Vincent Peillon inflige une leçon d'identité républicaine à Nicolas Sarkozy
Mercredi 9 décembre 2009 sur France Info : Vincent Peillon réagit à la tribune de Nicolas Sarkozy sur l'Identité Nationale, parue la veille dans Le Monde... et lui donne une petite leçon d'histoire sur la République Française.
Où l'on parle de : Vincent Peillon et l'identité nationale
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Quand Ségolène tente un dépassement par la droite
Ségolène et l'ambition Royal
Je vais être en manque de titre.
Sur le même thème, j'ai déjà commis Quand Royal désire Ségolène, Ségolène moi toute seule et L'envie du désir d'avenir de soi.
Mais il va bien falloir le répéter à chaque occasion, essayer d'ouvrir les yeux du plus grand nombre : Ségolène Royal n'a d'autre ambition qu'elle-même.
Ségolène Royal se prépare pour 2012, elle toute seule, envers et contre tous, méthodiquement, obsessionnellement. Et avec un mépris total pour le travail collectif : ce sera elle ou bien le chaos. Soit ça passe pour elle, soit ça casse pour la gauche - et donc pour le peuple français qu'on laissera entre les mains de Sarkozy. Cynisme d'une ambition démesurée.
Vincent Peillon était au travail. Depuis bientôt un an. Au lendemain du Congrès de Reims, il revenait à Ségolène Royal de rassembler et de structurer l'opposition interne du Parti Socialiste : cela ne servait pas ses intérêts, elle s'en est désintéressée. Vincent Peillon avec d'autres s'est chargé de mettre les mains dans le cambouis. Un courant s'est structuré et puis s'est mis au travail, collectivement, pendant que Ségolène continuait d'amuser la galerie médiatique, c'est-à-dire de cultiver son petit jardin d'ambitieuse indécrottable.
Et puis, Vincent Peillon a commencé à prendre la lumière, au point de pouvoir politiquement compter pour quelque chose dans la bataille pour 2012. Il devenait trop puissant par rapport à ce qu''on pouvait l'estimer fiable et Ségolène est venue à Dijon écraser Vincent à grands coups de talon. Qu'importe le travail qui s'accomplissait, qu'importe même le respect dû à ceux qui accomplissaient ce travail, qu'importe surtout l'image désastreuse pour un Parti Socialiste convalescent : rien ne saurait importer en regard de l'inexorable marche en avant d'une femme vers son destin rêvé.
Ce n'est pas la première fois que Ségolène Royal à sa dévorante ambition sacrifie et Vincent Peillon et l'intérêt du Parti Socialiste. Ceux qui n'ont pas la mémoire trop courte se souviennent qu'à l'issue du vote sur les motions, lors du Congrès de Reims, un schéma politique avait commencé de se dessiner autour de la constitution d'une majorité renouvelée, largement transversale et excluant les éléphants, et qui impliquait la candidature de Vincent Peillon au poste de premier secrétaire. C'est alors que Ségolène Royal décida de sortir du frigo. A ce Ségolène Sinon Rien trop évident répondit aussitôt un Tout Sauf Ségolène qui n'attendait que cela : la machine infernale était enclenchée, on connait quel fut le succès de l'opération...
Ségolène Sinon Rien. Voilà bien le credo unique qui guide Madame Royal. Et c'est ainsi qu'au fil des mois, les uns après les autres, tous ceux qui furent ses fidèles soutiens, et parmi les plus proches, prirent inéluctablement leurs distances. La liste des traitres à la diva est longue, de Julien Dray à Vincent Peillon, de Manuel Valls à Aurélie Filippetti, en passant par Jean-Pierre Mignard (son avocat) et Pierre Bergé (son mécène), sans même remonter jusqu'à Arnaud Montebourg, sans non plus évoquer François Rebsamen et Jean-Louis Bianco qu'on a pu sentir de plus en plus hésitants...
Je les vois venir tous ceux qui viendront hurler au ségobashing, ils ne comprennent pas que, bien au contraire, il ne s'agit là que de contester à Ségolène Royal une attitude irresponsable qui consiste, au motif que cela servirait ses intérêts, à choisir de semer la zizanie partout où l'on ne se met pas à son service exclusif, en particulier donc au sein du Parti Socialiste. C'est que Ségolène Royal a parfaitement compris que tout ce qui renforce le Parti Socialiste affaiblit sa propre candidature pour 2012. Et la voilà de fait enfermée dans un paradoxe aussi terrible que cruel : afin de conserver ses chances pour 2012, il lui faut contribuer à affaiblir son propre camp. Et pour s'assurer d'être la candidate, il lui faut réduire à néant ses chances d'être élue.
Ce n'est pas moi qui fait du ségobashing, c'est Ségolène Royal qui joue au snipper sur tout ce qui est susceptible de lui faire de l'ombre à gauche, et en particulier sur le Parti Socialiste - parce que ça lui va bien.
Pourtant, pendant ce temps-là, Nicolas Sarkozy a de plus en plus de mal à se maintenir la tête hors de l'eau :

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Et pourtant, le SMIC... Et pourtant, le libéralisme...
Au moment de conclure ce billet, je lis celui de Juan, auquel répondre me permet de conclure : certes, l'ambition n'est pas à gauche l'apanage de Ségolène Royal, force est cependant de constater que chez elle cela surpasse tout, au point qu'elle serait prête à lui sacrifier sa famille politique, ses amis et ses convictions. En cela pour le moins elle ressemble étrangement à un certain Nicolas Sarkozy.
Où l'on parle de : Une ambition Royal
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Peillon ne veut pas trop de gauche
Dans un entretien au Monde, publié dans l'édition datée de mercredi, Vincent Peillon, député européen et dirigeant de l'Espoir à gauche, le principal courant au sein du PS (29 % des voix au congrès de Reims), dit attendre de Martine Aubry "des signes forts qui marquent la volonté d'ouvrir ensemble une page nouvelle de l'histoire de la gauche".
Bien !
Ce qu'il traduit sur la question de l'orientation politique par définir "une orientation politique qui corresponde aux attentes des Français et qui s'affirme nettement, en positif".
Bien !
Il note à ce propos que "les listes socialistes ont perdu moins de voix au bénéfice du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon et du Parti communiste qu'au profit des listes écologistes".
Aïe !!!
Ainsi donc le Parti Socialiste choisirait aux lendemains de son échec aux européennes d'ignorer l'appel à un ancrage plus profond dans la gauche. Comme il l'avait ignoré après 2002. Et encore après 2007.
Pourtant, Vincent Peillon ne peut ignorer qu'un sondage "sortie des urnes" indique que 37% des personnes interrogées considèrent que le Parti Socialiste n'est pas assez à gauche, chiffre qui monte à 52% parmi ses propres électeurs (détails ici). En novembre 2008, un autre sondage donnait les mêmes résultats. Et l'année d'avant. Et l'année d'avant...
Vincent Peillon ignore-t-il réellement la profondeur du mésamour entre le Parti Socialiste et les classes ouvrière et moyennes ?
69 % d'abstention chez chez les ouvriers et 66 % chez les employés, ces chiffres ne l'interpellent-ils pas ?
Et ignore-t-il également à ce point ce que l'écologie politique implique de rupture avec le libéralisme ?
Au fond du trou, on creuse encore...
Où l'on parle de : Peillon ne veut pas trop de gauche
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Tuer n'est pas négocier
Ce matin, le camp Royal a continué son occupation médiatique. On a entendu Manuel Valls parler d'hypocrisie, Julien Dray remettre en cause l'impartialité du Conseil National, François Rebsamen poser un ultimatum à la commission de récolement, Jean-Pierre Mignard menacer de porter l'affaire en justice, et même Vincent Peillon, très silencieux jusque là, y est allé de son "malfaisants.
Mais ce dernier a également ouvert un peu le jeu en évoquant une "solution politique" qui se substituerait à la "solution arithmétique". On est tenté de dire : Enfin ! Enfin quelque chose de constructif. Enfin le retour du politique. Enfin une base à la discussion.
Pour lui, cette solution politique serait de désigner une "direction collégiale" en attendant la nomination d'un Premier Secrétaire, désigné par un nouveau vote dans des conditions qui assureront la légitimité de celle qui sera élue. Ajoutant que cela implique de "se donner un peu de temps"... et c'est bien là que réside toute la différence avec ce que l'on entendait jusque là depuis le camp royaliste et pour lequel il ne s'agissait que de revoter "rapidement", "la semaine prochaine", "jeudi prochain"....
Un re-vote n'aurait en effet une chance d'aboutir à un résultat différent, c'est à dire cette fois-ci incontestable, que si l'on prend le temps de réformer en profondeur et très sérieusement les conditions des opérations de vote, conditions qui sont à l'origine des doutes quant à la sincérité du vote de la semaine dernière. C'est là sans doute le travail de plusieurs mois.
D'où la nécessité de nommer en attendant une direction collégiale - par exemple mais il y a d'autres solutions, des variantes possibles autour du même thème, un secrétariat national bicéphale ou tricéphale... l'essentiel étant dans le caractère transitoire de la solution qu'il s'agit donc pour les deux camps de négocier. Et tout est dans cette exigence d'une solution négociée. Car lorsque l'on a dit solution transitoire en attendant un re-vote qui puisse se dérouler dans des conditions de parfaite transparence, on n'a encore rien dit et un certain nombre de questions demeurent à résoudre qui exigent des réponses négociées.
Peut-on se contenter de figer le Parti Socialiste au milieu du processus de congrès et simplement se contenter dans six mois d'un vote entre Royal et Aubry ? Sachant qu'en droit un scrutin est composé des deux tours qui le composent, ne faut-il pas au minimum repasser par les deux tours de scrutin ? Et du coup, ne s'agit-il pas en réalité d'en revenir à la phase de dépot des candidatures ? Et du coup encore, si l'on veut qu'il y ait un sens politique à tout cela, que ce ne soit pas juste un affrontement de personnalités, ne s'agit-il pas en réalité d'en passer par l'organisation d'un congrès exceptionnel ?
Et puis quel délai se laisse-t-on ? Combien de temps est nécessaire pour s'assurer d'une refonte sérieuse des opérations de vote et la mise en place de nouvelles procédures ? Un mois ou plutôt six mois ? Et que se passe-t-il alors politiquement pendant ces six mois ? Le PS peut-il se contenter de ne s'occuper que de lui-même pendant tout ce temps ? Sachant que les élections européennes surviennent en juin prochain, comment cela s'articule-t-il : un re-vote juste avant ou bien après cette échéance politique importante ?
Et l'oposition à Sarkozy ? Et le mouvement social ? Et le projet politique qu'il s'agit encore de refonder ? Qui s'occupe de tout ça durant ce délai et dans quel cadre ? On remet à plus tard ?
Et tout cela sans même évoquer les questions de personnes - car même une direction collégiale est composée de personnes qu'il s'agira aussi de désigner...
On voit bien qu'il s'agit de négocier, et donc d'abord de parvenir à se parler, ce que très visiblement ni Martine Aubry ni Ségolène Royal n'ont encore consenti à faire. Et les deux camps qui savent bien qu'il s'agira in fine de négocier en sont de fait toujours à croiser le fer afin de créer le rapport de force qui leur sera nécessaire à la négociation à venir. Le camp Aubry en se déclarant vainqueur et en refusant de reconnaître un résultat d'égalité, le camp Royal en faisant peser la suspicion d'une triche généralisée sur le camp adverse, en menaçant d'aller en justice, en appelant ses partisans à manifester pendant le Conseil National, en remettant en cause sa légitimité, en occupant avec force propos déplacés tout l'espace médiatique...
Le camp Royal, sans doute parce qu'il est dans une position plus inconfortable, va plus loin - et sans doute trop loin - dans cette volonté de créer un rapport de force propice à la négociation et, ce faisant, contribue largement à radicaliser les positions. Et même si je suis bien persuadé que dans une situation inverse, le camp Aubry en ferait au moins autant, il se trouve que dans ce cas précis c'est bien le camp Royal qui en flirtant avec le point de non-retour prend le risque qu'au final de négociations il ne puisse y avoir.
Mais la responsabilité de ce qui découlerait d'une impossibilité à négocier incomberait d'abord et à part égale à Martine Aubry et Ségolène Royal qui viennent déjà de laisser passer trois jours entiers durant lesquels elles ne se sont pas mise autour de la table, laissant champ libre à l'escalade verbale entre leurs lieutenants respectifs. L'une et l'autre prétendent, paraît-il, concourir pour la présidence de la République, mais l'une comme l'autre apportent ces jours-ci la preuve qu'elles sont incapables de transcender leur propre personne, leur propre intérêt, dans le but de privilégier l'intérêt général.
Pour l'une comme pour l'autre, il faudrait bien alors savoir s'en souvenir : se souvenir que face à une petite crise interne au Parti Socialiste, elles n'auraient pas même été en mesure de présenter autre chose que les visages de deux petites filles orgueilleuses, renfrognées chacune dans un coin de la cour d'école et occupées seulement à se tirer la langue par-dessus la tête de leurs petits camarades respectifs.
Où l'on parle de : Tuer n'est pas négocier
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Ségolène Royal candidate... à occuper le terrain
Cette fois, c'est officiel. Manuel Valls, le plus libéraux et le plus sarko-compatible des socialistes, spécialement mandaté par Ségolène Royal, a annoncé que la candidate défaite à la dernière présidentielle sera candidate au poste de premier secrétaire.
Et Vincent Peillon serait alors secrétaire délégué adjoint, chargé de la gestion au quotidien du Parti Socialiste.
Ou comment, une nouvelle fois, afficher son mépris pour le Parti Socialiste en considérant comme indigne d'elle, Madame Royal au-dessus de la meute, d'assumer en totalité la charge et les devoirs qui échoient à un premier secrétaire.
N'en déplaise à Madame Royal, le poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste n'est pas simplement un poste honorifique qui permettrait au titulaire d'afficher dans les médias son nombril et son ambition. Il ne s'agit pas de se placer pour la prochaine présidentielle, il ne s'agit pas de prendre le Parti Socialiste, il ne s'agit pas d'en être le chef, mais bien d'en assumer la bonne gestion.
Il s'agit au quotidien de l'élaboration collective du projet socialiste.
Il s'agit au quotidien de préparer les prochaines échéances électorales.
Notamment.
Il ne s'agit pas de reculer devant l'obstacle et ne pas prendre toutes ces responsabilités, en déléguant à un autre les basses besognes.
Il ne s'agit pas, et encore moins, de se préparer un fusible au cas où les prochaines élections venaient à mal se passer pour le Parti Socialiste, un fusible nommé Vincent Peillon, donc, qui permettrait à Ségolène Royal de n'avoir pas à assumer toute la responsabilité d'un éventuel échec, si par hasard il venait l'idée aux électeurs de se détourner d'un Parti Socialiste à leurs yeux coupable d'avoir une fois encore renoué avec toujours les mêmes errances.
Cette idée de déléguer le quotidien est décidément le signe d'un profond mépris pour un parti et pour ses militants.
Non, Madame Royal, il n'est décidément pas possible de n'être candidate qu'à moitié, simplement pour occuper le terrain et de peur qu'un autre en occupant le poste vous barre la route à la seule candidature qui au fond vous intéresse et qui concerne les élections présidentielles de 2012.
Non, Madame Royal, le poste de premier secrétaire ne saurait n'être qu'un tremplin pour vos ambitions présidentielles.
Aussi, Madame Royal, pour moi, ce sera non !
Lire aussi : Ségolène sort du frigo : tout ça pour ça !
Lire encore : Ségolène Royal, incarnation du socialisme ?
Où l'on parle de : Ségolène Royal candidate... à occuper le terrain
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Ségolène aura la place qu'elle souhaite avoir dans le Parti socialiste
Invitée du «Grand Rendez-Vous» d'Europe-1/Le Parisien/Aujourd'hui en France, Martine Aubry a déclaré que Ségolène Royal « aura la place qu'elle souhaite avoir dans le Parti socialiste ».
La question est de savoir si Ségolène Royal souhaite avoir une place dans le Parti Socialiste. A en croire Vincent Peillon, premier lieutenant de cette dernière, ceci ne semble pas évident : « Si elle veut un statut, elle aura un statut. Ça lui a été proposé dix fois, j'ai participé moi-même aux discussions avec Martine Aubry et elle ».
Dix fois ?!...
Martine Aubry s'est d'ailleurs félicitée de la présence de Ségolène Royal à ses côtés fin mai, lors du meeting du PS qui se tiendra a Rézé dans le cadre de la campagne des élections européennes. «Personne n'aurait compris qu'elle ne soit pas là», a commenté la première secrétaire du Parti Socialiste, alors que la présidente de la région Poitou-Charentes avait menacé de ne pas venir.
Je crois que Martine Aubry a tort. On aurait très bien compris pourquoi elle n'aurait pas été là... Trop bien compris en réalité, et c'est d'ailleurs bien ce qui explique que finalement elle ira. C'est qu'à l'image d'un François Bayrou, Ségolène Royal, le regard obsessionnellement fixé sur 2012, se contrefiche de ces élections européennes comme de sa première petite culotte... défaite aux présidentielles... elle s'en contrefiche. A la limite, le Parti Socialiste se retrouverait derrière l'UMP, elle ne manquerait pas de s'en réjouir, tant cela représenterait pour elle un pas supplémentaire vers la possibilité d'une nouvelle défaite candidature.
De là à penser que Ségolène Royal se contrefiche du fait qu'une telle éventualité serait aussi l'occasion pour l'UMP de crier victoire, pour Sarkozy de tirer une nouvelle légitimité à poursuivre une politique qui fait tant de mal à une majorité de français - et ils ne savent pas encore qu'ils n'ont pas fini de payer pour toutes les erreurs qui, par pure idéologie, sont commises actuellement. Bon, le penser... mais le dire serait sans doute par trop verser dans la caricature.
Cela étant dit, je prends date ici que le passage de Ségolène Royal au meeting socialiste de Rézé se fera au mieux en mode service minimum, afin de donner toute la matière aux journaux du lendemain de titrer sur une unité de façade. Elle évitera par exemple bien soigneusement de se prêter au petit jeu de la photo symbole façon main dans la main. Et une petite phrase bien placée sera en outre l'occasion pour les journalistes d'un travail prémâché : Ségolène : solidaire... mais du bout des lèvres, auront-ils écrit à l'avance. Gageons même que Ségolène arrivera en retard et/ou partira en avance : Un petit tour et puis s'en va, le titre est tout trouvé.
Où l'on parle de : Ségolène
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Quand Vincent Peillon invite les socialistes à voter pour la motion de Benoit Hamon
Vincent Peillon a une nouvelle fois, fait la preuve de tout son talent, a justifié tous les espoirs que nombre d'entre nous, à gauche, peuvent placer en cet homme d'envergure.
Interrogé en fin de semaine dernière sur I-Télé au sujet l'intervention de Nicolas Sarkozy à propos de la crise financière, il a été à la fois clair et pugnace, et pour tout dire brillant. Il a dénoncé avec une grande fermeté « une dramatisation incroyable, qui relève de la démagogie » et « un président inconséquent et démagogue » qui prend « les français pour des imbéciles », un président qui est aussi « l'homme qui a vidé les caisses de l'Etat », qui il y a un an encore « voulait favoriser les subprimes en France » et qui aujourd'hui ne propose en réaction à la crise que « des mesurettes » et du « symbolique », qui ne propose en réalité rien d'autre que la poursuite « d'une politique économique qui va dans le mur », laquelle est d'ailleurs « la même depuis 2002 ».
Il a proclamé notamment, très justement, et avec force conviction, que « le problème profond d'un système financier totalement dérégulé qui est en train d'appauvrir l'économie[...] c'est le système lui-même ». Une magnifique prestation, un réquisitoire d'une dizaine de minutes que je vous invite à suivre attentivement :
Vincent Peillon sur I>Télé
envoyé par dagrouik
Au passage, on entend Ségolène Royal qui réclame « qu'on passe des discours aux actes ». Elle a raison et c'est là toute la question. Quels actes forts poser pour répondre à la faillite globale d'un système ? Quelle politique alternative mettre en place qui soit à la hauteur des enjeux d'une crise qui ira s'aggravant tant qu'on aura pas transformé le système lui-même ? Quelle sera demain la ligne politique qui permettra aux socialistes de définir dans les mois qui suivront un projet à la fois crédible et ambitieux, qui posera les actes nécessaires à une transformation d'un système en fin de vie ?
C'est là bien tout l'enjeu du Congrès de Reims, en novembre prochain, où les socialistes se choisiront une ligne politique et une nouvelle direction. Les médias ne cessent de vouloir donner à croire qu'un tel congrès ne serait qu'un petit cirque minable totalement déconnecté des réalités, un sujet tout à fait mineur en regard de la crise qui frappe de plein fouet la France et les français. C'est tout le contraire et à ce titre on ne peut que regretter que certains des responsables socialistes semblent accréditer cette idée que le débat politique ne serait rien d'autre que superfétatoire, se limiterait à un bal des egos et des ambitions personnels. C'est tout le contraire parce que le travail des politiques, au-delà de se préoccuper du présent - gouverner pour ceux qui sont dans la majorité, s'opposer et faire vivre la démocratie pour les autres -, est de préparer l'avenir - et la période actuelle de faillite du système libéral rend plus cruciale encore l'exigence d'une alternative politique.
Il ne peut donc suffire de faire un constat, fut-il brillant, de la faillite du système. Encore faudra-t-il être en mesure d'apporter des réponses. C'est là tout le problème de Vincent Peillon, car à lire la motion Collomb(Royal) qu'il a signée, on comprend aussitôt que le ralliement des barons du PS (Collomb, Guérini et Valls, entre autres...) a été très chèrement payé par une Ségolène Royal qui se retrouvait menacée d'isolement. On croyait qu'il ne s'agissait que de mettre au frigidaire sa candidature au poste de premier secrétaire (c'est-à-dire en langage moins politique d'y renoncer totalement) et de renoncer d'abord à être la première signataire de ce qu'elle aurait voulu être « la motion Royal », ce qui était déjà beaucoup. Mais en réalité, devant la surprenante vacuité de cette motion, on comprend que les ségolénistes ont en réalité mangé leur chapeau et se retrouvent à soutenir une motion dont la ligne politique pourrait se définir comme social-libérale à la papa. Rien qui soit à la hauteur de la nécessaire transformation systémique qu'exige la crise financière et économique, écologique et sociale.
Ainsi, même le sujet pour le moins emblématique de la démocratie participative a fait les frais de cette alliance avec la droite du parti et ne fait désormais plus l'objet que de cinq lignes et autant de phrases inconsistantes. C'est dire ce à quoi il a fallu consentir pour obtenir de rompre un isolement qui aurait sans aucun doute signifié une trop cuisante défaite pour une Ségolène Royal qui souhaite avant tout préserver ses chances pour 2012. Il lui fallait avant tout limiter les dégâts, fut-ce donc à un coût politique exorbitant
Et c'est à peu près le même syndrome qui a tout autant frappé de paralysie un Bertrand Delanoë, lequel pourtant, il y a peu encore, nous invitait à l'audace. A lire sa motion, on se demande où se trouve le « courage » et la «créativité» éponymes, tandis que ce qui néanmoins apparaît avec « clarté » est qu'être présidentiable invite par trop à la prudence pour s'aventurer en une ligne politique réellement audacieuse, qui puisse aboutir à un projet politique réellement alternatif et apte à transformer une organisation économique et sociale à bout de souffle.
Lisez la motion de Martine Aubry, vous y découvrirez les mêmes frilosités : quelques propositions intéressantes, aucune vision politique globale. On a d'ailleurs beaucoup de mal à distinguer ce qui sur le fond sépare ces trois motions très social-démocrates fin de siècle où il s'agit essentiellement de corriger un peu ici et réguler un peu là un marché qui resterait livré à un libéralisme aussi triomphant qu'arrogant et destructeur. Bref, une gauche un peu molle que l'on ne connaît que trop bien !
Pour ce qui me concerne, je suis en vérité relativement peu intéressé par les propositions précises des uns ou des autres, beaucoup moins qu'à l'articulation de celles-ci autour d'une vision politique d'ensemble. J'attends d'une motion qu'elle trace une ligne, indique une direction, propose un socle, une base de travail pour construire un projet politique global cohérent et ambitieux, qui soit davantage en rupture qu'en continuité avec un socialisme lacunaire et qui depuis trop longtemps ne parvient plus à donner un espoir à l'électorat français (pas plus que cette social-démocratie à la papa qui partout en Europe va d'échec cuisant en échec cuisant). Notons par ailleurs que nombre des propositions des uns et des autres ne seront de toute façon plus d'actualité en 2012, seront partiellement ou en totalité à revoir, sont de fait aujourd'hui assez inutiles - sauf à s'imaginer que Nicolas Sarkozy reprendrait à son compte l'une ou l'autre (et on sait que cela n'arrivera pas).
Seule la motion de Benoit Hamon me semble proposer une vision globale. Ce n'est d'ailleurs pas nouveau à la gauche du parti. Ce qui en revanche est nouveau de ce côté-là, c'est que le socle idéologique a été considérablement dépoussiéré. On est loin aujourd'hui des archaïsmes marxisants, loin des postures dogmatiques à l'utopie si réjouissante (et il en faut aussi !) mais tellement déconnectée des réalités modernes. Au contraire, nous avons là une gauche réformiste et résolument tournée vers le XXIème siècle, une gauche qui notamment a assez largement compris qu'il ne saurait y avoir de socialisme moderne hors l'écologie politique ; une gauche qui a enfin intégré dans sa pensée politique que l'urgence écologique et l'urgence sociale sont les deux faces de la même pièce ; et que cette pièce a pour nom économie de marché régulée - parce que le libéralisme n'aura jamais d'autre vision que celle du profit à court terme et qu'il s'agit donc pour la puissance publique, l'Etat, d'internaliser dans les transactions marchandes et les investissements privés le coût des externalités de moyen et long terme que sont les dégradations du tissu social et les dégâts causés à l'environnement, l'objectif étant de rééquilibrer le marché au profit d'une meilleure prise en compte du bien-être des hommes dans leur environnement, c'est-à-dire de chaque homme et femme sur l'ensemble de la planète. parce que comme dirait l'autre, tou se tient, mais là encore il ne suffit pas que de le dire...
Je ne prétends pas que la motion de Benoit Hamon est parfaite de ce point de vue. Du moins va-t-elle dans la bonne direction. Du moins propose-t-elle une démarche globale et cohérente. Du moins la ligne proposée est-elle à la hauteur des enjeux. Du moins nous invite-t-elle à être en rupture avec nous-mêmes plutôt qu'à la continuité de ce qui nous a fait échouer et qui a mis la France entre les mains d'une droite ultra-libérale qui sert les plus riches et paient tous les autres de très hypothétiques promesses de retombées, cependant que toute notre économie s'effondre. Du moins la motion Hamon est-elle en vérité la seule qui répond au besoin de rénovation du Parti Socialiste, c'est-à-dire d'abord de ce projet qu'il nous reste encore à construire et que nous espérons tous.
Cette spécificité de la motion Hamon et qui en fait la qualité n'est pas un hasard : nous le savons désormais, nous ne pouvons attendre d'audace sur le champ des idées dans un contexte d'affrontement d'ambitions qui depuis trop longtemps se neutralisent. Le Parti Socialiste a vécu cette même paralysie avec Laurent Fabius, Dominique Strauss-Khan et Lionel Jospin, il s'y exposera de la même manière, et s'y expose déjà, avec François Hollande, Martine Aubry, Bertrand Delanoë et Ségolène Royal qui depuis des mois sont principalement occupés à creuser des tranchées et tenir leurs positions. Il est plus que temps de sortir de l'interminable guerre de succession qui se poursuit depuis la fin de l'ère mitterrandienne, plus que temps de tirer un trait sur des ambitions dont aucune ne parviendra à prendre le pas sur les autres - parce que dans le cas contraire celui ou celle-là aurait déjà et depuis longtemps pris l'ascendant sur tous les autres.
Et Vincent Peillon, donc, puisque c'est avec lui que cet article a débuté ? Je crois que celui-ci est aujourd'hui enfermé dans une fidélité qu'il ne peut s'agir de lui reprocher. Il a choisi de suivre Ségolène Royal plutôt que de jouer trop tôt sa propre partition. Or Ségolène Royal a opté pour une stratégie personnelle qui, bon an mal an, l'a conduit à s'allier avec la droite du parti. Quand on se souvient qu'il n'y a pas si longtemps - il y a deux ans encore ! - Vincent Peillon était au côté de Benoit Hamon dans le NPS dont il fut l'un des artisans, on comprend jusqu'où l'a mené sa fidélité et surtout que le chemin ne serait pas long à parcourir dans l'autre sens pourvu qu'il consente à se libérer de cette chaîne qu'il n'a pas voulu briser au lendemain de la défaite des présidentielles. Aussi je ne m'interdis pas d'espérer que le poids de la motion Hamon d'un côté, et la neutralisation des trois égos (plus un) de l'autre, puissent au final conduire à une synthèse ancrée à gauche... et dans laquelle la candidature de Vincent Peillon au poste de premier secrétaire apparaîtrait comme la meilleure garantie de l'unité des socialistes et de leur aspiration à une rénovation profonde et ambitieuse.
Nota Bene : Il va sans dire que je ne réclame de personne de croire sur parole les constats que je fais. C'est bien pourquoi je vous invite à lire à votre tour très attentivement, et avec l'oeil le plus neuf possible, les différentes motions dont j'ai au cours de l'article fourni les liens. Cela prend du temps, mais je demeure persuadé que l'indispensable rénovation du Parti Socialiste et de son projet politique passe d'abord par la volonté des militants de s'affranchir de leurs chapelles respectives. D'abord s'ouvrir soi-même. Ce qui me permet de terminer sur cette confidence : la gauche du PS n'avait jusqu'à présent jamais été ma tasse de thé, la préjugeant certes sympathique mais archaïque et dogmatique, datée pour tout dire... Je suis le premier surpris de sa métamorphose. J'ose dire que c'est une excellente nouvelle pour la gauche.
Où l'on parle de : Quand Vincent Peillon invite à voter pour Benoit Hamon
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Congrès du PS : 6 motions et 1 mode d'emploi
Depuis hier, nous connaissons les motions qui seront soumises au vote des militants dans la perspective du congrès de Reims. L'heure est donc venue d'une petite revue d'effectifs, ainsi que de quelques explications dont j'ai cru lire qu'elles pouvaient être nécessaires - concernant l'organisation du congrès du Parti Socialiste et quelques questions que vous vous posez sans doute.
Les motions déposées et proposées au vote des militants sont donc au nombre de six :
1. la motion Utopia : "Socialistes, Altermondialistes, Ecologistes"
premier signataire : Franck Pupunat ;
autres personnalités signataires : ? ;
présentation : comme son nom l'indique ;
qualité : la dimension écologiste, indispensable à un socialisme du XXIème siècle ;
défaut : isolée ;
mon estimation : 1% ;
téléchargez la motion F
2. la motion du pôle écolo : "Pour un socialisme résolument écologique"
premier signataire : Christophe Caresche ;
autres personnalités signataires : ? ;
présentation : comme son nom l'indique ;
qualité : la dimension écologiste, indispensable à un socialisme du XXIème siècle ;
défaut : isolée ;
mon estimation : 3% ;
téléchargez la motion B
3. la motion ségo-libérale : "L'espoir à gauche, fier(e)s d'être socialistes"
premier signataire : Gérard Collomb ;
autres personnalités signataires : Ségolène Royale - Manuel Valls - Jean-noël Guerini - Julien Dray - Vincent Peillon ;
présentation : ... ;
qualité : l'hypothèse Vincent Peillon et l'espoir d'un dépassement par le haut des divisions ;
défaut : proximité avec le Modem + Ségolène Royale est une part du problème socialiste : ambitions égotistes, luttes intestines, divisions insolubles, inaudibilité ;
mon estimation : 26% ;
téléchargez la motion E
4. la motion delano-démocrate : "Clarté, Courage, Créativité : Une gauche conquérante pour redonner un
espoir à la France"
premier signataire : Bertrand Delanoë ;
autres personnalités signataires : François Hollande - Jean-Marc Ayrault - Lionel Jospin - Pierre Moscovici ;
présentation : ... ;
qualité : politiquement très solide ;
défaut : continuité + Bertrand Delanoë est une part du problème socialiste : ambitions égotistes , luttes intestines, divisions insolubles, inaudibilité ;
mon estimation : 30% ;
téléchargez la motion A
5. la motion social-aubryiste : "Changer la gauche pour changer la France"
premier signataire : Martine Aubry ;
autres personnalités signataires : Jean-Christophe Cambadélis - Claude Barolone - Marylise Lebranchu - Laurent Fabius ;
présentation : ... ;
qualité : tonalité sociale ;
défaut : patchwork instable + Martine Aubry est une part du problème socialiste : ambitions égotistes , luttes intestines, divisions insolubles, inaudibilité ;
mon estimation : 18% ;
téléchargez la motion D
6. la motion hamo-réformiste : "Un monde d’avance"
premier signataire : Benoit Hamon ;
autres personnalités signataires : Jean-Luc Mélenchon - Henri Emmanuelli - Pierre Larrouturou - Marie-Noëlle Lienemann - Gérard Filoche ;
présentation : ... ;
qualité : ancrage à gauche sur une ligne audacieuse et réformiste ;
défaut : dépoussiérage encore incomplet ;
mon estimation : 22% ;
téléchargez la motion C
Mode d'emploi du Congrès du PS :
Les motions déterminent six courants. Elles seront soumises au vote des quelque 200 000 militants du PS, le 6 novembre prochain - dans leurs sections et à bulletin secret.
Ce vote permet de désigner à la proportionnelle et dans chaque section les délégués au Congrès fédéral qui lui même votera en respectant la proportionnelle au niveau fédéral pour les délégués au congrès national. Les Congrès fédéraux sont programmés simultanément pour le 11 novembre.
Le congrès se tiendra à Reims les 14, 15 et 16 novembre. Une synthèse peut se faire entre les délégués de plusieurs motions (synthèse partielle) ou de toutes les motions (synthèse générale). En absence de synthèse générale, la ligne politique du PS est déterminée par la motion de synthèse partielle qui détiendra la majorité des délégués. Cette ligne est dès lors celle qui vaudra pour les 3 années suivantes.
Le premier signataire d'une motion est généralement le chef de file du courant qui en est issu, mais il n'est pas pour autant nécessairement candidat au poste de premier secrétaire. Les aspirants à ce poste ont jusqu'au 14 novembre pour déposer leur candidature. Le vote des militants sur le nom du premier secrétaire du PS aura lieu en section le 20 novembre, et éventuellement lors d'un second tour le 21 novembre. Le successeur de François Hollande aura ainsi été élu à la majorité absolue des voix des militants socialistes.
Mon choix :
Benoît Hamon entend porter quatre orientations politiques :
- retour de la puissance publique dans le champ économique ;
- restrictions indispensables au libre-échange là où il met à mal la protection de l'environnement et les droits des salariés et des citoyens ;
- exigence d'une nouvelle répartition des revenus entre le travail et le capital ;
- vraie réorientation de la construction européenne.
C'est pour moi une excellente base pour un projet enfin audacieux et résolument ancré à gauche, une réelle alternative crédible à la politique libérale, économiquement catastrophique et dramatiquement anti-sociale, menée par Nicolas Sarkozy et qui jour après jour s'enfonce et persiste dans son échec. Il n'y manque selon moi (mais je n'ai pas encore lue la motion) qu'une prise de conscience plus soutenue de la dimension écologique qui doit impérativement traverser tout projet politique d'une gauche moderne. En dépit de ce bémol de première importance (et qui peut aussi bien s'appliquer à chacune des quatre grandes motions), je suis aujourd'hui persuadé que la refondation du Parti Socialiste passe par un soutien massif à la motion "Un monde d’avance", dont Benoit Hamon est le premier signataire.
Je reste en outre résolument convaincu que le succès du congrès des socialistes implique que les militants se libèrent de leurs chapelles et renvoient dos à dos Ségolène Royal, Bertrand Delanoë et Martine Aubry dont les querelles aussi insolubles que stériles, largement héritées de la course à la succession mitterrandienne que se livrèrent avant eux les Jospin, DSK et Fabius, minent et paralysent depuis trop longtemps le Parti Socialiste. Il est temps d'en finir avec ses inimitiés d'un autre siècle et réunir tous les socialistes autour d'une équipe renouvelée, où il sera enfin tenu compte du fait majeur de l'histoire actuel du PS et que sont pourtant parvenus à éclipser la bataille des égos : les socialistes n'ont jamais été à ce point proches les uns des autres sur le fond - ils sont réformistes et de gauche !
Ainsi donc, et pas tout à fait paradoxalement, du poids que donneront les militants à la motion Hamon dépendra, en rendant cette dernière incontournable, la possibilité que - les trois autres motions se neutralisant - il soit nécessaire de faire émerger un candidat de synthèse qui ne soit pas l'un de ceux-là... et qui serait alors, et plus que probablement, Vincent Peillon dont un peu partout le nom est de plus en plus cité.
Et si donc les militants osaient l'audace d'un saut de génération... pour en finir avec celle qui n'en finira jamais de s'entredéchirer sur la dépouille d'un autre siècle.
Et si les militants socialistes osaient la gauche !
Lire aussi : Congrès du PS : le cas Hamon et l'hypothèse Peillon
Où l'on parle de : Congrès du PS : 6 motions et 1 mode d'emploi
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Congrès du PS : le cas Hamon et l'hypothèse Peillon
Ainsi, à quelques jours du dépôt des motions, une première clarification a eu lieu au sein du Parti Socialiste. Inutile de gloser à l'infini sur les tractations de couloirs qui ont permis cette clarification, il s'agit de politique et donc de l'art de passer des alliances et de faire des compromis. Il ne sert à rien en la matière de jouer les vierges effarouchées : en politique, on n'a jamais raison tout(e) seul(e).
Constatons donc seulement que quatre axes principaux se sont dégagés parmi lesquels les militants auront à faire un premier tri. Notons également que du poids respectifs qu'auront donné les militants à ces quatre forces dépendra en grande partie la deuxième phase de clarification qui déterminera, à l'issue du vote sur les motions, un pôle majoritaire et un voir deux pôle(s) minoritaire(s), ainsi que le nom du prochain premier secrétaire.
Passons en revue les quatre forces principales en présence :
1. L'aile ségo-libérale
Ségolène Royal a finalement noué une alliance avec les animateurs de "La ligne claire", les barons de province du socialisme, comme le maire de Lyon Gérard Collomb et le patron des Bouches-du-Rhône Jean-Noël Guérini, mais aussi le député de l'Essonne Manuel Valls, le très "libéral compatible" et qui plaide pour le renoncement du Parti Socialiste à sa référence au socialisme. Nous trouvons là tous ceux qui au PS penche vers une redéfinition de la stratégie d'alliance du Parti Socialiste en la déportant vers le Modem. De Royal à Valls et de Valls à Bayrou, il y a là en effet une certaine cohérence politique social-libéral ;
2. Le centre delano-démocrate
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, s'est allié à l'actuel premier secrétaire, François Hollande, dont le poids reste fort dans les fédérations socialistes, et vient d'enregistrer un soutien de poids en la personne de Jean-Marc Ayrault, le patron des députés socialistes à l'Assemblée nationale et qui fut très proche de Ségolène Royal durant la campagne des présidentielles. Ce dernier souhaite d'ailleurs que Delanoë "tende la main à Ségolène Royal et à ses amis". Ils sont la première partie du pôle social-démocrate.
3. Le centre social-aubryiste
La maire de Lille, Martine Aubry, est quant à elle à la tête d'une coalition qui réunit des strauss-kahniens (comme Jean-Christophe Cambadélis), Arnaud Montebourg, Laurent Fabius et ses amis, ainsi que de nombreux cadres du Nord-Pas-de-Calais. Eux aussi sont des sociaux-démocrates avec une coloration sociale légèrement plus marquée.
4. L'aile hamo-réformiste
Benoit Hamon est parvenu à réunir la gauche du Parti Socialiste : Henri Emmanuelli, les anciens ministres Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès, et enfin Gérard Filoche. Si la social-démocratie n'est pas une appellation en laquelle ils se reconnaissent, on note dans leurs différentes contributions l'émergence d'un socialisme moderne, adepte de la réforme, à la fois ambitieux et ancré dans les réalités du XXIème siècle, très européen.
Manque Moscovici qui après avoir longtemps tenu la corde aura finalement fait les frais de ce petit jeu des alliances. Il se déterminera sans doute bientôt, sans que cela puisse sensiblement changer la donne. Nous possédons donc à cette heure de toutes les cartes qui nous permettent de nous lancer dans un petit jeu de prospective politique :
Première hypothèse : La motion delano-démocrate arrive en tête - Le maire de Paris est en position de maintenir sa candidature à la tête du PS et l'hypothèse d'un rapprochement avec la branche ségo-libérale devient envisageable. A moins que Bertrand Delanoë ne préfère faire l'union des sociaux-démocrates en privilégiant une alliance avec Martine Aubry. S'il ne faisait pas ce choix, cette dernière pourrait alors décider soit de rejoindre l'axe qui se serait constitué à la droite du PS, soit de s'allier avec Benoit Hamon et constituer un pôle minoritaire qui plus conséquent aurait d'autant plus les moyens de peser. En tout état de cause, Delanoë deviendrait premier secrétaire du PS.
Deuxième hypothèse : La motion ségo-libérale arrive en tête - En ce cas, il est fort probable que ni Delanoë ni Aubry ne consente à faire l'appoint et qu'ils décident en conséquence de se rapprocher, faisant candidat au poste de premier secrétaire celui des deux qui serait devant l'autre. Le reste dépendrait alors très fortement du poids du pôle hamo-réformiste tel qu'il serait ressorti du vote des militants, lequel pôle - quoi qu'en espère depuis longtemps les ségolénistes - ne devrait pas consentir à s'allier par-dessus les centres avec l'aile ségo-libérale. Ainsi, si Benoit Hamon réussit son pari de fédérer les forces de gauche de ce parti et à peser suffisamment lourd, il serait en position d'entrer dans la constitution d'une majorité qui, penchant clairement à gauche (c'est-à-dire en particulier assez loin du Modem) n'aurait d'autre choix que de s'atteler à l'élaboration de ce projet ambitieux, innovant et cohérent dont a fini par désespérer la gauche.
Cette deuxième hypothèse est selon moi la plus probable, qui donnerait quelque 25 à 30% aux motions delano-démocrate et ségo-libérale, 20 à 25% à la motion social-aubryiste et 15 à 20% à l'aile gauche du PS. Quelques points en plus ou en moins ici ou là conduiraient soit à une majorité étriquée qui verrait le Parti Socialiste continuer dans l'immobilisme où chacun des présidentiables s'efforceraient de miner l'avènement de tous les autres, soit à une majorité conséquente et contrainte cette fois de produire ce projet moderne et de gauche qu'on attend depuis trop longtemps et qui consacrerait l'émergence d'un véritable Nouveau Parti Socialiste.
On l'aura compris - et même si j'attends encore de me plonger dans la lecture des motions - je penche pour ma part pour apporter mon soutien à la motion portée par Benoit Hamon et ses amis, avec l'espoir que ceux-ci pèsent suffisamment pour entrer dans une synthèse majoritaire qui orienterait vers l'action et l'audace l'ensemble du Parti Socialiste.
A moins que...
L'hypothèse Vincent Peillon - Je l'ai dit depuis longtemps, un congrès de reconstruction aurait été un congrès qui pour en finir avec les vieilles querelles stériles aurait mis sur la touche les vieux querelleurs, c'est-à-dire cette génération de responsables issue du mitterandisme et qui s'entre-déchirent depuis une à deux décennies, les Delanoë, Royal, Hollande et Aubry rejoignant sur les lignes arrières les DSK, Fabius et Jospin. On aurait eu alors un congrès qui aurait fait la part belle à un débat de fond et qui se serait articulé autour de nouvelles personnalités et en particulier celles de Vincent Peillon et Benoit Hamon. Le moins qu'on puisse dire est qu'on refusa de s'engager dans une telle direction de rupture.
Néanmoins, paradoxalement, en se neutralisant les uns les autres, les barons du mitterandisme pourraient n'avoir en définitive d'autre porte de sortie que de se mettre d'accord autour d'un autre que l'un d'entre eux. Or il apparaît de plus en plus clairement et à de plus en plus de socialistes que Vincent Peillon puisse être celui-là.
La solution Peillon aurait un double avantage, dont le deuxième est un handicap : non seulement le PS sortirait par le haut de son congrès et dans une certaine unité, un parti socialiste suffisamment solide pour se mettre enfin sérieusement à son travail d'opposition au sarkozysme et de proposition d'une alternative innovante à gauche. Mais, en sus, il ne faudrait alors pas six mois à Vincent Peillon, premier secrétaire du parti socialiste, pour acquérir auprès des français aussi bien notoriété que popularité. Ce qui de facto en ferait rapidement le meilleur des présidentiables - fait qui constitue en réalité le frein majeur à la concrétisation d'une telle hypothèse, tant les vieux présidentiables auront à coeur d'étouffer dans l'oeuf une menace qui pèserait trop lourdement sur leurs ambitions personnelles.
Aussi, cette hypothèse Peillon, ne pourra surgir que d'une pression exercée très fortement depuis les militants, qui siffleraient la fin de la récréation des egos.
Nota Bene : Aux nombreux ségolénistes qui continuent d'espérer en une possible alliance avec Benoit Hamon qui ferait l'appoint nécessaire à Ségolène Royal, je voudrais suggérer de visionner très attentivement la déclaration limpide de ce dernier et qu'il fit à l'issue de l'université d'été de la Rochelle. Ils comprendront alors combien une telle alliance relève du fantasme, combien les bras dans lesquelles s'est désormais précipitée Ségolène Royal ne sauraient pouvoir ni même vouloir remplir les cinq conditions posées par Benoit Hamon et ses amis et qui concernent en effet le fond des débats :
1- sur le rôle de l'investissement publique dans la régulation du marché ;
2- sur les restrictions au libre-échangisme ;
3- sur la question de l'augmentation des salaires ;
4- sur la refondation du pacte européen ;
5- sur le rassemblement de la gauche : soccialistes-écologistes-communistes et hors alliance nationale avec le Modem.
Crédit illustration : SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur
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