Mar 252009
 

sarkozy éthiqueHier soir, à Saint-Quentin, devant un parterre de beuglants de l’UMP, le tout petit président a plusieurs fois appelé au retour à une « éthique du capitalisme », qui serait une « éthique de l’effort, de la responsabilité, de l’honnêteté ».

« Percevoir une grosse rémunération en cas d’échec, […] distribuer des bonus dans une entreprise qui met en oeuvre un plan social ou qui reçoit des aides de l’Etat […], ce n’est pas responsable, ce n’est pas honnête », a martelé le chef de l’État, qui a réclamé un « devoir d’exemplarité ». Ainsi, enfonce-t-il le clou, « il ne doit plus y avoir de parachutes dorés. Il ne doit plus y avoir de bonus, de distribution d’actions gratuites ou de stock-options dans une entreprise qui reçoit une aide de l’Etat, qui met en œuvre un plan social d’ampleur ou qui recourt massivement au chômage partiel. »

On ne s’interrogera pas ici sur la cohérence entre éthique de l’effort et récompense à la France qui hérite, nous l’avons déjà fait.

Mais on relèvera que Nicolas Sarkozy n’a rien proposé de concret qui puisse donner un peu de poids à ses mots, les rendre un peu crédibles ; aucune mesure digne de ce nom qui puisse donner à penser que sera fait ce qui doit être fait pour en finir avec les décisions irresponsables et malhonnêtes du capitalisme et de ses plus fidèles thuriféraires. Nicolas Sarkozy fait mine de ne pas entendre qu’on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant “L’Ethique ! L’Ethique ! L’Ethique !”, cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien.

Et puis, pour se foutre jusqu’au bout de notre gueule, le voici qui en remet une couche sur le paquet fiscal en faisant appel au « bon sens » pour justifier sa décision de plafonner à 50% les impôts prélevés sur les plus riches, arguant même qu’augmenter les impôts des riches « ça finit toujours par tomber sur les classes moyennes » – ce qui est d’une bêtise profonde, mais on ne va pas non plus attaquer le président sur ses lacunes neuronales…

Posons plutôt la question suivante : Dans un pays où il est possible de mourir de froid dans la rue, où des familles entières vivent dans des conditions insalubres, où des retraités doivent survivre avec quelques centaines d’euros par mois, où le chômage et la précarité sont le quotidien de millions de personnes, où une large partie de la jeunesse est sans perspective, et où le salaire mensuel moyen est de 2 500 euros brut, et le SMIC à 1320 euros brut, est-il responsable, est-il même honnête d’accepter que quelques-uns perçoivent dans le même temps des salaires qui avoisinent le million d’euros, accompagnés de bonus de toutes sortes qui leur permettent encore de multiplier ce chiffre par dix ?

La Chambre des représentants américaine a ce jeudi adopté (par 328 voix contre 93) un projet de loi visant à imposer à 90% les primes des salariés des entreprises qui ont reçu une aide publique et dont la rémunération annuelle dépasse les 250.000 dollars par an. C’est sans doute que les américains ont quant à eux compris que si l’on ne peut par la loi empêcher une entreprise privée de s’écarter de la bonne éthique capitaliste, l’Etat dispose via l’impôt de tous les moyens pour l’y inciter très fortement, et à défaut pour corriger très sensiblement les abus qui seraient commis.

Encore faut-il en avoir la volonté politique. Encore faut-il qu’un bouclier fiscal ne vienne pas priver l’Etat de toute marge de manoeuvre fiscale en direction des plus riches !

« Une société de liberté, c’est d’abord une société de respect », a également énoncé le petit président des « pôv’ cons » et du bling-bling, ce même petit bonhomme qui se gargarise aussi du mot « exemplarité »…

Edit : Simultanément, Nicolas a pondu un billet qui prend d’autres chemins pour dire des choses très approchantes – si son titre est moins lumineux que le mien, allez tout de même le lire : L’éthique, la loi ou l’impôt ?

Où l’on parle de : Sarkozy ou l’éthique en toc


Rétablir les droits de succession