend bien, de moderniser, la résistance à l'excès de présidentialisation, l'opposition démocratique aux tendances bonapartistes du nouveau président.
En complément, et sur le même thème, je vous suggère cette video réalisée par latelelibre.fr, extraits du discours de François Hollande au Zenith, le mardi 29 mai 2007 :
latelelibre.fr
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On parle de : Elections législatives et présidentialisme
La repentance de sarkononmerci.fr
12 juin - APPEL A MOBILISATION
Une manif de droite pour fustiger mai 68
Le 12 Juin aura lieu un grand, beau et joyeux défilé.
Il aura lieu dans le quartier Latin très probablement (nous organisons actuellement le parcours avec la Police), à partir de 17h.
Le But est de Fustiger Mai 68, notamment les "acquis" culturels.
Nous nous devons de nous surprendre les uns les autres en rivalisant de créativité pour en faire un moment de fête subversive. Comme jadis certaines troupes de Gauche ont su le faire.
Tout doit être mis en oeuvre pour juguler esthétique, fête et subversion.
J'entends qu'un concours de sosies de Mireille Mathieu est en train de se mettre en place...
J'entends que des chorales repettent à tue tête.
C'est cette France là que nous Souhaitons et que nous Chérissons
Vive la France
JFR (Jeune France de Rue)
ump : En cas de contestation par des forces hostiles nous devrons compter sur notre meilleure arme... La lâcheté.
Avant de se rendre à cette manifestation, il est important de prendre connaissance du Communiqué de Jeune France de Rue : Manifestons mais pas n'importe comment !
Manif de droite
Rue89
On parle de : La repentance de sarkononmerci.fr
Laurent Solly muté par son ami Sarkozy, à TF1
Dans son discours de prise de fonction, notre Petit Père des People a souhaité que sa présidence soit guidé par douze exigences sur lesquelles il s'engageait :
1- "Rassembler les Français" ;
2- "Respecter la parole donnée" ;
3- "Tenir les engagements" ;
4- "Exigence morale" ;
5- "Réhabiliter les valeurs du travail, de l'effort, du mérite, du respect" ;
6- "Exigence de tolérance et d'ouverture" ;
7- "Exigence de changement" ;
8- "Exigence de sécurité et de protection" ;
9- "Exigence d'ordre et d'autorité" ;
10- "Exigence de résultat" ;
11- "Exigence de justice" ;
12- "Exigence de rompre avec les comportements du passé".
4- Exigence morale : oups !
Il y avait déjà eu les nomminations de deux journalistes à des postes de conseillères, l'une à l'Elysée, l'autre à Matignon. Aujourd'hui, nous apprenons que :
« En attendant le "texte sur l'éthique et la moralisation" annoncé vendredi par Nicolas Sarkozy cette loi qui va, a précisé le chef de l'état, "rendre illégale la pratique des golden parachutes" , regardez là-haut dans le ciel cet homme qui descend doucement et se pose comme une fleur sur le toit de TF1 : c'est Laurent Solly, golden parachuté directeur général adjoint de la Une... Laurent Solly, 37 ans, qui, jusqu'au 6 mai, était le directeur de campagne adjoint d'un certain Nicolas Sarkozy.
L'embauche de Solly a été officialisée hier par le groupe Bouygues. Ah non, pardon, c'est l'Elysée qui, par la voix de Franck Louvrier, chargé en communication du Président, l'a annoncé lundi à Libération : "Dans la première quinzaine de juin, il sera DG adjoint de TF1." Une nomination dans une entreprise privée annoncée par l'Elysée, voilà qui fait chic. Surtout quand l'entreprise en question appartient à Martin Bouygues, ami intime de Sarkozy. »
On parle de : Laurent Solly muté par son ami Sarkozy, à TF1
Hommage à Missak Manouchian
Le Petit Père des People s'est approprié Blum et Jaurès, et maintenant Guy Môquet, entre autres figures historiques "socialo-communistes", ainsi qu'il aime le dire en d'autres circonstances...
Leon Blum. Jean Jaurès. Guy Môquet... Ces hommes, grands devant l'Histoire, et qui n'appartiennent à personne sinon à eux-même et à notre Histoire. Ces hommes qui sont nos références communes et que la France aura toujours raison d'honorer, pourvu qu'il ne s'agisse pas de les récupérer, d'instrumentaliser la mémoire collective à des fins partisanes, ce qui serait les salir et donc nous salir tous, nous tous qui nous souvenons avec une émotion sincère.
Ça fait longtemps, pour ma part, que les figures de Blum et de Jaurès, de Guy Môquet et de Missak Manouchian font partie de mes références personnelles, longtemps que j'ai lu et que je me rappelle la lettre de Guy Môquet, et l'émotion qu'elle procure de par sa candeur héroïque - comme je sais également, et m'en souviens (oui, par devoir de mémoire), qu'il a été fusillé, assassiné par d'autres français et qui ne l'étaient ni plus ni moins que lui, qui l'étaient autrement et qui le choisirent lui et ses camarades parce que communistes et donc moins "bons français" à leurs yeux. Comme je sais également que dans la ville de Neuilly dont Nicolas Sarkozy a été maire pendant plus de vingt ans, il n'existe ni rue Leon Blum ni rue Jean Jaurès, pas plus qu'il n'existe une place Guy Môquet.
Alors, avant qu'il ne s'empare de cela aussi, lui qui ose tout - mais peut-être ceux-là sont-ils moins honorables parce qu'à prononcer [leurs] noms sont difficiles... - j'ai envie aujourd'hui d'évoquer Missak Manouchian et ses vingt-deux compagnons du groupe Manouchian, vingt et trois étrangers et nos frères pourtant, vingt et trois qui [crièrent] la France en s’abattant. L'envie de donner à lire ici la dernière lettre de Missak Manouchian, écrite à sa femme quelques heures avant de mourir, fusillé au Mont-Valérien, le 19 février 1944 :
Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.
Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la libération.
Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne et si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine. Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t’embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.
Manouchian Michel.
P.S. J’ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. M. M.
Et comment alors ne pas relire le poème magnifique qu'écrira quelques années plus tard Louis Aragon, hommage rendu aux 23 résistants du groupe Manouchian en 1955, Strophes pour se souvenir et mises en musique par Lèo Ferré en 1959, sous le titre L'Affiche rouge :
Strophes pour se souvenir / L’Affiche Rouge
Vous n’avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant
Louis Aragon.
Chanson interprétée par Léo Ferré.

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On parle de : Hommage à Missak Manouchian
Le petit président et ses journalistes
Censure, collusion et nominations
Les journalistes du Journal du Dimanche sont en colère et ont décidé de le faire savoir. A l'origine de ce mouvement d'humeur, un court article rapportant que Cécilia Sarkozy s'était abstenu de voter lors du second tour des élections présidentielles. Une information somme toute assez insignifiante, et qui le serait sans doute restée si l'article n'avait été censuré par le directeur de la rédaction, Jacques Espérandieu, et suite à l'intervention d'Arnaud Lagardère, principal actionnaire du JDD et que Nicolas Sarkozy présenter comme "son frère" - ce qui n'est probablement pas sans lien avec l'éviction d'Alain Genestar de Paris-Match en réponse, on s'en souvient, à la publication en couverture du magasine d'une photo de Cécilia et de son amoureux, lequel ne s'appelait pas Nicolas.
Ainsi, la société des journalistes, réunie en AG après la conférence de rédaction, au cours de laquelle Espérandieu a confirmé avoir reçu un coup de fil, a envoyé mardi après midi une lettre ouverte à Arnaud Lagardère, dénonçant « une censure inacceptable », reproduite ci-dessous.
Ce même jour, on apprend via un article du journal Le Monde que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont proposé à deux journalistes deux postes de conseillère, qu'elles ont chacune accepté. Catherine Pégard, rédactrice en chef du service politique du Point, rejoindra l'équipe du chef de l'Etat à l'Elysée. Myriam Lévy, reporter au Figaro, intègre avec le titre de conseillère en communication l'équipe de François Fillon à Matignon. Nominations qu'il faut d'évidence placer dans la continuité d'une campagne où ont abondé les collusions entre le pouvoir en place et une certaine presse dont les journalistes politiques ont fait preuve d'une remarquable indulgence à l'égard du candidat Sarkozy.
Voici donc qui place la présidence Sarkozy devant sa réalité. Seront récompensés les journalistes serviles, seront censurés - et éventuellement châtiés - ceux qui se perdront dans une impartialité suspecte. Les journalistes sont prévenus : ceux qui ne placeront pas aux côtés du Petit Père des People seront contre lui...
« Une censure inacceptable »
- lettre ouverte à Arnaud Lagardère, envoyée par la société des journalistes du Journal du Dimanche -
« Vous êtes intervenu samedi auprès de la direction de la rédaction pour que cet article ne soit pas publié. Nous estimons qu'il s'agit là d'une censure inacceptable, contraire à la liberté de la presse. L'ensemble des journalistes du JDD s'indigne de cette pratique d'un autre âge, d'ailleurs largement dénoncée par l'ensemble de notre profession, en France comme à l'étranger.
« En l'espace d'un week-end, cette intervention a donné du crédit aux graves accusations portées contre les titres du groupe, soupçonnés d'avoir favorisé la campagne de Nicolas Sarkozy. Ces derniers mois, le Journal du Dimanche s'était pourtant attaché à respecter son devoir d'impartialité. Depuis dimanche, son image est gravement mise en cause. Notre site Internet et le standard du groupe sont submergés de messages de lecteurs indignés. Au final, c'est la crédibilité du titre et de ses journalistes qui est mise à mal.
« Vos relations privilégiées avec Nicolas Sarkozy ne sauraient nous contraindre à renoncer une nouvelle fois aux exigences de notre métier. La rédaction du JDD, indépendante, revendique le droit de refuser toute subordination qui voudrait la priver de son devoir d'informer. »

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On parle de : Censure, collusion et nominations
Sarkozy, ou le triomphe des passions tristes
Par Taïké Eilée
Agoravox - vendredi 11 mai 2007

31 % au premier tour, 53 % au second. Nicolas Sarkozy a survolé les élections présidentielles de 2007. Pourtant, au soir de sa victoire, nombre de Français avaient, pour la première fois, honte d’être français. Outre la déception compréhensible de ceux qui ont perdu une bataille, quelque chose d’autre ne passait pas... Le sacre sarkozyste revêtait un caractère à la fois irréel et révoltant. Une haine sourde grondait. Une douleur aiguë et lancinante se faisait sentir, qui aurait bien du mal à passer. La cause de cette réaction, inédite à l’occasion de l’élection d’un président de la République, est à rechercher dans le comportement du vainqueur, dans sa stratégie de campagne, et son utilisation redoutablement dangereuse des passions tristes.
Nicolas Sarkozy est élu président de la République depuis maintenant cinq jours. Parmi les premières réactions, on aura pu noter celle, réjouie, du Medef, qui promet de "contribuer avec enthousiasme à l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour la France", ou encore celle, plus inattendue, du leader d’extrême droite autrichien Jörg Haider, qui considère que le nouveau président français s’inspire de son "modèle" : "C’est une ironie de l’histoire que les Français élisent maintenant leur Jörg Haider, et une satisfaction que le "Napoléon de poche" Jacques Chirac appartienne désormais au passé." Quant à la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice, elle estime que l’élection de Nicolas Sarkozy ouvre "une période excitante pour la France". Condy ne s’y trompe pas, puisque 730 voitures ont brûlé dans le pays dès la nuit de son élection, et que de nombreuses manifestations hostiles ont pris le relai un peu partout sur le territoire depuis.
Pendant ce temps-là, Nicolas Sarkozy a pu commencer à mettre en pratique sa conception très "à l’américaine" de la présidence, et son idée - si chère à son coeur - selon laquelle les riches ne doivent plus avoir honte d’exhiber les fruits de leur réussite bien méritée, en s’offrant une petite croisière bien sympathique à Malte, à bord du superbe yacht de son ami, le milliardaire Vincent Bolloré, un yacht répondant au doux nom de Paloma, long de 60 mètres, avec jacuzzi sur le pont supérieur, que vous pourrez vous aussi, si le coeur vous en dit, louer pour quelques 193 431 euros la semaine pour vos prochaines escapades de winner... lorsque vous aurez eu la satisfaction préalable de travailler plus pour gagner plus. T’as trop raison Nico, quel intérêt d’avoir du temps libre quand on n’a pas de quoi payer à sa famille de vraies vacances dignes de ce nom ?
La France en mille morceaux
Prenons donc exemple sur les plus méritants des Français, les Neuilléens : "Les gens qui habitent Neuilly sont ceux qui se sont battus pour prendre plus de responsabilités, pour travailler plus que les autres" (Marianne, 14 au 20 avril 2007). Quelle belle parole Nicolas ! Gloire aux travailleurs de Neuilly ! Et honte aux "autres" (bande de fainiasses...) ! Telle est bien la France de Nicolas Sarkozy : une France clivée, divisée, entre battants et fainéants, bons travailleurs corvéables à merci et assistés misérables sur lesquels on peste avec rage, honnêtes gens revanchards qui ne jurent que par le triptyque "Travail-Famille-Patrie" et dégénérés de soixante-huitards avec lequels il faut en finir au plus vite, braves gens qui rasent les murs dans les cités et racailles à nettoyer d’urgence au Kärcher, Français-qui-se-lèvent-tôt-le-matin et Français-génétiquement-mal-barrés...
Nicolas Sarkozy veut être le président de tous les Français, c’est en effet la moindre des choses... Mais il n’a cessé, durant sa campagne, de dresser des Français contre d’autres Français, il a attisé les haines, les jalousies, les ressentiments de tous contre tous. Nombre de ses électeurs ont voulu porter au sommet de l’Etat un Père Fouettard, un homme qui leur promettait de punir certaines catégories de la population trop favorisées ou trop câlinées (à leur goût) jusqu’à maintenant. Ce sera dur de rallier ceux qu’on a traités - à des fins électoralistes - comme des ennemis.
Spinoza n’aurait pas voté Sarkozy
Nicolas Sarkozy a usé de la méthode la plus efficace qui soit pour accéder au pouvoir (et pour l’exercer ensuite). Il a joué sur nos "passions tristes" : "Inspirer des passions tristes est nécessaire à l’exercice du pouvoir", enseignait Gilles Deleuze dans un cours sur Spinoza prononcé à Vincennes le 24 janvier 1978. "Et Spinoza dit, dans le Traité théologico-politique, que c’est cela le lien profond entre le despote et le prêtre, ils ont besoin de la tristesse de leurs sujets. Là, vous comprenez bien qu’il ne prend pas tristesse dans un sens vague, il prend tristesse au sens rigoureux qu’il a su lui donner : la tristesse c’est l’affect en tant qu’il enveloppe la diminution de la puissance d’agir".
Parmi ces passions tristes, la haine, l’envie, la jalousie, la colère, la vengeance furent particulièrement mises à profit par l’ancien ministre de l’Intérieur. Les boucs émissaires qu’il nous a trouvés ? Les "autres", c’est-à-dire : les assistés, les fonctionnaires (ces privilégiés...), les syndicalistes, les fraudeurs, les voyous, les racailles, "ceux qui profitent du système", "ceux qui demandent toujours et qui ne veulent jamais rien donner", et puis les égorgeurs de moutons, les soixante-huitards, les adeptes de la repentance, les élites de gauche - toujours du côté des délinquants et des assassins, jamais de celui des honnêtes gens, n’est-ce pas ? -, les juges trop laxistes de Bobigny, les policiers qui jouent au rugby avec les jeunes au lieu de les mettre en prison (revoyez cette séquence : quelle humiliation pour les policiers, quel sadisme de notre gendarme à Saint-Tropez !), et même les politiques et les technocrates (voyez ce morceau nauséeux du discours de Bercy), et j’en oublie sûrement.
Le ( dé )goût des "autres"
Nicolas Sarkozy s’est voulu le candidat de "la France qui paie toujours pour tous les autres", "la France qui paie les conséquences de fautes qui ont été commises par d’autres"... les fameux "autres" dont nous venons de dresser une petite liste non exhaustive, et sur la haine desquels Sarkozy a construit sa victoire, en remuant les passions tristes de ses supporters... Cette méthode très efficace à court terme est néanmoins désastreuse sur le long terme : elle crée un climat malsain entre les gens, et ruine le peu d’unité qui peut exister entre membres d’une même nation. Les passions tristes parvenues au pouvoir sont, en quelque sorte, légitimées, elles n’ont plus à se cacher, à se modérer, à s’amender pour se renverser en passions joyeuses, qui, elles, unifient sainement le corps social.
On pourrait croire à une exception dans cet usage des passions tristes, lorsque Nicolas Sarkozy marque son rejet de la repentance, ce regard critique qu’un peuple porte sur son passé, et qu’il identifie à une "détestation de la France et de son Histoire". Mais, en fait, non ; car la réhabilitation du pays se fait, chez lui, par la stigmatisation des repentants, la dénonciation d’autres coupables (irrépressible manie de se défausser en désignant dans le même mouvement un bouc émissaire), et passe finalement par une exaltation presque délirante de la fierté d’être Français. Sarkozy réinvente ainsi une histoire exclusivement glorieuse de la France, qui "n’a pas commis de crime contre l’humanité", "n’a jamais commis de génocide", "n’a pas inventé la solution finale" (petite douceur adressée à nos amis allemands...), mais "a inventé les droits de l’homme" ; et mieux encore, "la France est le pays du monde qui s’est le plus battu dans l’univers au service de la liberté des autres" ("dans l’univers" !). Oublié le régime collaborationniste de Vichy. Oubliés le Code noir et l’esclavagisme. Oubliée la colonisation. Entre la flagellation perpétuelle et l’oubli, il y a une marge évidemment, et une juste attitude à trouver, mais Nicolas Sarkozy ne fait pas dans la nuance ; il réécrit l’histoire au Kärcher, pour flatter la fibre la plus nationaliste d’un électorat en mal de grandeur mythifiée.
Singer le grand loup blanc
Le nouveau chef de l’Etat français partage ce dégoût pour la repentance avec celui qui lui aura servi de principal modèle durant toute sa campagne présidentielle : Jean-Marie Le Pen.
La campagne de Nicolas Sarkozy démarre, en effet, le 21 avril 2002. La démangeaison extrémiste est là en France, et Sarko la sent... comme un loup affamé flaire sa future proie aux quelques gouttes de sang qui perlent de ses blessures. Le Pen, en fin tacticien, en vieux loup de la politique, a depuis longtemps flairé les thèmes porteurs, ceux qui rencontrent le plus fort écho dans le peuple, le "petit peuple" si souvent méprisé et tellement courtisé à la fois. Il a compris que le moyen le plus simple de fédérer un grand nombre de sympathisants autour de soi, c’est de leur faire peur et de désigner des boucs émissaires, en promettant de "punir" ces derniers. Avec lui, le bouc émissaire était unique, c’était l’immigré, ou, dans un langage plus convenu, "la politique d’immigraton des gouvernements successifs de gauche comme de droite". Sarkozy a repris à son compte la tactique lepéniste, mais en démultipliant les boucs émissaires, en divisant le pays à outrance.
Moi je dis les choses comme je pense
Le mimétisme avec Jean-Marie Le Pen se poursuit dans l’attitude de pourfendeur de tabous que Nicolas Sarkozy a, lui aussi, décidé de faire sienne. Le Pen disait : "Moi je dis tout haut ce que les gens pensent tout bas." Sarkozy ne cesse d’user de cette formule : "Moi je dis les choses comme je pense", en ayant bien pris soin, au préalable, de dire que, dans ce pays, "on ne peut plus rien dire sur rien". Son discours laisse constamment entendre que nous vivons sous le règne de la pensée unique, d’une quasi censure (instaurée par qui ?), et que lui seul vient parler vrai au milieu d’un discours trop policé et convenu. Lui, au moins, il parle franchement. Il n’hésite pas. Il n’a pas peur. Il ose ! Et puis, il parle comme les gens, les "vrais gens", ceux qu’il a découverts durant sa campagne : "Pendant des mois j’ai vu ce que le peuple vivait, ce qu’il ressentait, ce qu’il souffrait". Il a vu les Français, ceux d’en-bas, les vrais, les authentiques. Et il a compris que parler comme eux, ça pouvait rapporter gros : "Vous savez pourquoi je suis tellement populaire ? Parce que je parle comme les gens" (déclaration d’avril 2004, reprise dans Marianne). Alors il parle de "racailles", car dans les banlieues, les gens ils parlent comme ça, les jeunes ils se parlent comme ça. Y a pas à être choqué ! Les Français veulent que leurs représentants politiques leur ressemblent, soient, le cas échéant, aussi vulgaires qu’eux. Pas de chichi ! Sarkozy exauce ce voeu.
Les gens qui apprécient ces manières de faire se trompent, car évidemment l’authenticité est feinte, calculée, méprisante - et méprisable. Et puis, surtout, dire tout haut ce qu’on pense tout bas, cela n’est pas penser : "Bien penser, cela ne va pas de soi. [...] Si vous vous laissez aller, vous êtes pris par quelque chose qui n’est pas vous [...]. La nature mécanique nous guette toujours et nous tient toujours. [...] On pense faux comme on chante faux, par ne point se gouverner. [...] Bien penser est une chose que l’on se doit à soi-même, et qu’il faut vouloir. Ainsi l’homme n’est pas un spectacle permis à lui-même ; ni permis, ni possible". C’est toute la sagesse du philosophe Alain dans ses Propos, et notamment celui-ci, "Régler ses pensées", du 7 août 1929. Penser, c’est corriger ce qu’on pense, redresser constamment ses pensées, qui, sans cet effort, deviennent animales, et proprement étrangères à nous-mêmes - indignes de l’Homme.
Sarkozy, qui assimile la liberté à la transgression, ne se prive pas pour transgresser les odieux carcans de la pensée unique. Il lance ainsi des débats scientifiques, en toute liberté, sur le déterminisme génétique par exemple, il donne son avis à lui, sans prendre la peine de s’en référer aux autorités compétentes. Et sur quoi fonde-t-il ses convictions ? Sur sa propre expérience : "Moi j’ai jamais eu la pulsion d’aller violer un enfant de trois ans, j’en ai aucun mérite, et je ne pense pas que c’est mon éducation qui m’ait porté à ne pas avoir eu cette pulsion..." Ou encore : "Je ne me souviens pas moi, quand j’avais 14 ou 15 ans, d’avoir réfléchi à mon identité sexuelle, je suis hétérosexuel... Je ne me suis pas longuement interrogé pour savoir si j’aimais les hommes ou les femmes..." Ajoutant, au passage, que la campagne présidentielle est "un grand moment de sectarisme" (toujours cette foutue censure... à laquelle lui seul échappe). Alors, certes, Sarkozy ne prétend pas trancher les questions de manière définitive, l’infaillibilité papale ne fait pas encore partie de ses prérogatives. Mais il ose tout de même donner ses vérités scientifiques à lui. Un peu comme Le Pen lançait, lui aussi, des "débats", sur l’existence et l’inégalité des "races", contre l’avis de tous les scientifiques. Et lui aussi fondait ses convictions sur l’évidence ("Il y a des Noirs, il y a des Jaunes..."), le bon sens populaire, n’omettant pas de dénoncer "l’inhibition sémantique" des frileux...
N’ayez pas peur ! J’arrive...
Avec Le Pen, on était aussi habitué à l’exploitation éhontée des faits divers les plus sordides, des crimes les plus atroces, que le brillant tribun s’évertuait à narrer dans le détail jusqu’à faire frémir son auditoire, lors de dîners dont il s’était fait une spécialité, et qui lui permettait de conclure, solennellement, à la nécessité du retour de la peine de mort. Sarkozy a su, lui aussi, instrumentaliser les pires crimes de sang, sans une once de pudeur, pour justifier sa politique répressive (qu’il n’a pourtant pas su mettre en oeuvre durant ses nombreuses années passées place Beauvau), ou, du moins, pour se donner l’image du chef autoritaire et impitoyable qu’appelle de ses voeux le vengeur masqué qui sommeille en chacun d’entre nous, dès lors qu’il est confronté à l’horreur, à l’innommable barbarie qui fauche les vies innocentes.
Morceaux choisis du discours de Bercy : "Je suis allé à la rencontre des Français [...] avec en moi le souvenir de cette famille à la Courneuve qui pleurait la mort d’un petit garçon de onze ans. C’était le jour de la fête des pères, deux bandes rivales s’affrontaient au pied de l’immeuble, il a pris une balle perdue. C’était le jour où j’ai parlé du Kärcher. Je ne regrette rien [c’est le même homme qui avait déclaré très cyniquement à l’époque : "Kärcher en septembre, 200 000 adhérents [à l’UMP] en novembre"...]. Je suis allé à la rencontre des Français avec dans ma mémoire la douleur des parents de cette jeune fille brûlée vive dans un bus auquel des voyous avaient mis le feu pour s’amuser. J’y suis allé avec dans la tête la voix de ce petit garçon que je tenais par la main devant le cercueil de son père gendarme et qui me tirait par la manche en me disant : "Sors mon papa de la boîte !" J’y suis allé avec devant les yeux l’image de la jeune Ghofrane battue à mort et atrocement torturée parce qu’elle refusait de donner son numéro de carte bleue à ses bourreaux. [...] Je suis allé à la rencontre des Français avec en moi le souvenir de ces familles immigrées, de ces pères, de ces mères, de ces enfants brûlés vifs dans l’incendie de cet hôtel sordide où on les avait entassés parce qu’on n’avait pas les moyens de les loger plus convenablement."
Certains, manifestement majoritaires aujourd’hui, apprécient ce genre de discours ; d’autres, peut-être minoritaires, continuent de ressentir un profond dégoût face à une telle manipulation émotionnelle de l’opinion. Car après avoir suscité l’effroi silencieux de l’assistance, avec tant de malheur et d’horreur exposés, on ne tarde pas à désigner du doigt un coupable - dont il ne viendra à l’idée de personne de contester la culpabilité -, et l’on se présente - tel un messie vengeur - comme celui qui saura le "liquidier"...
Pour une contre-révolution morale
L’ennemi à abattre, c’est l’esprit de Mai 68, ce fantôme persistant, qui, depuis près de quarante ans, plânerait sur la République, et lui empoisonnerait l’âme. Une République comme possédée par le démon de 68, et qui aurait besoin de toute urgence d’un grand "désenvoûtement" mené par notre nouvel exorciste, Sarkozy. Celui-ci emprunte son diagnostic au bon médecin Le Pen, qui imputait déjà à cette date "maléfique" de Mai 68 l’origine du laxisme moral français, par exemple dans ce discours sur la peine de mort du 20 mai 2006 (à la 7e minute). Une bonne introduction au discours terrible de Bercy que tint Sarkozy à la veille du second tour, et dans lequel il se livra à une charge haineuse, d’une violence inouïe, à l’encontre d’un héritage rendu responsable d’à peu près tous nos maux.
Sarkozy (ou plutôt Henri Guaino, l’auteur de ses discours récents) met parfois justement le doigt là où ça fait mal, sur les promesses non tenues de Mai 68 à l’égard des travailleurs, et joue sur les passions tristes de ces derniers : "Sarkozy joue du ressentiment des classes populaires qui se sont senties méprisées par l’idéologie soixante-huitarde", remarque le sociologue Jean-Pierre Le Goff, cité dans Libération du 4 mai 2007. Sa dénonciation du communautarisme soixante-huitard est, en revanche, plus choquante, venant d’un homme qui n’a cessé, ces dernières années, de "communautariser" la France (lire, à ce propos, cette bonne synthèse de l’Observatoire du communautarisme intitulée "Du communautarisme au républicanisme incantatoire : que penser du revirement rhétorique de Nicolas Sarkozy ?"). Carrément culottée enfin, la filiation que Sarkozy établit entre Mai 68 et les 8,5 millions d’euros de prime de départ et de stocks options de Noël Forgeard : "Voyez comment le culte de l’argent roi, du profit à court terme, de la spéculation, comment les dérives du capitalisme financier ont été portés par les valeurs de mai 68. Voyez comment la contestation de tous les repères éthiques, de toutes les valeurs morales [...] a préparé le terrain au capitalisme sans scrupule et sans éthique des parachutes en or, des retraites chapeaux et des patrons voyous..."
Dans Libération du 2 mai 2007, l’historien Henry Rousso, ancien directeur de l’Institut d’histoire du temps présent, rapprochait l’attitude de Sarkozy de celle des contre-révolutionnaires du XIXe siècle, consistant à "voir dans un événement historique révolutionnaire qu’on qualifie de maléfique les causes d’un supposé déclin français". Et de lui rétorquer, sans ménagement : "C’est un argument fantasmagorique, qui ne tient pas sur le plan historique. [...] Faire de 68 la cause unique de toutes les valeurs dominantes aujourd’hui est une absurdité." Selon l’historien, Sarkozy veut définir une culture de droite "en érigeant un ennemi imaginaire. Il reproche à Ségolène Royal et à la gauche de le diaboliser, mais c’est ce qu’il fait : il érige Mai 68 en une sorte de figure du diable... absolument indéfinissable."
Un drôle de moralisateur
L’objectif essentiel que se fixe Nicolas Sarkozy, c’est de mettre en oeuvre "la grande réforme intellectuelle et morale dont la France a une nouvelle fois besoin". De la morale avant toute chose ! "Le mot "morale" ne me fait pas peur. La morale, après mai 68, on ne pouvait plus en parler", lançait Sarkozy à Bercy, lui qui n’a décidément peur de rien. Eh bien parlons-en de morale !
Nicolas Sarkozy veut réhausser "le niveau moral de la politique". Mais est-ce que c’est moral, lorsque l’on est ministre de l’Intérieur et favori de la future élection présidentielle, de pratiquer l’intimidation sur des journalistes ? De faire virer un journaliste du Figaro-Magazine, Joseph Macé-Scaron ? De faire virer le directeur de la rédaction de Paris-Match, Alain Genestar ? De censurer la biographie de sa femme Cécilia, Entre le coeur et la raison ? D’ignorer la séparation des pouvoirs, et de mépriser l’indépendance de la justice ? Est-ce moral de critiquer des Etats-Unis l’arrogance de la France lors de son refus de la guerre en Irak ? Est-ce bien moral d’aller à la pêche aux électeurs frontistes en dénonçant, sur TF1, devant des millions de téléspectateurs, les musulmans qui égorgeraient le mouton dans leur appartement, pour ensuite regretter ces propos, en petit comité, devant une association de jeunes de Nanterre ? Est-ce acceptable de se dire fier de son bilan de ministre de l’Intérieur, sur lequel on prétend être jugé, alors que Alain Bauer, président de l’observatoire national de la délinquance, affirme que "l’indicateur de la violence a continué imperturbablement à monter depuis 1994", et que Sébastian Roché, secrétaire général de la société européenne de criminologie, parle d’un "bilan globalement négatif" ? Est-ce moral, pour l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine (de 1983 à 2002), de n’avoir pas respecté la loi SRU (Solidarité et nenouvellement urbain) ? Et puis, dire tout et son contraire, est-ce moral ? Et mentir ? (voir cet "article-somme")
Et que dire des allégations du fameux numéro de Marianne de l’avant-premier-tour ? "A entendre les chiraquiens, même ceux qui se sont ralliés à son panache, c’est lui, Sarkozy, qui, ministre du Budget de Balladur, lança la justice sur la piste du scandale des HLM de Paris [...]. Objectif ? Abattre Chirac ! C’est lui encore, prétendent-ils, qui aurait fait révéler, au Canard enchaîné, l’affaire de l’appartement d’Hervé Gaymard, en qui il voyait un adversaire." Ou encore, dans un autre registre : " Se faire, fût-ce en partie, offrir un luxueux appartement aménagé par le promoteur qu’on a systématiquement favorisé en tant que maire, et dans l’espace dont on a, toujours comme maire, financé l’aménagement, est-ce un exemple d’attitude hautement morale ? [...] Publier un livre consacré à l’ancien ministre Georges Mandel qui se révèle, pour partie au moins, être un plagiat coupé-collé de la thèse universitaire de Bertrand Favreau, certaines erreurs comprises, est-ce la quintessence du moralisme intégral ?" Etc. Etc. Il y aurait toute une page de l’hebdomadaire à citer...
Kärchériser Bercy ?
Si Sarkozy n’est pas un parangon de vertu, ses amis politiques ne brillent pas tous non plus par leur probité : Patrick Balkany, Alain Carignon, Gérard Longuet, Alain Juppé, Bernard Tapie ou Charles Pasqua sont des spécimens de choix, qui ont tous eu très sérieusement maille à partir avec la justice. Eric Besson, inconnu du grand public avant la campagne, sera devenu, au terme de celle-ci, l’incarnation même de la traîtrise. Même si la concurrence était rude cette année : entre Tapie, Séguéla, Sevran et Hanin, le choix pouvait demander réflexion...
Tout ce beau monde a donc rejoint la France de TF1... pardon, la France sarkozyste, qui, elle, a réussi à échapper à la décadence morale de notre temps, n’a jamais cédé au "relativisme intellectuel et moral", n’a jamais perdu de vue la "différence entre le beau et le laid", avec des figures de proue comme Steevy du Loft, Miss Dominique de La Nouvelle Star, Doc Gynéco de Nice People (condamné aussi pour fraude fiscale), Richard Virenque et Marielle Goitschel de Je suis une célébrité, sortez-moi de là !, le big boss Arthur, vice-président d’Endemol France, cette merveilleuse société qui nous gratifie des plus belles émissions de la télévision française, qui participent activement à élever le niveau de conscience des futurs électeurs : Loft Story, Nice People, La Ferme Célébrités, 1ere Compagnie, Star Academy, Opération Séduction, 120 minutes de bonheur... sans oublier les sensationnels Véronique Genest de Julie Lescaut, Roger Hanin de Navarro, Bernard Tapie de Commissaire Valence, Henri Leconte et Johnny, nos exilés suisses, et puis Carlos, Thierry Roland, Philippe Candeloro, Rika Zaraï, Michou, Gilbert Montagné (c’est le raffinement de la beaufitude...), on se croirait presque sur le plateau des Enfants de la télé... avec Enrico bien sûr et Christian Clavier (l’autre mauvais sosie de Louis de Funès, lui aussi en beaucoup moins drôle)... et puis Charlotte Rampling, qui fait un peu tache au milieu de toutes ces lumières... et je gardais le meilleur pour la fin : Charles Villeneuve, le déjà mythique présentateur du Droit de savoir, cette émission de TF1 absolument neutre politiquement, qui, entre les deux tours de la présidentielle, le 1er mai, jour de la fête du Travail, aura eu l’ingénieuse idée de programmer un numéro consacré... aux faux chômeurs ! RMIstes fraudeurs ! et malades imaginaires ! Quelle coïncidence de retrouver là les boucs émissaires privilégiés de Nicolas Sarkozy ! Et j’oubliais, dans l’assistance du Palais Omnisports de Paris-Bercy, celui qui détient 42,9 % de la chaîne TF1, Martin Bouygues. La grande famille de "la France d’après" réunie au grand complet !
Un conflit de valeurs
Nicolas Sarkozy a gagné une élection qu’il a placée sous le signe des valeurs - et qui ne se réduisent certes pas à celles qu’incarnent les grands personnnages évoqués à l’instant... Il a voulu qu’on parle "sans complexe" de l’identité nationale. Et cette discussion a créé un sacré malaise, qui se ressent en ce tout début de mandature. Car Nicolas Sarkozy a "joué", là encore, sur ce thème. Il a fait mine de défendre un héritage moral français, alors qu’il n’en défendait en réalité qu’une partie, l’air de rien. En gros, la défense de l’identité nationale s’est réduite, avec lui, à une réponse ferme et sans détour à la "menace" islamiste. "On n’égorge pas le mouton dans son appartement" est la formule choc qui résume toute cette campagne "morale" de Nicolas Sarkozy. Bien sûr, on peut l’enrichir un peu, comme cela été fait sur Radio-Notre-Dame le 26 avril 2007 : "La polygamie, c’est pas en France, l’excision, c’est pas en France, le voile obligatoire, c’est pas en France, la loi des grands frères qui choisissent les relations de leurs soeurs, c’est pas en France, le père qui oblige la fille à se marier avec quelqu’un, c’est pas en France... Je leur dis tranquillement et simplement, que nul ne doit être condamné à vivre dans un pays qu’il n’aime pas." Si l’on met de côté le ton un brin méprisant utilisé par l’ancien candidat de l’UMP, on peut et on doit même être d’accord sur le fond. Le problème est ailleurs.
D’abord, en prétendant parler d’identité nationale, Sarkozy (incorrigible) montre encore du doigt un bouc émissaire : cette fois, c’est le musulman. Selon le sociologue Emmanuel Todd, cette stratégie classique consistant à désigner des boucs émissaires permet à des responsables politiques incapables de régler les problèmes économiques fondamentaux qui se posent au pays de faire diversion. C’est un aveu (à peine déguisé ) d’impuissance. Ensuite, et c’est là que se situe peut-être la plus grosse imposture, Nicolas Sarkozy nous indique, par l’idée même de son ministère de l’immigration et de l’identité nationale, qu’il résume la question de l’identité française à celle de l’assimilation des immigrés ; il réduit cette question, au fond, à l’égalité hommes-femmes et au rejet de certaines coutumes venues d’ailleurs. Emmanuel Todd pointe cette imposture : car la France, c’est aussi "le pays de l’égalité", "du respect de la population", "attaché à des valeurs universalistes", alors que Sarkozy "ne croit pas en l’égalité", "promet d’être dur aux faibles". C’est encore lui "qui est allé faire des génuflexions devant Bush", "qui a trahi la tradition gaulliste". En conséquence de quoi Todd prétend que Sarkozy est "en réel conflit avec l’identité nationale", "ne sait pas ce qu’est la France", et finalement "ne considère pas que Sarkozy aime la France".
On pourrait encore ajouter que la France est un pays profondément attaché à sa laïcité, et que le nouveau président de la République n’a pas montré de très sérieux gages en cette matière cruciale. En témoignent les inquiétudes exprimée par le philosophe Henri Pena-Ruiz, dans une tribune du 15 février 2007 adressée à celui qui était encore ministre de l’Intérieur. Et puis, pour ceux qui auraient déjà oublié les convictions de leur nouveau président en matière religieuse, rafraîchissons-leur la mémoire, avec ces quelques réflexions tirées du livre de Nicolas Sarkozy, La République, les religions, l’espérance, paru en 2004 : "Je crois au besoin de religieux pour la majorité des femmes et des hommes de notre siècle. [...] On ne peut pas éduquer les jeunes en s’appuyant exclusivement sur des valeurs temporelles, matérielles, voire même républicaines. [...] La dimension morale est plus solide, plus enracinée lorsqu’elle procède d’une démarche spirituelle, religieuse, plutôt que lorsqu’elle cherche sa source dans le débat politique ou dans le modèle républicain." Dit autrement : iI est impossible d’éduquer un enfant de façon purement laïque, sans l’assistance nécessaire de la religion. Une vie athée est impensable. On comprend mieux les frictions qui animèrent son entretien avec l’athéiste Michel Onfray...
Puisqu’il faut croire...
Tenant d’une politique économique que d’aucuns qualifient d’ultra-libérale, et qui devrait précariser les moins nantis - si l’on en croit l’analyse du collectif de militants et de chercheurs "L’Autre campagne" et son film Réfutations -, Nicolas Sarkozy a pourtant réussi le tour de force de les ramener à lui, "tous ces sans grade, tous ces anonymes, tous ces gens ordinaires auxquels on ne fait pas attention, que l’on ne veut pas écouter, que l’on ne veut pas entendre", et ce par l’adoption d’une posture autoritaire, de chef, contempteur de la décadence intellectuelle et morale, annonçant la liquidation et la mort de la pensée 68, et le retour aux bonnes vieilles valeurs traditionnelles et religieuses (on se demande, au passage, qui peut bien être ce "on" dans la bouche de Sarko... c’est quand même un homme qui a été ministre de l’Intérieur depuis 2002 et qui était ministre du Budget dès 1993 qui parle... et qui nous avoue donc que, jusqu’ici, il n’a pas fait attention aux gens ordinaires... c’est bien cela qu’il faut comprendre ?). Tour de passe-passe coutumier de toutes les droites dures, et des néoconservateurs américains en particulier. Libéralisme dur dans une main, valeurs morales réactionnaires et autoritarisme liberticide dans l’autre ; la deuxième main vient remédier - très superficiellement - aux maux infligés par la première : d’un côté, on mine la cohésion sociale, on crée du malaise et du désordre, de l’autre, on vient apaiser les âmes désespérées et on mate les perdants - potentiellement réfractaires - du système. Un cocktail classique qui a fait ses preuves, qui endort le pauvre terrorisé et stimule le riche jamais rassasié.
Le climat anxiogène installé par Sarkozy durant sa longue campagne (démarrée il y a cinq ans déjà ) perdure dans ces premiers jours de son "ère". La gauche et Libération nous promettent de la casse, des "fractures" ; le Front national, via Alain Soral, nous assure, de son côté, que le programme du nouveau président reprend à 90 % le sien propre (dans son pan "économico-social"). Soral, qui n’imagine pas une seconde que Sarkozy le mettra réellement en oeuvre, promet néanmoins, au cas improbable où il le ferait, d’aller "lui baiser les pieds". Fractures promises, convergences "extrémistes"... Pas de quoi rassurer tout le monde. La balle est maintenant dans le camp de Nicolas Sarkozy : saura-t-il devenir le président de tous les Français ? saura-t-il sortir de l’image caricaturale qui lui colle à la peau ? et apaiser l’incroyable défiance d’un nombre considérable de Français, dont rend compte un clip circulant sur Dailymotion, déjà vu plus de deux millions de fois, et redoutablement flippant : Le vrai Sarkozy ? Puisque Nicolas se veut l’apôtre de l’espérance, nous le suivrons sur ce point : nous espérerons en lui, à défaut de croire.
On parle de : Sarkozy, ou le triomphe des passions tristes
Tout ce qu'il faut savoir sur les vacances du petit président
A propos de conflits d'intérêts
1- sur le site du Nouvel Observateur : Selon l'institut CSA, 65% des Français se disent "pas choqués" par les vacances luxueuses de Nicolas Sarkozy payées par Vincent Bolloré.
2- sur le site du CSA : CSA est un groupe indépendant détenu par les actionnaires fondateurs (56%) et par le groupe Bolloré (44%).
No comment !
Rappel des faits : Les vacances Jet Set d'un président parvenu.
Pour mémoire : Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il n'avait pas l'intention de s'excuser d'avoir pris des vacances, et que si il a accepté l'invitation de son ami l'industriel et yachtman Vincent Bolloré, c'est parce que, dit-il, "il n'a jamais travaillé avec l'Etat". Bolloré lui-même a déclaré que son groupe "n'a jamais eu aucune relation commerciale avec l'Etat Français".
Deux petits articles permettent de mesurer l'ampleur du mensonge :
- sur Rue89.com : Bolloré n'a jamais travaillé avec l'Etat.» Jamais, vraiment?
- sur bakchich.info : Bolloré et Sarkozy, une amitié au service de l'Etat
Et aussi : L'utilisation de Léon Blum par Bolloré indigne sa famille :
« La petite nièce de Léon Blum, Christine Blum, a opposé, mercredi 9 mai, "au nom de sa tante, de ses cousins et de ses frères et soeurs" un "démenti formel" au communiqué de Vincent Bolloré affirmant que sa famille avait accueilli le président du conseil du Front populaire à son retour de déportation en 1945.
« Antoine Malamoud, son arrière-petit-fils, préfacier des Lettres de Buchenwald, précise au Monde que le socialiste avait alors été hébergé par Félix Gouin, président de l'Assemblée consultative au palais du Luxembourg. "Il n'existe, ni dans la tradition familiale ni dans les travaux des biographes récents de Léon Blum, de trace d'une visite au "manoir" de la famille Bolloré (...). Il me semble à tout le moins indécent de comparer cette invitation, si même elle a existé, (...) à celle faite au président de la République nouvellement élu, afin qu'il se repose des fatigues d'une campagne électorale." »
Et enfin : L'état de disgrâce, par Alain Finkielkraut - soutien et caution intellectuelle (sic...) de Nicolas Sarkozy durant sa campagne présidentielle :
« On ne peut pas se réclamer du général de Gaulle et se comporter comme Silvio Berlusconi. On ne peut pas en appeler à Michelet, à Péguy, à Malraux et barboter dans le mauvais goût d'une quelconque célébrité de la jet-set ou du show-biz. On ne peut pas prononcer des odes à l'Etat impartial et inaugurer son mandat en acceptant les très dispendieuses faveurs d'un magnat des affaires.
« Contrairement à ce qu'il avait annoncé sur un ton grave, Nicolas Sarkozy ne s'est pas retiré du monde pour habiter la fonction présidentielle : entre le Fouquet's, Falcon et palace flottant, il a oublié qu'il venait d'être élu président de la République. Il avait peut-être ses raisons que la raison ignore. Espérons cependant qu'il s'en souviendra, une fois de retour sur le plancher des vaches, et qu'il saura, comme il l'avait promis dans des discours de très haute tenue, incarner la France. Pendant trois jours, il nous a fait honte. »
A propos de Finkielkraut, reproduisons ici cette charge bien sentie déposée sur rue-affre :
Caca nerveux
NON non non, ça va pas être possible.
A peine trois jours que le yachtman est élu que déjà il fait honte à Finkielkrault (l’honneur de l’intelligence française dixit la talonnette présidente)
Trois jours à peine que le nombril de Neuilly a touché les six numéros du loto que déjà Barbier, Aphatie, Askolovitch et consorts jouent les vierges effarouchées et se masquent les yeux (cachez cette vulgarité que je ne saurai voir)
Non non non, ça va pas être possible.
Ça va pas être possible de se refaire une virginité de gauche à la Colombani : Je roule pour Sarko six mois, j’appelle a voter Ségo la veille. ( quand c’est plié )
Ça va pas être possible parce que le cabot à Ray ban de chez Bolloré ne s’est pas mis à schlinguer subitement dimanche soir 6 mai à vingt heures au Fouquet’s ou sur le podium avec ses potes de thé dansant devant les Charles Edouard en transe ou sur son yacht de pique-ascete à incarner la fonction présidentielle en étalant de la crème solaire.
ça va pas le faire parce que Sarko ça pue l’arnaque depuis le début. Ça pue la Rolex et la chaîne en or, la tartuferie et l’incompétence, l’inculture et l’arrivisme, la blondasse à 4X4 et la une de voici, la limousine et l’arrogance depuis longtemps. Ça puait déjà quand il faisait siffler les rmistes devant des millionnaires du show biz, ça puait aussi quand il désignait à la vindicte populaire les chômeurs, ces grosses feignasses, ça puait pareil quand il revisitait l’histoire ou la génétique, ça fouettait encore quand le complexé de la droite décomplexée rotait tout haut ce que ses sphincters larguaient tout bas, quand il roulait des pelles a ceux qui se lèvent tôt avec sa bande de jet setters qui se lèvent si tard.
Et ça pue trés trés fort quand un môme se prend 4 mois ferme pour un pavé lancé même pas dans la gueule.
Justice exemplaire ou justice par l'exemple ???
Alors pas de chochoteries post opératoires mon Finkie. Pas de droit d’inventaire, pas de Sarko à la carte. La formule plat du jour et l’œuf mayo.
La France made in Sarkozy tu l’as voulue mon Finkie tu te la fades. Et faudra tout finir, tout bâfrer jusqu’à la nausée. Les divorces, les rumeurs, les plans q, les paparazzi, la pipolisation, la pipotisation, la nouvelle dame de France, les Clavier, les Reno, les Johnny immigrés qui causent mal la France, la star ac présidentielle, la modernité avec les plus de 65ans, les Arthur et ses boîtes à cure-dents, le compassionnel médiatique, la charité bizness caution à audimat, l'ascenseur social version le maillon faible... Tout finir tout saucer. Et rien laisser dans l'assiette. Tu en es, tu en seras comptable.
Comptable des caprices nombrilistes du petit parvenu a talonnettes, de son jogging à la com, de ses Besson à gamelles, de ses Steevie et Gynéco, exemples s’il en est du mérite et de l’effort scolaire, des Hanin Navarro, des Enrico poy poy poy, des Sevran à bite de nègre et des Seguela rererererelifté du crémol. Comptable de toute cette veulerie, de toute cette connerie, de toute cette merde.
OUI comptable mon Glucksman mon Gallo mon Bruckner. Jean Pierre Pernaut/Alain Minc même combat. Même combat les faiseurs TF1 de cerveaux à patasse, les philosophes Grasset pour cerveaux de pétasse ; Kif kif pareil.
Non non non ça va pas être possible.
Pas être possible de faire croire que t’avais un gros 'rhube' et que t’as rien senti, que ton ORL était en vacances à Malte, que t’avais le nez morveux, et que le fils morveux et caché de Berlusconi/Aznar tu l’as pas reniflé avant.
Non non non ça va pas être possible d’autant que j’ai la liste, d’autant que j’ai les noms…
Ce caca nerveux, messieurs, c’est le votre : à vous de ramasser. Et veuillez laisser cet endroit aussi propre que vous l’avez trouvé en entrant…
Moi je m’en lave les mains : je suis Grolandais.
tgb.

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On parle de : Tout ce qu'il faut savoir sur les vacances du petit président
Plus jamais ça
Par Thomas PIKETTY
Libération - jeudi 10 mai 2007
Quelles leçons la gauche peut-elle tirer de la défaite de dimanche ? Pour certains, la cause était entendue depuis longtemps : la France s'est droitisée et s'est mise à rêver de Sarkozy, rien ne pouvait y résister. Argument peu persuasif : toutes les études montrent qu'une majorité de Français a toujours eu peur de Sarkozy et de ses dérives. Le vote Bayrou exprime clairement les craintes suscitées par le nouveau président, y compris à droite.
Pour d'autres, la défaite s'expliquerait par une erreur de casting : pas assez expérimentée, pas assez crédible, en particulier sur les sujets économiques, Ségolène Royal ne faisait pas le poids. L'argument ne tient pas : la candidate socialiste a démontré qu'elle avait les capacités et surtout la volonté de renouveler le logiciel économique de la gauche, en développant un discours positif sur la priorité donnée à l'investissement dans la formation et la recherche, en insistant avec force sur la responsabilisation des acteurs, la décentralisation et le refus du tout-Etat, les nécessaires contreparties entre droits et devoirs. Il est probable que seule Ségolène Royal, grâce à son extériorité par rapport au PS et à la légitimité conférée par le vote des militants, était en capacité de lancer l'appel au dialogue à Bayrou entre les deux tours, impératif politique et démocratique évident qui conditionne les victoires futures (comment prétendre prendre en compte les aspirations populaires en feignant d'ignorer que Buffet a rassemblé 1,9 % des voix et Bayrou 19 % ).
En vérité, la gauche a, avant tout, souffert d'un problème de timing. Il aurait fallu bien plus que quelques mois pour construire un programme présidentiel suffisamment charpenté. Pour développer des positions sociales-démocrates fortes et convaincantes sur les grandes questions économiques et sociales (enseignement supérieur et recherche, retraites, santé, fiscalité, marché du travail,...) qui, toutes, exigeront de douloureux ajustements intellectuels chez nombre de militants et sympathisants de gauche, plusieurs années de débats et de patient travail de conviction sont nécessaires. Désignée en novembre, et quels que soient son pragmatisme et son énergie, il était tout simplement impossible pour Ségolène Royal de réaliser ce travail d'ici au mois de mars, surtout après que ses sympathiques compétiteurs internes lui avaient savonné la planche en lui instruisant un procès en incompétence économique.
L'erreur fondamentale commise par le PS entre 2002 et 2007 est d'avoir cru, ou d'avoir feint de croire (car en réalité personne n'était dupe), qu'il était possible de repousser le choix du candidat après la rédaction du programme. Le résultat objectif est que pendant quatre ans, de 2002 à 2006, les socialistes n'ont parlé de rien. Pour une raison simple : il était impossible pour qui que ce soit de prendre une position forte sur un sujet difficile, de peur de se faire canarder dès le lendemain matin par les petits camarades présidentiables. Résultat des courses : le programme adopté par le PS en 2006 est une fontaine d'eau tiède, dans laquelle toutes les questions qui fâchent ont été soigneusement évitées. Les nouvelles couleurs données à ce programme par Ségolène ne pouvaient suffire à le rendre crédible aux yeux des Français.
Exemple évident illustrant ce point : la terrible séquence du débat télévisé portant sur les retraites, dans laquelle Sarkozy a conduit la candidate socialiste à proposer une taxe sur les revenus boursiers. Non pas qu'une telle taxe soit, en tant que telle, inenvisageable : le fonds de réserve pour les retraites est déjà en partie alimenté par une (modeste) contribution sociale sur les revenus de placement, et rien n'interdit de la relever dans le cadre du nécessaire rééquilibrage travail-capital de notre système fiscal. Mais cette réponse tout de même un peu courte rappelait à des millions de Français que pendant des années les socialistes se sont contentés de célébrer l'abrogation future de la loi Fillon. Alors même que l'immense majorité de l'opinion sait depuis des années que la pérennité de notre système de retraites exige des réformes précises et courageuses.
La priorité aujourd'hui est de tout faire pour éviter cette erreur en 2007-2012. Il faut qu'avant la fin de l'année 2007 ait lieu, sous une forme ou sous une autre, un vote des militants (éventuellement élargi aux sympathisants), auquel se soumettront tous ceux qui aspirent à mener le projet socialiste, et qui permettra de désigner un leader incontesté jusqu'en 2012. On entend déjà les arguments fallacieux expliquant qu'une telle personnalisation serait contraire à l'identité collective du parti, etc. En vérité, c'est exactement le contraire : c'est justement parce que les questions de personnes sont totalement secondaires par rapport aux questions de programmes et aux débats d'idées (contrairement à une idée répandue, de très nombreuses personnes ont les qualités pour être président de la République, même Sarkozy) qu'il faut s'empresser de trancher les premières pour pouvoir vite passer aux secondes. Pour sortir au plus vite du combat des chefs et éviter que la catastrophe ne se reproduise, il est urgent aujourd'hui que les militants et sympathisants se mobilisent fortement.
Thomas Piketty est directeur d'études à l'EHESS et professeur à l'Ecole d'économie de Paris.
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Les vacances Jet Set d'un président parvenu
Une « présidence modeste », disait-il
Nicolas Sarkozy l'avait annoncé, il aurait besoin au lendemain de son élection de faire « retraite » quelques jours afin de « se retrouver face à lui-même », « prendre la mesure de la gravité des charges » et « d'habiter la fonction ». Il avait d'ailleurs, suite à ces déclarations, laisser la presse gloser sur une retraite en forme d'ascèse monastique.
En fait de monastère, c'est à Malte que la trace du futur Président de la République a été retrouvée. Alors que la presse le cherchait sur l'Ile de Beauté, Nicolas Sarkozy, après avoir passé sa première nuit de président élu dans un palace des Champs-Elysées, le Fouquet's (la suite coûte entre 1.500 et 2.600 euros la nuit), accompagné de son épouse Cécilia, de son fils Louis et de quelques proches, est arrivé lundi à bord d'un jet privé (propriété de l'homme d'affaires Vincent Bolloré ) à La Vallette, la capitale du plus petit Etat de l'Union européenne. Depuis, il se trouve à bord u Paloma, un luxueux yacht de 60 mètres (200 000 euros la semaine et appartenant au même Vincent Bolloré ) qui navigue dans les eaux cristallines de la Méditerranée, entre l'île de Malte et la Sicile. Un séjour qui pourrait durer 72 heures en tout, mais l'Ile de Beauté, où l'on avait d'abord cru pouvoir le trouver, pourrait bien figurer au programme de Nicolas Sarkozy dans les jours à venir. Des chambres ont été réservées dans deux hôtels de Porto-Vecchio, non loin de la propriété isolée de son ami l'acteur Christian Clavier.
Bref, après un dîner au Fouquet's en compagnie de quelques "people", dont son ami Johnny Halliday, un rapide passage sur la scène de la Concorde où Dominique de la Nouvelle Star voisinait avec Steevy du Loft et Jean-Marie Bigart avec Mireille Mathieu, puis une nuit au Fouquet's Barrière suivi donc d'une virée en yacht au large de Malte, les premières heures d'après élection de Nicolas Sarkozy se placent ostensiblement sous le sceau du mauvais goût façon nouveau riche et du mépris d'électeurs auxquels il n'a cessé de vanter les valeurs du travail et du mérite. Sarkozy, en fait, se comporte comme un parvenu de la jet set plutôt que comme un chef d'Etat. Disons qu'il a un peu de mal à habiter la fonction. Des habits trop grand pour lui, sans doute...
On pourra par ailleurs se demander s'il est normal qu'un futur président de la République fasse sponsoriser ses loisirs par des personnages fortunés qui ont tout à gagner des bonnes grâces du pouvoir, des milliardaires qui lui prêtent leur Falcon privé et l'accueillent à bord de leur yacht de 60 mètres. Rappelons en effet que Vincent Bolloré, PDG du groupe Bolloré - dont la filiale Bolloré médias contrôle entre autres le quotidien Direct Soir, la chaîne de télé Direct 8 et l'agence de publicité Havas, mais détient également 40% de l'institut CSA dont on a si souvent entendu parler durant la campagne présidentielle - figure dans le classement des 500 plus grosses fortunes du monde.
« Je veux dire à tous ceux qui souffrent d'injustices (...) que je serai le président qui combattra les injustices », avait-il dit, dimanche soir. « Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai, pas je ne vous décevrai pas », avait-il ajouté. Le moins qu'on puisse dire est que cela ne commence pas au mieux.
Dernière minute : Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il n'avait pas l'intention de s'excuser d'avoir pris des vacances, et que si il a accepté l'invitation de son ami l'industriel et yachtman Vincent Bolloré, c'est parce que, dit-il, "il n'a jamais travaillé avec l'Etat". Bolloré lui-même a déclaré que son groupe "n'a jamais eu aucune relation commerciale avec l'Etat Français".
Deux petits articles permettent de mesurer l'ampleur du mensonge :
- sur Rue89.com : Bolloré n'a jamais travaillé avec l'Etat.» Jamais, vraiment?
- sur bakchich.info : Bolloré et Sarkozy, une amitié au service de l'Etat
Et aussi : L'état de disgrâce, par Alain Finkielkraut - soutien et caution intellectuelle (sic...) de Nicolas Sarkozy durant sa campagne présidentielle :
« On ne peut pas se réclamer du général de Gaulle et se comporter comme Silvio Berlusconi. On ne peut pas en appeler à Michelet, à Péguy, à Malraux et barboter dans le mauvais goût d'une quelconque célébrité de la jet-set ou du show-biz. On ne peut pas prononcer des odes à l'Etat impartial et inaugurer son mandat en acceptant les très dispendieuses faveurs d'un magnat des affaires.
« Contrairement à ce qu'il avait annoncé sur un ton grave, Nicolas Sarkozy ne s'est pas retiré du monde pour habiter la fonction présidentielle : entre le Fouquet's, Falcon et palace flottant, il a oublié qu'il venait d'être élu président de la République. Il avait peut-être ses raisons que la raison ignore. Espérons cependant qu'il s'en souviendra, une fois de retour sur le plancher des vaches, et qu'il saura, comme il l'avait promis dans des discours de très haute tenue, incarner la France. Pendant trois jours, il nous a fait honte. »
Et enfin : L'utilisation de Léon Blum par Bolloré indigne sa famille :
« La petite nièce de Léon Blum, Christine Blum, a opposé, mercredi 9 mai, "au nom de sa tante, de ses cousins et de ses frères et soeurs" un "démenti formel" au communiqué de Vincent Bolloré affirmant que sa famille avait accueilli le président du conseil du Front populaire à son retour de déportation en 1945.
« Antoine Malamoud, son arrière-petit-fils, préfacier des Lettres de Buchenwald, précise au Monde que le socialiste avait alors été hébergé par Félix Gouin, président de l'Assemblée consultative au palais du Luxembourg. "Il n'existe, ni dans la tradition familiale ni dans les travaux des biographes récents de Léon Blum, de trace d'une visite au "manoir" de la famille Bolloré (...). Il me semble à tout le moins indécent de comparer cette invitation, si même elle a existé, (...) à celle faite au président de la République nouvellement élu, afin qu'il se repose des fatigues d'une campagne électorale." »

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La leçon de démocratie de Tocqueville
« Un passage très périlleux »
« Il y a un passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques.
« Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté, il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d’eux-mêmes, à la vue de ces biens nouveaux qu’ils sont prêts à saisir. Préoccupés du seul soin de faire fortune, ils n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous. Il n’est pas besoin d’arracher à de tels citoyens les droits qu’ils possèdent ; ils les laissent volontiers échapper eux-mêmes. ( … )
« Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s’emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte. Qu’il veille quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra aisément quitte du reste. Qu’il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d’ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le bien-être, avant que d’apercevoir comment la liberté sert à se le procurer ; et, au moindre bruit des passions politiques qui pénètrent au milieu des petites jouissances de leur vie privée, ils s’éveillent et s’inquiètent ; pendant longtemps la peur de l’anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre.
« Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien ; mais je ne veux pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur suffise. Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au fond du cœur ; elle est esclave de son bien-être, et l’homme qui doit l’enchaîner peut paraître. ( … )
« Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les mœurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple…
« Le naturel du pouvoir absolu, dans les siècles démocratiques, n’est ni cruel ni sauvage, mais il est minutieux et tracassier. »
Alexis de Tocqueville
Extrait de De la Démocratie en Amérique, Livre II, 1840
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Le Petit Père des People
Vigilance et résistance citoyenne
Il a donc obtenu sa revanche, cette revanche qu'il souhaitait avec tant d'ardeur depuis sa tendre enfance. Revanche sur qui, sur quoi ?, on ne le saura probablement jamais tout à fait ; sans doute quelque chose qui a avoir avec le père, la mère, l'errance d'un adolescent et mai 68. Peu importe. Je retiens une chose de ce magnifique discours - je le dis sans ironie, et sans illusion non plus sur sa sincérité - qu'il a prononcé hier soir, cette phrase qui résume la droite qu'il incarne et qui va nous faire tant de mal : « Je veux réhabiliter le travail, l'autorité, la morale, le respect, le mérite. »
Le Travail : Ensemble des activités humaines coordonnées en vue de produire ou de contribuer à produire ce qui est utile. Ethymologie : «tourment, souffrance»...
L’Autorité : Pouvoir d'agir sur autrui...
La Morale : Science du bien et du mal. Ensemble des règles concernant les actions permises et défendues dans une société, considérées comme valables de façon absolue, qu'elles soient ou non confirmées par le droit...
Le Respect : Sentiment qui incite à traiter quelqu'un avec égards, considération admirative, en raison de la valeur qu’on lui reconnaît, et à se conduire envers lui avec réserve et retenue, par une contrainte acceptée...
Le Mérite : Valeur morale procédant de l'effort de quelqu'un qui surmonte des difficultés par sens du devoir et par aspiration au bien. Ce qui rend une personne digne d’estime, de récompense, quand on considère la valeur de sa conduite et les difficultés surmontées...
Mais où donc se trouve l'homme ? Et où donc se trouve la France ? Les valeurs républicaines françaises sont aux antipodes de ce carcan de contraintes que Nicolas Sarkozy dessine au détour d'une seule phrase et de cinq mots qui ne disent pas le libre-arbitre et qui ne parlent pas de l'humain, de son émancipation, qui n'évoquent pas la responsabilité individuelle ou collective, ni les solidarités et la conscience de l'Autre. Cinq mots qui disent individualisme et soumission plutôt que liberté, égalité et fraternité, plutôt qu'humanité et humanisme, plutôt qu'épanouissement personnel.
Une chose est certaine, la droite est de retour... et elle n'est pas contente. Des jours sombres s'annoncent pour les forces de progrès et leur marche en avant vers un un monde meilleur, plus solidaire et plus juste, plus propice à l'humain qu'à cet animal économique, producteur et consommateur, simple rouage dans la grande machine libérale. Beaucoup seront broyés, le sont déjà, et c'est cela surtout qui m'attriste ce matin, cela à quoi il est impératif de continuer à résister. Car si le respect de la décision démocratique est un devoir impératif, la démocratie n'impose pas la soumission, encore moins la résignation. Au contraire, elle commande résistance et vigilance. Dans le devoir de respecter la décision démocratique s'imbrique le droit du citoyen à la contestation du pouvoir et de ses décisions, le droit de manifester pour nos convictions chaque fois que cela sera nécessaire. Ne baissons pas la tête, ne courbons pas l'échine, le combat républicain continue, pacifiquement mais fermement. Ne lâchons rien !
Les élections législatives sont la première étape de la reconquête, la première étape dans la création d'une opposition forte et efficace. Dès maintenant, mobilisons nous !

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Appel à la révolte
Aux Urnes, Citoyens !
Nicolas Sarkozy vous trompe.
Nicolas Sarkozy est l'homme de l'UMP, l'homme du MEDEF et l'homme du bilan.
Nicolas Sarkozy n'est pas l'homme providentiel. L'homme providentiel n'existe pas.
Nicolas Sarkozy ne propose rien de plus que de poursuivre et d'amplifier ce qui est en oeuvre depuis cinq années en France et dont vous savez les résultats calamiteux : économie en panne, précarité en hausse, violences partout.
Nicolas Sarkozy vous trompe et ne vous paiera jamais que de mots.
Nicolas Sarkozy n'a d'autre projet que d'obtenir le pouvoir pour lui-même et pour ceux qui le finance, et qu'il rétribuera en retour.
Nicolas Sarkozy, son projet, c'est lui. Vous n'êtes que le moyen de son projet.
Les grands médias vous mentent et vous manipulent. Vous savez bien de qui leurs patrons sont les amis...
Les sondages vous mentent et vous manipulent. Vous savez bien de qui leurs patrons sont les amis...
Les puissants veulent vous voler l'élection. Ils voudraient parler avant vous, parler pour vous, parler à votre place. Ils voudraient vous faire taire et confisquer cette élection.
Ne vous laissez pas faire ! Révoltez-vous !
Ne nous laissez pas voler l'élection ! Révoltez-vous, révoltons-nous ensemble !
Révoltons-nous ! Votons contre les puissants et contre les manipulateurs d'opinion. Ne soyons pas les veaux qu'ils imaginent.
Révoltons-nous ! Votons pour la démocratie. Votons pour la République. Votons pour la Liberté, pour l'Egalité et pour la Fraternité.
Choisissons librement et votons. Votons et faisons de notre vote une révolte. Car ils riront de nous ou bien nous rirons d'eux. Car c'est de cela qu'il s'agit : eux ou nous !
La démocratie, c'est nous. Montrons-leur que nous sommes libres. Révoltons-nous dimanche, dans les urnes et refusons de tomber dans leur pièges à cons. Votons en hommes et en femmes libres !
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La victoire est en chacun d'entre nous
"Allez-vous vraiment faire ça ? " - par Ariane Mnouchkine
Alors, vous allez vraiment faire ça ? Vous les plus purs que d’autres, les plus intelligents que d’autres, vous les plus subtils, vous les cohérents, vous les fins stratèges, vous allez faire ça ? Vous, les à qui on ne la fait plus, les durs du cuir, vous allez vraiment, en ne votant pas pour elle, voter pour lui ? Vous allez vraiment faire ça ? Vous allez le faire ? Vous, les vrais de vrais de la gauche vraie, vous allez faire ça ? Pour cinq ans ! Pour cinq ans, peut-être dix, vous allez faire ça ? Vous, les toujours déçus de tout, vous les amers, les indécis décidés, les lave plus blancs que blanc, vous allez faire ça ? Mais pourquoi ? Parce que quoi ? Parce que jupe ? Parce que talons hauts? Parce que voix ? Parce que sourire, cheveux, boucles d’oreilles ? Parce que vraie ?
Il n’y a rien qui vous aille dans son programme à elle, rien ? Pas cinquante propositions sur les cent ? Pas vingt ? Pas dix ? Pas une ? Vraiment, rien du tout ? Trop de quoi ? Pas assez de quoi ? Pas assez à gauche ? On voudrait, quitte à tout perdre, une campagne à gauche toute ? Mais même l’extrême gauche, cette fois-ci, au deuxième tour, ne joue plus à ce jeu-là. Peu importe, vous, vous allez y jouer ? Le résultat du 21 avril 2002 ne suffit pas ? Non. On le refait en 2007, mais en mieux. Pas au premier tour, non, carrément au deuxième. C’est plus chic.
Que ceux qui ressemblent à Nicolas Sarkozy, ou qui croient qu’il leur ressemble, que ceux-là votent pour lui, quoi de plus normal. Que ceux qui lui font sincèrement confiance pour améliorer leurs dures vies, que ceux-là l’acclament et votent pour lui, quoi de plus normal. C’est même estimable. Que les grands patrons votent Nicolas Sarkozy, pas tous d’ailleurs, loin s’en faut, non, mais par exemple les grands patrons de presse, qu’on a vu si nombreux, si heureux, à Bercy dimanche, qu’ils votent pour leur copain, qui va vraiment améliorer leurs belles vies, c’est moins estimable, mais quoi de plus normal ?
Mais vous, une respiration possible, un air nouveau, un espace de travail politique, une chance espiègle, ça ne vous dit rien ? Vraiment rien ? Mais qu’est-ce qui vous fait si peur ? Les Italiens ont enfin chassé Berlusconi, les Espagnols, après une grande douleur révélatrice, se sont débarrassés d’Aznar, et voilà que nous, à quelques milliers de voix près, nous allons repasser le plat de la droite dure ?
Il y a un pari audacieux à prendre contre une certitude sombre, et vous ne pariez pas ? Quels désirs obscurs allez-vous satisfaire ? De qui donc, de quoi êtes-vous secrètement solidaires. Ce ne peut-être du bien de ceux qui ont besoin, vitalement, de mieux être. Vitalement. Maintenant.
Supporterez-vous dimanche soir d’apprendre qu’il a manqué une voix ? Une seule. La vôtre.
Je vous en supplie.
Ariane Mnouchkine
3 mai 2007
Théâtre du Soleil

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De l'immoralité politique de Nicolas Sarkozy
La très saine colère de Ségolène Royale
Souvenons-nous, il a débuté la campagne en disant qu'il serait le candidat de l'éthique. Mais chez Nicolas Sarkozy le dire et le faire sont deux choses différentes, qui ne sont reliés en rien, par aucun lien en tout cas susceptible de l'engager. Il a refusé d'assumer jusqu'au bout son bilan personnel comme ministre de l'Intérieur, refuser d'assumer le bilan du gouvernement auquel il a appartenu, bilan qui est aussi celui du parti dont il est le président et qui possède 4010 députés à l'Assemblée Nationale. Et Ségolène Royal a raison quand elle dit que "la morale politique (...) demande que les responsables politiques rendent des comptes par rapport à ce qu'ils ont fait".
Ce matin, sur France Inter, Ségolène Royal a déclaré ceci : "M. Sarkozy s'est sans arrêt situé en posture de victime, alors qu'il a porté les coups les plus rudes, en particulier après les événements de la gare du Nord, (quand) pendant 8 jours il a répété que j'étais du côté des voleurs et des fraudeurs. (...) Mais cela, il n'a pas osé me le redire bien évidemment en face. (...) Il ne faut pas, lorsqu'on donne les coups les plus rudes, se poser en victime. (...) Nicolas Sarkozy fait penser à ces enfants qui donnent des coups de pieds et qui se mettent à crier les premiers pour faire croire que c'est le petit voisin qui a porté le coup". Elle a raison aussi.
Nicolas Sarkozy dissimule, dit ce qu'il faut dire, adopte l'attitude qu'il faut adopter et change de discours en fonction de son auditoire. Nicola Sarkozy est un populiste génial - et l'on sait qu'il est des mauvais génies - et il fallait que cela puisse être démontré lors de cette seule et unique confrontation que Nicolas Sarkozy a acceptée durant toute une campagne où il n'a eu de cesse de manoeuvrer en sorte de n'avoir jamais en face de lui un contradicteur. Et même durant cette unique confrontation, sa seule préoccupation aura visiblement été de prêter le moins possible le flanc à un débat frontal, projet contre projet, valeurs contre valeurs, débat qu'il n'a cessé d'esquiver allant jusqu'à fuir le regard de Ségolène Royal pour se réfugier tel un petit garçon, en effet, dans celui de Poivre d'Arvor. Il fallait démasquer autant que faire se pouvait le populiste, faire ne serait-ce qu'un instant tomber le masque du mensonge et de l'immoralité politique. C'est dans cet esprit qu'il est utile de visionner cette "saine colère" de Madame Royal - colère parfaitement maîtrisée, soit-dit en passant :
On parle de : De l'immoralité politique de Nicolas Sarkozy
Le débat
Hier soir, lors du tant attendu débat d'entre deux tours, nous avons assisté à l'affrontement de deux stratégies tout à fait opposées et tout à fait révélatrices. Pour Ségolène Royal, il s'agissait de montrer qui elle était réellement - compétente et volontaire, pugnace et souriante, à la hauteur du poste - et le moins qu'on puisse dire est qu'elle a atteint son objectif. Pour Nicolas Sarkozy, il s'agissait au contraire de dissimuler qui il est vraiment - surtout ne pas s'emporter, faire profil-bas, jouer la victime chaque fois que l'occasion se présentait - et le moins qu'on puisse dire là aussi est qu'il a également parfaitement atteint son objectif.
Et l'ensemble des observateurs de se précipiter pour en conclure qu'il y a match nul, que personne ne sort victorieux de cette confrontation. Les plus audacieux disent que si éventuellement Ségolène Royal l'a emporté, Nicolas Sarkozy n'a pas perdu. C'est qu'ils confondent le débat et l'élection elle-même. Ils disent "match nul" parce qu'ils supposent, ou s'efforcent de supposer, que les "points marqués" par Ségolène Royal hier soir ne seront pas suffisant pour rattraper son "retard". Ils le supposent, de même qu'ils supposent ce retard à la lecture des sondages, et nous verrons bien ce qu'il en sera. La seule réalité qui n'est pas supposée ce sont les points marqués par Ségolène Royal lors de ce débat, et donc son incontestable victoire. Car que cela suffise ou non pour emporter l'élection, Ségolène Royal a hier soir été incontestablement meilleure que Nicolas Sarkosy.
Il y a d'abord le fait que nombreux s'attendaient à voir la candidate de la gauche et du centre être laminée par celui de l'UMP et de la droite extrême. M. Sarkozy était celui qui maîtrisait les dossiers et le champion incontesté du débat - tellement incontesté qu'il n'a d'ailleurs cessé de refuser d'être confronté à des contradicteurs tout au long de la campagne. Quant à Mme Royal, elle était tout simplement incompétente. Au résultat, le fait même qu'aucun commentateurs n'osent tout de même parler ce matin d'une victoire de Nicolas Sarkozy est une victoire pour Ségolène Royal. L'espace du seul débat que lui a consenti son concurrent, elle a effacé l'ardoise du procès en incompétence orchestré par celui-ci tout au long de la campagne et est parvenu à convaincre de sa capacité à occuper le poste de présidente de la République - ce que plus personne ce matin ne s'avise de lui contester.
Sur le fond, non seulement donc elle s'est montré compétente, mais elle s'est montré plus compétente que son adversaire. Ce fut vrai sur l'ensemble des sujets abordés, économie, social, société, international, et ce fut criant sur le dossier de l'écologie, dossier majeur s'il en est. Rappelant que son projet a sur ce point été noté 16/20 par un organisme indépendant, contre 8/20 à celui de M. Sarkozy, elle a confronté ce dernier à son incompétence en la matière, le reprenant sur la part du nucléaire dans la consommation totale d'énergie en France - 17% et non 50% comme l'a prétendu le candidat de l'UMP* - et le corrigeant lorsque celui-ci a évoqué l'EPR comme une centrale de 4ème génération - il s'agit de la 3ème génération et d'un prototype.
Mais elle l'a également emporté dans le domaine de la sincérité et de la force de conviction. On a pu constater tout au long du débat une Ségolène Royal qui regardait dans les yeux son contradicteurs, tandis que celui-ci semblait de plus en plus l'éviter, cherchant constamment du regard celui des journalistes, comme y trouver un soutien dans sa tentative de dissimulation de sa propre personnalité. L'une cherchait le dialogue, le débat frontal projet contre projet, tandis que l'autre aurait voulu une succession de monologues au cours desquels il aurait eu l'opportunité confortable de dérouler son habituelle rhétorique, enchaînant les mots sans qu'on puisse lui apporter la contradiction. Et puis il y eut le choc sur la question du handicap, cette "colère saine" de Ségolène Royal dénonçant l'"immoralité politique" d'un homme faisant des promesses en totale contradiction avec ses actes. Les commentateurs pourront gloser autant qu'ils le souhaitent, le point est que Nicolas Sarkozy fut là démasqué.
De même, Nicolas Sarkozy eut à subir un rappel sur ce bilan qu'il voudrait tant ne pas avoir à assumer, alors même que son projet s'inscrit dans la droite ligne de la politique menée depuis cinq années, période durant laquelle Nicolas Sarkozy était au gouvernement et chef du parti majoritaire au parlement. Ce bilan, il peut être utile de le rappeler, ce sont la dette qui s'est accrue de 300 Milliards d'euros, la croissance qui a été la plus faible de la zone euros, le déficit commercial qui a atteint les 30 Milliards d'euros annuel (du jamais vu !), le déficit cumulé de la sécurité sociale qui se monte à 90 Milliards d'euros, les prélèvements obligatoires qui ont augmentés sur l'ensemble de la période, le pouvoir d'achat des français qui est en berne, les précarités qui sont en hausse et les chiffres du chômage que l'on a cru nécessaire de trafiquer, au point que les agents chargés d'élaborer les statistiques se sont mis en grève pour protester. Pis pour Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal l'a confronté à son propre bilan en matière de sécurité en lui rappelant l'augmentation constante des violences physiques et la montée des violences dans les établissements scolaires, se permettant de souligner au passage que "la morale politique (...) demande que les responsables politiques rendent des comptes par rapport à ce qu'ils ont fait".
Terminons ce rapide survol du débat par cet échange autour de la question de la dette. Ségolène Royal, après un exposé solide au cours duquel elle a en particulier annoncé son intention d'affecter l'intégralité des fruits d'une croissance supérieure à 2,5% au remboursement de la dette, a dénoncé l'accumulation de dépenses qui figure dans le projet de son adversaire, la baisse irréaliste de 4 points de PIB des impôts - rappelons que Mme Tatcher est parvenu sur dix ans a faire deux points en saignant à blanc l'ensemble des services publics -, ainsi que l'engagement tout aussi irréaliste de supprimer un poste de fonctionnaires sur deux, sans préciser dans quelle administration. Nicolas Sarkozy eut alors l'intention de contester à Mme Royal la possibilité de redéployer l'argent public entre l'Etat, les collectivités territoriales et l'assurance maladie, ce qui lui valut en retour cette réplique : "Si vous ne pouvez pas faire, pourquoi voulez-vous accéder aux responsabilités? Et bien moi, je le pourrai. "
Aussi, il ne s'agit pas de prétendre au match nul au prétexte que la prestation comparée des candidats pourraient ne pas suffire à créer les conditions de la victoire pour Ségolène Royal. Il s'agit simplement de constater que l'espace de ce débat, Ségolène Royal est apparue comme une meilleure candidate que Nicolas Sarkozy. Tandis que ce dernier s'évertuait avant toute autre chose à se maîtriser afin de ne pas commettre de faux-pas, elle s'est révélée compétence et sincère, a apporté la preuve qu'elle a l'envergure d'une femme d'Etat et la volonté de répondre à l'aspiration au changement que revendiquent les français, une femme dont la capacité d'indignation et de révolte contre les injustices et l'immoralité en politique demeure intacte. Cela pourrait bien éclairer le choix des français qui, dimanche soir, auront finalement tranché entre aigreur et repli sur soi d'une part, ouverture d'esprit et volonté d'aller de l'avant de l'autre, deux visages différents pour la France.
* l'UMP a aujourd'hui beau jeu de se gausser parce que Ségolène Royal a commis un lapsus en parlant de la part du nucléaire dans la consommation totale d'électricité, plutôt que d'énergie, il reste qu'elle connaissait le chiffre exact, tandis que Nicolas Sarkozy n'avait pas même idée de l'ordre de grandeur. Un lapsus ne fait pas une incompétence, l'incapacité à produire un ordre de grandeur, oui !
On parle de : Le débat
"Ma Lettre aux Français", par Ségolène Royal
"Ma lettre aux Français"
Nous voici dans la dernière ligne droite d’un grand et beau combat démocratique qui va décider de l’avenir et des valeurs de la France pour cinq ans et en réalité plus longtemps encore. Aujourd’hui, le choix se clarifie et c’est très bien ainsi. C’est un choix entre deux conceptions différentes de l’exercice du pouvoir, deux conceptions du redressement économique, social et écologique du pays, deux approches de l’Europe et du rôle de la France dans le monde.
Le désir de changement est vif et très largement partagé. Face à un système dépassé, injuste et inefficace, inefficace parce qu’injuste, une majorité de Françaises et les Français n’en peuvent plus et n’en veulent plus. L’exaspération est là, palpable, mais l’espérance aussi. Je veux y répondre en réformant profondément le pays mais sans brutalité et en rassemblant largement, au-delà des partis et des blocs, tous ceux qui veulent une France plus fraternelle et en même temps en prise sur son époque, capable d’en relever les défis, forte d’une confiance retrouvée et qui réconcilie l’efficacité économique et sociale. Trop de temps a été perdu, trop de cartes gâchées, trop d’inégalités creusées, trop d’inefficacité économique, trop de dette : il y a urgence. A chacun de prendre ses responsabilités.
La France a choisi pour devise des valeurs universelles. La France n’est jamais aussi forte, aussi respectée, aussi aimée que quand elle porte haut et fort ce message de justice et quand elle en donne l’exemple chez elle. Quand ces valeurs sont malmenées, la France ne se reconnaît plus.
Je veux une France de liberté. Et la première des libertés, c’est celle de choisir et de conduire sa vie. Parce qu’on a un bon bagage éducatif de départ. Parce qu’on a un emploi qui permet de vivre dignement et de faire des projets. Parce qu’on conserve sa vie durant le goût d’apprendre et la possibilité de se former. Parce que les solidarités sont au service de cette liberté et de cette responsabilité individuelle. Je sais que nous sommes nombreux, très nombreux, à ne pas vouloir que notre pays soit transformé en laboratoire d’un berlusconisme tardif qui va s’aligner sur les postures de Georges Bush. Je sais que nous sommes nombreux, très nombreux à rejeter la confusion des pouvoirs, la mise au pas des contre-pouvoirs, la soumission au pouvoir de l’argent. Voilà pourquoi j’appelle au rassemblement de tous ceux qui ne veulent pas d’un Etat de droit au plus bas et d’un recul des libertés publiques.
Je veux une France de l’égalité des possibles, pas simplement formelle mais réelle. L’égalité républicaine, ce n’est pas tout le monde sous la toise, ce n’est pas l’uniformité. C’est le droit égal garanti à chacun qu’il pourra aller au bout de ses possibilités, grâce à la priorité donnée à l’Education, qu’il sera aidé quand il en aura besoin, qu’il lui faudra donner s’il a reçu car l’égalité des droits suppose l’égalité des devoirs. L’égalité républicaine, c’est l’assurance donnée à tous d’un traitement impartial, indifférent à la naissance, à l’origine, à la fortune, au carnet d’adresses. Ce n’est pas l’exonération des droits de succession pour les patrimoines les plus riches, cette restauration des privilèges héréditaires de la rente contre lesquels, jadis, le peuple français fit une Révolution. Ce n’est pas la promotion de quelques uns sous prétexte de discrimination positive, qui assigne à l’origine et masque mal l’abandon du plus grand nombre. Ce n’est pas la remise en cause de la loi de 1905 pour mettre les religions dans la politique et la politique dans les religions, ce n’est pas l’instrumentation des communautarismes et des clientélismes. Ce qui menace notre identité nationale, ce n’est pas l’immigration régulière, c’est la destruction de notre pacte républicain. Car il en va ainsi chez nous : quand la République s’affaisse, la France s’abaisse.
Je ne veux pas d’une France en proie au doute, tentée par le repli, s’abandonnant à la peur, affaiblie par ses divisions et impuissante à maîtriser son destin. Je veux une France de la fraternité, une France unie qui reprenne la main. Une France capable de changer sans se perdre. Une France capable de se réformer parce qu’au clair sur ses valeurs et forte de tous les siens. Sans la fraternité, la liberté et l’égalité se désaccordent. Voilà pourquoi j’appelle au rassemblement de tous les Républicains de progrès qui veulent, eux aussi, que la loi du plus juste l’emporte sur la loi du plus fort. Voilà pourquoi j’appelle au rassemblement de tous ceux qui ne veulent pas d’un pouvoir confisqué par un seul parti et soumis aux puissances de l’argent et aux injonctions du Medef et du CAC40.
L’Etat, spécialement en France où sa formation est ancienne, a préexisté à la démocratie. Il s’est construit dans des siècles où l’arbitraire était la règle et le droit l’exception. Depuis 1789, et malgré des retours en arrière, l’Etat a dû se plier au respect de la loi : le citoyen a peu à peu conquis des droits, l’anonymat et la brutalité de l’action publique ont dû laisser place à plus de transparence et de dialogue.
Mais notre Etat porte encore les stigmates des conditions de sa naissance et des habitudes d’un pouvoir sans frein. Qui ne voit que l’autorité judiciaire ne jouit pas encore de la pleine indépendance imaginée par Aristote et élaborée par Montesquieu ? Qui ne voit que les citoyens sont ravalés souvent encore à la condition subalterne d’administrés et ne parviennent ni à comprendre la logique des décisions qu’on leur impose, ni à faire valoir leur droit légitime dans les arcanes d’une administration qui les traite parfois en importuns ? Qui ne voit que la collusion des pouvoirs politiques et économiques bride l’indépendance de la presse et favorise les abus dans les nominations et les rémunérations comme on l’a vu à Airbus ? La droite porte la lourde responsabilité d’avoir aggravé la subordination de la justice, ignoré les citoyens et confondu l’intérêt public avec les intérêts privés.
Les Français veulent un Etat impartial et je veux le construire avec eux. Aujourd’hui, l’Etat n’est pas assez présent là où on a besoin de lui mais il est envahissant là où il multiplie sans raison les procédures et la bureaucratie, le maquis des aides et des démarches. Il est trop timide là où il devrait jouer son rôle d’entrainement et trop lointain là où il devrait être proche, à l’écoute, réactif. Il se trompe souvent quand il décide seul. Voilà pourquoi j’appelle au rassemblement de tous ceux qui veulent un Etat réformé avec des services publics efficaces, un Etat qui enraye la vertigineuse croissance d’une dette qui l’étouffe.
Je veux une France capable de vérité. Une France lucide sur ses points faibles, énergique sur ses points forts, capable d’anticiper les mutations nécessaires, de se mobiliser pour réinventer son avenir, d’investir dans l’éducation, la recherche et l’innovation, aujourd’hui paupérisées et sinistrées, dans la qualification et les emplois de qualité. Car c’est la seule réponse vraiment moderne aux transformations de l’économie mondialisée et de la compétition planétaire. Le projet coercitif de Nicolas Sarkozy se trompe d’époque et tire la France du mauvais côté de la nouvelle division internationale du travail. Il ne comprend pas l’efficacité économique du travail pour tous et du bien-être au travail. En disant aux uns de « travailler plus pour gagner plus » et en faisant peser sur les autres, ceux qui n’ont pas d’emploi, le soupçon de paresse et de fraude, il empêche la France de tirer parti de son principal atout, de son avantage concurrentiel le plus durable : son capital humain. Quel est ce projet de société où l’on ne pourrait pas s’en sortir dans le cadre de la durée légale du travail ? Ce qu’une vision archaïque ne cesse de disjoindre et d’opposer – la performance économique, la performance sociale, la performance écologique – je veux au contraire le lier solidement ensemble car c’est ainsi que la France se relèvera, misera sur les activités et les emplois de demain. L’économique d’un côté, le social de l’autre, l’écologique à part, cela ne marche pas, cela ne marche plus. Personne n’a jamais réussi à restaurer la compétitivité française, stimuler la créativité, l’inventivité, la réactivité économiques dont nous avons besoin en écrasant, en méprisant, en traitant mal les salariés producteurs de richesses. Ce modèle est inefficace, comme le prouve la situation actuelle, car l’avenir de la France, ce sont des productions à forte valeur ajoutée, des services de qualité donc des salariés qualifiés, motivés, engagés dans leur travail. Je veux, avec les PME construire une nouvelle donne qui leur permettra de réussir, de se développer, de conquérir les marchés. En un mot, de réconcilier la France avec les entreprises.
Il faut un regard neuf sur l’économie du XXIème siècle et, pour tirer parti de nos atouts, de nouvelles règles du jeu. Il nous faut inventer et mettre en place les nouvelles sécurités qui ne seront pas l’ennemie mais la condition de la prise de risque et de l’agilité nécessaire dans la « grande transformation » du temps qui est le nôtre. L’Etat sera garant de ce nouveau compromis social et du nouveau dialogue qui, arrachant la France à l’archaïsme de ses relations de travail, fondera enfin dans notre pays une démocratie sociale facteur de réussite économique.
Le pays a besoin d’oxygène. Voilà pourquoi la nouvelle République que je veux bâtir avec tous repose sur quatre piliers à mes yeux indissociables : une démocratie représentative rééquilibrée, une démocratie participative vivante, une démocratie sociale forte d’un syndicalisme de masse et une démocratie territoriale où chaque échelon de la puissance publique sait, sans doublons, ce qu’il a à faire.
La voix de la France dans le monde a faibli. Sa place en Europe, comme inspiratrice de sa construction et garante d’un juste équilibre entre développement économique et progrès social, est contestée. Avec moi, elle retrouvera son rang et son influence, elle défendra ses intérêts sans crispation ni arrogance, en recherchant toujours des compromis dynamiques et les solutions les meilleures pour elle comme pour nos partenaires.
L’Europe est en panne institutionnelle et en panne d’idéal, en mal de projet. Où va l’Europe ? A quoi sert la construction européenne ? C’est parce que depuis trop longtemps nous n’avons pas su répondre à ces questions, qu’une majorité de nos concitoyens ont dit non il y a deux ans. Je ramènerai la France à la table de l’Europe, parce que c’est ensemble, avec tous nos partenaires, anciens et récents, que nous préparerons le plus efficacement l’avenir. Je veux une Europe de la connaissance, où les étudiants et les chercheurs échangent, travaillent ensemble, voyagent, coopèrent. Je veux une Europe de l’excellence écologique. Je veux une Europe qui comprenne que l’efficacité économique et le respect des salariés ne vont pas l’une sans l’autre. Je veux une Europe qui protège ses emplois, non pas de façon conservatrice et statique, mais en innovant, en se projetant dans l’avenir, en construisant les industries et les services de demain. Je veux une Europe où les salariés seront sécurisés, mieux formés, mieux rémunérés. Je veux enfin une Europe qui pèse dans la mondialisation, une Europe qui porte par ses actes un message de développement économique et humain, d’égalité entre les hommes et de paix entre les peuples. L’Europe doit se tourner vers l’Afrique pour l’aider à s’arracher à la pauvreté, vers l’Amérique latine où elle est attendue, vers l’Asie où sont les nouvelles grandes puissances économiques et politiques. Elle doit trouver un juste équilibre dans ses relations avec les Etats-Unis, pays ami et allié, et l’amener à renoncer à l’unilatéralisme et à accepter la nécessité du développement durable.
Cette France neuve, ce vote d’audace pour un changement serein mais garanti, c’est celui d’une France Présidente qui avance parce que chacun et chacune est appelé à donner le meilleur de lui- même."
Ségolène Royal
On parle de : "Ma Lettre aux Français", par Ségolène Royal
Nicolas Sarkozy, un projet en forme de piège à cons
S'informer pour voter moins con
Réfutations, un film de Thomas Lacoste : services publics, impôts, santé, libertés, politique internationale…un programme de régression sociale et de crispation autoritaire. Seize militants et chercheurs analysent les politiques passées et le programme annoncé du candidat de l’UMP à la présidentielle. Seize regards acérés sur le monde que nous prépare Nicolas Sarkozy. Ni haine, ni diabolisation, mais la réalité d'une droite décomplexée en passe d'accéder au pouvoir.
Découpée en quatre parties de 15 minutes chacune, ce film passe en revue l'ensemble du projet de Nicolas Sarkozy. Quatre fois 15 à 20 minutes pour être informé autrement et voter sans se faire berner, c'est en tout un peu plus d'une heure utilement dépensée :
Partie 1 : Une menace pour la Démocratie - Fiscalité et Redistribution - Travail et Retraite - Services Publics
REFUTATIONS 1
Eric Fassin, sociologue et américaniste à l’Ecole normale supérieure (ENS)
Thomas Piketty, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Michel Husson, administrateur de l’INSEE, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales, membre de la Fondation Copernic
Anne Debrégeas, ingénieur au centre de recherche d’EDF, fédération SUD-Energie
Partie 2 : Santé - L'Ecole - La Recherche - La Culture
REFUTATIONS 2
Christian Lehmann, médecin généraliste et écrivain
Bruno Julliard, président de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF)
Alain Trautmann, codirecteur du département de biologie cellulaire de l’Institut Cochin (Paris) et animateur du mouvement « Sauvons la recherche »
Jeanne Balibar, comédienne et chanteuse
Partie 3 : Une vision néo-colonialiste - L'expérience de RESF - Immigration - L'instrumentalisation des femmes et du féminisme
REFUTATIONS 3
Louis-Georges Tin, maître de conférences à l’IUFM d’Orléans, porte-parole du Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN) et fondateur de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie
Richard Moyon, porte-parole de Réseau Education Sans Frontière (RESF) et enseignant de lettres et d’histoire
Emmanuel Terray, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et membre du Cercle Migrations et libertés (CMIL)
Nacira Guénif-Souilamas, maître de conférences à l’université Paris-XIII et chercheuse au laboratoire Experice et au CADIS (EHESS-CNRS)
Film 4 : La Justice - Institutions - L'atlantisme - Politiques Internationales
REFUTATIONS 4
Hélène Franco, secrétaire générale du syndicat de la magistrature et juge pour enfants au tribunal de Bobigny en Seine-Saint-Denis
Thomas Heams, administrateur de la C6R-Paris et biologiste maître de conférences en génomique fonctionnelle animale à l’Institut national agronomique Paris-Grignon
Susan George, présidente du conseil du Transnational Institute, ancienne vice-présidente d’ATTAC
Monique Chemillier-Gendreau, juriste internationale, professeure émérite de droit public et de sciences politiques à l’université Denis-Diderot-Paris-VII, présidente d’honneur de l’Association européenne des juristes pour la démocratie et les droits de l’homme dans le monde
Mention obligatoire : « Pour soutenir cette action, qui en appelle de nouvelles, vous pouvez acheter le DVD du film Réfutations sur le site www.lautrecampagne.org ou par chèque (10 euros) à l’ordre de l’Autre association, 3 rue des Petites Ecuries, 75010 Paris. »
Un film de Thomas Lacoste avec la participation de Jeanne Balibar, Monique Chemillier-Gendreau, Anne Debrégeas, Eric Fassin, Hélène Franco, Susan George, Nacira Guénif-Souilamas, Thomas Heams, Michel Husson, Bruno Julliard, Christian Lehmann, Richard Moyon, Thomas Piketty, Emmanuel Terray, Louis-Georges Tin et Alain Trautmann.
Et le soutiens de Alterdoc, Bastamag.org, Charlie Hebdo, Confluences, Editions La découverte, Les Inrocks, L’humanité, Le Passant Ordinaire, Marianne, Politis, Mouvements, Regards, Témoignage chrétien, Vacarme.
On parle de : Nicolas Sarkozy, un projet en forme de piège à cons
Quand Sarkozy s'en prend à l'héritage de Mai 68
Une haine qui remonte à l'adolescence d'un homme
Pour Nicolas Sarkozy, Mai 68 est responsable de tout : du dénigrement de l'identité, du communautarisme, de la faillite de l'école, du cynisme des capitalistes et même des parachutes dorés ! De la campagne qui s'achève, Sarkozy dit carrément : «Ce fut une campagne aux prises avec une crise morale comme la France n'en a peut-être jamais connu, sauf peut-être au temps de Jeanne d'Arc.» Le candidat de l'UMP tonne : «Les héritiers de Mai 68 avaient imposé l'idée que tout se valait, qu'il n'y avait donc désormais aucune différence entre le bien et le mal, aucune différence entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire que l'élève valait le maître [...], que la victime comptait moins que le délinquant.» «Il n'y avait plus de valeurs, plus de hiérarchie», lance-t-il, dénonçant la «gauche, héritière de Mai 68 [...]. Dans cette élection, il s'agit de savoir si l'héritage de Mai 68 doit être perpétué, ou s'il doit être liquidé une bonne fois pour toutes».
Ségolène Royal a aussitôt, et avec raison, dénoncé la violence du propos. «Lorsque j’entends Nicolas Sarkozy, dit-elle, dire qu’il faut liquider « mai 68 », je pense que c’est un vocabulaire très violent, et lui qui découvre, en fin de campagne, les ouvriers avec les caméras, il devrait se souvenir que mai 68, c’est aussi 11 millions de gréviste qui ont obtenu les Accords de Grenelle, qui ont obtenu la section syndicale d’entreprise, qui ont obtenu la revalorisation de leurs salaires et en revalorisant les bas salaires, la France a été débloquée et la croissance a repris. Mai 68 c’est aussi le droit des femmes à accéder à la contraception, mai 68 c’est un vent de liberté contre une société qui était totalement verrouillée. Alors, bien sûr, il y a eu quelques excès, comme dans toutes les périodes tourmentées, mais on en est loin aujourd’hui», précisant également que «tous les excès qui ont pu avoir lieu en mai 68 ont été aussi des formidables avancées par rapport aux conquêtes de liberté, d’autonomie, d’égalité hommes/femmes, de droit syndical, je le redisais à l’instant, et en même temps, aujourd’hui, les choses ont été recadrées».
Le pédagogue Philippe Meirieu a pour sa part estimé que les propos de Nicolas Sarkozy sur mai 68 relevaient d'un retour à "l'autoritarisme" prôné par Pétain, critiquant la vision "infantilisante" de l'école par le candidat UMP. M. Sarkozy avait estimé dimanche lors de son meeting à Bercy (Paris) que mai 68 avait "liquidé l'école de Jules Ferry", et "imposé le relativisme intellectuel et moral". "Ce que Nicolas Sarkozy dit sur l'autorité ressemble au discours de Pétain, avec un retour à l'autoritarisme, à une forme d'obéissance arbitraire fondée sur la force et non sur la compétence", a estimé le fondateur des IUFM (instituts de formation de maîtres). "C'est une vision infantilisante de l'école", a-t-il déploré. "Liquider mai 68, c'est un recul inquiétant de la démocratie: c'est mettre une place un dispositif dans lequel l'autorité ne se discute pas, or l'autorité démocratique, par essence, se discute", a-t-il estimé. "Il y a eu des excès libertaire en mai 1968, mais ils ont très vite été cadrés, on est revenus aux notes depuis des dizaines d'années, et il n'y a jamais eu autant de sanctions, autant de conseil de discipline qu'actuellement, sans que cela ne fasse baisser la violence scolaire d'ailleurs", a-t-il ajouté. "Ce qui a fait l'enfant roi, ce n'est pas mai 1968, ce sont les médias et la publicité, qui exaltent les caprices de l'enfant consommateur", a-t-il conclu, exhortant le candidat à s'attaquer au "crétinisme intellectuel" que promeuvent les médias et les multinationales.
Tout cela est évident. Mais plus intéressant encore que ces mises au point est le motif de la violence de cette charge de la part d'un candidat qui fait ainsi peser la responsabilité de tous nos maux sur un événement qui remonte à près de quarante ans, alors même qu'il ne cesse lui-même de se décharger de sa propre responsabilité dans une situation économique et sociale qu'en tant que chef du parti de la majorité et ministre de l'Intérieur - mais aussi de l'Economie et des Finances - il a durant cinq années contribué à significativement aggraver. L'explication est plutôt simple et il s'agit encore une fois de revanche. Il s'agit encore une fois pour cet homme de faire de la politique en réponse à ses propres névroses. En 1968, Nicolas Sarkozy était un tout jeune adolescent cloîtré entre les murs bourgeois de son XVIIème arrondissement parisien où on l'imagine aisément fulminer de ne pouvoir "moralement" participer à l'ébullition d'une jeunesse dont il se sent exclu comme de par sa naissance - génétiquement ? Car il s'agit en mai 68 de politique, mais également de libération sexuelle, et ça pour un adolescent scolarisé au lycée privé Saint-Louis de Monceau et élevé dans un catholicisme moralisateur et rigoriste, où par exemple le sexe est tabou et l'onanisme un péché mortel, c'est sans aucun doute insupportable. On peut comprendre la fêlure qui s'est alors créé dans le petit coeur du petit Nicolas, mais le passage à l'âge adulte signifie d'avoir été capable de surmonter les traumas de l'enfance, de les avoir intégré et d'avoir appris à les vivre. Cette hargne qui ronge encore Nicolas Sarkozy illustre comme ses déchirures sont encore béantes et comme il reste habité par ce besoin de revanche qui finalement demeure son principal moteur. Comment faire confiance à un homme à ce point dévoré par ses névroses ? Comment envisager de lui remettre le pouvoir et les responsabilités qui accompagnent ce pouvoir ? Tout pouvoir est assorti de sa contestation, mais comment réagira-t-il face à tous ceux qui, en France ou sur la scène internationale, viendraient lui contester son pouvoir, ce jouet qu'il serait enfin parvenu à conquérir ? Car une chose est certaine, c'est que la revanche n'efface pas le mal qu'on a ou croit avoir subi. Une fois Président, la plaie ne se trouvera pas miraculeusement cicatrisée et la rage du petit Sarkozy n'en sera qu'exacerbée. Il lui faudra alors nourrir d'autres mets à son appétit de revanche... N'est-ce pas toujours de ce bois revanchard dont sont fait les dictateurs ? Ne vaudrait-il pas mieux qu'il s'allonge sur un divan plutôt que de grimper sur ce trône qu'il convoite depuis si longtemps et duquel il ne pourra contempler que son grand vide intérieur ?
On parle de : Quand Sarkozy s'en prend à l'héritage de Mai 68
L'essentiel pour voter bien informé
Convaincre sur le fond des projets
Deux liens de base pour cette dernière semaine de campagne :
Sur le Pacte Présidentiel : une présentation claire
Sur le projet de Nicolas Sarkozy : la vérité
En complément, pour le cas où vous auriez raté hier soir l'émission France Europe Express, où l'on a débattu au fond des programmes, avec d'un coté Jean-François Copé et de l'autre Vincent Peillon, et sur les questions économiques d'un côté Nicolas Baverez et de l'autre Thomas Piketty, et sur les questions européennes d'un côté Alain Lamassoure et de l'autre Elisabeth Guigou, voici le lien pour visionner tout ou partie de ce moment important de la campagne : France Europe Express - et si vous n'avez pas le temps de tout visionner, je vous invite à vous limiter à la partie économique et l'excellent exposé de Thomas Piketty (ça se situe à peu près à mi parcours).
On pourra également lire les "15 raisons de battre Sarkozy", en version courte ou en version longue.
Enfin, il peut être utile de revoir cet échange entre Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Khan sur la question centrale du "travailler plus pour gagner plus" :
Il s'agira le 6 mai de choisir un nouveau visage pour la France, choisir entre :
l'homme du monologue et la femme de dialogue
l'homme du régressif et la femme de progrès
l'homme du répressif et la femme de l'ordre juste
l'homme du sécuritaire et la femme du solidaire
l'homme de la division et la femme du rassemblement
l'homme de la tension et la femme de l'apaisement
l'homme du bilan et la femme du changement
l'homme d'un clan et la femme libre
l'homme de paille et la femme de velours
l'homme à genoux et la femme debout
l'homme du "je" et la femme du "nous"
l'homme de la droite et la femme de gauche
l'homme de l'inné et et la femme des acquis
l'homme d'hier et la France de demain
l'homme de la revanche et la France présidente
l'homme du passé et le désir d'avenir
... l'homme hargneux ou l'harmonie ?
On parle de : L'essentiel pour voter bien informé
Affaires Européennes et Internationales : Sarkozy l'incompétent
Les dangers de l'incompétence
On aura remarqué que tout au long de cette campagne électorale Nicolas Sarkozy a largement fait l'impasse sur les questions internationales, sinon pour faire des généralités en forme de lieux communs, et quand certains se sont permis de l'interroger un peu plus précisément, il s'est alors fourvoyé dans de dangereuses déclarations. Petite revue de détail :
L'Iran et le nucléaire : lorsque l'on demande à Nicolas Sarkozy si une solution militaire qui serait préconisée par ses amis américains pouvait éventuellement avoir ses faveurs, il répond sans nuance qu'il n'en est pas question en regard de l'échec de l'intervention en Irak, là où Ségolène Royal se montre bien plus subtile en expliquant qu'il est impératif que l'Iran ne puisse se doter de l'arme nucléaire, que la diplomatie doit pour parvenir à ce résultat jouer tout son rôle, que la dissuasion et le rapport de force est un élément important de cette diplomatie, que l'éventualité d'un recours à la force armée est un élément de la dissuasion, qu'il serait aujourd'hui diplomatiquement contre-productif de se priver de ce qui est un moyen de pression, qu'il s'agit de faire tout pour éviter l'escalade et qu'en tout état de cause ce ne sont pas les américains qui doivent seuls se charger de cette question et qu'il faut s'en remettre à la communauté internationale et plus particulièrement à l'ONU. On notera en passant que le seul soutien de Nicolas Sarkozy sur la scène internationale, M. Berlusconi, a soutenu l'intervention militaire américaine en Irak.
L'Afghanistan et les otages : lorsque l'on demande à Nicolas Sarkozy son opinion quant à la présence des troupes françaises en Afghanistan, Nicolas Sarkozy répond qu'elle n'a pas vocation à se pérenniser - ce qui est une évidence -, prenant le risque par une telle déclaration de donner raison aux talibans qui retenaient en otage, au moment de cette déclaration du candidat de l'UMP, deux français et leurs trois chauffeurs afghans, et dont la revendication est précisément liée à la présence militaire française sur le sol afghan. Pour sa part, Ségolène Royal a rappelé que du fait de l'existence de ces otages, il n'était pas opportuns de s'étendre publiquement sur un tel sujet alors même que l'on sait que la prise d'otages est étroitement liée à la période électorale de laquelle les talibans espèrent bien tirer un profit, et que l'on sait aussi que chaque fois que l'on donne publiquement le sentiment de céder aux preneurs d'otages, on les encourage pour l'avenir à renouveler ce type d'action. On voit là encore de quel côté se trouve la compétence et la subtilité diplomatique.
Le Darfour et la Chine : lorsque Nicolas Sarkozy est interrogé sur la question du Darfour, il évoque la nécessité d'ouvrir un corridor humanitaire et s'en tient à cela. Ségolène Royal, quant à elle, va au-delà en invoquant la nécessité de mettre fin au conflit lui-même et donc la nécessaire pression diplomatique qu'il faut faire peser sur la Chine dont on sait l'implication dans le drame qui se joue dans cette partie du monde. Elle évoque en particulier l'éventualité d'une menace de boycott des jeux olympiques de Pékin comme moyen de pression sur les autorités chinoises par la communauté internationale. En résumé, quand l'un se contente de panser des plaies, l'autre refuse l'impuissance et ouvre des portes vers un règlement du conflit et la fin des exactions sur les populations.
Europe et Turquie : Nicolas Sarkozy se déclare opposé à l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne en renvoyant ce pays à son appartenance à l'Asie Mineure. Non seulement, cela piétine les engagements de la France, à travers l'Europe, vis à vis de la Turquie, mais cela démontre une méconnaissance absolue de l'histoire de la civilisation européenne dont la Turquie est, avec Rome, le berceau. Ségolène Royal se contente de rappeler que pour l'heure la question n'est pas d'actualité, que le chemin est encore long - au-delà d'une dizaine d'année - avant que la Turquie ne puisse être en mesure de satisfaire aux critères d'entrée dans l'UE, notamment pour ce qui concerne la démocratie et les droits de l'Homme. L'heure est à la création de partenariats privilégiés permettant à la Turquie de s'arrimer à l'Europe et d'éviter de voir ce grand pays laïc repoussé vers l'islamisme.
Europe et Allemagne : Depuis cinquante ans, la politique française sur la scène européenne repose sur le postulat de la réconciliation avec l'Allemagne et la consolidation du couple franco-allemand comme pilier de la construction de l'Europe politique. Nicolas Sarkozy est parvenu à la prouesse de mettre en danger cinquante années de rapprochement des peuples en une phrase assassine et irresponsable : "La France n'a jamais commis de génocide. Ce n'est tout de même pas la France qui a inventé la solution finale. C'est-à-dire que dans sa volonté acharné de grandir la France et d'exalter un sentiment national, M. Sarkozy ne trouve rien de mieux que de laisser entendre que l'Allemagne posséderait en elle le germe du nazisme - un génétisme propre au peuple allemand, sans doute. On imagine comme les allemands ont apprécié. La presse allemande a réagi très fortement, ce dont Nicolas Sarkozy n'a cure tant son atlantisme l'incline davantage à se tourner ver la Grande Bretagne et les Etats-Unis - ce qui se ferait bien évidemment au détriment de la construction européenne.
Europe et les français : Les français ont repoussé par référendum le projet de traité Constitutionnel Européen. Pour Nicolas Sarkozy, ce n'est pas un problème, il suffira de ne plus leur demander leur avis et de soumettre au parlement un traité allégé. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy est très clair à ce sujet, dès lors que les français l'auraient élu, il deviendrait tout à fait superflu de recourir au référendum : "Si je suis élu (...) est-ce que vous croyez que je pourrai dire au pays (...) "j'ai encore besoin d'avoir votre opinion" ? Après les législatives, il sera largement temps qu'on se mette au travail", a-t-il déclarer sur France 2, ajoutant que selon lui "on peut s'interroger sur l'utilité du recours au référendum". En bref, si le peuple veut parler, c'est le 6 mai. Ensuite, la démocratie aura passé. A bon entendeur...
On parle de : Affaires Européennes et Internationales : Sarkozy l'incompétent
Sarkozy menteur
Nier une vérité n'est pas la faire disparaître
C'est simplement mentir
PUY-GUILLAUME (Puy-de-Dôme), 27 avr 2007 (AFP) - Nicolas Sarkozy a dénoncé vendredi à Puy-Guillaume les "procès de Moscou" intentés à son encontre par Ségolène Royal et François Bayrou, après les accusations de pressions sur les médias de la candidate PS et du président de l'UDF.
Le candidat UMP à la présidentielle s'exprimait devant la presse à l'issue d'un entretien d'une dizaine de minutes avec l'ancien ministre PS Michel Charasse qui l'a reçu dans sa mairie pour "une rencontre républicaine".
"Je mets la situation du moment sur le compte de l'amertume mais j'ai été particulièrement choqué et pour ne pas dire blessé par un certain nombre de propos qui n'ont rien à voir avec le débat démocratique puisqu'ils sont tout simplement injurieux", a-t-il déclaré.
"Il faut respecter les journalistes et les médias de notre pays", a poursuivi M. Sarkozy pour qui "personne n'est sous contrôle et personne ne fait pression sur rien".
"Franchement, a-t-il dit, si rénover la vie politique c'est faire des procès de Moscou comme ceux auxquels on assiste depuis quelques heures, ce n'est pas de la rénovation de la vie politique".
Vendredi matin, François Bayrou a expliqué "ne pas avoir la preuve mais la certitude" que Canal+ avait renoncé à organiser un débat entre lui [lire également ici] et la candidate PS "à la demande de Nicolas Sarkozy".
Peu après, Ségolène Royal a accusé devant la presse "le système médiatico-financier auquel est lié Nicolas Sarkozy" de vouloir empêcher son débat avec François Bayrou, et a "encouragé tous les journalistes à résister aux pressions de toutes sortes".
Lisons en regard de cela le communique du SNJ, Syndicat National des Journalistes, premier syndicat français de journalistes, publié ce jour, 27 avril 2007 :
Débat empêché, démocratie bafouée !
Avec le pitoyable feuilleton du débat empêché entre Ségolène Royal et François Bayrou, les médias se trouvent une nouvelle fois au cœur d’une des bavures majeures de la campagne électorale.
L’arithmétique pointilleuse du CSA d’un côté, le poids des sympathies auprès du candidat Sarkozy de l’autre, font que le devoir d’informer subit une entrave insupportable dans une démocratie comme la nôtre.
Les concentrations excessives dans la presse française ; les amitiés particulières entre le monde politique et les directions des médias ; la façon dont sont nommés les membres du CSA, jettent la suspicion sur tout un secteur professionnel et constituent une atteinte directe au droit légitime des citoyens d’être correctement informés.
Le SNJ, premier syndicat chez les journalistes, dénonce avec vigueur ce déni de démocratie. Cette situation le conforte dans sa lutte pour une véritable indépendance des médias, des équipes rédactionnelles, et l’inscription dans la Constitution du droit à une information honnête, complète, pluraliste et indépendante des pressions politiques.
Rappelons également le comuniqué de presse de la Société des Journalistes de France 3, publié le 23 mars 2007 :
Nicolas Sarkozy se verrait-il déjà à l’Elysée ?
Trépigne-t-il déjà en s’imaginant bientôt disposer des pleins pouvoirs ?
Sans doute grisé par les sondages qui le placent en tête du premier tour, le candidat UMP s’est récemment laissé aller à une petite crise d’autorité dans les locaux de France 3. Une sorte de caprice régalien que l’on croyait appartenir à d’autres temps, ceux de la vénérable ORTF.
M. Sarkozy a en effet menacé de « virer » notre direction. Comme ça, sur un coup de tête. Parce qu’elle n’a pas daigné lui dérouler le tapis rouge et accourir immédiatement à sa rencontre lorsqu’il est venu, le 18 mars dernier, participer à l’émission France Europe Express, présentée par Christine Ockrent.
A peine arrivé, Monsieur le Ministre-candidat se laisse d’abord aller à quelques grossièretés, estimant que cette émission « l’emmerde » et qu’il n’a pas envie de la faire !
Ensuite, le voici vexé de devoir attendre dans les couloirs de France 3 pour être maquillé, d’autres invités occupant déjà les lieux (et oui, France 3 ne dispose que d’une salle de maquillage). Coupable de ce « crime de lèse-Sarkozy », voici notre direction sur la sellette. « Toute cette direction, il faut la virer », a lâché le candidat UMP, comme le rapporte le Canard Enchaîné du 21 mars 2007. « Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ca ne va pas tarder ».
Les Français sont désormais prévenus ! L’une des priorités de Nicolas Sarkozy s’il est élu président de la République sera de couper des têtes à France 3. A la trappe ces directeurs qui tardent à exécuter les courbettes.
Le Ministre-candidat avait déjà habitué notre rédaction à ses poses agacées, à ses humeurs dans nos locaux, face à une rédaction qui ne lui semble manifestement pas suffisamment docile. Comme cette récente provocation gratuite à l’adresse d’un journaliste du service politique « ça ne doit pas être facile de me suivre quand on est journaliste de gauche ! ». Désormais, c’est à la direction qu’il veut s’en prendre ?
La Société des Journalistes de la Rédaction Nationale de France 3 ne peut qu’être scandalisée par une telle attitude de la part d’un candidat à la plus haute magistrature de France. Nous nous inquiétons que M. Sarkozy puisse afficher sans aucune gêne un tel mépris pour l’indépendance des chaînes de service public.
Non, monsieur Sarkozy, les journalistes de la Rédaction Nationale de France 3 ne sont pas et ne seront jamais vos valets. Ils résisteront à toute menace pesant sur leur indépendance. Si nous devons des comptes, ce n’est pas à un ministre-candidat, mais aux millions de téléspectateurs, qui regardent chaque jour nos journaux d’information.
Par respect pour eux, pour leur intelligence, nous n’accepterons jamais aucune forme de mise sous tutelle politique. Ni de votre part, ni de la part d’aucun autre candidat.
A bon entendeur.
Remontons maintenant un tout petit peu plus loin dans le temps, lorsque le 17 novembre 2006, Alain Genestar, ancien directeur de la rédaction deParis Match, déclarait au journal Le Monde : « Le ministre de l'Intérieur, quand il affirme n'être pour rien dans mon licenciement, ne dit pas la vérité », ajoutant « Dans un grand pays libre et démocratique comme le nôtre, il n'est pas concevable qu'un ministre de l'Intérieur puisse être à l'origine du limogeage d'un journaliste ». En août 2005, Paris Match avait publié une photo de une montrant l'épouse du ministre de l'Intérieur, Cécilia Sarkozy, en compagnie du publicitaire Richard Attias, présenté comme son compagnon. Ces photos avaient fortement mécontenté Nicolas Sarkozy, qui avait fait part de sa colère à son ami Arnaud Lagardère, propriétaire de l'hebdomadaire. Selon des informations concordantes, le ministre de l'Intérieur aurait demandé la tête du journaliste. La rédaction de Paris Match s'était mise en grève le 29 juin, pour la première fois depuis 1968, pour protester contre l'éviction, « pour des raisons politiques » d'Alain Genestar.
Il n'est peut-être pas inutile de rappeler ici que Arnaud Lagardère (Fayard, Grasset, J.-C. Lattès, Stock, Paris Match, Journal du dimanche, Nice matin, La Provence...) est un proche de Nicolas Sarkozy dont il fut l'avocat pour réglé la succession de son père ; que Martin Bouygues (TF1, LCI, TF6, TMC et TPS) est considéré par Nicolas Sarkozy comme son meilleur ami et a été son témoin lors de son mariage est le parrain d'un de ses enfants ; que Bernard Arnault (La Tribune, Investir, Radio Classique) était l'autre témoin de ce même mariage. Mais la liste est trop longue. D'ailleurs Nicolas Sarkozy est bien conscient du pouvoir de dissuasion qu'il détient et s'autorise à lancer aux journalistes qui l'accompagnent dans ses déplacements : " C'est marrant, je connais tous vos patrons".
"Il faut respecter les journalistes et les médias de notre pays", dit Nicolas Sarkozy pour qui "personne n'est sous contrôle et personne ne fait pression sur rien". Dit-il.
On parle de : Sarkozy menteur
Bayrou considère que Sarkozy fait peser une menace sur la démocratie
Bayrou ne laissera pas faire Sarkozy
François Bayrou était l'invité ce matin de Jean-Michel Aphatie sur RTL afin de mettre les français en garde contre le "choix de Nicolas Sarkozy de verrouiller l'information et le débat". Voici les principales déclarations de François Bayrou au cours de cette interview - que vous pouvez écouter dans son intégralité ici.
"Lorsque j'ai tenu une conférence de presse, mercredi, j'ai parlé de la part de Nicolas Sarkozy d'intimidations et de menaces. C'est exactement là qu'on en est." François Bayrou a déclaré avoir la certitude "sur la base de témoignages nombreux" que des intimidations et des menaces ont été adressées à la direction de Canal + pour qu'elle annule le débat et "pas seulement à la direction de Canal +, à tous ceux qui s'intéressaient au débat et avait l'intention de le retransmettre."
"Il s'agit d'une liberté fondamentale des françai et une part des enjeux de cette élection présidentielle, c'est le respect des libertés fondamentales des français. Ici, par toute une série de réseaux, que nous connaissons tous, qui rapprochent de très grandes puissances financières et de très grandes puissances médiatiques autour de Nicolas Sarkozy, des interventions directes sont faites auprès des rédactions, sont faites auprès des chaînes de manière que l'information se trouve verrouillée. Je n'accepterai jamais que dans mon pays on verrouille l'information. On est en train de choisir le chemin d'une régression immense qui met en cause le droit élémentaire des français à être informés. Et songez que Nicolas Sarkozy n'est pas encore élu, alors qu'en sera-t-il s'il est élu ?"
"Comme vous savez, je suis quelqu'un de modéré qui a toujours défendu la liberté chez nous et ailleurs. Je l'ai défendue en Pologne parce que Germek se trouve sous le coup d'une menace de lui retirer son mandat de député européen, et ce que je défends en Pologne je le défendrai en France, ce que j'ai défendu contre les régimes de l'Est je le défendrai en France. Je n'ai jamais transigé avec ce droit fondamental, cette liberté fondamentale qui est d'être informé. Ce que je dis là, tout le monde le sait. Il n'y a pas dans ce studio une personne qui ignore ce que je suis en train de raconter là."
"Je dis avec certitude qu'il y a dans l'organisation de Nicolas Sarkozy depuis longtemps une tentative de verrouiller l'information, que ceci passe par des puissances très importantes [...], ce réseau qui fait que se rapprochent de très grandes puissances financières, de très grandes puissances médiatiques et la puissance politique que Nicolas Sarkozy représente. Il faut que vos auditeurs sachent que c'est un extraordinaire frein au progrès du pays. Un pays ne peut pas avancer s'il n'a pas l'information qui permet à chacun des citoyens de se faire une idée de son avenir. Et donc je dis avec certitude que je ne peux accepter que cela se fasse. [...] Je dis que je ferai tout pour qu'en France les libertés fondamentales soient respectées."
"Dire avec gravité qu'il y a sept millions de personnes qui ont choisi de voter pour moi [qui] représentent la droite modérée pour une part, le centre pour une grande part, une partie de la gauche républicaine pour une autre part, et des gens venus de l'écologie ou d'ailleurs. Ils ont tous un point commun, ils pensent que pour réformer notre pays, il faut qu'il se modernise et que pour se moderniser il est important qu'il accepte enfin des règles démocratiques qu'il n'a jamais acceptées jusqu'à ce jour. Or au lieu d'aller dans le sens d'une correction de la Vème République avec des règles démocratiques mieux respectées, Nicolas Sarkozy dans sa pratique de tous les jours, que nous avons sous les yeux à l'occasion du débat, va au contraire dans le sens d'un manque aggravé du respect de ces règles. C'est la raison pour laquelle j'ai dit qu'il représentait pour moi un risque pour la France, j'ai dit le risque de Nicolas Sarkozy : c'est il ne respecte pas l'équilibre des pouvoirs et il risque de briser la société française."
"Je dis avec certitude que nous avons sous les yeux, là aujourd'hui, la preuve que cette propension ou ce choix de Nicolas Sarkozy de verrouiller l'information et le débat est nuisible pour la France. Je ne laisserai pas faire ce genre de chose."
"Nous n'allons pas laisser faire ça. La France ce n'est pas un pays dans lequel qui que ce soit, fut-il candidat avec de puissants amis à la Présidence de la République, peut verrouiller l'information et empêcher la démocratie de se déployer."
On parle de : une menace sur la démocratie
Débat Royal-Bayrou : Sarkozy fait pression sur le SPQR
Quand Sarkozy rencontre le président du SPQR
Paris - AFP Le Syndicat de la Presse Quotidienne Régionale (SPQR), organisateur d'un forum devant la presse régionale auquel participera Ségolène Royal vendredi, est opposé à ce que cette réunion se tranforme en débat avec François Bayrou, a-t-il indiqué jeudi à l'AFP.
Officiellement, le syndicat ne veut pas modifier l'agenda qu'il s'était fixé : une rencontre avec Nicolas Sarkozy, puis avec Ségolène Royal dans la même matinée. Mais pour Ségolène Royal, les choses ne sont pas aussi claires. La candidate a évoqué «quelques pressions» sur le SPQR. «Ce n'est pas le président de la PQR qui, paraît-il, a été reçu ce matin par Nicolas Sarkozy, qui va empêcher le moindre débat», a expliqué la candidate, qui assure : «on trouvera d'autres solutions».
Rappelons que Ségolène Royal avait proposé à François Bayrou une rencontre publique afin de débattre des points de convergence comme des points de divergences entre le Pacte Présidentiel de la candidate de la gauche et les positions du candidat centriste. Monsieur Bayrou a hier répondu favorablement à cette position et il avait alors fallu peu de temps pour que les deux candidats conviennent de se rencontrer ce vendredi matin devant les journalistes de la presse quotidienne régionale et en présence d'une équipe de télévision.
François Bayrou avait également pris soin de préciser que si Nicolas Sarkozy le lui proposait, il était tout aussi disposé à un tel débat avec lui. Mais hier soir, devant les caméras de TF1, le candidat de l'UMP a catégoriquement refusé que cela puisse avoir lieu. A entendre la garde sarkozienne tonner ce matin contre cette rencontre entre Monsieur Bayrou et Madame Royal, allant jusqu'à la qualifier d'"imposture" et de "presque inconstitutionnelle" (déclaration d'André Santini), on comprend que le candidat de l'UMP est considérablement gêné par le rapprochement entre Royal et Bayrou (ce dernier ayant, lors de sa conférence de presse, clairement exprimé qu'il ne voterait pas Sarkozy), et souhaite que lui soit faite le moins de publicité possible - que les français n'en soit pas trop informé... Une volonté d'opacité qui contraste très fortement avec la volonté d'ouverture et de transparence affichée par Ségolène Royal.
Quand on apprend que ce matin Monsieur Sarkozy aurait rencontré le président du SPQR, quelques heures avant que celui-ci déclare refuser d'accueillir le débat public entre Ségolène Royal et François Bayrou, au prétexte que "ce n'était pas prévu comme cela", et connaissant la capacité d'ingérence du candidat de l'UMP dans les affaires médiatiques et ses amitiés avec les grands patrons de presse, la suspicion est grande quand à une intervention en sous-main de celui-ci pour saboter ledit débat. On est bien persuadé maintenant que ce n'est pas de son côté qu'on peut attendre une rénovation des pratiques politiques, vers plus de transparence à l'égard des citoyens et dans un esprit de rassemblement des français.
On parle de : Débat Royal-Bayrou
La conférence de presse de François Bayrou
François Bayrou :
« Sarkozy : Non merci, Royal : Oui peut-être... »
François Bayrou a livré une première partie de ses intentions lors de la conférence de presse de ce mercredi. S'il a déclaré comme on s'y attendait qu'il ne souhaitait pas donner de consigne de vote à ses électeurs, il s'est néanmoins déclaré disposé à les «éclairer» dans leur décision en rendant public son choix personnel, lequel il dit n'avoir pas encore arrêté : «Pour l'heure je ne sais pas ce que sera ma décision», précisant toutefois qu'en revanche il avait une bonne idée de ce qu'il ne ferait pas et consacrant la majeur partie de son intervention à expliciter ce dernier point, se refusant à dire explicitement «je ne voterai pas pour Nicolas Sarkozy» tout en le laissant très fortement entendre.
Sur le plan économique, François Bayrou estime que ni le projet de Nicolas Sarkozy ni celui de Ségolène Royal ne lui semblent en mesure de relancer la croissance. Il dénonce chez l'un et chez l'autre la part belle faite à l'accroissement des dépenses publiques et à l'accentuation de la dette - de soixante milliards chacun, a-t-il estimé. Tout au long de sa conférence de presse, le seul point critique visant particulièrement Ségolène Royal a concerné son projet économique qui selon lui «multiplie les interventions de l’État qui sont inadaptées au contexte actuel». En revanche, «Ségolène Royal paraît mieux intentionnée sur la rénovation de la vie politique». Quant à Nicolas Sarkozy, le leader centriste a ironisé sur sa proposition d de baisser de 4 points les prélèvements obligatoires, «un exploit que n’ont réussi ni Reagan ni Thatcher» ! et souligne que l’élection de celui-ci se traduirait par une aggravation de la déchirure du tissu social et par un blocage de la vie démocratique. «Par son tempérament et les thèmes qu'il a choisi d'attiser, il risque d'aggraver les déchirures du tissu social, notamment en conduisant une politique d'avantages aux plus riches», a-t-il précisé
Pour le reste, ce fut une charge exclusivement dirigé contre le candidat de l'UMP. «Je pense qu'il y a des ressemblances entre Berlusconi et Nicolas Sarkozy», a affirmé M. Bayrou. «Nicolas Sarkozy, par sa proximité avec les milieux d'affaires et les puissances médiatiques, par son goût de l'intimidation et de la menace, va concentrer les pouvoirs comme jamais ils ne l'ont été», a-t-il insisté, dénonçant pêle-mêle la «proximité de Nicolas Sarkozy avec les médias», «son goût de la menace» et son «tempérament qui accentuera les déchirures du tissu social» et ajoutant que concernant l'attitude de Nicolas Sarkozy vis à vis des élus de l'UDF qu'il tente de rallier à sa candidature en vue du second tour de l'élection présidentielle, «cette manière de multiplier, par pression, des débauchages individuels et de prétendre fabriquer de faux partis, cela ressemble assez à la manière de gouverner des Hauts-de-Seine qui n'est pas pour moi (...) l'exemple de la démocratie»
On l'aura bien compris, dans son analyse des perspectives démocratiques, sociales et économiques, François Bayrou penche indiscutablement pour Ségolène Royal, en faveur de laquelle il n'exclut pas de voter, affirmant qu'il était disposé dans ce cas à rendre publique sa décision afin d'éclairer ses électeurs du premier tour dans leur propre choix pour le second.
On notera enfin que François Bayrou n'a pas souhaité commenter les révélations qui ont été faites dans Sud Ouest, contre sa volonté, concernant le pacte secret que lui aurait proposé Nicolas Sarkozy au lendemain de son accession à la tête de l'UMP, pacte dont l'objectif était de former un front commun contre Chirac, une alliance des jeunes contre «le vieux». Extrait d'un dialogue (ici pour l'écouter) :
- Sarkozy : « Je te propose une alliance contre Chirac. On va faire les jeunes et on va le démoder, lui qui est vieux. On va lui faire la guerre et, au bout du compte, on fait une alliance contre Chirac. »
- Bayrou : « Ca ne m'intéresse pas. Je ne veux pas faire d'alliance avec toi. Je ne veux pas faire une alliance contre Chirac sur le critère de l'âge. Cela ne me ressemble pas. Alors, tu fais ce que tu veux, mais moi, je ne le ferai pas. »
On comprend que Bayrou sait de quoi il parle quand il évoque la conception de la politique d'un Sarkozy, dangereuse pour la France.
On parle de : La conférence de presse de François Bayrou
Sarkozy, ce sont les sarkozistes qui en parlent le mieux
Diabolisation ou réalité d'une idéologie et d'un projet
Sarkozy dissimule beaucoup, avance masqué, présente très habilement son projet en noyant sa portée réelle en citant Blum et Jaurès, en faisant les yeux doux à chaque catégorie de français, tel un renard qui se couvrirait de plumes (dixit Bayrou). Lorsqu'on tente de lever le voile sur sa vérité, il dit qu'on le diabolise. Laissons donc un militant UMP nous présenter ses 11 raisons de voter pour Sarkozy - poster et approuver sur le très officiel forum "Tous avec Sarkozy en 2007" :
1. Rétablir une véritable identité française. Enfin un candidat républicain a le courage de reprendre les éléments majeurs des partis identitaires. Retrouvons une France débarassée de l'immigration indésirable cause de la plupart des problèmes de notre pays (insécurité, chomage, pauvreté, ...). Oui à l'immigration sélective. Les cerveaux français fuient la France et ses charges écrasantes pour les chercheurs, pendant que des immigrés sans qualification s'installent massivement sous couvert de regroupement familial ou de naissance en France (la belle histoire, il suffit à des clandestins d'accoucher en France pour que leur rejeton acquière la nationalité française, qu'ils ne soient plus expulsables, et qu'ils finissent par l'acquérir aussi). En 40 ans, seuls messieurs Pasqua avant lui, et maintenant Nicolas Sarkozy, ont eu le courage politique de ré-expédier les immigrés clandestins dans leur pays, alors que la gauche s'y oppose systématiquement, proposant de distribuer nos impôts à des hordes d'indigents. Pas étonnant que les organismes sociaux soient tous dans le rouge !
2. Rétablir l'Ordre Républicain sur tout le territoire de la République. Il est temps de mettre la racaille des cités au pas. Renforcement des peines, perpétuité réelle au bout de la troisième récidive aux USA, peines planchers systématiques, il faut durcir la répression, seule solution pour mater la délinquance et la criminalité. Le fichage génétique de toute la population doit devenir systématique pour faciliter les enquêtes. le fichage des réfractaires à cette mesure (forcément des gens qui ont quelque chose à cacher, un citoyen sans reproche n'a aucune raison de refuser ce type de mesure) existant déjà dans la loi française (15000€ et 1 an ferme, inscription au casier judiciaire), personne ne pourra se dérober, même au nom d'idéologies malsaines. Les violeurs (d'enfants ou non d'ailleurs) seraient plus facilement retrouvés.
Renforcement des pouvoirs de la police qui, elle, sait gérer la délinquance. Réduction des pouvoirs de la justice (aux mains des gauchistes et autres laxistes), qui ne sait que remettre les délinquants en liberté.
Installation massive de caméras comme en Angleterre. La criminalité est beaucoup plus faible là-bas, et ca n'est pas pour rien. Les criminels sont traqués automatiquement et ne peuvent plus s'aventurer dans les zones couvertes par les caméras. Si 100%du pays était couvert par les caméras, la délinquance disparaitrait avec les délinquants.
3. Remise de la France au travail. Abolition des 35h et des mesures bridant les horaires de travail pour enfin retrouver une vraie compétitivité. La perte du pouvoir d'achat vient du mythe de gagner plus en travaillant moins. Si on travaille moins, on gagne moins. Pour gagner plus, il n'y a pas le choix, il faut travailler plus et être plus productif.
Rétablissement de la dégressivité du chomage. Ca n'a jamais été en faisant de l'assistanat qu'on a encouragé les gens à travailler. Il n'y a pas de raison que les gens qui travaillent financent les feignants, ni que des gens puissent gagner plus en restant chez eux (sans rien faire) qu'en travaillant.
Le CNE remplacera tous les contrats de travail pour une meilleure flexibilité, résorbant ainsi les problèmes du chomage tout en assurant une grande compétitivité à nos entreprises sur le terrain international. Avec le CNE, les employeurs n'hésiteront pas à embaucher. Il n'y a que les feignants et les incompétents qui peuvent avoir peur de ce type de contrat, les vrais travailleurs sérieux n'ont aucune raison de s'opposer à ce genre de contrat de travail.
4. Abolir la laïcité. Il faut mettre fin à l'hypocrisie, 64% des français sont catholiques (les deux tiers !!!), 3% musulmans, 2% protestants (Source IFOP : http://www.ifop.com/europe/docs/religions_geo.pdf), seuls 27% sont sans religion. La laïcité a été imposée par les bourgeois qui ont manipulé le peuple lors de la Révolution Francaise, afin de déposséder l'Eglise de ses biens. La laïcité ne représente en aucun cas l'aspiration morale de la majorité des français. Depuis trop d'années, les élus sont obligés de faire des pieds et des mains pour contourner des lois injustes et financer "en douce" les établissements scolaires à vocation religieuse, dont l'enseignement dépasse en qualité celle de l'école publique qui a pourtant un budget bien plus important. Halte à l'hypocrisie, le financement des écoles privées par nos élus est un fait, les différentes stratégies de contournement sont une perte de temps et d'argent. Pour un vrai retour des valeurs à l'école et la fin du monopole de l'école par l'Education Nationale qui obtient des résultats chaque année plus médiocres en dépensant chaque année plus d'argent, il faut abolir la Loi de 1905.
5. Mettre fin à la toute puissance des fonctionnaires. Même Ségolène Royal est lucide sur cette question, au moins en privé : il faut dégraisser le mamouth, et pas seulement dans l'éducation nationale. Seul Nicolas Sarkozy prone le retour du fonctionnariat à la place qui lui revient, c'est à dire être au service (public !!!) des administrés et non en position d'imposer ses privilèges exhorbitants à la Nation (retraites 5 à 10 ans avant le privé, calculées sur les 6 derniers mois, grèves systématiques et paiement des jours de grève, absentéisme élevé, improductivité extrême, promotion à l'ancienneté plutôt qu'au mérite, ...). Il faut remettre les fonctionnaires rebelles à la place qui devrait être la leur : au travail ! Il n'y a aucune raison que ces salariés au service des citoyens décident eux-même de ce qu'ils veulent faire, ils doivent être la variable d'ajustement de l'Etat et non le contraire.
6. Enfin un homme politique qui a le courage de reconnaitre le déterminisme génétique. Reconnaitre que des maladies et tares mentales (pédophilie, tendance au suicide, homosexualité, violence, ...) ont une origine génétique est la première étape pour comprendre ces pathologies et, de facto, gérer ceux qui en sont atteints. Le fichage génétique systématique permettra de placer les pédophiles potentiels et les personnes violentes sous surveillance avant même qu'ils ne commencent à nuire !
7. Mettre fin au moratoire sur les OGM. Pendant que la France se croise les bras à cause d'un minuscule lobby écologiste (il suffit de voir combien les écolos représentent d'intention de vote pour comprendre la légitimité de ces gens...), les autres pays acquiérent des avances technologiques majeures dans la bio-ingénierie et le brevet du vivant. Pour ne pas devenir les esclaves agricoles des USA, de l'Inde, du Brésil, de la Chine ou du Japon, il faut retranscrire les lois européennes autorisant les essais OGM en plein champ dans le droit français et donner toute latitude aux entreprises françaises pour rattraper notre retard dramatique dans ce domaine.
Les écolos spécialistes de la désinformation répandent de fausses rumeurs sur une soit disant étude de Monsanto sur des OGM dangeureux pour la santé. Il n'en est rien. Comment imaginer que des entreprises françaises pourraient introduire des produits dangeureux pour la santé des français ? Encore un délire de gauche...
8. Instaurer un véritable bouclier fiscal. Protéger de l'impôt abusif les tenants du capital, véritables générateurs de richesses, pour éviter qu'ils ne s'expatrient à l'étranger ou changent de nationalité. Les très riches quittent la France et ne rapportent rien. En étant réaliste plutôt qu'idéaliste, ils rapporteraient plus que rien. Encore une chose que la gauche a du mal à comprendre en mélant à l'économie d'obscures notions communistes d'équité (je ne fous rien alors je devrais avoir autant que ceux qui se bougent vraiment).
9. Rétablir la position de la France au sein de l'alliance transatlantique. La rebellion contre les USA lors de la guerre du Golfe n'a rien apporté à la France si ce n'est une recrudesnce d'un vil orgueil pro-palestiniens des musulmans dans les cités et une rétorsion commerciale de notre allié historique, les USA. Il est temps de rentrer dans le giron de l'OTAN et d'envoyer nos propres troupes pour lutter contre les intégristes en Irak où nous devrions épauler depuis le début nos alliés dans la guerre contre le terrorisme. Nul doute que Nicolas Sarkozy, en atlantiste convaincu, corrigera rapidement ce manquement de notre part et rétablira une présence de la France en Irak, ainsi que les bonnes relation avec George W. Bush.
10. Renforcer le nucléaire. Pour une véritable politique d'indépendance énergétique propre et sans effet de serre, la France doit utiliser son meilleur atout et conserver sa position de leader technologique dans le nucléaire. Privatisation d'EDF (entreprise ayant autant voire plus d'avantages indus que les fonctionnaires) et de GDF, renforcement d'AREVA à travers des subventions, promotion à l'étranger du nucléaire pour faire entrer des capitaux (qui parle du nombre d'emplois et des devises générées par la vente d'une centrale nucléaire ?). Les écolos dramatisent le nucléaire depuis nombre d'années, alors qu'il n'y a jamais eu de problèmes en France (et la comparaison entre la Russie communiste, son laxisme et sa technologie obsolète de Tchernobyl et la technologie nucléaire de la France est stupide et infondée).
11. Enfin, élire Nicolas Sarkozy pour Président, ca serait mettre cet homme intègre et sans aucune "affaire" sur le dos sous la protection d'un mandat électoral empêchant des poursuites judiciaires infondées, déjouant ainsi le complot orchestré à l'approche des élections par un journal de gauche complétement subjectif (et volatile Smile) et n'hésitant pas à inventer des affaires de toutes pièces (histoire bidon du duplex à Neilly avec ses fausses "preuves").
J'ai hésité à souligner différents points du discours, à pointer les contre-vérités et les mensonges, à contre-argumenter. Finalement, je me garde d'intervenir, estimant que le texte se suffit à lui-même, car il a sur Sarkozy l'avantage de la sincérité, la grande qualité de présenter une vérité nue. Chacun pourra se faire une idée, choisir si c'est de cette France que l'on souhaite, refermée sur elle-même, craintive et belliqueuse, plutôt qu'une France qui, sans nier les difficultés, se montre ouverte et tolérante, généreuse et ambitieuse, moderne et fidèle à sa tradition d'humanisme.
On parle de : Sarkozy, ce sont les sarkozistes qui en parlent le mieux
Sarkozy : un renard dans le poulailler centriste
Quand Sarkozy parle d'ouverture... d'esprit
Ce lundi soir, lors de son premier meeting de second tour, Nicolas Sarkozy, la main sur le coeur, a fait la déclaration suivante : "L'ouverture dont je veux être le candidat c'est l'ouverture de l'esprit (...). L'ouverture d'esprit, c'est être capable de prendre en considération les raisons de l'autre (...) et de le respecter même quand on pense qu'il a tort (...). Nul besoin d'être d'accord sur tout pour que chacun puisse travailler avec les autres pour le bien commun." C'est très bien dit. C'est d'ailleurs tout le problème avec Nicolas Sarkozy, il est capable de très bien dire à peu près tout et le contraire de tout.
Il a dit également : "Nous ce que nous voulons (...) c'est simple - en tout cas à dire. On veut essayer de redresser ce pays. On veut essayer de bien faire. Et on sait que pour cela, il faudra élargir la majorité, avoir la main tendue, l'esprit de rassemblement et ne pas agir avec sectarisme." Là encore, c'est très bien dit. Il y a dans ces paroles tout à la fois la volonté d'agir, une ambition pour le pays, une humilité face à la tâche qu'on ambitionne d'accomplir et un esprit de tolérance et de rassemblement des français. On a envie de le croire. Et s'il disait vrai ? Et s'il était réellement sincère, et pas juste ce démagogue redoutable qu'on se plaît tant à décrire ?
Mais voilà, ces paroles ont été prononcées par Nicolas Sarkozy... le 21 mars 1993 ! (la vidéo est visible ici). C'était sur France 2, au soir d'élections législatives où les amis de M. Sarkozy venaient de triompher. Quelques jour plus tard, Edouard Balladur était nommé premier ministre et nommait lui-même un de ses plus proches collaborateurs comme ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, Nicolas Sarkozy. On se souvient alors ce qu'il advint de toutes ces belles paroles qui avaient prôné le rassemblement et l'absence de sectarisme. La seule chose dont on peut créditer Nicolas Sarkozy est qu'il avait pris la sage précaution de préciser que c'était simple... en tout cas à dire.
François Bayrou ne s'y trompe plus, sans doute pour avoir pratiquer Nicolas Sarkozy dans ce même gouvernement, décrivant ce dernier comme un renard qui se couvre de plumes dans le seul but de pouvoir entrer dans le poulailler :
Les poules que le renard Sarkozy ambitionne de dévorer, ce sont les électeurs qui s'y laisseront prendre une fois encore - et il est indéniable que les plumes dont se pare Nicolas Sarkozy sont attrayantes, et séduisants les discours qu'il prononce. Il reste qu'il est le candidat de l'UMP, que son projet - il suffit de le lire pour s'en persuader - est dans l'exacte continuité de la politique menée par l'UMP depuis cinq ans - rappelons d'ailleurs, tout de même, que M. Sarkozy était membre du gouvernement (à l'Intérieur, mais aussi aux Finances), ainsi que plusieurs de ses proches, de même que l'UMP sarkoziste détenait la majorité absolue aussi bien à l'Assemblée Nationale qu'au Sénat. Pour se convaincre de la réalité de la continuité que déguise Sarkozy aux français, on pourra lire avec intérêt ce court article : la rupture selon Sarkozy.
Depuis cet article, deux mois de campagne électorale se sont écoulés et l'on peut ajouter aujourd'hui que si rupture il y a, elle ne concerne en aucun cas la politique économique et sociale qu'il entend mener - et qui a conduit la France dans les pires difficultés économiques de son histoire moderne, tout en plongeant de plus en plus de français dans la précarité et l'exclusion. Si rupture il y a, elle concerne en réalité les questions de société et le positionnement idéologique : au travers de Nicolas Sarkozy, l'UMP a fait sa mue vers ce qu'il nomme "la droite décomplexée" et qui est en réalité une droite qui ne craint plus, en effet, de frayer avec l'extrême droite nationaliste, qui amalgame immigration et identité nationale, qui laisse libre court aux fantasmes du musulman qui excise à tout va et égorge des moutons dans sa baignoire, qui se satisfait d'une conception communautariste de la République, qui exprime un penchant certain vers le déterminisme génétique, qui considère que la répression est le seul traitement envisageable de la délinquance, etc...
Or j'ai la faiblesse de penser que ce sont là autant de ruptures avec le modèle républicain auxquelles une immense majorité des électeurs, y compris de la droite et du centre, n'est pas disposé à consentir, des poils de renard qui doivent impérativement demeurer à l'extérieur du poulailler républicain. Mais François Bayrou dit-il autre chose lorsqu'il déclare :
- « Son projet de société est l'opposé du mien. » ( 8 avril 2007, JDD)
- « Nicolas Sarkozy incarne une société violente qui oppose les citoyens les uns aux autres. Une société d'autant plus violente qu'il en vient à penser que c'est à la naissance que tout est joué, thèse totalement anti-scientifique et anti-humaniste. En disant cela, Sarkozy remet en cause les valeurs communes autour desquelles a été construite la société française. » (8 avril 2007, JDD)
- « Constamment chez Nicolas Sarkozy il y a cette manière d'opposer deux France », « Electoralement je ne peux pas lui donner tort. On sait très bien qu'il y a beaucoup de points à gagner dès l'instant où on se met à dresser les gens les uns contre les autres. Ca flambe, c'est un aliment électoral très important mais ce n'est pas mon choix. » (Agen 6 avril 2007)
- « Une seule polémique me paraît très grave, car elle touche aux fondamentaux de notre société : c'est celle que Sarkozy agite en prétendant que tout est joué à la naissance, la perversité comme le suicide. C'est une vision du monde qui fait peur. Le pire, c'est qu'il le pense vraiment. » et « Ce sont des propos graves et glaçants. » (avril 2007)
- «Ce qui me frappe, c'est la ressemblance de ses projets avec ceux de José Maria Aznar ou de Berlusconi. » (août 2006)
- « Je vais lui faire une confidence : c'est plus formateur (...) de savoir comme il est difficile d'assumer les fins de mois, (...) de rencontrer en sortant de chez soi autre chose que les milliardaires du CAC 40 et les vedettes du showbiz. » (Zénith 21 mars 2007)
- Il y a chez Sarkozy « une grande connivence avec les puissances d'argent (...) et la mise en scène de confrontations dures dans la société. » (août 2006)
- « Lorsqu'il s'agit de faire dériver le camp républicain vers des mots, des phrases, des affirmations, des comportements qui sont en réalité ceux de l'extrême droite, là je trouve qu'il y a une chose inquiétante pour la démocratie française. » (16 avril 2007)
- « Il y a des choses que l'histoire devrait nous interdire de remettre sur la table, comme de mélanger l'immigration et l'identité nationale. » (5 mars 2007, Nouvel Obs)
- « Que l'homme qui a été ministre de l'Intérieur pendant cinq ans ait tout le mal du monde à se rendre en banlieue, même à la Croix- Rousse ! (...) prouve bien qu'on est dans une situation d'extrême tension. » (Métro 12 avril 2007)
- « On ne peut pas assurer l'ordre et la sécurité en faisant monter les tensions. »
On parle de : Sarkozy : un renard dans le poulailler centriste
Les germes du totalitarisme
Quand Sarkozy place l'Etat nation au-dessus de la République
"Vive la République et, par dessus tout, Vive la France !". C'est ainsi que Nicolas Sarkozy a conclu son allocution hier soir. Cette proclamation de la supériorité de l'idée de l'Etat nation sur celle de République est tout sauf anodine. A elle seule, elle met en évidence le peu de conscience républicaine d'un candidat à la présidence de la... République et, de fait, le danger que représenterait pour la République une élection du candidat de l'UMP.
Rappelons qu'une république est une forme de gouvernement d'un Etat ou d'un pays dont la souveraineté est détenue par le consentement populaire et dans lequel le chef d'Etat est élu par le peuple. Rappelons aussi que la République Française est le nom officiel de la France, de son Etat et de son régime politique. Elle est l'héritage de la révolution française depuis la proclamation de la première République en 1792. Rappelons enfin qu'il n'y eut depuis lors que trois périodes durant laquelle la France cessa d'être une République :
- entre 1799 et 1848 : après le coup d'Etat du 18 brumaire, Napoléon Bonaparte devint Premier Consul, puis Empereur, avant que ne soit restaurée la Monarchie :
- entre 1852 et 1870 : après le coup d'Etat du 2 décembre 1851, Louis-Napoleon Bonaparte instaura le 2nd Empire ;
- entre 1940 et 1945 : sous le régime de Vichy du Maréchal Pétain, la France abandonna le terme de République française en faveur de celui d'Etat français. Les instances politiques mises en place par Charles de Gaulle à Alger ont rétabli l'emploi du siggle "RF" et son comité Français de Libération Nationale a pris en juin 1944 le nom de "Gouvernement provisoire de la République Française".
En plaçant la France en tant que telle au-dessus de la République, Nicolas Sarkozy ne peut mieux laisser entendre que d'avantage que Président de la République, il aspire avant tout à devenir chef de l'Etat - monarque, empereur ou petit père de la Nation, cela reste encore à voir, mais l'on comprend qu'au gré des circonstances et des crises, il saurait faire son choix, fût-ce au détriment de la République, c'est-à-dire de ce consentement populaire souverain.
On ne dit pas ici que Nicolas Sarkozy aspire à la dictature, il saurait évidemment se contenter d'être président de la République. On prétend que ce sont les crises et la fragilité des convictions républicaines d'un dirigeant politique qui portent en elles les germes de la dictature, ou du moins de l'abus de pouvoir jusqu'à sa confiscation. On dit ici que la conscience républicaine d'un Sarkozy pourrait rapidement se trouver balayée par le souffle des évènements (révolte des quartiers difficiles, terrorisme international...). On dit qu'un homme qui s'est montré prêt à tout pour parvenir au pouvoir pourrait bien céder sur les principes républicains pour le conserver, au détriment du peuple et de sa souveraineté.
Quand on ajoute à cela son flirt outrancier avec l'extrême droite, sa propension à la démagogie et au populisme, son penchant pour la stigmatisation et les amalgames, sa vision communautariste de la Nation, sa conception des libertés individuelles en général et de la liberté de la presse en particulier, son instabilité mentale, sa tendance à l'emportement et ses affinités avec les thèses eugénistes, on se dit que beaucoup trop d'éléments sont réunis en un seul et même homme pour ne pas craindre ce qui, les circonstances faisant office de catalyseur, pourrait advenir s'il venait à obtenir ce pouvoir qu'il ambitionne, et ce avec tant de détermination qu'elle semble parfois confiner à l'obsession.
L'évidence est qu'il existe un faisceau de présomptions dont chacune recèle en elle-même le risque d'une dérive vers une forme de dictature. Et si le pire n'est jamais certain, l'Histoire mondiale est là pour rappeler à nos mémoires qu'il est des risques qu'un peuple ne devrait jamais prendre. Le 6 mai, quoi qu'on en dise, c'est aussi de cela qu'il s'agit et les français, quelles que soient par ailleurs leurs inclinations politiques, auraient grand tort de balayer d'un revers de main les doutes que l'on peut raisonnablement nourrir quant à la capacité de Nicolas Sarkozy à être le garant inflexible de nos institutions républicaines et démocratiques.

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Lettre ouverte d’un homme de gauche à ses concitoyens
Ma part de vérité
A quelques jours du 22 avril, je ressens comme beaucoup l’importance de ce qui va s’y dérouler et le besoin de dire quelques dernières petites choses pour tenter de convaincre, de convaincre encore, c’est-à-dire de faire partager, ou du moins entendre cette conviction qui est la mienne.
Dimanche prochain, chacun d’entre nous sera appelé à se rendre aux urnes pour, au terme d’une longue campagne, exprimer son choix et faire entendre sa voix. Ce jour-là, le pouvoir sera effectivement entre les mains du peuple et il nous faut, chacun, avoir conscience de cette part de pouvoir que nous détiendrons alors et dont nous aurons le devoir citoyen d’user en conscience, c’est-à-dire conscient de la responsabilité qui nous incombe.
A quelques poignées d’heure de ce moment important dans la vie de notre démocratie, voici ce que signifie, pour ma part, cette responsabilité :
En premier lieu, je n’oublie pas que s’il y a deux tours de scrutin, il n’y a qu’une élection. Il s’agira dimanche prochain autant que deux semaine plus tard d’élire le Président de la République Française. Dès le 22 avril, il s’agira de cela et uniquement de cela. De quoi d’autre ?
Parmi les trois candidats susceptibles de l’emporter, ma préférence d’homme de gauche va sans l’ombre d’un doute à Ségolène Royal - mais n’entre pas dans le cadre de cet article de dire pourquoi. Il s’agira pour moi d’user de ma part de ce pouvoir électoral afin de favoriser son élection. Pourquoi sinon mettre un bulletin dans l’urne ? Dans quel objectif ?
Or je sais la chose suivante : c’est au premier tour, aussi au premier tour, que se gagne ou se perd une élection. Dimanche prochain, il ne s’agira donc pas seulement que Ségolène Royal soit au second tour, il faudra encore qu’elle y parvienne dans les meilleures conditions afin d’amorcer une dynamique qui puisse être victorieuse.
J’irai donc voter pour Ségolène Royal dès le 22 avril parce que j’ai conscience que Sarkozy à 26% et Royal à 22% n’est pas du tout équivalent à Sarkozy à 26% et Royal à 26%, même dans l’hypothèse où dans les deux cas ces deux-là arriveraient en tête.
J’irai voter pour Ségolène Royal dès le 22 avril parce que j’ai conscience qu’au soir du 6 mai, soit la droite sera au pouvoir pour les cinq ans qui viennent, soit ce sera la gauche, et que ça fait une sacré différence. Et j’ai conscience qu’une bonne part de ce résultat se jouera le 22 avril.
J’irai voter pour Ségolène Royal dès le 22 avril parce que j’ai également conscience que des élections législatives se dérouleront à l’issue de ces présidentielles. Si Ségolène Royal l’emporte, ce pourra alors avoir un sens de voter Verts ou PC ou ailleurs... afin de peser sur le gouvernement que la Présidente aura mis en place et orienter la politique qu’elle devra mettre en oeuvre. Sarkozy président, non seulement mon vote du 22 avril aurait été vain, mais celui des législatives le serait tout autant.
J’irai voter pour Ségolène Royal dès le 22 avril parce que j’ai conscience que, si en sport l’important est de participer, voire de se faire plaisir, lors d’une élection - et surtout à l’occasion de celle-ci - l’essentiel est d’abord de ne pas perdre, ensuite de gagner.
J’irai voter pour Ségolène Royal dès le 22 avril parce que j’ai conscience qu’on ne vote pas pour ses idées, mais qu’on vote pour que ses idées puissent progresser, afin qu’une orientation politique soit prise plutôt qu’une autre, afin qu’on puisse aller de l’avant - et ce même si ce n’est pas y aller aussi vite que l’on voudrait. Et donc, oui, et quoi qu’on en dise, et même si ce n’est pas satisfaisant, un vote aura été utile à la victoire ou bien il ne l’aura pas été.
Je vais voter pour Ségolène Royal et ce dès le 22 avril... et si ce n’est pas elle qui l’emporte le 6 mai, mon vote aura été inutile parce que je pense que les français les plus défavorisés le seront alors encore davantage. Or c’est bien de cela qu’il s’agit. Oui, en réalité, uniquement de cela élire un(e) président(e) avec l’espoir que cela aille mieux pour ceux pour qui cela va mal.
Le 22 avril, j’irai voter pour Ségolène Royal parce que je refuse de renoncer à espérer en la gauche et en ce qu’elle porte d’espérance. Et la gauche ce n’est pas le PS ou le PC, ce n’est pas les Verts ou les trotskistes, et ce n’est pas non plus davantage les uns que les autres. La gauche ce sont avant tout les hommes et les femmes qui composent ce peuple de gauche, des hommes et des femmes héritiers d’une histoire et porteurs de valeurs et d’espérance en un monde meilleur. La gauche, c’est cette longue marche en avant à travers l’Histoire vers le progrès social et le désir d’un vivre mieux ensemble - désir d’égalité et de liberté, désir de fraternité et de solidarité, et désir de lutter pour y parvenir. On ne doit jamais renoncer à cela, et certainement pas au moment de voter.
Alors je vais apporter ma voix à Ségolène Royal parce que la réalité est qu’à cette élection elle et nul autre qu’elle est en position de nous faire reprendre cette marche en avant après cinq années où déjà beaucoup de chemin a été perdu, ouvrant sous nos pieds un gouffre social où les plus fragiles d’entre nous n’ont cessé de s’enfoncer. Nos libertés ont reculé. L’égalité des chances a été baffouée. Les solidarités ont été démolies. Et il n’y a plus guère d’espace non plus pour fraterniser quand la droite n’a de cesse que de nous diviser, d’opposer les uns aux autres et d’exacerber les tensions.
Et puis, enfin, je vais voter Ségolène Royal, et ce dès le 22 avril, parce que je perçois en Nicolas Sarkozy une menace bien plus importante que celle que représente habituellement la droite, parce que je vois avec lui venir ce quelque chose d’inimaginable et dont on préfère toujours penser que cela n’arrivera pas... Et c’est justement pour cette raison que chaque fois c’est arrivé, et pour cette raison que cela arrivera encore.
Je perçois ce qui pourrait survenir, je sens le danger qu’il y aurait à confier le destin d’un pays à un homme tel que lui, qui semble réinventer la démagogie en chaque mot qu’il prononce, un homme en lequel on devine une faille effroyable, une folie contenue, si difficilement contenue... et dissimulée avec tant d’habileté qu’elle en devient d’autant plus effrayante. Et si même j’étais dans l’erreur, ce doute suffit à m’effrayer et à me mobiliser tout entier. Et à me mobiliser maintenant, afin d’éviter d’avoir à le faire trop tard. L’Histoire de la démocratie nous apprend qu’il est des diables à ne pas tenter, et qu’il vaut mieux parfois miser pour ne pas voir.
Voilà ce que j’avais envie de partager avec vous, en toute sincérité. Ce que j’avais sur le coeur à la veille d’une élection où les enjeux sont sans doute plus importants et plus graves que l’on ne voudrait le penser. Mais peut-être aussi plus chargés d’espoir.
Cela ne dépend que de nous.
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On parle de : Lettre ouverte d’un homme de gauche à ses concitoyens
Le poids des mots contre le choc des photos
Quand le petit Sarkozy pratique la récupération des Grands Hommes
Il a cité Blum et Jaurès. Chirac et Tapie le soutiennent. Jean-Marie Le Pen prendra sa décision après le 22 avril, mais les prises de contacts sont bien avancées. Juste le temps de déclarer qu'il pourrait y avoir des ministres de gauche dans son gouvernement (mais oui, Nicola, prends nous pour des cons !), le voilà parti pour se recueillir sur la tombe du Général, seul face à son destin (et quelques centaines de journalistes dans son dos pour relater ce moment de communion sincère autant que spontanée). Dans la foulée, il cite Jean-Paul II (vous savez, le grand pote à Jaurès !). Voilà ce qui reste de tout ceci :
"MADAME, je ne vous ai entendue et vue qu’à la télévision. Mais vos propos, votre manière d’être, ont fait que, depuis plusieurs mois déjà, j’étais enclin à voter pour vous le 22 avril. Ayant lu attentivement votre livre, "Maintenant", je ne doute plus de le faire.
Je suis un très vieux monsieur. Ministre du Général de Gaulle à trois reprises, je fus un des rares qui eurent l’honneur d’être reçu par lui à Colombey, après qu’il eut, en parfait démocrate, démissionné de la présidence de la République parce que désavoué lors du référendum qu’il avait décidé.
Je suis fidèle à sa mémoire. La France, au cours de sa longue histoire, n’a guère eu de chef d’Etat de cette envergure, parfaitement indépendant de toutes les puissances financières et de tous les dogmes politiques, ne se laissant intimider par quiconque, discernant ce qu’allait être l’évolution du monde et percevant ce qu’étaient les intérêts à long terme de son pays. Mais je n’ai jamais cru à la possibilité d’un gaullisme sans de Gaulle et je me suis vite désolidarisé de ses prétendus héritiers.
Cela dit – et sans vouloir vous écraser sous une telle référence en vous assimilant à cette très haute figure – j’ai le goût de vous dire que je constate d’assez nombreuses analogies entre ses idées et les vôtres, telles qu’elles apparaissent au long de vos trois centaines de pages. D’abord le volontarisme politique, puis l’attachement à la nation, à son passé et à son avenir, comme fondement nécessaire aux solidarités entre les individus vivant sur son sol ; la prise en compte des aspirations populaires mais sans soumission systématique à l’opinion ; l’idée, que de Gaulle énonça dès mars 1968 dans un discours à Lyon, que les activités régionales sont les ressorts de la puissance économique de demain ; encore, le fait que la France, dans un mode menaçant, ne doit pas renoncer à une puissance militaire forte.
Entre vous et lui, il est encore un trait commun : quand on lui exposait un problème de façon abstraite, il vous interrompait : "Alors ! Pratiquement, que proposez-vous ?" Or toujours vous proposez ou esquissez une solution concrète.
J’ajoute que vous rejoignez le général de Gaulle sur trois points, de grande importance. Le premier est la sobriété que vous voulez dans le comportement quotidien de la présidence de la République et du gouvernement. Le deuxième est le recours à l’article 11 de la Constitution, que vous devrez inévitablement utiliser pour modifier celle-ci, en particulier concernant le Sénat. Le troisième est que, comme lui, vous vous appuyez sur un parti, ce qui est indispensable, mais que, comme lui, vous êtes d’un tempérament assez fort pour pouvoir, quand besoin est, vous en affranchir.
Madame la candidate, je vous souhaite de tout cœur bonne chance et vous assure de la grande considération que j’ai pour votre culture gouvernementale, pour votre intelligence, votre sensibilité et votre caractère."
- Lettre ouverte à Ségolène Royal de Jean-Marcel Jeanneney, ancien ministre du général de Gaulle -
On aura là encore remarqué à quel point la presse a fait son travail dans la plus parfaite objectivité et en faisant preuve de sa grande impartialité...

© PLACIDE - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur
On parle de : Quand le petit Sarkozy pratique la récupération des Grands Hommes
Télé Libre ou Télé Sarkozy
Faites votre choix... tant que c'est encore possible
Nicolas Sarkozy s'est rendu en banlieue, vendredi 13 avril dans la région de Meaux. Les grands médias - mais pas seulement - avait été soigneusement tenu à l'écart de cet "événement". Seules étaient présentes, NSTV - la télévision officielle du candidat Sarkozy, que John Paul Lepers qualifie de Télé Ceaucescu dans son blog - et Allan Rothschild avec une équipe de latelelibre.fr.
Ci-dessous, les deux reportages, deux visions forcément subjectives d'un même évènement, l'un peut-être plus professionnel que l'autre, car plus irrespectueuse, l'autre peut-être plus servile, moins au service de "la vérité", et plus brejnevienne en effet... Mais à vous de juger, et c'est heureux de pouvoir encore bénéficier d'une certaine pluralité (remercions d'ailleurs à ce titre le travail qu'a effectué latelelibre.fr au cours de ces quelques semaines de campagne, ce travail que d'autres se sont bien gardés de faire, cette presse aux ordres dont nous avons déjà parlé ) :
NSTV ou Télé Ceaucescu
latelelibre.fr
On sait ce qu'il en est de la conception sarkozienne de la pluralité de la presse. A l'heure du choix - dans cinq petits jour maintenant - il faudra aussi se souvenir de cela.
Interlude culturel
……Lucius Catilina, issu d'une noble famille, avait une grande force d'esprit et de corps, mais un naturel méchant et pervers. Dès son adolescence, les guerres intestines, les meurtres, les rapines, les émotions populaires, charmaient son âme, et tels furent les exercices de sa jeunesse. D'une constitution à supporter la faim, le froid, les veilles, au delà de ce qu'on pourrait croire ; esprit audacieux, rusé, fécond en ressources, capable de tout feindre et de tout dissimuler ; convoiteux du bien d'autrui, prodigue du sien, fougueux dans ses passions, il avait assez d'éloquence, de jugement fort peu : son esprit exalté méditait incessamment des projets démesurés, chimériques, impossibles. On l'avait vu, depuis la dictature de L. Sylla, se livrer tout entier à l'ambition de s'emparer du pouvoir : quant au choix des moyens, pourvu qu'il régnât seul, il ne s'en souciait guère. Cet esprit farouche était chaque jour plus tourmenté par l'embarras de ses affaires domestiques et par la conscience de ses crimes : double effet toujours plus marqué des désordres dont je viens de parler. Enfin il trouva un encouragement dans les mœurs dépravées d'une ville travaillée de deux vices, les pires en sens contraire, le luxe et l'avarice.....
Extrait de La Conjuration de Catilina de Salluste - merci à @cfhpatrice du tontonblog
On parle de : Télé Libre ou Télé Sarkozy
"Nicolas Sarkozy, candidat du Front National" : un laspsus très révélateur
De l'inconscient des journalistes
Les journalistes, pendant cette campagne, sont sous pression. Sous la pression de Nicolas Sarkozy et de ses grosses colères. Sous la pression d'une ligne éditoriale aux ordres. Sous la pression d'actionnaires qui connaissent leurs intérêts. Paralysés, ils ne peuvent tout dire... mais parfois la pression est si forte que ça déborde, que ça fuse dans un petit coin, comme ça l'air de rien, et soudain l'inconscient se met à parler... et à en dire beaucoup. Alors, enfin, nous pouvons nous exclamer : "La presse est libre !" :

Nicolas Sarkozy, candidat du Front National ? C'est tellement vrai, finalement. Il suffisait simplement de l'écrire dans le journal. Ce que lepoint.fr s'est chargé de faire avec un grand courage et un sens éthique qui se fait rare - à moins que le lapsus de Reuters soit à ce point révélateur d'une réalité qu'il soit passé tout à fait inaperçu :

On parle de : Nicolas Sarkozy, candidat du Front National
Tonton m'a dit...
Une information qui vient de l'au-delà
En vous rendant sur le blog de François Mitterrand, voici ce que vous pourrez lire, entre autres choses très intéressantes :
J’ai déjà eu l’occasion de citer ici ce vieil adage de Talleyrand : « La politique, ce sont les femmes ».
Il serait survenu, il y a soixante douze heures, un événement important dans la vie d’un candidat à l’élection présidentielle. Un de ces événements qui vous affecte, et qui exige de celui qui l'endure, une totale maîtrise de son être. Si cette maîtrise vient à manquer, l’individu en souffrance peut en arriver à accomplir des actes bien étranges en apparence, pour tous ceux qui ignorent ce qu’il en est de sa vie intime et de sa détresse. Grande est la tentation, pour celui qui subit, de s’en prendre à la terre entière et d’entretenir pour lui-même l’illusion qu’autrui est responsable de ses malheurs.
Je laisse le soin à la presse d’accomplir sa tâche dans les jours qui s’ouvrent devant nous.
Mais la presse saura-t-elle accomplir sa tâche ? Dans l'attente de cet hypothétique sursaut éthique de médias aux ordres, il peut être utile de se remettre en mémoire les résultats de notre petit psychosondage...
Un second tour sans Bayrou
La livraison quotidienne du sondage IPSOS confirme les tendances actuellement soulignées par l'ensemble des sondages. A savoir que d'une part, l'écart entre Sarkozy et Royal se resserre, et que d'autre part, Bayrou poursuit sa dégringolade : il pointe maintenant à seulement 17,5% des intentions de vote, soit 7 points derrière Ségolène Royal et seulement 3,5 points devant Le Pen. A une semaine du premier tour, François Bayrou semble avoir définitivement perdu son pari tactique et le second tour se fera sans lui.
Pour les électeurs d'abord tentés par un vote Bayrou dans l'espoir d'un second tour plus facile contre Sarkozy, l'hypothèse tombe. Voter Bayrou pour éviter Sarkozy revient à sauter dans le vide pour échapper aux flammes : c'est sans espoir. Aujourd'hui, seule Ségolène Royal est en mesure de l'emporter sur Nicolas Sarkozy et cette victoire dépendra en grande partie de la dynamique qui se créera en sa faveur lors du premier tour. A une semaine du scrutin, battre Sarkozy au second tour, c'est voter Royal dès le premier tour. Lire à ce sujet l'appel pour une dynamique à gauche au premier tour.
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On parle de : Tonton m'a dit
Quelques brèves
La gauchiste et le gaulliste
Deux textes de soutien à lire absolument :
Ariane Mnouchkine a mis en ligne un texte de soutien intitulé sobrement "Pour Ségolène Royal". Elle y dit notamment ceci : "Donc, contre la pauvreté, contre le communautarisme, pour la laïcité, pour la rénovation de nos institutions, contre l’échec scolaire, et donc pour la culture, pour l’éducation et donc pour la culture, pour les universités, pour la recherche, et donc pour la culture, pour la préservation de la seule planète vivante connue jusqu’à ce jour, pour une gestion plus vertueuse, plus humaine, donc plus efficace des entreprises, pour l’Europe, pour une solidarité vraie, qu’on pourrait enfin nommer fraternité et qui ne s’arrêterait pas à une misérable frontière mais s’étendrait bien au-delà de la mer, bref, pour une nouvelle pratique de la politique, c’est un immense chantier que cette femme, eh oui, cette femme, nous invite à mettre en œuvre. Et moi, je vote pour ce chantier, donc je vote pour Ségolène Royal." ...
Jean-Marcel Jeanneney, le dernier ministre survivant, avec Pierre Messmer, du général de Gaulle, a adressée une "Lettre ouverte à Ségolène Royal" qui commence par ses mots : ""MADAME, je ne vous ai entendue et vue qu’à la télévision. Mais vos propos, votre manière d’être, ont fait que, depuis plusieurs mois déjà, j’étais enclin à voter pour vous le 22 avril. Ayant lu attentivement votre livre, "Maintenant", je ne doute plus de le faire. Je suis un très vieux monsieur. Ministre du Général de Gaulle à trois reprises, je fus un des rares qui eurent l’honneur d’être reçu par lui à Colombey, après qu’il eut, en parfait démocrate, démissionné de la présidence de la République parce que désavoué lors du référendum qu’il avait décidé." ...
François Hollande pour le plaisir, mais pas seulement
Au meeting de Ségolène Royal du 11 février, François Hollande évoque les propositions du candidat de l'UMP en faveur des droits opposables : une leçon magistrale d'humour pince-sans-rire :
Nicolas susurre la proportionnelle à l'oreille de Jean-Marie
Il ne se passe plus un jour sans que nous n'ayons a assisté au petit jeu du "je te tiens, tu me tiens" auquel se livrent sans plus aucune vergogne Sarkozy et Le Pen - lire à ce sujet "Sarkozy, une ambition qui passe par le Front National". Aujourd'hui, c'est Brice Hortefeux, ministre délégué aux Collectivités territoriales et bras droit de Nicolas Sarkozy, qui se prononce dans un entretien accordé au Figaro, pour l'instauration d'une "dose" de proportionnelle aux législatives : "Cela permettrait aux extrêmes, notamment au FN, d'être représentés au Parlement", va-t-il jusqu'à préciser au cas où l'on aurait pas compris ! Rappelons que l'introduction de la proportionnelle est l'une des revendications prioritaires du Front national, et que M. Hortefeux comme M. Sarkozy s'étaient jusqu'à présent déclarés à maintes reprises tout à fait opposés à l'introduction d'une dose de proportionnelle aux législatives. Hortefeux souligne désormais que "le scrutin majoritaire n'est pas un dogme intangible". On n'a aucun doute sur les motivations d'un tel revirement à moins de 10 jours du premier tour des présidentielles. Cette fois c'est très clair et ce ne sont plus les électeurs du FN que drague le candidat de l'UMP, c'est le FN lui-même... auquel il en est à promettre des sièges !
Un signe
Je profite de ce billet pour vous informer des statistiques de fréquentation de ce site. En ligne depuis la mi-février, sarkononmmerci.fr a reçu 8500 visiteurs qui ont fait 10 000 visites et consulté plus de 17 000 pages. Depuis une semaine, le rythme s'est notablement accéléré et ce sont maintenant quotidiennement quelques 1000 pages qui sont visités par 500 visiteurs, en moyenne - j'ai d'ailleurs été contraint hier de racheter du trafic à mon hébergeur qui menaçait de fermer le site pour cause de trop grande affluence. Je veux y voir un signe, le présage d'une victoire. Mobilisons-nous jusqu'au bout.
Remerciement
Ce billet est également l'opportunité pour moi de remercier à SaT qui a bien voulu que je pioche parmi ses dessins afin d'illustrer quelques-uns de mes articles. Je vous invite à consulter l'ensemble de sa production sur La République des Fourmis. C'est un régal : finesse du trait et finesse de l'esprit, moi j'aime beaucoup. Ci-dessous sa dernière livraison :

© La République des Fourmis par SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur
On parle de : Quelques brèves
Appel pour une dynamique à gauche au premier tour...
... pour une victoire à gauche au second tour !
On le sait, mais on évite de le dire. On le sait, mais on n'ose y croire. On le sait, mais l'ensemble des médias s'efforcent à grands coups de sondages de laisser penser le contraire. On le sait : AU SOIR DU PREMIER TOUR, C'EST UNE NOUVELLE CAMPAGNE QUI COMMENCE. On le sait : LE SECOND TOUR SE GAGNE SUR LA DYNAMIQUE CREEE LORS DU PREMIER TOUR.
On voudrait casser à l'avance toute dynamique à gauche qu'on ne s'y prendrait pas autrement. En distillant jour après jour l'idée que la présence de François Bayrou au second tour n'est pas impossible, en laissant entendre, jour après jour, que seul Bayrou serait à même de l'emporter face à Nicolas Sarkozy, en brandissant, sondage après sondage, l'épouvantail d'une défaite annoncée de Ségolène Royal face à ce même Nicolas Sarkozy, on sème le doute dans l'esprit des électeurs et on fait pression sur eux afin qu'ils soient nombreux à renoncer par anticipation, le plus nombreux possible à glisser dès le premier tour un bulletin Bayrou dans l'urne ce bulletin plutôt qu'un autre !
A l'occasion de cette élection, on a insidieusement réinventé le concept de vote utile, une sorte de vote utile à trois bandes - bien dangereux en vérité - et on a perverti le mode de scrutin majoritaire à deux tours en le renversant cul par-dessus tête. Plutôt que de choisir au premier tour les deux candidats qui s'affronteront au second, tout se passe en effet comme si l'on jouait d'abord le second - par sondages interposés, lesquels persistent à prétendre qu'ils ne sont en rien prédictifs - afin d'éliminer au premier tour les perdants annoncés du second. C'est Madame Irma qui s'en va voter en regardant dans sa boule de cristal !
C'est pis que cela : on assiste à une formidable manipulation de l'opinion. La commission des sondages à beau avoir - très timidement - rappelé que les sondages portant sur un second tour réalisés avant que le premier n'aie livré ses résultats n'ont aucune signification, les instituts de sondages ne cessent de produire des sondages de second tour et les médias de les commenter. Et l'on va jusqu'à même tester des hypothèses de second tour qui en regard des intentions de vote mesurées pour le premier tour n'ont pas lieu d'être. En résumé : ON TESTE DES HYPOTHESES IMPROBABLES AVEC DES OUTILS ABSURDES !
Et ce n'est pas une manipulation innocente. La preuve en est dans la constatation suivante, laquelle est irréfutable : un sondage est un instrument de mesures statistiques qui possède, comme tout autre instrument de mesure, une marge d'erreur irréductible, un biais qui est intrinsèque à la mesure et qu'on ne peut gommer - pour un sondage, on s'accorde pour dire que celle-ci est peu ou prou de 4%, en sus ou en moins ; et pourtant, l'hypothèse d'un second tour Sarkozy-Royal a été testé près d'une centaine de fois depuis janvier, donnant chaque fois Sarkozy vainqueur avec entre 51 et 54% des suffrages, CE QUI EST STATISTIQUEMENT IMPROBABLE, C'EST-A-DIRE DANS LES FAITS IMPOSSIBLE ! IL EST IMPOSSIBLE QUE PAS UNE FOIS SEGOLENE ROYAL NE SOIT APPARUE COMME VAINQUEUR DE CE DUEL. On voudrait dissimuler cette éventualité qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
Tout est organisé afin que cette opinion dont on prétend mesurer les intentions en vienne à penser qu'une victoire de Ségolène Royal sur Nicolas Sarkozy lors d'un second tour ne serait pas une éventualité crédible. L'objectif est clair, et il n'est pas tant de favoriser l'accès au second tour de François Bayrou, ce qui reste tout à fait improbable, que de casser par avance cette dynamique en faveur de Ségolène Royal qui, si elle s'enclenchait, conduirait en réalité à la victoire de celle-ci sur Nicolas Sarkozy. On cherche à disperser les voix de la gauche, semer le doute et obtenir qu'un certain nombre de ces voix se retrouve ailleurs, c'est-à-dire sur François Bayrou, dans le but de tasser autant faire se peut le score de Ségolène Royal. On tente en particulier d'éviter le probable coup d'arrêt à la stratégie de Nicolas Sarkozy que serait un premier tour plaçant Ségolène Royal devant le candidat de l'UMP.
La cerise sur le gâteau de cette tentative de dilution des voix serait qu'on soit parvenu tant et si bien à tasser le score de la candidate socialiste qu'on permette en définitive à Jean-Marie Le Pen de rééditer son "exploit" du 21 avril 2002. C'est que Nicolas Sarkozy a retenu sa leçon : le candidat de la droite n'est jamais autant assurer d'emporter le morceau, pardon l'élection, que s'il se retrouve opposé à l'extrême-droite.
Mais voilà, il vient d'y avoir un petit accroc dans la belle mécanique médiatico-sondagière, une sorte de lapsus qui pourrait bien faire grain de sable et qui a été commis par Le Monde, lui-même, sous la plume de Jean-Baptiste de Monvalon, lequel dans un article intitulé Mme Royal menacée au premier tour, M. Sarkozy au second, paru dans l'édition de ce 12 avril, souhaitait visiblement enfoncer le clou en pronostiquant la défaite de Mme Royal dès le premier tour. Mais voilà, donc, ce qu'il laisse échapper :
"Les responsables d'instituts de sondage s'accordent en effet à relativiser fortement la signification des sondages de second tour, qui donnent tous M. Sarkozy vainqueur d'un duel avec Mme Royal. "La qualification de Ségolène Royal provoquerait un choc positif majeur pour la gauche et ouvrirait un contexte nouveau", note M. Giacometti.
"Une fois passé le premier tour commencera une seconde campagne", souligne aussi Stéphane Rozès (CSA). Selon lui, le premier tour se joue sur "la compétence, la capacité à résoudre les problèmes" - domaine qu'aurait privilégié M. Sarkozy -, alors que le second accorde plus de place à "la dimension d'incarnation et de rassemblement", à laquelle serait davantage identifiée Mme Royal. En suivant cette analyse, on pourrait en conclure que la candidate socialiste aurait paradoxalement plus de chances de l'emporter au second tour que de se qualifier à l'issue du premier.
Tout est dit et tout est maintenant bien clair : gardons-nous du défaitisme qu'on tente d'instiller, gardons-nous de nous disperser en des stratégies mortifères, gardons-nous des égarements auxquels on voudrait nous voir céder, et concentrons-nous sur l'essentiel : la victoire de Ségolène Royal... et le moyen d'y parvenir : CREER DES LE PREMIER TOUR LA DYNAMIQUE DE CETTE VICTOIRE.
Car - et nous l'avons peut-être un peu oublié à force de craindre le pire - il ne s'agit pas QUE de battre Nicolas Sarkozy, il s'agit également d'offrir à la France et aux français des raisons d'espérer. Or voter Bayrou pour éviter Sarkozy revient à choisir de se précipiter dans le vide pour échapper aux flammes. On veut nous faire croire que toutes les issues sont condamnées : rassemblons-nous pour enfoncer la porte !
CAR CE SERAIT LE PIRE DES RENONCEMENT QUE DE SACRIFIER L'ESPERANCE AU NOM DE LA CRAINTE LEGITIME QUE LE PIRE NE SURVIENNE !
Et si cet appel à l'heur de vous plaire, faites-le donc circuler...
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On parle de : Appel pour une dynamique à gauche au premier tour
Sarkozy, Chirac et les "affaires" : l'autre Pacte Présidentiel
"Je te soutiens, tu m'amnisties..."
Nicolas Sarkozy, en échange du soutien de Jacques Chirac à sa candidature, se serait engagé en cas de victoire à la présidentielle à "éviter au président sortant tout retour de flamme judiciaire", affirme le Canard Enchaîné paraissant mercredi. "Le vote d'une amnistie spécifique aux affaires financières, jugé politiquement trop risqué, a été écarté. En revanche, la discussion d'un projet de loi destiné à renforcer la lutte contre la délinquance devrait fournir l'occasion attendue", écrit l'hebdomadaire satirique.
Selon le Canard Enchaîné, "l'équipe de Sarko se montre très discrète sur cette promesse. Mais certains de ses conseillers confirment que le projet a été bien étudié". "Du côté de l'Elysée, on se montre plus bavard. Un familier du chef de l'Etat" a même donné "au 'Canard' les détails de la mise en oeuvre du plan envisagé", poursuit le journal : "un article de la loi imposera aux juges de clore leurs dossiers dans des délais très stricts. Pas plus d'une dizaine d'années après les faits incriminés pour les simples délits. Les dossiers trop anciens, encore à l'instruction, seront purement et simplement annulés".
Un "proche de Chirac" cité par ailleurs avertit que "les promesses peuvent être oubliées, mais nous avons pris des garanties". "C'est du rapport de forces, du donnant-donnant. On a des dossiers sous le coude", a-t-il affirmé au Canard Enchaîné.
Interrogée sur les informations de l'hebdomadaire, la présidence de la République a déclaré ne faire aucun commentaire.
Dans un entretien le 29 mars à L'Express, Nicolas Sarkozy a souligné que "la justice doit passer pour tout le monde et ne s'acharner sur personne". Un ancien président de la République "doit être traité avec respect et dignité", ajoutait le candidat UMP à la présidentielle.
M. Chirac pourra être entendu par les juges après la fin de son mandat le 16 mai prochain dans plusieurs affaires judiciaires datant de l'époque où il était maire de Paris et président du RPR. L'affaire la plus dangereuse reste celle du financement occulte du RPR, dans laquelle Alain Juppé a été condamné, mais le cas de Jacques Chirac a été disjoint.
Nicolas Sarkozy avait assuré le 12 mars qu'il ne se "mêlerait pas" de ces dossiers s'il était élu à l'Elysée. "Ce n'est pas le rôle du président de la République. Il y a une justice, elle est indépendante. Surtout je ne m'en mêlerai pas. C'est ce qu'on demande d'un président de la République, qu'il ne se mêle pas des affaires de justice", avait-il dit à l'époque.
Nicolas Sarkozy avait également débuté sa campagne en disait qu'il voulait "être le candidat de l'éthique". Depuis le candidat de l'UMP, alors encore Ministre de l'Intérieur, a demandé aux RG d'enquêter sur l'entourage de Ségolène Royal, a fait préfacé l'édition italienne de son livre par un ancien responsable fasciste, a appelé les élus de l'UMP à apporter leurs signatures à Jean-Marie Le Pen pour permettre sa candidature, a amalgamé la question de l'identité nationale avec celle de l'immigration, n'a pas craint de prétendre que ses adversaires se rangeait dans le camps des fraudeurs et des délinquants, a flirté ostensiblement avec les thèses de l'eugénisme, et hier encore sur France-Inter, interrogé par Nicolas Demorand, il se permet d'entrer dans des considérations raciales, affirmant sans état d'âme que "90 % des Chinois sont des " Hans ". On peut dire que l’empire colossal chinois c’est une race, c’est une ethnie. Ce n’est pas mal que de dire ça".
Et j'en oublie sans doute. J'omets par exemple de rappeler les soupçons qui subsistent quant à sa déclaration de patrimoine, comme les révélations du Canard Enchaîné concernant d'un côté les ristournes qui se compte par centaines de milliers d'euros et que lui a accordé son entrepreneur à l'occasion de l'achat de son appartement à Neuilly et les travaux qui y ont été effectués, et de l'autre côté les ristournes d'un montant équivalent accordées cette fois par l'élu Sarkozy à ce même entrepreneur pour l'achat de terrain dans la même ville de Neuilly...
Bref, la conception de l'éthique de Nicolas Sarkozy semble s'arrêter là où commence son ambition et ses intérêts personnels. On le sait bien d'ailleurs, il dira et fera et promettra tout ce qu'il faut pour parvenir à ses fins, réinventant sans cesse le concept même de démagogie - et avec un art qu'on est bien forcé de lui reconnaître. Rien ne saurait l'arrêter... sinon le vote des français qu'il a tout de même largement tendance à prendre pour des veaux qu'il suffirait de gaver de belles paroles, faisant force de "je veux" - poing serré - et de "je n'accepte pas" - main sur le coeur... et bave aux lèvres, tant la salive lui vient facilement à l'idée d'être Président.
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On parle de : Sarkozy, Chirac et les "affaires" : l'autre Pacte Présidentiel
Le scandale d'une presse aux ordres
Azouz Begag, plus "arabe de service" que Ministre de la République ?
Un ministre de la République démissionne à grand fracas du gouvernement à la veille des élections présidentielles et publie dans la foulée un livre intitulé Un mouton dans la baignoire dans lequel, entre autres choses, il raconte que l'ex-ministre de l'Intérieur, actuel candidat à la Présidence de la République, l'a insulté - Tu es un connard, un déloyal, un salaud ! - et menacé de représailles physiques - "Je vais te casser la gueule" ; on s'attendrait à ce que le monde médiatique soit en émoi, que l'information fasse les gros titres, que les journalistes tentent d'en savoir davantage, enquêtent, posent des questions, s'interrogent, fassent leur boulot en somme. Mais non, il ne se passe pas grand chose. Service minimum. Visiblement, "on" a choisi de ne pas faire trop de vagues. Alors le citoyen s'interroge : la pluralité de la presse est-elle en France si mal en point que les journalistes n'osent plus, ou ne peuvent plus faire déontologiquement leur travail ? Notre démocratie est-elle déjà à se point gangrénée, en état de décomposition avancée ? Car, on le sait bien, quand la presse n'est plus tout à fait libre, ce sont nos libertés individuelles qui sont menacées.
Un ex-ministre, tout juste démissionnaire, explique qu'un autre ex-ministre, candidat à la Présidence de la République, l'a insulté et menacé. Mais voilà, l'un se nomme Azouz Begag (faut-il prendre un arabe au sérieux, fut-il ministre ?) et l'autre Nicolas Sarkozy (faut-il se fâcher avec un homme qui a le bras si long, la rancune si tenace et une conception de la liberté de la presse toute personnelle ?), et voilà cette presse, qui n'en manque jamais une occasion de faire des gorges chaudes de son indépendance, qui se couche lamentablement, évoque rapidement le sujet et passe rapidement à autre chose en serrant les fesses. Mais au-delà de cette pitoyable démission, c'est le scandale qu'il est nécessaire de souligner.
On se souvient en effet des chous-gras dont cette même presse s'était empressé de faire lorsque Eric Besson a publié son brûlot contre Ségolène Royal.
Et puis on se souvient des procès en incompétence qui ont été dressés à l'encontre de cette même Ségolène Royal, et du silence assourdissant autour des déclarations d'un Nicolas Sarkozy encore Ministre de l'Intérieur et néanmoins incapable de dire si les dirigeants d'Al Qaïda étaient sunnites ou bien chiites, pour ne citer que cet exemple.
On se souvient également qu'après avoir glosé pendant de longues semaines sur un programme de Ségolène Royal, qu'on en finissait pas d'attendre, disait-on, il n'y eut pas un mot concernant celui de Nicolas Sarkozy qui n'a finalement été publié que... il y a moins de dix jours !!!
Et puis il y a eu ce comuniqué de presse de la Société des Journalistes de France 3, dénonçant les propos tenus par M. Sarkozy à l'égard d'une rédaction qu'il fallait selon lui "virer" :"Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ca ne va pas tarder". On n'a alors que peu entendu leurs confrères, à ces journalistes-là. Peu se sont empresser pour relayer leur déclaration d'indépendance. Soudain, la solidarité professionnelle n'a plus exister et chacun de baisser pudiquement les yeux, gardand des doigts tremblants sur la couture de pantalons qu'on devine dégoulinants.
Tout récemment, Nicolas Sarkozy dérape vers l'eugénisme, évoque sa conviction selon laquelle il y aurait pour l'homme un déterminisme génétique : "On nait pédophile", ne craint-il pas d'affirmer. Le suicide chez les adolescents ? C'est "parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable". Bref, conclut-il, "la part de l'inné est immense", rejoignant ainsi sans nuance des théories "sceintifiques" en vogue principalement au sein de l'extrême-droite et dont on connait les dérives potentielles. Là encore, service minimum de la part des médias traditionnels. On se garde bien d'appuyer, on évite de soulever la question, on contourne le débat. Surtout, pas de vagues...
Il semble même que le monde politico-médiatique dans son ensemble bruisse des colères et écarts de langages de M. Sarkozy, lesquels auraient tendance à se multiplier ces derniers temps. On en glose dans les salons et les dîners en ville, le candidat de l'UMP serait allé jusqu'à qualifier les citoyens en général, et les hommes de presse en particulier, "d'enc...", dit-on dans les milieux informés. Et chacun là encore de préférer se taire. Mais passons...
Un ministre de la république, délégué auprès du Premier Ministre et chargé de la Promotion de l'Egalité des Chances, nous confie que son collègue de l'Intérieur l'a traité de "salaud", a menacé de lui "casser la gueule", lui a demandé de "ne jamais plus lui serrer la main à l'avenir", évoque en prime le mépris dont lui témoignaient les proches du candidat de l'UMP, l'assaillant de violences verbales telles que "Allez, fissa, sors de là ! Dégage d'ici, je te dis, dégage !", allant jusqu'à lui marcher volontairement sur les pieds ; pour dire les choses clairement, cet homme nous confie en réalité qu'il a été traité au sein même du gouvernement de la République comme un "sale arabe" - c'est-à-dire comme sont traités quotidiennement nombre de nos concitoyens dont les origines peuvent se retrouver de l'autre côté de la Méditerranée -, mais ça n'interpelle pas ceux qui sont chargés d'informer les citoyens et de les éclairer quant au choix qu'ils auront bientôt à faire à l'occasion des présidentielles. Ça s'appelle une démission, ça s'appelle baisser son pantalon, c'est une honte et c'est un scandale. Honte pour une profession et scandale pour notre démocratie.
Ils ne sont pas responsables ? Ce sont les patrons de presse qui sont aux ordres, eux qui définissent la politique éditorial de leurs canards ? Qu'à cela ne tienne : rien n'empêche les journalistes d'ouvrir "le blog de la presse libre" et d'y publier, éventuellement sous un pseudo, les articles et les reportages qu'on leur a refusés. Ou qu'ils les adressent à Agoravox. Après tout, les journalistes sont aussi des citoyens, non ?
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On parle de : Le scandale d'une presse aux ordres
Sarkozy, candidat génétiquement inéligible
Dans le cerveau de Nicolas Sarkozy
Lors d'un entretien avec le philosophe Michel Onfray, Nicolas Sarkozy s'est laissé aller à commettre la déclaration suivante : "J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a mille deux cents ou mille trois cents jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense."
Avant d'aller au fond des choses, il est intéressant de noter cette faculté de Nicolas Sarkozy à enchaîner les mots plus vite qu'il n'est capable de penser, avançant au gré d'amalgames improbables. Ainsi en cinq phrases, il sera passé d'une question qui concerne la pédophilie en tant que pathologie qu'on ne sait soigner au cancer des fumeurs, tout en ayant fait un crochet par le taux de suicide chez les jeunes. Et chacun de ces trois thèmes particulièrement sensibles et complexes aura été traité par Monsieur J'ai-réponse-à-tout-sans-réfléchir en moins d'une phrase et demi et autant de formules lapidaires et définitives. Même accoudé à un comptoir en zinc, on a du mal à faire aussi expéditif. Nuancer son propos, douter une demi-seconde, s'informer ? Vous plaisantez ! Qui a le temps pour de telles fadaises ?
Et puis encore, avant de commenter cette prise de position particulièrement révélatrice, il faut ici également se souvenir de ce projet de plan de prévention de la délinquance élaboré par le même Nicolas Sarkozy qui prônait, notamment, une détection très précoce des « troubles comportementaux » chez l’enfant, censés annoncer un parcours vers la délinquance - lire à ce sujet : pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans.
Ainsi donc, le déterminisme génétique - on naît pédophile, on naît délinquant, on naît adolescent suicidaire... - est le credo de M. Sarkozy, reprenant de fait à son compte des théories extrêmement minoritaires et violemment contestés de quelques scientifiques d'extrême-droite pour lesquels la science est davantage un outil de propagande qu'on peut tordre à la convenance de ses idées, plutôt qu'une aspiration à élucider et à comprendre un peu l'Homme et son Univers.
Le généticien Axel Kahn a dénoncé, dans une tribune publiée par Marianne les propos du candidat UMP : "La vision d'un gène commandant un comportement complexe tel que ceux conduisant à l'agressivité, à la violence, à la délinquance, à la dépression profonde avec dérive suicidaire, est ridicule et fausse". Pour M. Kahn, "cette conviction réaffirmée par le candidat de l'UMP à l'Elysée confirme ses liens idéologiques avec la nouvelle droite".
Oui, il s'agit bien d'idéologie, une manière de concevoir le monde et donc l'action politique. Quelle place en effet accorder à des politiques de prévention dans un monde où le déterminisme génétique nous surpasse ? Dans un tel monde, il suffit de dépister puis de réprimer, afin d'empêcher de nuire ceux qui sont prédestinés à nuire. Inutile non plus, dans un tel monde, de s'interroger sur les origines de la délinquance, d'y chercher des causes exogènes, sociales par exemple, puisque qu'il y a ceux qui ont en eux la délinquance et les autres, et qu'il s'agit d'empêcher les premiers de nuire au second. Et l'on comprend alors cette obsession du candidat de l'UMP a catégoriser les français en deux camps qui s'affrontent, les uns, déviants, menaçant la tranquillité des autres, les honnêtes gens. Il suffit d'être ferme et d'enfermer les uns pour protéger les autres. Car s'il y a un déterminisme génétique de la délinquance, inutile d'une part de chercher à empêcher un enfant de sombrer dans la délinquance, inutile d'autre part de chercher à l'en sortir une fois qu'il a sombré : ni prévention, ni réhabilitation. Il ne suffit que de réprimer.
Oui, c'est une idéologie, car ce raisonnement qui s'applique ainsi à la délinquance lorsque l'on est ministre de l'Intérieur, il peut s'appliquer bien plus généralement si l'on devient président de la République. Il y aurait donc le gène de la pédophilie, le gène de l'adolescent suicidaire, le gène du cancéreux. Mais certainement aussi bien le gène de celui qui ne veut pas travailler plus. Et le gène de celui qui préfère vivre de l'assistanat quitte à coucher dehors. Et le gène de l'immoralité gauchiste qui place celui qui en est "atteint" du côté des fraudeurs. Et le gène du démagogue outrageusement avide de pouvoir... ha non, je ne sais pas s'il existe celui-là.
Et d'ailleurs, puisque l'on transmet ses gènes, il est bien normal de transmettre en exonération d'impôts l'ensemble du patrimoine que le gène du mérite vous a permis d'acquérir... puisqu'il faut récompenser le mérite, c'est-à-dire son gène que l'on aura sans aucun doute préalablement transmis à ses enfants, qui de ce fait sont méritants avant de s'être même levé tôt le matin et d'avoir travaillé un peu.
Oui, M. Kahn, le mot est juste, tout ceci est tout à fait "ridicule". Ce serait même tout à fait risible, si l'inculture crasse qui préside à cette terrifiante idéologie du déterminisme génétique n'était l'apanage d'un très sérieux candidat aux prochaines élections présidentielles françaises. Si au moins l'on pouvait miser sur un gène de la défaite électorale dont Nicolas Sarkozy serait "infecté"...

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On parle de : Sarkozy, candidat génétiquement inéligible
Exclusif : le "psychosondage"
On le sait nerveux, complexé, perclus de tics, colérique, animé d'une soif de revanche obsessionnelle, démesurément ambitieux, psychologiquement instable, émotionnellement fragile, atteint d'une névrose paranoïaque sévère, dévoré par une susceptibilité irrépressible et un égo pathologiquement surdéveloppé... : voteriez-vous pour un personnage auquel on pourrait penser à la lecture d'une telle description ?
C'est l'objet des deux petites question de notre sondage.
On parle de : le "psychosondage"
La "bonne blague" de la porte-parole de Nicolas Sarkozy
Rachida Dati et "le ministère de la rénovation urbaine à coup de karcher"
Rachida Dati, porte-parole de Nicolas Sarkozy, oublie la caméra et se lâche en évoquant son prochain portefeuille ministériel... celui de “la renovation urbaine à coup de karcher”. Un off qui illustre fort significativement l'état d'esprit qui règne dans l'état-major de campagne sarkoziste.
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On parle de : La "bonne blague" de la porte-parole de Nicolas Sarkozy
Le long chemin de la compromission et du reniement
Sarkozy, une ambition qui passe par le Front National
De toute évidence, Sarkozy a compris que trop nombreux sont aujourd'hui les français déterminés à se dresser sur sa route vers l'Elysée, car conscients du danger qu'il représente. Non seulement ses intentions politiques sont à la fois économiquement inefficaces et porteuses de destruction de ce qui reste à la France de lien social, mais sa fragilité psychologique, son égo surdimensionné et sa soif de revanche contre tous et contre chacun en font un petit Napoléon colérique incapable de maîtriser ses nerfs, indigne de représenter la France sur la scène internationale et qui risque fort de déraper à la première difficulté - que celle-ci vienne de l'intérieur, par exemple d'une jeunesse française qui ne se laissera pas longtemps maltraiter, ou de l'extérieur, et on sait les tensions et les menaces qui fragilisent les équilibres d'un ordre mondial de plus en plus précaire.
Mais Nicolas Sarkozy veut être Président. Depuis longtemps déjà il a résolu que rien ne l'arrêterait. Et l'homme a fait la preuve à mainte reprise de sa détermination à user de tous les moyens pour atteindre son graal. On comprend aujourd'hui que le Front National est ce moyen, qu'il lui faudra en passer par là. Nicolas Sarkozy sait aujourd'hui qu'il ne pourra se passer des 15 à 20% d'électeurs qui voteront Le Pen au premier tour. Ceux-là, au moins, il ne leur fait pas peur. Il y avait cependant quelques étapes à surmonter pour pouvoir espérer bénéficier de leurs éventuelles faveurs, c'est-à-dire d'un report satisfaisant de leurs voix. Ne pas leur faire peur était une chose, leur faire envie en était une autre.
Cela a donc commencé par un long travail de positionnement depuis son ministère de l'Intérieur. Ne revenons pas sur cette période, inutile de faire ici la liste de tous les gages donnés par le Ministre Sarkozy à cet électorat, depuis ses "dérapages" verbaux jusqu'aux lois répressives (ou projets de lois avortés comme autant d'effets d'annonce) censées lutter contre la délinquance et l'immigration (lutte dont on sait également combien elle a été inefficace)...
Il s'est agit ensuite de permettre la candidature de Le Pen en lui offrant sur un plateau les signatures qui menaçaient de lui manquer. Nicolas Sarkozy avait soudain réalisé que si le candidat frontiste avait été dans l'impossibilité de se présenter, il aurait été tenu comme premier responsable par un électorat qui risquait alors de lui en faire payer le prix, menace que Le Pen lui-même avait explicitement brandie. La présence de Le Pen était nécessaire afin qu'il capte cet électorat, du moins au premier tour...
Ne restait ensuite qu'à préparer le second. Il est évident que l'annonce d'un grand ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale fut la pierre angulaire de cette stratégie. On sait comme ces deux thématiques sont chères à l'extrême droite, comme on sait que cette idée amalgamante selon laquelle l'immigration serait une menace pour l'identité nationale est au coeur du succès électoral de Le Pen. Amalgame que ne contourne pas Sarkozy, bien au contraire, lorsqu'il déclare que «la politique de l'immigration, c'est l'identité de la France dans trente ans» (dans le Journal du Dimanche). Voilà donc qui était dit et qui ne pouvait que plaire aux électeurs de Jean-Marie le Pen, comme leur a sans aucun doute plu la posture sécuritaire du candidat Sarkozy face aux violences perpétrées Gare du Nord, taxant de laxistes toutes évocations de mesures de prévention qui permettraient d'éviter qu'on en arrive à de telles manifestations d'exaspération (qu'il ne s'agit en aucun cas d'excuser, qu'il s'agit bien évidemment de condamner, mais qui pour le moins peuvent interroger quant à l'échec d'une politique qui s'est principalement résumée en une posture des plus provocantes).
Mais voilà, cela ne suffira pas et Nicolas Sarkozy le sait bien. Il ne lui suffira pas de s'adresser à l'électorat du Front National par-dessus la tête de son président et candidat. Le Pen est un politicien redoutable qui ne se satisfera pas de quelques discours qui empruntent à ses thématiques pour laisser ses électeurs voler en masse au secours de l'élection de Sarkozy. Il en voudra bien davantage et l'on commence à comprendre que Sarkozy sera disposé à négocier tout ce qu'il sera nécessaire de négocier. Il est à ce titre intéressant de constater combien Le Pen prend soin déjà de distinguer Sarkozy d'un Chirac, déclarant qu'après des rapports bloqué par le second, une ère nouvelle pouvait s'ouvrir avec le premier, rendant envisageable une alliance entre la droite et l'extrême-droite. D'autres signes viendront dans les prochains jours et si au soir du premier tour il venait à l'idée de Le Pen d'appeler allusivement à voter Sarkozy, on saurait enfin à quoi ce dernier aura finalement sacrifié.

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On parle de : Le long chemin de la compromission et du reniement
La Nation selon Sarkozy
Sarkozy, casseur... de la Nation
Nicolas Sarkozy, qui n'en est plus à un amalgame près, lancé qu'il est dans sa stratégie de la stigmatisation, a déclaré : “[Les Français] devront choisir entre ceux qui ne veulent plus entendre parler de la Nation et ceux, dont je suis, qui exigent qu’on respecte la Nation”.
Passons cette fois sur un discours visant systématiquement là diviser les français en deux camps qui s'affrontent, ou qu'il voudrait voir s'affronter, et lisons attentivement ce qu'écrivait François Mitterrand, il y a seulement quelques jours, à propos de la Nation et de Nicolas Sarkozy :
Nicolas Sarkozy, et, pour être exact, M.Henri Guaino, l’homme qui lui écrit ses discours, ont décidé de s’approprier ces temps derniers la Nation. Ils vont même, chacun le sait, jusqu’à citer Jaurès. Pourquoi pas ? Il n’est jamais trop tard pour apprendre, encore faut-il comprendre.
La Nation, c’est une assemblée d’individus égaux en droit qui décide souverainement de son sort en s’en remettant au respect aux Droits de l’Homme et du Citoyen. La Nation offre les même droits à tous, libre à chacun d’en faire ce qu’il veut dans le respect des droits de l’autre. La Nation n’est donc pas un assemblage de communautés, de corporatismes, de clientèles à qui l’Etat octroie des droits à raison de leur particularisme tout en déniant ces mêmes droits à autrui. La Nation ne divise pas, elle rassemble. Sans exception. C’est dans ce sens qu’il faut entendre Jaurès lorsqu’il disait que la Nation, « c’est le dernier bien des pauvres ». La Nation offre, même au plus démuni de ses membres, les mêmes droits qu’au plus fortuné, mais elle ne lui accordera pas de droits particuliers à raison de sa pauvreté, ou de ses croyances, ou de ses opinions politiques, ou de ses mœurs, ou de sa religion… Et si la puissance publique intervient en ces domaines, ce sera pour rétablir l’égalité des droits qui serait, pour une raison ou pour une autre, menacée de disparaître entre membres de la Nation, situation qui mettrait en péril la Nation elle-même. Rétablir un ordre juste, en somme. Relisez ce que j’ai dit sur ces questions lors du tricentenaire de la révocation de l’édit de Nantes en 1985. Dans l’une des premières manifestations de l’esprit national, en 1598, Henri IV avait finalement accordé la liberté de religion. Il avait compris que faute d’égalité religieuse entre tous, les désordres et les guerres continueraient. Il appartenait à l’Etat de faire triompher ce qui n’était pas de l’ordre de la religion, de la foi, de la conscience individuelle, où l’Etat n’a que faire. Mais de l’ordre de la politique, dès lors que ce qui était en danger, c’était la Nation.
Je le déplore pour lui, mais c’est le contraire de ce que professe M.Guaino par la bouche de M.Sarkozy. Ce qu’ils appellent Nation, c’est l’opposition des uns aux autres, c’est la division des uns et des autres, qui mène inévitablement à l’oppression des uns par les autres.
- le 29 mars 2007, dans le blog de François Mitterrand
Bref, en politique comme ailleurs, il y a de grands hommes et des petits bonhommes. Sarkozy avoue lui-même que lire l'ennuie. Mais lire c'est comme manger de la soupe, ça aide à grandir...
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On parle de : La Nation selon Sarkozy
La jeunesse n'a pas d'âge !
De 7 à 87 ans, les jeunes ne voteront pas Sarkozy !
Un reportage que les médias traditionnels se seraient bien gardés de diffuser, n'auraient pas eu l'idée de réaliser... et qui pourtant, plein de sagesse et d'une lucide sincérité, pourraient contribuer au choix auxquels devront faire face les français dans maintenant moins de trois semaines. Six minutes qui font du bien à l'espoir :
On parle de : La jeunesse n'a pas d'âge
De François Mitterrand à Ségolène Royal
L'Esprit Tranquille
François Mitterrand s'est enfin décidé à entrer dans la campagne, et ce afin d'"aider Ségolène Royal à gagner cette élection présidentielle" ainsi qu'il le confesse lui-même dans son blog, prenant également soin de préciser ceci :
"Certes, je ne vous cache pas que la voir ainsi représenter le Parti Socialiste constitue pour moi une sorte d'étonnement. Mais que voulez-vous! Les socialistes sont incorrigibles. Je plains Laurent Fabius qui avait presque toutes les qualités pour y arriver. Mais bon... Tant qu'il n'aura pas convaincu que son humanité n'est pas feinte, rien ne sera possible. Cela dit, laissons là les regrets. L'heure est au combat. Si vous saviez comme je suis agacé de voir de quelle façon cette campagne se déroule"...
J'ai passé une bonne partie de la journée à me délecter de chacun des articles au cours desquels M. Mitterrand livre quotidiennement, et ce donc depuis le 10 mars, son sentiment sur la campagne présidentielle, ne craignant pas au passage d'égratigner méchamment l'un ou l'autre de ses protagonistes - de droite comme de gauche, qu'ils viennent du monde politique ou de la sphère journalistique... -, livrant également à notre gourmandise quelques informations croustillantes, tant il semble en effet que de là où il se trouve, il voit tout, entend tout et lit tout. Un régal ! Et je ne résiste pas à vous en livrer encore un extrait :
"Pour finir, je félicite le directeur du Point pour la photo de une qui orne la couverture de son journal cette semaine. Il s'agit d'un portrait de Ségolène Royal choisi avec soin, on le devine aisément. Moi aussi en mon temps, j’ai eu droit à ces amabilités photographiques de la part de la presse aux ordres. Moi aussi, je me suis retrouvé, plus souvent qu’à mon tour, à la une de magazines, l’air défait, la mine hâve, le regard hagard et l’air tellement absent que je finissais moi-même par me demander si le cliché en question n’avait pas été pris à mon insu, à la fin d’une garde à vue de quatre jours. Soumise à un traitement identique, Ségolène Royal a, malgré tout, un petit avantage sur moi, et qui la préserve du pire. Ils ne pourront jamais la photographier mal rasée."
Le blog de François Mitterrand
On parle de : De François Mitterrand à Ségolène Royal
Sarkozy : le bilan terrible de la répression généralisée
Sarkozy, fauteur de troubles et candidat du désordre républicain
Voilà donc où nous en sommes après cinq ans, une campagne présidentielle qui se joua sur le thème de l'insécurité et de la peur et un ministre de l'Intérieur qui n'a eu de cesse que de multiplier les déclarations fracassantes, voici donc une France dont les habitants se voient contraints de se dresser contre l'autorité et des informations des forces de l'ordre jugées abusives. Rue Rampal, la semaine passée, ce sont la directrice d'une école, ses enseignants et des parents d'élèves qui se sont opposés à l'arrestation d'un grand-père devant l'école où il était venu chercher sa petite-fille. Cette semaine, à la Gare du Nord, des usagers des transports publics ont protesté contre l'interpellation jugée "trop musclée" d'un passager qui n'avait pas son titre de transport. Deux faits qui témoignent avec force de cet état d'esprit qui règne aujourd'hui dans la population, entre peur, méfiance et ressentiment.
A la suite des violences qui se sont produites mardi soir à la gare du Nord, les syndicats des gardiens de la paix ont déclaré redouter "un véritable risque d'hystérisation des rapports police-jeunesse" (SGP-FO) et réclame que soit "comblé le fossé qui s'est creusé entre la police et les jeunes" (UNSA police). Quant à Nicolas Sarkozy, lui-même s'étonne que nous soyons devenu "le seul pays où l'on considère qu'arrêter quelqu'un parce qu'il ne paie pas son billet, ce n'est pas normal" : il a raison et peut-être pourrait-il s'interroger sur l'origine de cette singularité française qu'il constate benoîtement au lendemain de son départ d'un ministère où durant cinq années il a eu en charge la sécurité des français.
Lorsque l'autorité est abusivement répressive, elle génère un fort sentiment d'injustice, qui lui-même est générateur de désordre. Et c'est ainsi que M. Sarkozy a échoué. Loin d'apaiser les tensions, il les a exacerbées. Il a endossé le rôle d'un Père Fouettard grimaçant et menaçant, tonnant de sa grosse voix et faisant claquer puissamment son fouet. Mais les français ne sont pas des enfants que l'on menace et que l'on corrige, encore moins un troupeau de moutons que l'on guide au pas en faisant aboyer ses chiens. Un peuple est d'abord composé d'individus a priori responsables, et le moindre des respects est de les considérer comme tels. Assurer l'ordre ne peut et ne doit en aucun cas passer par la restriction des libertés individuelles, liberté d'aller et venir sans se sentir épié, surveillé, encadré, contrôlé, fiché et suspecté.
C'est pourtant cela qu'a mis en place M. Sarkozy : le soupçon généralisé. Quand on généralise à outrance les moyens de surveillance électronique, que l'on interdit aux jeunes de se réunir en bas de leur immeubles, que l'on autorise les contrôles d'identité systématiques, que l'on laisse se multiplier les contrôles aux faciès, que l'on rend pesante la présence policière, que l'on multiplie les interdits et qu'on place une chape de plomb sur les libertés individuelles, on provoque inévitablement un retour de suspicion, de la population à l'égard des forces de l'ordre. Parce qu'elles ne sont plus perçues comme celles qui protègent, mais comme une menace qui pèse sur chacun, ou pour le moins comme une entrave au "vivre ensemble".
Fidèle à sa stratégie, le candidat Sarkozy s'évertue depuis cinq ans à diviser les français. Il nous dit en substance ceci :
Si vous êtes innocents, vous n'avez rien à craindre. C'est de l'Autre que je veux vous protéger, à lui que je vais m'en prendre. Et si je vous surveille, c'est pour m'assurer que vous êtes bien l'innocent que vous prétendez. Et si je vous demande de me présenter vos papiers, c'est afin de vérifier que vous n'avez rien à vous reprocher. Et si cela vous arrive plus souvent qu'à d'autres, ce n'est certainement pas parce que vous habitez un quartier difficile, ni que vous êtes jeunes, ni que vous avez une tête d'arabe. Quelle est donc cette paranoïa ? On dirait presque que vous avez quelque chose à vous reprocher finalement. Allez, je vous embarque, on va contrôler tout ça...
Le glissement est inévitable et il est fatal que la population finisse par en ressentir toute l'injustice, et éventuellement exprime sa colère, conduisant à cette situation paradoxale où les forces de l'ordre deviennent de fait génératrices de désordres.
Soyons clair, il est parfaitement inadmissible de s'en prendre avec violence aux forces de police ou de casser des vitrines, et si le rôle d'un ministre de l'Intérieur est de faire en sorte de mettre les forces de l'ordre en situation de mettre fin à de tels agissements lorsqu'ils se produisent, et d'en arrêter les auteurs afin de permettre à la Justice de les juger, son rôle est aussi - et d'abord ! - de faire en sorte que de tels agissements ne se produisent pas. Il ne s'agit pas uniquement de rétablir l'ordre, mais de faire en sorte qu'il puisse se maintenir et perdurer. Il s'agit d'apaiser les tensions plutôt que de les exacerber. Or provocations, injustices, restrictions des libertés et soupçon généralisé ont été les instruments de la politique exclusivement répressive de Nicolas Sarkozy. Or provocations, injustices, restrictions des libertés et soupçon généralisé sont sources de tensions et de colères, en particulier parmi des populations qui vivent déjà l'exclusion sociale - car les exclure en sus de la citoyenneté est alors rajouter de l'injustice à l'injustice et fait nécessairement bouillir la marmite de la révolte. Et quand la révolte est le fruit d'une politique révoltante, le responsable de la révolte est l'instigateur et le grand ordonnateur de ladite politique.
Aux juges donc de sanctionner les auteurs des troubles à l'ordre public, aux électeurs de sanctionner le fauteur de troubles et de l'empêcher de conduire plus avant son entreprise de démolition du ciment républicain. Car comment imaginer aujourd'hui que, s'il devait se poursuivre cinq autres années, ce face à face entre Nicolas Sarkozy et une population qu'il n'a de cesse de stigmatiser et de provoquer ne puisse à terme trouver issue dans un dramatique embrasement ?
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On parle de : Sarkozy : le bilan terrible de la répression généralisée
A voir sur LaTeleLibre.fr
"LES POLICIERS SONT DANS LA RUE" : un reportage édifiant à voir sur LaTeleLibre.fr
Avec l’arrestation de la maternelle de la rue Rampal et les évenements de la Gare du Nord de ces derniers jours, le thème de l’insécurité a fait son entrée dans la campagne.
De son côté, l’UNSA-police, syndicat majoritaire des gardiens de la paix, a appelé les policiers à une “manifestation de ras-le-bol” à Marseille mardi 27 mars, à quelques pas du candidat de l’UMP, en visite dans la ville. Pourquoi le ras-le-bol ? Pourquoi ce refus massif de la politique des résultats et des primes au mérite ? Dans ce reportage vous trouverez un bilan de l’action du patron Nicolas Sarkozy à la Place Beauvau avec Joaquin Massanet, le secrétaire général du syndicat leader, réputé proche de la candidate Royal.
Le 27 mars, à l’appel de l’UNSA-police, syndicat autonome majoritaire des gardiens de la paix, les fonctionnaires de police (entre 4000 et 10000 ) sont venus de Lyon, Toulouse, tout le sud de la France pour défendre leurs revendications : retraites, effectifs, grilles de salaire, droit syndical et droit à manifester, et avant tout, remise en question de la culture du chiffre et du résultat imposée depuis quelques années par leur hiérarchie. Ils précisent ne pas inscrire leur action dans le débat idéologique gauche/droite.
Le contexte est chargé en ce moment pour les forces de l’ordre: des notes (datées du 7 au 20 mars) ont été révélées par l’UNSA police, selon lesquelles les CRS auraient reçu des consignes pour éviter certains quartiers avant l’élection présidentielle; l’affaire de la maternelle rue Rampal le 20 mars 2007, Nicolas Sarkozy quitte le ministère le 26 mars; les affrontements Gare du Nord le 27 mars…
Lorsque l'autorité est abusivement répressive, elle génère un fort sentiment d'injustice, qui lui-même est générateur de désordre. Et c'est ainsi que M. Sarkozy a échoué. Loin d'apaiser les tensions, il les a exacerbées. Il a endossé le rôle d'un Père Fouettard grimaçant et menaçant, tonnant de sa grosse voix et faisant claquer puissamment son fouet. Mais les français ne sont pas des enfants que l'on menace et que l'on corrige, encore moins un troupeau de moutons que l'on guide au pas en faisant aboyer ses chiens. Un peuple est d'abord composé d'individus a priori responsables, et le moindre des respects est de les considérer comme tels. Assurer l'ordre ne peut et ne doit en aucun cas passer par la restriction des libertés individuelles, liberté d'aller et venir sans se sentir épié, surveillé, encadré, contrôlé, fiché et suspecté.
C'est pourtant cela qu'a mis en place M. Sarkozy : le soupçon généralisé. Quand on généralise à outrance les moyens de surveillance électronique, que l'on interdit aux jeunes de se réunir en bas de leur immeubles, que l'on autorise les contrôles d'identité systématiques, que l'on laisse se multiplier les contrôles aux faciès, que l'on rend pesante la présence policière, que l'on multiplie les interdits et qu'on place une chape de plomb sur les libertés individuelles, on provoque inévitablement un retour de suspicion, de la population à l'égard des forces de l'ordre. Parce qu'elles ne sont plus perçues comme celles qui protègent, mais comme une menace qui pèse sur chacun, ou pour le moins comme une entrave au "vivre ensemble".
Extraits des notes révelées par l’UNSA :
Ordre de service - mission de sécurisation, signée du commissaire central d’Evry, M. Papineau, en date du 7 mars 2007 « Pour info : aucun contrôle dans les gares SNCF sans instruction expresse de M. le commissaire de permanence ».
Consigne pour les CRS du secteur, signée du commissariat du Raincy, datée du 20 mars 2007 : « les véhicules de Compagnies Républicaines de Sécurité doivent porter exclusivement sur le plateau de Clichy sous Bois. » « Afin d’éviter tout incident dans le secteur des Bosquets, il y a lieu de ne pas traverser ces lieux, et en particulier : la rue Cézanne, Picasso, Utrillo ».
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On parle de : LES POLICIERS SONT DANS LA RUE
Bayrou ou la stratégie du rien
Bayrou, le candidat des TSS
"Votez pour moi, et si vous ne le faites pas pour moi...
...faites-le contre eux"
Plusieurs sondages récents placent Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy a égalité dans les intentions de vote des français, au premier tour mais aussi en cas de second tour qui les opposerait... Une incertitude qui semble tomber à point pour un François Bayrou en perte de vitesse.
Car il semble bien que le candidat du centre soit allez au bout de ce qu'il était capable de récolter à gauche en tant que candidat rempart contre Sarkozy. La dynamique s'essouffle et le voici qui régresse dans les sondages. Ainsi voit-on, et en particulier sur internet , se développer le second pan de sa stratégie électorale : il s'agit maintenant d'appeler les électeurs de droite à éviter le pire et voter Bayrou pour faire barrage à Ségolène Royal.
Il est une chose qu'on ne peut enlever à François Bayrou, il a parfaitement tiré les leçons du 21 avril 2002 et de cet enfant du 21 avril que fut le 6 mai et les 82% obtenus par Chirac : il est plus facile de mobiliser contre que de mobiliser pour. Et le voici donc devenu le candidat du ni-ni : ni Sarko ni Ségo, un candidat qui prétend rassembler sur son nom à la fois les anti-sarkozistes et les anti-ségolénistes : "Vous souhaitez voter contre eux ? Votez pour moi !"
On verrait ainsi paradoxalement se regrouper derrière un même candidat les plus farouches adversaires de Sarkozy et les plus farouches adversaires de Royal. Tous les TSS réunis sous la bannière Bayrou : aux uns il sert le Tout Sauf Sarko, aux autres le tout sauf Sego. Et comme ce "tout" ce ne peut être que lui... puisqu'il ne propose rien.
Surtout ne rien proposer qui puisse effaroucher les français. Rien, c'est toute la stratégie de François Bayrou, le candidat de l'UDF comptant que les électeurs préféreront qui rien plutôt que Sarko, qui rien plutôt que Ségo. Stratégie habile, sans aucun doute, et qui si elle fonctionnait reviendrait à ce qu'en effet nous ayons voté... pour rien !
Voir aussi : La tentation Bayrou ou le vote inutile
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On parle de : Bayrou ou la stratégie du rien
La douteuse stature d'un Homme d'Etat
Sarkozy "off" et la réalité maquillée
(article pompé sur agoravox)
"Personne n’est là pour m’accueillir. Toute cette direction il faut la virer. Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ça ne va pas tarder". Tels sont les propos menaçants que Nicolas Sarkozy a tenu envers la direction de France 3 dans les couloirs du siège de France Télévisions le 18 mars (source: Le Canard enchaîné).
Il paraîtrait que le candidat de l’UMP aurait "changé". Il paraîtrait qu’il serait devenu calme, cool, zen. Il paraîtrait qu’il aurait appris à dominer son agressivité, à maîtriser son impulsivité, à contrôler son tempérament coléreux. C’est en tout cas l’image qu’il tente de donner de lui-même lors de ses prestations audiovisuelles. Bon acteur, il parvient assez bien et la plupart du temps à donner le change.
En fait, cette image rassurante ne correspond à aucune réalité. Nicolas Sarkozy n’a pas changé. Evidemment, cela ne se voit pas à la télé. Normal, puisque ce média fonctionne avant tout sur l’image ? Oui et non. Il y a l’image "on", celle filmée en studio, et l’image "off", celle que l’on pourrait filmer dans les couloirs ou dans les salles de maquillage.
Imaginez qu’un cameraman ait filmé ce qui s’est passé dans les locaux de France 3 le 18 mars à 19h30, peu avant le début de France Europe Express, l’émission animée par Christine Ockrent, dont l’invité est le candidat de l’UMP. Imaginez qu’en un geste inouï de courage et de déontologie journalistique et citoyenne, la rédaction de cette chaîne aie décidé de programmer ce reportage brut de décoffrage juste après l’émission.
Voilà ce que vous auriez vu en "off" : Nicolas Sarkozy entre dans le hall d’accueil au pas de charge, hyper speedé, l’air renfrogné, entouré d’un tas de gorilles qui le dépassent de deux têtes, de sa cour de conseillers toute en courbettes et de sa maquilleuse attitrée. Il est accueilli par des journalistes qui l’accompagnent jusqu’à la loge de maquillage, dont les fauteuils sont déjà tous occupés par les autres invités de l’émission (Laurence Parisot, présidente du Medef, Martin Hirsch, président d’Emmaüs France et Julie Coudry, présidente de la Confédération étudiante) en pleine séance de poudrage antisueur. On lui demande donc de patienter.
Patienter, lui ? Pas question. Il pique aussitôt une de ses colères coutumières et hurle : "Je ne veux pas attendre plus longtemps, je veux me faire maquiller tout de suite". Essayant de le calmer, les journalistes lui expliquent qu’il doit attendre son tour vu qu’il n’y a pas d’autre loge de maquillage. Nouveaux hurlements d’un Sarkozy déchaîné : "Mais enfin, il n’y a personne pour m’accueillir. La direction n’est pas là ? Ce n’est pas normal. Qu’est-ce qu’ils font ? Qui suis-je pour être traité ainsi ?"
C’est vrai, quoi. Ce n’est pas n’importe qui. C’est Sa Majesté Nicolas Sarkozy, le grand homme (sic) avec lequel tout devient possible. A-t-il un instant pensé à envoyer ses gorilles déloger brutalement l’un des invités pour prendre sa place ? La caméra ne le montre pas. Par contre, elle zoome sur le candidat de l’UMP. On le voit faire un signe de la main autoritaire en direction de ses gorilles et de Franck Louvrier, son conseiller en communication en nage et tétanisé. "Franck, on s’en va", lui dit-il d’un ton sec et énervé. Il se dirige vers la sortie. Tétanisés eux aussi, les journalistes téléphonent à Christine Ockrent qui prépare son émission sur le plateau et la supplient de venir. Elle refuse et leur répond que Sarkozy "fait sa diva".
Furieux, escorté de ses gorilles et conseillers, Sarkozy est déjà dans les couloirs, se dirige vers la sortie et pète un câble : c’est alors qu’il prononce les phrases qui débutent cet article. Du coup, Ockrent radine à toute vitesse pour essayer de calmer l’homme qui a "changé" et l’accompagne, toujours fulminant, dans une loge de maquillage de France 2 où sa maquilleuse personnelle le talque tandis qu’il s’empiffre de petits fours initialement destinés à Marie-George Buffet, invitée d’une autre émission ce soir-là. Apparemment ça le calme puisqu’à 23h15, quand commence France Europe Express, il est cool, zen, poudré et souriant. Un beau rôle de composition de cabotin.
Mais il n’y a pas eu de caméra cachée pour filmer tout ça. Dommage pour les citoyens que nous sommes...
Ce genre d’anecdotes révélatrices du personnage, il y en a chaque semaine dans le Canard enchaîné, qui n’est pas qu’un "hebdomadaire satirique", comme on dit, mais surtout un journal extrêmement bien informé et qui ne fait de cadeau à aucun homme politique. Avant et après ses prestations médiatiques, Sarkozy pète quasi systématiquement les plombs et entre dans des fureurs noires pour un oui ou pour un non. On sait qu’il a déjà usé et abusé de son pouvoir de ministre de l’Intérieur pour faire interdire un livre sur sa femme Cécilia, pour faire vider le directeur de la rédaction de Paris Match à cause d’une couverture qui lui avait déplu. A présent, à cause d’une banale affaire d’attente dans une loge de maquillage, il menace de virer l’équipe de direction d’une chaîne de télévision publique pour la remplacer par des hommes à sa botte dès qu’il sera élu.
Si Nicolas Sarkozy devient président de la République, il est clair que la liberté d’information sera en danger. C’est très grave.
En tout cas il n’a pas "changé". En "off" (c’est-à-dire en "réalité") il est toujours aussi coléreux, impulsif, agité, agressif et irréfléchi. Ce n’est pas vraiment ce genre de "qualités" qu’on attend d’un homme qui aspire à la plus haute fonction à la tête de l’Etat. Il faut une certaine maîtrise de soi pour diriger un pays et par conséquent être susceptible d’avoir à gérer de graves crises qui demandent d’autres réactions que des crises de nerfs.
L'article se suffit presqu'en lui-même tant il confirme toutes les inquiétudes que l'on peut nourrir sur ce personnage quant à sa capacité à assumer la charge à laquelle il postule. Pourtant, un commentaire a été posté sur Agoravox, à la suite de cet article, qui mérite une attention particulière. Je le reproduis également :
Fou ? Encore faudrait-il définir la signification du terme.
En ce qui concerne N. Sarkozy, les choses semblent relativement claire pour le thérapeute que je suis.
Il présente les principales caractéristiques d’une névrose paranoïaque: très grande susceptibilité, ego surdéveloppé de façon pathologique, très grande méfiance envers autrui, jugement altéré, etc. La névrose peut se traiter par des séances de psychothérapie: analyse ou autres. Il est assez symptomatique que N. Sarkozy refuse tout débat avec ses concurrents, attaqué sur ses points psychologiquement faibles (ego, susceptibilité,etc), il pourrait craquer et montrer alors sa vraie personnalité. Je le crois assez intelligent pour s’en rendre compte. Cela dit, une névrose est un mal relativement bénin, qui n’a comme effet qu’un caractère assez désagréable pour l’entourage.
La psychose, en l’occurrence la paranoïa déclarée, c’est toute autre chose, c’est ce que le commun des mortels appelle la folie. C’est une maladie mentale grave, nécessitant, le plus souvent une hospitalisation ou, pour le moins, un traitement médicamenteux sérieux. Le tout doublé d’une approche psychothérapie classique.
Dans le cas de N. Sarkozy, nous n’en sommes qu’à une phase de névrose. Malheureusement, sous l’effet d’une brusque décompensation, un névrosé, qui est parvenu à un certain équilibre grâce à des béquilles psychiques, peut passer brutalement passer à la psychose par exemple, sous l’effet du stress. Peut-on prendre le risque de confier le bouton des armes nucléaires à un tel sujet ?
Oui, décidément, non seulement cet homme représente pour la France un danger de régression économique et social, mais également une menace sur les valeurs de la République et sur le rang international que la France se doit de tenir, non pas tant pour ce rang en lui-même, mais plutôt pour le rôle qu'il s'agit pour la France de jouer en Europe, et avec l'Europe, dans le Monde. Les enjeux planétaires sont considérables. Il est à craindre que l'ego surdimensionné et paranoïde de Nicolas Sarkozy puisse à l'occasion se révéler catastrophique. A l'heure de choisir, il sera de la responsabilité de chaque électeur de s'interroger : en regard des enjeux, est-il envisageable de courir ce risque ?

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On parle de : La douteuse stature d'un Homme d'Etat
La tentation Bayrou
Bayrou ?... Non plus !
On peut être de droite, penser Tout sauf Sarkozy et choisir de voter Bayrou au premier tour.
On peut être de droite, ou pas d'ailleurs, se sentir une forte proximité avec le projet politique de Bayrou et voter pour lui au premier tour.
Mais ce qui me semble une aberration est de se sentir de gauche et d'adopter cette forme nouvelle de vote utile consistant à anticiper sur les résultats du second tour pour voter Bayrou parce qu'il serait le seul en mesure de battre Sarkozy.
Une nouvelle forme de vote utile : Ce qui jusqu'aujourd'hui était nommé vote utile consistait à renoncer à voter au premier tour pour le candidat le plus proche de ses idées au motif qu'il n'aurait aucune chance de figurer au second tour. C'était choisir alors d'exprimer un choix utile afin de favoriser la présence au second tour d'un candidat de "second choix". Il s'agirait donc maintenant, considérant des sondages de second tour, réalisés alors même que le premier ne s'est pas encore déroulé, de se reporter sur un candidat de "troisième choix" afin d'éviter la victoire du "quatrième choix" !?
Où va la démocratie ? Déjà en 2002, nous avions pris la responsabilité de voter à droite au second tour afin d'éviter l'élection du candidat de l'extrême droite. Il nous faudrait donc maintenant voter à droite dès le premier tour afin d'accroître - croit-on savoir [sic...] - les chances d'éviter l'élection de l'autre candidat de la droite... S'il s'agissait la première fois de défendre la démocratie, le bouchon est poussé cette fois si loin que nous ne serions pas loin d'aboutir à l'inverse : un dévoiement de la démocratie, la gauche n'ayant en France d'autre utilité électorale que d'arbitrer entre les candidats de la droite.
La droite a-t-elle des responsabilités ? Il faut battre Sarkozy, nous en sommes d'accord. Mais nous avons deux tours pour y parvenir. Battre Sarkozy dès le premier tour, c'est de la responsabilité de la droite : qu'elle choisisse son candidat, la gauche choisira le sien. C'est bien à cela que sert un premier tour : choisir. Et au second, on élimine : si Sarkozy est encore dans la course, parce que la droite l'aura choisi, la responsabilité de battre Sarkozy se reportera alors sur l'ensemble des français. Tel est le processus démocratique qu'il nous faut respecter.
A chaque tour sa campagne : Il s'agit pour l'heure d'une campagne de premier tour, première étape du processus démocratique et qui a son importance. Il s'agit que les candidats présentent leurs projets et que les électeurs, sur la base de ces projets, et éventuellement des chances respectives des différents candidats d'accéder au second tour, de choisir qui accédera effectivement au second tour. Il est essentiel au débat démocratique que ce premier tour se déroule. Or opter pour un vote pseudo-utile à trois bandes revient à se projeter directement dans le second tour et occulter le premier et les débats qui doivent s'y tenir. C'est se placer dans ce temps médiatique qui digère tout avant même de s'être nourri, au détriment du temps démocratique qui devrait s'imposer à nous, un tour après l'autre.
Les sondages en question : Nous savons maintenant, parce qu'il y a eu le 21 avril, parce qu'il y a eu le referendum sur le Traité Constitutionnel Européen, parce que depuis quelques semaines l'alerte est donnée - voir en particulier le site des sondés menteurs -, nous savons combien il faut de manière générale être méfiant à l'égard des sondages. Nous savons que les mesures des intentions de vote concernant le premier tour, non seulement devraient être regardées avec des marges d'erreurs de 4% en sus et en moins, mais également que les techniques utilisées pour redresser les données sont elles-mêmes plus que douteuses. Nous savons qu'il nous faut prendre les résultats des sondages concernant le premier tour des élections avec beaucoup de prudence et même de suspicion. Nous savons ainsi qu'à l'heure actuelle, il est tout à fait impossible de dire qui de Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Ségolène Royal arriveront en tête.
Nous savons tout cela et pourtant nous irions accorder la moindre crédibilité à des sondages portant sur un second tour avant même que la campagne de premier tour n'aie eu l'occasion d'aller à son terme ? Ce serait tout de même très étrange, et c'est oublier qu'au lendemain même du premier tour, le 23 avril au matin, tout aura été chamboulé, des dynamiques auront été créés, une situation politique nouvelle sera apparue et une nouvelle campagne débutera. Les cartes auront été redistribuées et seuls les sondages qui prendront en compte cette nouvelle situation seront en mesure d'obtenir une quelconque crédibilité.
Les sondages sont aujourd'hui dans l'incapacité de rendre compte d'une réalité politique qui n'existe pas encore. Il serait parfaitement aberrant de déterminer son vote de premier tour sur de telles bases : des mesures concernant une opinion qui ne s'est pas encore formée à propos d'une réalité qui n'existe pas encore. Aberrant et politiquement irresponsable.
La gauche n'a en réalité d'autre solution que de croire en elle-même, c'est-à-dire en sa capacité à mettre Ségolène Royal en situation de battre Nicolas Sarkozy au second tour. Sa seule chance est que cette campagne-là, celle du second tour, aie bien lieu - et il sera temps alors de jeter un rapide coup d'oeil sur les sondages. D'ici là, l'évidence est que ces sondages de second tour n'ont absolument aucune signification... et diffuse doucement l'âcre odeur de la manipulation !
Ne nous y laissons pas prendre. Ce serait une fois de trop...
Bayrou, candidat inutile ? Il reste ceci, cependant. J'ai été de ceux qui, s'emballant sans doute un peu trop, ont crû à l'éventualité de la présence d'un Bayrou au second tour. Non pas en imaginant qu'il passerait devant Ségolène Royal, mais parce que j'avais pensé que la droite finirait par le préférer à Nicolas Sarkozy. Il semble que la droite ne soit pas si responsable, ou ne parvienne pas à réaliser combien Sarkozy est dangereux pour la France. C'est en tout cas ce que semble indiquer les derniers sondages : pour BVA, Bayrou n'obtient plus que 17% des intentions de vote, contre 21% une semaine plus tôt, tandis que dans le même temps IPSOS quotidien lui accorde 18,5% là où il en obtenait 24.
Une telle situation, si elle perdurait et s'amplifiait, aurait pour le moins l'avantage de clarifier un peu les choses en décrédibilisant par avance l'éventualité de la présence au second tour d'un candidat dont on voudrait aujourd'hui nous convaincre qu'il serait un rempart plus crédible que n'en serait celle qui deviendra la candidate de la gauche. Incapable d'atteindre le second tour, il sera plus facile à plus de citoyens de se convaincre que voter Bayrou est tout à fait inutile - sinon pour les électeurs de droite à faire battre Sarkozy dès le premier tour.
Mais la droite sera-t-elle capable d'un tel sursaut, sachant que Bayrou adopte une stratégie contraire en feignant de n'en être point ?
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On parle de : La tentation Bayrou
Sarkozy n'aime pas la démocratie participative
"Votez pour moi... et puis taisez-vous !"
En meeting hier soir dans l'Essonne, Le candidat de l'UMP et du MEDEF s'en est pris à la démocratie participative préconisée par Ségolène Royal ain de renouveler les pratiques politiques. Pour l'autoritariste presqu'ex-ministre de l'Intérieur, la démocratie participative serait "la fin de toute volonté politique". "C'est la fin de la politique qui prend ses responsabilités. Il faut avoir le courage d'appeler les choses par leur nom, leur démocratie participative ce n'est pas le remède contre la dictature de la pensée unique, c'est la fin de la démocratie représentative dans le soupçon généralisé", a-t-il affirmé, ajoutant enfin pour enfoncer le clou que "Leur démocratie participative ce n'est pas une nouvelle manière d'associer le peuple aux décisions qui le concernent, c'est juste la forme ultime de la démagogie".
Avant de commenter cette prise de position radicale, référons-nous à ce qu'on peut trouver sur Wikipedia à ce sujet. Tout d'abord une définition : La démocratie participative recouvre des concepts permettant d'accroître l'implication et la participation des citoyens dans le débat public et la prise de décisions politiques qui s'en suit [...] l'objectif étant que toutes les mesures soient prises avec l'accord de la majorité des personnes concernées et dans le sens du "bien commun". Etant ensuite précisé que les fondements d'une démocratie participative sont :
1- un droit étendu et fréquent de vote, qui permet de fournir directement l'initiative législative aux citoyens ;
2- la concertation dynamique, qui se traduit par des débats libres de fonction professionelle et/ou institutionelle, traitant tant les décisions à une échelle locale que celles ayant un impact national ;
3- une organisation du système économique et social garantissant que toutes les idées constructives originelles et originales des habitants seront examinées d'une façon efficace.
C'est l'absence d'un tel système qui provoque souvent l'échec des expériences, par découragement des citoyens et des élus.
Il est en définitive assez aisé de comprendre les motivations profondes de M. Sarkozy : sa conception de la politique se résume à se faire élire sur un programme qu'il maquille soigneusement, jusqu'à pratiquement le dissimuler, de manière à créer une illusion qui puisse plaire à une majorité, pour une fois élu être en mesure de l'appliquer brutalement en ne s'embarrassant pas au cas par cas de l'avis des citoyens qui en votant auraient terminé de jouer leur rôle. En caricaturant à peine, le candidat libéral considère que le peuple est une entrave à l'action et souhaite en conséquence que nous lui votions les pleins pouvoirs.
Or c'est en cela précisément que l'homme est dangereux. Sarkozy a l'incroyable prétention de détenir la Vérité Politique, prétention qui confine souvent à une tentation totalitariste. Il nous en a fourni plusieurs fois l'exemple en tant que Ministre de l'Intérieur, ne craignant pas de réduire les libertés individuelles au prétexte d'assurer la sécurité publique. Ainsi :
- dans sa lutte contre la délinquance, il n'a pas craint d'élaborer des lois liberticides incluant l'extension du fichage génétique ou la détection des comportements déviants chez des enfants dès leur plus jeune âge ;
- dans sa lutte contre le terrorisme, il propose une loi dont l'objectif affichée est d'"être à l’écoute de tout, et si possible savoir tout"... et tant pis pour les atteintes à la vie privé ou la présomption d'innocence ;
- dans sa lutte contre l'immigration, il fait expulser en masse des hommes et des femmes dont les enfants sont nés en France, et se prononce maintenant de limiter de manière drastique le regroupement familial : c'est l'intérêt supérieur supposé du pays qui passe comme un rouleau compresseur au mépris de milliers de vies brisées et renvoyées à leurs souffrances ;
- et quand on lui parle de la surpopulation carcérale, il répond "je n’ai jamais compris cet argument car après tout, mieux vaut voir les délinquants en prison que dans la rue ", au mépris de tout principe de dignité humaine.
Ce ne sont là que quelques exemples - je n'ai ainsi pas parlé de sa conception de l'indépendance de la justice - afin d'illustrer combien pour cet homme la fin justifie les moyens : aucun principe n'est indépassable en regard de ce qu'il considère être l'efficacité de l'action. Liberté, Egalité, Fraternité, Solidarité ne sont en aucun cas des références pour lui, plutôt des obstacles qu'il ne faut pas craindre à l'occasion de piétiner. La participation active des citoyens aux décisions politiques ne saurait donc être considérée que comme un frein par cet homme sans mesure : Votez et puis taisez-vous !, nous dit-il en substance. Telle est sa vision de la démocratie, un passage obligé pour accéder au pouvoir, comme une sorte de mauvais moment à passer... Moins de démocratie afin qu'en effet, tout lui devienne possible. Tout et même le pire !
Votez et puis taisez-vous ! : "Votons et faisons le taire" semble être la réponse qui s'impose.
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On parle de : Sarkozy n'aime pas la démocratie participative
Sondage IFOP du 19 mars : quand Sarkozy se jospinise...
Dimanche, l’IFOP livre sa dernière production : Sarkozy continue de chuter. On regarde de plus près et on constate qu’en un mois, le candidat de l’UMP a en effet perdu une intention de vote sur quatre. On écoute la radio, on regarde la télé... Non, rien. Au contraire, lundi matin, nous voilà inondé par un autre sondage, de TNS-SOFRES celui-là, et qui semble démentir le premier. Et cette fois tout le monde en parle. Sauf qu’il a été réalisé deux jours avant. On s’interroge : Sommes-nous bien informé ? Nous manipulerait-on ?
Sarkozy dévisse lentement
Reprenons donc dans l’ordre de la chronologie sondagière - la chronolgie médiatique étant des plus suspectes. Un sondage de la SOFRES, réalisé les 14 et 15 mars dernier, donne Sarkozy à 31% (contre 27% une semaine plus tôt), Royal à 24% (contre 25,5%) et Bayrou à 22% (contre 23%). Au second tour, Sarkozy l’emporterait contre Royal avec 54% (contre 52% la semaine précedente). Voilà donc ce que présente la presse ce lundi matin, insistant sur le fait que le candidat de l’UMP creuserait l’écart.
Restons dans un premier temps sur ce sondage et regardons les choses de plus près :
Il est en réalité aisé de constater que TNS-SOFRES a toujours placé très haut Nicolas Sarkozy dansles intentions de vote (au-dessus de 30%) et qu’en la matière le sondage de la semaine dernière faisait plutôt figure d’exception (un accident due à la marge d’erreur ?) et ne peut en aucun cas servir de référence. Au contraire, même chez cet institut très favorable à Nicolas Sarkozy, on pourrait éventuellement observer un léger tassement : mesurées à 35% en janvier, puis à 33% en février, les intentions de votes sont mesurées en mars à 31% (et 27% la semaine dernière) : au minimum, on peut évaluer que, selon cet institut, Nicola Sarkozy perd deux points par mois.
Mais il y a pire nouvelle concernant le très prochainement ex-ministre de l’intérieur. Le sondage IFOP, réalisé les 16 et 17 mars, ne lui accorde plus que 26% des intentions de vote, contre 28% la semaine précédente, et 33,5% un mois plus tôt ! Soit une chute de 7,5 points en un mois, ce qui correspond bel et bien à une perte de près d’une intention de vote sur quatre pour le candidat de l’UMP ! L’IFOP observe d’ailleurs que "Nicolas Sarkozy enregistre son plus mauvais score depuis le début de l’année".
A ce jour, compte tenu des marges d’erreurs, il est en réalité tout à fait impossible de dire lequel de Sarkozy, Royal et Bayrou serait absent d’un second tour. Les intentions de vote en faveur de Nicolas Sarkozy sont mesurées par l’IFOP dans un intervalle situé entre 22 et 30%, celles en faveur de Ségolène Royal dans un intervalle situé entre 20 et 28%, et celles de Bayrou entre 18,5 et 26,5% :
Les évolutions observées illustrent combien l’indétermination est grande entre ces trois candidats. Pis, si les tendances actuelles se poursuivaient, Nicolas Sarkozy pourrait bien être le grand battu du premier tour.
Une analyse identique pourrait être faite concernant le second tour, l’IFOP donnant Sarkozy l’emportant sur Royal avec seulement 51,5% des intentions de vote. C’est dire, compte tenu là encore de marges d’erreur avoisinant les 4%, combien les résultats des sondages concernant cet éventuel tour sont insignifiant. D’autant plus, ne cessons pas de le répéter, qu’un sondage portant sur un second tour alors même que le premier tour ne s’est pas encore déroulé, et qui plus est dans une situation on ne peut plus incertaine concernant ce premier tour, n’ont absolument aucune signification.
Mais deux autres faits méritent d’être commentés à l’analyse des résultats du sondage de l’IFOP :
Le Pen en embuscade...
Depuis la mi-février Jean-Marie Lepen aurait gagné 4 points d’intentions de vote, le haut de sa fourchette se situant aujourd’hui selon l’IFOP à 18%, soit seulement quatre points en-dessous du bas de la fourchette de Nicolas Sarkozy...
Il serait cette fois encore irresponsable de ne pas mentionner, encore plus d’écarter l’hypothèse d’une éventuelle présence du candidat frontiste au second tour. Hypothèse improbable et néanmoins crédible pour peu qu’on veuille bien prendre les résultats des sondages en considérant les marges d’erreurs, tels par exemple qu’ils sont présentés et mis à jour en temps réel sur le site des menteurs.
Ségolène Royal pénalisée par les machistes ?
Enfin, le fait remarquable de ce sondage réside dans la grande disparité des intentions de vote exprimées en faveur de Ségolène Royal entre les hommes et les femmes.
Si moins de 20% des hommes expriment l’intention de voter pour la candidate de gauche, ce sont près de 30% des femmes qui expriment cette même intention. Pour ce qui concerne Sarkozy et Bayrou, les intentions de vote se répartissent de manière équilibrée entre hommes et femmes (25 et 26% pour Sarkozy, 21 et 24% pour Bayrou). Une telle disparité ne se retrouve en réalité que pour ce qui concerne Le Pen - pour lequel à l’inverse ce sont 20% des hommes qui expriment l’intention de voter, contre seulement 8% des femmes.
Le résultat des élections présidentielles sera-t-il le fruit d’un machisme latent des français ? C’est probablement une des questions essentielles que soulèvent les résultats de ce sondage. On peut là encore grandement s’étonner que les médias traditionnels puissent s’autoriser à passer sous silence cette information pourtant, sinon tout à fait cruciale, pour le moins marquante.

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On parle de : quand Sarkozy se jospinise
Sarkozy, par Edwy Plenel
Cet homme est dangereux
Edwy Plenel a livré à AntiSarko son sentiment quant au danger que représenterait pour la France une élection de Nicolas Sarkozy aux plus hautes fonctions de l'Etat. Au-delà de son positionnement à la droite de la droite de l'échiquier politique, voici une bonne synthèse de ce qui a motivé la création de ce site.
Interview d'Edwy Plenel pour AntiSarko
Qui est Edwy Plenel ? : Edwy Plenel est un journaliste politique français. Entré au quotidien Le Monde en 1980, il en a été le directeur de la rédaction de 1996 jusqu’à sa démission volontaire en novembre 2004. En désaccord avec les orientations prises par le journal et le groupe dirigés par Jean-Marie Colombani et Alain Minc, il quitte Le Monde le 31 octobre 2005. Edwy Plenel fut l’une des personnalités victimes des écoutes illégales de l’Élysée dans les années 1980. A l'issue du jugement rendu en 2005 par la XVIe chambre du tribunal correctionnel qui conduisit à la condamnation des quatre responsables de la cellule de l’Élysée pour l'avoir mis sur écoute, Edwy Plenel a rassemblé en un volume ses trois livres sur la présidence de Mitterrand (La part d'ombre, Un temps de chien, et Les mots volés), en y ajoutant une analyse du procès des écoutes (Le journaliste et le président, Stock, 2006). Il a publié par ailleurs une dizaine d’ouvrages, dont L’effet Le Pen (en collaboration, 1984), La République inachevée (sous-titré L’Etat et l’école en France, 1985), Secrets de jeunesse (2001), qui a été distingué par le prix Médicis essai, et La découverte du monde (2002). Après avoir animé sur LCI l’émission Le Monde des idées, Plenel y présente depuis la fin 2005 une autre émission hebdomadaire sur les livres, Entre guillemets. Depuis son départ du Monde, il tient aussi une chronique hebdomadaire sur France Culture (Ligne de fuite) ainsi qu’une chronique bimensuelle dans le quotidien belge Le Soir (La France vue d'en dehors). Enfin, ayant participé, auprès du professeur Paul Alliès, à la création du Master II professionnel « Métiers du journalisme » à la faculté de Droit de Montpellier et sur proposition des instances universitaires, il y a été nommé professeur associé pour l’année universitaire 2006-2007. (tiré de Wikipedia)

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On parle de : Sarkozy, par Edwy Plenel
Non, toi non plus, tu n'as pas changé
Quand le Docteur Jekyll redevient Mister Hyde
Les signes se multiplient et ne trompent pas : le naturel revient au galop. Il a suffit qu'il sente un peu moins bien cette campagne et la nécessité de s'assurer un peu sur sa droite pour que Sarkozy tombe un brin son masque d'homme lisse et pondéré, tolérant et généreux, humble et à la voix posée.
Il y a d'abord cette information rapportée sur nouvelobs.com selon laquelle Sarkozy, toujours aussi respectueux de la liberté de la presse, a piqué une grosse colère contre Libération après que celui-ci s'est permis de titrer "Impôt sur la fortune de Sarkozy : le soupçon". Le candidat s'est précipité sur son téléphone pour appeler le principal actionnaire du quotidien, Edouard de Rothschild pour lui faire part de son mécontentement, qualifiant le journal de "sectaire de gauche" et de "journal de merde", ajoutant qu'une telle ligne éditoriale "empêcherait sans doute Libération de trouver à l'avenir des gens pour le financer". Laurent Joffrin, le PDG du journal, aurait confirmé cette information lors de la conférence de rédaction du mercredi 7 mars. On se souviendra ici du sort qui avait été réservé à Alain Genestar, l'ancien directeur de Paris-Match, pour avoir osé placé en couverture une photographie montrant Cécilia avec son nouvel ami. Sarkozy avait alors utilisé son ami milliardaire Arnaud Lagardère pour évincé l'impudent.
Ensuite, menacé de représailles électorales par Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy n'a pas craint de se coucher et d'appeler les élus de l'UMP à la rescousse afin que le candidat du Front National reçoive les cinq cents signatures nécessaires à sa candidature. Le candidat à la présidence de la République ne pouvait pas se permettre de lancer un tel appel, non plus que le Ministre de l'Intérieur, chargé à la fois de l'organisation des élections et des collectivités territoriales, aussi est-ce le grand chef de l'UMP qui s'y est collé.
Pourtant, cela risquait de ne pas suffire, et puisqu'il ne faut rien négliger, le candidat de l'extrême-UMP, ne reculant devant aucun amalgame, a plaidé dans la foulée pour la mise en place d'un grand ministère de "l'Immigration et de l'Identité Nationale". On entend très clairement le chant puissant de l'extrême droite dans ces trois termes accolés ainsi, on entend qu'il existerait une identité nationale française qui serait menacée par l'immigration. Rarement le petit Sarkozy ne se sera permis d'aller aussi loin dans sa lente et persévérante stratégie de captation de l'électorat frontiste. La raison en est simple : Bayrou se situant à l'extrême-centre de la droite, il fallait à Sarkozy investir le centre de la droite extrême. Voilà qui est fait et scandaleusement fait - pas sûr que les restes de la droite apprécient, ce qui en ce cas serait susceptible de poser problème s'il venait à cette droite-là de se souvenir de cet inadmissible et insupportable flirt.
L'imposture vacille. Je continue pour ma part de miser que beaucoup de français vont peu à peu prendre conscience de la véritable nature de ce candidat-masqué et s'en détourneront et que, pour peu qu'en sus les électeurs traditionnels de la droite prennent leur part de responsabilité et fasse de même, nous pourrions voir Sarkozy battu dès le premier tour. En ce cas, j'ai dans l'idée que, droite et gauche réunies pour un soir de 22 avril, allions fêter ensemble cette victoire commune rue d'Enghien devant le QG de campagne d'un Nicolas Sarkozy défait. Ensuite, il resterait quinze jours de campagne pour offrir aux français un débat responsable et un choix véritable entre deux projets pour la France. Ce ferait un joli moi de mai...
Parce que oui, sans lui, tout devient possible !

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On parle de : Non, toi non plus, tu n'as pas changé
L'autre homme de la droite
Qui fait ces propositions ?
Je suis allé explorer les propositions d'un candidat, pour me rendre compte. En voici quelques extraits :
- Temps de travail : Permettre aux salariés qui le souhaitent d’améliorer leur revenu par le jeu libre des heures supplémentaires ... Dans toutes les entreprises, le paiement des heures supplémentaires (entre 35 et 39 heures) sera majoré de 35 % pour récompenser le travail. Les cotisations sociales seront réduites en proportion afin que les entreprises ne supportent aucun coût supplémentaire ;
- Contrat de travail : Je propose donc un CDI universel à droits progressifs ;
- Chômage : En réduisant les charges qui pèsent sur le travail, on libérera l’emploi ;
- Fiscalité des entreprises : Il faut créer un environnement amical pour l’entreprise, y compris fiscal, particulièrement pour les PME. Tout contrôle devrait être précédé d’un conseil, d’un avis, comme on ferait pour un ami, au lieu de sacrifier à la culture d’inquisition et de suspicion ;
- Famille : Pour moi, un mariage, c’est l’union d’un homme et d’une femme. Je défends cette vision que certains disent traditionnelle, mais que je trouve être une vision d’avenir. L’altérité sexuelle est source de vie et d’équilibre ;
- Immigration : Dans un pays qui compte quatre millions de chômeurs, pourquoi aller chercher de la main-d’œuvre à l'extérieur ? ;
- Retraites : Je propose une refonte universelle, c'est-à-dire une réforme qui englobe tous les régimes, y compris les régimes spéciaux ;
- Droits de succession : exonération complète jusqu'à 200 000 euros ;
On pourrait s'y tromper, n'est-ce pas ? Ce ne sont pourtant pas là des extraits du programme de Nicolas Sarkozy, mais bien de propositions que l'on trouve sur le site officiel de François Bayrou. Rien pourtant de surprenant à ce que deux hommes de droite, qui ont activement participé à la majorité parlementaire de ces cinq dernières années, proposent des programmes très similaires... et tout à fait conforme à une politique de droite. Aucun doute, que l'un ou l'autre soit élu, ils se donneront la main pour poursuivre ensemble cette politique réactionnaire.
La seule chose qui peut éventuellement surprendre, à la visite du site de François Bayrou, est l'extrême maigreur de son programme... et sa vacuité concernant nombre de questions essentielles. Sans doute qu'il n'a pas voulu trop révéler de la réalité de ses intentions. On le comprend, tant le peu qu'on en lit nous en apprend beaucoup.
Décidément, il n'y a pas à tortiller : Pour battre la droite, il est nécessaire de voter à gauche. Et si l'on veut focaliser sur un tout sauf Sarkozy, il suffit d'entendre ceci : soit Sarkozy l'emporte, soit Bayrou l'emporte et, à plus ou moins court terme, Sarkozy devient son premier ministre... Faisons donc en sorte que ce soit Royal qui accède à la présidence.
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On parle de : L'autre homme de la droite
Sarkozy, troisième homme
Et si la droite choisissait Bayrou !
On le sent bien, il y a à droite comme une tentation Bayrou. Non pas que l'homme séduise par l'originalité de ses propositions - il présente aux français un projet libéral qu'on connaît d'autant mieux qu'il est celui que la droite applique depuis cinq ans -, du moins a-t-il pour la droite l'avantage de faire moins peur que son concurrent. Bayrou, comme un Sarkozy en plus soft ? Il sembme bien que cela soit en mesure de séduire de plus en plus ces électeurs de droite lassés des incessantes incursions du candidat ministre de l'intérieur sur les terres de l'extrême droite, ses récentes déclarations - un appel à peine déguisé aux élus de l'UMP pour qu'ils apportent leurs signatures à Jean-Marie Le Pen, puis la proposition de créer un grand ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale - composant les deux derniers avatars en la matière d'une longue série, à peine interrompue par quelques semaines où l'homme avait cherché à présenter aux français le visage d'un homme qui aurait changé. Le naturel est revenu au galop et cela n'a pas l'heur de plaire à cette frange modérée de la droite qui n'a jamais apprécié ce genre de flirt avec le Front National. On la comprend...
La presse s'en fait peu l'écho, préoccupée qu'elle est de commenter l'ascension de Bayrou et son rapproché de Royal dans les sondages, mais le fait est là : c'est essentiellement au détriment de Sarkozy que Bayrou doit son ascension et, de fait, Sarkozy a largement entamé sa dégringolade dans les intentions de vote des français.
Bien peu sûre d'elle-même, la droite s'efforce donc d'appeler à la rescousse les électeurs de gauche. "Comme nous, vous souhaitez plus que tout éviter l'élection de Sarkozy. Alors votez Bayrou dès le premier tour.", c'est ce qu'ils leur disent en substance. Mais c'est oublier que le choix du candidat de la droite qui accèdera au second tour n'est pas l'affaire des électeurs de gauche. C'est oublier qu'un électeur de gauche vote... à gauche. C'est oublier que la responsabilité d'un électeur de gauche est d'assurer la présence d'un candidat de gauche au second tour. Pour l'avoir oublié en 2002, et au motif d'avoir de trop ajouté foi aux sondages, la gauche s'était alors retrouvé privée de candidat au second tour... et les français privé par voie de conséquence d'un réel choix entre deux projets pour la France. Les électeurs de gauche ne renouvelleront pas une erreur qui a tant fait de mal à la démocratie - sans même parler des cinq années qui s'en sont suivi.
Les sondages semblent vouloir présenter Bayrou comme le candidat le mieux placé pour battre Sarkozy lors d'un second tour, mais là encore c'est un leurre. Les marges d'erreurs sont importantes. Les indécis sont nombreux. Les opinions sont en formation. Et plus que tout, le premier tour n'a pas encore eu lieu. Les débats de fond sont encore à venir, et puisque Sarkozy est un prétendant si peu attractif, même pour la droite, il est fort probable que beaucoup de choses peuvent encore évoluer et que la gauche de Mme Royal serait tout à fait en mesure lors d'un second tour de convaincre une majorité de français de se détourner de la droite de M. Sarkozy - comme de celle de M. Bayrou d'ailleurs. L'essentiel est de voter un tour après l'autre et, pour les électeurs de gauche, il est d'exprimer au premier tour un vote qui assurera la présence de Mme Royal au second tour. Et en la matière, ils se souviendront que trop de stratégie tue la stratégie !
Alors, si l'essentiel pour les électeurs de droite est d'assurer la défaite de Mr Sarkozy, on ne peut que les encourager à se retrouver majoritairement dès le premier tour sur la candidature de Mr Bayrou. La démocratie aurait tout à y gagner. On aurait un vrai premier tour, aboutissant sur un vrai second, lequel opposerait droite et gauche sur deux projets pour la France... et effectivement proposés aux choix souverain des français.
Au soir du 21 avril 2002, les électeurs de gauche ont eu à voter à droite pour faire barrage à l'extrême droite de M. Le Pen - et ils avaient alors massivement pris leurs responsabilités. On voudrait maintenant qu'à la veille du premier tour ils votent encore à droite, cette fois-ci pour faire barrage à la droite extrême de M Sarkozy ? Ce n'est pas sérieux.
Faire barrage à M. Sarkozy, cela relève pour l'heure de la responsabilité exclusive des électeurs de droite. C'est à cela que sert un premier tour, à ce que chaque camp sélectionne son candidat.
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On parle de : Sarkozy, troisième homme
Suppression des droits de succession et égalité des chances
La France qui travaille ou la France qui hérite ?
Lors de l'émission A vous de Juger du 8 mars sur France 2, nous avons enfin pu apprendre à l'occasion de son petit couplet sur la suppression des droits de succession qu'il propose (et qui a été largement entamé lors de la présente législature - continuité quand tu nous tiens) quelle conception de l'égalité des chance possède M. Sarkozy. Citons-le : "L'égalité des chances c'est que celui qui n'a pas la chance d'hériter puisse un jour par son travail se constituer le même patrimoine que celui qui en a hérité". C'est édifiant, non ? Ainsi donc ce serait ça, l'égalité des chances, ce ne serait pas de rééquilibrer les chances en début de parcours (à l'école, par exemple), mais laisser miroiter à ceux qui n'ont rien l'idée que peut-être, s'il travaille beaucoup et toute leur vie, à la fin (c'est-à-dire quand M. Sarkozy ne sera plus président) ils auront un patrimoine équivalent à celui qui n'a rien eu à faire puisqu'il a hérité de son patrimoine.
Ainsi donc voilà ce qu'il entend quand il parle de récompenser le travail : c'est laisser tout à ceux qui n'ont pas besoin de travailler pour survivre, puisqu'ils ont hérité et qu'ils ont les moyens de se la couler douce. Récompenser le travail, c'est laisser payer des impôts à ceux qui gagnent un peu d'argent à ceux qui travaillent beaucoup, et éxonérer de ce même impôt ceux qui gagnent beaucoup en étant simplement les enfants de leurs parents. Sarkozy dit aussi qu'il veut récompenser le mérite, mais quel mérite on a à hériter ? Ainsi donc les uns sont certains de bénéficier d'une mesure - l'exonération des droits de succession -, tandis qu'aux autres on leut laisse entrevoir qu'un jour peut-être, mais on ne sait finalement pas trop comment, ils pourront à leur tour transmettre un petit quelquechose à leurs enfants, mais en tout cas sans rien prendre à ceux qui aurait obtenu quelquechose sans travail ni mérite, et seulement si eux-mêmes travaillent beaucoup et sont très méritants. Egalité des chances, dit-il...
D'ailleurs, pour enfoncer le clou, M. Sarkozy a ensuite parlé des 17% de français qui gagnent le SMIC... pour en réalité expliquer qu'il n'avait pas l'intention de contribuer activement à revaloriser le SMIC. Pourtant, les smicards c'est la France ouvrière qui se lève tôt et qui travaille. Il semblerait cependant que cette France là soit moins méritante, mérite moins l'engagement d'un Nicolas sarkozy qui ressasse et matraque qu'il souhaite récompenser le France qui travaille, et qui se lève tôt pour ce faire. Sans doute que se rendre à l'usine le matin n'est pas assez méritoire. Sans doute surtout qu'il faut comprendre que dans l'esprit de M. Sarkozy, la France méritante est en réalité la France de ceux qui "donnent" du travail aux autres et s'enrichissent d'autant plus que les salaires et les charges sont maintenues aux plus bas, cette France qui profiterait des largesses de M. Sarkozy au lendemain même de son hypothétique élection, tandis que les autres n'auraient plus qu'à entendre les lontaines et toutes aussi hypothétiques retombées d'une politique qui favoriserait d'abord les déjà riches.
Il oppose sytématiquement les assistés aux chômeurs qui veulent s'en sortir, les chômeurs aux salariés, les salariés pauvres aux salariés des classes moyennes, les fonctionnaires aux salariés du privé, les salariés en général aux petits entrepreneurs, mais en réalité et quoi qu'il veuille habilement laisser entendre, ce n'est à aucun de ceux-là que sa politique économique s'adresse. Celle-ci n'a en vérité d'autre objectif que de protéger la richesse des nantis. Car enfin résumons-nous : Sarkozy prétend vouloir récompenser la France qui mérite, mais on comprend qu'il s'agit en vérité de la France qui hérite. Sarkozy prétend vouloir récompenser la France qui travaille, mais on comprend qu'il s'agit en vérité de la France qui dirige. Bref, c'est le représentant de la droite libérale.
Et Bayrou... aussi !

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On parle de : Suppression des droits de succession et égalité des chances
Un second tour Bayrou - Royal ?
Je prends les paris !
On le sent perdu le petit homme. Entre son soutien à peine voilé à Le Pen en début de semaine et celui longuement prémédité avec Simone Weill aujourd'hui, le grand écart devient tellement immense qu'on l'imagine assez bien le voir soudain s'effondrer sur lui-même, une implosion plus qu'une explosion, et s'éparpiller, façon puzzle, se volatiliser dans les limbes de son ambition dévorante... et qui l'aura finalement dévorée. Oui, je suis disposé à miser ma femme (d'ailleurs c'est sa journée) sur un second tour droite-gauche façon Bayrou-Royal, avec au soir du 22 avril un Sarkozy braillant un "Je vous demande de vous arrêter", façon Balladur, en annonçant, dressé sur ses talonnettes et ses 15%, qu'il appelle ses partisans à se rassembler pour faire barrage à la gauche "socialo-communiste" en reportant leurs suffrages sur un François Bayrou redevenu - Ô Miracle ! - l'autre jambe de la droite.
Bon, je n'en dis pas plus maintenant, je viens d'avaler une nouvelle heure et demi de logorhée made in Sarkozy sur France 2 - dans l'émission A vous de juger - et pour l'instant je suis fatigué. Je voulais simplement, à cette heure, justifier sur ce site les deux nouvelles rubriques qui apparaissent - grisées pour l'instant parce qu'encore vides - dans les catégories du blog.
Je vais m'endormir sur cette conviction. Parce que ce serait bien, tout de même, un tel second tour. Parce que Sarkozy président, ce serait assez tragique pour la France et les Français. Parce que sa présence au second tour, ce serait déjà nauséabond. Mais, surtout, parce que le pire des scénari, quand on y pense, serait qu'une nouvelle fois, cinq années plus tard, ce soit deux hommes de droite qui s'affrontent lors d'un second tour dont la gauche serait à nouveau absente. Bayrou - Royal, un vrai débat de fond entre un projet de droite (peut-être pas assez à droite pour certains, mais quand même trop pour d'autres) et un projet de gauche (peut-être pas assez à gauche pour certains, mais quand même trop pour d'autres), oui, tout de même, ce serait un grand soulagement pour la démocratie française.
Aussi, malgré ma fatigue - ou peut-être à cause d'elle -, je me permets de lancer ce soir un appel vibrant à tous les hommes et femmes de droite à se rassembler derrière la candidature de M. Bayrou et à tous les hommes et femmes de gauche à se rassembler derrière la candidature de Mme Royal : pour que le débat au fond ait enfin lieu et que vive la démocratie. Parce que le grand danger de l'imposture sarkozyste est qu'il contourne sans cesse le débat, préférant asséner et rabâcher toujours les mêmes phrases aussi fortes qu'elles sont creuses, matraquant des "je n'accepte pas" et enchaînant les "il faut que" aux "croyez-moi, je vous le dis" jusqu'à la nausée.
Allez, je vais vomir... et puis dormir.

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Une semaine sans Sarkozy
Sarkozy va-t-il s'effondrer ?
Au retour d'une semaine au vert (et à la blanche), j'ai le grand plaisir de constater un léger tremblement de l'ami Sarkozy sur ses fondations. L'écran de fumée dont il a pris soin de s'entourer semble se dissiper un peu et, derrière, l'on entr'aperçoit une vérité qui lentement fait surface et un candidat qui légèrement vacille. C'est infime encore, et il s'en faut de beaucoup encore qu'on puisse être assuré que cela ira en s'amplifiant. Pourtant, une fissure est bel et bien apparue dans l'imposture, principalement sur son versant éthique. Une bien mauvaise semaine pour M. Sarkozy :
Ce fut d'abord une réalité qui fut dite un peu plus fort : la bonne ville de Neuilly, dont le maire est M. Sarkozy depuis maintenant près de 25 ans, se refuse à satisfaire à l'obligation légale qui lui est faite par la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain) de respecter son quota de logements locatifs sociaux à hauteur de 20% du nombre de résidences principales. A Neuilly, on semble très bien se satisfaire d'un petit 3% de logements sociaux et on comprend alors mieux cette proposition du candidat Sarkozy aux élections présidentielles : Créer un quota obligatoire de logements sociaux dans les programmes immobiliers nouveaux, dans les zones où cela est justifié. Tout est bien entendu dans cette précision finale, dans les zones où cela est justifié, c'est-à-dire pas à Neuilly, Auteuil ou Passy... Voilà donc pour le sens de la solidarité de M. Sarkozy.
Mais le deuxième point éclaire d'une lumière toute nouvelle le premier : M. Sarkozy n'aurait pas apprécié voir entamée, et sa tranquillité dans son 235 m2 acquis en 1997, et l'énorme plus-value réalisée lors de sa revente l'an passé (plus d'un million d'euros de plus-value, soit plus de 120% en neuf ans !). On peut en effet comprendre que des logements sociaux dans le secteur n'auraient sans doute pas constitués un environnement propice... La question qui se pose est pourtant autre : comment prétendre vouloir être le candidat de l'ethique lorsqu'on s'autorise ainsi au mélange des genres, bénéficiant à titre privé d'un prix d'achat sous-évalué de près d'un tiers de la part du principal promoteur de la ville dont on est le maire, et obtenant de la part du même une ristourne de près de 200.000 euros lors de travaux d'aménagements complémentaires ?
Et soudain l'on s'est souvenu que M. Sarkozy avait promis de fournir sous trois jours et en toute transparence les éléments constitutif de son patrimoine. C'était il y a près d'un mois et depuis les questions à ce sujet se sont multipliées, ainsi que le doute quant au fait que M. Sarkozy ne serait imposable sur la fortune que depuis 2006 (lire à ce sujet l'article de Libération). Doute alimentée par une promesse qui tarde à se concrétiser.
Candidat de l'éthique : c'est ce qu'il prétend... comme on étend un écran de fumée devant une réalité qu'on voudrait à tout prix dissimuler. Oui, une bien mauvaise semaine pour M. Sarkozy : je devrais prendre plus souvent des vacances.

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Lancement de l'opération "Citoyens Sondés et Menteurs"
Rendez-vous sur tousmenteurs.fr : le site des citoyens sondés et menteurs , et répondez au sondage : êtes-vous potentiellement un sondé-menteur ?...
Les sondages nous mentent... Mentons aux sondeurs !
Après chaque élection, confrontés à la réalité d'un résultat électoral régulièrement en contradiction avec ceux des sondages qui ont précédés, et devant des médias qui les montrent du doigt, les responsables des instituts de sondages le disent et le répètent : "Les sondages ne prédisent pas les résultats d'une élection. Au mieux mesurent-ils l'état de l'opinion à un instant donné". Il n'empêche, si avant chaque élection, organes de presse et instituts de sondage reprennent leur petit jeu des pronostics, commandant, réalisant et diffusant des sondages à un rythme de plus en plus effréné, c'est que le sondage possède le grand avantage pour les uns comme pour les autres de faire marcher leur petit commerce respectif : le sondage se vend bien et fait bien vendre.
Le mécanisme est simple : tel journal commandite un sondage à tel institut, l'institut le réalise en un temps record et communique les résultats à son commanditaire, lequel laisse filtrer les résultats peu avant leur parution, l'ensemble de la presse reprend les-dits résultats en citant abondamment le nom de l'institut et le nom du journal (publicité gratuite), puis un titre accrocheur est trouvé et le journal se vend bien.
Et tout ce petit monde a oublié de préciser que les marges d'erreurs inhérentes au sondage sont importantes et doivent en relativiser le résultat. De même que tout ce petit monde ne prend surtout pas la peine de rappeler la question précise qui a été posée, laquelle pèse très fortement sur ledit résultat. Sans parler des proximités politiques ou d'intérêts communs que peuvent avoir tel institut de sondage ou tel organe de presse avec tel ou tel candidat. Sans parler non plus des délais qui sont imposés aux sondeurs qui les incitent à constituer des panels de sondés a minima, les contraignants à sur ou sous-représenter certaines catégories de population, augmentant d'autant la marge d'erreur. Sans parler encore de l'incertitude qui pèsent sur des sondages téléphoniques, qui plus est, réalisés en toute hâte, qui plus est, par un personnel peu ou mal formé...
Bref, on le voit bien, l'objectif d'un sondage est de moins en moins de fournir une information précise, justement évaluée et correctement commentée, que de répondre aux impératifs d'optimisation de chiffres d'affaires des uns et des autres. Pis, les français ne sont pas dupes de tout cela, se méfient de plus en plus des sondages et il est légitime de s'interroger sur la proportion de sincérité parmi les sondés dans les panels des sondeurs. Sur 100 sondés, combien ne disent pas la vérité ? Il n'est pas surprenant qu'aucun institut de sondage n'ait pris le risque de se tirer une balle dans le pied en réalisant une enquête portant sur la sincérité des sondés... et donc sur la fiabilité de leurs enquêtes d'opinion.
Et c'est donc ce que se propose de réaliser, avec votre participation, le site tousmenteurs.fr au moyen d'un bref sondage. Mieux, non seulement vous est proposé de répondre nombreux à ce sondage (et plus le nombre de réponses sera élevé, plus le résultat en sera probant), mais puisqu'il s'agit de rappeler à la déontologie professionnelle des instituts de sondages défaillants, tousmenteurs.fr met en place une grande opération intitulée "Les sondeurs nous mentent : nous mentons aux sondeurs". Il s'agit de tirer au sort chaque semaine le nom X d'un des candidats à l'élection présidentielle, puis de faire circuler le plus largement possible l'information suivante : "Les sondeurs nous mentent, mentons aux sondeurs : cette semaine les sondés répondent X".
Chaque semaine, donc, à l'issu d'un tirage au sort, le nom du "candidat des sondés et menteurs" sera diffusé sur tousmenteurs.fr. A chacun d'entre nous de diffuser l'information aussi largement que possible - en la reproduisant sur son propre site, en la diffusant dans les forums, en adressant un mail à ses contacts, en en parlant autour de soi... Ainsi, pour la semaine se terminant le 4 mars, le tirage au sort a désigné Dominique Voynet, candidate des citoyens sondés et menteurs. N'oubliez pas, c'est de l'effet boule de neige que dépend le succès de cette opération...
Quant aux questions des instituts de sondage qui concerneraient le second tour, les sondés-menteurs refusent de répondre avant que n'aie eu lieu le premier...
Rendez-vous donc sur tousmenteurs.fr : le site des citoyens sondés et menteurs. Communiquez à votre entourage son adresse. Et en répondant au sondage : "êtes-vous potentiellement un sondé-menteur ?", vous avez en sus la possibilité de faire savoir (et nous devons être nombreux à le faire savoir !) que vous souscrivez - ou bien que vous ne souscrivez pas - à l'opération Les sondeurs nous mentent : Nous mentons aux sondeurs...
Vos commentaires, suggestions et critiques y seront également les bienvenus...
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Le programme fiscal de Sarkozy : êtes-vous vraiment concernés ?
Une fiscalité favorable aux très riches
Sarkozy promet beaucoup et à tout le monde. Et si l'on en croit les sondages - mais faut-il encore croire les sondages ? - nombreux sont les français qui semblent séduits par ses promesses. C'est un fait que le candidat UMP a l'art de laisser croire à chacun qu'il s'occupera bien de lui. Pourtant, si l'on examine quelques-unes de ses propositions fiscales sur lesquelles il communique le plus, la réalité est toute autre. Illustration :
1- Baisser le seuil du bouclier fiscal à 50% :
Il s'agit de ne pouvoir prélever en impôts (impôts sur le revenu, taxes foncières et d'habitation, ISF, CSG et RDS) plus de 50% des revenus d'un foyer fiscal. Notons d'abord que la réforme fiscale de 2005 a déjà instauré un bouclier fiscal à 60% (et qui n'incluait pas CSG et RDS) et qu'une telle mesure se situe donc dans l'exacte continuité de la politique menée ces cinq dernières années. De plus, elle ne concernerait que moins de 20.000 foyers fiscaux (sur 34 millions) parmi les plus aisés. Pour exemple, un salarié célibataire déclarant un revenu annuel de 100.000 euros devra posséder un patrimoine de près de 3 millions d'euros pour pouvoir bénéficier de la mesure. Autant dire que le bouclier fiscal, que M. Sarkozy ne craint pas de vendre comme une mesure de justice sociale, concerne pour l'essentiel une infime minorité de contribuables les plus riches. Cela coûterait 2 milliards d'euros à l'Etat, soit près de la moitié des recettes de l'ISF.
2- Déduire jusqu'à 50.000 euros du montant de l'ISF pour ceux qui investissent dans une PME :
L'ISF concerne les contribuables disposant d'un patrimoine total supérieur à 750.000 euros - soit moins de 500.000 foyers fiscaux sur 34 millions. Pour atteindre le plafond de 50.000 euros déductibles de l'impôts, il est nécessaire de disposer d'un patrimoine supérieur à 6 millions d'euros. Or 95% des foyers assujettis à l'ISF sont en dessous de ce seuil, lesquels donc seraient donc de fait exonérés de l'ISF. Les 5% restants étant concernés par la mesure précédente - le bouclier fiscal -, M. Sarkozy propose de fait, bien qu'en prétendant le contraire, de supprimer purement et simplement l'ISF.
3- Baisser de 4 points les prélèvements obligatoires et "rendre 68 milliards aux français" :
La mesure a été analysée dans un autre article, où l'on a montré comme il s'agit là encore d'une mesure qui concernerait pour l'essentiel les plus riches et qui mettrait à mal le principe même de la solidarité républicaine - voir Sarkozy ou l'injustice fiscale. Qui plus est, passé l'effet d'annonce de la mesure et confronté à l'impossibilité de la financer, M. Sarkozy ne parle plus aujourd'hui que de 20 à 30 milliards dans un programme de réduction d'impôts qui ne débuterait qu'après 2010 et qui s'étalerait sur une période de six à sept années... En bref, cela ne concerne pas le mandat présidentiel à venir (2007-2012) - voir Sarkozy revient sur sa promesse de baisse des impôts
4- Déduire de l'impôt les intérêts d'emprunt pour l'acquisition d'une résidence principale :
Il s'agit de favoriser l'accès à la propriété aux classes moyennes, mesure mise en place par la gauche au début des années 1990 et supprimée par Alain Juppé en 1997. Dix ans plus tard, la mesure est minimaliste et il s'agit aujourd'hui de la comparer avec la proposition de Mme Royal d'une extension des prêts à taux zéro...
5- Supprimer l'impôt sur les successions :
Etrange proposition pour quelqu'un qui prétend récompenser "la France qui travaille". Mais là encore, cela ne concerne qu'une minorité de contribuables : en 2005, sur 537.000 décès, seules 140.000 déclarations de successions imposables ont été enregistrées, sachant par ailleurs que les abattements sur les droits de succession sont déjà très importants : 75.000 € pour le conjoint survivant, 50.000 € par enfants... et depuis 2005, 50.000 € de plus en abattement global. Un exemple suffira pour comprendre quelle catégorie de français est concerné par cette mesure : au décès d'un des deux parents dans une famille comptant deux enfants, des droits de succession ne sont dus qu'au-delà de 200.000 € hérités - dit autrement, jusqu'à 200.000 € vous n'êtes pas imposable au titre de la succession. La suppression proposés par M. Sarkozy concerne les autres qui héritent de bien d'avantage.
Il y a de vraies mesures derrière les beaux discours du candidat Sarkozy, et des mesures qui démentent largement ce que tentent de laisser croire ses discours en trompe-l'oeil. La politique que souhaite mettre en oeuvre M. Sarkozy se situe dans la continuité de celle qui est menée en France par l'UMP depuis cinq années, et qui vise à favoriser d'abord les plus riches. Derrière cette politique, il y a l'éternel - et de plus en plus incertain - credo libéral de l'économie des retombées : Laissons la richesse à ceux qui sont riches, la main invisible se chargera de la répartir mieux. Le moins qu'on puisse constater est que la fameuse "main invisible" n'est pas des plus zélées et que si les plus riches sont servis par cette politique, les autres en restent toujours à avaler leur bulletin de vote.

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Sarkozy revient sur sa promesse de baisse des impôts
Ça promet !
Dans le Monde daté du 23 janvier, Nicolas sarkozy annonçait vouloir "rendre aux français" 68 milliards de prélèvements obligatoires. Ne revenons pas sur l'injustice fiscale à laquelle correspond cette promesse de "cadeau" et constatons que dans les Echos daté du 14 février, le candidat de l'UMP, visiblement un peu mal à l'aise avec le chiffrage de son projet, parle d'un coût total de 30 milliards sur cinq ans "dont la moitié en baisse d'impôts", soit 15 milliards - à comparer aux 68 milliards annoncés il y a moins d'un mois : il semble bien que 50 milliards de promesses se soient dors et déjà envolés !
Soyons objectif. M. Sarkozy avait précisé qu'en rendant ainsi du pouvoir d'achat aux français, il favoriserait la consommation et l'Etat récupérerait de fait de l'impôt via la TVA. En admettant alors que la totalité des 68 milliards soit effectivement consommée par les français - ce dont on peut douter très fortement, puisque les plus riches qui bénéficieraient de la majeure partie du "cadeau" en placeraient une bonne part en épargne -, ce serait alors 19,6% maximum des 68 milliards qui serait récupéré par l'Etat, soit en tout et pour tout un maximum de 13 milliards. Bref, il manque toujours 40 milliards d'euros à la promesse initiale du candidat... qui ne date pourtant que de trois semaines.
La tromperie va plus loin encore : de son coté, Thierry Breton, ministre sarkoziste de l'Economie et des Finances, déclare que ce chiffrage à 30 milliards du projet présidentiel de M. Sarkozy - dont on rappellera utilement qu'il n'a toujours pas été rendu publique - ne comprend pas la baisse des impôts, contrairement donc à ce qu'affirme de son côté M. Sarkozy. Laquelle baisse d'impôts représenterait en réalité, toujours selon M. Breton, un coût de 26 milliards d'euros, c'est-à-dire près du double de ce qu'annonce M. Sarkozy, le même jour. Décidément, on s'y perd un peu...
Mais le plus intéressant est en cette précision que nous fournit M. Breton : la baisse d'impôts promise par M. Sarkozy aux français n'interviendrait qu'après 2010 et s'étalerait sur une période de six à sept années, c'est-à-dire jusqu'en 2017. Il faut ainsi comprendre que M. Sarkozy ne s'engage en réalité que sur un deuxième mandat présidentiel qui débuterait en 2012...
Que reste-t-il au final de la promesse initiale du candidat Sarkozy faite solennellement il y a moins d'un mois ? Pour une moitié, M. Sarkozy est revenu dessus, la laissant fondre comme neige au soleil de ses ambitions. Pour l'autre moitié, elle ne concerne que la période qui suivra le prochain mandat présidentiel - celui concerné par l'élection à venir. C'est sûr, promettre pour le mandat qui suivra, pour le coup, on ne pourra guère lui reprocher de ne pas tenir ses promesses...
"Je suis le candidat qui fera tout ce qu'il dit", répète à l'envi M. Sarkozy. Certes, mais que dit-il au juste ?
Oui, ça promet !... mais pour ce qui est de tenir ?
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On parle de : Sarkozy revient sur sa promesse de baisse des impôts
Programme présidentiel de Sarkozy : une étrange absence
Des paroles qui s'envolent... et des écrits qui n'existent pas
Devant la tournure que prend la campagne électorale dans le prisme déformant de médias traditionnels qui semblent de plus en plus se désintéresser du fond, l’idée peut prendre de s’en aller lui-même consulter les programmes des candidats.Or s’il est assez aisé de trouver le pacte présidentiel de Mme Royal - un document téléchargeable d'une vingtaine de pages contenant une centaine de propositions détaillées, expliquées et argumentées -, on découvre bientôt que M. Sarkozy n’a pour sa part et à ce jour aucun programme présidentiel à proposer aux français.
Sur le site officiel du candidat de l'UMP, on trouve bien une rubrique "ce que je vous propose", mais il ne s’agit là, en guise d'"engagements", que d’une page à télécharger et qui affiche en format paysage, le slogan du candidat, sa photo et - sous l'accroche prometteuse : "Je veux être le Président qui tiendra ses engagements. C’est pourquoi je tiens à vous dire dès aujourd’hui quel est mon projet" - en tout et pour tout onze phrases prononcées par le candidat en différentes occasions, et aussi creuses que celle-ci qui vient en première position sur la liste : "D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu agir". On est bien content de l’apprendre et on se prend alors à penser qu’en effet, avec Nicolas Sarkozy, tout devient possible... puisque rien n’est écrit.
On poursuit tout de même ses recherches, un peu incrédule. Et on trouve le programme de législature 2007-2012 de l’UMP, quelques sites non officiels qui tentent de récapituler les propositions de leur candidat favori, ou encore des sites d’informations, tel celui des Echos où l’on trouve sous format catalogue à la Prévert les différentes propositions du candidat Sarkozy. Certes, cela permet de s’informer un peu plus quant à ce qui nous attend si Sarkozy venait à être élu, ça permet d’aller un peu au-delà des discours clientélistes qu’il sert opportunément aux différents publics qu’il rencontre, il reste cependant que M. Sarkozy se présente aux suffrages des français sans leur soumettre un texte qui récapitulerait concrètement ses propositions et sur lequel donc il aurait à s’engager : un programme présidentiel.
Pour l'anecdote, j'ai fait une demande de programme sur le forum officiel des groupies de M. Sarkozy (forumsarkozy2007.free.fr), demande que j'ai dû réitéré une demi-douzaine de fois avant d'obtenir un lien... qui m'a conduit sur le programme de l'UMP... de Djibouti ! (véridict : c'est le post 2939 sur le forum en question).
Cela soulève deux questions importantes. D’abord, sachant que M. Sarkozy semble avoir en tête très précisément ce qu’il fera pour nous (rappelons qu’il y pense et qu’il s’y prépare depuis qu’il est tout petit), sachant qu’il soigne énormément sa communication et aussi sur l’internet, pourquoi n’a-t-il pas déjà communiquer aux français un projet sur lequel il s’engagerait formellerait ? Que contient donc ce pacte républicain dont il a parlé ? Quel est ce projet auquel il serait possible pour les français de se référer afin de voter informés - et éventuellement après l’élection, de comprendre jusqu’à quel point ils ont été bernés... Oui, la réponse est là implicite - mais y en a-t-il une autre ?
Toute la stratégie électorale de M. Sarkozy repose sur les flatteries qu’il sert aux français à chacun de ses discours, faisant croire à chacun qu’il s’occupera bien de lui. Dans cette optique, il veut évidemment éviter qu’on puisse s’attarder sur ce qui est l’essentiel : ses propositions concrètes, dont l’empreintes libérales est la négation même des promesses abstraites qu’il multiplie : car le libéralisme c’est la continuité, car le libéralisme c’est la loi des plus forts. Car chacune des mesures concrètes proposées par M. Sarkozy, mais dont on réalise qu’il se garde bien de les mettre en avant, démentent chacun des propos qu’il tient et qu’il clame d’autant plus haut en direction des français qu’ils doivent couvrir la réalité de ce qui les attend s’il venait à être élu.
La seconde question que pose cette absence de programme présidentiel formalisé du côté de M. Sarkozy, est celle du silence assourdissant des médias quant à cette anomalie. On se souvient pourtant encore comme ils prétendaient relayer l’impatience du peuple à connaître le projet de Mme Royale, jusqu’à son discours de Villepinte où elle a présenté son pacte présidentiel et énuméré ses propositions. Il ne se passait alors pas un jour sans qu’on souligne cette absence de projet du côté de la candidate socialiste. Qu’est-ce donc qui justifie cette différence de traitement ? Les journalistes seraient-ils eux aussi aveuglés par la force de persuasion de M. Sarkozy, au point que ce dernier parviendrait à leur faire même oublier qu’on se présente à une élection avec un projet concret et visible, accessible à tous et sur lequel on puisse s’appuyer pour faire un choix, des écrits sur lesquels on s’engage ? Pourquoi tant de promptitude à dégainer sur l’une et tant de clémence à l’égard de l’autre ? Cent propositions ont été annoncées par Mme Royal il y a moins d’une semaine : les journalistes s’y sont attardés combien de temps ? De quoi a-t-on parlé au lendemain du discours de la candidate socialiste, sinon essentiellement d’un sondage commandité par Paris-Match dont le patron est Arnaud Lagardère, un intime du candidat de l’UMP, puis le surlendemain d’un autre réalisé par l’Ifop, dont la présidente n’est autre que Laurence Parisot, la patronne du Medef. Pourquoi donc l’information quotidienne a autant de mal à aller au fond des programmes ?
On rêverait d’une campagne où les français se saisiraient du fond, liraient les propositions des différents candidats, les compareraient et en débattraient, une campagne qui serait à la hauteur des enjeux et à l’image de celle qui s’est tenue lors du référendum sur le projet de traité constitutionnelle européen, une campagne digne où les français auraient les moyens de débattre parce qu’ils seraient honnêtement informés. Mais il manque le programme présidentiel de M. Sarkozy. Et l’on s’abstient dans la presse traditionnelle de souligner ce manque qui dessert et appauvri le débat démocratique.
Un exemple pour finir. On pourrait vouloir comprendre et commenter cette phrase trouvé sur le site des Echos qui prétend récapituler les propositions du candidat Sarkozy, à la rubrique "logement" : "Créer un quota obligatoire de logements sociaux dans les programmes immobiliers nouveaux, dans les zones où cela est justifié". Tout est bien entendu dans cette précision finale, dans les zones où cela est justifié. M. Sarkozy étant maire de Neuilly où le taux de logements sociaux est ridiculement bas, M. Sarkozy ayant approuvé une des premières lois voté par l’UMP après la réélection de M. Chirac en 2002, loi visant à supprimer les sanctions prévues pour les communes qui, à l’image de celle de Neuilly, ne se plient pas à l’obligation qui leur est faite de construire le quota légal de logements sociaux, il serait intéressant que M. Sarkozy puisse s’expliquer sur ce qui justifie qu’une zone soit ou non soumise à son quota de logements sociaux - quota qui n’est d'ailleurs pas précisé et dont on comprend qu’il concerne uniquement les nouveaux programmes immobiliers... On voudrait quelques précisions, sur ce point comme sur tant d’autres, que l’on soit informé et que le débat au fond puisse avoir réellement lieu, pas ce débat tronqué que nous avons déjà eu en 2002. Alors, oui décidément, ce serait bien que M. Sarkozy nous présente rapidement son programme présidentiel...
Sarkozy : Demandez le programme !

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On parle de : Programme présidentiel de Sarkozy : une étrange absence
Quand Sarkozy se fait préfacer par un leader post-fasciste
Gianfranco Fini, préfacier post-fasciste de Sarkozy
Témoignages, le livre de Nicolas Sarkozy s'exporte bien, parait-il. Du moins a-t-il été traduit en plusieurs langues. Ainsi en existe-t-il une édition italienne et l'on n'aurait pas grand-chose à y redire si n'était que la préface de celui-ci a été confié par M. Sarkozy à un certain Gianfranco Fini, homme au parcours politique indubitablement sulfureux et actuellement chef d'Allienza Nazionale - Alliance Nationale - héritière directe du MSI, Mouvement Social Italien qui fut jusqu'au milieu des années quatre-vingt dix le plus important mouvement néofasciste en Europe et le prolongement naturel du Parti National Fasciste de Benito Mussolini.
Nicolas Sarkozy maîtrise parfaitement sa communication et l'on ne pourra pas croire que le choix de Gianfranco Fini pour préfacer l'édition italienne de son livre n'aurait pas reçu son assentiment explicite. Or voilà un choix qui n'est surtout pas anodin et il est légitime que l'on s'interroge : pourquoi donc M. Sarkozy a-t-il fait ce choix connoté aussi fortement ? Et précisément en ce début d'année électorale ?
Certains s'engouffreraient aussitôt dans la brèche pour dénoncer les connivences de pensée entre M. Sarkozy et l'extrême-droite et, empoignant leur porte-voix, clameraient haut et fort l'éternel slogan: Sarko-Fasco. Ce serait sans doute trop simpliste, et certainement parfaitement contre-productif car trop attendu. M. Sarkozy a bien des défauts, mais c'est un républicain et ce n'est pas sur ce terrain-là qu'il faut l'affronter.
On en revient alors toujours à la même chose : Nicolas Sarkozy a une ambition et une seule, et il est prêt à tout pour y parvenir. Depuis toujours - tout petit déjà - il veut devenir Président de la République, et cette seule fin justifie à ses yeux tous les moyens. Or il sait pertinemment qu'il a besoin de l'extrême-droite pour y parvenir, ou du moins que les voix qu'elle représente en France pourraient bien lui être nécessaire pour franchir les quelques pour-cent qui pourraient, s'ils venaient à lui manquer, lui interdire l'accès à ce sommet qu'il chérit tant.
Que l'on ne s'y trompe pas, l'on ne parle pas là des classes populaires désespérées par les partis traditionnels et qui expriment leur souffrance et leur révolte dans un vote lepéniste, ces voix qui font grimper Lepen jusqu'à des quinze ou des vingt pour-cent. Ceux-là n'ont cure des accointances éventuelles de M. Sarkozy avec un parti post-fasciste italien. Non, il s'agit de ces quelques pour-cent - moins de cinq sans doute - qui savent très précisément pourquoi ils penchent à l'extrême-droite et qui ont des rêves ouvertement fascisants, qui sont le coeur battant de l'extrême-droite française. Ce sont ces voix-là qui se porteront ou non sur M. Sarkozy lors d'un éventuel second tour, qui manqueront ou ne manqueront pas au candidat, une population qui de tout temps a pesé sur la droite française et à laquelle il est nécessaire d'adresser des signes pour peu qu'on veuille à tout prix s'en approprier le vote.
En cette droite-là, extrême et fascisante, M. Chirac - et l'on doit bien lui reconnaître au moins ça - a toujours refusé d'aller y perdre son âme, fut-ce au profit d'une ambition. Mais M. Sarkozy, dont on sait qu'il ne laisse rien au hasard, ne s'embarrasse pas de si peu. Pour les besoins de sa cause personnelle, il a de toute évidence choisi de revenir à cette tradition trouble de la droite française, ce temps où elle laissait sciemment se brouiller quelques lignes, cette frontière entre le fréquentable et l'infréquentable. Le signe adressé par Nicolas Sarkozy et qui nous parvient depuis nos voisins transalpins, est tout à fait clair et nul doute qu'il saura être entendu par ceux qui l'attendaient.
Pour les autres, cela ne leur était pas destiné et on aura remarqué que la presse - hormis dans un court article paru dans Libération - s'est montrée bien sage en ne relatant rien de cette préface dont on peu concevoir qu'elle puisse légitimement interroger. On pourrait même vouloir qu'un journaliste fasse son travail et que le candidat Sarkozy s'explique à ce sujet. Mais la question serait-elle trop embarrassante, comme le serait sans doute ce logo de l'Alliance Nationale affirmant sans ambiguïté, assumant même sa filiation avec le MSI dont M. Fini fut secrétaire national jusqu'en 1995, logo reproduit ci-dessous et qui en rappelle furieusement un autre...

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Une campagne médiatique aux ordres de Nicolas Sarkozy ?
Un article édifiant sur AgoraVox
"Après les propos de Ségolène Royal dénonçant les "conglomérats de la finance et des médias" qui, pour la candidate socialiste, soutiennent Nicolas Sarkozy, analysons de plus près la relation entre le candidat UMP et ces conglomérats." A lire de toute urgence sur AgoraVox.fr...
Vous avez dit "candidat ethique" ? On a de plus en plus le sentiment que plane sur la France la menace nauséabonde de l'avènement d'un Nicolas Sarluskony !
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La rupture selon Sarkozy
Bis repetita
Dans le programme du candidat Chirac aux présidentielles de 2002, on peut lire entre autres choses :
"Assouplir les 35 heures par la voie d'accord entre les partenaires sociaux, sans modifier l'horaire légal et faire sauter le verrou des heures supplémentaires, après négociation, en augmentant le contingent et en baissant la surtaxation"
"Baisse de l'impôt sur les successions via un doublement du plafond"
"Elargir la liberté pour la retraite en permettant à ceux qui veulent travailler plus longtemps de toucher davantage"
"Allégement des charges sociales pour les entreprises"
Sans oublier que le leitmotiv de la campagne était... "Travailler plus pour gagner plus". Je vous livre pour preuve un extrait du discours prononcé par M. Chirac le 25 mars 2002 et intitulé "Mon engagement pour la France" :
Je m'engage à rendre toute leur place au travail et au mérite, en dépassant l'horizon de l'assistance :
1- En garantissant l'entrée des jeunes dans la vie active [...]
2- En réorientant l'assistance vers le travail [...]
3- En permettant à ceux qui veulent gagner plus de travailler plus :
o l'horaire légal sera maintenu à 35 heures, mais l'Etat cessera de choisir à la place des Français entre revenu et temps libre,
o les Français qui le peuvent et qui le souhaitent pourront travailler plus pour gagner plus,
o l'assouplissement des 35 heures sera négocié par les partenaires sociaux pour s'adapter à la diversité des aspirations des salariés et aux réalités des entreprises.
"Travailler plus pour gagner plus", "privilégier le travail par rapport à l'assistanat", ça rappelle quelque chose, non ?
M. Sarkozy, quoi qu'il en veuille nous faire croire, nous propose de poursuivre très exactement ce que lui et ses amis politique ont mis en place depuis cinq années qu'ils gouvernent. Une rupture bien tranquille, en effet. Le discours est le même qui cherche à rendre présentable la même politique dont le résultat est désatreux tant du point de vue économique que du point de vue social :
- une dette record : 300 milliards d'euros ;
- un déficit commercial record : 30 milliards d'euros en 2006 ;
- des prélèvements obligatoires (les impôts) en hausse, contrairement aux promesses faites ;
- une croissance économique minimale ;
- une précarité économique et sociale aggravée pour les salariés ;
- un système de solidarité dégradé ;
- etc...
La vérité est là et tous les beaux discours de M. Sarkozy ne devraient pas conduire les français à prendre les vessies du libéralisme pour des lanternes sociales.
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Immigration : le symptôme d'un grand mal
S'attaquer au mal plutôt qu'à ses symptômes
Quand ça démange, il ne sert à rien de se gratter jusqu'au sang, bien au contraire. Il est préférable de s'attaquer à l'origine du mal... sauf à considérer que le mal serait la présence d'étrangers en situation irrégulière sur le territoire français, et non la misère et la souffrance qui font fuir de leurs pays des hommes et des femmes, et les mafias qui s'enrichissent scandaleusement sur le dos de leur misère et de leur souffrance.
La situation exige sans aucun doute que l'on traite le symptôme, qu'on s'en soulage un peu. Il faut pourtant savoir que cela ne suffira pas, et qu'à le faire trop brutalement on se fait surtout du mal à soi-même. Savoir que réprimer ne suffit jamais et que réprimer trop fort et en y abandonnant son âme est mortifère. Savoir surtout que si l'on ne s'attaque pas au mal lui-même, il reviendra toujours et toujours plus fort.
Il faut avoir le courage d'expliquer cela, expliquer que la solution de la répression et du repli sur soi n'en est pas une, que ne proposer que cela est à la fois simpliste, démagogique et totalement inefficace. La fermeté n'est en la matière qu'une posture : nécessaire, certainement, pour autant elle ne suffit pas. Et il est scandaleusement irresponsable de la part d'un homme politique que de laisser croire le contraire.
L'immigration massive est le symptôme d'un grand mal. Ce grand mal est la misère du monde et son exploitation par les organisations mafieuses.

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Du discours à la réalité
Deux poids, trois mesures
Interrogé par un des 100 français du panel sur la question du pouvoir d'achat des petites retraites, M. Sarkozy, fidèle à son discours consistant à systématiquement opposer deux France (voir déconstruction d'une rhéthorique), a répondu que le financement de cette augmentation de pouvoir d'achat serait financée par l'alignement des régimes spéciaux sur le régime général.
Par ailleurs, dans un courrier du 20 septembre 2006 adressé au secrétaire général du syndicat Alliance Police Nationale, M. Sarkozy aurait écrit que "les policiers ne sont aucunement concernés par le projet" de réforme des régimes spéciaux de retraite.
Le candidat Sarkozy "n'accepte pas qu'on fasse deux poids deux mesures"... SAUF donc dans l'éventualité où ça le desservirait du point de vue de son propre intérêt politique. Il est fort à parier que les retraités à faibles revenus attendent longtemps les "retombées" que leur promet M. Sarkozy - car on aura remarqué que, répétant à l'envi qu'il n'est pas possible de vivre avec 700 € par mois, son discours sur les régimes spéciaux lui aura surtout évité de parler d'une éventuelle augmentation des minimas sociaux. C'est que pas instant ce n'est dans ses intentions.
M. Sarkozy compatit beaucoup, souvent et avec une emphase plutôt superbe... On peut toutefois s'interroger sur le bien que ça va nous faire.
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Sarkozy soutient Charlie Hebdo
Le Ministre des Cultes abandonne son devoir de neutralité
Alors que Charlie Hebdo, poursuivi après la publication de caricatures du prophète Mahomet pour "injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion" par la Grande mosquée de Paris et l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), deux composantes du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), répond depuis ce matin de ces accusations devant le tribunal correctionnel de Paris, Nicolas Sarkozy affirme dans une lettre lue à l'audience par l'un des avocats de l'hebdomadaire satirique : "Je tiens à apporter mon soutien à votre journal qui s'inscrit dans une vieille tradition française, celle de la satire".
Ce soutien ne serait pas surprenant de la part d'un candidat à la Présidence de la République. Il serait le bienvenu de la part d'un chef de parti politique, ou de tout responsable politique en général. Il aurait même été tout à fait pertinent s'il ne survenait à l'occasion de l'ouverture du procès, alors même que la justice est en charge de se prononcer. Car M. Sarkozy n'est pas seulement président de l'UMP et candidat à la présidence de la République, il a choisi en sus de s'accrocher à son portefeuille de ministre. A ce titre il reste contraint au devoir de réserve qui s'impose à tous les ministres en vertu de la séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire. Mais il n'est pas non plus à la tête de n'importe quel ministère, il est Ministre d'Etat, Numéro 2 du gouvernement, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire, et à ce titre en charge des questions liées aux cultes. Bref, il est plutôt trois fois qu'une soumis à un devoir de réserve lorsque s'ouvre un procès où les rapports de la sphère publique avec le culte sont en cause.
Il faut donc s'intéresser aux motivations de M. Sarkozy pour avoir choisi de manquer de manière aussi flagrante au devoir que lui impose sa charge. Et quelles sont-elles sinon une fois de plus électorales ? Le candidat n'ignorait pas que ce soutien du Ministre chargé des cultes ne manquerait pas non seulement d'attirer à lui les projecteurs, mais surtout de provoquer une réaction puissante de la part du CFCM, laquelle réaction ne pourrait lui être électoralement que bénéfique. Il ne l'ignorait pas et donc il l'a provoquée - d'autant plus que ces Messieurs devaient être à cran depuis que deux jours plus tôt le même Sarkozy les avait renvoyés en bloc à l'image "des moutons que l'on égorge dans les appartements" (où l'on se rend compte que l'homme n'en est pas à une provocation près...).
Où l'on comprend surtout et une fois de plus que lorsqu'il est question de son ambition personnelle, M. Sarkozy ne se connaît aucune limite. Où est illustré une fois de plus combien est immensément béant le fossé entre les discours d'un candidat qui affirmait il y a peu qu'il serait le "candidat de l'éthique" et la réalité des actes d'un homme prêt à toutes les provocations et à tous les reniements pour atteindre le but qu'il s'est fixé. Cela mérite d'être d'autant plus d'être souligné dès lors que l'homme en question prétend accéder à la fonction de Président de la République dont les pouvoirs mais aussi les devoirs sont autrement plus importantes, demandent un peu plus de mesure et de retenue, où la provocation permanente et les postures de cow-boy ne peuvent tenir lieu de politique.

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Rupture ou continuité ?
Une question à Nicolas Sarkozy
Le discours de M. Sarkozy est séduisant, c'est un fait. Il est évident que l'homme manie la langue de bois avec une habileté toute diabolique. Pourtant, pas plus que pour sa prestance physique on ne devrait voter pour un homme politique pour la prestance de son langage. Il s'agit de bien plus sérieux que cela, il s'agira de la mise en oeuvre d'une politique, et avant cela donc il s'agit d'être ou non "séduit" par un programme politique. Que va-t-il faire en réalité ? Quelles en seront les conséquences et pour qui ? Est-on politiquement en accord avec cela ?
Un matraquage de "il faut que", de "je n'accepte pas que" et de "je veux que" ne peuvent suffire à nous convaincre, ne doivent pas nous masquer la réalité d'un programme et l'épreuve des faits. On ne gouverne pas un pays avec des pétitions de principe et des déclarations velléitaires, on met en oeuvre une politique. M. Sarkozy qualifie son programme de "rupture", c'est son droit. Pourtant, il est assez aisé de constater deux choses :
La première est que depuis cinq ans la France est engagée sur la voie du libéralisme que souhaite la droite et que ne renie pas M. Sarkozy, bien au contraire. Combien de français peuvent dire que leur situation personnelle s'est améliorée depuis cinq ans ? La pauvreté a-t-elle reculée ? La richesse est-elle mieux partagée ? Les libertés ont-elles progressé ? Le pouvoir d'achat a-t-il augmenté ? Les services publics sont-ils plus efficaces ? La justice est-elle plus performante ? La criminalité a-t-elle reculé ? Vivons-nous mieux ensemble dans une société plus prospère et plus apaisée ? En a-t-on terminé avec la "fracture sociale" ?...
La seconde est qu'il n'y a rien dans le programme de M. Sarkozy qui entre réellement en rupture avec cette politique qui a été mené pratiquement sans entraves ces cinq dernières années, par des gouvernements successifs où M. Sarkozy était partie prenante, et avec l'appui des parlementaires où les amis politiques de M. Sarkozy détiennent une majorité absolue. Il suffit de lire son programme et les propositions concrètes qu'il contient pour comprendre qu'il s'agit d'avantage d'une continuité, voire d'une amplification, que d'une rupture. On se demande par quel miracle le sort des français s'en trouverait cette fois améliorée.
La campagne que mène M. Sarkozy consiste à étendre l'écran de fumée de ses beaux discours devant la réalité de la politique qu'il entend effectivement mener, afin notamment de dissimuler qu'elle se place dans l'exacte continuité de celle qu'il mène avec ses amis depuis cinq ans. Afin de dissiper ce brouillard de séduction, il serait sans doute utile qu'on pose une question, une seule, à M. Sarkozy : "Au delà de votre discours sur la rupture, pouvez-vous, M. Sarkozy, extraire de votre programme deux mesures concrètes - l'une sociale, l'autre économique - qui ne soient pas l'exacte prolongation idéologique de la politique mise en oeuvre en France depuis cinq ans ?"
Débarrassés alors de l'écran de fumée que M. Sarkozy s'efforce d'étendre devant leurs yeux à force de matraquage rhétorique, il ne restera plus aux français qu'à se demander si l'intervention de cette main invisible en laquelle feigne de croire les apôtres du libéralisme permettra de faire qu'ils puissent bénéficier cette fois-ci d'une miette des retombées que les amis politiques de M. Sarkozy, ainsi que lui-même, ne cessent depuis des années de leur promettre, et sans que cela n'arrive jamais.

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Sarkozy : déconstruction d'une rhétorique
De l'art de la démagogie
Inutile de nier que Sarkozy est un tribun d'exception. C'est même ce qui le rend si dangereux, cette capacité à si bien maquiller ses véritables intentions que non seulement elles en deviennent attractives, mais semblent comme expurgées de leur vraie nature et des menaces qu'elles font en réalité peser sur ceux-là même qui, de bonne foi, se laissent séduire.
Pourtant, la mécanique est toute simple, et c'est cette simplicité même qui rend le discours si redoutable, tellement efficace. Voyons comment cela fonctionne :
1- Il y a deux catégories de français : c'est la base du discours de M. Sarkozy, toujours opposer deux France, l'une mauvaise et fantasmée qu'il faut stigmatiser, l'autre bonne qu'il faut aider à prospérer ;
2- Vous faites partie des gentils : c'est la deuxième phase : l'auditoire doit être convaincu qu'il est dans le camp à qui l'on va faire du bien ;
3- Les uns (les méchants) mangent sur le dos des autres (les gentils) : tout ce qui ne va pas pour vous vient de l'existence de l'autre qui vous fait du mal ;
4- "Je n'accepte pas" les agissements des méchants (ils profitent de vous) : si je suis élu, je saurai être ferme (M. Sarkozy dit beaucoup qu'il "n'accepte pas" ; on remarquera qu'il prend bien garde de ne pas être plus précis) ;
5- "Je veux" privilégier les gentils (ils sont méritants) : il y aura des privilèges et c'est à vous que je les réserve, puisque vous faites partie du camp des gentils - je suis de votre côté, votez pour moi.
CQFD
Le raisonnement de M. Sarkozy est on ne peut plus évident : pour chacun d'entre nous, le méchant c'est l'autre - c'est bien humain. Il suffit donc de déclamer avec force et emphase qu'on fera une politique favorisant les gentils et intraitable avec les méchants pour que tout le monde applaudisse.
J'inviterais pour ma part chacun à considérer que peut-être M. Sarkozy pourrait ne pas l'inclure dans les gentils et considérer alors ce que rend cette fois son discours : "Je ferais une politique qui favorisera les uns et sera intraitable avec les autres" Considérant alors que cet homme ne fait pas mystère de son attachement au libéralisme, considérant par ailleurs la politique que mène la droite depuis cinq ans, on peut aisément deviner qui sont en réalité "les uns" (les quelques-uns) et qui sont en réalité "les autres" (tous les autres).
La démagogie est l'art de plaire au peuple. Le but est que le peuple nous veuille du bien (nous donne son suffrage). Ça ne signifie pas qu'on veuille du bien au peuple, et bien au contraire.
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Vous avez dit "homophobie"
Sur TF1, le 5 février
Interrogé par un des 100 français du panel sur la question du mariage des couples homosexuels, et poussé par cette personne dans ses retranchements (une fois n'est pas coutume), M. Sarkozy a été contraint de nous révéler le fond de sa pensée :
"Je ne souhaite pas donner de la famille une image qui serait celle d'un couple homosexuel avec des enfants"
Oui, M. Sarkozy, on est bien là dans le flirt le plus tendre avec les sentiments homophobes les plus sournois. Une telle déclaration est une insulte à tous les couples homosexuels avec enfants qui vivent en France et qui sont par une telle déclaration désignés du doigt, stigmatisés comme "aberrants".
Ne nous étendons pas sur le fait qu'une telle logique pourrait conduire de la même manière à, par exemple, vouloir interdire le divorce afin de ne pas donner de la famille une image qui serait celle d'un parent élevant seul ses enfants... D'autres, situés à peine à sa droite, déclarent vouloir s'opposer à l'immigration venu du sud pour ne pas donner de la France une image qui ne soit pas blanche et chrétienne.
On pourrait d'ailleurs aussi ne pas vouloir élire M. Sarkozy afin de ne pas donner de la France une image qui soit à la fois rétrograde et réactionnaire, indifférente à la souffrance de l'autre, reniant les valeurs de la solidarité.
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Le camp des nantis
Sur TF1, le 5 février
Interrogé par un des 100 français du panel sur la question des réquisitions des locaux vacants, M. Sarkozy s'est déclaré "opposé aux réquisitions". Son argumentation est la suivante : "Mettez-vous à la place de celui qui a travaillé dur pour acquérir un patrimoine... Il ne pouvait plus clairement montré où va son empathie, vers le nanti (qui a travaillé dur, évidemment) plutôt que le miséreux (un fainéant qui vit de l'assistanat, évidemment aussi).
J'avais eu pour ma part le sentiment que la femme qui soulevait cette question tentait surtout de se mettre à la place de celui qui dort dans la rue, faute de disposer d'un logement. Mais chacun compatit où il veut, après tout.
Ajoutons seulement que M. Sarkozy s'est ensuite déclaré décidé à donner à tous les sans domiciles l'accès à un petit logement. Et s'il s'est bien gardé de dire comment (aucune réquisition, ça on l'a compris), il s'est néanmoins empressé de précisé que sa générosité ne s'étendrait pas aux sans-papiers, auxquels ne s'étend donc pas sa conception de la solidarité républicaine.
Puis il a ajouté, au cas où l'on aurait mal compris : "On aide celui qui veut s'en sortir". Ce qui laisse entendre qu'il y aurait une France de ceux qui ne veulent pas s'en sortir, qui se complaisent dans l'assistanat, sans doute parce qu'il est possible d'en vivre bien. Encore une fois, ça a le mérite d'être clair.
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L'exception rurale
Sur TF1, le 5 février
Interrogé par un des 100 français du panel sur les libertés du fumeur, M. Sarkozy répond avec emphase en rappelant que la cigarette tue, qu'elle tue non seulement celui qui fume mais également son entourage. Il déclare alors que s'il est un acharné défenseur de libertés (sic !), il est contre la liberté de se tuer et contre la liberté de tuer l'autre, et que donc il approuve avec force l'interdiction de fumer dans les lieux publics.
Et puis après un court instant de réflexion, il précise que toutefois et peut-être, dans le cas des communes rurales où le café est le dernier endroit de convivialité, il serait prêt là à concevoir qu'on puisse faire une exception. Faut-il comprendre qu'il n'est pas hostile à ce que les habitants des campagnes puissent se tuer et tuer leur entourage ?
C'est là l'exemple flagrant du discours à géométrie variable que ne cesse de tenir M. Sarkozy, un discours qui suit tout simplement la géométrie de l'électorat, le type même du discours démagogique de celui qui n'a de conviction intangible que dans les limites de sa propre ambition présidentielle : "qu'ils se tuent, pourvu qu'ils votent pour moi".
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Le vrai visage de Nicolas Sarkozy
Une éthique de façade
Quatre événements ont eu lieu cette semaine qui viennent écorner l'image rassurante que cherche depuis peu à présenter le candidat Sarkozy. Il cite Blum et Jaurès, il se déclare le candidat de l'éthique, il se dit libéral social, mais :
Quand le fils du Ministre de l'Intérieur, Président de l'UMP et candidat aux élections présidentielles, se fait voler son scooter dans sa bonne ville de Neuilly, non seulement celui-ci est retrouvé dans les dix jours, mais la police procède à des prélèvements d'ADN pour mettre la main les auteurs du délit. C'est sans doute anecdotique, mais la force du symbole est évidente : le vol à Neuilly d'un scooter appartenant au fils Sarkozy n'est pas traité par la police de la même manière que le vol à Montfermeil d'une voiture appartenant au fils de personne. Cela se passe de commentaires.
Quand l'on apprend le lendemain que le Ministre de l'Intérieur, Président de l'UMP et candidat aux élections présidentielles, a commandité aux RG une enquête sur l'entourage de Ségolène Royal, on comprend toute l'importance que cet homme accorde à l'éthique dont il se gargarise tant, s'accordant à des fins électorales d'utiliser en sous-main les moyens de l'Etat : un homme prêt à tout dont l'intérêt supérieur est sa propre ambition personnelle à laquelle il est prêt à tout sacrifier.
Et quand le même jour, l'on apprend que les services de police, engagés par leur ministre-candidat dans une guerre sans merci contre les sans-papiers, se sont permis de rafler 21 d'entre eux alors qu'ils étaient allés chercher de quoi manger un peu dans les restos du coeur, on se prend à terriblement douter de l'aptitude à la compassion du personnage. On conviendra qu'il est tout de même particulièrement indigne d'utiliser la solidarité associative comme appât dans cette chasse aux sans-papiers qu'a décidé de mener M. Sarkozy : tout les coups sont-ils permis ?
Enfin, quand aujourd'hui est révélé que le Ministre Sarkozy a une nouvelle fois usé des RG pour enquêté sur le voisinage du QG de campagne du candidat Sarkozy, fichant systématiquement tous les habitants, on se dit que cela fait tout de même beaucoup pour une seule semaine, laquelle décidément nous en aura dit long sur un homme qui cherche à faire croire aux français qu'il aurait changé, se révélant néanmoins, jour après jour, tel qu'en lui-même : sans scrupule ni éthique, avide seulement de pouvoir.
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Sarkozy : "les fainéants et les assistés"
Travailler plus, Partager moins
Nicolas Sarkozy a déclaré : "Depuis vingt-cinq ans, on partage le travail et l'on n'a jamais réduit durablement le chômage. Je ferai donc l'inverse en incitant tous ceux qui le souhaitent à travailler plus et en récompensant davantage le travail que l'assistanat. C'est en travaillant plus que nous aurons du travail pour tous."
Cette déclaration a le mérite de la clarté... et elle éclaire en effet puissamment, non seulement les intentions, mais aussi les procédés rhétoriques de Nicolas Sarkozy. Décortiquons ce petit discours :
Tout commence par une double contre-vérité. Tout d'abord, depuis vingt-cinq ans, la droite a été au gouvernement onze années, avec pour premiers ministres MM. Chirac, Balladur, Juppé, Raffarin et Villepin, M. Sarkozy ayant été en particulier Ministre du Budget de M. Balladur en 1993 (il y a 14 ans !), et Ministre de l'Economies, des Finances et de l'Industrie en 2004. Or cette droite là ne s'est en aucun cas préoccupée de "partager le travail". Bien au contraire, elle a appliqué précisément les mêmes recettes que celles que M. Sarkozy nous présentent aujourd'hui comme nouvelles : baisser les charges sociales qui pèsent sur le travail, diminuer les impôts qui pèsent sur le pouvoir d'achat, flexibiliser le travail qui freine l'embauche (et le licenciement !...). Là où il est dans le vrai, c'est que ces mesures, si elles ont en effet permis d'augmenter le pouvoir d'achat des plus aisés et de précariser les salariés les plus fragiles, n'ont en effet jamais permis de réduire le chômage, bien au contraire. En revanche, et c'est le second point, la réduction du temps de travail (39 heures, cinquième semaine de congés payés, puis 35 heures) a, dans l'ensemble, amélioré les conditions de vie des salariés et, qui plus est, créé de l'emploi - massivement en ce qui concerne les 35 heures (ce que nul ne se permet plus guère de contester).
Ensuite, il s'agit donc pour M. Sarkozy d'inciter "tous ceux qui le souhaitent à travailler plus" et de récompenser "davantage le travail que l'assistanat". On est là au coeur du sujet : pour M. Sarkozy, les français se divisent en deux camps, ceux qui travaillent et ceux qui sont assistés, laissant entendre que les quelques millions de français qui n'ont pas d'emploi, et de ce fait ne travaillent pas, seraient majoritairement responsables de leur situation, voire volontaires pour s'y trouver. Il omet volontairement d'évoquer, plutôt que ceux qui souhaitent travailler plus, tous ceux qui souhaiteraient tout simplement travailler, ceux pour qui trouver un emploi est une nécessité - et une souffrance quotidienne de ne pas en trouver. Et à cette souffrance, M. Sarkozy ajoute donc la stigmatisation : ce sont des assistés - laissant en sus supposé que ce serait confortable, qu'il serait possible de vivre bien des aides sociales, qu'il n'est en conséquence pas nécessaire que l'Etat se soucie davantage de leur cas, c'est-à-dire se préoccupe de solidarité. La seule chose qu'il leur dit est : nous allons inciter à travailler plus ceux qui travaillent et ça finira bien par "retomber" sur vous. Mais cela a déjà été fait et l'expérience montre que "ça ne retombe jamais" : c'est une politique économique qui ne permet pas de réduire le chômage, qui en sus et au contraire piétine le principe même de la solidarité nationale.
"Ceux qui le souhaitent..." : M. Sarkozy pense-t-il vraiment que les salariés dans leur grande majorité souhaitent travailler plus, et qu'il leur suffirait de le souhaiter pour qu'on leur accorde ? Mais les salariés souhaitent surtout gagner plus, c'est-à-dire être payé davantage. Augmenter les salaires ? Mais vous n'y pensez pas ! Progresser dans l'entreprise ? Pas la peine d'y compter non plus ! Il ne s'agit que de travailler davantage, faire des heures supplémentaires : mais combien d'entre nous ont déjà vu la moitié d'une heure supplémentaire payée ? et combien d'entre nous ont vu que c'était le salarié qui avait la faculté de demander des heures supplémentaires ? Les heures supplémentaires, M. Sarkozy, elles sont non seulement souhaitées par l'employeur, mais aussi généralement imposées par lui, et qui plus est très exceptionnellement rémunérées. Il est parfaitement aberrant de laisser penser qu'une telle mesure pourrait significativement accroître le pouvoir d'achat des français.
Car elle est bien là la logique à laquelle tente de nous faire croire M. Sarkozy et qui fait l'objet de la dernière phrase de ce petit laïus que nous avons rapporté au début : si les français qui travaillent travaillaient encore plus, leur pouvoir d'achat augmenterait, la consommation serait relancée, des emplois seraient créés et en profiteraient (enfin !) ceux qui ne travaillent pas (les fameux "assistés" que l'on prie de bien vouloir donc que "ça" retombe). C'est évidemment une fumisterie... et c'est en outre précisément ce qui a été mis en place par les gouvernements successifs de M. Raffarin, avec les conséquences que l'on sait, et sur la croissance, et sur le pouvoir d'achat, et sur le chômage.
Que s'est-il donc passé sous M. Villepin ? C'est là encore très instructif : a tout simplement été remis au goût du jour un peu de ce qui avait été cassé précédemment et qui s'appelle la politique des emplois aidés... Moyennant en supplément une politique de radiation massive (le traitement statistique du chômage plutôt que le traitement social), le chômage est alors revenu peu ou prou au niveau où le gouvernement de M. Jospin l'avait lui-même amené. Faut-il réellement applaudir ?
Ainsi, pour conclure, M. Sarkozy reprend à son compte les vieilles recettes libérales de sa famille politique et, non content de vouloir les aggraver, retient essentiellement celles qui donnent les pire résultats. La "rupture tranquile" serait alors tout bêtement de rhabiller le RPR en UMP et nous faire prendre de vieilles vessies pour de rutilantes lanternes ? Alors oui, en effet, c'est plutôt tranquile...
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On parle de : Sarkozy : "les fainéants et les assistés"
Sarkozy et le modèle américain
L'économie des retombées, d'après Russell Banks
"Si je pense que nos dirigeants sont cyniques ? Oui, honnêtement, je le pense. Il me semble, cependant, que leur système de croyances les persuade qu'ils oeuvrent pour le bien universel - que le bien universel leur demande de s'engager dans des actions qui les avantageront, eux en particulier. Je ne sais pas si vous connaissez une expression qu'employait Reagan, celle de "l'économie des retombées". On croyait, et on le croit encore chez les républicains, que si l'on diminuait les impôts des riches, ces avantages finiraient par retomber sur les pauvres, qu'en somme les pauvres bénéficieraient de la réduction d'impôt dont avaient profité les riches. Un formidable fantasme. Très alléchant. Tout le monde attendait qu'un peu d'argent finisse par retomber. Bien entendu, comme cela ne se produisait jamais, on accordait une nouvelle réduction d'impôt aux riches. Et les riches disaient : Ne vous inquiétez pas, c'est l'économie des retombées ; ça va finir par arriver jusqu'à vous. Ils y croyaient. Les riches croient toujours que ce qui est bon pour eux est bon pour tout le monde."
- dans Amérique, Notre Histoire : Russell Banks, entretien avec Jean-Michel Meurice -
Ce commentaire de Russell Banks est une parfaite illustration de ce qui forme l'essence même du discours sarkozyste, cette manière de nous présenter le prétendu cercle vertueux du libéralisme : favorisons les riches : ça finira par retomber sur les pauvres ; favorisons les entreprises : ce sont les salariés qui en bénéficieront ; favorisons le fort : le faible ne s'en portera que mieux ; réduisons les impôts : les rentrées d'argent seront plus importantes ; facilitons le licenciement : les chômeurs trouveront un emploi ; accroissons la flexibilité du travail : la précarité reculera ; etc...
C'est une économie de faux-semblants. Et en attendant que "ça" retombe, les riches deviennent plus riches, les forts deviennent plus forts..., et ce sont toujours les mêmes qui attendent, ceux qui ont de moins en moins la possibilité d'attendre, ceux pour qui attendre est tout simplement une souffrance supplémentaire.
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Sarkozy et l'injustice fiscale
De la baisse des impôts selon Nicolas Sarkozy
Dans Le Monde d'aujourd'hui, Nicolas Sarkozy précise ses ambitions fiscales pour la France. Son raisonnement est le suivant : en baissant l'impôt sur le revenu, on rend du pouvoir d'achat aux français, lesquels vont consommer d'avantage, ce qui aura pour effet d'augmenter les recettes de l'Etat via la TVA. Un petit décryptage s'impose :
Rappelons d'abord que l'impôt sur le revenu est un impôt progressif et redistributif, l'impôt solidaire par excellence : plus vos revenus sont importants, plus vous payez plus, et plus donc vous contribuez plus à la solidarité nationale. Dit autrement, une partie de ce que vous gagnez est redistribué à l'ensemble des français via le financement des services publics de la santé, de l'enseignement, de la police, de la justice, etc...
Illustrons ce mécanisme avec un exemple simple (et des chiffres volontairement simplifiés) : supposons que chaque français reçoive de l'Etat 1000 € par an via l'accès au services publics (scolarité des enfants, accès à l'hopital, sécurité...). Via l'impôt sur le revenu et son assiette progressive, un français (appelons-le Jean) qui gagne 1000 € par mois paiera 500 € d'impôt sur le revenu par an ; un autre (disons Béatrice) qui gagne 2000 € mensuel paiera 1500 € d'impôt annuel (elle gagne le double de Jean mais contribue au triple à la solidarité nationale, et c'est là tout l'intérêt de la progressivité de l'impôt : la redistribution solidaire des ressources) ; et enfin, Nicolas qui gagne 4000 € chaque mois paie quant à lui 5000 € par an en impôt sur le revenu (même chose donc...). Ainsi, et en net (c'est-à-dire compte tenu que chacun reçoit en retour 1000 € via les services publics), Jean reçoit de l'Etat 500 €, tandis que Béatrice contribue au fonctionnement de l'Etat pour 500 € et Jean pour 4000 € - mais il reste que Jean a un revenu net d'impôt de 11 500 € (contre 12 000 avant redistribution), tandis que celui de Béatrice est de 22 500 € (contre 24 000 avant redistribution) et celui de Nicolas de 43 000 € (contre 48 000 avant redistribution) ; chacun d'entre eux ayant par ailleurs un accès égal aux services publics de l'Etat (du moins en théorie...).
Disons maintenant que la population française est répartie de la manière suivante : pour 20 français qui gagnent 1000 € par mois (et sont donc dans le cas de Jean), 4 gagnent 2000 € (comme Béatrice) et 2 gagnent 4000 € (comme (Nicolas). On remarquera que dans cet exemple très simplifié l'Etat a des dépenses strictement équivalentes à ses recettes. Faisons alors comme le préconise Mr Sarkozy et baissons l'impôt sur le revenu de tout ce petit monde (c'est d'ailleurs peu ou prou la politique menée par les gouvernements Raffarin-Sarkozy-Villepin depuis cinq ans). Rendons donc à chacun 10% de ce qu'il paie en impôt sur le revenu : Jean récupère 50 € de pouvoir d'achat, à comparer à son revenu annuel net qui était de 11 500 € (donc une augmentation de moins de 0,5 % de son pouvoir d'achat) ; Béatrice de son côté récupère 150 € (soit un gain de 0,7% sur son pouvoir d'achat) ; quant à Nicolas, il gagne dans l'opération 500 € : +1,15% de pouvoir d'achat en sus - et en valeur, dix fois plus que Jean, lequel gagne pourtant quatre fois moins...
Mais regardons maintenant cette "opération Sarkozy" d'un autre point de vue : selon ses propres termes, 2600 € sont ainsi "rendus aux français" en pouvoir d'achat. Sur ces 2600 €, 1000 € vont aux deux français qui gagnent 4000 € par mois, 600 € vont aux quatre français qui gagnent 2000 € par mois et encore 1000 € sont répartis entre les vingt français qui eux gagnent seulement 1000 € par mois. Dit autrement, le cadeau fiscal de Mr Sarkozy profite autant à 10% des français les plus riches qu'à 75% des français les plus pauvres. On peut sans doute avoir une autre conception de la justice fiscale
On aura par ailleurs remarqué que cet exemple a mis de côté tous les français qui en réalité gagnent suffisamment peu pour ne pas payer l'impôt sur le revenu et qui de fait ne profiteraient pas du tout du "cadeau" de Mr Sarkozy. De même qu'on n'a pas ici évoqué le cas des très riches...
Le problème est maintenant que notre Etat dont les dépenses étaient équilibrées se retrouve avec 2600 € de moins dans ses caisses. Mais Mr Sarkozy nous dit qu'il a la solution : ce pouvoir d'achat qu'il redistribue de cette manière socialement douteuse ira à la consommation, donc rapportera à l'Etat en TVA. Remarquons d'abord que l'hypothèse est pour le moins très discutable : dès lors que ce pouvoir d'achat est distribué pour moitié sur des catégories sociales suffisamment aisées pour avoir déjà eu la possibilité de constituer une épargne, et qui donc a les moyens de consommer à hauteur non seulement de ses besoins, mais également de beaucoup de ses désirs, on peut facilement comprendre qu'une bonne partie de ce pouvoir d'achat supplémentaire viendrait en réalité tout simplement grossir une épargne déjà constituée. Mais admettons, admettons que tout ce pouvoir d'achat soit consommé et rapporte à l'Etat 19,6% de TVA. Ce serait alors seulement tout juste 20% de la somme investie qui serait récupéré par l'Etat. Le compte n'y est pas du tout Mr Sarkozy, et il faudra donc également diminuer les dépenses (dépenses pour l'école, pour la santé, pour la justice, pour la sécurité...). Et ainsi, ce ne sont plus 1000 € qui seront redistribués à chaque français via leurs services publics, mais 920 €, soit une perte de 80 € pour chacun !
Faisons donc les comptes :
- Jean gagne 50 € annuel sur sa feuille d'impôt, qu'il consomme et sur lesquels donc il paye 20% en TVA, soit 10 €, et soit donc un gain net annuel de 40 €. Par ailleurs il ne reçoit plus de l'état que 920 €. Au total, Jean est perdant de 40 € ;
- Béatrice gagne 150 € annuel sur sa feuille d'impôt, moins 30 € reversé en TVA, soit un gain net annuel de 120 €. Et au total (en tenant compte des sommes que l'Etat ne peut plus lui redistribuer), un gain réel de seulement 40 € ;
- Nicolas, pour sa part, gagne 500 € d'impôt sur le revenu, reverse 100 € en TVA (à moins bien sûr qu'il ne choisisse d'épargner, mais bon...), et fait donc un gain net annuel de 400 €, lesquels lui permettront facilement de financer les 80 € que l'Etat ne consacre plus à sa santé ni à sa sécurité, et il lui reste même plus de 300 € pour payer un soutien scolaire privé à ses enfants (l'enseignement public étant défaillant faute de moyens suffisants), ou un accouchement dans une clinique privée pour sa femme (l'hôpital public n'ayant plus les moyens de fonctionner efficacement), à moins plutôt qu'il ne choisisse de les placer dans une caisse de retraite privée...
Mais on a oublié dans cette démonstration de préciser que la TVA est un impôt proportionnel, donc totalement non progressif et non distributif, contrairement à l'impôt sur le revenu, et voilà donc une injustice sociale supplémentaire que de vouloir rendre d'un côté de l'impôt sur le revenu et prélever de l'autre par la TVA. Mais on se souvient que c'est une pratique habituelle des amis de Mr Sarkozy, lesquels il n'y a pas si longtemps, lorsque Mr Juppé était premier ministre, avaient fait passer la TVA de 18,6% à 20,6% tout en prétendant baisser l'impôt sur le revenu. De même que nous savons déjà d'expérience que la baisse de l'impôt sur le revenu est accompagnée de la régionalisation de nombreuses dépenses, lesquelles sont alors financées via les impôts locaux - bien moins redistributifs eux-aussi... Au final, les impôts auront augmenté, et auront d'autant plus augmenté que vous êtes moins riches.
En conclusion, il faut évidemment remercier Mr Sarkozy de remettre au coeur du débat politique ces évidences qui font que prétendre que droite et gauche seraient des notions dépassées est une vaste duperie. Il y a pour les français un véritable choix à faire - et il ne s'agit pas seulement de la fiscalité. Espérons que le débat - et l'information sur le débat - sera à la hauteur des enjeux qui président à ce choix. Faute de second tour, ce ne fut pas le cas en 2002. Il est aujourd'hui plus que temps que le débat ait lieu au grand jour, tout masque baissé et toute langue de bois rentrée. Ce petit texte a l'ambition d'y contribuer un peu. Si vous jugez que ce peut être le cas, faites le circuler. Et n'hésitez pas non plus à y adjoindre vos commentaires...
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