François Mitterrand et Jean-Michel Aphatie sur les planches du grand théâtre médiatique
Comédie tragi-comique inachevée en trois actes

Acte 1- Querelle avec arrière goût de chiottes
- Scène 1 - Le blogueur François Mitterrand 2007 (FM2007) évoque sur son blog d'outre-tombe une histoire dont quinze ans plus tôt l'acteur principal aurait été Laurent Fabius, avec Jean-Michel Aphatie dans le rôle du témoin privilégié, et qui aurait eu pour cadre les toilettes du Conseil Régional de Haute-Normandie ;
- Scène 2 - Jean-Michel Aphatie (JMA000) déclare sur son propre blog non moins obscur qu'il ne se souvient de rien ;
- Scène 3 - Le choeur des blogueurs plus ou moins influents s'empare de l'affaire et enquête ;
- Scène 4 - FM2007 et JMA000 se livrent, par blog interposé, au petit jeu du c'est toi qui l'a dit c'est toi qui y est, jusqu'à écoeurement du choeur ;
- Scène 5 - L'Esprit retourne au silence des limbes et JMA joue vainement à en avoir (de l'esprit).
Acte 2 - Querelle autour d'une poubelle
- Scène 1- FM2007 annonce son prochain retour parmi les vivants ;
- Scène 2 - Le coryphée (FM2008) ouvre un blog apocryphe et se plaint des atermoiements de l'original ;
- Scène 3 - FM2007 publie le livre François Mitterrand 2008 - Il revient ;
- Scène 4 - FM2007 et JMA000 se livrent, par blog interposé, au petit jeu du c'est toi qui l'a dit c'est toi qui y est, avec la participation active de Guy Birenbaum et Paul Amar aux côtés de l'Esprit ;
- Scène 5 - JMA000 se sent seul. Devant les caméras de sa télévision (le Grand Journal de Canal +), ulcéré par l'anonymat de l'auteur, il propulse le livre de FM2007 dans une poubelle et démontre par ce geste imbécile qu'il n'en a toujours pas (de l'esprit) ;
- Scène 6 - FM2007 souhaite obtenir réparation de qu'il estime être un affront à l'intelligence (il n'a pas tort) et déclare être disposé à troquer son anonymat contre un face à face avec JMA devant les mêmes caméras de télévision et accompagnés des comparses Guy Birenbaum et Paul Amar ;
Acte 3 - Le dénouement
- Scène 1 - Le coryphée parait à son tour écoeuré (lui aussi voudrait bien exister un peu, sans doute) - et quant au choeur, il s'en fout.
- Scène 2 et suivantes - (restent encore à écrire...)
Bonus Track
L'intégrale de la scène première de l'acte trois et final est disponible sur le blog apocryphe. Elle se termine par ses mots :
En vérité, je vous le dis, Jean-Michel Aphatie n'a d'importance que pour lui-même. Il a placé un livre dans une poubelle, la belle affaire ! Il lui faut bien se donner le sentiment d'exister, de n'avoir rien perdu de ses vingt ans rebelles. Les livres, d'autres qui sont en charge de la destinée d'un pays les détestent parce qu'ils en ont peur et les méprisent parce qu'ils y devinent une puissance qui les dépassent et à laquelle ils n'ont pas accès. Ceux-là ne se contentent pas de destructions symboliques, ceux-là sont réellement dangereux. Et ceux-là ont placé à leur tête le pire d'entre eux.
S'en prendre à Jean-Michel Aphatie revient à chasser la mouche quand c'est le coche qu'il faut abattre.
... Bouffonnerie, farce ou comédie de boulevard ?
On parle de : François Mitterrand et Jean-Michel Aphatie - le grand théâtre médiatique
|
|
Rachida Dati : la voix de son maître
Sur son blog, dans son dernier billet, intitulé La voix de son maître et paru il y a quelques jours, François Mitterrand (version 2008) énonce la chose suivante : "Il est navrant d'entendre tant de mauvaises langues s'en prendre à Madame Dati. Elle est la seule à faire précisément ce pourquoi elle a été déposée à son poste. Elle s'applique à briller. Aussi les socialistes ont-ils chaque fois grand tort de darder là leurs regards couroucés. Rachida Dati, c'est Nicolas Sarkozy qui pêche à la cuiller."
Comme vous je pense, cela m'a paru assez énigmatique, voire même plutôt alambiqué, pour ne pas dire sans grand intérêt. Je suis donc passé à autre chose, après avoir noté une fois de plus que si l'auteur du blog mitterrandien version 2008 possède un style probablement moins flamboyant que son prédécesseur d'une année, lequel a donc commis dernièrement un livre réjouissant... pour aussitôt s'en aller se perdre dans une ennuyeuse et stérile querelle avec Jean-Michel Aphatie qui non content de feindre l'amnésie quant à ce qui se passa il y a longtemps dans les toilettes du Conseil Régional de Haute-Normandie en vient aujourd'hui à considérer que sa fonction de journaliste servile l'autorise à décréter que la place de tel livre serait au fond d'une poubelle... bref, si le style de l'un est régulièrement en deçà du style de l'autre, au moins a-t-il le mérite de nous entretenir de l'essentiel, c'est-à-dire de politique - ce que cet autre, avec donc ce style mitterrandien et flamboyant, était parvenu à faire dans son livre et qui en rend la lecture si réjouissante, donc, ... et au point que la réaction "aphatique" en devient risible, en sus de la dimension minablement fascisante du geste, risible de prétendre qu'il ne mériterait, le livre, rien d'autre que d'être mis au rebut - faute, on l'imagine, d'avoir le temps de dresser un autodafé.
Mais ni Mitterrand ni ses esprits plus ou moins bien inspirés, et encore moins le tout petit Aphatie qui aurait voulu être un grand journaliste mais qui vient une nouvelle fois de faillir à en être digne, ne sont les sujets de ce billet. Il s'agit de cet article du Monde qui, sous la plume de Patrick Roger, vient soudain de jeter une lumière nouvelle sur les propos de Tonton v.08 à propos de Rachida Dati qui ainsi brillerait comme une cuiller au bout de la ligne d'un pêcheur nommé Sarkozy...
La colère préméditée de Rachida Dati, tel est le titre de l'article. Lisons et autorisons-nous à souligner quelques passages :
La scène s'est déroulée mardi 3 juin à l'Assemblée nationale, lors de la séance des questions au gouvernement, et a été depuis lors abondamment commentée. Interrogée par Martine Martinel (PS, Haute-Garonne) sur la décision d'annulation d'un mariage prononcée par le tribunal de Lille parce que l'épouse avait menti sur sa virginité et sur les revirements du parquet à propos de cette affaire, Rachida Dati, la garde des sceaux, a provoqué un déchaînement de réactions. Sa colère à elle n'avait rien d'improvisée.
Car, pour répondre, la ministre de la justice se saisit alors du micro, une fiche rédigée à la main, qu'elle lit. "Madame la députée, dans cette affaire du jugement du tribunal de Lille, je n'ai pas entendu un mot de votre groupe, je n'ai pas entendu un mot pour cette jeune femme qui attendait la décision de justice." "C'est faux", proteste Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste. "Vous brandissez des mots, vous brandissez des concepts déconnectés de la réalité. Oui, je le redis, cette décision de justice a protégé cette jeune femme, et c'est ce qui vous dérange. Nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il n'est pas question d'admettre..., poursuit-elle sous les huées, il n'est pas question d'admettre qu'une procédure en nullité soit fondée sur le seul motif de la non-virginité. Il ne doit pas y avoir d'ambiguïté sur l'interprétation de la loi. C'est pour cela que j'ai demandé au procureur général de faire appel du jugement du tribunal de Lille."
Un temps de silence. Mme Dati écarte alors son regard de sa fiche et interpelle les bancs de l'opposition. "Mais je voudrais vous ajouter, mesdames et messieurs les députés du groupe socialiste : où étiez-vous lorsque vous avez créé la politique des "grands frères" ? Quand vous avez abandonné un nombre de jeunes filles, dans ces quartiers difficiles, entre les mains des "grands frères" ? La politique des "grands frères", c'est vous, martèle-t-elle, l'index pointé en direction du PS. C'est vous qui avez abandonné ces jeunes filles. Votre politique d'intégration a été un échec. C'est votre échec que nous payons aujourd'hui."
Les protestations vont croissant. Quelques "Démission !" fusent. La ministre jette un bref coup d'oeil sur sa fiche, sous le regard interloqué du premier ministre, François Fillon, tandis que le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, opine du chef. "Vous avez créé les "grands frères", reprend-elle, pour s'occuper de ces jeunes filles qui ne demandaient rien. A défaut de votre soutien, elles ont trouvé la justice. La justice les a aidées, elle leur a permis d'être libres, d'être indépendantes. Parce que les "grands frères" ont conduit à une politique de repli communautaire, à une politique identitaire que vous avez soutenue. (Nouveau regard sur sa fiche.) Vous pouvez m'attaquer, comme vous le faisiez encore, monsieur Ayrault, mais j'ai échappé à l'échec de votre politique et c'est ce qui vous dérange ! Alors, de grâce, n'empêchez pas ces jeunes filles d'être libres. A défaut de votre soutien, elles ont besoin du soutien de la justice, elles ont besoin du soutien du gouvernement et elles ont mon soutien personnel."
Même si elle a paru parler "avec ses tripes", comme l'a relevé son collègue UMP Laurent Wauquiez, la réponse, en réalité, avait été rédigée de bout en bout. "Tout ce qu'elle fait est absolument "under control"", confie un membre de son entourage. Cependant, à l'issue de deux semaines de débat sur la révision constitutionnelle durant lesquelles Mme Dati a été malmenée, y compris dans son propre camp, l'expression de l'exaspération était, elle, réelle.
S'inspirant de la méthode chère à Nicolas Sarkozy, plutôt que de rester sur la défensive, elle a choisi de passer à l'attaque, comme il le lui avait conseillé. Au lieu de répondre à la question qui lui était posée, portant sur le changement de pied du parquet dans cette affaire, quand elle-même avait estimé initialement que l'annulation du mariage était "un moyen de protéger la personne", elle a ainsi pris à partie la gauche sur sa politique d'intégration.
La période récente n'en a pas moins mis en lumière les fragilités de Mme Dati. Pas plus à la fin qu'à l'ouverture du débat sur le projet de révision des institutions, elle n'a été invitée à prendre la parole pour défendre le texte dont elle avait la responsabilité. A plusieurs reprises, la ministre a semblé excédée. On l'a ainsi entendue, après s'être fait rabrouer par le président de l'Assemblée nationale au cours d'une séance de nuit, s'emporter au téléphone dans les couloirs du Palais-Bourbon.
Sa contre-attaque témoigne de sa volonté de ne pas se laisser mettre sur la touche. Dès le lendemain, le chef de l'Etat lui a apporté un soutien appuyé : "Tu m'as fait plaisir", lui a-t-il lancé en conseil des ministres.
Et en effet, lorsque l'on regarde la video de cet accès de colère de Mme Dati...
... on comprend que Madame Dati était là sans doute aucun en service commandé, feignant la colère quant elle aboyait en réalité pour le compte de son maître. A la suite de cet éclat, elle brilla de mille feux médiatiques... et, oui, c'était Nicolas Sarkozy qui pêchait à la cuiller. Les journalistes mordirent goulûment à l'hameçon et ce n'est pas Jean-Michel Apathie qui cette fois non plus le fit avec le moins de complaisance.
Source : Rachida Dati : la voie de son maître
«François Mitterrand 2008 - il revient...»
Je crois aux forces de l'esprit, Tonton ne nous a pas quittés !
Je ne le nierai pas, j'étais réticent (euphémisme). Toute la mise en scène, ou qui paraissait en être une, qui depuis la rentrée 2007 a précédé la sortie du livre, me faisait craindre le mauvais remake commercial d'un premier opus particulièrement réussi. Au point que j'avais résolu de ne pas tomber dans le panneau en achetant l'opus 2008...
C'est alors que les forces de l'esprit se sont manifestés à moi, par l'intermédiaire de leur messager le plus zélé, Guy Birenbaum qui se proposa de m'adresser gracieusement l'ouvrage. La proposition était honnête, j'acquiesçai. Le livre me parvint, je le lu. Et l'esprit était encore là, je dois bien y consentir...
Faisons de suite une digression qui a son importance : rien n'importe moins que l'identité du porteur de plume. Cela pourrait être Christophe Willem ou Laure Manaudou, Jacques Chirac ou Guy Birenbaum, Nicolas Sarkozy ou moi même, que cela ne changerait pas une ligne à ce qui est écrit. Ce qui compte est en ce qui a produit cette étrange alchimie, l'an passé, où l'espace de quelques semaines le lien que l'on croyait rompu par la force des choses, entre François Mitterrand et le peuple de gauche, se renoua par la force de son esprit qui en effet ne nous avait pas quittés. Quelques aigres jaloux hurlèrent, comme à leur habitude, à l'usurpation et à l'escroquerie. Ils n'entendent pas, ces esprits petits et mesquins, que pour qu'il y ait escroc il faut aussi qu'il y ait des escroqués. Il se dit que quelque 100 000 visiteurs en moyenne fréquentaient quotidiennement le blog de François Mitterrand. Néanmoins, l'évidence est que pas un de ceux-là - si l'on excepte Catherine Nay qui, on me l'a dit, en frémit encore un an plus tard - a pu croire, même un instant, que Tonton était réellement, charnellement revenu d'entre les morts pour s'en aller chatouiller les grands pieds du petit Nicolas. Ce qui comptait est qu'il s'agissait bien de sa plume et de son esprit, le porteur de plume n'en était que l'instrument. Cela reste vrai - n'en déplaise aux journalistes de 20 minutes qui, aboyant bien fort comme il est d'usage dans les rédactions, sont parvenus à se couvrir de ridicule en lançant une chasse à l'homme qui n'a pas lieu d'être, puisque c'est l'esprit qui importe : évidemment, ils rentrèrent bredouilles.
Or donc, il apparaît à la lecture de ce François Mitterrand 2008 - il revient... (et le titre en est certes assez mauvais) que tous les éléments qui avaient permis que se produise l'alchimie sont à nouveau réunis. Le style est élégant et le verbe est assassin. On retrouve à chaque ligne la grande et belle érudition d'un fin connaisseur de l'histoire politique, jusque dans certains de ses détails délicieux, mise au service d'une méchanceté lucide et toute en finesse, jamais gratuite car toujours esthétique. Quel contraste avec la vulgarité barbare de son "lointain successeur", ainsi qu'il se refuse à le nommer ! Sarkozy est en réalité nommé une fois, une seule et unique fois au long de ces 250 pages savoureuses : dans la note du 10 septembre, jour où d'aucuns décidèrent de célébrer une journée sans Sarkozy, François Mitterrand écrit : "Je ne peux m'associer à cette initiative, car je ne veux point causer du tort à la santé de mon lointain successeur que je soupçonne d'hypocondrie. S'il ne se voit pas à la télévision durant toute une journée, il est capable de croire qu'il est devenu aveugle.
Dans le même ordre d'idée, et puisque j'en étais à évoquer le tranchant acéré de ses mots, si au fil des jours et des pages bien des personnalités sont évoqués, d'un trait d'un seul ou plus longuement, une seule d'entre elles pourrait se targuer - mais elle ne le fera pas - de trouver pleinement grâce auprès de l'esprit qui fait d'elle une évocation d'une pudeur toute mitterrandienne en ce qu'elle est une invitation à la lecture.
Pour les autres, à commencer par son lointain successeur, que Tonton se délecte à comparer à un Concino Concini réincarné ("Tout y est : la petite noblesse d'origine étrangère, l'argent, la clientèle, l'encombrante épouse, l'irrésistible ascension, le pouvoir par l'intimidation et la corruption des moeurs..."), mais aussi Guaino et Fillon, Hortefeux et Dati, mais encore Royal et Delanoe, Hollande et Montebourg, sans oublier Bayrou (qualifié de "Georges Marchais du centrisme") ou Dray (bien que ce dernier soit relativement épargné, notons-le), et d'autres encore..., pour ce qui concerne tous ceux-là, beaucoup est dit de ce qui doit être dit ou redit - l'essentiel du festin étant bien entendu en ce que cela soit dit avec cet humour tranquille et acéré qui permet de prendre de la hauteur et découvrir d'autres perspectives, habilement tracées à travers les champs de l'Histoire.
On ne s'étonnera pas, en outre, qu'en dépit de son indéniable qualité, le livre reçoive si peu d'échos à travers la presse. Celle-ci n'est pas épargnée (litote) et nombre de journalistes sont nommément et tout simplement assassinés - et, non, pas uniquement Jean-Michel Apathie...
Vous l'aurez donc compris, et s'il demeure vrai en général que "tout n'est pas pour autant, ou pour aussi peu, à acheter", ainsi que nous invitait à en prendre la mesure un esprit vraisemblablement apocryphe mais qui, bien qu'avec un talent indéniablement moindre, eut aussi probablement un rôle à jouer en cette affaire de forces et d'esprit, je vous invite en ce cas particulier à faire l'acquisition de ce livre qui, d'un point de vue aussi bien littéraire que politique, relève d'un exercice de style remarquablement réussi. En ces temps troublés pour les âmes encore terrestres, dans cette France du "sarkozysme présidentiel", c'est une lecture qui fait ici et maintenant beaucoup de bien. Accessoirement, et en vue d'un congrès à venir, elle pourrait être d'un grand profit pour nombre de responsables socialistes...
"Je ne vous quitterai pas", avait-il été écrit. La promesse engageait l'esprit autant que son (talentueux) porte plume. Elle est aujourd'hui tenue.
Source : «François Mitterrand 2008 - il revient...»






