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JE TE VOIS


économie des retombées

Suppression des droits de succession et égalité des chances


La France qui travaille ou la France qui hérite ?


la valeur travail côtée en bourseLors de l'émission A vous de Juger du 8 mars sur France 2, nous avons enfin pu apprendre à l'occasion de son petit couplet sur la suppression des droits de succession qu'il propose (et qui a été largement entamé lors de la présente législature - continuité quand tu nous tiens) quelle conception de l'égalité des chance possède M. Sarkozy. Citons-le : "L'égalité des chances c'est que celui qui n'a pas la chance d'hériter puisse un jour par son travail se constituer le même patrimoine que celui qui en a hérité". C'est édifiant, non ? Ainsi donc ce serait ça, l'égalité des chances, ce ne serait pas de rééquilibrer les chances en début de parcours (à l'école, par exemple), mais laisser miroiter à ceux qui n'ont rien l'idée que peut-être, s'il travaille beaucoup et toute leur vie, à la fin (c'est-à-dire quand M. Sarkozy ne sera plus président) ils auront un patrimoine équivalent à celui qui n'a rien eu à faire puisqu'il a hérité de son patrimoine.

Ainsi donc voilà ce qu'il entend quand il parle de récompenser le travail : c'est laisser tout à ceux qui n'ont pas besoin de travailler pour survivre, puisqu'ils ont hérité et qu'ils ont les moyens de se la couler douce. Récompenser le travail, c'est laisser payer des impôts à ceux qui gagnent un peu d'argent à ceux qui travaillent beaucoup, et éxonérer de ce même impôt ceux qui gagnent beaucoup en étant simplement les enfants de leurs parents. Sarkozy dit aussi qu'il veut récompenser le mérite, mais quel mérite on a à hériter ? Ainsi donc les uns sont certains de bénéficier d'une mesure - l'exonération des droits de succession -, tandis qu'aux autres on leut laisse entrevoir qu'un jour peut-être, mais on ne sait finalement pas trop comment, ils pourront à leur tour transmettre un petit quelquechose à leurs enfants, mais en tout cas sans rien prendre à ceux qui aurait obtenu quelquechose sans travail ni mérite, et seulement si eux-mêmes travaillent beaucoup et sont très méritants. Egalité des chances, dit-il...

D'ailleurs, pour enfoncer le clou, M. Sarkozy a ensuite parlé des 17% de français qui gagnent le SMIC... pour en réalité expliquer qu'il n'avait pas l'intention de contribuer activement à revaloriser le SMIC. Pourtant, les smicards c'est la France ouvrière qui se lève tôt et qui travaille. Il semblerait cependant que cette France là soit moins méritante, mérite moins l'engagement d'un Nicolas sarkozy qui ressasse et matraque qu'il souhaite récompenser le France qui travaille, et qui se lève tôt pour ce faire. Sans doute que se rendre à l'usine le matin n'est pas assez méritoire. Sans doute surtout qu'il faut comprendre que dans l'esprit de M. Sarkozy, la France méritante est en réalité la France de ceux qui "donnent" du travail aux autres et s'enrichissent d'autant plus que les salaires et les charges sont maintenues aux plus bas, cette France qui profiterait des largesses de M. Sarkozy au lendemain même de son hypothétique élection, tandis que les autres n'auraient plus qu'à entendre les lontaines et toutes aussi hypothétiques retombées d'une politique qui favoriserait d'abord les déjà riches.

Il oppose sytématiquement les assistés aux chômeurs qui veulent s'en sortir, les chômeurs aux salariés, les salariés pauvres aux salariés des classes moyennes, les fonctionnaires aux salariés du privé, les salariés en général aux petits entrepreneurs, mais en réalité et quoi qu'il veuille habilement laisser entendre, ce n'est à aucun de ceux-là que sa politique économique s'adresse. Celle-ci n'a en vérité d'autre objectif que de protéger la richesse des nantis. Car enfin résumons-nous : Sarkozy prétend vouloir récompenser la France qui mérite, mais on comprend qu'il s'agit en vérité de la France qui hérite. Sarkozy prétend vouloir récompenser la France qui travaille, mais on comprend qu'il s'agit en vérité de la France qui dirige. Bref, c'est le représentant de la droite libérale.

Et Bayrou... aussi !


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Le programme fiscal de Sarkozy : êtes-vous vraiment concernés ?


Une fiscalité favorable aux très riches


promesses sarkozy démagogie populismeSarkozy promet beaucoup et à tout le monde. Et si l'on en croit les sondages - mais faut-il encore croire les sondages ? - nombreux sont les français qui semblent séduits par ses promesses. C'est un fait que le candidat UMP a l'art de laisser croire à chacun qu'il s'occupera bien de lui. Pourtant, si l'on examine quelques-unes de ses propositions fiscales sur lesquelles il communique le plus, la réalité est toute autre. Illustration :

1- Baisser le seuil du bouclier fiscal à 50% :

Il s'agit de ne pouvoir prélever en impôts (impôts sur le revenu, taxes foncières et d'habitation, ISF, CSG et RDS) plus de 50% des revenus d'un foyer fiscal. Notons d'abord que la réforme fiscale de 2005 a déjà instauré un bouclier fiscal à 60% (et qui n'incluait pas CSG et RDS) et qu'une telle mesure se situe donc dans l'exacte continuité de la politique menée ces cinq dernières années. De plus, elle ne concernerait que moins de 20.000 foyers fiscaux (sur 34 millions) parmi les plus aisés. Pour exemple, un salarié célibataire déclarant un revenu annuel de 100.000 euros devra posséder un patrimoine de près de 3 millions d'euros pour pouvoir bénéficier de la mesure. Autant dire que le bouclier fiscal, que M. Sarkozy ne craint pas de vendre comme une mesure de justice sociale, concerne pour l'essentiel une infime minorité de contribuables les plus riches. Cela coûterait 2 milliards d'euros à l'Etat, soit près de la moitié des recettes de l'ISF.

2- Déduire jusqu'à 50.000 euros du montant de l'ISF pour ceux qui investissent dans une PME :

L'ISF concerne les contribuables disposant d'un patrimoine total supérieur à 750.000 euros - soit moins de 500.000 foyers fiscaux sur 34 millions. Pour atteindre le plafond de 50.000 euros déductibles de l'impôts, il est nécessaire de disposer d'un patrimoine supérieur à 6 millions d'euros. Or 95% des foyers assujettis à l'ISF sont en dessous de ce seuil, lesquels donc seraient donc de fait exonérés de l'ISF. Les 5% restants étant concernés par la mesure précédente - le bouclier fiscal -, M. Sarkozy propose de fait, bien qu'en prétendant le contraire, de supprimer purement et simplement l'ISF.

3- Baisser de 4 points les prélèvements obligatoires et "rendre 68 milliards aux français" :

La mesure a été analysée dans un autre article, où l'on a montré comme il s'agit là encore d'une mesure qui concernerait pour l'essentiel les plus riches et qui mettrait à mal le principe même de la solidarité républicaine - voir Sarkozy ou l'injustice fiscale. Qui plus est, passé l'effet d'annonce de la mesure et confronté à l'impossibilité de la financer, M. Sarkozy ne parle plus aujourd'hui que de 20 à 30 milliards dans un programme de réduction d'impôts qui ne débuterait qu'après 2010 et qui s'étalerait sur une période de six à sept années... En bref, cela ne concerne pas le mandat présidentiel à venir (2007-2012) - voir Sarkozy revient sur sa promesse de baisse des impôts

4- Déduire de l'impôt les intérêts d'emprunt pour l'acquisition d'une résidence principale :

Il s'agit de favoriser l'accès à la propriété aux classes moyennes, mesure mise en place par la gauche au début des années 1990 et supprimée par Alain Juppé en 1997. Dix ans plus tard, la mesure est minimaliste et il s'agit aujourd'hui de la comparer avec la proposition de Mme Royal d'une extension des prêts à taux zéro...

5- Supprimer l'impôt sur les successions :

Etrange proposition pour quelqu'un qui prétend récompenser "la France qui travaille". Mais là encore, cela ne concerne qu'une minorité de contribuables : en 2005, sur 537.000 décès, seules 140.000 déclarations de successions imposables ont été enregistrées, sachant par ailleurs que les abattements sur les droits de succession sont déjà très importants : 75.000 € pour le conjoint survivant, 50.000 € par enfants... et depuis 2005, 50.000 € de plus en abattement global. Un exemple suffira pour comprendre quelle catégorie de français est concerné par cette mesure : au décès d'un des deux parents dans une famille comptant deux enfants, des droits de succession ne sont dus qu'au-delà de 200.000 € hérités - dit autrement, jusqu'à 200.000 € vous n'êtes pas imposable au titre de la succession. La suppression proposés par M. Sarkozy concerne les autres qui héritent de bien d'avantage.

Il y a de vraies mesures derrière les beaux discours du candidat Sarkozy, et des mesures qui démentent largement ce que tentent de laisser croire ses discours en trompe-l'oeil. La politique que souhaite mettre en oeuvre M. Sarkozy se situe dans la continuité de celle qui est menée en France par l'UMP depuis cinq années, et qui vise à favoriser d'abord les plus riches. Derrière cette politique, il y a l'éternel - et de plus en plus incertain - credo libéral de l'économie des retombées : Laissons la richesse à ceux qui sont riches, la main invisible se chargera de la répartir mieux. Le moins qu'on puisse constater est que la fameuse "main invisible" n'est pas des plus zélées et que si les plus riches sont servis par cette politique, les autres en restent toujours à avaler leur bulletin de vote.


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Du discours à la réalité


Deux poids, trois mesures


portrait sarkozyInterrogé par un des 100 français du panel sur la question du pouvoir d'achat des petites retraites, M. Sarkozy, fidèle à son discours consistant à systématiquement opposer deux France (voir déconstruction d'une rhéthorique), a répondu que le financement de cette augmentation de pouvoir d'achat serait financée par l'alignement des régimes spéciaux sur le régime général.

Par ailleurs, dans un courrier du 20 septembre 2006 adressé au secrétaire général du syndicat Alliance Police Nationale, M. Sarkozy aurait écrit que "les policiers ne sont aucunement concernés par le projet" de réforme des régimes spéciaux de retraite.

Le candidat Sarkozy "n'accepte pas qu'on fasse deux poids deux mesures"... SAUF donc dans l'éventualité où ça le desservirait du point de vue de son propre intérêt politique. Il est fort à parier que les retraités à faibles revenus attendent longtemps les "retombées" que leur promet M. Sarkozy - car on aura remarqué que, répétant à l'envi qu'il n'est pas possible de vivre avec 700 € par mois, son discours sur les régimes spéciaux lui aura surtout évité de parler d'une éventuelle augmentation des minimas sociaux. C'est que pas instant ce n'est dans ses intentions.

M. Sarkozy compatit beaucoup, souvent et avec une emphase plutôt superbe... On peut toutefois s'interroger sur le bien que ça va nous faire.

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Rupture ou continuité ?


Une question à Nicolas Sarkozy


portrait sarkozyLe discours de M. Sarkozy est séduisant, c'est un fait. Il est évident que l'homme manie la langue de bois avec une habileté toute diabolique. Pourtant, pas plus que pour sa prestance physique on ne devrait voter pour un homme politique pour la prestance de son langage. Il s'agit de bien plus sérieux que cela, il s'agira de la mise en oeuvre d'une politique, et avant cela donc il s'agit d'être ou non "séduit" par un programme politique. Que va-t-il faire en réalité ? Quelles en seront les conséquences et pour qui ? Est-on politiquement en accord avec cela ?

Un matraquage de "il faut que", de "je n'accepte pas que" et de "je veux que" ne peuvent suffire à nous convaincre, ne doivent pas nous masquer la réalité d'un programme et l'épreuve des faits. On ne gouverne pas un pays avec des pétitions de principe et des déclarations velléitaires, on met en oeuvre une politique. M. Sarkozy qualifie son programme de "rupture", c'est son droit. Pourtant, il est assez aisé de constater deux choses :

La première est que depuis cinq ans la France est engagée sur la voie du libéralisme que souhaite la droite et que ne renie pas M. Sarkozy, bien au contraire. Combien de français peuvent dire que leur situation personnelle s'est améliorée depuis cinq ans ? La pauvreté a-t-elle reculée ? La richesse est-elle mieux partagée ? Les libertés ont-elles progressé ? Le pouvoir d'achat a-t-il augmenté ? Les services publics sont-ils plus efficaces ? La justice est-elle plus performante ? La criminalité a-t-elle reculé ? Vivons-nous mieux ensemble dans une société plus prospère et plus apaisée ? En a-t-on terminé avec la "fracture sociale" ?...

La seconde est qu'il n'y a rien dans le programme de M. Sarkozy qui entre réellement en rupture avec cette politique qui a été mené pratiquement sans entraves ces cinq dernières années, par des gouvernements successifs où M. Sarkozy était partie prenante, et avec l'appui des parlementaires où les amis politiques de M. Sarkozy détiennent une majorité absolue. Il suffit de lire son programme et les propositions concrètes qu'il contient pour comprendre qu'il s'agit d'avantage d'une continuité, voire d'une amplification, que d'une rupture. On se demande par quel miracle le sort des français s'en trouverait cette fois améliorée.

La campagne que mène M. Sarkozy consiste à étendre l'écran de fumée de ses beaux discours devant la réalité de la politique qu'il entend effectivement mener, afin notamment de dissimuler qu'elle se place dans l'exacte continuité de celle qu'il mène avec ses amis depuis cinq ans. Afin de dissiper ce brouillard de séduction, il serait sans doute utile qu'on pose une question, une seule, à M. Sarkozy : "Au delà de votre discours sur la rupture, pouvez-vous, M. Sarkozy, extraire de votre programme deux mesures concrètes - l'une sociale, l'autre économique - qui ne soient pas l'exacte prolongation idéologique de la politique mise en oeuvre en France depuis cinq ans ?"

Débarrassés alors de l'écran de fumée que M. Sarkozy s'efforce d'étendre devant leurs yeux à force de matraquage rhétorique, il ne restera plus aux français qu'à se demander si l'intervention de cette main invisible en laquelle feigne de croire les apôtres du libéralisme permettra de faire qu'ils puissent bénéficier cette fois-ci d'une miette des retombées que les amis politiques de M. Sarkozy, ainsi que lui-même, ne cessent depuis des années de leur promettre, et sans que cela n'arrive jamais.


sarkozy caricature charlie hebdo
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Sarkozy : "les fainéants et les assistés"


Travailler plus, Partager moins


portrait sarkozyNicolas Sarkozy a déclaré : "Depuis vingt-cinq ans, on partage le travail et l'on n'a jamais réduit durablement le chômage. Je ferai donc l'inverse en incitant tous ceux qui le souhaitent à travailler plus et en récompensant davantage le travail que l'assistanat. C'est en travaillant plus que nous aurons du travail pour tous."

Cette déclaration a le mérite de la clarté... et elle éclaire en effet puissamment, non seulement les intentions, mais aussi les procédés rhétoriques de Nicolas Sarkozy. Décortiquons ce petit discours :

Tout commence par une double contre-vérité. Tout d'abord, depuis vingt-cinq ans, la droite a été au gouvernement onze années, avec pour premiers ministres MM. Chirac, Balladur, Juppé, Raffarin et Villepin, M. Sarkozy ayant été en particulier Ministre du Budget de M. Balladur en 1993 (il y a 14 ans !), et Ministre de l'Economies, des Finances et de l'Industrie en 2004. Or cette droite là ne s'est en aucun cas préoccupée de "partager le travail". Bien au contraire, elle a appliqué précisément les mêmes recettes que celles que M. Sarkozy nous présentent aujourd'hui comme nouvelles : baisser les charges sociales qui pèsent sur le travail, diminuer les impôts qui pèsent sur le pouvoir d'achat, flexibiliser le travail qui freine l'embauche (et le licenciement !...). Là où il est dans le vrai, c'est que ces mesures, si elles ont en effet permis d'augmenter le pouvoir d'achat des plus aisés et de précariser les salariés les plus fragiles, n'ont en effet jamais permis de réduire le chômage, bien au contraire. En revanche, et c'est le second point, la réduction du temps de travail (39 heures, cinquième semaine de congés payés, puis 35 heures) a, dans l'ensemble, amélioré les conditions de vie des salariés et, qui plus est, créé de l'emploi - massivement en ce qui concerne les 35 heures (ce que nul ne se permet plus guère de contester).

Ensuite, il s'agit donc pour M. Sarkozy d'inciter "tous ceux qui le souhaitent à travailler plus" et de récompenser "davantage le travail que l'assistanat". On est là au coeur du sujet : pour M. Sarkozy, les français se divisent en deux camps, ceux qui travaillent et ceux qui sont assistés, laissant entendre que les quelques millions de français qui n'ont pas d'emploi, et de ce fait ne travaillent pas, seraient majoritairement responsables de leur situation, voire volontaires pour s'y trouver. Il omet volontairement d'évoquer, plutôt que ceux qui souhaitent travailler plus, tous ceux qui souhaiteraient tout simplement travailler, ceux pour qui trouver un emploi est une nécessité - et une souffrance quotidienne de ne pas en trouver. Et à cette souffrance, M. Sarkozy ajoute donc la stigmatisation : ce sont des assistés - laissant en sus supposé que ce serait confortable, qu'il serait possible de vivre bien des aides sociales, qu'il n'est en conséquence pas nécessaire que l'Etat se soucie davantage de leur cas, c'est-à-dire se préoccupe de solidarité. La seule chose qu'il leur dit est : nous allons inciter à travailler plus ceux qui travaillent et ça finira bien par "retomber" sur vous. Mais cela a déjà été fait et l'expérience montre que "ça ne retombe jamais" : c'est une politique économique qui ne permet pas de réduire le chômage, qui en sus et au contraire piétine le principe même de la solidarité nationale.

"Ceux qui le souhaitent..." : M. Sarkozy pense-t-il vraiment que les salariés dans leur grande majorité souhaitent travailler plus, et qu'il leur suffirait de le souhaiter pour qu'on leur accorde ? Mais les salariés souhaitent surtout gagner plus, c'est-à-dire être payé davantage. Augmenter les salaires ? Mais vous n'y pensez pas ! Progresser dans l'entreprise ? Pas la peine d'y compter non plus ! Il ne s'agit que de travailler davantage, faire des heures supplémentaires : mais combien d'entre nous ont déjà vu la moitié d'une heure supplémentaire payée ? et combien d'entre nous ont vu que c'était le salarié qui avait la faculté de demander des heures supplémentaires ? Les heures supplémentaires, M. Sarkozy, elles sont non seulement souhaitées par l'employeur, mais aussi généralement imposées par lui, et qui plus est très exceptionnellement rémunérées. Il est parfaitement aberrant de laisser penser qu'une telle mesure pourrait significativement accroître le pouvoir d'achat des français.

Car elle est bien là la logique à laquelle tente de nous faire croire M. Sarkozy et qui fait l'objet de la dernière phrase de ce petit laïus que nous avons rapporté au début : si les français qui travaillent travaillaient encore plus, leur pouvoir d'achat augmenterait, la consommation serait relancée, des emplois seraient créés et en profiteraient (enfin !) ceux qui ne travaillent pas (les fameux "assistés" que l'on prie de bien vouloir donc que "ça" retombe). C'est évidemment une fumisterie... et c'est en outre précisément ce qui a été mis en place par les gouvernements successifs de M. Raffarin, avec les conséquences que l'on sait, et sur la croissance, et sur le pouvoir d'achat, et sur le chômage.

Que s'est-il donc passé sous M. Villepin ? C'est là encore très instructif : a tout simplement été remis au goût du jour un peu de ce qui avait été cassé précédemment et qui s'appelle la politique des emplois aidés... Moyennant en supplément une politique de radiation massive (le traitement statistique du chômage plutôt que le traitement social), le chômage est alors revenu peu ou prou au niveau où le gouvernement de M. Jospin l'avait lui-même amené. Faut-il réellement applaudir ?

Ainsi, pour conclure, M. Sarkozy reprend à son compte les vieilles recettes libérales de sa famille politique et, non content de vouloir les aggraver, retient essentiellement celles qui donnent les pire résultats. La "rupture tranquile" serait alors tout bêtement de rhabiller le RPR en UMP et nous faire prendre de vieilles vessies pour de rutilantes lanternes ? Alors oui, en effet, c'est plutôt tranquile...

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Sarkozy et le modèle américain


L'économie des retombées, d'après Russell Banks


portrait sarkozy"Si je pense que nos dirigeants sont cyniques ? Oui, honnêtement, je le pense. Il me semble, cependant, que leur système de croyances les persuade qu'ils oeuvrent pour le bien universel - que le bien universel leur demande de s'engager dans des actions qui les avantageront, eux en particulier. Je ne sais pas si vous connaissez une expression qu'employait Reagan, celle de "l'économie des retombées". On croyait, et on le croit encore chez les républicains, que si l'on diminuait les impôts des riches, ces avantages finiraient par retomber sur les pauvres, qu'en somme les pauvres bénéficieraient de la réduction d'impôt dont avaient profité les riches. Un formidable fantasme. Très alléchant. Tout le monde attendait qu'un peu d'argent finisse par retomber. Bien entendu, comme cela ne se produisait jamais, on accordait une nouvelle réduction d'impôt aux riches. Et les riches disaient : Ne vous inquiétez pas, c'est l'économie des retombées ; ça va finir par arriver jusqu'à vous. Ils y croyaient. Les riches croient toujours que ce qui est bon pour eux est bon pour tout le monde."

- dans Amérique, Notre Histoire : Russell Banks, entretien avec Jean-Michel Meurice -

Ce commentaire de Russell Banks est une parfaite illustration de ce qui forme l'essence même du discours sarkozyste, cette manière de nous présenter le prétendu cercle vertueux du libéralisme : favorisons les riches : ça finira par retomber sur les pauvres ; favorisons les entreprises : ce sont les salariés qui en bénéficieront ; favorisons le fort : le faible ne s'en portera que mieux ; réduisons les impôts : les rentrées d'argent seront plus importantes ; facilitons le licenciement : les chômeurs trouveront un emploi ; accroissons la flexibilité du travail : la précarité reculera ; etc...

C'est une économie de faux-semblants. Et en attendant que "ça" retombe, les riches deviennent plus riches, les forts deviennent plus forts..., et ce sont toujours les mêmes qui attendent, ceux qui ont de moins en moins la possibilité d'attendre, ceux pour qui attendre est tout simplement une souffrance supplémentaire.

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